Archives par mot-clé : Eugène Onéguine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (III)

 POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS
Алекса́ндр Серге́евич
Alexandre Pouchkine 
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE 
pushkin poems
стихотворение  – Poésie
POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS

 

 

POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

 

LA POESIE DE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS
III – TROISIEME PARTIE
Charles de Saint-Julien

Œuvres choisies de Pouchkine, traduites par M. H. Dupont
 

 

III.

Pouchkine mourut à trente-huit ans. Aujourd’hui encore, la plupart des hommes de sa génération sont pleins de vie, et si vous leur demandiez, si vous demandiez à ceux qui virent grandir le génie du poète, qui pleurèrent sa mort précoce, ce qui est resté de Pouchkine, ce qui lui a succédé dans les lettres russes, ils soupireraient et ne répondraient pas. C’est que pour eux tout existait dans la manifestation intellectuelle du moment, c’est-à-dire dans celui qui la représentait ; ils ne voyaient pas que la pensée du poète tombait dans une terre jeune et féconde, que la génération qu’il laissait était pleine d’ardeur, et que cette pensée ne périrait point. Seulement, en passant d’une génération à l’autre, cette pensée a déplacé le siège de son action ; sans se séparer des régions élevées, elle a su s’étendre et pénétrer dans les régions moyennes, où on n’a pas tardé à la voir pousser de tous côtés des jets vigoureux.

Pouchkine était la plus vive expression de la littérature de son temps ; mais tous les membres de cette littérature appartenaient généralement à l’aristocratie. C’étaient de nobles descendants des vieux boyards ; ils possédaient terres et vassaux, ils étaient comtes et princes, et, si quelques-uns ne se distinguaient que par leur esprit, ils n’en faisaient pas moins partie de la classe privilégiée, à laquelle ils étaient agrégés, comme Karamsine, par exemple, à qui son grand talent d’historien a donné une si légitime noblesse. Cependant le monopole de la pensée moderne ne pouvait demeurer longtemps l’apanage exclusif d’une caste ; aussi ne tarda-t-on pas à voir naître à Pétersbourg et à Moscou, à côté de la littérature aristocratique et du vivant même de Pouchkine, une littérature dont les représentants appartenaient à la classe moyenne, à celle des employés, de ceux qui sont destinés à former un jour le tiers-état du pays, et qui le forment réellement aujourd’hui à un certain point de vue.

Cette nouvelle armée littéraire, qui ne tarda pas à entraîner l’ancienne dans ses rangs, ne naquit pas à l’improviste, sans cause ni antécédents directs. Pouchkine avait donné l’impulsion, mais il restait à entretenir et à diriger le mouvement. Le ministre actuel de l’instruction publique en Russie, le comte Ouvaroff, se chargea de cette tâche. La mission était belle et difficile ; M. Ouvaroff la comprit et ne lui fit point défaut. La vie, l’émulation, la confiance, furent les premiers bienfaits que lui dut l’enseignement public. Homme d’état habile et par-dessus tout homme d’esprit et de savoir, connu par d’excellents ouvrages qui touchent à tous les domaines de la pensée, le comte Ouvaroff était plus que tout autre propre à ranimer l’enseignement, dont il comprenait bien la valeur, et il lui était facile de s’entourer d’hommes instruits propres à le seconder. Il commença donc l’œuvre de la régénération de l’enseignement, dont il élargit les limites en lui donnant des bases nationales. La révolution fut bientôt complète. Les universités russes se transformèrent, la vie y coula à pleines veines. La jeunesse y afflua de tous les points de la société. On vit le fils du chancelier de l’empire, celui du grand-maréchal de la cour coudoyer sur le même banc le fils du simple affranchi. Pour la première fois, les classes se trouvèrent mêlées en Russie, et elles apprirent à se connaître dans les luttes pacifiques de l’intelligence. Une émulation vive et continue se manifesta. Les étudiants des rangs inférieurs comprirent, avec l’ardeur d’une légitime ambition, qu’ils devaient effacer par des triomphes la distance sociale qui les séparait de leurs heureux rivaux ; les jeunes patriciens, de leur côté, voulurent soutenir l’honneur de leurs noms par des succès : c’étaient deux camps rivaux qui luttaient sur ce terrain où il n’y a d’autre privilège que l’intelligence.

Telle fut la véritable source d’où s’échappa à flots pressés l’ardeur intellectuelle, qui, s’emparant de la pensée de Pouchkine, la porta dans les régions inférieures, que cette pensée nourrit et féconda. Voilà comment naquit la littérature actuelle, que nous n’appellerons pas bourgeoise, ce mot ne pouvant avoir en Russie le sens qu’il a parmi nous ; que nous ne pouvons pas dire populaire, parce que son influence est encore bien limitée, mais que nous appellerons sans crainte nationale. Cependant cette ardeur se fût peut-être affaiblie, si une œuvre collective n’eût pas servi de point de ralliement aux jeunes écrivains, en dirigeant leurs efforts vers un même but. Cette œuvre se présenta : ce fut l’Encyclopédie russe. L’ancienne et la nouvelle génération littéraires, réunies autour de cette publication, virent leurs efforts récompensés par un éclatant succès. Ce succès même, qui répandit les volumes de l’Encyclopédie dans toutes les parties de l’empire, initia les provinces à un mouvement d’idées dont la capitale avait été jusqu’à ce jour l’unique théâtre. L’Encyclopédie russe était une œuvre de civilisation nationale, dont les bienfaits étaient évidents ; malheureusement cette œuvre ne fut pas continuée. Un fâcheux désaccord entre les chefs de l’entreprise amena la suspension de cette utile publication ; mais déjà beaucoup de bien avait été produit. Les jeunes écrivains de l’Encyclopédie avaient fait ensemble leurs premières armes, ce concours prêté à une œuvre commune leur avait révélé leurs forces, et avait mis en lumière bien des talents qui désormais pouvaient continuer isolément leur route avec la certitude de ne plus trouver le public indifférent à leurs travaux.

Plusieurs années avant la publication de l’Encyclopédie, les lettres comptaient déjà en Russie plus d’un organe recommandable. La Gazette littéraire, créée par le baron Delvig en 1830 et continuée par M. Volkoff, était un recueil estimé, mais qui ne s’ouvrait qu’à un petit nombre d’élus. Le brillant et rapide essor de la littérature réclamait une publication établie sur des bases plus larges, et la Bibliothèque de lecture fit appel aux jeunes écrivains. Destinée d’abord à diriger les esprits dans la voie nationale, à appeler, à encourager les talents nouveaux, la Bibliothèque ne remplit pas longtemps cette belle mission, et des traductions multipliées sans choix ne tardèrent pas à y remplacer les productions originales. La plus sérieuse de ces publications littéraires, celle qui reflète le mieux la pensée de Pouchkine, est le Contemporain, fondé sous l’action directe du poète et aujourd’hui encore dirigé par un de ses amis, M. Pierre Pletneff, recteur de l’université de Saint-Pétersbourg et membre de l’académie russe. Le Contemporain, dont les tendances slavistes sont très prononcées, peut être regardé surtout comme l’expression de l’influence exercée par Pouchkine sur les premières classes de la société russe. Quelques-uns de ses rédacteurs appartiennent aux plus nobles familles de l’empire. Nous devons remarquer à ce propos que ce vif sentiment de nationalité qui inspirait Pouchkine avait fini par gagner parmi les écrivains aristocratiques ceux même qui semblaient le plus soumis aux vieilles traditions ou aux influences étrangères. C’est ainsi que le prince Wiasemsky, l’un des vétérans de la littérature, le prince Odoevsky, malgré son mysticisme germanique, suivirent la muse slave dans la voie où elle se sentait appelée.

