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LÉNORE – LENORE (II) Poème de GOTTFRIED AUGUST BÜRGER

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LENORE
LITTERATURE ALLEMANDE

LENORE Gottfried August Bürger Trad Jacky Lavauzelle
Heinrich Christoph Kolbe, Bildnis einer jungen Dame, Portrait d’une jeune dame,1826

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Lenore Gottfried August Bürger Jacky Lavauzelle Leonore

Lenore Gottfried August Bürger Jacky Lavauzelle Leonore



 





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Entstehungsdatum – 1773
Ecrit en 1773
Erscheinungsdatum – 1778
Publié en 1778

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LIRE LES PREMIERS VERS DE LENORE

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LÉNORE – LENORE (I) Poème de GOTTFRIED AUGUST BÜRGER

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     SUITE DE LENORE




« Wir satteln nur um Mitternacht.
« Nous n’avons sellé qu’à minuit.
   Weit rit ich her von Böhmen.
Je viens du fin fond de la Bohême.
    Ich habe spat mich aufgemacht,
Il est tard,
 Und wil dich mit mir nemen. » –
Et je te veux avec moi. « –
  « Ach, Wilhelm, erst herein geschwind!
-« Ah, Wilhelm, viens d’abord !
 Den Hagedorn durchsaust der Wind,
Le vent siffle à travers l’aubépine ,
Herein, in meinen Armen.
Viens dans mes bras.
Herzliebster, zu erwarmen! » –
Chérie, viens te réchauffer ! »-

*

« Las sausen durch den Hagedorn,
« Laisse-le siffler à travers l’aubépine,
-Las sausen, Kind, las sausen!
 – Laisse-le siffler, mon enfant, laisse-le siffler !
 
Der Rappe schart; es klirt der Sporn.
  Le cheval piaffe ; tintent les éperons.
Ich darf alhier nicht hausen.
Je ne peux pas vivre ici.
Kom, schürze spring’ und schwinge dich
Viens, saute sur la selle et monte
Auf meinen Rappen hinter mich!
Derrière moi, sur mon destrier !
 Mus heut noch hundert Meilen
Nous avons une centaine de miles à faire aujourd’hui
  Mit dir ins Brautbett’ eilen. » –
Pour rejoindre la demeure nuptiale. »

*

     « Ach! woltest hundert Meilen noch
« Ah, encore à une centaine de miles
 Mich heut ins Brautbett’ tragen?
Pour rejoindre la demeure nuptiale ?
 Und horch! es brumt die Glocke noch,
Ecoute ! la cloche sonne toujours,
 Die elf schon angeschlagen. » –
 Les Onze heures sont déjà passées ! « –
  « Sieh hin, sieh her! der Mond scheint hell.
« Regarde, regarde comme la lune brille !
Wir und die Todten reiten schnell.
Nous et les morts comme nous allons vite.
Ich bringe dich, zur Wette,
Je te jure, je te jure
 Noch heut ins Hochzeitbette. » –
Que nous y serons aujourd’hui même ! « –

*

« Sag an, wo ist dein Kämmerlein?
« Dis-moi, où est donc ta chambre ?
  Wo? Wie dein Hochzeitbetchen?“ –
Où est-elle ? Comment est ton lit nuptial ? « –
  « Weit, weit von hier! – – Stil, kühl und klein! – –
 « Loin, loin d’ici ! – – Silencieux, étroit et petit ! – –
Sechs Bretter und zwei Bretchen!“ –
Six planches et deux planchettes ! « –
    « Hat’s Raum für mich?“ – « Für dich und mich!
« Y a-t-il de la place pour moi ? » – « Pour toi et pour moi !
 Kom, schürze, spring und schwinge dich!
  Viens ! Que la fête commence !
 Die Hochzeitgäste hoffen;
Les invités de la noce attendent ;
Die Kammer steht uns offen. »–
 La chambre nuptiale est prête. « –

*

Schön Liebchen schürzte, sprang und schwang
La belle s’accoutre, saute
Sich auf das Ros behende;
Sur son fier destrier;
 Wol um den trauten Reiter schlang
Elle enroule autour du cavalier audacieux
  Sie ihre Lilienhände;
Ses belles mains de lis ;
Und hurre hurre, hop hop hop!
Et hurle « Allez !  hop ! hop ! hop ! »
 Ging’s fort in sausendem Galop,
Elle est partie au grand galop,
Daß Ros und Reiter schnoben,
Avec le cheval et le cavalier en un éclair,
Und Kies und Funken stoben.
Et le gravier a volé en éclat.

