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AMOUR INASSOUVI – Poème de EDUARD MÖRIKE – NIMMERSATTE LIEBE

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Mörike
Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes

EDUARD MÖRIKE

8. September 1804  Ludwigsburg- 4. Juni 1875 Stuttgart
8 septembre 1804 – 4 juin 1875

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NIMMERSATTE LIEBE
AMOUR INASSOUVI
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Constantin Makovski, Константин Егорович Маковский, Beauté à la kokošnik

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So ist die Lieb! So ist die Lieb!
L’amour est ainsi ! L’amour est ainsi !
Mit Küssen nicht zu stillen:
Que des baisers toujours il demande :
Wer ist der Tor und will ein Sieb
Quel est le simple d’esprit qui veut dans un tamis
Mit eitel Wasser füllen?
Transporter de l’eau ?
Und schöpfst du an die tausend Jahr,
Et ainsi pendant mille ans,…


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LE DEMON LERMONTOV Демон Лермонтов 1841

Демон
LE DEMON LERMONTOV
Poème de Lermontov

1841

русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe
Михаил Юрьевич Лермонтов
Poésie de Lermontov

стихотворение  – Poésie

 

 

Михаил Юрьевич Лермонтов
Mikhaïl Lermontov

1814-1841

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

 

LA POESIE DE LERMONTOV

Демон
LE DEMON
1841

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Le Démon Lermontov

Tamara et le Démon
Тамара и Демон
Constantin Makovski
Константин Маковский
1889

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LE DEMON LERMONTOV
ЧАСТЬ I
PREMIERE PARTIE

I

Печальный Демон, дух изгнанья,
Un triste démon, l’esprit en exil,
Летал над грешною землёй,
Survolait la terre pécheresse,

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LE DEMON LERMONTOV
II

Давно отверженный блуждал
Depuis longtemps il errait
В пустыне мира без приюта:
Dans un monde désert sans un seul abri :

*

LE DEMON LERMONTOV
III

И над вершинами Кавказа
Et sur les sommets du Caucase
Изгнанник рая пролетал:
Volait notre exilé du Paradis :

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LE DEMON LERMONTOV
IV

И перед ним иной картины
Alors, face à lui, l’image
Красы живые расцвели:
d’une vivante et belle nature :

*

LE DEMON LERMONTOV
V

Высокий дом, широкий двор
La majestueuse maison, la grandiose cour
Седой Гудал себе построил…
Que le vieux Gudal s’est construit lui-même …

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LE DEMON LERMONTOV
VI

Всегда безмолвно на долины
Toujours silencieuse au-dessus de la vallée
 Глядел с утёса мрачный дом,
La demeure trônait, sombre sur sa falaise,

*

LE DEMON LERMONTOV
VII

Клянусь полночною звездой,
Par les étoiles de la nuit,
Лучом заката и востока,
Par le coucher et le lever du soleil,








*

LE DEMON LERMONTOV
VIII

В последний раз она плясала.
Une dernière fois, elle dansa.
Увы! заутра ожидала
Hélas ! demain prévoit

*

LE DEMON LERMONTOV
IX

И Демон видел… На мгновенье
Et le Démon l’aperçut… A cet instant,
Неизъяснимое волненье
Une excitation inexplicable

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LE DEMON LERMONTOV
X

Измучив доброго коня,
Épuisé, sur son bel étalon,
На брачный пир к закату дня
A la fête du mariage,

*

LE DEMON LERMONTOV
XI

И вот часовня на дороге…
Ils arrivèrent à une chapelle sur la route …
Тут с давних пор почиет в боге
Où depuis longtemps, en Dieu, repose

*

XII

Затихло всё; теснясь толпой,
Tout est calme ; en une masse compacte,
На трупы всадников порой
Devant les cavaliers décimés,

*

XIII

Несётся конь быстрее лани,
Cependant, plus rapide qu’un cerf, un cheval
Храпит и рвётся, будто к брани;
Se détache du champ de bataille ;

*








XIV

В семье Гудала плач и стоны,
La famille de Gudal pleure et gémit,
 Толпится на дворе народ:
La foule s’assemble dans la cour :

*

XV

На беззаботную семью
Sur cette famille insouciante s’est abattue,
  Как гром слетела божья кара!
Comme le tonnerre, la punition de Dieu !