Avant d’arriver à la dernière phase qu’a traversée la poésie russe depuis Pouchkine, il importe de compléter ce que nous avons dit du mouvement dont il fut l’âme, en montrant la trace féconde qu’a laissée son génie dans les études historiques et dans le roman. La Russie a eu deux historiens, qui tous deux ont interrogé ses annales d’un point de vue différent. L’un, Polevoï, a su introduire dans ses recherches cet esprit de sagacité patiente qui s’attache à l’interprétation, à l’enchaînement moral des faits politiques plutôt qu’au simple récit des événements. L’autre, M. Oustrialoff, poussant un peu loin la complaisance patriotique, s’est étudié à démontrer, sous la forme du récit historique, les anciens droits de son pays à la possession des provinces polonaises. Ce qui est commun d’ailleurs aux deux historiens, c’est un vif et sincère patriotisme. Dans le roman, c’est aussi ce même sentiment qui a inspiré aux écrivains russes leurs meilleures créations. En première ligne se présente ici le nom de Zagoskine, l’auteur de Youry Miroslawsky et des Russes en 1812, ouvrages qui lui valurent la popularité la plus honorable et la mieux méritée. Le talent qui se révèle dans ces récits se fait pardonner l’absence d’énergie à force de grace et de flexibilité. Zagoskine, comme romancier historique, a eu des imitateurs et des émules. Nous citerons entre autres MM. de Rosen, Herascoff, Boulgarine. M. Herascoff a reproduit, dans un roman fort spirituel intitulé la Maison de glace, quelques traits animés de la cour de l’impératrice Amie, et mis en scène avec bonheur le célèbre favori Biren. M. Boulgarine a eu le malheur de s’attacher à un sujet déjà traité par Pouchkine et le tort de dessiner le plan de son Faux Dmitri sur celui de Boris Godounoff. Le roman a été écrasé par le drame.

Quoi qu’il en soit, il est impossible de ne pas reconnaître dans tous ces ouvrages l’élan d’une pensée commune et féconde. Romanciers et historiens marchent, par des routes différentes, vers un même but ; tous veulent donner à la Russie, par l’évocation d’un glorieux passé, la conscience de sa grandeur et de son originalité. Aujourd’hui cette ère de recherches et de tâtonnements semble terminée ; ce n’est plus la nationalité qu’il s’agit de réveiller. Une nouvelle période a déjà commencé pour l’esprit russe. Deux tendances, l’une satirique et comique, l’autre élevée et sérieuse, dominent le mouvement actuel. La première, représentée par M. Gogol, affectionne surtout la forme dramatique ; la seconde, qui se personnifie dans Lermontoff, dans Maïkoff, préfère la forme du récit.

La comédie du Réviseur, qui dénonce si rudement et néanmoins avec tant d’ironie et de gaieté les abus de l’administration provinciale, assura dès l’abord à M. Gogol une grande popularité. Jamais tant de verve libre et moqueuse n’avait inspiré une muse russe, jamais la satire moscovite n’avait porté des coups plus directs et plus sanglants. Il était hardi d’exposer sur le théâtre de Saint-Pétersbourg l’ineptie et la sottise de ces employés de petite ville (tchinovniki) dont l’orgueil et la vénalité pèsent si lourdement sur le pays. Les tchinovniki ont été fort plaisamment fustigés par M. Gogol. L’imagination du poète a su tirer d’une donnée très simple les détails de mœurs les plus comiques. Encouragé par ce premier succès auquel ne manqua même pas la sanction impériale, M. Gogol ne craignit pas, dans son roman des Âmes mortes, de toucher à ce qu’il y a de plus vif et de plus délicat dans le pays, savoir la propriété des serfs. Il s’agit ici d’un industriel adroit et fripon, acheteur d’âmes mortes, c’est-à-dire qui va parcourant les villages ou terres seigneuriales, et qui se fait vendre, par des intendants fripons comme lui, des hommes morts récemment ou depuis peu livrés comme recrues, mais non encore effacés du cadre de la population. C’est ce qu’on appelle dans le pays âmes mortes. Or, avec ces actes de vente frauduleux, il se trouve légalement possesseur, aux yeux de l’autorité abusée, d’un certain nombre d’individus qu’il demande à transporter sur quelque terrain sans valeur dont il est effectivement propriétaire, et tout cela, pour faire un emprunt au gouvernement sur l’hypothèque de ce bien, qui vient d’acquérir une valeur proportionnelle au nombre des âmes mortes achetées. Nous ne savons si Pouchkine aurait osé pousser la satire jusqu’à ce point de liberté, et si le chef de l’empire aurait eu pour lui l’indulgence qu’il a témoignée à Gogol. Ce fait en dit beaucoup sur les progrès de l’esprit public en Russie.

Ce n’est cependant pas Gogol qui nous semble procéder le plus directement de l’auteur des Bohémiens ; c’est Lermontoff, dont la vie, les mœurs et la destinée eurent tant d’analogie avec la vie, les mœurs et la destinée de Pouchkine. Comme ce dernier, Lermontoff ne savait obéir qu’à ses passions et fouler aux pieds devoirs et convenances. Je ne sais quelle brutale satire lui valut à Saint-Pétersbourg un duel avec un jeune Français, qui put lui donner une leçon de savoir-vivre. Peu de temps après, le poète fut envoyé dans le Caucase. Dans ces rudes contrées, que la Russie arrose chaque jour du plus pur de son sang, il devait trouver la mort, non point la mort glorieuse du champ de bataille, mais la mort furtive, et en quelque sorte honteuse, qui se cache dans les hasards d’une obscure rencontre. Un duel l’attendait avec un homme implacable qu’il avait offensé. Il tomba atteint d’une balle, et le pays, qui pleurait encore son grand poète frappé à la fleur de l’âge, eut à regretter un autre poète dont la vie s’épanouissait à peine.

