*Антология русской поэзии Anthologie de la Poésie Russe *
LITTERATURE RUSSE русская литература
стихотворение – Poèmes
Traduction Jacky Lavauzelle
Vladislav Khodasevich Vladislav Khodassevitch
ВЛАДИСЛАВ ХОДАСЕВИЧ
né le 16 mai 1886 Moscou – 14 juin 1939 Billancourt,
ПОЭЗИЯ ВЛАДИСЛАВА ХОДАССЕВИЧА
LA POÉSIE DE VLADISLAV KHODASSEVITCH
LA SOLITUDE 1915 Уединение
*******************
*******************
Заветные часы уединенья! Précieuses heures de solitude ! Ваш каждый миг лелею, как зерно; Chaque instant je chéris, comme une graine ; Во тьме души да прорастет оно Dans les ténèbres de l’âme, tu laisses grandir Таинственным побегом вдохновенья. La fuite mystérieuse de l’inspiration. В былые дни страданье и вино Dans les temps anciens, la souffrance et le vin Воспламеняли сердце. Ты одно Enflammaient le cœur. Seule désormais Живишь меня теперь — уединенье. Tu vis en moi – solitude.
*
С мечтою — жизнь, с молчаньем — песнопенье Les rêves – à la vie, avec le silence Связало ты, как прочное звено. Tu les attaches avec un lien puissant. Незыблемо с тобой сопряжено Incontestablement, avec toi, sont inébranlables Судьбы моей грядущее решенье. Mon destin est mes choix. И если мне погибнуть суждено — Et si je suis destiné à mourir – Про моряка, упавшего на дно, D’un marin qui est tombé au fond de la mer, Ты песенку мне спой — уединенье! Tu me chantes une chanson – solitude !
LITTÉRATURE RUSSE POÉSIE RUSSE Русская литература Русская поэзия
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
Marina Ivanovna Tsvetaïeva Марина Ивановна Цветаева poétesse russe русская поэтесса Moscou 26 septembre 1892 – Ielabouga 31 août 1941 26 сентября 1892, Москва — 31 августа 1941, Елабуга
____________________________________________
AUTOPORTRAIT 1920 Кто создан из камня ____________________________________________
***********
Кто создан из камня, кто создан из глины,- Certains sont de pierre, d’autres d’argile – А я серебрюсь и сверкаю! Moi, je brille et scintille ! Мне дело – измена, мне имя – Марина, Mon souci – la trahison, je m’appelle Marina, Я – бренная пена морская. Moi – mortelle écume sur la mer.
*
Кто создан из глины, кто создан из плоти – Certains sont de pierre, d’autres de chair- Тем гроб и нагробные плиты… Les attendent cercueils et pierres tombales … – В купели морской крещена – и в полете – baptisée dans les profondeurs de la mer – dans un envol Своем – непрестанно разбита! Constamment brisée !
*
Сквозь каждое сердце, сквозь каждые сети Dans tous les cœurs, dans tous les filets Пробьется мое своеволье. Mon heure est venue. Меня – видишь кудри беспутные эти?- Moi – tu vois ces boucles dissolues ? Земною не сделаешь солью. Je ne suis pas du sel de la terre.
*
Дробясь о гранитные ваши колена, M’écrasant sur tes genoux de granit Я с каждой волной – воскресаю! Je ressuscite à chaque vague ! Да здравствует пена – веселая пена – Vive l’écume – écume joyeuse – Высокая пена морская! Haute écume de mer !
1910 -1914 Etude à l’École de peinture et de sculpture de Tbilissi à la Société des beaux-arts du Caucase
1914 დაამთავრა თბილისის სამხატვრო სასწავლებელი.
