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EXPRESSIONS CHINOISES 中国表情

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 中国表情

 Zhōngguó biǎoqíng
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EXPRESSIONS CHINOISES

 大家好
Dàjiā hǎo
Bonjour à tous !

Femme
女子  Nǚzǐ





Homme
男人  Nánrén

ça va ? (Comment allez-vous ?)
你好吗?Nǐ hǎo ma?

Comment allez-vous ?
你怎么样?Nǐ zěnmeyàng ?



Très bien. Et toi ?
很好。你呢?Hěnhǎo. Nǐ ne ?

Je m’appelle ….
我叫 Wǒ jiào … (mon nom est …)

Je suis Français
我是法国人 Wǒ shì fàguó rén

J’habite … (je vis…)
我住  Wǒ zhù



Qu’est-ce que c’est ?
这是什么? Zhè shì shén me?

Bonne nuit
晚安 Wǎn’ān

Bonjour
你好  Nǐ hǎo

Merci
谢谢 Xièxiè

Désolé !
抱歉  bào qiàn
不好意思   Bù hǎo yìsi
对不起   duìbuqǐ

Je suis vraiment désolé !
真是对不起 zhēnshì duìbuqǐ

Je suis désolé de vous déranger !
对不起, 打扰您了 duìbuqǐ, dǎrǎo nín le

Pardon !
对不起 Duì bu qǐ




Je ne sais pas
我不懂  Wǒ bù dǒng (懂 Savoir)

Je ne veux pas !
我不愿意  Wǒ bù yuànyì

C’est compliqué
这很复杂  Zhè hěn (很 beaucoup) fùzá (复杂 complexe)

Combien ça coûte ?
需要多少费用?  Xūyào duōshǎo (多少 combien) fèiyòng?

Combien ça fait en tout ?
总共多少钱?Zǒnggòng duōshǎo  (多少 combien) qián (钱 argent) ?

Combien dois-je ?
我欠您多少钱?Wǒ qiàn (欠 devoir) nín duōshǎo  (多少 combien) qián  (钱 argent)?



Je regarde !
我看看 Wǒ kàn kàn (regarder)

Gratuit
免费 Miǎnfèi

Je voudrais…
我很想…      wǒ hěn (beaucoup) xiǎng …
我想…            wǒ xiǎng …

J’ai besoin de…
我需要…      wǒ xū yào …

Je souhaite… (J’espère…)
我希望…        wǒ xī wàng …

Je préfère…
我比较喜欢…     wǒ bǐ jiào xǐ huān …

Avez-vous quelque chose de moins cher ?
你有什么便宜?Nǐ yǒu shé me piányí?

Est-ce que cela vous convient ?
这样行不行 ?  Zhè yàng xíng bù xíng?

C’est drôle ! (c’est intéressant !)
真有趣 Zhēn yǒuqù
这很有趣   Zhè hěn (très) yǒuqù

C’est dommage !
真可惜     zhēn kě xī
这是一个耻辱 – Zhè shì yīgè chǐrǔ

C’est impossible !
这不可能     Zhè bù kěnéng (可能 possible)



Attention !
小心!Xiǎoxīn!

Cela suffit ?
这样就够了吗?Zhèyàng jiù gòule ma?

Absolument pas ! (jamais !)
决不   jué bù

Du thé, s’il vous plaît (je bois du thé)
我喝点茶吧 Wǒ hē diǎn chá bā

Santé ! (Je vous souhaite une bonne santé !)
祝您身体健康!Zhù nín shēntǐ jiànkāng!

Tchin ! Tchin !
干,干!Gàn, gàn!

Désolé, je n’en ai pas
对不起,我没有  Duì bù qǐ, wǒ mé iyǒu

Quel âge avez (as)-tu ?
你多大了   Nǐ duōdàle?

J’ai trente ans
我三十岁 Wǒ sānshí suì

Ouvert
开放 – Kāifàng

Fermé
关闭 – Guānbì

Asseyez-vous, je descends au prochain arrêt !
您请坐,我下一站下车 Nín qǐng zuò, wǒ xià ( prochain) yí zhàn xià chē

C’est bien ce que tu veux ?
是你想要的吗?Shì (être) nǐ xiǎng yào (vouloir) de ma ?