Lermontoff eut d’ardentes inspirations pour la liberté. Ceux de ses vers que la censure mettait à l’index étaient aussitôt copiés, répandus et appris par cœur. Pouchkine avait eu à former l’esprit public, à créer l’opinion ; Lermontoff trouva cette opinion et cet esprit préparés. Nous citerons un de ses poèmes, qui pourra donner une idée de la nature de ses inspirations : le titre de cet ouvrage est Mzir (mot géorgien qui veut dire confrérie) ; le fond en est simple. Un jeune homme, fils d’une peuplade libre, a été fait prisonnier dans un combat et jeté dans un couvent pour apprendre à se plier à la servitude sous l’austère discipline de la règle. Le poète s’est plu à retracer les combats intérieurs de cette nature indomptée, de l’instinct natif de l’indépendance contre les mille gênes de la vie monastique et les déchirements de toute espèce auxquels elle soumet l’intelligence. La lutte est terrible et douloureuse. Vingt fois l’infortuné est près d’être vaincu ; mais le sentiment de la liberté soutient son courage aux abois. Dans un élan suprême, le jeune novice s’échappe de sa prison ; il part. Le voilà libre, la nature entière est à lui, il en a fait la conquête ; mais bientôt ce ciel, cet horizon qu’il admire, ces brises qui lui rafraîchissent le front, ne lui suffisent plus : il lui faut le ciel de la patrie et les brises natales, et il se met à marcher, il va, il franchit l’espace, il court, lorsque l’horrible faim le saisit ; le malheureux épuisé tombe. Les hommes envoyés à sa poursuite l’atteignent, s’emparent de lui et le ramènent dans sa prison monastique, où il meurt. Sous cette donnée si simple, il est aisé de découvrir une préoccupation douloureuse. On sent que les idées libérales tourmentent Lermontoff. Il y a un hommage indirect à ces idées dans la donnée même du poème dans cette éloquente protestation sous la forme du récit contre l’abus du pouvoir et la tyrannie de certains préjugés.
Dans ces dernières années, la pensée russe est arrivée à une manifestation littéraire que va nous faire connaître le poème des Deux Destinées, par M. Apollon Maïkoff, lequel nous écrivait, en nous envoyant cet ouvrage, il y a à peine un an : « Une nation qui se civilise a deux choses à faire, deux devoirs à remplir ; il faut, que d’une main elle répande la semence de ses nouvelles doctrines, de ses nouvelles idées, de ses nouvelles mœurs, tandis que de l’autre elle doit détruire tout ce qui pesait sur elle et l’enchaînait au passé ; elle doit saper les préjugés enracinés dans les esprits, arracher les dernières ronces des siècles d’ignorance et de superstition : la satire est son arme et son instrument. »

Le poème des Deux Destinées est donc une œuvre satirique, mais vivement pénétrée d’inspiration lyrique et de je ne sais quel souffle mélancolique et tendre. L’esprit satirique, qui a réellement ouvert en Russie l’ère de la littérature moderne, animait la plupart des productions poétiques de Pouchkine : son chef-d’œuvre, Eugène Onéguine, n’est effectivement qu’une satire originale et spirituelle ; mais c’est ici qu’on peut distinguer la différence des temps et le chemin qu’a fait la pensée depuis la publication de ce poème, c’est-à-dire depuis une vingtaine d’années. Nous savons qu’Eugène Onéguine est une victime de la civilisation moderne ; mais ce qui l’a frappé de découragement, ce ne sont ni les pensées sérieuses d’art ou de philosophie, ni les désirs ardents d’amélioration sociale, ni rien de ce qui constitue l’amour profond du pays : c’est l’ennui et l’abus du plaisir. Onéguine est un héros de boudoir, aimable et sensuel égoïste que la satiété a pris au début de la vie et qu’elle a laissé indifférent et moqueur. Or, voici ce même Onéguine transformé, ou plutôt le voici revenu à l’existence vingt ans plus tard. Actuellement il s’appelle Wladimir. Il n’est point blasé, il est attristé, abattu ; la vue de son pays, qu’il aime, lui serre le cœur, l’oppresse, le plonge dans des tristesses infinies ; il est jaloux pour lui des civilisations étrangères, jaloux de la grandeur antique, jaloux de la liberté moderne. « Allons droit à mon héros, nous disait M. Maïkoff. Surprenons-le au milieu de ses pensées intimes, de ses rêveries les plus chères ; écoutons-le : ce sera tâter le pouls à toute la jeune génération de mes compatriotes. »

L’écrivain qui nous parlait ainsi appartient lui-même à cette jeune génération qu’il s’est plu à personnifier dans Wladimir. Le poème s’ouvre en Italie, à Frascati, dont la fête est retracée avec une verve brillante, avec une rare vivacité de couleurs. Là sont réunis des hommes venus de tous les points de l’Europe, et Wladimir se plaît à les observer. Il y a aussi des Russes, mais il les évite. Il ne les a pas fuis pour les retrouver en Italie avec tous les défauts qu’il leur reproche et qu’il énumère complaisamment :

« Celui-ci a rapporté de ses steppes lointaines son tartarisme pur, sa nullité native vainement déguisée sous le luxe extérieur, l’orgueil de sa noblesse héréditaire ou la vanité de ses titres d’hier. Sa tête est vide ; il est incapable d’une opinion, et pourtant il s’exprime en docteur. Il blâme son pays sans raison, il loue stupidement ce qui est étranger, il est toujours prêt à parler de toutes choses, du ver luisant comme de Dante.

« Son rang donne de l’assurance à ses paroles. Il se prononce sur Raphaël ou Michel-Ange, et son jugement est irrévocable comme l’office qu’il a signé. Il parle en radical, en démagogue, en condottiere effréné, et hier encore il était tremblant dans l’antichambre d’un ministre.

« Il y en a d’autres qui sont différents. Ceux-ci ont répudié toute idée européenne : à les entendre, la cathédrale de Cazan l’emporte sur l’église de Saint-Pierre, et les concombres salés de leur pays sont plus savoureux que les raisins parfumés de Sicile. Ensuite, la vieille Europe, avec ses ébranlements sans fin, est dans un état imminent de décadence et de décomposition : Thiers, Guizot, O’Connell, sont des sots, et mille fois sont plus heureux leurs serfs que les populations libres et civilisées.

« Et en jetant les yeux sur ces hommes, Wladimir s’écriait : Mon Dieu ! c’est donc à ce prix que nous devons acquérir le fruit des sciences et des lumières ! Il faut donc que nous passions par cette nullité odieuse, par cette insigne présomption, par cette prostitution de la bassesse ! O Russes ! votre vie s’épanouissait pourtant large et fière dans les déserts du Volga et de l’Oural, alors qu’une liberté sauvage vous poussait à des guerres pleines de faits héroïques ; pourtant la vertu brillait dans votre regard, alors que sur la place publique de Novogorod vos discours, animés de l’amour de la patrie, retentissaient du haut de la tribune et décidaient vos différends. Plus d’une fois, pour défendre et garder l’honneur du pays, vous avez vous-mêmes brûlé vos villes et vos temples, dans votre haine des fers étrangers et votre horreur de l’esclavage ! »

Bientôt le jeune homme demande à ses compatriotes si la civilisation nouvelle importée par Pierre-le-Grand n’a fait qu’énerver leur antique courage, s’ils ne sauraient s’en servir que comme d’un vêtement d’emprunt ou d’un masque grimaçant.

« Notre héros souffrait de ce vide de cœur auquel nous sommes tous condamnés (les Russes) ; fatigué du spectacle affligeant que lui offrait sans cesse son pays, il se laisse entraîner par le flot commun ; il voulait aller remplir son âme et sa vie loin de sa patrie parmi d’autres hommes.

