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LA POÉSIE AU FÉMININ Anthologie des poétesses depuis la Grèce antique

DE L’ORAGE ET DES POÈMES

https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/la-poesie-au-feminin

Les anthologies reprennent traditionnellement les écrivains nationaux en très grande majorité.
Dans ces derniers, les femmes sont toujours les exceptions.
Nombreuses anthologies françaises ne contiennent souvent aucune poésie de poétesse.
À la marge, pour les anthologies françaises par exemple, nous trouvons au mieux quelques sonnets de Louise labbé, la Comtesse de Noailles, et une fois ou deux Pernette du Guillet avec un seul poème.
Si, comme le dit Maria Teresa Wilms Montt, « il est difficile d’être une femme dans ce monde », nous pouvons assurer qu’il est encore plus difficile d’être une poétesse dans ce monde d’hommes.
Si l’on demande de citer dix ou vingt poètes, il est à peu près certain que nous n’aurons aucune poétesse.
Nous avons à ce stade plusieurs options :
La première, qu’il n’existe que très peu de poétesses en ce monde et dans les époques passées.
La seconde, que leur qualité littéraire était moindre que celle des hommes, notamment des plus grands, Verlaine, Rimbaud, Pouchkine, Pessoa, Whitman, Mandelstam et bien d’autres.

Le but de cet ouvrage est de montrer que ni la première ni la seconde ne sont recevables.

Qu’en plus d’une quantité incroyable de grandes poétesses, toutes les thématiques, traditionnelles ou novatrices, sont abordées, religieuses, athées, psychologiques, émotionnelles, symbolistes, etc.

Un point commun relie toutefois les auteures présentées ici : l’engagement.
L’écriture n’est jamais formelle.
Aucune formalité mais une vitale nécessité d’écrire.

L’engagement dans la vie, dans l’écriture, dans la passion, dans l’existence.

Tout est entier et total. Il n’y a pas de freins ou de convenances.

Cet engagement provoque la libération émotionnelle et la puissance, retenue ou non, des corps et des esprits.

Dans des époques troublées et avec la toute puissance des hommes sur les femmes, de la Grèce, où la femme n’était pas une citoyenne à part entière, jusqu’aux écrivaines soviétiques sous le joug de la toute puissance doublée avec la terreur communiste, jusqu’aux écrivaines chiliennes, argentines sous le joug d’un pouvoir machiste affirmé.

Il s’agit pour moi de rencontres dans l’esprit, les corps, les émotions, les désirs, la nostalgie et les projets.
En quelques mots, l’aventure de la vie.
De nos vies.
Pour reprendre Tsvétaëva :
« Il y aura de l’orage ! … Il y aura de l’amour ! … Il y aura des poèmes ! »  

Jacky Lavauzelle


****

LISTE DES POÉTESSES
DANS CET OUVRAGE

Sappho (630 av. J.-C. – 580 av. J.-C.)
Al-Hansā’ (575-645)
Hildegarde de Bingen (1098-1179)
Marie de France (v 1160- v 1210)
Christine de Pisan (1364- 1430)
Marguerite d’Angoulême (1492-1549)
Pernette du Guillet (1518 ou 1520 – 1545)
Louise Labé (1524-1566)
Catherine Des Roches (1542-1587)
Marie de Romieu (vers 1545 – vers 1590)
Marseille d’Altouvitis (1577 – 1606)
Élisabeth-Sophie Chéron (1648 – 1711)
Hedvig Charlotta Nordenflycht (1718-1763)
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Annette von Droste-Hülshoff (1797 – 1848)
Elizabeth Barrett Browning (1806-1861)
Caroline Pavlova (1807-1893)
Élisa Mercœur (1809 – 1835)
Louise-Victorine Ackermann (1813 – 1890)
Emily Brontë (1818 – 1848)
Emily Dickinson (1830-1886)
Rosalía de Castro (1837- 1885)
Louisa Siefert (1845 – 1877)
Vittoria Aganoor (1855-1910)
Zinaïda Nicolaïevna Hippius (1869-1945)
Mirra Lokhvitskaïa (1869- 1905)
Teffi (1872-1952)
Anna de Noailles (1876-1933)
Renée Vivien (1877 – 1909)
Virginia Woolf (1882–1941)
Sophia Parnok (1885 -1933)
Delmira Agustini (1886 – 1914)
Anna Akhmatova (1889-1966)
Marie Skobtsova (1891-1945)
Alfonsina Storni (1892 – 1938)
Marina Tsvetaïeva (1892-1941)
Maria Teresa Wilms Montt (1893 -1921)
Florbela Espanca (1894-1930)
Colette Peignot (1903-1938)

Table des matières
DE L’ORAGE ET DES POÈMES 9
SAPPHO Σαπφώ 11
ENTRE LÉGENDE & HISTOIRE UNE VIE DE SAPPHO 13
μνος στην Αφροδίτη HYMNE À APHRODITE 15
Ωδή εις Ανακτορία ODE AU PALAIS ODE À LA FEMME AIMÉE 17
Al-H̠ansā’ 19
DE L’INFLUENCE EXERCÉE PAR LES FEMMES POÈTES DANS L’ANCIENNE ARABIE 21
LE DIWAN D’AL HANSA’ 25
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ I 27
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XIII 29
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XIV 30
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XVI 31
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XVII 33
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XVIII 33
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XIX 34
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XX 34
Le Diwan D’Al-H̠ansā’ XXI 35
Hildegarde de BINGEN HILDEGARDE VON BINGEN 37
LES VISIONS DE HILDEGARDE VON BINGEN 38
BIOGRAPHIE DE HILDEGARDE VON BINGEN 39
O BEATA INFANTIA Ô ENFANCE BIENHEUREUSE 41
DE SANCTA MARIA À MARIE 42
O AETERNE DEUS Ô DIEU ÉTERNEL 44
O MAGNE PATER Ô PÈRE MAJESTUEUX 45
Marie de FRANCE 47
LA PREMIÈRE FEMME À ÉCRIRE DES VERS EN FRANÇAIS 48
VIE DE MARIE DE FRANCE LES FABLES & LES LAIS 49
LAIS de Marie de France PROLOG LE PROLOGUE DES LAIS 51
LE FRAISNE LE LAI DU FRÊNE 55
Christine de PIZAN ou Christine de PISAN 87
Vers 1364– 1430 87
LA VIE DOULOUREUSE DE CHRISTINE DE PISAN 88
SEULETE SUY SEULE JE SUIS 89
LES DOUCEURS DU MARIAGE BALLADE 91
RONDEAU JE VAIS 94
RONDEAU JE NE SAIS COMMENT JE DURE 95
Marguerite d’ANGOULÊME
Marguerite de France
Marguerite de Navarre 97
MARGUERITE D’ANGOULÊME UNE FEMME PLEINE DE COEUR ET DE SENS 98
Portrait de François Ier, son frère 99
SATYRES ET NYMPHES DE LA REINE DE NAVARRE 100
ÊPITRES 101
AIMEZ LA FERMEMENT 103
RÉPONSE À CLÈMENT MAROT 104
J’AIME UNE AMIE ENTIÈREMENT PARFAITE 105
Pernette du GUILLET Vers 1518-1500 – 7 juillet 1545 107
RYMES DE GENTILE ET VERTUEUSE DAME 107
RYMES I LE HAULT POUVOIR DES ASTRES LE POUVOIR DES ASTRES 108
RYMES VIII IÀ N’EST BESOING QUE PLUS EI ME SOUCIE RIEN NE PEUT ME NUIRE 109
RYMES XII LE CORPS RAVY, L’AME S’EN EMERVEILLE LE RAVISSEMENT DU CORPS 110
RYMES XIV LE GRAND DESIR DU PLAISIR ADMIRABLE LE PUISSANT DÉSIR 111
RYMES XV POUR CONTENTER CELUY, QUI ME TOURMENTE CELUI QUI ME TOURMENTE 112
RYMES XVII JE SUIS TANT BIEN, QUE JE NE LE PUIS DIRE UNIQUE AU MONDE 114
RYMES XXI SI LE SERUIR MERITE RECOMPENSE DÉSIR & PLAISIR 115
RYMES XXII EN DAULPHINÉ CERES FAISOIT ENCOR MOISSON VÉNUS SERA FROIDE PENDANT DEUX HIVERS 116
RYMES XXVI IAY ESTÉ PAR UN VN LONG TEMPS ESPÉRANCE ET VENGEANCE 117
Louise LABÉ 119
LES SONNETS 119
SONNET I 123
SONNET II 124
SONNET III 125
SONNET IV 126
SONNET V 127
SONNET VI 128
SONNET VII 129
SONNET VIII 130
SONNET IX 131
SONNET X 132
SONNET XI 133
SONNET XII 134
SONNET XIII 135
SONNET XIV 136
SONNET XV 137
SONNET XVI 138
SONNET XVII 139
SONNET XIX 140
SONNET XX 141
SONNET XXIII 142
LES DAMES DES ROCHES
Catherine Des Roches 143
(Catherine Fradonnet) 143
Madeleine Des Roches 143

