PIERRE L’ARETIN – PIETRO ARETINO
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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Pietro Aretino
Pierre l’Arétin
Arezzo, 20 aprile 1492 – Venezia, 21 ottobre 1556
Arezzo 20 avril 1492 – Venise 21 octobre 1556
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L’ARETIN
LETTERE DI ARETINO
LETTRES DE L’ARETIN
Arezzo, 20 aprile 1492 – Venezia, 21 ottobre 1556
Tiziano – Le Titien
Vers1548 circa
Frick Collection New York
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Io non voglio, signora, contendere con voi di dolore.
Je n’entends pas, Madame, ici opposer nos douleurs.
Non che io non vincessi per dolermi la morte del vostro marito più che a persona che viva;
Non que je puisse vaincre, car je pleure la mort de votre mari plus qu’aucune autre personne vivante ;
Di Mantova, il 10 di decembre 1526
De Mantoue, le 10 décembre 1526
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Andate piano con il farmi piacere, ch’io non voglio che mi incalziate tanto con la loro abondanza che, volendo far de l’uomo in sodisfarvigli e non potendo, vi paresse poi una bestia.
Allez-y modérément avec vos largesses, car je ne veux pas être pourvu par tant d’abondance ; je voudrais vous rendre la pareille que je ne le pourrai, je ressemblerai alors à une bête.
Di Venezia, il 24 giugno 1537
Venise, le 24 juin 1537
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Nel rivedere lo schizzo intiero di tutto il vostro dì del Giudicio, ho fornito di conoscere la illustre gratia di Rafaello ne la grata bellezza de la inventione.
Lors de ma dernière vision générale de votre Jugement, j’ai retrouvé l’illustre grâce de Raphaël dans la beauté de l’invention.
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L’ARETIN
par
Philarète Chasles
(1834)
« Arétin ! — L’infamie de ce nom m’arrêtait. — J’hésitais à tracer des lettres obscènes, symboles d’impureté : mais cet impur, fils d’un un impur, soulève un coin de l’histoire des hommes.
C’est la civilisation dépravée de l’Italie, et le premier excès de la presse vénale. C’est la plume devenue marchandise, et l’éloge et le blâme achetés lâchement par les rois, vendus lâchement par un misérable, à travers l’Europe, sa tributaire. C’est Venise savante, impudique, artiste, indépendante, asile des proscrits, des savants, des exilés, des penchants pervers et des arts brillants ; Venise riche et puissante, offrant toutes les libertés du vice à qui veut bien se passer des autres libertés. Vous ne voyez en lui qu’un type ignoble ? Il a dominé le XVIe siècle littéraire. François Ier l’honorait. Arioste l’appelait divin. Charles-Quint causait familièrement avec lui. De niveau avec toutes les puissances, ami de Titien, correspondant de Michel-Ange, bravant les foudres papales, plus riche qu’un prince, plus insolent qu’un condottiere, plus admiré que le Tasse, plus célèbre que Galilée, qu’était donc cet homme ?
D’où lui venait sa puissance ?
De quelle force disposait-il ?
Quelle terreur et quelle tyrannie se concentraient dans ces taches d’encre calomniatrices et immondes qui dégouttaient de sa plume ?Que résumait-il ? — Que représentait-il ? —
Il représentait la Presse. Il fut terrible comme elle. Né au moment précis où cette Force inattendue sortait des langes, se développait, grandissait, devenait redoutable, étendait son influence : il comprit le premier quel levier ce serait que l’injure de la Presse.
La calomnie, multipliée, impérissable !
La crainte lancée par cette calomnie !
Instrument, pouvoir, levier immense, qu’il devina ; instrument que son abus n’avait pas affaibli, que son excès n’avait pas usé. Arétin s’en saisit ; — il mit son siècle à ses pieds, — un grand siècle ! »
Philarète Chasles
L’Arétin, sa vie et ses œuvres
Première Partie
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 4 – 1834
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