« Et il alla visiter la moderne Babylone, cette cité hardie qui entretient les peuples dans une activité d’esprit incessante, où la pensée humaine travaille libre et inspirée, toujours prête à s’élancer vers de nouvelles conquêtes. Au milieu de ce mouvement, de ces victoires, de ces triomphes et de ces chutes, il sentit qu’il était étranger, qu’il assistait à une fête où il n’était point invité. Les chambres grondent d’éloquence ; il s’y agite une grande et vieille question. Chacun, dans cette divine comédie sociale, est acteur. Seul il ne saurait qu’y faire. Il n’est pas appelé. Le hasard l’a jeté au milieu d’un festin où sa place manque, et, dévoré de jalousie, accablé de douleur, il fuit ce peuple toujours bouillant et toujours jeune. Il alla se réfugier sous le ciel de l’indolente Italie. »

Placées en regard l’une de l’autre et examinées au simple point de vue littéraire, les deux figures d’Onéguine et de Wladimir n’offrent peut-être ni rapports bien saisissables, ni parenté bien directe. Il faut se rappeler que le premier représente l’individualité de Pouchkine, lequel exprime lui-même l’esprit dominant de sa caste et de son époque ; il faut remarquer ensuite que Wladimir est la personnification la plus parfaite de la jeunesse actuelle et que M. Maïkoff procède de Pouchkine en ligne directe : alors on n’aura pas de peine à reconnaître la fraternité des deux personnages, ou plutôt, comme nous l’avons dit, leur identité. Ce qu’il y a surtout à signaler dans les ouvrages publiés depuis la mort de Pouchkine, c’est la liberté d’expression qui les caractérise et que la censure a respectée ; il y a là un fait positif qui répand une vive lumière sur l’état intellectuel de l’empire. Sous ce rapport comme sous beaucoup d’autres, l’Europe juge la Russie avec une étrange exagération. S’il y a une censure en Russie, il y a aussi un esprit public dont la puissance commence à balancer celle de la censure.

Le mouvement littéraire dont nous venons d’indiquer les deux phases principales, celle qui s’est ouverte avec les premiers écrits de Pouchkine et celle qui a commencé depuis sa mort, n’a pas été sans influence sur les tendances nouvelles de la pensée russe. Les poèmes de Pouchkine ont réveillé l’esprit national et lui ont enseigné sa force ; les écrits de Gogol, de Maïkoff, étendent le cercle de l’action littéraire et la font passer des régions aristocratiques dans les régions moyennes de la société. Ainsi partout l’autorité de la pensée se fait reconnaître et s’affermit, ainsi s’élargit l’horizon des écrivains et du public auquel ils s’adressent. Il y a là une voie féconde pour le génie russe, et c’est l’honneur de Pouchkine d’avoir creusé le premier cette voie, c’est l’honneur des écrivains actuels d’avoir su dignement continuer son œuvre.

Pouchkine et le mouvement littéraire en Russie depuis 40 ans
Charles de Saint-Julien
Revue des Deux Mondes
Œuvres choisies de Pouchkine, traduites par M. H. Dupont
T.20 1847

 

LA POÉSIE D’ALEXANDRE POUCHKINE – поэзия Александра Пушкина

 *******
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE
******
стихотворение  – Poésie
*******************

 

 

POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

LA POESIE D’ALEXANDRE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА 

Pouchkine en 1810, alors âgé de 11 ans.
Aquarelle de Serguei Gavrilovich Tchirikoff
Сергей Гаврилович Чириков
(1776—1853)

1811
Pouchkine s’inscrit au lycée Tsarskoïe Selo
(25 km de Saint-Pétersbourg).
Царское Село
Porte le nom de Pouchkine

****

1814
La famille Pouchkine emménage à Saint-Pétersbourg après la fin des Guerres napoléoniennes, en 1814.
Pouchkine a consacré son temps libre à la littérature et, en 1814, à quinze ans, il a déjà publié pour la première fois son poème « À un ami poète » dans la revue « Le Messager de l’Europe ». Ces vers, déclamés lors d’un examen de passage, lui valent l’admiration du poète Gavrila Derjavine.

****

1811-1817
Amitié avec les futurs décembristes. L’Insurrection décabriste, ou insurrection décembriste, prendra la forme, une dizaine d’années plus tard environ, d’une tentative de coup d’État militaire (Saint-Pétersbourg, en décembre 1825) afin d’obtenir une constitution du Tsar Nicolas Ier.

***************

Любопытный
CURIEUX
1814

— Что ж нового? «Ей-богу, ничего».
  – Quoi de neuf ? « Par Dieu, rien. »
— Эй, не хитри: ты верно что-то знаешь.
  « Hé, quoi ! tu sais que quelque chose ! »

**

К НАТАШЕ
A NATACHA 
1814

Вянет, вянет лето красно;
L’été écarlate se flétrit ;
Улетают ясны дни;
Les beaux jours désormais s’envolent ;

**

РОЗА
UNE ROSE
1815

Где наша роза?
Où est notre rose ?
Друзья мои!
Mes amis!

une-rose-pouchkine-poeme-artgitato-the-roses-of-heliogabalus-les-roses-dheliogabale

*

ИСТИННА
La Vérité
1816

Издавна мудрые искали
Les sages depuis longtemps recherchent
Забытых Истинны следов
 Les pistes de la vérité oubliée

la-verite-pouchkine-artgitato-la-verite-jules-joseph_lefebvre

*

Екатерина Пучкова
SUR CATHERINE POUTCHKOVA
1816

Зачем кричишь ты, что ты дева,
Pourquoi criez-vous que vous êtes vierge,
На каждом девственном стихе?
A chaque verset virginal ?

*

LE RÉVEIL
Пробуждение
1816

Мечты, мечты,
Rêves ! Ô mes rêves !
Где ваша сладость?
Où sont tes douceurs ?

*

В альбом
L’Album
1817

Пройдет любовь, умрут желанья;
Passe l’amour, meurt le désir ;
Разлучит нас холодный свет;
La lumière froide nous sépare ;

*

К НЕЙ
Pour Elle
1817

В печальной праздности я лиру забывал,
Dans ma triste oisiveté, j’en ai oublié ma lyre,
Воображение в мечтах не разгоралось,
L’imagination dans mes rêves s’est éteinte,

К Чаадаеву
Pour Tchaadaïev
1818

Любви, надежды, тихой славы
Amour, espoir, majestueuse gloire
Недолго нежил нас обман,
Un court instant vous nous avez trompé,

pour-tchaadaiev-pouchkine-1818-artgitato-2

*

Мечтателю
LE RÊVEUR
1818

Ты в страсти горестной находишь наслажденье;
Tu trouves du plaisir dans une triste passion,
Тебе приятно слезы лить,
Tu te montres joyeux en versant des larmes,

*

Выздоровление
GUÉRISON
1818 

Тебя ль я видел, милый друг?
Est-ce toi que j’ai vue, tendre amie ?
Или неверное то было сновиденье,
Ou n’était-ce qu’un faux rêve