*

Zur rechten und zur linken Hand,
A droite comme à gauche,
  Vorbei vor ihren Blicken,
Devant leurs yeux,
   Wie flogen Anger, Haid’ und Land!
S’envolaient les paysages !
 Wie donnerten die Brücken! –
Frémissaient les ponts ! –
  « Graut Liebchen auch? – – Der Mond scheint hell!
« As-tu peur, aussi ? – Vois comme la lune brille ! 
Hurrah! die Todten reiten schnell!
Vois ! Comme les morts vont vite !
 Graut Liebchen auch vor Todten? » –
 Es-tu effrayée par les morts ? « –
 « Ach nein! – doch las die Todten!“ –
« Oh non ! – mais laisse les morts ! « –

*

Was klang dort für Gesang und Klang?
Que sont ces chanson et ces sons ?
 Was flatterten die Raben? – 
Que sont ces corbeaux qui volent ? –
Horch Glockenklang! horch Todtensang!
Ecoute la cloche ! Ecoute les chants mortuaires !
 « Last uns den Leib begraben! »
« Nous devons enterrer le corps ! »
 Und näher zog ein Leichenzug,
Et le cortège funèbre s’est rapproché,
Der Sarg und Todtenbaare trug.
Avec le cercueil et les porteurs.
  Das Lied war zu vergleichen
La chanson était envoûtante
 Dem Unkenruf in Teichen.
Comme la malheureuse prophétie des étangs.

*

« Nach Mitternacht begrabt den Leib,
« Après minuit, enterrez le corps,
  Mit Klang und Sang und Klage!
Avec des complaintes et des chansons !
Jezt führ’ ich heim mein junges Weib.
  Maintenant, je ramène chez moi ma jeune femme.
 Mit, mit zum Brautgelage!
Venez au banquet du mariage !
Kom, Küster, hier! Kom mit dem Chor,
  Allez ! sacristain, viens ici ! Viens avec le chœur,
Und gurgle mir das Brautlied vor!
  Et que résonne la chanson nuptiale !
 Kom, Pfaff’, und sprich den Segen,
 Viens Prêtre ! donne la bénédiction !
Eh wir zu Bett’ uns legen! » –
  Avant que nous nous allongions dans notre lit ! « –

*

     Stil Klang und Sang. – – Die Baare schwand. – –
Se sont tus les gémissements et les chants. La bière s’est tarie –
Gehorsam seinem Rufen,
Obéissant à son appel,
Kam’s, hurre hurre! nachgerant,
Viennent les hourrah ! hourra !
Hart hinter’s Rappen Hufen;
Frappent les sabots ;
Und immer weiter, hop hop hop!
Et puis, hop ! hop ! hop !
Ging’s fort in sausendem Galop,
Ils sont partis au grand galop,
 Daß Ros und Reiter schnoben,
On entendait les respirations des chevaux et des cavaliers,
Und Kies und Funken stoben.
Et le gravier volait en éclat.

*

Wie flogen rechts, wie flogen links,
 Comme de tous côtés s’envolaient
 Gebirge, Bäum’ und Hecken!
Les montagnes, les arbres et les haies !
 Wie flogen links, und rechts, und links
Comme à gauche et à droite s’envolaient
 Die Dörfer, Städt’ und Flecken! –
Les villages, les villes et les bourgs ! –
 « Graut Liebchen auch? – – Der Mond scheint hell!
« As-tu peur, aussi ? – Vois comme la lune brille !
 Hurrah! die Todten reiten schnell!
Hourra ! Comme les morts vont vite !
 Graut Liebchen auch vor Todten? » –
 Es-tu effrayée par les morts ? « –
 « Ach! Las sie ruhn, die Todten!“ –
« Ah ! Laisse-les reposer les morts en paix ! « –
*
     Sieh da! sieh da! Am Hochgericht
Là ! regarde ! Sur la haute cour,
 Tanzt, um des Rades Spindel,
Dansent autour de la roue,
 Halb sichtbarlich, bei Mondenlicht,
A moitié visible, à la lumière de la lune,
 Ein luftiges Gesindel. –
Des fantômes aériens. –
« Sasa! Gesindel, hier! Kom hier!
« Ici ! Fantômes, ici ! Venez ici !
Gesindel, kom und folge mir!
Fantômes, venez et suivez-moi !
 Tanz’ uns den Hochzeitreigen,
Dansons au mariage,
 Wann wir zu Bette steigen!“ –
Partons vers le banquet ! « –
*