Je voudrais manger
我喜欢吃   Wǒ xǐhuān chī

Bon appétit !
祝好胃口   zhù hǎo wèi kǒu



L’addition, svp !
请结帐      qǐng jié zhàng

C’est vraiment délicieux !
真是人间美味       zhēn shì rén jiān měi wèi

C’est horrible ! (dégoûtant)
难吃极了       nán chī jí le

Asseyez-vous
坐下    Zuò xià

C’est magnifique
它的美丽   Tā dì měilì

Viandes   肉  Ròu
Bleu 两分熟     liǎng fēn shú
Saignant    三分熟   sǎn fēn shú
A point 五分熟    wǔ fēn shú
Entièrement cuit 全熟      quán shú

C’est facile – C’est tranquille
这很轻松的 Zhè hěn (很 Facile) qīng sōng de

C’est un jeu d’enfant
这是小孩子的把戏  Zhè shì xiǎo háizi  (孩子 enfant) de bǎ xì (戏 spectacle)

Je t’aime
我爱你   Wǒ ài ( Amour) nǐ

Je t’aime beaucoup
我很爱你  Wǒ hěn ài nǐ

Tu me plais
我喜欢你  Wǒ xǐ huān nǐ

Elle est très charmante !
她挺迷人的 ! Tā (她 elle) tǐng (挺 très) mírén de (迷人的 charmant)



A vos amours !
祝您们的爱情美满  Zhù nínmen de àiqíng měimǎn (je vous souhaite un amour heureux)

Elle est cool !
她好酷!  Tā hǎo kù

Il est très sympathique
他很讨人喜欢  Tā hěn tǎo rén xǐhuān.

Toujours
总是 Zǒng shì

Jamais
曾经   Céng jīng

Enorme
巨大 Jùdà

Minuscule – Petit
Xiǎo

C’est un vrai taudis !
这里真蹩脚!zhè lǐ zhēn biè jiǎo ! (ici -vraiment -mauvais)



Aller
   Qù

Les toilettes (WC)
上厕所 Shàng cèsuǒ



Imbécile !
低能 ! Dī (faible) néng (pouvoir-énergie)

Les couleurs 颜色    Yánsè
Blanc 白  bái
Noir 黑  hēi
Gris 苍  cāng
Orange 橙  chéng
Ocre 赭石  zhě shí
Violet 紫  zǐ
Jaune 黄  huáng
Bleu 蓝  lán
Rouge 赤  chì
Vert (émeraude)  翠  cuì
Rose 粉红  fěn hóng
Marron 褐色  hè sè




Les chiffres
零  líng 0
一  yī 1
二  èr 2
三 sān 3
四  sì 4
五 wǔ 5
六  liù 6
七  qī 7
八 bā 8
九  jiǔ 9
十 shí 10
十五 Shíwǔ 15
二十 Èrshí  20
三十 Sānshí  30
百 bǎi 100
千 qiān 1 000




ALLEZ ! BON COURAGE !
加油
jiā yóu

&
和 

BON VOYAGE ! (voyage agréable)
旅途愉快 !
lǚ tú yú kuài

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C’est dans la poche !
(évadez-vous !)
跑不掉了!
pǎo bú diào le!

 

LA MALAISIE VUE PAR LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

MALAISIE – MALAYSIA

 LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE
MALAISIE




LA MALAISIE

LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

MALACCA
article de Louis de Jaucourt

MALACCA, Royaume de, (Géogr.) royaume des Indes orientales, dans la partie occidentale de la péninsule de Malacca, & sur le détroit de même nom. Sa largeur est de huit à dix lieues, & sa longueur de trente. (D. J.)
Malacca, (Géog.) capitale du royaume de Malacca, dans la partie méridionale de la péninsule, sur le détroit auquel elle donne son nom.
Cette ville est habitée par des Hollandais, des Maures & des Chinois. On y compte quatre à cinq mille ames. Comme sa situation est à 2 degrés 12 m. de latitude, elle jouit toujours d’un parfait équinoxe ; son climat tempéré produit presque tous les fruits qu’on voit à Goa ; mais les coccos y sont beaucoup plus grands. Le port de Malacca est fort bon, & il s’y fait un grand commerce. On y trouve dans les bazards les marchandises du Japon, de la Chine, de Bengale, de Perse & de la côte de Coromandel. On compte environ 300 lieues espagnoles de Ceylan à Malacca, & 350 de Malacca à la Chine. Elle est défendue par une forteresse, dont le gouverneur de la ville est le commandant. Les Hollandais en sont les maîtres depuis plus d’un siècle ; car ils s’en emparerent sur les Portugais en 1640. Long. selon Cassini, 119. 36′ 30″ selon les pp. de Beze & Camille, 117. 20′ 30″. (D. J.)
Malacca, Péninsule de, (Géog.) grande presqu’île des Indes, au midi du royaume de Siam, entre le golfe de Siam à l’orient, celui de Bengale & le détroit de Malacca à l’occident. On estime que la longueur de cette péninsule, le long de la côte, est d’environ 250 lieues. Cette étendue de terre renferme le royaume de Malacca, & six autres. Les habitants de cette presqu’île sont noirs, petits, bien proportionnés dans leur petite taille, & redoutables lorsqu’ils ont pris de l’opium, qui leur cause une espèce d’ivresse furieuse. Ils vont tous nus de la ceinture en haut, à l’exception d’une petite écharpe qu’ils portent tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre épaule. Ils sont fort vifs, fort sensuels, & se noircissent les dents par le fréquent usage qu’ils font du bétel. Long. 119. lat. 3. 40. (D. J.)
Malacca, Détroit de, (Géog.) détroit dans les Indes, entre la péninsule de Malacca, qui lui donne son nom, & l’île de Sumatra. Les Portugais le nomment le détroit de Sincapour. Il communique, du côté du nord, au golfe de Bengale. (D. J.)

