Archives par mot-clé : haiku

TRADUCTION JAPONAIS Jacky LAVAUZELLE & Léon de ROSNY 日本語のテキスト翻訳

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Traduction Japonais Jacky Lavauzelle & Léon de Rosny
ARTGITATO
日本語のテキスト翻訳
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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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TRADUCTION JAPONAIS

日本語のテキスト翻訳

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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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Matsuo Bashō
Traduction Haiku (Période Edo)
Traduction Jacky Lavauzelle

Basho par Buson Traduction Française Haiku période Edo Artgitato

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 雲雀
銭屋金埓
Zeniya Kinrachi
1751-1808

L’ALOUETTE DES CHAMPS 雲雀

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Tsuburi Hikaru
つぶりひかる
Tsuburi-kō
つぶり光

 LA CAILLE  鶉

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LE LIVRE DE LA RÉCOMPENSE DES BIENFAITS SECRETS
Traduction Léon de Rosny
1837 – 1914
leon-de-rosny-artgitato-le-livre-de-la-recompense-des-bienfaits-secrets

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日本語のテキスト翻訳

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Matsuo Bashô Haiku – Traduction française Jacky Lavauzelle

LITTERATURE JAPONAISE
日本文学

PERIODE EDO
江戸時代 (de 1603 à 1868)
Basho Haïku

俳句 HAÏKU de Matsuo Bashô

Basho par Buson Traduction Française Haiku période Edo Artgitato

 Matsuo Bashô
松尾 芭蕉
1644 – 1694

  松尾芭蕉(1644-1694年)是日本著名的俳人
Eminent poète Haïku

*****

朝顔や
これもまた我が
友ならず
Belle ipomée
Tu ne sera pas
Mon amie

[アサガオ ou 朝顔  Ipomoea nil — 友 Tomo L’ami]

*****


鐘消えて
花の香はつく
夕かな
Cloche oubliée
Bâtons d’encens
Belle soirée

***

冬枯や
世は一色に
風の音
L’hiver
Une couleur
Dans le bruit du vent

Nara Japon Basho haiku Artgitato traduction française

*****

さまざまの
事おもひ出す
櫻かな
Différentes
Choses en moi
Les cerisiers en fleurs

*****

古池や
蛙飛びこむ
水の音
Etang croupi
Saute la grenouille
Bruit de l’eau

Grenouille Basho Haiku Artgitato

*****

此の道や
行く人なしに
秋のくれ
Sur la route
Personne
Les soirs d’automne

*****

元日や
思へば淋し
秋の暮
Jour de l’an, Ah !
Où sont les soirées solitaires
de l’automne.

[元旦 Jour de l’An ‘Gantan’ –  秋 L’automne ‘Aki’]

*****

五月雨に
鶴の足
みじかなれり
Pluie de ce début d’été
Les pattes des grues
Rétrécissent

*****

旅に病んで
夢は枯野を
 かけめぐる
Malade en voyage
Les rêves
Prennent les bagages

*****

何の木の
花とはしらず
匂い哉
Quel est cet arbre ?
 Quelles sont ces fleurs ?
Sentez !

*****

父母の
 しきりに恋し
雉子の声
Parents
Dans mon cœur éternellement
Voix du faisan

*****

この秋は
何で年よる
雲に鳥
Arrive cet automne
Passe une année
Passent les nuages

*****

秋深き
隣は何を
 する人ぞ
Au cœur de l’automne

Que fait
Mon prochain

*****

白つゆに
淋しき味を
忘れるるな
La rosée blanche
Ce goût
Ne l’oublie-pas !

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瓶おるる
夜の氷の
 ねざめかな
Bouteille cassée
En cette nuit glaciale
Tu m’as sauvé

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO

STILL WALKING – A L’ORIGINE DE LA SOUFFRANCE (Hirokazu Kore-Eda)

Hirokazu Kore-Eda
是枝 裕和
STILL WALKING
歩いても 歩いても
A L’ORIGINE
DE LA SOUFFRANCE

Nous vivons dans le trajet du fils (Hiroshi Abe), sa compagne (Kazuva Takahashi) et son fils d’un premier mariage (Shohei Tanaka), un retour aux origines.

A l’origine fœtale de sa naissance. Là où tout a commencé, dans son quartier, dans sa ville, Yokohama,  dans la maison de son enfance. A  l’origine du deuil surtout  qui a frappé les membres de cette famille : la mort du fils aîné, Junpei.

