POESIE FRANCAISE
LOUISE LABE SONNET XI
Louise Labé par Pierre Woeiriot
*
-traduction Jacky Lavauzelle-
Übersetzt von Rainer Maria Rilke
Traduction allemande de Rilke
–
Giovanni Bellini
Jeune Femme à sa toilette
1515
Musée d’histoire de l’Art de Vienne
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Ô dous regars, ô yeus pleins de beauté,
Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté,
O Blicke, Augen aller Schönheit voll,
Petis iardins, pleins de fleurs amoureuses
Petits jardins, débordants de fleurs amoureuses
wie kleine Gärten, die in Liebe stehen:
Ou sont d’Amour les flesches dangereuses,
Où sont, d’Amour, les flèches dangereuses,
was hab ich lange da hinein gesehen,
Tant à vous voir mon œil s’est arresté !
Qu’à vous voir mon regard s’est arrêté !
obwohl ich eure Pfeile meiden soll.
*
Ô cœur félon, ô rude cruauté,
Ô cœur félon, ô rude cruauté,
Zweideutiges Herz, du hältst mich grausam fest
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
mit deinem Starrsein, deinem fürchterlichen,
Tant j’ai coulé de larmes langoureuses,
Tant j’ai coulé de larmes langoureuses,
wie viele Tränen hast du mir erpreßt,
Sentant l’ardeur de mon cœur tourmenté !
Sentant l’ardeur de mon cœur tourmenté !
wenn ich mein Herz, das brennt, mit dir verglichen.
*
Donques, mes yeus, tant de plaisir auez,
Ainsi, mes yeux par tant de plaisir intéressés,
Ihr Augen, ja, je mehr ihr dorthin schaut,
Tant de bons tours par ses yeux receuez :
Tant de bons retours par ses yeux recevez :
je mehr wird euch des Anblicks Lust vertraut;
Mais toy, mon cœur, plus les vois s’y complaire,
Mais toi, mon cœur, plus tu les vois s’y complaire,
doch du mein Herz, wenn sie sich ganz verlieren
*
Plus tu languiz, plus en as de souci,
Plus tu languis, plus tu en as souci,
in ihrem Schauen, hast davon nur Qual.
Or deuinez si ie suis aise aussi,
Or devinez si je suis aise aussi,
Wie soll ich ruhig sein ein einziges Mal:
Sentant mon œil estre à mon cœur contraire.
Sentant mon œil à mon cœur contraire.
dein Glück ist nicht vereinbar mit dem ihren.
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Louise Labé Sonnet XI