Louis de Jaucourt
L’Encyclopédie
Première édition
1751
Tome 9

LA FEROCITE DES PIRATES MALAIS Charles de Varigny 1887

 Charles de Varigny 

Ecrivain & diplomate








L’Océanie moderne
1887

La Revue des Deux Mondes

LA FEROCITE DES PIRATES MALAIS

(extrait)

Au nord de Java et à l’est de Sumatra s’étend l’île de Bornéo, mesurant 1,280 kilomètres de longueur sur 1,200 de largeur, et contenant plus de trois millions d’habitants. Découverte en 1521 par les Portugais, occupée en partie par les Hollandais en 1604, cette lie, l’une des plus vastes du monde, est peu connue, sauf sur les côtes. Dans cet immense archipel d’Asie, la barbarie lutte encore énergiquement contre la civilisation. Les pirates y pullulaient, et ce n’est guère que depuis 1876 que les Espagnols ont réussi à traquer et à détruire ces écumeurs de mer. Bornéo en abritait un grand nombre ; la férocité de ces Malais, leur mépris de la mort, ont, pendant des siècles, inspiré la terreur aux navigateurs qui se hasardaient dans ses parages. On a peu de renseignements sur l’intérieur de cette terre massive et compacte, aux contours fermes et arrêtés. Ni golfes profonds, ni anses sinueuses ; les fleuves au cours lent et paresseux charrient des matières végétales en décomposition, obstruant leur parcours de troncs d’arbres et leurs embouchures de bancs de vase. Aucune issue navigable par laquelle la civilisation puisse s’infiltrer ; une côte de grès adossée à des marais et à d’inextricables forêts. On sait que ces forêts abritent une vie animale intense, une incomparable végétation, et des tribus sauvages réfractaires à tout contact avec les Européens. Les orangs outangs ou mias y abondent ; on ne les rencontre qu’à Sumatra et à Bornéo ; en quelques jours, M. Alfred Russel-Wallace en tua plus de dix. Le tigre, le léopard, le rhinocéros, l’éléphant, le tapir, peuplent ces forêts où fourmillent des millions d’insectes, des chauves-souris-vampires, des crapauds volants.

On sait aussi que le sol est riche en mines d’or, d’étain, de fer, de gisements de diamants ; que sur les côtes existent de nombreuses pêcheries de perles ; mais, sauf sur un très petit nombre de points, ces richesses ne sont pas exploitées. L’Européen a peine à pénétrer dans cet inextricable massif, gigantesque et mystérieuse corbeille de verdure vénéneuse, fragment de l’Inde radieuse, meurtrière et brûlante jeté comme une sentinelle avancée entre l’Océanie et la presqu’île de Malacca.

Ici la vie est trop intense, le climat trop extrême pour notre race. L’équateur coupe en. deux parties égales cette terre humide et fiévreuse où le climat est cruel comme l’indigène, où la nature, d’une merveilleuse beauté, étouffe et tue l’homme par ses parfums violons, brise son énergie et sa volonté, et le livre sans défense, comme sans résistance, aux miasmes putrides de ses marais diaprés de fleurs étincelantes, peuplés de reptiles et d’animaux redoutables. Seuls, les Dayaks, les Malais, les Soulonans et quelques Négritos peuvent impunément respirer cet air empoisonné. Comme eux et mieux qu’eux, les Chinois y vivent, y prospèrent et s’y multiplient. Ici encore, comme à Java et à Sumatra, cette race étonnante et prolifique travaille et s’enrichit, insouciante des conditions climatologiques, dédaigneuse de la souffrance physique, de la maladie, de la mort, bravant tout pour l’amour du gain.

