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Cervantes et Dante – L’El Medio et La Paura

Cervantes et Dante
LA PEUR et L’ACTION

Dante & Cervantes La Peur Artgitato Divine Comédie et le Quichotte

L’EL MIEDO du QUICHOTTE
et
L
A PAURA DE LA
DIVINE COMEDIE

El Miedo, source d’inaction

L’ingénieux Don Quichotte, l’intrépide, une fois lectures et imaginaires amassés, veut agir. Il est homme d’action. « Hechas pues estas prevenciones, no quiso aguardar mas tiempo a poner en efeto su pensamiento, apretandole a ello la falta que el pensaba que hacia en el mundo su tardanza, … » (chapitre 2).

Devant la continuelle peur de Sancho, Quichotte va droit devant, se riant de la peur de son écuyer. A chaque combat, Sancho liquéfié donne encore plus de courage à notre chevalier. Lors de l’attaque des moulins ? Quichotte lui dit : « ellos son gigantes, y si tienes miedo quitate de ahi y ponte en oracion en el espacio que yo voy a entrar con ellos en fiera y desigual batalla. »(chapitre 8).

Une autre aventure (Chapitre 18), fait apparaître à Quichotte des moutons comme étant des chevaux hennissants prêts au combat. « El miedo que tienes, dijo don Quijote, te hace, Sancho, que ni veas ni oyas a derechas, porque uno de los efectos del miedo es turbar los sentidos, y hacer que las cosas no parezcan lo que son… ». Le livre est plein de ces moments de rencontres hardies et directes où la peur ne fait que ralentir ou annuler l’action (chapitre 23…).

Elle est contre-productive. Quichotte inverse la folie. Trop de peur floute le réel.

  • La Paura ou la connaissance pétrifiée

L’opposition avec Dante est totale. Avant son entrée en Enfer, celui-ci est pétrifié. La peur, la « paura » n’est plus l’  « el miedo » du Quichotte. C’est le mot qui revient le plus souvent dans le premier livre de l’Enfer. Dante se retrouve dès les premiers vers perdu dans une vallée profonde, dans une forêt obscure après une nuit d’angoisse, de « paura » : « Nel mezzo del camin di nostra vita, Mi ritrovai per una selva oscura, Que la diritta via era smaritta. Ahi quanto a dir quel era è cosa dura Esta selva selvaggia e aspra e forte Che nel pensier rinova la paura. La “paura” est le mot qui, dès le début du poème, revient le plus souvent : « Che m’aeva di paura il cor compunto…Allor fu la paura un poco queta…ma non si che paura non mi desse« . Apparition de trois bêtes : une panthère « leggera et presta molto », Dante a peur :  « ch’i fui ritornar piu volte volto »Puis un lion : « ma non si che paura non mi disse, la vista che m’apparve d’un leone ». Puis une louve “che di tutte brame sembiave carca ne la sua magrezza, e molte genti fé gia viver grame”. Cette “paura” omniprésente sera affaiblie (« parea fioco« ) par la venue de Virgile.

A TE CONVIEN TENERE ALTRO VIAGGIO

D’abord Virgile apparaît comme une figure étrange, Dante l’apostrophe : « Miserere di me , gridai a lui, qual che tu sii, od ombra od omo certo !” Virgile répond : “Non omo, omo gia fui”Il ne se présente pas comme Virgile, mais comme une énigme : « Nacqui sub…poeta fui…”Et lui pose la question : « ma tu perché ritornai a tanta noia ? » Mais pourquoi retournes-tu à tant d’angoisse ?

Puis suit une déclaration d’admiration, « bello stilo che m’ha fatto onore », de Dante à Virgile et la peur s’analyse, s’étudie « aiutami de lei, famoso saggio » …

« A te convien tenere altro viaggio ».

Jacky Lavauzelle

André MAUROIS La Fragmentation du moi

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 André MAUROIS

André Maurois & La fragmentation du moi Artgitato
LA FRAGMENTATION DU MOI
&
LA DERIVE DU TEMPS et DES ÊTRES

1/ LES THEMES MAJEURS d’André Maurois

A l’image de Mme Fontanes qui a « démonté toutes les pièces du mécanisme intellectuel de son mari » (Les Roses de septembre),  nous tenterons de démonter et de remonter une partie des  rouages et des pièces de l’œuvre d’André Maurois.

Les thèmes majeurs dans l’œuvre de Maurois se dessinent évidemment : une fragmentation, une métamorphose, une dérive de l’être dans le temps, une description d’une société monadique, de castes, l’importance des femmes, de la nature ou encore l’importance de la musique, de la simple voix flûtée à la symphonie endiablée, dans de nombreux descriptifs, l’importance apportée aux paysages dans la structuration d’une pensée ou dans la naissance d’une émotion, dans l’amour de certains lieux qui reviennent en boucle : la Normandie, l’Angleterre ou l’Italie.