MÈRE & FILLE INSÉPARABLES & COMPLÉMENTAIRES 145
LA PUCE CATHERINE DES ROCHES 147
A ma mere À MA MÈRE 151
Marie de ROMIEU 153
Vers 1545 (Viviers en Ardèche)– Vers 1590 153
LA PRÉÉMINENCE DE LA FEMME SUR L’HOMME 154
DE LA PRÉÉMINENCE DE LA FEMME SUR L’HOMME BRIEF DISCOURS EN VERS. 155
QUE MES VERS CHANTENT 157
ÉLÉGIE 158
Marseille d’ALTOUVITIS 161
LE TALENT DE VERSIFIER 162
IL S’EN VA CE CRUEL VAINQUEUR 163
STANCES 164
Élisabeth-Sophie CHÉRON 165
MADEMOISELLE CHÉRON 166
FRAGMENTS DE L’ODE AYANT POUR SUJET LA DESCRIPTION DE TRIANON 167
Hedvig Charlotta NORDENFLYCHT 173
28 novembre 1718 – 29 juin 1763 173
Nöje i enslighet PLAISIR DANS LA SOLITUDE 174
LES FEMMES par MADAME DE STAËL 1814 176
DE L’INSTRUCTION DES FEMMES ET DE LA CARRIÈRE LITTÉRAIRE POUR ELLES par Louise d’Alq en 1893 177
Marceline DESBORDES-VALMORE 185
ÉLÉGIES 187
L’INQUIÉTUDE 188
LE CONCERT 189
PRIÈRE AUX MUSES 191
LE BILLET 193
L’INSOMNIE 194
SON IMAGE 195
L’IMPRUDENCE 196
À L’AMOUR 197
LES LETTRES 199
LA NUIT D’HIVER 201
LE SOUVENIR 204
LA SÉPARATION 205
LA PROMENADE D’AUTOMNE 207
ÉLÉGIE 209
Annette von DROSTE-HÜLSHOFF 211
Die Lerche L’ALOUETTE 213
Elizabeth Barrett BROWNING 217
Sonnets from the Portuguese 217
SONNETS PORTUGAIS 217
SONNET I 218
SONNET II 219
SONNET III 220
SONNET IV 221
SONNET V 222
SONNET VI 223
SONNET VII 224
SONNET VIII 225
SONNET IX 226
SONNET XI 227
SONNET XIII 228
SONNET XIV 229
SONNET XV 230
Élisa MERCŒUR 231
UN AN DE PLUS 233
DEMAIN 234
RÊVERIE 235
LE RÉVEIL D’UNE VIERGE 236
LA GLOIRE 237
PAYSAGE 243
LA NEIGE 245
Caroline PAVLOVA 247
Кароли́на Ка́рловна Па́влова 247
QUAND TA VOIX EST SI TENDRE 248
ПОЭТ LE POÈTE 249
IMPROMPTU 250
Louise-Victorine ACKERMANN 251
POÉSIES PHILOSOPHIQUES (1871) 251
I MON LIVRE 253
II À LA COMÈTE DE 1861 255
III 256
LES MALHEUREUX 256
IV L’AMOUR ET LA MORT 259
V 264
LE POSITIVISME 264
Emily BRONTË 265
THE NIGHT IS DARKENING ROUND ME LA NUIT TOUT AUTOUR DE MOI 267
POETICAL FRAGMENTS ‘TWAS OF THOSE DARK CLOUDY DAYS FRAGMENTS POÉTIQUES DE CES SOMBRES JOURS NUAGEUX 269
FAIR SINKS THE SUMMER EVENING NOW UNE CLAIRE SOIRÉE D’ÉTÉ 271
I’LL NOT WEEP JE NE PLEURERAI PAS ! 274
THE OLD STOIC LE VIEUX STOÏQUE 276
NO COWARD SOUL IS MINE L’ÂME ARDENTE 277
Remembrance Souvenir COLD IN THE EARTH LE FROID DANS LA TERRE 279
I’LL COME WHEN THOU ART SADDEST JE VIENDRAI QUAND TU SERAS VRAIMENT TRISTE 282
Emily DICKINSON 285
SIC TRANSIT GLORIA MUNDI AINSI PASSE LA GLOIRE DU MONDE 1852 287
ON THIS WONDROUS SEA SUR CETTE MERVEILLEUSE MER 1853 294
WHEN ROSES CEASE TO BLOOM QUAND LES ROSES FINIRONT DE FLEURIR 295
WHOSE CHEEK IS THIS ? A QUI CETTE JOUE 296
1859 296
A LITTLE EAST TO JORDAN UN PEU A L’EST DU JOURDAIN 297
1860 297
POOR LITTLE HEART ! PAUVRE PETIT CŒUR ! 299
1861 299
I’VE KNOW A HEAVEN LIKE A TENT J’AI CONNU UN CIEL 1861 301
OF BRONZE AND BLAZE DE BRONZE ET DE FEU 303
1862 303
I GAINED IT SO JE L’AI GAGNÉ AINSI 1863 305
THE SPRY ARMS OF THE WIND LES VAILLANTS DU BRAS DU VENT 307
1864 307
AFTER THE SUN COMES OUT LA TRANSFORMATION DU MONDE 1866 311
THE MURMURING OF BEES LE MURMURE DES ABEILLES 312
1867 312
AFTER A HUNDRED YEARS UN SIECLE APRÈS 1868 314
THE DUTIES OF THE WIND ARE FEW LES DEVOIRS ET LES PLAISIRS DU VENT 1869 315
A NOT ADMITTING OF THE WOUND LA BLESSURE 1870 317
THAT THIS SHOULD FEEL THE NEAD OF DEATH LE BESOIN DE LA MORT 1870 318
THE DAYS THAT WE CAN SPARE NOS FONDAMENTAUX 319
1871 319
UNTIL THE DESERT KNOWS AU GALOP DANS NOS RÊVES 320
1872 320
HAD WE OUR SENSES LA RAISON & LA FOLIE 321
1873 321
WONDER IS NOT PRECISLY KNOWING LE PLAISIR DEVENU DOULEUR 322
THAT SHORT POTENTIAL STIR 323
L’ÉCLAT DE LA MORT 323
LONG YEARS APART L’ABSENCE DE LA SORCIÈRE 324
1876 324
IT WAS A QUIET SEEMING DAY LE COQUELICOT DANS LE NUAGE 1877 325
TO MEND EACH TATTERED FAITH RÉPARER LA FOI EN LAMBEAUX 1878 326
WE TALKED WITH EACH OTHER LES SABOTS DE L’HORLOGE 327
1879 327
GLASS WAS THE STREET LA RUE DE VERRE 328
1880 328
THE THINGS THAT NEVER CAN COME BACK LES CHOSES QUI JAMAIS NE REVIENNENT 329
1881 329
HE ATE AND DRANK THE PRECIOUS WORDS LES MOTS PRÉCIEUX 1882 330
NO LADDER NEEDS THE BIRD BUT SKIES DONNER DES AILES AUX CHERUBINS 331
1883 331
UPON HIS SADDLE SPRUNG A BIRD LA NOTE DE L’OISEAU 332
1884 332
TAKE ALL AWAY FROM ME, BUT LEAVE ME ECSTASY LAISSEZ-MOI L’EXTASE 1885 333
LES ULTIMES POÈMES 1886 334
THE IMMORTALITY SHE GAVE LA FORCE DE L’AMOUR HUMAIN 334
OF GLORY NOT A BEAM IS LEFT 335
LES ÉTOILES 335
Rosalía de CASTRO
María Rosalía Rita de Castro, 337
Adios, ríos ADIEUX 339
Louisa SIEFERT 343
« TRÈS FÉMININ DE SENTIMENT TRÉS VIRIL D’EXPRESSION » 344
RAYONS PERDUS 345
PRÉFACE I 346
PRÉFACE II 347
INQUIÉTUDE 348
EN PASSANT EN CHEMIN DE FER 351
POURQUOI ? 353
L’ABBAYE 354
AUJOURD’HUI, HIER, DEMAIN 356
I. AUJOURD’HUI 356
II. HIER 357
III. DEMAIN 358
RÊVERIE 359
SOUVENIRS D’ENFANCE 361
LA VIE 375
Vittoria AGANOOR 377
PASQUA ARMENA PÂQUES ARMÉNIENNES 378
LA SERENATA LA SÉRÉNADE 380
CHE COSA IO TEMO J’AI PEUR 381
IO VIDI J’AI VU 383
TRIONFO TRIOMPHE 385
Zinaïda Nicolaïevna HIPPIUS
Зинаи́да Никола́евна Ги́ппиус 387
Бессилье IMPUISSANCE 389
Цветы ночи LES FLEURS DE LA NUIT 390
Однообразие MONOTONIE 392
ЛЮБОВЬ-ОДНА L’AMOUR EST UN 394
Молитва LA PRIÈRE 396
ПОСЛЕДНЕЕ ULTIME 397
Как все C’EST AINSI 398
Швея LA COUTURIÈRE 399
Электричество ÉLECTRICITÉ 401
ДАР L’OFFRANDE 402
ЛУНА И ТУМАН   LUNE ET BRUME 403
Пауки   LES ARAIGNÉES 404
Свобода LIBERTÉ 406
БРАЧНОЕ КОЛЬЦО   L’ALLIANCE 408