Und das Gesindel husch husch husch!
Et le fantôme criait : « husch ! »
Kam hinten nachgeprasselt,
Avec le vent dans le dos,
  Wie Wirbelwind am Haselbusch
Comme un tourbillon dans un buisson de noisetier
 Durch dürre Blätter rasselt.
A travers les feuilles mortes.
 Und weiter, weiter, hop hop hop!
Et qui s’élève, hop ! hop ! hop !
 Ging’s fort in sausendem Galop,
Sont partis au grand galop,
Daß Ros und Reiter schnoben,
Cavalier et Cheval en un souffle,
 Und Kies und Funken stoben.
Et le gravier a volé en éclat.

*

Wie flog, was rund der Mond beschien,
Comment a volé ce que la lune faisait briller,
   Wie flog es in die Ferne!
Comment tout ça a volé de tous côtés ?
 Wie flogen oben über hin
Ils survolent le sommet
Der Himmel und die Sterne! –
Du ciel et des étoiles! –
« Graut Liebchen auch? – – Der Mond scheint hell!
« As-tu peur, aussi ? – Vois comme  la lune brille ! 
Hurrah! die Todten reiten schnell!
Hourra ! Comme les morts vont vite !
Graut Liebchen auch vor Todten? » –
 Es-tu effrayée par les morts ? « –
« O weh! Las ruhn die Todten! »
« O malheur ! que les morts reposent en paix ! »

*

« Rapp’! Rapp’! Mich dünkt der Hahn schon ruft. – 
« Rapp ! Rapp ! Je pense que le coq chante déjà. – 
Bald wird der Sand verrinnen – 
Bientôt le sablier ne s’écoulera plus  –
  Rapp’! Rapp’! Ich wittre Morgenluft  –
Rapp ! Rapp ! Je sens déjà l’air du petit matin  –
Rapp’! Tumle dich von hinnen! –
Rapp ! Sois alerte, mon destrier ! –
Volbracht, volbracht ist unser Lauf!
Voici qu’elle s’achève ! Elle s’achève notre course !
 Das Hochzeitbette thut sich auf!
Le lit nuptial s’ouvre !
Die Todten reiten schnelle!
 Comme les morts marchent vite !
Wir sind, wir sind zur Stelle.“ –
Nous sommes ! nous sommes là ! »-

*




Rasch auf ein eisern Gitterthor
Rapide, ils se retrouvent devant une porte de fer
 Ging’s mit verhängtem Zügel.
Le cavalier donne un coup de rênes.
 Mit schwanker Gert’ ein Schlag davor
Frappant d’un léger coup,
Zersprengte Schlos und Riegel.
Les serrures et les battants se cassent aussitôt.
 Die Flügel flogen klirrend auf,
Ils repartent en un coup d’ailes,
 Und über Gräber ging der Lauf.
Et au-dessus des tombes se porte la course.
Es blinkten Leichensteine
 Ils se trouvent là des pierres tombales qu’illuminent
  Rund um im Mondenscheine.
Les rayons lumineux de la lune.

*

Ha sieh! Ha sieh! im Augenblik,
Ah ! Regardez ! Regardez ! en une fraction de seconde,
 Huhu! ein gräslich Wunder!
Hou ! hou! un grand miracle !
Des Reiters Koller, Stük für Stük,
La cape du cavalier, pièce après pièce,
 Fiel ab, wie mürber Zunder.
Se détache comme de l’amadou brûlé.
 Zum Schädel, ohne Zopf und Schopf,
Son crâne, sans tresse et sans cheveux,
  Zum nakten Schädel ward sein Kopf;
Sa tête n’était plus qu’un crâne nu ;
 Sein Körper zum Gerippe,
Son corps, un squelette,
Mit Stundenglas und Hippe.
Avec sablier et faux.

