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CATULLE XXXI CATULLUS – Ad Sirmium insulam – À LA PRESQU’ÎLE DE SIRMIONE

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CATULLE CATULLUS XXXI

litterarumLittérature Latine
Catulle

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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CATULLE – CATULLUS
84 av J.-C. – 54 av J.-C.

POESIE XXXI

 Ad Sirmium insulam
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À LA PRESQU’ÎLE DE SIRMIONE
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Paene insularum, Sirmio, insularumque
Joyau de toutes les presqu’îles et de toutes les îles, ô Sirmione
ocelle, quascumque in liquentibus stagnis
bénie par Neptune, seigneur des eaux stagnantes
marique vasto fert uterque Neptunus,
Et du vaste océan :
quam te libenter quamque laetus inviso,
Avec quel plaisir je te retrouve,
 vix mi ipse credens Thuniam atque Bithunos
alors que je viens de quitter la Bithynie et ses champs
  liquisse campos et videre te in tuto.
et je peux profiter de toi en toute sécurité.







 o quid solutis est beatius curis,
Ô existe-t-il un plus grand bonheur,
 cum mens onus reponit, ac peregrino
quand l’esprit dépose son fardeau, et qu’épuisés
labore fessi venimus larem ad nostrum,
des fatigues du voyage nous arrivons pour nous détendre
desideratoque acquiescimus lecto?

dans nos foyers, retrouver un lit tant désiré ?
 hoc est quod unum est pro laboribus tantis.
Cela justifie les sacrifices demandés par notre travail.


  salve, o venusta Sirmio, atque ero gaude
Je te salue, ô belle Sirmione,  et réjouis-toi
   gaudente, vosque, o Lydiae lacus undae,
réjouis-toi, ô ondes du Lac de Garde,
ridete quidquid est domi cachinnorum.
Riez pleinement de tout dans ma demeure.

 




Ad Sirmium insulam
À LA PRESQU’ÎLE DE SIRMIONE

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO







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Catulle – Catullus
POESIE XXXI

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LA CANAILLE & LES DELICATS
par Ferdinand Brunetière
1882

On a voulu faire de Catulle, sans arguments bien solides, un poète aristocratique, un poète du grand monde, comme de sa Lesbie, sur des inductions plutôt que sur des preuves, ce que Brantôme appelait « une grande et honnête dame. » Je persiste à ne pas croire, pour ma part, que Lesbie fût la célèbre Clodia, mais je crois que bon nombre des fréquentations de Catulle furent parmi la bohème littéraire de Rome. Au surplus, la conciliation n’est pas si difficile. Ce que nous savons, en effet, c’est que, lorsque l’adolescent de Vérone arriva de sa province dans la capitale, il y subsistait, sous le raffinement de quelques habitudes, sous l’étalage du luxe et sous l’apparence de la civilisation, un grand fonds d’antique brutalité romaine. Si nous en pouvions douter, nous rapprendrions au moins de certaines épigrammes de Catulle lui-même, plus grossières que mordantes, et dont l’outrageuse crudité passe tout. C’est bien fait à M. Rostand de nous les avoir traduites. On ne peut pas juger d’un poète en commençant par faire exception de toute une partie de son œuvre, qui peut-être est celle que les contemporains en ont presque le plus goûtée. Là où Catulle est bon, il va jusqu’à l’exquis, et c’est bien de lui que l’on peut dire aussi justement que de personne qu’il est alors le mets des délicats ; mais là où il est grossier, il l’est sans mesure, et c’est bien encore de lui que l’on peut dire qu’il est le charme de la canaille. Or, à Rome, en ce temps-là, dans le sens littéraire de l’un et l’autre mot, la canaille et les délicats, c’était presque tout un. On ne distinguait pas encore, selon le mot d’Horace, la plaisanterie spirituelle de l’insolente rusticité. La curiosité de l’intelligence, vivement éveillée, capable de goûter les finesses de l’alexandrinisme, était en avance, pour ainsi dire, sur la rudesse des mœurs et la vulgarité des habitudes mondaines.





Quand on grattait ces soupeurs qui savaient apprécier les jolies bagatelles du poète, on retrouvait le paysan du Latium, qui s’égayait, au moment du vin, à faire le mouchoir. La raillerie, comme à la campagne, s’attaquait surtout aux défauts ou disgrâces physiques. Je sais bien que, jusque dans Horace, la grossièreté du vieux temps continuera de s’étaler, mais ce ne sera plus de la même manière naïvement impudente. Au temps de Catulle, la délicatesse n’avait pas encore passé de l’esprit dans les manières. Quand il s’élevait seulement un nuage sur les amours du poète et de sa Lesbie, le docte traducteur de Callimaque s’échappait en injures de corps de garde. Cette société très corrompue ne s’était pas encore assimilé la civilisation grecque. Elle s’essayait à la politesse, elle n’y touchait pas encore. Et sous son élégance toute superficielle, elle manquait étrangement de goût. — Il me paraît que, si l’on examinée quel moment de notre histoire la plupart de ces traits conviennent, on trouvera que c’est au XVIe siècle, dans le temps précis que le contact des mœurs italiennes opérait sur la cour des Valois le même effet qu’à Rome, sur les contemporains de César, le contact des mœurs de la Grèce.

Ferdinand Brunetière
Revue littéraire
À propos d’une traduction de Catulle
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 54 –  1882

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