НЕЛЮБОВЬ LES VOLETS 410
У порога À LA PORTE 412
Молодому веку LE JEUNE ÂGE 413
Страшное EFFRAYANT ! 415
Сегодня на земле AUJOURD’HUI SUR TERRE 416
Веселье FÊTE D’OCTOBRE 417
Дни LES JOURS 418
Так есть C’EST AINSI 419
КЛЮЧ  LA SOURCE 420
БУДЕТ ESPÉRANCE 421
Неотступное IMPLACABLE 422
Наставление   GUIDE 424
Всё равно DE TOUTE FAÇON 425
Отъезд LE DÉPART 426
Mirra LOKHVITSKAÏA
Мирра Лохвицкая 427
Темно в туманной вышине SILENCE & SOUFFRANCE 429
Хотела б я свои мечты LA DOUCEUR DES PLAISIRS 430
ВЕЧЕРНЯЯ ЗВЕЗДА L’ÉTOILE DE NUIT 431
Спаситель, вижу Твой чертог LE ROYAUME DE LA GLOIRE 432
ЭЛЕГИЯ ÉLÉGIE 433
И ветра стон LES PENSÉES SOMBRES 434
Сопернице MA RIVALE 435
Кто — счастья ждет, кто — просит славы LES FAUSSES VISIONS 437
Я люблю тебя JE T’AIME COMME… 438
Дневной кошмар неистощимой скуки LE HÉROS INCONNU 439
Мне ненавистен красный цвет ROUGE 440
КРЕСТ La Croix Люблю я солнца красоту LA NOIRE ÉTERNITÉ 441
TEFFI
Tэ́ффи 443
Мой черный карлик целовал мне ножки LE NAIN 445
Ты меня, мое солнце… DE TOUTE FAÇON 446
Перед картой России DANS UN PAYS ÉTRANGE 448
Anna de NOAILLES 449
POÈME DE L’AMOUR 449
AMBITION DES FEMMES 467
Renée VIVIEN « Sapho 1900 » 469
CENDRES ET POUSSIÈRES 471
L’AUTOMNE 472
TON ÂME 473
PROPHÉTIE 474
LUCIDITÉ 475
LASSITUDE 476
LES ARBRES 477
DEVANT LA MORT D’UNE AMIE 478
LE VENT DES VAISSEAUX 479
LES QUATRE VENTS 480
LE RIRE DES VENTS 481
LES DIEUX LARES S’IRRITENT… 482
LE PALAIS DU POÈTE 483
UNE CHAPELLE 484
CHAPELLE DE MARINS 485
ESSOR D’UNE MOUETTE 486
AUX MOUETTES 487
LA MAUVAISE AUBERGE 488
PÉCHÉ D’ORGUEIL 489
VENUE DU JOUR 490
À MON DÉMON FAMILIER 491
AUBE 492
LE DERNIER DIEU 493
DOMINATION DU POÈME 494
ORGUEIL DE POÈTE 495
AVEU DANS LE SILENCE 496
DÉFAITE 497
TRAÎTRISE DU REGARD 498
LE POÈTE 499
PALAIS SOUS LA MER 500
INTANGIBLE 501
VOILE IMPATIENTE 502
LA MOUETTE QUI S’ÉLEVA 503
Virginia WOOLF 505
BLUE & GREEN BLEU & VERT 507
GREEN VERT 507
BLUE & GREEN BLEU & VERT 509
BLUE BLEU 509
THE WAVES LES VAGUES 1931 511
SUICIDE NOTE   1941 515
Sara TEASDALE 517
THE YEARS LES ANNÉES 518
THERE WILL COMME SOFT RAINS LES PLUIES DOUCES 519
NIGHT SONG AT AMALFI CHANT NOCTURNE À AMALFI 520
THE SOLITARY LA SOLITAIRE 521
PEACE PAIX 522
NIGHT IN ARIZONA NUIT EN ARIZONA 523
Sophia PARNOK
Софи́я Я́ковлевна Парно́к 525
На каштанах пышных ты венчальные JE CONSTRUIS MON ÂME 527
Не небо — купол безвоздушный TÉNÈBRES ET LUMIÈRE 528
Какой неистовый покойник! AMOUR & HAINE 530
Где море? Где небо? Вверху ли, внизу? LE BRUIT DES RAMES 532
Есть имена, как душные цветы LES FLEURS ÉTOUFFANTES 533
Все глаза под солнцем LES YEUX SOUS LE SOLEIL 534
Вспомяните: всех голов мне дороже CESSEZ DE M’AIMER ! 536
Этот вечер был тускло-палевый AU THEÂTRE DE L’UNION 537
Каждый вечер я молю LA MÉMOIRE ENDORMIE 539
В те дни младенческим напевом MÉLODIE INFANTILE 540
Срок настал LE FAUCHEUR NÉGLIGENT 541
Еще не дух, почти не плоть COMME UNE PIERRE 542
Агарь AGAR  544
Кто разлюбляет плоть L’AMOUR DE LA CHAIR 546
Под зеркалом небесным LA PENSÉE DU CERF 547
С детства помню LES POIRES DE MON ENFANCE 548
Трудно, трудно LE MONDE N’EST PLUS SI VASTE 549
Я тебе прощаю все грехи LA MUSIQUE N’EST PAS POUR LES YEUX 551
Цыганская песня CHANSON GITANE 552
Delmira AGUSTINI 553
LETTRE DE FRANCISCO VILLAESPESA 554
EL LIBRO BLANCO LE LIVRE BLANC 555
EL POETA Y LA ILUSION LE POÈTE ET L’ILLUSION 556
EL INTRUSO L’INTRUS 559
EXPLOSIÓN EXPLOSION 560
DE CANTOS DE LA MAÑANA LE CHANT DU MATIN 561
SUPREMO IDILIO IDYLLE SUPRÊME 562
LA BARCA MILAGROSA 565
LA BARQUE MIRACULEUSE 565
UN ALMA UNE ÂME 568
Los Cálices Vacíos LES CALICES VIDES 569
NOCTURNO NOCTURNE 570
DEBOUT SUR MON ORGUEIL 572
MI MUSA TRISTE MA TRISTE MUSE 573
AL CLARO DE LUNA AU CLAIR DE LUNE 577
A EROS À ÉROS 578
INTIMA INTIME 579
EL NUDO LE NU 582
INEXTINGUIBLES 583
TU BOCA TA BOUCHE 584
Anna AKHMATOVA
Анна Ахматова 585
На руке его много блестящих колец MA BAGUE 586
Хорони, хорони меня, ветер!  MON DERNIER RÊVE 587
Тот же голос, тот же взгляд LES MOTS SIMPLES 589
Молюсь оконному лучу  LE SANCTUAIRE 590
Подушка уже горяча L’OREILLER EST DÉJÀ CHAUD 591
И когда друг друга проклинали 592
LA BLANCHE PASSION 592
Ночь моя LE PIÈGE 593
Читая Гамлета LECTURE DE HAMLET (I) 594
Читая Гамлета LECTURE DE HAMLET (II) 595
Женская истерия L’HYSTÉRIE FÉMININE 596
На землю саван тягостный возложен 597
TSARSKOÏE SELO 597
ХОЧЕШЬ ЗНАТЬ… VOULEZ-VOUS SAVOIR… ? 598
Любовь L’AMOUR 599
Подражание И. Ф. Анненскому IMITATION D’INNOKENTI ANNENSKI 600
Протертый коврик под иконой LA PEUR DU DÉSIR 602
Венеция VENISE 604
Вечером LE SOIR 605
Твой белый дом и тихий сад оставлю AMOUR ET TENDRESSE À VENDRE 607
Вижу выцветший флаг над таможней LE DRAPEAU SUR LES DOUANES 608
Как ты можешь смотреть на Неву… LES AILES DES ANGES NOIRS 609
Уединение LA SOLITUDE 610
Разлука LA SÉPARATION 612
Я улыбаться перестала LE SILENCE DE L’AMOUR 613
Она сначала обожжёт UNE LARME SALÉE 614
И мнится — голос человека LA VOIX DE L’HOMME 616
Просыпаться на рассвете QUAND LA JOIE ÉTOUFFE 617
Призрак FANTÔME 618
Слух чудовищный бродит по городу UNE RUMEUR MONSTRUEUSE 619
Тот город LA GRÂCE DE LA PREMIÈRE CHANSON 621
Заклинание L’INCANTATION 623
Тихо льется тихий Дон LE CALME DON 624
Про стихи À PROPOS DES POÈMES 625
А умирать поедем в Самарканд SAMARCANDE, PATRIE DES ROSES ÉTERNELLES 626
Музыка LA MUSIQUE 627
Marie SKOBTSOVA 629
Мария (Скобцова)
Elizaveta Kuzmina-Karavayeva (1891-1945) 629