*

Hoch bäumte sich, wild schnob der Rapp’,
Se cabrant fortement , la monture souffla sauvagement,
 Und sprühte Feuerfunken;
Et des étincelles sortent de ses naseaux ;
 Und hui! war’s unter ihr hinab
Et huiiii ! En un clin d’œil
 Verschwunden und versunken.
Disparu et se perdit au loin.
Geheul! Geheul aus hoher Luft,
Houuuuu ! Des hurlement fendaient les airs,
 Gewinsel kam aus tiefer Gruft.
Des pleurs venaient d’une profonde crypte.
 Lenorens Herz, mit Beben,
Le cœur de Lénore, tremblant,
 Rang zwischen Tod und Leben.
Chavirait entre la vie et la mort.

 *

Nun tanzten wol bei Mondenglanz,
Dansant au clair de lune,
   Rund um herum im Kreise,
En cercle tout autour d’elle,
 Die Geister einen Kettentanz,
Les esprits se mirent à chanter,
 Und heulten diese Weise:
Et crièrent ainsi :
« Gedult! Gedult! Wenn’s Herz auch bricht!
« Patience ! Patience ! Même si tu as le cœur brisé !
Mit Gott im Himmel hadre nicht!
Avec Dieu dans le Ciel, il ne faut pas perdre patience !
 
  « Des Leibes bist du ledig;
Tu es délivrée de ton corps ;
 Gott sey der Seele gnädig! »
Que Dieu aie pitié de ton âme ! 

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Gottfried August Bürger Jacky Lavauzelle Leonore







Gottfried August Bürger

LÉNORE – LENORE (I) Poème de GOTTFRIED AUGUST BÜRGER

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Gottfried August Bürger Trad Jacky Lavauzelle
Heinrich Christoph Kolbe, Bildnis einer jungen Dame, Portrait d’une jeune dame,1826


LITTERATURE ALLEMANDE

Gottfried August Bürger Jacky Lavauzelle Leonore

Gottfried August Bürger Jacky Lavauzelle Leonore









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Entstehungsdatum – 1773
Ecrit en 1773
Erscheinungsdatum – 1778
Publié en 1778

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Les 112 premiers vers

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     Lenore fuhr um’s Morgenrot
Lénore échappe, avec la venue de l’aube,
Empor aus schweren Träumen:
Au convoi de ces pesants rêves :
„Bist untreu, Wilhelm, oder todt?
« Es-tu infidèle, Wilhelm, ou mort ?
Wie lange wilst du säumen?“
T’absenteras-tu longtemps ? « –
Er war mit König Friedrichs Macht
Il est parti, avec les troupes du roi Frédéric,
Gezogen in die Prager Schlacht,
Combattre à la bataille de Prague,
Und hatte nicht geschrieben:
Et n’a rien écrit depuis ce temps :
Ob er gesund geblieben.
Est-il encore vivant ?

*

Der König und die Kaiserin,
Le Roi et l’Impératrice,
Des langen Haders müde,
Fatigués par ces interminables combats,
Erweichten ihren harten Sin,
Souhaitant adoucir leur lourd péché,
 Und machten endlich Friede;
Finalement acceptèrent la paix ;
  Und jedes Heer, mit Sing und Sang,
Et toutes les armées, en grandes fanfares,
Mit Paukenschlag und Kling und Klang,
Et puissantes musiques,
Geschmükt mit grünen Reisern,
Épicées et fleuries,
Zog heim zu seinen Häusern.
Retournèrent dans leurs pénates.

*

Und überal al überal,
Et tout le long, continuellement,
Auf Wegen und auf Stegen,
Sur les chemins et sur les passerelles,
Zog Alt und Jung dem Jubelschall
Les vieux comme les jeunes les acclamaient
Der Kommenden entgegen.
Et venaient à leur rencontre.
Gottlob! rief Kind und Gattin laut,
« Dieu merci ! » disait l’enfant et priait la femme,
 Wilkommen! manche frohe Braut.
« Bienvenue ! » ajoutait l’heureuse mariée.
  Ach! aber für Lenoren
Hélas ! pour Lénore
  War Grus und Kus verloren.
Toujours dans attente de doux baisers.