2/ DE LA SOUDAINE JEUNESSE AUX SOLEILS DEFUNTS

Un des thèmes revenant constamment dans son œuvre : le temps, la durée, la mémoire, en somme, l’être ou l’âme, le moi dans le temps, et sa transformation dans ce passé mystérieux.

Déjà la seule maîtrise de notre être présent semble complexe. Notre être présent, là, que nous voyons à travers le miroir, nous étonne, nous déstabilise et nous questionne. Nous rajeunissons, nous vieillissons parce que ce que nous vivons dans l’instant est gai ou douloureux. En une fulgurance, le temps se joue de nous : « Fontane, dans une glace accrochée au mur, aperçut leurs deux visages et fut frappé par la soudaine jeunesse du sien. Ses yeux brillaient  et un air de sérénité semblait effacer les deux plis profonds de sa bouche. » (Les Roses de septembre)

Pour que, peu de temps après, Fontane retrouve son âge réel, peut-être même encore un peu plus vieux, avachi, cassé, déformé et abattu par la foudre des sentiments qui retombe : « En remontant l’escalier du Granada, Fontane sentit soudain qu’il était de nouveau un vieil homme. Son humeur avait changé brusquement, comme ces places de village qu’a transfigurées, un instant l’éblouissement d’une fête et qui se retrouvent, après les dernières fusées, sombres et pauvres, parmi les carcasses des soleils défunts. Il éprouvait de l’humiliation, de la honte et de la fureur. « La même phrase ! pensait-il, et sur le même ton…Ah ! Comédienne !… » (Les Roses de septembre)

3/ UNE RECOMPOSITION DES TRAITS
ORIGINAUX DE MON MOI

Ce passé, ni imprévisible, ni aléatoire, puisque succession de moments vécus ou d’impressions, s’organise, se restructure et se recombine pour devenir autre, pour finir dans l’oubli, ou devenir obsessionnel. Cette recombinaison en tout cas bouleverse totalement notre moi, voire finalement le change, à devenir à terme un autre moi.

A chaque moment, nous penserons à Proust. Cette dissolution et cette recomposition rapide de l’être, comme dans un Amour de Swann : « il suffisait que…mon sommeil fût profond et détendît entièrement mon esprit ; alors celui-ci lâchait le plan du lieu où je m’étais endormi et, quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais pas au premier instant qui j’étais ; j’avais seulement…le sentiment de mon existence comme il peut frémir au fond d’un animal ; j’étais plus dénué que l’homme des cavernes ; mais alors le souvenir – non encore le lieu où j’étais, mais de quelques-uns de ceux que j’avais habités et où j’aurais pu être- venait à moi comme un secours d’en haut pour me tirer du néant d’où je n’aurais pu sortir tout seul ; je passais en une seconde par-dessus des siècles de civilisation, et l’image confusément entrevue de lampes à pétrole, puis de chemises à col rabattu, recomposaient peu à peu les traits originaux de mon moi»  (A la Recherche du temps perdu, I).

UN PROUST CHIRURGIEN ET UN MAUROIS ARCHEOLOGUE

Dans Proust, le temps du changement est un temps court, celui d’une nuit, de la seconde. Proust opère en chirurgien. Maurois en observateur astronome, loin ; en regardant les grands bouleversements, tel un géologue. L’être, au fil du temps, se niche tout au long de sa vie écoulée, au fil d’un passé qui grandit, comme un arbre, cumulant ses cernes et ses anneaux ou comme une tortue portant  une carapace de plus en plus lourde, il souhaite parfois vouloir s’en débarrasser. Heureux sont les homards…

« Voyez-vous, mon ami, nous sécrétons, en cinquante ou soixante ans, une carapace d’obligations, d’engagements, de contraintes si lourde que nous ne pouvons vraiment plus la porter…Moi, j’en suis accablé…Les homards, eux, se réfugient de temps à autre dans un trou du rocher et font cuirasse neuve. Sans doute est-ce d’une métamorphose, ou d’une mue dont j’aurais besoin… » (Les Roses de septembre)

4/ UN COMPOSITEUR MYSTERIEUX
QUI ORCHESTRE NOTRE EXISTENCE

Les lignes, les cernes et les anneaux du temps ne sont, pour autant, ni linéaires ni égales dans leurs tailles. Les plus vieilles ne sont pas nécessairement les plus vite oubliées. Nos souvenirs et nos êtres sont entre les mains de ce « compositeur mystérieux qui orchestre notre existence »(Climats).