1914 Premières publications de dessins dans le magazine « თეატრი და ცხოვრება » Théâtre et Vie
*****
Une année avant, en 1919, la fameuse Galerie de la Renommée, ou Galerie de la Gloire, დიდების ტაძარში (musée historique, musée militaire d’État, galerie des artistes géorgiens) de la nouvelle Géorgie, organise une exposition de jeunes peintres Géorgiens. Y participent notamment trois artistes qui deviendront inséparables Lado Gudiashvili თავგადასავალი, David Kakabadze ლადო გუდიაშვილი, , Shalva Kikodze შალვა ქიქოძე. Ils comptent bien s’immerger dans cette fusion mondiale, mais souhaitent ne pas perdre leurs propres racines géorgiennes.
La Galerie de la Gloire est désormais la Galerie Nationale D. Shevardnadze du Musée national.
((დღეს – ეროვნული მუზეუმის დ. შევარდნაძის სახელობის ეროვნული გალერეა)
L’année 1919, est une année de chamboulement dans cette jeune République Démocratique de Géorgie. Le 21 mars, Noé Jordania, social-démocrate, prendre la tête du troisième gouvernement. Un traité d’alliance militaire est signé avec la jeune République démocratique d’Azerbaïdjan, avant son renversement par les bolchéviques russes. Les troupes britanniques, à l’exception de Batoumi, évacue le territoire géorgien. Tout semble aller dans le bon sens de l’histoire pour cette nouvelle République.
C’est dans ce contexte d’effervescence, de nouveautés et de créations, que nos trois compères vont découvrir les nouveautés artistiques.
Paris, entre 1919 et 1920, dans ces années qui suivirent la Terrible Grande Guerre, est un chaudron intellectuel et un lieu de rencontre bouillonnant d’artistes venus du monde entier. Pour autant, cela peut sembler contradictoire avec la vraie image de Paris et ce qu’elle renvoie dans le monde, suite à l’arrivée de VanGogh et du succès grandissant des impressionnistes. Jean Cassou dans Une Vie pour la Liberté, paru en 1981, l’exprime précisément : « Comment se fait-il que ce soit (…) en France, dans le pays le plus fermé sur lui-même, le plus indifférent à tout ce qui est étranger (…), comment se fait-il que ce soit dans ce pays le plus manifestement bourgeois que soit née à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe cette Internationale qu’a été la révolution de l’art moderne, ou, d’un mot plus précis encore, l’école de Paris ? Paris, oui, capitale de la France bourgeoise, de la France officielle et pompière, a été le point du monde vers lequel, par l’effet d’un mirage, ont afflué d’innombrables artistes, venant de partout, Espagne, Italie, pays germaniques et pays scandinaves, Russie, Pologne, Europe centrale, Balkans, Amérique anglo-saxonne et latine, Japon. Certains arrivaient parce qu’ils étaient juifs et qu’on ne voulait pas de juifs chez eux. Mais d’autres sans aucune raison de force majeure comme celle-là, et seulement parce que, naguère, Van Gogh avait eu besoin de la lumière de la France et parce que les plus surprenantes inventions de l’art, dont l’impressionnisme, s’étaient produites en France.»
Ceci étant, le monde de la peinture se retrouve à Paris, en pleine explosion du cubisme synthétique avec Braque, Picasso, Fernand Léger, Juan Gris, Albert Gleizes, Marcel Duchamp et d’innombrables autres artistes dans les années 1920.
Les trois artistes sont très jeunes dans ce monde chamboulé par la guerre et les nouvelles idées. Shalva, né en 1894, a 25 ans, David Kakabadze დავით კაკაბაძე né en 1889 est le plus âgé des trois, avec ses trente ans, et Lado Gudiashviali ლადო გუდიაშვილი né en 1896 est le benjamin de l’équipe avec ses 23 ans. Leurs jeunesses et leurs envies de découvertes vont profiter pleinement de toutes ces nouveaux apports.
Pour autant, malgré son jeune âge, Lado a déjà une œuvre personnelle puissante et construite, lumineuse. Shalva va trouver un rythme puissant dans son passage à Paris et va se perdre. Lado continue son chemin.