*

 Уединение
Intimité
1819

Блажен, кто в отдаленной сени,
Béni soit celui qui, sous l’ombre d’un porche,
Вдали взыскательных невежд,
Loin des sagaces ignorants,

intimite-pouchkine-poeme-1819-artgitato-arkhip-kouindji-1901-les-bouleaux

*

Веселый пир
Soirées Festives
1819

Я люблю вечерний пир,
J’adore la fête le soir,
 Где веселье председатель,
Lorsque préside les lieux

soirees-festives-pouchkine-artgitato-jacob-jordaens-le-roi-boit-vers-1640-bruxelles-musees-royaux-des-beaux-arts-de-belgique*

Возрождение
LA RENAISSANCE DU GÉNIE
1819

Художник-варвар кистью сонной
Un artiste barbare brosse, lime
Картину гения чернит
Et détruit l’image laissée par un génie

*

TIEN & MIEN
1818 – 1819

«Твой и мой, — говорит Лафонтен —
« Tien et mien, — dit La fontaine —
Расторгло узы всего мира». —
Du monde a rompu le lien. » —
Что до меня, я этому отнюдь не верю.
Quant à moi, je n’en crois rien.
Что было бы, моя Климена,
Que serait ce, ma Climène,
Если бы ты больше не была моей,
Si tu n’étais plus la mienne,
Если б я больше не был твоим?
Si je n’étais plus le tien ?

(Texte en français par Pouchkine et publié en 1884)

**********

Rouslan et Ludmila
Parution en 1820
écrit à la façon d’un conte de fées épique
Par
Prosper Mérimée
« cet essai frisait la témérité« 

« Il obtint un succès plus légitime et dont il n’avait pas à rougir, en publiant vers 1820 le poème de Rousslan et Lioudmila. C’est encore une imitation, mais plus habile et d’après un original d’une autorité moins contestable. Il s’inspira de l’Arioste et surtout de Voltaire, dont la langue et l’esprit lui étaient plus familiers. Comme ses maîtres, il est gai, gracieux, élégamment ironique. En faveur de l’imitation, les Aristarques du temps lui montrèrent quelque indulgence ; ils y virent une preuve de modestie digne d’encouragement ; ils eussent été impitoyables peut-être pour une œuvre originale. À Rome autrefois, on n’aurait osé écrire en latin qu’en s’abritant sous l’autorité d’un Grec. À Saint-Pétersbourg, les lettrés exigeaient qu’on copiât un type français ou allemand. Aujourd’hui ce qui nous paraît le plus à remarquer dans Rousslan et Lioudmila, c’est un essai d’emprunter aux croyances populaires de la Russie des ressorts moins usés que ceux de la mythologie grecque, hors lesquels en 1820 il n’y avait pas de salut. Alors cet essai frisait la témérité, tant était grande l’intolérance classique. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères
1874

*********

Редеет облаков летучая гряда
ASTRE TRISTE, ASTRE DU SOIR !
1820

Редеет облаков летучая гряда.
En file, les nuages s’évadent vers les sommets.
Звезда печальная, вечерняя звезда!

Astre triste, astre du soir !

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Astre-triste.jpg.

**

Мне бой знаком
J’aime la bataille
Avril 1820 –  Апрель 1820

Мне бой знаком — люблю я звук мечей;
J’aime la bataille et le bruit des épées ;
От первых лет поклонник бранной славы,
Dès mes premières années, fasciné par les gloires guerrières,







*

Зачем безвременную скуку
Pourquoi cet ennui ?
1820

Зачем безвременную скуку
Pourquoi cet ennui prématuré
 Зловещей думою питать,
Qui attise de si noires pensées,

*****

1820
Ses poèmes sont jugés séditieux.
Pouchkine est condamné à l’exil en Ukraine à Iekaterinoslav
par Alexandre Ier.

******

на гр. Ф. И. Толстого
Sur Fiodor Tolstoï
1820

В жизни мрачной и презренной
Dans sa vie, noire et méprisable
Был он долго погружен,
Il a longtemps sombré,

sur-fiodor-tolstoi-pouchkine-artgitato-poeme-de-1820

**

Pour la fille de Karađorđe
ou
Pour la fille de Karageorges 
Дочери Карагеоргия
1820

Гроза луны, свободы воин,
Guerrier de la liberté, foudroyant la lune des Turcs,
Покрытый кровию святой,
Couvert du sang d’un saint,

**

 – Мой друг –
LES TRACES DES ANNÉES PASSÉES
(Les Muses)
1821

‎Мой друг, забыты мной следы минувших лет
Mon amie, j’ai oublié les traces des années passées
И младости моей мятежное теченье.
Et le parcours rebelle de ma jeunesse.

**

Я пережил свои желанья
J’AI SURVÉCU A MES DÉSIRS
1821

Я пережил свои желанья,
J’ai survécu à mes désirs,
Я разлюбил свои мечты;
J’ai cessé d’aimer mes rêves ;

**

Муза
La Muse
1821

В младенчестве моем она меня любила
Dès mon enfance, elle m’a aimé,
И семиствольную цевницу мне вручила.
Et la cithare à sept cordes me tendit.
la-muse-pouchkine-artgitato-nicolas-poussin-linspiration-du-poete-niedersachsisches-landesmuseum

*

ДРУЗЬЯМ
A des Amis
1822

Вчера был день разлуки шумной,
Hier fut le jour d’une bruyante séparation,
Вчера был Вакха буйный пир,
Hier fut le lieu d’une exubérante bacchanale,
a-nos-amis-1822-poeme-de-pouchkine-la-jeunesse-de-bacchus-william-bouguereau-1884

*****

1823
Pouchkine commence son roman en vers
« Eugène Onéguine« ,
achevé en octobre 1831

******

сеятель
Le Semeur
1823

Свободы сеятель пустынный,
Semeur de liberté dans le désert,
Я вышел рано, до звезды;
Je suis sorti tôt à la belle étoile ;

le-semeur-poeme-de-pouchkine-jean-francois-millet-1850-vincent-van-gogh-1889

*

Телега жизни
LE CHAR DE LA VIE
1823

Хоть тяжело подчас в ней бремя,
Bien que son fardeau soit lourd,
Телега на ходу легка;
La manœuvre reste toujours aisée ;

*

ВИНОГРАД
LE RAISIN
1824

Не стану я жалеть о розах,
Je ne me sens pas triste pour les roses,
Увядших с лёгкою весной;
 Qui flétrissent à la lumière printanière ;
le-raisin-pouchkine-artgitato-jean-baptiste-simeon-chardin-raisins-et-grenade-1763-le-louvre

*

АКВИЛОН
L’AQUILON
1824

Зачем ты, грозный аквилон,
Pourquoi, aquilon menaçant,
Тростник прибрежный долу клонишь?
Fouetter les roseaux de la terre ?