La densité du temps. Certaines secondes valent des années. Des existences se concentrent dans la force d’une émotion. Un temps qui se contracte ou se dilate, se remplit ou se vide comme une outre de tout ce qui l’entoure, comme le décrit Proust : « Une heure n’est pas une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats. Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément » (A la Recherche du temps perdu, III) ou encore « les mesures du temps lui-même peuvent être pour certaines personnes accélérées ou ralenties. » (III). Amnésie, hypermnésie, paramnésie,… fausse mémoire, vraie reconnaissance, distraction de l’être, cheminement :

DES JOURS QUI VALENT DES ANNEES

« En ces quelques semaines, j’ai plus vécu là-bas qu’en ma vie toute entière. Comment mesurer la longueur d’un temps aboli sinon par la quantité d’images laissés par lui en notre esprit ? Chacun des jours passés avec Dolorès vaut, dans ma mémoire, une année. » (Les Roses de septembre). Comme si le plaisir se détournait du temps, s’en soustrayait. Ce passage nous rappelle celui de la Recherche : « c’était peut-être bien des fragments d’existence soustraite au temps, mais cette contemplation, quoique d’éternité, était fugitive. Et pourtant, je sentais que le plaisir qu’elle m’avait…donné dans ma vie était le seul qui fût fécond et véritable » (A la Recherche du temps perdu, III)

5/ NOS EMOTIONS LES PLUS FORTES
SONT-ELLES LES PLUS RESISTANTES ?

Nous sommes néanmoins aujourd’hui, la somme, plus ou moins,  des expériences de notre passé. Pour ne plus être, il suffirait d’oublier dans sa totalité ce temps, peut-être en s’enfonçant dans le bleu d’un verger.

« J’ai l’impression que si nous nous enfoncions dans ce verger bleuâtre, vous et moi, nous y oublierions le passé et ne reviendrions jamais sur terre. Le Léthé doit couler tout près d’ici. » (Les Roses de septembre)

D’abord le naître et l’être ; un être puis un autre lié à la défragmentation du précédent, et ensuite un être différent, un plus d’être, jusqu’au plus d’être du tout dans un dernier final. Quel est notre moi fondamental ? Qu’est ce qui fait que nous sommes toujours un peu le même ? Le jeune homme que nous étions et l’homme que nous sommes sont-ils encore un peu les mêmes ?

« Or l’homme que vous rencontrez dix ans, vingt ans plus tard, est celui d’un temps M’, M’’ ; il n’y a plus en commun, avec l’auteur de votre livre bien-aimé, que des souvenirs d’enfance, et encore… » (Les Roses de septembre)

« Nos émotions les plus fortes meurent, ne trouvez-vous pas ? Et on regarde la femme qu’on était il y a trois ans avec la même curiosité et la même indifférence que si elle était une autre. » (Climats)

« Peut-être parce que je suis devenue, pour ma fille, trop différente de la femme que font renaître ces souvenirs… » (L’Instinct du bonheur)

6/ ET QUE MEUVENT NOS HUMEURS

Des êtres morcelés en puzzles irréguliers, donc inconstants et changeants, et infidèles. L’être qui parle qui pense n’est fidèle qu’à cet être là, le temps du présent. Comme le disait Montaigne : « Chaque jour nouvelle fantaisie et se meuvent nos humeurs avec les mouvements du temps »

« Je ne comprends pas du tout qu’elle importance à la fidélité, avait-elle dit avec une diction martelée qui donnait toujours à ces idées un air abstrait et métallique. Il faut vivre dans le présent. Ce qui est important, c’est de tirer de chaque moment ce qu’il peut contenir d’intensité. On y arrive que de trois manières : par le pouvoir, le danger ou par le désir » (Climats)

7/ UN MOI PRESENT ET UN MOI DISPARU

En fait, cette métamorphose engendre des actions qui ne sont, peut-être, plus les nôtres et donc rend possible le pardon de l’autre pour ses actions répréhensibles.
Tout devient possible. « Supposez que demain, je chasse théâtralement de Preyssac Valentine que j’aime et qui m’aime, Valentine qui peut-être, il y a vingt ans, a été coupable et imprudente, mais qui n’est plus la même femme, qui se souvient à peine de ses actions de ce temps-là et de leurs causes réelles… » (L’Instinct du bonheur)

« L’homme qui regrette n’est plus l’homme qui a été coupable. Et ce n’est certes pas moi qui reprocherai à votre Moi présent et purifié les erreurs de votre Moi disparu. » (Ariel ou la vie de Shelley)

Le passé n’est plus. Il n’est déjà plus réel. Sans être encore un rien du tout. Il se réveille, comme dans la madeleine proustienne, où parfois-même se révèle dans une profondeur encore insoupçonné. Il suffit parfois de rencontrer un espace familier, une odeur particulière ; il nous renverra immédiatement dans un autre temps oublié, en rendant présent ce qui est, pour l’heure absent. Comment s’opère ce choix dans notre cerveau entre les images et les impressions qui resteront et les autres. Pourquoi des périodes entières meurent pour renaître et souvent meurent à jamais dans un total oubli. Rappelons-nous l’image proustienne des portes : « si nos souvenirs sont bien à nous, c’est à la façon de ces propriétés qui ont des petites portes cachées que nous-mêmes souvent ne connaissons pas. » (A la Recherche du temps perdu)

« Pourquoi certaines images demeurent-elles pour nous aussi nettes qu’au moment de la vision, alors que d’autres en apparence plus importantes, s’estompent puis s’effacent si vite ?» (Climats).