*

XVI

Слова умолкли в отдаленье,
Les mots se turent dans le lointain,
Вослед за звуком умер звук.
Les sons, les uns après les autres, s’éteignirent.

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ЧАСТЬ II
DEUXIEME PARTIE

I

«Отец, отец, оставь угрозы,
«Père, père, ne blâme pas
Свою Тамару не брани;
Ta Tamara en deuil ;

*

II

И в монастырь уединенный
Et dans un monastère isolé
Её родные отвезли,
Sa famille l’a conduite,

*

III

В прохладе меж двумя холмами
Dans la fraîcheur entre deux collines
Таился монастырь святой.
 Se cachait le saint monastère.

*

IV

На север видны были горы.
Au nord, les montagnes se profilaient.
При блеске утренней Авроры,
Dans l’éclat de l’aurore matinale

*

V

Но, полно думою преступной,
Mais plein encore de ces crimes,
Тамары сердце недоступно
Le cœur de Tamara reste insensible

*

VI

Тоской и трепетом полна,
Fiévreuse et tremblante,
Тамара часто у окна
Tamara souvent s’installe près de la fenêtre ;

*

VII

Вечерней мглы покров воздушный
La brume nocturne couvre
Уж холмы Грузии одел.
Déjà les collines de Géorgie.

*

VIII

И входит он, любить готовый,
Et il arrive, prêt à aimer,
С душой, открытой для добра,
Avec son âme, ouverte à la bonté,

*

IX

«Дух беспокойный, дух порочный,
«Esprit agité, esprit vicieux,
Кто звал тебя во тьме полночной?
Qui t’a appelé dans l’obscurité de la nuit ?

*

LE DEMON LERMONTOV

X

Тамара
Tamara
О! кто ты? Речь твоя опасна!
Oh ! Qui es-tu ? Ton discours paraît si dangereux !
Тебя послал мне ад иль рай?
Qui t’envoie : l’enfer ou le paradis ?
Чего ты хочешь?…
Que veux-tu ? …

*

XI

И он слегка
Et doucement,
Коснулся жаркими устами
Il posa ses lèvres enflammées

*

XII

В то время сторож полуночный,
Le veilleur de nuit,
Один вокруг стены крутой
Autour des parois abruptes,

*

XIII

Как пери спящая мила,
Comme une péri* qui doucement sommeille,
Она в гробу своём лежала,
Elle repose dans son cercueil,

*
LE DEMON LERMONTOV

XIV

Ни разу не был в дни веселья
Jamais jour de fête ne vit
Так разноцветен и богат
Si riches variétés de couleurs et

*

XV

Толпой соседи и родные
La foule des voisins et des parents
Уж собрались в печальный путь.
Déjà tristement se recueillait.

*

XVI

В пространстве синего эфира
Dans l’éther bleuté,
Один из ангелов святых
L’un des saints anges

*

конец
FIN

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DEMON LERMONTOV

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Le Démon
par Saint-René Taillandier
en 1855