********

Les Adieux de Pouchkine à la mer
Toile de Ilia Répine et Ivan Aïvazovski
(1887)

********

К морю
A la mer
1824

Прощай, свободная стихия!
Adieu, élément libre !
В последний раз передо мной
Pour la dernière fois devant moi

*

ЗИМНИЙ ВЕЧЕР 
Soirée d’hiver
1825

Буря мглою небо кроеть,
La tempête fracasse le ciel couvert,
Вихри снежные крутя ;
Tourbillonne la neige en torsion ;

*

 ЖЕЛАНИЕ СЛАВЫ
Le Désir de Gloire
1825

Когда, любовию и негой упоенный,
Quand, enivré d’amour et de bonheur,
Безмолвно пред тобой коленопреклоненный,
À genoux devant toi, silencieux,

*

СОЖЖЕННОЕ ПИСЬМО
La Lettre brûlée
1825

Прощай, письмо любви! прощай: она велела.
Adieu, lettre d’amour ! adieu : elle le veut ainsi.
Как долго медлил я! как долго не хотела
J’ai tant attendu ! tout ce temps, ma main

*

В крови горит огонь желанья
Le Feu du désir

В крови горит огонь желанья,
Le feu du désir brûle mon sang consumé,
Душа тобой уязвлена,
Et laisse mon âme épuisée 

*

Я помню чудное мгновенье
LA VIE ET LES LARMES ET L’AMOUR
1825

Я помню чудное мгновенье:
Je me souviens de ce moment merveilleux :
Передо мной явилась ты,
Tu étais devant moi

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Aivazovsky_-_Portret_of_wife_Anna_Burnazyan-Sarkisova.jpg.*

poésie de Pouchkine

**********

1826
UN HOMME DANGEREUX
AUX POÈMES SÉDITIEUX

« Nous en trouvons l’explication dans une lettre que Joukowsky lui adressait, à Michailowskoïe, en 1826 : « Tu n’es mêlé à aucune affaire, cela est vrai, mais on a trouvé tes poèmes dans les papiers de tous ceux qui ont agi ; c’est un mauvais moyen de rester en bons termes avec le gouvernement. » Ainsi, pour ne jamais avoir déserté le terrain littéraire et s’être tenu à l’écart de la politique proprement dite, Pouchkine n’en était pas moins un homme dangereux. Il l’était peut-être plus que ceux que l’on avait emprisonnés et envoyés en Sibérie, car son influence était occulte, impalpable et fuyante. S’il n’existait aucune preuve tangible de sa culpabilité, son nom se rattachait cependant indiscutablement au parti libéral et, par-là même, au parti révolutionnaire. Ses poèmes séditieux, souvent mordants et satiriques, passaient sous forme de manuscrits de mains en mains, beaucoup d’inculpés politiques, parmi lesquels se comptaient les plus grands noms de la Russie, avouaient aux juges avoir été fortement influencés par les œuvres de Pouchkine. Nicolas Ier s’en souvint toute sa vie. Il ne cessa d’exercer une surveillance étroite sur le poète et sur ses œuvres. Trop intelligent pour ne point reconnaître la valeur réelle de Pouchkine, il y mit assez de formes pour ne point frapper le s poète, tout en se méfiant de l’homme. Il ne l’exila point comme avait fait son père ; au contraire, il exigea sa présence constante dans la capitale d’où Pouchkine ne put que rarement s’échapper. De cette manière, aucun de ses faits et gestes ne restait inconnu à la police. D’autre part, l’Empereur le délivra dès 1826 du joug officiel de la censure et se constitua son seul et unique censeur. Cette décision, qui avait les apparences d’une grâce » exceptionnelle, n’était, au fond, qu’un suprême moyen de contrôle. »
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

***********

8 septembre 1826
Pouchkine rentre d’exil par ordre de Nicolas Ier
Il sera reçu par Nicolas Ier.

************




ПРОРОК
Le Prophète
1826

Духовной жаждою томим,
Tourmenté par la soif spirituelle,
В пустыне мрачной я влачился, —
Dans un sombre désert je me traînais-

Le Prophète Alexandre Pouchkine Peinture de Sokolov Traduction Artgitato

********

LE PROPHÈTE
PAR
PROSPER MÉRIMÉE

« Je terminerai par une pièce d’un tout autre caractère qui, de même que l’Antchar, a eu le malheur d’être prise par la censure pour un dithyrambe révolutionnaire. Aujourd’hui l’une et l’autre sont imprimées dans toutes les éditions récentes de Pouchkine. Elle est intitulée le Prophète.  « Tourmenté d’une soif spirituelle, j’allais errant dans un sombre désert, et un séraphin à six ailes m’apparut à la croisée d’un sentier. De ses doigts légers comme un songe, il toucha mes prunelles ; mes prunelles s’ouvrirent voyantes comme celles d’un aiglon effarouché ; il toucha mes oreilles, elles se remplirent de bruits et de rumeurs, et je compris l’architecture des cieux et le vol des anges au-dessus des monts, et la voie des essaims d’animaux marins sous les ondes, et le travail souterrain de la plante qui germe. Et l’ange, se penchant vers ma bouche, m’arracha ma langue pécheresse, la diseuse de frivolités et de mensonges, et entre mes lèvres glacées sa main sanglante mit le dard du sage serpent. D’un glaive il fendit ma poitrine et en arracha mon cœur palpitant, et dans ma poitrine entrouverte il enfonça une braise ardente. Tel qu’un cadavre, j’étais gisant dans le désert, et la voix de Dieu m’appela : Lève-toi, prophète, vois, écoute, et parcourant et les mers et les terres, brûle par la Parole les cœurs des humains. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères
1874

*******************

A MA NOURRICE
Няне 
1826

******

Pouchkine en 1827
peinture d’Oreste Kiprensky
Орест Адамович Кипренский
Galerie Tretiakov
Государственная Третьяковская галерея
Moscou

******

27 janvier 1827
Interrogatoire de Pouchkine
par le chef de la police de Moscou
pour son poème
« André Chénier ».

*********

В степи мирской
LES TROIS SOURCES
1827

В степи мирской, печальной и безбрежной,
Dans les steppes de ce monde banal, triste et sans bornes,
Таинственно пробились три ключа:
Mystérieusement trois sources ont apparu :

*

QUE DIEU VOUS AIDE
19 октября 1827

19 octobre 1827

Бог помочь вам, друзья мои,
Que Dieu vous aide, mes amis,
В заботах жизни, царской службы,
Dans les soucis de la vie,

19-octobre-1827-pouchkine-20-octobre-1827-bataille-de-navarin

*

Во глубине сибирских руд
BAGNARDS DE SIBÉRIE
1827

Во глубине сибирских руд
Dans les profondeurs des mines de Sibérie
Храните гордое терпенье,
Restez fier, soyez patient,

*

Aнчар
L’ANTCHAR
1828

В пустыне чахлой и скупой,
Dans le désert, désolé et aride,
На почве, зноем раскаленной,
Un terrain, une chaleur torride,

*

Друзьям
A MES AMIS
1828

Нет, я не льстец, когда царю
Non, je ne suis pas du tsar un adulateur
Хвалу свободную слагаю:
Quand je le loue librement,

*

Réponse à Pavel Katenine
Ответ Катенину
1828

Напрасно, пламенный поэт,
En vain, ô fougueux poète,
Свой чудный кубок мне подносишь
Tu m’apportes ta merveilleuse coupe

*************

1829
1er mai 1829  départ pour l’armée active dans le Caucase
Juin 1829 – Pouchkine à Tiflis – Tbilissi (actuellement capitale de la Géorgie)
27 juin 1829 – Pouchkine lors de la prise d’Erzurum.
En 1829, la ville d’Erzurum (aujourd’hui située en Turquie) tombe aux mains des russes qui l’abandonnèrent aussitôt.