« Voyez mon cas : oui, il y a eu dans ma vie une affreuse tragédie, mais parce qu’elle est toujours restée muette, elle est maintenant comme étrangère…Et il faudrait la réveiller ? Commencer entre Valentine et moi, un dialogue douloureux qui ne finirait plus qu’avec notre mort ? » (L’Instinct du bonheur)

8/ « NOUS RECONNAISSONS LEUR VERITE
PASSE A LA FORCE PRESENTE
DE LEURS EFFETS« 

Il n’y a pas, nous le savons bien, une chronologie des événements. Un autre ordonnancement s’opère, mystérieux, magique.

« Les souvenirs de l’enfance ne sont pas, comme ceux de l’âge mûr, classés dans le cadre du temps. Ce sont des images isolées, de tous côtés entourées d’oubli, et le personnage qui nous y représente est si différent de nous-mêmes que beaucoup d’entre elles nous paraissent étrangères à notre vie. Mais d’autres ont laissé sur notre caractère des traces à ce point ineffaçables que nous reconnaissons leur vérité passée à la force présente de leurs effets. » (Le Cercle de Famille).

Cette jeunesse nous paraissais interminablement longue et monotone, souvent ennuyeuse ; et pourtant, il ne reste que quelques images, quelques photographies, rochers dans un océan immense informe.

« Quand je relis mon journal de jeune fille, j’ai l’impression de voler dans un avion très lent au-dessus d’un désert d’ennui. Il me semblait que je n’en finirais jamais d’avoir quinze ans, seize ans, dix-sept ans. « (Climats)

9/ CREER UN PASSE QUI NE FUT POINT

L’être du passé n’est plus, n’est pas, l’être présent. Rien n’interdit alors de faire de cet être, un être inventé, changeant, au gré des désirs et de notre volonté, ou d’une cristallisation amoureuse : « – Comme je suis bien ! dit-elle…Il me semble que je t’ai toujours connu…-L’amour, dit-il, créé, comme par magie, les souvenirs d’un passé merveilleux qui ne fut point. »(les Roses de septembre)

 « Je vous ai dit qu’elle vivait surtout dans l’instant présent. Elle inventait le passé et l’avenir au moment où elle en avait besoin puis oubliait ce qu’elle avait inventé. Si elle avait cherché à tromper, elle se serait efforcée de coordonner ses propos, de leur donner au moins un air de vérité ; et je n’ai jamais vu qu’elle s’en donnât la peine. Elle se contredisait dans la même phrase » (Climats)

Invention ou failles dans la mémoire, les failles sont parfois si nombreuses, que l’être sans trouve chamboulé. Qu’est ce qui est vrai ? Quelles sont les images, les sensations que nous possédons vraiment en les ayant vécus totalement. Quelle part pour le rêve ?

« Oublier le passé…Que cela paraît difficile, impossible, et que c’est facile si le décor de la vie change entièrement !…A partir de 1919, nous sommes venus vivre dans ce pays, où notre histoire était ignorée. Je vous assure que souvent, au cours de ces dernières années, je mes suis demandé si cette histoire était vraie. Qu’étais Martin-Buissière ? Un fantôme, le souvenir d’un rêve. » (L’Instinct du bonheur)

10/ AU MOINS UN AIR DE VERITE,
JUSTE UN AIR

Cette lecture de notre mémoire n’est, bien entendu, pas nécessairement mytho-maniaque, mais en tout cas elle permet aussi d’éviter le vulgaire, le commun  donc l’ennui :

« Elle disait : « Qu’est-ce que c’est que la vie ? Quarante années que nous passons sur une goutte de boue. Et vous voudriez qu’on perdît une seule minute à s’ennuyer inutilement » (Climats)

« Je vous ai dit qu’elle vivait surtout dans l’instant présent. Elle inventait le passé et l’avenir au moment où elle en avait besoin puis oubliait ce qu’elle avait inventé. Si elle avait cherché à tromper, elle se serait efforcée de coordonner ses propos, de leur donner au moins un air de vérité ; et je n’ai jamais vu qu’elle s’en donnât la peine. Elle se contredisait dans la même phrase » (Climats)

Tout s’opère, se mélange, le vrai, l’avoué, le passé décoré, les images qui s’imposent, et partent aussi rapidement, dans des rythmes différents. Mais au final, tout va si vite.  