L’Océanie moderne
Charles de Varigny
Revue des Deux Mondes
tome 83
1887

TRADUCTION CHINOIS Jacky Lavauzelle 中国文字翻译

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Traduction Chinois Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
中国文字翻译
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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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TRADUCTION CHINOIS

中国文字翻译

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Wang Wei
王維

Adieu 送彆
Souvenir de Li Yi sous la neige – 雪中憶李楫

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LUO GUANGZHONG
罗贯中

三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

PREMIER CHAPITRE – 第一章

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LU XUN
鲁迅

LU XUN Proses Poèmes & Analyses – 鲁迅 – 散文 诗

Lu Xun Oeuvres Proses et Poésie Artgitato 2**

EXPRESSIONS CHINOISES
中国表情

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Traduction Chinois

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DE LA LANGUE CHINOISE

Analyse de 1736
de Jean-Baptiste Du Halde
Jésuite français
1674 –

Afin de donner une vraie idée de la langue de la Chine, je ferai connaître d’abord quel est le génie de cette langue ; ensuite comment on doit prononcer et écrire les mots chinois en caractères d’Europe. Enfin je finirai par un abrégé de grammaire chinoise.


Du génie de la langue chinoise.

La langue de la Chine n’a rien de commun avec les langues mortes ou vivantes que nous connaissons : elle n’en a ni les figures ni la construction. Toutes les autres langues ont un alphabet d’un certain nombre de lettres, qui par leurs combinaisons différentes, forment des syllabes et des mots, celle-ci est sans alphabet : elle a autant de caractères et de figures différentes, qu’il y a de mots.

La seule conformité qu’elle peut avoir avec nos langues d’Europe, est que comme l’alphabet est de vingt-quatre lettres, qui se forment de ces six ou sept traits Du Halde - Description de la Chine - Vol 2 feuille 332 a.jpg savoir l’A des trois premiers ; le B du sixième et quatrième doublé ; le C du cinquième simple ; le D du sixième et du quatrième ; l’E du sixième et du troisième triplé ; l’O du quatrième et cinquième joints ensemble ; le Q de l’O et du septième trait, etc. De même tous les caractères chinois se forment à proprement parler des six seuls traits suivants.

________Du Halde - Description de la Chine - Vol 2 feuille 332 b.jpg

Les Chinois ont deux sortes de langues ; l’une vulgaire et propre du peuple, qui est différente selon les diverses provinces ; l’autre qu’ils appellent, la langue mandarine, qui est à peu près ce qu’est parmi nous la langue latine pour les ecclésiastiques et les savants. Cependant le peu d’analogie de la langue chinoise avec toutes les autres langues mortes ou vivantes, fait que cette comparaison n’est pas juste : la langue mandarine est proprement celle qu’on parlait autrefois à la cour dans la province de Kiang nan, et qui s’est répandue dans les autres provinces parmi les personnes polies ; et de là vient que dans les provinces voisines de celle de Kiang nan, on la parle beaucoup mieux que partout ailleurs. Peu à peu elle s’est ainsi introduite partout ; ce qui est très utile pour le gouvernement. Elle paraît pauvre car elle n’a guère qu’environ 330 mots, qui sont tous monosyllabes et indéclinables, et qui se terminent presque tous par des voyelles, ou par cette consonne N, ou Ng.

Cependant ce peu de mots suffit pour s’expliquer sur toutes sortes de matières ; parce que, sans multiplier les paroles, le sens se multiplie presque à l’infini par la diversité des accents, des inflexions, des tons, des aspirations et d’autres changements de la voix : et c’est cette variété de prononciation qui est une occasion fréquente d’équivoque, à ceux qui ne sont pas bien versés dans la langue.

Un même mot a diverses significations.

Un exemple le fera comprendre : ce mot tchu prononcé en traînant et allongeant l’u, et éclaircissant la voix, signifie Seigneur, ou maître. S’il est prononcé d’un ton uniforme avec l’u prolongé, il signifie pourceau. Quand on le prononce légèrement et avec vitesse il veut dire cuisine. Si on le prononce d’une voix forte et d’un ton mâle, mais qui s’affaiblisse sur la fin, il signifie colonne.

De même cette syllabe, po, selon les différents accents, et les diverses inflexions de voix, dont on la prononce, a onze significations différentes. Elle signifie verre, bouillir, vanner du riz, sage ou libéral, préparer, vieille femme, rompre ou fendre, incliné, tant soit peu, arroser, esclave ou captif. D’où il est aisé de conclure que cette langue qui paraît si pauvre et si resserrée par le petit nombre de monosyllabes qui la composent, ne laisse pas d’être en effet riche, abondante, et expressive.