Les voyageurs qui visitent la Géorgie admirent une chapelle construite sur l’un des sommets les plus élevés de la chaîne du Caucase au milieu des neiges éternelles ; c’est à cette chapelle que se rattache la légende d’où Lermontof a tiré tout un poème. Le démon, en parcourant le Caucase, a vu sur la tour d’un château-fort une belle jeune fille attendant son fiancé : « Non, je le jure parla lumière de toutes les étoiles du ciel, je le jure par la grâce de l’aurore et la splendeur du couchant, jamais si doux visage n’a souri au chah de Perse ; jamais dans les jardins du harem, à l’heure où midi embrase les airs, les fraîches eaux du bassin n’ont baigné un corps aussi charmant, et jamais, depuis que le bonheur du paradis a disparu de cette terre de péché, jamais sous le soleil d’Orient on n’a vu pareille fleur s’épanouir. » C’est Tamara, la jeune princesse géorgienne. Et quelle est là-bas sur la route cette caravane de dromadaires portant des présens magnifiques ? Quel est ce jeune homme qui accourt au grand galop de son cheval ? Le diable a reconnu le fiancé de Tamara. L’amour, la jalousie, la fièvre de la destruction, tout cela éclate à la fois dans l’âme maudite. Il aposte sur le chemin une bande de brigands du Caucase : le jeune Géorgien tombe percé d’un poignard, et Tamara se retire dans la cellule d’un cloître. Tout ce premier chant, plein de voluptés et de terreurs, est un tableau oriental d’une attrayante poésie. C’est au second chant que l’œuvre de séduction va s’accomplir : si les anges même sont tombés, si Abbadona et Éloa n’ont pas su vaincre le tentateur, comment la Géorgienne, ardente et passionnée, au milieu des ennuis de sa prison, résisterait-elle aux maléfices de l’enfer ? Un soir, en faisant sa ronde, le gardien du couvent entendit dans une cellule des soupirs, des cris inarticulés, des murmures voluptueux et plaintifs ; il s’éloigna avec épouvante, et le lendemain Tamara gisait morte sur le pavé de sa cellule. Tamara est couchée dans le cercueil ; les parens viennent encore admirer en pleurant ce visage que n’a pu flétrir la mort ; ils couvrent de baisers ses belles mains, puis le cercueil est porté sur la cime du mont, dans la sainte chapelle des ancêtres. Tout à coup le ciel se couvre, la neige tombe à flots épais, et le cercueil, et l’église, et le clocher, tout disparaît sous le blanc linceul ; il semble que la nature elle-même se charge de purifier la jeune femme. Voyez alors quel mystique tableau sur les hauteurs ! Le ciel est redevenu pur, le soleil éclaire les neiges immaculées, un ange descend sur la tombe, s’agenouille auprès de Tamara, et, recueillant son âme clans un pli de sa robe, l’emporte au paradis malgré les réclamations du démon.

Le poète a vraiment rajeuni ce thème antique par l’intérêt des détails, et dans une légende tant de fois traitée il a trouvé des inspirations sans modèle. Ce triomphe de l’esprit d’amour sur l’esprit du mal est exprimé sous la forme la plus poétique ; habitué jusque-là aux scènes de la réalité, Lermontof a entrevu avec un hardi bonheur le sens de ces traditions vénérables ; ce colloque de l’ange et du démon sur les cimes du Kasbek l’a noblement inspiré, et des pensées qu’on ne lui soupçonnait pas apparaissent en ce radieux symbole. J’admire surtout, si je l’ose dire, ces brillans effets de neige. Quelle image que ce tombeau de la jeune nonne au milieu des glaces immaculées ! — Aujourd’hui encore, dit le poète dans un épilogue, on aperçoit sur les cimes la chapelle et le sépulcre. La neige tombe, la neige tombe toujours, tantôt comme une pluie de diamans quand le soleil brille à travers, tantôt comme les plis d’une draperie sur le lit de mort de la jeune femme. Le lieu est devenu inaccessible, les glaces en défendent l’approche aux pieds profanes. — N’y a-t-il pas dans cette mise en scène un art délicat et puissant ? Et puisque l’histoire de Tamara est comme la promesse de la victoire définitive du bien sur le mal. ne fallait-il pas que ce poétique symbole fût fixé à jamais sur le rocher de Prométhée, au sein de cette blancheur éblouissante ?

Saint-René Taillandier
Le Poète du Caucase
Revue des Deux Mondes
2e série de la nouv. période
Tome 9, 1855 pp. 502-534

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Poème de Lermontov
LE DEMON LERMONTOV