«En marchant, je vois passer ma vie, comme les personnages des films. Elle me semble une toute petite chose. Je pense que ma vraie jeunesse, celle où l’on croit encore à la réalité d’un univers féérique, est finie. Comme cela a été vite. » (Le Cercle de Famille).

« -Ah ! Monsieur Schmitt, vous autres incrédules, vous êtes comme les éphémères qui dansent au soleil et ne pensent pas qu’ils seront morts le soir ». (Le Cercle de Famille)

11/TIRER DE CHAQUE MOMENT
CE QU’IL PEUT CONTENIR D’INTENSITE

Une  possibilité pour stopper ces mouvements virevoltants du temps c’est s’ancrer très fort dans l’immédiateté du présent, sans imagination, ni création, presque dans une vie animale. 

« Ce jour-là, pour Odile, la vie c’était une tasse de thé, des toasts bien beurrés, de la crème fraîche, c’est peut-être que les uns vivent surtout dans le passé et les autres seulement dans la minute présente » (Climats)

 « Je ne comprends pas du tout qu’elle importance à la fidélité, avait-elle dit avec une diction martelée qui donnait toujours à ces idées un air abstrait et métallique. Il faut vivre dans le présent. Ce qui est important, c’est de tirer de chaque moment ce qu’il peut contenir d’intensité. On y arrive que de trois manières : par le pouvoir, le danger ou par le désir » (Climats)

L’être dans cette dérive du temps, de fait tout en se défaisant. Comme une petite pièce de notre présent qui pourrait à elle-seule transformer radicalement l’ensemble de notre être sur lequel elle se pose. Nous voguons dans le mystère des choses et,

O mysterio das cousas, onde esta elle ?
Onde esta elle que nao aparece
Pelo menos a mostrar-nos que é misterio?
(Fernando Pessoa, Poèmes de Alberto Caeiro, XXXIX)

Jacky Lavauzelle

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L’HOMME AUX CENT VISAGES (IL MATTATORE de Dino RISI) A LA RECHERCHE DU MENSONGE PARFAIT

Dino  RISI

L’Homme aux cent visages
(Il Mattatore – 1960)

Dino Risi A LA RECHERCHE DU MENSONGE PARFAIT




A la recherche du monde parfait
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Dino Risi, dans Il Mattatore, Le Protagoniste ou L’Homme aux cent visages, filme  la disparition de la vérité ; une vérité qui n’existe pas, nulle part. Il ne dit pas comme Danton, « la vérité, l’âpre vérité », mais le mensonge, le doux et beau mensonge.

LE MAÎTRE DES MENTEURS

Si la vérité effleure les personnages, c’est pour mieux les quitter. Ce qui domine, c’est le mensonge ; mais un mensonge à plusieurs niveaux, avec de multiples caquettes. Qui sera le plus faux, qui jonglera le mieux avec le réel ?  Le maître des menteurs, le roi des fariboles et des balivernes se trouve être notre protagoniste, Gerardo Latini (Vittorio Gassman) du début jusqu’à la fin. Il ment à sa femme (Anna Maria Ferrero)  comme à ses amis, et les autres ne se privent pas non plus de mentir. Sûrement se ment-il à lui-même ; il en est bien capable, le bougre !

Il Mattatore Dino Risi L'homme aux cent visages (1)

L’ARROSEUR ARROSE

Et à force de mentir et de gruger son monde, Gerardo va se retrouver dupé, roulé dans la farine ; il se fera avoir dans ce qu’il croit être un simulacre de mariage ; sa future femme, à bonne école, va le duper à son tour. Il se mariera pour de bon. « Mariage = prison« . 

ATTEINDRE LE MENSONGE SUPRÊME

Dino Risi renvoie la traditionnelle question de la vérité,que vaut notre connaissance des choses et des gens ? Pouvons-nous atteindre la vérité ?, à une question moins traditionnelle : Comment peut-on atteindre le mensonge suprême afin de posséder et de voler un peu plus les gens.

GERARDO TROUVE SON MAÎTRE







Donc Gerardo dans sa quête commence, lourdaud, pataud, avec des petits larcins er des coups de pacotilles. Mais déjà il trouve un maître, en prison, bien sûr. Et déjà il élabore des scénarios de plus en plus perfectionnés et imparables. Commence les premiers déguisements, avec les ajouts  qui valorisent le personnage et apportent de la considération et du respect, comme les décorations de guerre et les distinctions aux combats.