Бодрствуйте, молитесь обо мне… UN ÉCLAT DE MON ÂME 630
А медный и стертый мой грошик UNE ÉTOILE D’OR 631
Alfonsina STORNI 633
HOMBRE PEQUEÑITO PETIT HOMME 634
UN LÁPIZ UN CRAYON 635
NO VOLERÁS VOUS NE REVIENDREZ PAS 637
EN EL FONDO DEL MAR AU FOND DE LA MER 638
DOLOR DOULEUR 640
MACARILLA Y TRÉBOL  (1938) 643
DIOS-FUERZA DIEU-FORCE 644
MAR DE PANTALLA LA MER À L’ÉCRAN I 645
DIBUJOS ANIMADOS DESSINS ANIMÉS II 647
PLANOS DE UN CREPÚSCULO PLANS D’UN CRÉPUSCULE 648
LA SIRENA LA SIRÈNE 649
SIRENA DE BUQUE EN PUERTO SIRÈNE DE BATEAU AU PORT 650
TÚ ME QUIERES BLANCA TU ME VEUX BLANCHE 651
VOY A DORMIR JE VAIS DORMIR 657
Marina Ivanovna TSVETAÏEVA
Марина Ивановна Цветаева 659
Маме MAMAN 660
На солнце, на ветер, на вольный простор LES ALÉAS DES RÊVES 662
ПРАВДА LA VÉRITÉ 1910 664
КОШКИ LES CHATS 1911 665
Он приблизился, крылатый  LE PLUS IMPORTANT DES MOTS 666
Моим стихам, написанным так рано LES VINS LES PLUS PRÉCIEUX 668
Вы, идущие мимо меня LA FUMÉE ÉTERNELLE 669
Все глаза под солнцем TOUS LES YEUX 671
Лежат они, написанные наспех LES AMAZONES (Ils sont écrits à la hâte) 673
Соперница, а я к тебе приду AU CLAIR DE LUNE 674
Вот опять окно LA FENÊTRE 675
Имя твоё TON NOM 677
Откуда такая нежность? D’OÚ VIENT UNE TELLE TENDRESSE ? 679
Ахматовой À ANNA AKHMATOVA 681
Я бы хотела жить с Вами LES GOUTTELETTES DU TEMPS 683
Новый год я встретила одна SEULE 685
В лоб целовать EMBRASSER 686
Каждый стих — дитя любви TSAR OU VOLEUR (Chaque vers est un enfant d’amour) 687
 Мой день беспутен и нелеп NON-SENS (Ma journée est dissolue et ridicule) 688
Я — есмь. Ты — будешь LA SÉPARATION 689
Я — страница твоему перу LA PAGE BLANCHE ET LA TERRE NOIRE (Je suis une page sous ta plume) 690
Писала я на аспидной доске LE TABLEAU NOIR (J’ai écris sur le tableau noir) 691
Кто создан из камня AUTOPORTRAIT (Certains sont de pierre) 693
Седые волосы  LES CHEVEUX GRIS 695
 Письмо   LA LETTRE 697
О путях твоих пытать не буду LES VAGUES DE TON CORPS 699
ПОПЫТКА РЕВНОСТИ TENTATIVE DE JALOUSIE 701
Жив, а не умер LE DÉMON EST EN MOI (Vivant et non mort) 705
Поэма лестницы POÉME DE L’ESCALIER 708
САД LE JARDIN 734
В синее небо ширя глаза L’ORAGE 737
DOUCE FRANCE 1939 738
О слёзы на глазах! JE REFUSE ! (Ô LARMES DANS LES YEUX!) 739
Maria Teresa WILMS MONTT 741
AUTODEFINICIÓN AUTO-DÉFINITION 743
ALTA MAR HAUTE MER 745
BELZEBUTH BELZÉBUTH 746
OFRENDA OFFRENDE 749
MAHMÚ 751
Florbela ESPANCA
Flor Bela de Alma da Conceição 755
NIHIL NOVUM RIEN DE NOUVEAU 757
MEU FADO MON FADO 758
SONHANDO RÊVANT 760
VERSOS VERS 762
SONHANDO RÊVANT 764
O TEU OLHAR DANS TES YEUX 766
EU MOI 768
EU Q’RIA SER O MAR INGENTE E FORTE LE SOLEIL ET LA MER 769
SEM REMÉDIO SANS REMÉDE 771
A MINHA DOR MA DOULEUR 772
A VIDA LA VIE 773
ÓDIO? LA HAINE ? 774
QUE IMPORTA QU’IMPORTE ? 776
FANATISMO FANATISME 778
FUMO FUMÉE 779
SE TU VIESSES VER-ME HOJE A TARDINHA LES MAGIQUES FATIGUES 780
SER POETA ÊTRE POÈTE 781
EU MOI 782
VOLÚPIA LA VOLUPTÉ 783
Colette PEIGNOT 785
JE L’AI VUE 786
ESMERALDA 789
LA VIE RÉPOND 792
LE CORBEAU 793
ILS CRAIGNENT 796
ARCHANGE OU PUTAIN 797

