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ALI BEBIT : GLURP…GLURP…GLURP (CRITICAL CYBER – 2017) BALAI SENI VISUAL NEGARA – Kuala Lumpur

  

« Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents,
Cependant que la tête et le buste, élégants,
Se balancent sur l’arc paradoxal des jambes. »
Paul Verlaine – Le Clown – Jadis et Naguère – Léon Vanier, 1884

Malaysia
Voyage en Malaisie
PHOTO JACKY LAVAUZELLE
 




 

 

Balai Seni Visual Negara
BSVN
ALI BEBIT
Mohd Ali Azraie Bebit 
GLURP…GLURP…GLURP
2017

 

 


 Visiter Kuala Lumpur
Meneroka kota Kuala Lumpur
Melawat Kuala Lumpur
吉隆坡
Куала-Лумпур

 

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Balai Seni Visual Negara
LA GALERIE NATIONALE DES ARTS VISUELS DE KUALA LUMPUR
国家视觉艺术画廊在吉隆坡
National Visual Arts Gallery

ALI BEBIT
GLURP…GLURP…GLURP
2017

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Wood, aquarium, steel, fiber glass, fish & electronic device
Bois, aquarium, acier, fibre optique, poisson et appareil électronique

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Ali Rebit cite B.C. Forbes à la Balai Seni Visual Negara de Kuala Lumpur : « The man who has won millions at the cost of his conscience is a failure. » (L’homme qui a gagné des millions au prix de sa conscience a échoué.)
Ali Rebit place la conscience au cœur de son œuvre. Mais avec toujours un second voire un troisième degré. Et beaucoup d’humour aussi. Comme dans ses compositions précédentes.
Dans A.W.A.S (Anti war, Anti Strife) en 2012, il compose un soldat ailé avec des palmes rouges comme celles d’une éolienne. Bebas, en 2012 aussi, est une autre représentation métallique d’un grand échalas, avec de grandes ailes dorées. Dans Parasit, il nous montre encore un solide robot dans une position burlesque, pied levé, cherchant son équilibre. Still Fight, en 2012, propose une autre approche basée sur le déséquilibre et l’opposition des masses.
C’est toute l’ambivalence qui se retrouve dans son oeuvre humour-tragédie / légèreté – épaisseur / techologie -humanité. Mais c’est ce que l’on retrouve dans la vie, poussé dans ses retranchements avec le clown : « L’art du clown va bien au-delà de ce qu’on pense. Il n’est ni tragique, ni comique ; il est le miroir comique de la tragédie et le miroir tragique de la comédie » soulignait André Suarès dans ses Essais sur le clown.
Les œuvres sont parfois totalement humoristiques comme son travail de 2008  quand il réalise les Playing Series (Fun 1 par exemple), en positionnant un soldat, bouclier en main, perdu sur son rocher. 2008   Nothing en 2009 propose un robot à hélices sur la tête totalement hilare.
Dans toutes ces œuvres, Ali Bebit humanise la machine qui nous entoure. Ou plutôt, Ali cherche à lui donner une vie. Dans Makhluk Biru (Créature Bleue), il s’agit plus d’un robot-lapin bleu que d’un humanoïde.
Mais cette ironie s’accompagne d’un désir de légèreté en attribuant à ses créatures des hélices ou des ailes. Notre œuvre du Balai Seni de Kuala Lumpur n’y échappe pas. Il va même jusqu’à proposer des robots volants dans le style de Hayao Miyazaki quand il proposa, en 2012, Voyager: I Want to Fly.
Ce désir d’envol et de légèreté du lourd et du massif semble représenter un désir de dépassement, une morale à l’épreuve du vivant. Ici, les ailes sont présentes bien qu’inutiles. Notre clown est là, la couleur et les yeux exorbités. La table tachetée d’une chambre d’enfant. Le titre lui aussi prend même une connotation humoristique presque enfantine en utilisant des onomatopées.
Notre clown prend l’eau et il est emprisonné. Il navigue entre la Red Zone, la ligne route, attention danger présent, et la Yellow Zone, attention danger imminent, la Zone Jaune. Nous sommes quoi qu’il puisse arriver dans une zone de danger, voire de mort imminente.
Le sujet redevient grave ou alors il marque le côté grotesque et dérisoire du clown qui est, qui peut être, l’homme moderne. Il semble que nous soyons devant une sorte de chaise électrique ou plutôt de chaise de noyade.
Je repense au passage de Paul Acker (Humour et humoristes – H. Simonis Empis, 1899 qui traite de cette thématique : « Dans chaque clown, digne de ce nom, se cache, voyez-vous, un philosophe — sans le savoir — peut-être. À force de dire des folies et d’en faire, de lancer à travers les airs des chapeaux pointus qui tournoient, ou d’appliquer sur la face du voisin des claques trop sonores, de se rouler sur le dos, et de marcher sur la tête, ils arrivent à se former du monde une conception assez juste : une grande arène de cirque, pleine de clowns et de « gugusses » qui jouent ensemble. Les clowns giflent et rient, les gugusses sont giflés et rient. La vie n’est qu’une cabriole, mais une cabriole immense et d’une fantaisie sans cesse renouvelée. Rappelez-vous certains de leurs actes, certains de leurs discours. Ces êtres enfarinés, au nez peint de rouge, aux yeux cernés de noir, perdus dans un long vêtement flottant et multicolore, ou étriqués dans un sinistre habit, ont un sens admirable du ridicule ; peu savent aussi bien dégager de toute chose le grotesque qui s’y renferme. »
Ou juste après, soulignant que la simplicité des spectacles comme le précise à un autre moment Paul Acker ne va jamais sans une certaine gravité. L’œuvre, la vie, si elle n’est pas sérieuse ne nous empêche pas, bien au contraire, de la regarder avec nos yeux « ni trop fats, ni trop modestes » mais légèrement « cabotins« .

Jacky Lavauzelle

Mohd Ali Azraie Bebit

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