« Ser isto ordenação dos céus divina, « Qu’il s’agisse d’un ordre divin céleste, – Por sinais muito claros se mostrou, Par des signes très clairs, cela a été montré,…
L’AFRICAIN
O Africano
Sintra 15 janvier 1432 – Sintra 28 août 1481
Sintra, 15 de janeiro de 1432 – Lisboa, 28 de agosto de 1481
succède à Edouard I son père en 1438
LE PRINCE PARFAIT
O Príncipe Perfeito
Lisbonne, 3 mars 1455 – Alvor, 25 octobre 1495
Lisboa, 3 de maio de 1455 – Alvor, 25 de outubro de 1495
succède à Alphonse V
Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS
Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.
…
Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.
On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)
Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573
******************
SONNET de Sainte-Beuve
IMITÉ DE WORDSWORTH
Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;
Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;
Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :
Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.
Charles Augustin Sainte-Beuve Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme Poésies de Sainte-Beuve Michel Lévy frères, 1863 p. 136
**************
LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne
…
Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
—Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.
… Jules Verne LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT Chapitre XV Hetzel, 1868 pp. 106-114
Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS
Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.
…
Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.
On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)
Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573
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SONNET de Sainte-Beuve
IMITÉ DE WORDSWORTH
Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;
Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;
Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :
Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.
Charles Augustin Sainte-Beuve Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme Poésies de Sainte-Beuve Michel Lévy frères, 1863 p. 136
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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne
…
Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda : « Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il. —Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui… — Les Lusiades ! s’écria Glenarvan. — Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins ! — Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines ! — Camoëns ! Lusiades ! portugais !… » Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient. Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.
… Jules Verne LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT Chapitre XV Hetzel, 1868 pp. 106-114