Il Mattatore Dino Risi L'homme aux cent visages (2)

CONFONDRE LE REEL

Pour que le mensonge marche, il faut qu’il adopte les pas de la vérité. Veritas adœquatio rei et mentis, la conformité du réel à l’esprit. Il faut donc jouer à être plus vrai que la vérité même, à se plaquer au réel, jusqu’à l’évidence de la réalité. Et cette évidence, elle se sent, elle se renifle. Il faut alors une certaine bestialité, une animalité hors du commun que possède Gerardo. Même les policiers, il les flaire et renifle aussitôt ! « Ils sentent la même odeur pourrie que l’on trouve dans un cachot ! »

Il Mattatore Dino Risi L'homme aux cent visages (3)

GERARDO L’ACTEUR !

Ce flair, Gerardo s’en sert, constamment. Il joue avec cette énergie animale ; Elle déborde sur l’autre, qui se trouve comme noyé dans ce torrent de gestes et de paroles. Il est fondamentalement acteur ; d’ailleurs, c’est son métier. Ses amis le nomment Gérardo l’acteur. Dans la scène de la prison, il éructe, il explose, il est l’attraction qui sublime le lieu.  Si Socrate se demandait comment il était possible d’atteindre la vérité, Gerardo, lui,  se demande quand et comment il pourra jouer le grand rôle avec un mensonge démesuré, et pourtant, à première vue, si quelconque.

D’où la persévérance dans l’acte, jusqu’à faire pleurer des prisonniers endurcis, à leur faire oublier les visites au parloir.

EN 1953, JE N’AVAIS PAS ENCORE LE FLAIR !

De la persévérance dans son travail ; et cela prend forcément du temps. Mais Gérardo analyse et décortique toutes les évolutions, toutes les acquisitions de compétences. « En 1953, je n’avais pas encore le flair ! »







Il Mattatore Dino Risi L'homme aux cent visages (4)

L’EXPLOSION DU DOUTE

Gerardo n’aurait certainement pas résisté au criticisme kantien. Ce doute remet en cause l’image donnée, celle qui se présente en toute naïveté et innocence devant nos sens ; Gerardo fait exploser le doute dans tous ces coups fourrés. Il les conduit de mains de maître ; des coups parfois énormes ; des opérations qui vont crescendo de plus en plus grosses, jusqu’à la scène finale sur le vol des joyaux de la couronne britannique.

L’ERREUR IMPLIQUE DE LA CONNAISSANCE ET DE L’AFFIRMATION

Et l’erreur, comme le signalait Victor Brochard (De l’erreur, 1879) n’est pas quelque chose de simplement, de purement négatif. L’erreur, dans sa nature, dans son sens le plus précis, implique de la connaissance et de l’affirmation. Et Gerardo apprend et affirme toujours. Il sait tout et ne perd jamais le contrôle, même quand il se fait prendre, il ne cherche pas à fuir.

Il Mattatore Dino Risi L'homme aux cent visages (5)

TOUJOURS MODESTE !

Pour cela, il suffit de cacher son jeu, jouer le benêt, le poli, l’aimable ou le maladroit, comme dans le premier plan du film, où il descend du bus après les autres et fait tomber dans la rue les pommes qu’il tenait dans une poche. Les passants honnêtes viennent l’aider et les lui ramassent. « Toujours modeste ! » dira un de ses acolytes.

TU N’AS PAS DE METIER, L’AMI !

Il a fait un pacte avec son épouse. Il ne doit plus voler, « tu dois oublier tout ça ! », lui qui, donnait en un seul pourboire, à l’Excelsior, quinze mille lires, le voilà obligé de prendre le bus aux heures de pointe. « Qu’ai-je fait au bon dieu pour trouver une femme pareille ? » Ce pacte tiendra-t-il longtemps ? L’homme qui sonne à son domicile, veut vendre un candélabre en argent massif. Est-ce un voleur, un policier ? Qui essaie de gruger l’autre ? Pour le moment, nous nous laissons gruger les premiers puisque nous ne connaissons pas encore les talents de notre Gerardo. Mais il décortique les astuces de notre vendeur à la sauvette : «la maman malade, la substitution, de trente mille tu tombes à dix ; tu me prends pour un bambin ? » Puis vient les conseils, « tu n’as pas de métier, l’ami…Tu ignores tout de ce métier, dès que tu bouges on t’attrape. »   Ils se sont connus en prison. Gerardo va lui conter depuis le début ses exploits, comme un maître devant son élève.

Il Mattatore Dino Risi L'homme aux cent visages (8)

TOUT EST EN REGLE !







Savoir se comporter, mais surtout savoir parler. Avoir de la tchatche, du bagout. Et pour cela, Gerardo en a à revendre. Parler pendant que les mains attrapent et subtilisent. Être un magicien, un prestidigitateur, être le roi de l’embrouille. Revoir la scène du café où l’argent de la mallette est subtilisé. Action qui entraînera l’emprisonnement de notre Gerardo, roulé lui-même par son « ami ». « Tout est en règle…le devis…le bilan…Les encaissements de l’année dernière…tout est en règle ! » L’acheteur n’a rien vu ; tous les papiers se passent d’une main à l’autre, de Gerardo à son ami. Et le coup est joué. Ni une ni deux, le protagoniste, « Il mattatore » passera par la case prison. Mais là aussi, il fait son trou, trouve de nouveaux partenaires de jeux, de nouveaux coups sont élaborés.