Avant 1920, de 1910 à 1920, Tbilissi a mené une vie créative étonnamment intéressante. La ville de l’Est et de l’Ouest, avec son charme exotique de différents pays, où l’on peut croiser des européens, des russes, des azéris, kurdes, arméniens ou juifs, a attiré des artistes exceptionnels de la Première Guerre mondiale. On y croise les pas de Sergueï Essenine, Vladimir Maïakovski est né à Baghdati (Géorgie) en 1893, ou encore ceux de Vassili Kamenski.
Lado Gudiashvili était l’une des figures principales avant 1920 de ce foisonnant environnement artistique de Tbilissi.
Ilia (et Kirill) Zdanevich, revenu à Tbilissi, fonde avec d’autres artistes le groupe futuriste de l’université du Degré 41, aux côtés de David Kakabadze et Sergei Sudikekin, qui ont travaillé sur les murs du café artistiqe « Kimerioni » .
De nombreuses toiles à cette époque représentent l’univers des Kintos, ces petits marchands vivant dans les rues de Tbilissi. Lado a toujours su resté fidèle au sujet. Il a crée une iconographie propre et des lignes fortes et généreuses dans son dessin tout en préservant les caractéristiques de ses personnages. Lado a toujours affectionné les dimensions hors normes et nous retrouvons ce plaisir de travailler les formes dans un allongement, parfois proche d’une stylisation à la Modigliani. Il est aussi important de noter l’influence qu’a pu lui apporter le travail de Pirosmani sur ses formes et sur ses propres couleurs.
Lado Gudiashviali ლადო გუდიაშვილი) (1896- 1980) fera plusieurs expositions à Paris et reviendra en Géorgie en 1926, désormais soviétique. Géorgie soviétique. Dans ces années, il travaillera dans le théâtre et la peinture de cinéma.
A partir de 1932, l’art devient un outil de propagande essentiellement. Cette période sera difficile pour un artiste-poète avec une nature aussi libre que celle de Gudiashviali.
À partir des années 1940, la peinture de Gudiashvili s’inspire du folklore historique géorgien. En 1946, le patriarche de Géorgie, Kalistrate Tsintsadze, proposa à Lado Gudiashvili de peindre le temple de la cathédrale Saint George. Sur le fond de l’unification du jardin d’Eden dans la cathédrale, Gudiashvili a exprimé le sacrement de la Mère de Dieu et des Apôtres, ainsi que sur les murs adjacents – l’Archange Gabriel et la Mère de Dieu.
Il se rapprochera alors des traditions caucasiennes et persanes. Il restera proche des symboliques chrétiennes et peindra de nombreux thèmes religieux ; il peindra notamment l’église Kashueti.
*****
სადღეგრძელო გარიჟრაჟზე
sadghegrdzelo garizhrazhze
TOAST A L’AUBE
TOAST AT DAWN
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
99×80
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
თეზი ცოცხალი
tezi tsotskhali
POISSON TSOTSKHALI
Fish Tsotskhali
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
177×114
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
იდილია
Idilia
IDYLLE
IDYLL
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
107×71
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
სამი მოქალაქე
Sami Mokalake
TROIS CITOYENS
THREE CITIZENS
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
81×60
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
სტუმრები ორთაჭალაში
VISITEURS A ORTACHALA
Visitors to Ortachala
1921
***
პარიზის მოქალაქეები
Parizis Mokalakebi
CITOYENS DE PARIS
Citizens of Paris
1921
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
28×42
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
ოცნების მერანი
Otsmebis Merani
Dream Pegasus
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
54×46
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
ქინტოების ქეიფი
LA FÊTE DES KINTOS
FEAST OF « KINTOS »
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
72.5×91
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
ქეიფი ფაეტონით
Keipi Paetonit
FÊTE DANS LE PHAETON
FEAST IN THE PHAETON
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
79×70
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
კინტოების ქეიფი ქალითან
Kintoebis Keipi Kalitan
LA FÊTE DES KINTOS AVEC UNE FEMME
FEAST OF « KINTOS » WITH A WOMAN
1919
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
137×104
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
FÊTE AVEC DES AMIS, THE ET SOUPE AUX TRIPES
Feast with friends, tea and tripe soup
1919
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
139×113
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
სტეპკუას დუქანი
Stepkuas Dukani
LE DUKHAN DE STEPKUA
(CAVERNE CAUCASIENNE)
STEPKUA’S DUKHAN
(CAUCASIAN TAVERN)
1919
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
52×68
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
***
ქრისტინე
Kristini
KRISTINE
1919
***
მერანი
Merani
PEGASE
PEGASUS
1919
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
154×107
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
90×72
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
136×106
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Etudes secondaires au lycée à Tbilissi
1914-1918 Etude d’art à Moscou
*****
Si l’on regarde sa ნატურმორტი, nature-morte peinte entre 1918-1919, sa femme Adjare აჭარელი ქალიაჭარელი ქალი peinte en 1910, ses paysages პეიზაჟი, peints aussi vers 1910, nous voyons l’importance des influences Parisiennes sur son œuvre à partir de 1919.