O BEATA INFANTIA HILDEGARDE DE BINGEN Ô ENFANCE BIENHEUREUSE

O BEATA INFANTIA
Ô ENFANCE BIENHEUREUSE
HILDEGARDE DE BINGEN
Littérature Latine





HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN




O BEATA INFANCIA
Ô ENFANCE BIENHEUREUSE

 

O beata infantia
Ô enfance bienheureuse
electi Disibodi,
de l’élu Disibod*,
que a Deo ita inspirata est
qui fut inspirée par Dieu,
quod postea sanctissima opera
Telle plus tard  tu réalisas des saintes œuvres
in mirabilibus Dei
Dans les merveilles de Dieu
ut suavissimum odorem
Car de très suaves odeurs
balsami exsudasti
Du baumes tu respiras

****

*Saint Disibod
619 – 700
moine ermite irlandais
Il fonda le monastère double de Disibodenberg.

*********

Ô ENFANCE BIENHEUREUSE
O BEATA INFANTIA HILDEGARDE DE BINGEN

*********************




Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

********




DE SANCTA MARIA HILDEGARDE DE BINGEN A MARIE

DE SANCTA MARIA HILDEGARDE DE BINGEN
Littérature Latine





HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN




DE SANCTA MARIA
A MARIE

Responsorium
Répons
Ave Maria,
Je vous salue Marie,
 O auctrix vite,
Auteur de la vie,
 reedificando salutem,
en refaçonnant le salut,
que mortem conturbasti
qui a frappé et la mort
  et serpentem contrivisti,
et le serpent,
ad quem se Eva erexit
qui a trompé Eve
 erecta cervice
le cou raide
cum sufflatu superbie.
gonflé de superbe.
   Hunc conculcasti
Tu l’as piétiné
  dum de celo Filium Dei genuisti,
du ciel où tu concevais le Fils de Dieu,
quem inspiravit
qui a inspiré
 Spiritus Dei.
L’Esprit de Dieu.