Et c’est partie remise…

 

Jacky Lavauzelle

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L’HOMME AUX CENT VISAGES

TEMPO DI VIAGGIO (TARKOSKI & GUERRA) : LA JALOUSIE DE L’ART

Andreï Tarkovski
& Tonino Guerra
Tempo di Viaggio (1983)

LA JALOUSIE DE L’ART

 Le visage d’Andreï et la voix de Toni, Tonino Guerra. Ce visage qui se cache d’un soleil trop ardent quand la voix parle de voyages, de notes et de listes. Cette voix de Toni qui s’envole dans les airs et libère  ses mots dans la légèreté de l’été. Est-elle triste ? Oui et non. Est-elle belle ? Oui, elle est belle comme est splendide Sorrente qui s’offre sans se donner.

Tempo di Viaggio

DANS LE CREUX DES VERS

La réalité s’immisce dans le creux du vers, dans le velouté et les rondeurs des coteaux italiens, sur les rondeurs d’une fausse nonchalance du poème. Un poème qui renvoie Andreï à sa Russie et à son père, loin là-bas. Si loin ? Les mots de russe se mélangent à l’italien, sans se fracasser. A la limite des mots, s’ouvre le voyage. Ce sont les mots qui le permettent. Les mots s’envolent et circulent du fauteuil à la terrasse. Si bien que le livre peut bien se livrer nu, fragile et puissant, ouvrant son corps aux vents, clamant sa liberté au pied de la cage. Un vent léger fait basculer un luminaire. Ce sont les mots qui passent et repassent, se donnent et ne se rendent pas ; ils gardent une saveur unique et nous partons un peu plus bas. Nous revoyons les images du mystérieux Nostalghia et nous entrons par les portes entrebâillées du road movie.   

LA FORCE D’UN ULYSSE

Les impressions paraissent confuses, telle une brume en hiver, mais ce ne sont que des impressions. Fugaces et précaires. Elles ne se mettent jamais à vif, les impressions. Elles temporisent et donnent une couleur pastel à l’instant. Et ces sensations semblent altérer le temps et l’espace. Elles résistent au néant, au chaos, au rien. Elles font que demain, des souvenirs seront possibles, que les futurs s’ébaucheront et que les rencontres s’emballeront. Entre la beauté de Capri et la fusion de l’énergique Naples. Entre Naples et Pompéi, entre l’agitation chaude des rues et le calme de l’après catastrophe. Le temps se mélange enfin à l’espace, comme dans un point unique, qui pourrait être l’archipel Li Galli, repère des sirènes, où la vie s’arrête, brisée sur des rochers que portent les voix angéliques et diaboliques. La voix ici n’est pas neutre. C’est une voix qui dévore, qui ingère. Il faut la force d’un Ulysse ou le talent d’Andreï pour y échapper.

La chaleur encore se pose et Andreï ne l’aime pas, elle le transperce. Chaque rayon en aiguille, longue et pénétrante, se transforme. Ce n’est plus une superficialité

UNE ARCHITECTURE DECIDEMENT TROP BELLE

Des paysages qui parlent de lui. Telle la vallée des Truli qui lui rappelle la Russie. Une ligne de cet horizon et des vallées que l’on croit être des tas de farine. Le Quichotte voyait bien des moulins dans son pays ibérique. Dans ces espaces, les lignes se mélangent et s’interpénètrent, le temps s’amuse encore.

Tarkosvki Tempo di Viaggio

Andreï toujours, tel un animal apeuré par le soleil, se blottit contre le mur.

AMALFI ! ATRANI ! FURORE !

Nous longeons des  côtes, chaussées par les dieux, du golfe de Salerne, sages dans le soleil puissant et envoûtant, et découpées comme les oreilles du diable. Une côte amalfitaine belle, décidèment trop belle, trop photogénique,  trop touristique. Le temps du voyage n’est pas celui du farniente et des vacances. Le cœur n’est pas au travail, mais l’œil veille encore. Il ne faut pas perdre la boussole et tenir le cap. Amalfi, là où les marins pour la première fois utilisèrent cette boussole, à force, peut-être, de se perdre dans le dédale de ses rues anciennes ;  plonger des montagnes et courir sur Atrani où l’on aperçoit et la mer et la crique et l’église, ou la Furore, magnifique, plein de mystère où s’attardent Andreï et Toni à regarder les bateaux et à laisser partir la caméra là-bas, loin après que le vieux pont enjambe fièrement les deux rives escarpées.

D’AVANT DANTE !