*********

Я вас любил
Je vous aimais
1829

Я вас любил : любовь еще, быть может,
Je vous aimais : cet amour, peut-être,
В душе моей угасла не совсем;
Dans mon cœur, n’est pas tout à fait encore éteint ;

*




Дон
LE DON
1829

Блеща средь полей широких,
 Il s’étale sur les larges prairies,
Вон он льётся!.. Здравствуй, Дон!
Là, il coule ! .. Bonjour à toi, Don !

le-don-pouchkine-poeme-de-1829-artgitato-cosaques-du-don-timbre-russe-2010

*

Приметы
PRESAGES
1829

Я ехал к вам: живые сны
Je suis allé à vous : des rêves vifs
 
За мной вились толпой игривой,
 Espiègles, m’envahissaient,

*

Когда твои младые лета
1829
UN VÉRITABLE AMI

Когда твои младые лета
Lorsque tu es malade
Позорит шумная молва,
De la honteuse rumeur

*

ЭЛЕГИЯ 
ELEGIE
1830

Безумных лет угасшее веселье
Les joies passées de ma jeunesse débridée
Мне тяжело, как смутное похмелье.
Me sont aujourd’hui pénibles, telle une gueule de bois.

*




poésie de pouchkine

*

1830
SONNET
L’austère Dante ne méprisait pas le sonnet
Суровый Дант не презирал сонета

Суровый Дант не презирал сонета;
L’austère Dante ne méprisait pas le sonnet ;
 
В нем жар любви Петрарка изливал;
Pétrarque y versait ses éclairs d’amour ;

*

Что в имени тебе моём?
MON NOM
1830

Что в имени тебе моём?
Qu’est-ce que mon nom pour toi ?
Оно умрёт, как шум печальный
Ce nom va mourir, comme le triste bruit

*

 Поэту
AU POETE
1830

Поэт! не дорожи любовию народной.
Poète ! Détache-toi de l’amour d’autrui
Восторженных похвал пройдет минутный шум;
Les louanges ne sont qu’un bruit que la minute efface

*

1830
карантин
Quarantaine
La Russie subit une épidémie de choléra pendant l’automne 1830
(3 mois d’isolement pour Pouchkine du 3 septembre 1830 et le 5 décembre 1830 à Boldino)
Il arrive dans sa propriété pour organiser les affaires immobilières, puis il reste par obligation de quarantaine imposée par les autorités.
Cette période correspond à ce que l’on a appelé l’Automne de Boldino, une propriété familiale, (Бо́лдинская о́сень).
Cette période fut très intense pour le poète. Il y terminera Eugène Onéguine.
Boldino se trouve à environ 600 kilomètres à l’est de Moscou, aujourd’hui dans l’oblast de Nijni Novgorod (Нижний Новгород).
Il écrira notamment le poème ci-dessous Румяный критик мой, librement renommé ici LA QUARANTAINE AU TEMPS DU CHOLÉRA.

*

 Румяный критик мой
LA QUARANTAINE AU TEMPS DU CHOLÉRA
1830

Румяный критик мой, насмешник толстопузый,
Mon critique aux joues vermeilles, moqueur au ventre repu,
Готовый век трунить над нашей томной музой,
Toujours prêt à taquiner notre muse langoureuse,

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Choléra.jpg.
Illustration « Le Petit Journal »
 supplément illustré du 1er décembre 1912.
Le choléra en Russie

*

Бесы
DÉMONS
1830

Мчатся тучи, вьются тучи;
Les nuages se précipitent, les nuages planent ;
Невидимкою луна
Sous l’invisible lune

*

ДОМИК В КОЛОМНЕ
La Petite Maison de Kolomna
1830

I L’OCTAVE & L’OCTOSYLLABE II LA RIME VERBALE III LES SYLLABES SOLDATES IV Syllabes féminines et masculines V TAMERLAN & NAPOLÉON

*******

LA PETITE MAISON DE KOLOMNA
(La Petite Maison dans la Kolomna)
Par Prosper Mérimée

« La Petite Maison dans la Kolomna et le Comte Nouline sont deux charmants petits tableaux du même genre, non moins gracieux que leur devancier. Sauf la forme des vers et le ton général de la composition, Pouchkine n’a rien dérobé à lord Byron. Ses caractères sont bien russes et pris sur la nature. La Petite Maison dans la Kolomna chante les tribulations d’une bonne veuve, mère d’une jolie fille, en quête d’une servante à tout faire. Il s’en présente une, grande, robuste, un peu gauche et maladroite, mais qui prend les gages qu’on lui offre. La fille de la maison est d’ailleurs fort empressée à la mettre au fait et l’aide de son mieux. Un jour, la veuve est prise, pendant la messe, d’un pressentiment que sa bonne fait quelque sottise dans le ménage : elle rentre en hâte, et la trouve devant un miroir en train de se raser. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères, 1874

***************

18 février 1831
mariage avec Natalia Gontcharova
Natalia Nikolaïevna Gontcharova
Наталья Николаевна Гончарова
( – )


Natalia Gontcharova par Alexandre Brioullov
Алекса́ндр Па́влович Брюлло́в
En 1831

Le 25 mai 1831, ils déménagement à Tsarskoïe Selo.
En octobre 1831, ils s’installent à Saint-Pétersbourg

******

LE MARIAGE DE POUCHKINE
AVEC NATALIA

…Telle était la situation de Pouchkine à l’époque de son mariage, qui fut célébré à Moscou le 18 février 1831. Il avait trente-deux ans. Sa fiancée, Nathalie Nicolaievna Goncharowa, en avait dix-huit. Très épris de cette belle et jeune personne, Pouchkine ne restait pas moins sceptique au sujet de son bonheur. Ses fiançailles furent longues et pénibles et la famille Goncharoff ne témoignait que peu d’empressement pour le projet de cette union. Mme Goncharowa, mère, occupée surtout de la dot de sa fille, cherchait sans cesse querelle à son futur gendre. Quant à la jeune fille, elle se montrait aussi passive, aussi indifférente que Pouchkine était ardent et impatient.
« Quel cœur doit-elle donc avoir ? s’écriait Pouchkine ; il est armé d’une écorce plus dure que celle du chêne. » Jamais, dès ses premières rencontres avec Nathalie, Pouchkine ne se sentit aimé ou même apprécié par cette énigmatique et froide fiancée qui, en réponse à ses plus tendres épîtres, lui écrivait des lettres « grandes comme une carte de visite
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

