HEIRICH HEINE POÈMES
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE
Christian Johann Heinrich Heine
Deutsch Poesie
Deutsch Literatur
HEINRICH HEINE
1797- 1856
German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter
Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle
Buch der Lieder
Die Heimkehr
XIV
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
1823-1824
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Das Meer erglänzte weit hinaus
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LES LARMES EMPOISONNÉES
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Das Meer erglänzte weit hinaus,
La mer brillait dans le lointain,
Im letzten Abendscheine;
Dans les dernières lumières du soir ;
Wir saßen am einsamen Fischerhaus,
Nous nous sommes assis devant la maison solitaire du pêcheur,
Wir saßen stumm und alleine.
Nous nous sommes assis silencieux et seuls.
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Der Nebel stieg, das Wasser schwoll,
Le brouillard s’est levé, l’eau montait,
Die Möve flog hin und wieder;
La mouette de çà de là volait ;
Aus deinen Augen, liebevoll,
De tes yeux, trop pleins d’amour,
Fielen die Thränen nieder.
Tombaient des larmes.
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Ich sah sie fallen auf deine Hand,
Je les ai vues tomber sur ta main,
Und bin auf’s Knie gesunken;
Et je me suis agenouillé ;
Ich hab’ von deiner weißen Hand
Moi, sur ta main blanche,
Die Thränen fortgetrunken.
Je me suis abreuvé de tes larmes.
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Seit jener Stunde verzehrt sich mein Leib,
Depuis cette heure, mon corps se consume,
Die Seele stirbt vor Sehnen; –
Mon âme meurt de désir ; –
Mich hat das unglückseel’ge Weib
La malheureuse fille
Vergiftet mit ihren Thränen.
M’avait empoisonné de ses larmes.
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HEINRICH HEINE POEMES
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UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE
Les Mains & La Beauté musicale de Heine
Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.
Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884
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