D’ailleurs le même mot, quand on lui joint d’autres mots différents, signifie une infinité de choses différentes. Mou par exemple, quand il est seul, signifie arbre, bois. Mais s’il est composé, il a beaucoup d’autres significations. Mou leao signifie du bois préparé pour un édifice. Mou ta signifie des barreaux, ou des grilles de bois ; mou hia, une boîte ; mou siang, une armoire ; mou tsiang, charpentier ; mou eul, champignon ; mou nu, une espèce de petite orange ; mou sing, la planète de Jupiter ; mou mien, le coton, etc. Ce mot se peut joindre de diverses autres manières, et a autant de significations qu’il est joint avec des mots différents.

C’est ainsi que les Chinois en assemblant différemment leurs monosyllabes, forment des discours suivis, et s’expliquent avec beaucoup de netteté et de grâce ; de même à peu près que nous formons tous nos mots par les diverses manières dont nous joignons ensemble les 24 lettres de notre alphabet.

De l’assemblage des monosyllabes.

Au reste les Chinois distinguent si naturellement les différents tons, attachés à la même monosyllabe, qu’ils en comprennent le sens, sans faire la moindre réflexion aux divers accents qui le déterminent. Et il ne faut pas s’imaginer, comme quelques auteurs l’ont avancé, qu’ils chantent en parlant, et qu’ils forment une espèce de musique, qui ne manquerait pas de choquer l’oreille, et d’être très désagréable. Ces différents tons se prononcent si finement, que les étrangers mêmes ont de la peine à s’en apercevoir, surtout dans la province de Kiang nan, où l’accent est meilleur qu’en nulle autre province. Il en faut juger par la prononciation gutturale, qui se trouve dans la langue espagnole, et par les différents tons dont on se sert dans la langue française et la langue italienne : ces tons sont presque imperceptibles, et ne laissent pas de signifier différemment ; ce qui a donné lieu au proverbe qui dit, que le ton fait tout.

Les Chinois se servent de figures pour exprimer leurs pensées.

L’art de joindre ensemble ces monosyllabes, surtout en écrivant, est très difficile, et demande beaucoup d’étude. Comme les Chinois n’ont que des figures pour exprimer leurs pensées, et qu’ils manquent d’accents qui varient sur le papier la prononciation, ils ont besoin d’autant de figures ou de caractères différents, qu’il y a de différents tons, qui donnent au même mot des significations si diverses.

Il y a d’ailleurs des caractères qui signifient deux ou trois paroles, et quelquefois des périodes entières : par exemple pour écrire ces paroles : bonjour, Monsieur : au lieu de joindre le caractère qui signifie, bon, et celui qui signifie jour, avec celui qui signifie Monsieur, on doit se servir d’un caractère différent, qui seul exprime ces trois paroles : et c’est ce qui multiplie si fort les caractères chinois. Il n’en est pas comme de nos langues d’Europe, où l’on connaît les diverses significations d’un même mot, par les divers accents qui en fixent la prononciation, ou bien par l’endroit où le mot est placé, et par la suite du discours.

Il est vrai qu’on ne laisserait pas de se faire entendre, en joignant ensemble les caractères de chaque monosyllabe : mais cette manière de s’exprimer en écrivant est triviale, et n’est en usage que parmi le peuple. Le style dont on écrit, lorsqu’on veut briller dans les compositions, n’a nul rapport avec celui dont on parle, quoique les paroles soient les mêmes : et un homme de lettres se rendrait ridicule s’il écrivait de la manière dont on a coutume de s’exprimer dans la conversation.

Rapport des caractères chinois avec ceux du Japon.

Il faut en écrivant se servir de termes plus choisis, d’expressions plus nobles, et de certaines métaphores qui ne sont pas de l’usage ordinaire ; mais qui sont propres à la matière qu’on traite, et aux livres qu’on compose. Les caractères de la Cochinchine, du Tong king, du Japon, sont les mêmes que ceux de la Chine, et signifient les mêmes choses, sans toutefois que ces peuples en parlant, s’expriment de la même sorte. Ainsi, quoique les langues soient très différentes, et qu’ils ne puissent pas s’entendre les uns les autres en parlant, ils s’entendent fort bien en s’écrivant, et tous leurs livres sont communs. Ces caractères sont en cela comme des chiffres d’arithmétique : plusieurs nations s’en servent : on leur donne différents noms ; mais ils signifient partout la même chose.

Devoir des lettrés à ce sujet.