Au soleil, Andreï fait la grimace. Décidément, il ne s’habitue pas. Et il est temps de ne pas parler de tout. Ce tout qui a envahi de ses beautés la tête des deux artistes.

Tarkoski et Tonino Guerra

Il faut désormais élaguer, éliminer. Il faut laissez tomber Lecce et son baroque, ses bizarreries. Laisser tomber seulement car oublier est impossible. Personne ne peut oublier la Basilica di Santa Croce, personne, son foisonnement, ses courbes et sa blancheur, l’imposante rosace de la façade. Personne. Mais Andreï vient en repérage pour un film et non pour un documentaire. Son œuvre à lui impose et s’impose. Tout le monde attendra de voir les magnifiques quarante-huit colonnes, celles qui datent d’avant Dante. Eh non ! Le cadre ne doit pas être grandiose, de peur qu’il phagocyte le film. Andreï impose son point de vue à Tino. Et la voiture roule vers Lecce, roule vers la basilique. Vers ces aigles de pierre sur la proue de la façade s’en allant conquérir les âmes.  Vers cette pierre de Lecce à la fois fragile et résistante. A la fois douce et tonique, et qui brille dans les feux de l’Europe depuis des siècles. Et au fond de cette montagne blanche murît un arbre longiligne, un arbre qui parle forcément à l’âme d’Andreï. Un arbre couché, mais plein de vie, sur lequel se développent, en mosaïques infinies, des personnages et des contes.

Et Andreï, petit short blanc improbable et jambes longilignes et blêmes, se protège au milieu de ce baroque foisonnant.

Nous traversons, côté Adriatique, pour nous retrouver dans les Pouilles. Nous quittons les lignes accidentées pour se calmer auprès des plaines de Tavoliere delle Puglie. Une route fuit à travers une musique populaire et des maisons blanches, au sein des murets de pierre, au seuil des champs à foison. L’entrée de Locorotondo sur son rocher, qui trône, dans toute sa largeur et sa hauteur. Sa limitation à 50 km/h et son interdiction de klaxonner, que personne, certainement ne respecte. La musique s’accélère et cesse d’un coup comme pour donner un volume, une structure à la ligne. Le calme d’un patio. Un oiseau factice dans la brise légère. D’autres oiseaux en bois dans une case.

L’ART EST JALOUX

La Madone del Parto, des reproductions, un rouge qui n’existe pas. La tension avec le mur.

Andreï a chaud, encore. Le soleil l’agresse, il cache son visage afin de protéger ses yeux. Toni est dans son élément. Sa main passe sur ses cheveux et attrape le cou. Andreï grimace en tournant les pages. Toni ne croit pas que la poésie puisse se traduire, que les tableaux puissent se reproduire sur des pages. L’art est jaloux. Mystères, formes et silences…

Andreï à l’ombre, assis par terre, lit. Toni lit des requêtes de jeunes personnes pour Andreï. Que lui ont-ils apporté ? Alexandre Dovjenko, la Terre, la poésie ;  l’ascétisme et la simplicité de Robert Bresson ; Antonioni, l’avventura, le sens de l’action pure ; la générosité de Fellini ; Mizoguchi et tous les autres. Ils sont nombreux qui irriguent chaque souffle d’Andreï.

L’IMAGINAIRE, TOUJOURS PLUS FORT

Quelle importance accorder à l’ensemble de ces beautés souveraines et éternelles. Andreï pense que l’essentiel, c’est le voyage qu’il fait en lui-même. C’est l’essentiel. En lui-même des projets aussi. Des films qui ne verront jamais le jour et qui resteront dans l’aube de l’âme. Les films qui sont restés à l’état de projet, ceux qui n’ont pas pu être réalisés, permettent au réalisateur de rester libre. Avoir des idées que l’on garde en réserve, même si on ne peut les filmer. Une fin à la Jeanne d’Arc. Un arbre, le feu, puis plus rien. Une mère morte et un fils à la recherche de la tombe. Un fils qui porte la pierre tombale comme d’autres portent leur croix. La quête impossible. Cette boucle qui ne se boucle pas. Et l’imaginaire toujours plus fort, toujours vainqueur. Celui qui plante la pierre sur une tombe au hasard et qui y croit dur comme fer.

Aller loin, au-delà, dans l’évidence. Ne pas se conformer ou s’enfermer dans le genre, dans un genre, n’importe lequel. Un film de science-fiction ne doit pas se servir des codes de ce genre. C’est pour cela qu’Andreï préfère Stalker à Solaris.

«  Pour moi, le cinéma est un art qui peut tout exprimer, le tragique, le comique, la tristesse ou la gaieté. C’est comme cela qu’il reflète la vie. Je m’applique à éliminer le moindre signe qui permettrait de l’assimiler à un genreIl faut apprendre à se mettre au service du cinéma, sans se sacrifier»

Jacky Lavauzelle