Ce fils qui revient prend sur lui pour affronter, une fois encore, les démons qui l’assaillent : la mort, son père, son échec professionnel. Le fils rentre dans la maison, crevasse matricielle, avec méfiance et réticence, moins effrayé par le souvenir de l’accident que par l’adoration du père pour ce frère disparu. Ceux qui « marchent encore » (still walking) sont-ils ceux qui habitent la maison de Yokohama ? La barre installée dans la baignoire souligne le temps qui passe et fait basculer vers ces âmes qui s’envolent le soir d’un unique battement d’ailes de papillon.

Still walking semble revêtir le kimono d’un haïku en trois mots : nature, corps et mort. Eux trois sont constamment présents et rythment le retour. A dépouiller les personnages, nous ne voyons souvent que des mains, des pieds et des dos. Les mains tentent de toucher les fleurs, râpent les légumes. Les dos nous montrent tout ce que l’individu a porté depuis tant d’années. Ils nous montrent tout ce que le visage ne veut ou ne peut exprimer. Ils cachent les traits et les rides, les émotions qui pourraient se libérer. Le corps dans ce puzzle parle. Même ainsi. Il dit le refus et la lâcheté en remplaçant des mots remplis de regrets, trop lourds à porter.

Ensuite, la caméra laisse passer les corps, dans les pièces ou sur la route menant au cimetière, et reste à filmer la nature.

« Seule, dans la chambre
Où il n’y a plus personne,
Une pivoine »
(haïku de Buson)

 L’image est dépouillée et tranquille comme la surface d’une eau plane. Comme ce bus qui transporte la famille au pèlerinage annuel. Vers la maison paternelle. Aller voir ce  père hirsute, « si peu aimable », qui s’enferme dans sa pièce de travail, tourne le dos à sa famille comme à ses invités, ou encore qui s’énerve sur ces enfants qui touchent à ses fleurs. La surface n’est  pas si douce. Rien n’est dit ou ne se dit vraiment. On regarde les photos et l’on parle de recettes qui ne feront jamais… Le fils (Hiroshi Abe) ne parle pas de la perte de son emploi. Le sujet est l’autre. L’autre fils. Celui qui devait remplacer le père et devenir médecin, prendre le cabinet…celui qui est mort en sauvant un enfant de la noyade. « Les grands arbres avalent beaucoup de vent » (proverbes japonais). Et ce fils prend beaucoup de place pour ces vivants qui étouffent.

Il rappelle qu’il n’est que le cadet. Il ne sera jamais l’aîné. Le père n’est plus docteur, mais il veut rester « Monsieur le Docteur » et souhaite ne pas être vu avec un sac de supérette, dégradant pour sa condition. Le fils ne dit rien, surtout ne parle pas de lui : « je n’ai rien à leur dire. Mon père croit que je suis toujours fan de base-ball »

Le temps s’est figé à l’heure du deuil. C’est une éternelle journée sans fin…

L’eau qui coule sur la pierre tombale rafraîchit le mort, le papillon qui franchit la porte symbolise l’âme du défunt fils, le tourne-disque plonge la famille dans la nostalgie, « on a tous une musique qu’on écoute en cachette. » Mais le fond reste âcre. Il faudrait blanchir la famille, comme l’on blanchit les radis : « ça leur enlève leur âcreté ! »

La maison et le cimetière. Et tout au long, un chemin. Difficile et pentu. Lourd déjà pour le jeune couple qui monte, harassé par la fournaise d’un soleil brûlant, ou pour ce vieux couple qui remonte lentement, marche après marche. Ce chemin est le pont qui relie les vivants des morts et permet aux uns de visiter les autres. « Il est entré dans la pièce. Tu nous as suivis depuis le cimetière, hein ? N’ouvre pas ! C’est peut-être Junpei. »

Tout est répétition palingénésique. Comme un rite. La visite annuelle, l’enfant sauvé que l’on fait souffrir tous les ans, et que l’on s’amuse à constater un peu plus gros chaque fois, la visite du cimetière.

Le fils aîné est là. C’est lui qui est le plus présent dans le film, qui pèse dans le film. Chaque image est pleine de son absence. Fragile comme un papillon et lourd comme un passé qui ne passe pas.

« La vie humaine est une rosée passagère » (proverbe japonais)

Jacky Lavauzelle

STILL WALKING – A L’ORIGINE DE LA SOUFFRANCE (Hirokazu Kore-Eda)

Hirokazu Kore-Eda
裕和 是枝
STILL WALKING
2008


A L’ORIGINE DE LA SOUFFRANCE

Hirokazu Kore-Eda, still walking, 2008, 18

 Nous vivons dans le trajet du fils (Hiroshi Abe), sa compagne (Kazuva Takahashi) et son fils d’un premier mariage (Shohei Tanaka), un retour aux origines.