C’est pourquoi les lettrés ne doivent pas seulement connaître les caractères, qui sont en usage dans le commerce ordinaire de la vie ; ils doivent savoir encore leurs diverses combinaisons, et les divers arrangements, qui de plusieurs traits simples, font des caractères composés : et comme l’on compte jusqu’à quatre-vingt mille de ces caractères, celui qui en sait le plus, est aussi le plus savant, et peut lire et entendre un plus grand nombre de livres : d’où l’on peut juger combien il faut d’années, pour connaître une multitude si prodigieuse de caractères, pour les démêler quand ils sont réunis, et pour en retenir la figure, et la signification.

Il faut avouer néanmoins que pourvu qu’on sache environ dix mille caractères, on est en état de s’expliquer en cette langue, et d’entendre un grand nombre de livres. Le commun des lettrés n’en sait guère plus de quinze ou vingt mille ; et il y a peu de docteurs qui soient parvenus jusqu’à en connaître quarante mille.

Du vocabulaire.

Ce nombre prodigieux de caractères est recueilli dans leur grand vocabulaire, qu’ils nomment Hai pien. Et de même que parmi les Hébreux, il y a des lettres radicales, qui marquent l’origine des mots, et font connaître ceux qui en sont dérivés, lorsqu’on les cherche dans leur dictionnaire, selon l’ordre de ces lettres radicales ; il y a aussi parmi les Chinois des figures radicales, qui sont par exemple, les lettres de montagnes, d’arbres, d’homme, de terre, de cheval, etc. sous lesquelles il faut chercher tout ce qui appartient aux montagnes, aux arbres, à l’homme, à la terre, et au cheval. De plus, il faut savoir distinguer dans chaque mot ces traits ou figures, qui sont au-dessus, au-dessous, à l’un des cotés, ou dans le corps de la figure radicale.

Outre ce grand vocabulaire, ils en ont un autre plus court, qui ne contient que huit ou dix mille caractères, qui leur sert pour lire, écrire, entendre ou composer des livres. Que s’ils n’y trouvent pas certaines lettres, dont ils ont besoin, ils ont recours à leur grand dictionnaire. Nos missionnaires ont recueilli de la même façon tous les termes qui peuvent leur servir à instruire les peuples des mystères de la foi, et qui sont en usage dans les entretiens et livres ordinaires, même dans les livres classiques.

Comme Clément d’Alexandrie attribue aux Égyptiens trois sortes de caractères, les premiers qu’il nomme épistolographiques, c’est-à-dire, propres à écrire des lettres, comme sont ceux de notre alphabet ; les autres sacerdotaux, propres seulement à des prêtres, pour écrire les choses sacrées, de même qu’il y a des notes pour la musique ; et les derniers hiéroglyphiques, propres à être gravés sur les monuments publics ; ce qui se faisait en deux manières : l’une, par des images propres, ou qui approchaient des choses que l’on voulait représenter, comme quand ils exprimaient la lune par un croissant ; l’autre, par des images énigmatiques et symboliques, comme serait un serpent qui se mord la queue, et qui est plié en rond, pour signifier l’année ou l’éternité : les Chinois ont eu de tout temps une semblable diversité de caractères. Dès le commencement de leur monarchie, ils communiquaient leurs idées, en formant sur le papier les images naturelles des choses qu’ils voulaient exprimer : ils peignaient, par exemple, un oiseau, des montagnes, des arbres, des lignes ondoyantes, pour exprimer des oiseaux, des montagnes, une forêt, et des rivières.

Cette manière d’expliquer sa pensée était fort imparfaite, et demandait plusieurs volumes pour exprimer assez peu de choses. D’ailleurs il y avait une infinité d’objets, qui ne pouvaient être représentés par la peinture, tels que sont l’âme, les sentiments, les passions, la beauté, les vertus, les vices, les actions des hommes et des animaux, et tant d’autres, qui n’ont ni corps, ni figures. C’est pourquoi insensiblement ils changèrent leur ancienne manière d’écrire : ils composèrent des figures plus simples, et en inventèrent plusieurs autres, pour exprimer les objets qui ne tombent point sous les sens.

Les lettres chinoises ont chacune leur signification.