*

Sie frug den Zug wol auf und ab,
Elle le réclame en remontant le flot des régiments,
Und frug nach allen Namen;
Elle les interroge impatiemment ;
Doch keiner war, der Kundschaft gab,
Mais personne n’a de nouvelles,
Von allen, so da kamen.
Elle n’obtient rien de plus finalement.
 Als nun das Heer vorüber war,
Quand l’armée repart,
Zerraufte sie ihr Rabenhaar,
Elle se tire les cheveux,
Und warf sich hin zur Erde,
Et se jette à terre,
Mit wütiger Geberde.
Avec une terrible colère.

*

     Die Mutter lief wol hin zu ihr: –
Sa mère est venue la voir :
« Ach, daß sich Gott erbarme!
« Ah, Dieu ! Aie pitié !
Du trautes Kind, was ist mit dir? » –
  Ma pauvre chérie, qu’as-tu donc ? « –
 Und schloß sie in die Arme. –
Et elle l’embrassa. –
« O Mutter, Mutter! hin ist hin!
« Oh mère, mère ! il n’y a plus d’espoir !
Nun fahre Welt und alles hin!
Que le monde et tout le reste s’écroulent !
 Bei Gott ist kein Erbarmen.
 Dieu n’a aucune pitié !
 O weh, o weh mir Armen! »–
 Hélas, hélas, malheur à moi ! « –

*

« Hilf Gott, hilf! Sieh uns gnädig an!
« Dieu aide-nous ! Rends-nous grâce !
Kind, bet’ ein Vaterunser!
Mon enfant, prie le Seigneur !
Was Gott thut, das ist wolgethan.
  Ce que Dieu fait est toujours bien fait.
Gott, Gott erbarmt sich Unser! »-
  Dieu, Dieu ait pitié de nous ! « –
 « O Mutter, Mutter! Eitler Wahn!
« Oh mère, mère ! Quelle vaine illusion !
 Gott hat an mir nicht wolgethan!
  Dieu ne voulait pas de moi !
  Was half, was half mein Beten?
A quoi mes prières ont-elles aidé ?
Nun ist’s nicht mehr vonnöten. » –
  Maintenant, elles ne sont plus nécessaires ! « –

*




« Hilf Gott, hilf! wer den Vater kent,
« Dieu aide-nous! qui connaît le Père,
 Der weis, er hilft den Kindern.
Sait qu’il aide ses enfants.
 Das hochgelobte Sakrament
Le saint Sacrement
Wird deinen Jammer lindern.“ –
Va soulager ton malheur. « –
 « O Mutter, Mutter! was mich brent,
« Oh mère ! mère ! ce que je regrette
Das lindert mir kein Sakrament!
C’est que tout sacrement est impuissant !
 Kein Sakrament mag Leben
Aucun sacrement n’apporte la vie
 Den Todten wiedergeben.“ –
A ceux qui sont morts ! « –

*

« Hör, Kind! wie, wenn der falsche Man,
« Écoute, mon enfant ! peut-être le mauvais homme,
    Im fernen Ungerlande,
Dans une lointain contrée,
Sich seines Glaubens abgethan,
A abandonné sa foi,
Zum neuen Ehebande?
Pour un nouveau lien de mariage ?
  Las fahren, Kind, sein Herz dahin!
Va, mon enfant, son coeur est ailleurs !
Er hat es nimmermehr Gewin!
  Il n’y gagnera rien !
Wann Seel’ und Leib sich trennen,
Quand l’âme et le corps se sépareront,
Wird ihn sein Meineid brennen.“ –
Il brûlera alors ! « –

*

« O Mutter, Mutter! Hin ist hin!
« Oh mère ! mère !
Verloren ist verloren!
Ce qui est perdu est perdu !
Der Tod, der Tod ist mein Gewin!
  La mort, la mort est mon seul gain !
 O wär’ ich nie geboren! –
 Oh, si je n’étais pas né ! –
Lisch aus, mein Licht, auf ewig aus!
Eteins-toi, Ô ma lumière, pour toujours !
Stirb hin, stirb hin in Nacht und Graus!
  Meurs, meurs dans la nuit et dans l’horreur !
Bei Gott ist kein Erbarmen.
  Dieu n’a aucune pitié !
  O weh, o weh mir Armen! »–
Hélas, hélas, malheur à moi, pauvre de moi ! « –