********

Эхо
L’ECHO
1831

Ревёт ли зверь в лесу глухом,
Que ce soit à travers le rugissement de la forêt,
Трубит ли рог, гремит ли гром,
Du son du cor ou du tonnerre,
lecho-pouchkine-artgitato-arkhip-kouindji-clair-de-lune-dans-une-foret-en-hiver

**

Красавица
Une Beauté
1832
Елены Завадовской – Elena Zavadovskaya

Всё в ней гармония, всё диво,
Tout en elle est harmonie, tout est miracle,
Всё выше мира и страстей;
Au-dessus de toutes les passions, elle trône ;poeme-de-pouchkine-1832-elena-mikhailovna-zavadovskaya

**

poésie de Pouchkine

**

LE CAVALIER DE BRONZE
МЕДНЫЙ ВСАДНИК
1833

Vas.Surikov. Bronze Horseman on the Senate Square. Rusian Museum

ПРЕДИСЛОВИЕ
L’avant propos

Происшествие, описанное в сей повести, основано на истине.
L’incident décrit dans cette histoire est basé sur des faits réels.

ВСТУПЛЕНИЕ
PROLOGUE

**

Стою печален на кладбище
AU CIMETIERE
1834

Стою печален на кладбище.
Debout, je suis triste, là dans le cimetière.
Гляжу кругом — обнажено
Je regarde tout autour de moi – nue

**

Пора, мой друг, пора! покоя сердце просит
IL EST TEMPS, MON AMIE, IL EST TEMPS !
1834

Пора, мой друг, пора! покоя сердце просит —
Il est temps, mon amie, il est temps ! Le cœur désire la paix-
Летят за днями дни, и каждый час уносит
Les jours s’envolent et chaque heure prend

**

Пред мощной властью красоты
Par la forte puissance de la beauté
1835

Я думал, сердце позабыло
Je pensais :  mon cœur a oublié
Способность лёгкую страдать,
La facile capacité de souffrir,

**

Пир Петра Первого
Fête de Pierre Premier
1835

Над Невою резво вьются
Au-dessus de la Néva espiègle, se tordent
 Флаги пёстрые судов;
Les drapeaux de navires bariolés ;

**

1835
ПЕСНИ ЗАПАДНЫХ СЛАВЯН
LES CHANSONS DES SLAVES DE L’OUEST

**
17 poèmes

**

7
Похоронная песня Иакинфа Маглановича

CHANT DE MORT

С Богом, в дальнюю дорогу!
Que Dieu t’accompagne dans ce voyage !
А Путь найдешь ты, слава Богу.
Et que tu trouves ta voie, par la grâce de Dieu

**

10
СОЛОВЕЙ
LE ROSSIGNOL

Соловей мой, соловейко,
Mon rossignol, mon petit rossignol
Птица малая лесная!
Petit oiseau forestier !

**

13
Вурдалак

LE MORT-VIVANT

Трусоват был Ваня бедный:
Vanya était un pauvre lâche:
Раз он позднею порой,
Une nuit, très tard,

**

16
КОНЬ
LE CHEVAL

«Что ты ржешь, мой конь ретивый,
«Pourquoi hennis-tu, mon beau cheval zélé ?
Что ты шею опустил,
Pourquoi baisses-tu ainsi ton encolure ?

****

29 mars 1836
décès de la mère de Pouchkine, Nadejda Pouchkina
Надежда Осиповна Пушкина
( — 

Deuil éprouvant pour Pouchkine qui venait juste de se réconcilier avec sa mère.

****

1836

 Денис Васильевич Давыдов
A DENIS DAVYDOV

  Тебе, певцу, тебе, герою!
Toi, le chanteur, toi, le héros!
Не удалось мне за тобою
Je n’aurais pas pu te suivre

a-denis-davydov-poesie-de-pouchkine-artgitato

************

Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès
Beau-frère de Pouchkine
(mariage le 10 janvier 1837 avec la sœur de Natalia, Ekaterina Nikolaïevna Gontcharova  Екатерина Николаевна Гончарова (1809 -1843)


Duel le 8 février 1837
Mort le 10 février 1837 à 37 ans

Le duel Pouchkine – d’Anthès
le 8 février au soir
par Alexey Avvakumovich Naumov

*************

LE DUEL ET LA MORT DE POUCHKINE
par
Hélène Iswolsky

Mais il y eut aussi un autre Pouchkine, celui des dernières années, un Pouchkine sombre et triste, déchiré par la vie. Bien avant de recevoir la blessure qui devait l’emporter, il avait été meurtri, frappé mortellement au point le plus sensible de sa libre conscience de poète ; le drame intime de Pouchkine, et c’est ici qu’il s’éloigne de Lensky, ne fut pas essentiellement un drame d’amour ; le mal était plus grave et plus cruel et se rattachait à toutes les fibres de son âme. Son génie, sa fière indépendance, étaient touchés autant et plus peut-être que son cœur. Cette histoire complexe et douloureuse des dernières années du grand poète ne fut jamais complètement déchiffrée ; ses biographes récents s’y sont attachés avec un intérêt croissant. M. Stchegoleff, qui a consacré à Pouchkine plusieurs volumes d’une grande probité historique et de la plus haute valeur, a étudié minutieusement les faits et les documents se rattachant à cette époque. Il a eu, notamment, le privilège de puiser dans les archives d’un Français, le très distingué conservateur du Musée des Arts décoratifs de Paris ; M. Louis Metmann est en effet l’arrière-petit-fils du gentilhomme alsacien, le baron Georges d’Anthès Heckeren, dont la main porta le coup meurtrier à Alexandre Pouchkine….
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

**************

Natalia Gontcharova par Ivan Makarov
Ива́н Кузьми́ч Мака́ров
en 1849

*****

Georges de Heeckeren d’Anthès
Vers 1878
Peint par Carolus-Duran
D’Anthès prit le nom de Georges-Charles de Heeckeren, après accord du roi des Pays-Bas par lettre du 

***********

Depuis le 6 février 1837
La tombe de Pouchkine se trouve dans le Monastère Sviatogorski ou
Monastère Sviatogorski de la Dormition de la Vierge Marie
Святогорский Свято-Успенский монастырь
Oblast de Pskov – Пско́вская о́бласть
(Proche de la Lettonie, de l’Estonie et de la Biélorussie.)
Le monastère a été fondé en 1569, sous ordre d’Ivan le Terrible.
 

***************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
****************

VILLA BORGHESE – ROME
Вилла Боргезе в Риме
Monumento a Alexander Pushkin
MONUMENT A ALEXANDRE POUCHKINE
Памятник А.С.Пушкину

Monumento a Alexander Pushkin - MONUMENT A ALEXANDRE POUCHKINE-artgitato Villa borghese Rome Roma 2

*****************

PUSHKIN POEMS
LA POESIE DE POUCHKINE

 **********

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (I)
par Charles de Saint-Julien

*

poésie de pouchkine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (II)

*

poésie de pouchkine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (III)

***************

LA POESIE DE POUCHKINE

********

LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

**********

poésie de Pouchkine