*

O dulcissima atque amantissima
O douce et aimante
mater, salve,
mère, suave,
  que natum tuum
qui a engendré l’enfant
   de celo missum mundo edidisti:
envoyé du ciel pour édifier le monde :

*

Responsorium
Répons
quem inspiravit
qui a inspiré
Spiritus Dei.
l’Esprit de Dieu
Gloria Patri et Filio
Gloire au Père et au Fils
et Spiritui sancto.
et à l’Esprit Saint.
Quem inspiravit
Qui a inspiré
 Spiritus Dei.
L’Esprit de Dieu.

*********

A MARIE
DE SANCTA MARIA HILDEGARDE DE BINGEN

*********************




Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

********




O AETERNE DEUS Ô DIEU ETERNEL HILDEGARDE DE BINGEN

Littérature Latine




HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN




O AETERNE DEUS

Ô DIEU ETERNEL

*********

O aeterne Deus,
Ô Dieu éternel,
nunc tibi placeat ut in amore illo ardeas,
garde désormais ce même feu de l’amour,
ut membra illa simus, que fecisti in eodem amore,
où nous sommes les membres, que tu as fait dans le même amour
 cum Filium tuum genuisti in prima aurora
quand tu engendras ton Fils à la première aurore
ante omnem creaturam,
avant toutes créatures,
et inspice necessitatem hanc que super nos cadit,
et vois la nécessité qui tombe sur nos épaules,
  et abstrahe eam a nobis propter Filium tuum,
soulage-nous, au nom de ton Fils,
  et perduc nos in leticiam salutis.
et conduis-nous dans la joie du salut.

*******

O AETERNE DEUS
Ô DIEU ETERNEL

*********************




Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

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LA POESIE DE HILEDARDE DE BINGEN

HILDEGARDE DE BINGEN
Littérature Latine



HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
SAINTE HILDEGARDE
Hildegarde de Ruppertsberg




POEMES

 

O MAGNE PATER
Ô PERE MAJESTUEUX

O magne Pater,
Ô Père majestueux,
in magna necessitate sumus.
Nous sommes dans une immense nécessité.

**

O AETERNE DEUS
 Ô DIEU ETERNEL

O aeterne Deus,
O Dieu éternel,
nunc tibi placeat ut in amore illo ardeas,
  garde désormais ce même feu de l’amour,

**

DE SANCTA MARIA
A MARIE

Ave Maria,
Je vous salue Marie,
 O auctrix vite,
Auteur de la vie,

**

O BEATA INFANTIA
Ô ENFANCE BIENHEUREUSE

O beata infantia
Ô enfance bienheureuse
electi Disibodi,
de l’élu Disibod*,

*********************




Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

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Hildegarde de Bingen
*********************

HILDEGARDE DE BINGEN
Sainte Hildegarde
l’une des plus pures gloires de la famille
de saint Benoît
par Joris-Karl Huysmans

« — Pour nous, reprit le P. Maximin, voici vraiment quel devrait être, si nous avions un peu de temps pour travailler, le levain de nos méditations, le sujet de nos lectures et il amena à lui un in-folio qui contenait les œuvres de sainte Hildegarde, abbesse du monastère de Ruperstberg.

C’est que, voyez-vous, celle-là est la grande prophétesse du Nouveau Testament. Jamais, depuis les visions de saint Jean à Pathmos, l’esprit-saint ne s’était communiqué à un être terrestre avec autant de plénitude et de lumière. Dans son Heptachronon, elle prédit le protestantisme et la captivité du Vatican ; dans son Scivia ou connaissance des voies du seigneur qui a été rédigé, d’après son récit, par un moine du couvent de Saint-Désibode, elle interprète les symboles des écritures et la nature même des éléments. Elle a également écrit un diligent commentaire de notre règle et d’altières et d’enthousiastes pages sur la musique sacrée, sur la littérature, sur l’art qu’elle définit excellemment : une réminiscence à moitié effacée d’une condition primitive dont nous sommes déchus depuis l’éden. Malheureusement, pour la comprendre, il faut se livrer à de minutieuses recherches, à de patientes études. Son style apocalyptique a quelque chose de rétractile ; il semble qu’il se recule et se referme davantage encore lorsqu’on veut l’ouvrir. 

— Je sais bien, moi, que j’y perds mon peu de latin, dit M. Bruno. Quel dommage qu’il n’existe pas une traduction, avec gloses à l’appui, de ses œuvres ! 

— Elles sont intraduisibles, fit le père qui poursuivit :

 Sainte Hildegarde est, avec saint Bernard, l’une des plus pures gloires de la famille de saint Benoît. Quelle prédestinée que cette vierge qui fut inondée des clartés intérieures dès l’âge de trois ans et mourut à quatre-vingt-deux ans, après avoir vécu toute sa vie dans les cloîtres ! 

— Et ajoutez qu’elle fut, à l’état permanent, fatidique, s’écria l’oblat. Elle ne ressemble à aucune autre sainte ; tout en elle étonne jusqu’à cette façon dont Dieu l’apostrophe, car il oublie qu’elle est femme et l’appelle : « l’homme ».  

— Et elle emploie, quand elle veut se désigner, cette étrange expression : « moi, la chétive forme », repartit le prieur. — Mais voici une autre écrivain qui nous est chère aussi, et il montra à Durtal les deux volumes de sainte Gertrude. Celle-là est encore l’une de nos grandes moniales, une abbesse vraiment bénédictine, dans le sens exact du mot, car elle faisait expliquer les saintes écritures à ses nonnes, voulait que la piété de ses filles s’appuyât sur la science, que leur foi se sustentât avec des aliments liturgiques, si l’on peut dire.

 — Je ne connais d’elle que ses Exercices, observa Durtal et ils m’ ont laissé le souvenir de paroles d’écho, de redites des livres saints. Si tant est qu’on puisse la juger sur de simples extraits, elle me paraît ne pas avoir l’expression originale, être bien au-dessous d’une sainte Térèse ou d’une sainte Angèle.

 — Sans doute, répondit le moine. Elle se rapproche cependant de sainte Angèle par le don de la familiarité lorsqu’elle converse avec le Christ et aussi par la véhémence amoureuse de ses propos ; seulement tout cela se transforme en sortant de sa propre source ; elle pense liturgiquement ; et cela est si vrai que la plus minime des réflexions se présente aussitôt à elle, habillée de la langue des Evangiles et des Psaumes. 

Ses Révélations, ses Insinuations, son Héraut de l’amour divin sont merveilleux à ce point de vue ; puis n’est-elle pas exquise sa prière à la Sainte Vierge qui débute par cette phrase : Salut, ô blanc lis de la Trinité resplendissante et toujours tranquille ?…

 Comme suite à ses œuvres, les Bénédictins de Solesmes ont édité aussi les Révélations de sainte Mechtilde, son livre sur la Grâce spéciale et la Lumière de la Divinité de son homonyme la sœur de Magdebourg ; ils sont là, sur cette rangée…

 — Que je vous montre des guides savamment jalonnés pour l’âme qui s’échappe d’elle-même et veut tenter l’ascension des monts éternels, dit à son tour M. Bruno, en présentant à Durtal la Lucerna mystica de Lopez Ezquerra, les in-quarto de Scaramelli, les tomes de Schram, l’Ascétique chrétienne de Ribet, les Principes de théologie mystique du père Séraphin.