Mais ces caractères plus modernes ne laissent pas d’être encore de vrais hiéroglyphes : premièrement, parce qu’ils sont composés de lettres simples, qui retiennent la même signification des caractères primitifs. Autrefois, par exemple, ils représentaient ainsi le soleil par un cercleDu Halde - Description de la Chine - Vol 2 feuille 336 a.jpg et l’appelaient  : ils le représentent maintenant par cette figureDu Halde - Description de la Chine - Vol 2 feuille 336 b.jpg qu’ils nomment pareillement . Secondement, parce que l’institution des hommes a attaché à ces figures la même idée, que ces premiers symboles présentaient naturellement, et qu’il n’y a aucune lettre chinoise qui n’ait sa propre signification, et qui ne la conserve, lorsqu’on la joint avec d’autres. Tsai, par exemple, qui veut dire, malheur, calamité, est composé de la lettre mien, qui signifie maison, et de la lettre ho, qui signifie feu ; parce que le plus grand malheur, est de voir sa maison en feu. On peut juger par ce seul exemple, que les caractères chinois n’étant pas des lettres simples, comme les nôtres, qui séparément ne signifient rien, et n’ont de sens que quand elles sont jointes ensemble, ce sont autant de hiéroglyphes qui forment des images, et qui expriment les pensées.

Du style des Chinois

Le style des Chinois dans leurs compositions, est mystérieux, concis, allégorique, et quelquefois obscur à l’égard de ceux qui n’ont pas une parfaite connaissance des caractères. Il faut être habile, pour ne pas se méprendre dans la lecture d’un ouvrage : ils disent beaucoup de choses en peu de paroles : leurs expressions sont vives, animées, et semées de comparaisons hardies, et de métaphores nobles. S’ils veulent marquer par exemple, qu’on ne doit point songer à détruire la religion chrétienne, que l’empereur a approuvée par un édit : ils diront : l’encre qui a écrit l’édit de l’empereur en faveur de la religion chrétienne, n’est pas encore sèche, et vous entreprenez de la détruire.

Surtout ils affectent de mêler dans leurs écrits beaucoup de sentences et de passages, qu’ils tirent des cinq livres canoniques ; et comme ils comparent leurs compositions à un tableau, ils comparent de même les sentences qu’ils tirent de leurs livres, aux cinq principales couleurs qui entrent dans la peinture. C’est en cela principalement que consiste leur éloquence. Du reste ils se piquent tous d’écrire proprement, et de peindre exactement leurs caractères ; et c’est à quoi l’on a de grands égards, lorsqu’on examine les compositions de ceux qui aspirent aux degrés.

Ils préfèrent même un beau caractère à la plus admirable peinture, et l’on en voit souvent qui achètent bien cher une page de vieux caractères, quand ils sont bien formés. Ils honorent leurs caractères jusque dans les livres les plus ordinaires : et si par hasard quelques feuilles étaient tombées, ils les ramassent avec respect : ce serait, selon eux, une grossièreté, et une impolitesse d’en faire un usage profane, de les fouler aux pieds en marchant, ou de les jeter même avec indifférence. Souvent il arrive que les menuisiers et les maçons n’osent pas déchirer une feuille imprimée, qui se trouve collée sur le mur ou sur le bois. Ils craignent de faire une faute.

Ainsi on peut distinguer trois sortes de langage chez les Chinois : celui du peuple, celui des honnêtes gens, et celui des livres. Bien que le premier ne soit pas si peigné que les deux autres, il ne faut pas croire qu’il soit si fort au-dessous de nos langues d’Europe, puisqu’il n’a certainement aucun des défauts qu’on lui a quelquefois prêtés en Europe. Les Européens qui viennent à la Chine et qui ne sont pas encore versés dans la langue, trouvent des équivoques, où il n’y en pas seulement l’ombre. Comme ils ne se sont point gênés d’abord à bien prononcer les mots chinois avec leurs aspirations et leurs accents, il arrive qu’ils n’entendent qu’à demi ce que disent les Chinois, et qu’ils ont de la peine à se faire entendre. C’est une faute dans eux, et non pas un défaut de la langue. On trouve dans quelques mémoires, que les lettrés tracent souvent avec le doigt ou avec l’éventail, des lettres sur leurs genoux, ou en l’air : s’ils le font, c’est par vanité ou par coutume, plutôt que par nécessité ; ou parce que ce sera un terme et un caractère peu usité, comme nos termes de marine, de musique, de chirurgie, etc.

Au-dessus de ce langage bas et grossier, qui, quant à la prononciation, se varie en cent manières, et dont on se sert pour les livres, il y en a une autre plus poli et plus châtié, qui s’emploie dans une infinité d’histoires vraies ou feintes, d’un goût très fin et très délicat. L’esprit des mœurs, les peintures vives, les caractères, les contrastes, rien n’y manque. Ces petits ouvrages se lisent et s’entendent sans beaucoup de peine : on y trouve partout une netteté, une politesse, qui ne cède point aux livres d’Europe les mieux écrits.