A l’origine fœtale de sa naissance. Là où tout a commencé, dans son quartier, dans sa ville, Yokohama,  dans la maison de son enfance. A  l’origine du deuil surtout  qui a frappé les membres de cette famille : la mort du fils aîné, Junpei.

Ce fils qui revient prend sur lui pour affronter, une fois encore, les démons qui l’assaillent : la mort, son père, son échec professionnel. Le fils rentre dans la maison, crevasse matricielle, avec méfiance et réticence, moins effrayé par le souvenir de l’accident que par l’adoration du père pour ce frère disparu. Ceux qui « marchent encore » (still walking) sont-ils ceux qui habitent la maison de Yokohama ? La barre installée dans la baignoire souligne le temps qui passe et fait basculer vers ces âmes qui s’envolent le soir d’un unique battement d’ailes de papillon.

Still walking semble revêtir le kimono d’un haïku en trois mots : nature, corps et mort. Eux trois sont constamment présents et rythment le retour. A dépouiller les personnages, nous ne voyons souvent que des mains, des pieds et des dos. Les mains tentent de toucher les fleurs, râpent les légumes. Les dos nous montrent tout ce que l’individu a porté depuis tant d’années. Ils nous montrent tout ce que le visage ne veut ou ne peut exprimer. Ils cachent les traits et les rides, les émotions qui pourraient se libérer. Le corps dans ce puzzle parle. Même ainsi. Il dit le refus et la lâcheté en remplaçant des mots remplis de regrets, trop lourds à porter.

Ensuite, la caméra laisse passer les corps, dans les pièces ou sur la route menant au cimetière, et reste à filmer la nature.

« Seule, dans la chambre
Où il n’y a plus personne,
Une pivoine »
(haïku de Buson)

 L’image est dépouillée et tranquille comme la surface d’une eau plane. Comme ce bus qui transporte la famille au pèlerinage annuel. Vers la maison paternelle. Aller voir ce  père hirsute, « si peu aimable », qui s’enferme dans sa pièce de travail, tourne le dos à sa famille comme à ses invités, ou encore qui s’énerve sur ces enfants qui touchent à ses fleurs. La surface n’est  pas si douce. Rien n’est dit ou ne se dit vraiment. On regarde les photos et l’on parle de recettes qui ne feront jamais…

… Le fils (Hiroshi Abe) ne parle pas de la perte de son emploi. Le sujet est l’autre. L’autre fils. Celui qui devait remplacer le père et devenir médecin, prendre le cabinet…celui qui est mort en sauvant un enfant de la noyade. « Les grands arbres avalent beaucoup de vent » (proverbes japonais). Et ce fils prend beaucoup de place pour ces vivants qui étouffent.

Il rappelle qu’il n’est que le cadet. Il ne sera jamais l’aîné. Le père n’est plus docteur, mais il veut rester « Monsieur le Docteur » et souhaite ne pas être vu avec un sac de supérette, dégradant pour sa condition. Le fils ne dit rien, surtout ne parle pas de lui : « je n’ai rien à leur dire. Mon père croit que je suis toujours fan de base-ball »

Le temps s’est figé à l’heure du deuil. C’est une éternelle journée sans fin… L’eau qui coule sur la pierre tombale rafraîchit le mort, le papillon qui franchit la porte symbolise l’âme du défunt fils, le tourne-disque plonge la famille dans la nostalgie, « on a tous une musique qu’on écoute en cachette. » Mais le fond reste âcre. Il faudrait blanchir la famille, comme l’on blanchit les radis : « ça leur enlève leur âcreté ! »

La maison et le cimetière. Et tout au long, un chemin. Difficile et pentu. Lourd déjà pour le jeune couple qui monte, harassé par la fournaise d’un soleil brûlant, ou pour ce vieux couple qui remonte lentement, marche après marche. Ce chemin est le pont qui relie les vivants des morts et permet aux uns de visiter les autres. « Il est entré dans la pièce. Tu nous as suivis depuis le cimetière, hein ? N’ouvre pas ! C’est peut-être Junpei. »

Tout est répétition palingénésique. Comme un rite. La visite annuelle, l’enfant sauvé que l’on fait souffrir tous les ans, et que l’on s’amuse à constater un peu plus gros chaque fois, la visite du cimetière.

Le fils aîné est là. C’est lui qui est le plus présent dans le film, qui pèse dans le film. Chaque image est pleine de son absence. Fragile comme un papillon et lourd comme un passé qui ne passe pas.

« La vie humaine est une rosée passagère » (proverbe japonais)

Jacky Lavauzelle