 — Et celui-ci, le connaissez-vous ? Reprit l’oblat ; ce volume qu’il tendait était intitulé De l’Oraison, demeurait anonyme, portait en bas de sa première page : Solesmes, typographie de l’abbaye de Sainte-Cécile – et au-dessous de la date imprimée 1886, Durtal déchiffra ces mots écrits à l’encre : « Communication essentiellement privée. » 

— Je n’ai jamais vu cet opuscule qui ne semble pas, du reste, avoir été mis dans le commerce ; quel en est l’auteur ?

 — La plus extraordinaire des moniales de ce temps ; l’abbesse des bénédictines de Solesmes. Je regrette seulement que vous partiez si tôt, car j’eusse été heureux de vous le faire lire.

 Au point de vue du document il est d’une science vraiment souveraine et il contient d’admirables citations de sainte Hildegarde et de Cassien ; au point de vue de la mystique même, la mère Sainte-Cécile ne fait évidemment que reproduire les travaux de ses devancières et elle ne nous apprend rien de très neuf. Néanmoins, je me rappelle un passage qui me semble plus spécial, plus personnel. Attendez… »

Joris-Karl Huysmans
En route
Chapitre VIII
Stock, 1896
pp. 426-450

************************

HILDEGARDE DE BINGEN

O MAGNE PATER HILDEGARDE DE BINGEN Ô PERE MAJESTUEUX

Littérature Latine




HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN




O MAGNE PATER
Ô PERE MAJESTUEUX

 

O magne Pater,
Ô Père majestueux,
in magna necessitate sumus.
Nous sommes dans une immense nécessité.
Nunc igitur obsecramus, obsecramus te
Et maintenant, nous prions, nous te prions,
per Verbum tuum
par ton Verbe
per quod nos constituisti
Par lequel tu as versé
plenos quibus indigemus.
Pleinement de ce que nous manquions.
Nunc placeat tibi, Pater,
Maintenant, ô Père,
quia te decet, ut aspicias in nos
comme il te sied, regarde-nous avec bienveillance,
per adiutorium tuum,
aide-nous,
ut non deficiamus, et
pour que ne faiblissions pas, et
ne nomen tuum in nobis obscuretur,
que ne soit pas obscurcit ton nom en nous,
et per ipsum nomen tuum
et que par ton nom
dignare nos adiuvare.
nous soyons digne de ton aide.

*********

O MAGNE PATER
Ô PERE MAJESTUEUX

TRADUCTION LATIN JACKY LAVAUZELLE

**************************
Traduction Latin Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
LATINE
**************************
Plautus Plaute Artgitato Mostellaria Le Revenant





Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

*******




TRADUCTION LATIN

LATINE

*******

Hildegarde de Bingen

Poèmes
hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato




Catulle
Catullus

La Poésie de Catulle

**

JUVENAL
Decimus Iunius Iuvenalis
VIE & OEUVRE
SATIRES – SATVRAE

**

Plaute

Le Revenant – Mostellaria
Vers 190 av J-C

**

Pline l’Ancien

Historiarum Mundi – Histoire Naturelle
 Quand le Parfum devient luxe

**

Publilius Syrus

In Luxuriam – Contre le luxe
Sentences – Sententiae
Sur l’avarice, l’avidité et l’argent

**

 Sénèque

De Brevitate Vitae – De la brièveté de la vie

**

Caius Suetonius Tranquillus
Suétone

De vita Caesarum libri VIII- La Vie des douze Césars
Caligula

Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

**

Traduction Latin

********************************

LA TRADUCTION ET LA VERSION
DANS
LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

TRADUCTION, s. f. VERSION, s. f. (Synonymes.) On entend également par ces deux mots la copie qui se fait dans une langue d’un discours premièrement énoncé dans une autre, comme d’hébreu en grec, de grec en latin, de latin en français, &c. Mais l’usage ordinaire nous indique que ces deux mots different entre eux par quelques idées accessoires, puisque l’on employé l’un en bien des cas ou l’on ne pourrait pas se servir de l’autre : on dit, en parlant des saintes écritures, la Version des septante, la Version vulgate ; & l’on ne dirait pas de même, la Traduction des septante, la Traduction vulgate : on dit au contraire que Vaugelas a fait une excellente traduction de Quint-Curce, & l’on ne pourroit pas dire qu’il en a fait une excellente version.

Il me semble que la version est plus littérale, plus attachée aux procédés propres de la langue originale, & plus asservie dans ses moyens aux vues de la construction analytique ; & que la traduction est plus occupée du fond des pensées, plus attentive à les présenter sous la forme qui peut leur convenir dans la langue nouvelle, & plus assujettie dans ses expressions aux tours & aux idiotismes de cette langue.

Delà vient que nous disons la version vulgate, & non la traduction vulgate ; parce que l’auteur a tâché, par respect pour le texte sacré, de le suivre littéralement, & de mettre, en quelque sorte, l’hébreu même à la portée du vulgaire, sous les simples apparences du latin dont il emprunte les mots. Miserunt Judæi ab Jerosolimis sacerdotes & levitas ad eum, ut interrogarent eum : tu quis es ? (Joan. j. 19.) Voilà des mots latins, mais point de latinité, parce que ce n’était point l’intention de l’auteur ; c’est l’hébraïsme tout pur qui perce d’une manière évidente dans cette interrogation directe, tu quis es : les latins auraient préféré le tour oblique quis ou quisnam esset ; mais l’intégrité du texte original serait compromise. Rendons cela en notre langue, en disant, les juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres & des lévites, afin qu’ils l’interrogeassent, qui es tu ? Nous aurons une version française du même texte : adaptons le tour de notre langue à la même pensée, & disons, les juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres & des lévites, pour savoir de lui qui il était ; & nous aurons une traduction.

L’art de la traduction suppose nécessairement celui de la version ; & delà vient que les translations que l’on fait faire aux jeunes gens dans nos collèges du grec ou du latin en français, sont très-bien nommées des versions : les premiers essais de traduction ne peuvent & ne doivent être rien autre chose.

La version littérale trouve ses lumières dans la marche invariable de la construction analytique, qui lui sert à lui faire remarquer les idiotismes de la langue originale, & à lui en donner l’intelligence, en remplissant les vides de l’ellipse, en supprimant les redondances du pléonasme, en ramenant à la rectitude de l’ordre naturel les écarts de la construction usuelle.