Après ces deux manières de s’exprimer, l’une pour le petit peuple, qui a le moins de soin de l’arrangement de ses paroles, et l’autre qui devrait être celle des mandarins et des lettrés, vient le langage des livres qui ne sont point écrits en style familier, et il y a dans ce genre-ci bien des degrés où il faut s’élever, jusqu’à ce qu’on parvienne à la brièveté majestueuse et sublime des Kings.

Ce n’est plus ici une langue qui se parle dans le discours ordinaire, mais seulement qui s’écrit, et qu’on n’entendrait pas aisément sans le secours des lettres qu’on a sous les yeux, et qu’on lit avec plaisir. Car on trouve un style net et coulant : chaque pensée est ordinairement exprimée en quatre ou en six caractères ; on ne sent rien qui choque une oreille délicate, et la variété des accents ménagés avec art rend toujours un son harmonieux et doux.

La différence qui se trouve entre ces livres et les King, consiste dans la matière dont ils parlent, qui n’est ni si auguste ni si haute ; et dans le style qu’ils emploient, qui est, et moins laconique, et moins grand. Dans les matières sublimes on ne se sert ni de points ni de virgules ; comme ces compositions ne sont que pour les lettrés, c’est à eux à juger où le sens finit, et les gens habiles ne s’y trompent jamais.

Vossius avait raison de dire que l’abondance de la langue chinoise vient de la multitude des caractères ; il faut ajouter qu’elle vient aussi des sens divers qu’on leur donne, et de l’assemblage qu’on en fait, en les joignant le plus ordinairement deux à deux, assez souvent trois à trois, et même quelquefois quatre à quatre. On a un dictionnaire fait par les ordres du feu empereur : il ne comprenait pas toute la langue, puisqu’on a été obligé d’y ajouter un supplément en vingt-quatre volumes, et cependant il y avait déjà quatre vingt quinze volumes de compte fait, la plupart fort épais, et d’une écriture menue. Il n’y a pas de langue au monde qu’on ne pût épuiser en beaucoup moins de tomes. Il n’y a donc point de langue, ni qui soit plus riche que la langue chinoise, ni qui puisse se vanter d’avoir régné trois à quatre mille ans, comme elle règne encore aujourd’hui.

Parallèle de cette langue avec celles dÉurope.

Tout ce que nous venons de dire, paraîtra sans doute étrange à des Européens, accoutumés aux vingt-quatre lettres qui composent notre alphabet : mais peut-être sera-t-on moins surpris, quand on fera réflexion que notre langue et toutes les autres, ont une infinité de figures pour s’exprimer, quoiqu’elles le puissent faire par ces vingt-quatre lettres : chaque art et chaque profession a des caractères qui lui sont propres.

Outre nos vingt quatre lettres que nous diversifions en plusieurs manières, en majuscules ou capitales, qui sont différentes des communes et ordinaires, en italiques et romaines, etc. Nous en avons pour écrire des lettres rondes, carrées, bâtardes, financières, et italiennes. Noms avons de plus les figures des nombres ou les chiffres, les interponctions qui sont le point, la virgule, l’apostrophe, les accents, la cédille, le tiret, les parenthèses, le point interrogatif et l’admiratif, les abréviations qui sont autant de caractères dont nous nous servons, pour marquer le repos du discours, la prononciation, la continuation, etc. Les astronomes ont des caractères pour les douze signes, pour les divers aspects de la lune et des astres. Les géomètres ont leurs figures ; les musiciens ont leurs notes blanches, noires, crochues, doubles crochues, etc. Enfin il y a peu d’arts et de sciences qui n’aient des figures propres, qui leur tiennent lieu de caractères pour exprimer leurs pensées.

Les Chinois ont encore aujourd’hui une ancienne espèce de langue, et de caractères, qui ne sont plus en usage que pour les titres, les inscriptions, les cachets et les devises, et dont ils ont d’anciens livres qu’il faut que les savants entendent. Ils ont aussi des lettres courantes et usuelles, dont ils se servent pour les actes publics, les contrats, les obligations, et autres actes de justice, comme il y a parmi nous une espèce de lettre qu’on nomme financière. Enfin ils ont une lettre qui demande une étude particulière, pour la diversité des traits et de ses abréviations, ou enlacements qui la rendent difficile. On s’en sert surtout, lorsqu’on veut écrire promptement. Ce qui concerne la manière de prononcer les mots chinois, et de les orthographier en caractères d’Europe, donnera un nouveau jour à ce qui vient d’être dit sur le génie de cette langue.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer
1736
2, pp. 268-275

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Traduction Chinois