*

« Hilf Gott, hilf! Geh nicht ins Gericht
« Aidez-nous, Ô Dieu, aidez-nous ! Ne jugez pas
  Mit deinem armen Kinde!
Ma pauvre enfant !
Sie weis nicht, was die Zunge spricht.
  Elle ne sait pas ce que dit sa langue !
 Behalt ihr nicht die Sünde!
 Ne regardez pas ça comme un péché !
 Ach, Kind, vergis dein irdisch Leid,
 Ah  mon enfant, oublie ta souffrance terrestre,
Und denk an Gott und Seligkeit!
  Et pense à Dieu et au salut !
So wird doch deiner Seelen
  Ton âme choisira
Der Bräutigam nicht felen. » –
 Un époux dans l’au-delà ! « –

*

« O Mutter! Was ist Seligkeit?
« O mère, qu’est-ce que le bonheur ?
 O Mutter! Was ist Hölle?
 O mère ! Qu’est-ce que l’enfer ?
  Bei ihm, bei ihm ist Seligkeit,
Avec lui, avec lui : voici la félicité,
  Und ohne Wilhelm Hölle! –
Et l’enfer se trouve sans Wilhelm ! –
Lisch aus, mein Licht, auf ewig aus!
Éteins-toi, ma lumière, pour toujours !
  Stirb hin, stirb hin in Nacht und Graus!
Meurs, meurs dans la nuit et dans l’horreur !
Ohn’ ihn mag ich auf Erden,
Sans lui, sur terre,
  Mag dort nicht selig werden. »–
Rien ne peut être sauvé. « –

*

So wütete Verzweifelung
Alors le désespoir rageur
Ihr in Gehirn und Adern.
Gonflait dans son cerveau et ses veines.
Sie fuhr mit Gottes Fürsehung
Elle blâmait la providence de Dieu,
Vermessen fort zu hadern;
Ne cherchant qu’à se quereller;
Zerschlug den Busen, und zerrang
Elle se frappa le sein, jusqu’à se meurtrit
Die Hand, bis Sonnenuntergang,

La main, jusqu’au coucher du soleil,
Bis auf am Himmelsbogen
Jusqu’à ce que sur l’arche du ciel
Die goldnen Sterne zogen.
Volent les étoiles dorées.

*

     Und aussen, horch! ging’s trap trap trap,
Et dehors, écoute ! Qu’est ce « trap, trap, trap »,
Als wie von Rosseshufen;
On dirait des bruits de sabots de chevaux ;
Und klirrend stieg ein Reiter ab,
Et ce tintement, n’est-ce pas un cavalier qui descend,
An des Geländers Stufen;
Les marches de la balustrade ;
Und horch! und horch! den Pfortenring
Et écoutez ! et écoutez ! l’anneau de porte
Ganz lose, leise, klinglingling!
Doucement, calmement, « klinglingling » !
Dann kamen durch die Pforte
Puis sont arrivés à travers la porte
Vernemlich diese Worte:
Les mots que voici :

*

« Holla, Holla! Thu auf, mein Kind!
« Holà ! Holà ! ouvre, mon enfant !
Schläfst, Liebchen, oder wachst du?
Dors-tu, ma chérie, ou es-tu éveillé ?
Wie bist noch gegen mich gesint?
Pour qui chantes-tu ?
 Und weinest oder lachst du? » –
Pleures-tu ou ris-tu ? « –
 « Ach, Wilhelm, du? – – So spät bei Nacht? – –
 « Ah ! Wilhelm, c’est toi ? – – Si tard dans la nuit ? –
Geweinet hab’ ich und gewacht;
J’ai attendu si longtemps ;
Ach, grosses Leid erlitten!
Ah ! j’ai tant souffert ! J’ai tant de chagrin !
Wo komst du hergeritten? » –
 Mais d’où viens-tu ? « –  

 

*




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FIN DES PREMIERS VERS
LENORE

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SUITE ET FIN
DE LENORE

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GOTTFRIED AUGUST BÜRGER

Gottfried August Bürger Jacky Lavauzelle Leonore



 





Gottfried August Bürger