La traduction ajoute aux découvertes de la version littérale, le tour propre du génie de la langue dans laquelle elle prétend s’expliquer : elle n’employe les secours analytiques que comme des moyens qui font entendre la pensée ; mais elle doit la rendre cette pensée, comme on la rendrait dans le second idiome, si on l’avait conçue, sans la puiser dans une langue étrangère. Il n’en faut rien retrancher, il n’y faut rien ajouter, il n’y faut rien changer ; ce ne serait plus ni version, ni traduction ; ce serait un commentaire.

Ne pouvant pas mettre ici un traité développé des principes de la traduction, qu’il me soit permis d’en donner seulement une idée générale, & de commencer par un exemple de traduction, qui, quoique sorti de la main d’un grand maître, me paraît encore répréhensible.

Cicéron, dans son livre intitulé Brutus, ou des orateurs illustres, s’exprime ainsi : (ch. xxxj.) Quis uberior in dicendo Platone ? Quis Aristotele nervosior ? Theophrasto dulcior ? Voici comment ce passage est rendu en Français par M. de la Bruyère, dans son discours sur Théophraste : « Qui est plus fécond & plus abondant que Platon ? plus solide & plus ferme qu’Aristote ? plus agréable & plus doux que Théophraste ? ».

C’est encore ici un commentaire plutôt qu’une traduction, & un commentaire au-moins inutile. Uberior ne signifie pas tout à la fois plus abondant & plus fécond ; la fécondité produit l’abondance, & il y a entre l’un & l’autre la même différence qu’entre la cause & l’effet ; la fécondité était dans le génie de Platon, & elle a produit l’abondance qui est encore dans ses écrits.

Nervosus, au sens propre, signifie nerveux ; & l’effet immédiat de cette heureuse constitution est la force, dont les nerfs sont l’instrument & la source : le sens figuré ne peut prendre la place du sens propre que par analogie, & nervosus doit pareillement exprimer ou la force, ou la cause de la force. Nervosior ne veut donc pas dire plus solide & plus ferme ; la force dont il s’agit in dicendo, c’est l’énergie.

Dulcior (plus agréable & plus doux) ; dulcior n’exprime encore que la douceur, & c’est ajouter à l’original que d’y joindre l’agrément : l’agrément peut être un effet de la douceur, mais il peut l’être aussi de toute autre cause. D’ailleurs pourquoi charger l’original ? Ce n’est plus le traduire, c’est le commenter ; ce n’est plus le copier, c’est le défigurer.

Ajoutez que, dans sa prétendue traduction, M. de la Bruyère ne tient aucun compte de ces mots in dicendo, qui sont pourtant essentiels dans l’original, & qui y déterminent le sens des trois adjectifs uberior, nervosior, dulcior : car la construction analytique, qui est le fondement de la version, & conséquemment de la traduction, suppose la phrase rendue ainsi ; quis suit uberior in dicendo præ Platone ? quis fuit nervosior in dicendo, præ Aristotele ? quis fuit dulcior in dicendo, præ Theophrasto ? Or dès qu’il s’agit d’expression, il est évident que ces adjectifs doivent énoncer les effets qui y ont produit les causes qui existaient dans le génie des grands hommes dont on parle.

Ces réflexions me porteraient donc à traduire ainsi le passage dont il s’agit : Qui a dans son élocution plus d’abondance que Platon ? plus de nerf qu’Aristote ? plus de douceur que Théophraste ? si cette traduction n’a pas encore toute l’exactitude dont elle est peut-être susceptible, je crois du moins avoir indiqué ce qu’il faut tâcher d’y conserver ; l’ordre des idées de l’original, la précision de sa phrase, la propriété de ses termes.J’avoue que ce n’est pas toujours une tâche fort aisée ; mais qui ne la remplit pas n’atteint pas le but.

« Quand il s’agit, dit M. Batteux, (Cours de belles-lettres, III. part. jv. sect.) de représenter dans une autre langue les choses, les pensées, les expressions, les tours, les tons d’un ouvrage ; les choses telles qu’elles sont, sans rien ajouter, ni retrancher, ni déplacer ; les pensées dans leurs couleurs, leurs degrés, leurs nuances ; les tours qui donnent le feu, l’esprit, la vie au discours ; les expressions naturelles, figurées, fortes, riches, gracieuses, délicates, &c. & le tout d’après un modèle qui commande durement, & qui veut qu’on lui obéisse d’un air aisé : il faut, sinon autant de génie, du-moins autant de goût, pour bien traduire que pour composer. Peut-être même en faut-il davantage. L’auteur qui compose, conduit seulement par une sorte d’instinct toujours libre, & par sa matière qui lui présente des idées qu’il peut accepter ou rejeter à son gré, est maître absolu de ses pensées & de ses expressions : si la pensée ne lui convient pas, ou si l’expression ne convient pas à la pensée, il peut rejeter l’une & l’autre : quæ desperat tractata nitescere posse, relinquit. Le traducteur n’est maître de rien ; il est obligé de suivre partout son auteur, & de se plier à toutes ses variations avec une souplesse infinie. Qu’on en juge par la variété des tons qui se trouvent nécessairement dans un même sujet, & à plus forte raison dans un même genre… Pour rendre tous ces degrés, il faut d’abord les avoir bien sentis, ensuite maîtriser à un point peu commun la langue que l’on veut enrichir de dépouilles étrangères. Quelle idée donc ne doit-on pas avoir d’une traduction faite avec succès ? »

Rien de plus difficile en effet, & rien de plus rare qu’une excellente traduction, parce que rien n’est ni plus difficile ni plus rare, que de garder un juste milieu entre la licence du commentaire & la servitude de la lettre. Un attachement trop scrupuleux à la lettre, détruit l’esprit, & c’est l’esprit qui donne la vie : trop de liberté détruit les traits caractéristiques de l’original, on en fait une copie infidèle.

Qu’il est fâcheux que les révolutions des siècles nous aient dérobé les traductions que Cicéron avait faites de grec en latin, des fameuses harangues de Démosthène & d’Eschine : elles seraient apparemment pour nous des modèles sûrs ; & il ne s’agirait que de les consulter avec intelligence, pour traduire ensuite avec succès. Jugeons-en par la méthode qu’il s’était prescrite dans ce genre d’ouvrage, & dont il rend compte lui-même dans son traité de optimo genere oratorum. C’est l’abrégé le plus précis, mais le plus lumineux & le plus vrai, des règles qu’il convient de suivre dans la traduction ; & il peut tenir lieu des principes les plus développés, pourvu qu’on sache en saisir l’esprit. Converti ex atticis, dit-il, duorum eloquentissimorum nobilissimas orationes inter se contrarias, Eschinis Demosthenisque ; nec converti ut interpres, sed ut orator, sententiis iisdem, & earum formis tanquam figuris ; verbis ad nostram consuetudinem aptis, in quibus non verbum pro verbo necesse habui reddere, fed genus omnium verborum vimque servavi. Non enim ea me annumerare lectori putavi oportere, sed tanquam appendere. (B. E. R. M.)

Nicolas Beauzée
Première édition de l
’Encyclopédie
1751
Tome 16

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