Paris, entre 1919 et 1920, dans ces années qui suivirent la Terrible Grande Guerre, est un chaudron intellectuel et un lieu de rencontre bouillonnant d’artistes venus du monde entier. Pour autant, cela peut sembler contradictoire avec la vraie image de Paris et ce qu’elle renvoie dans le monde, suite à l’arrivée de VanGogh et du succès grandissant des impressionnistes. Jean Cassou dans Une Vie pour la Liberté, paru en 1981, l’exprime précisément : « Comment se fait-il que ce soit (…) en France, dans le pays le plus fermé sur lui-même, le plus indifférent à tout ce qui est étranger (…), comment se fait-il que ce soit dans ce pays le plus manifestement bourgeois que soit née à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe cette Internationale qu’a été la révolution de l’art moderne, ou, d’un mot plus précis encore, l’école de Paris ? Paris, oui, capitale de la France bourgeoise, de la France officielle et pompière, a été le point du monde vers lequel, par l’effet d’un mirage, ont afflué d’innombrables artistes, venant de partout, Espagne, Italie, pays germaniques et pays scandinaves, Russie, Pologne, Europe centrale, Balkans, Amérique anglo-saxonne et latine, Japon. Certains arrivaient parce qu’ils étaient juifs et qu’on ne voulait pas de juifs chez eux. Mais d’autres sans aucune raison de force majeure comme celle-là, et seulement parce que, naguère, Van Gogh avait eu besoin de la lumière de la France et parce que les plus surprenantes inventions de l’art, dont l’impressionnisme, s’étaient produites en France.»
Ceci étant, le monde de la peinture se retrouve à Paris, en pleine explosion du cubisme synthétique avec Braque, Picasso, Fernand Léger, Juan Gris, Albert Gleizes, Marcel Duchamp et d’innombrables autres artistes dans les années 1920.
Une année avant, en 1919, la fameuse Galerie de la Renommée, ou Galerie de la Gloire, დიდების ტაძარში (musée historique, musée militaire d’État, galerie des artistes géorgiens) de la nouvelle Géorgie, organise une exposition de jeunes peintres Géorgiens. Y participent notamment trois artistes qui deviendront inséparables Lado Gudiashvili თავგადასავალი, David Kakabadze ლადო გუდიაშვილი, , Shalva Kikodze შალვა ქიქოძე. Ils comptent bien s’immerger dans cette fusion mondiale, mais souhaitent ne pas perdre leurs propres racines géorgiennes.
L’année 1919, est une année de chamboulement dans cette jeune République Démocratique de Géorgie. Le 21 mars, Noé Jordania, social-démocrate, prendre la tête du troisième gouvernement. Un traité d’alliance militaire est signé avec la jeune République démocratique d’Azerbaïdjan, avant son renversement par les bolchéviques russes. Les troupes britanniques, à l’exception de Batoumi, évacue le territoire géorgien. Tout semble aller dans le bon sens de l’histoire pour cette nouvelle République.
C’est dans ce contexte d’effervescence, de nouveautés et de créations, que Shalva va découvrir les nouveautés artistiques. Pour autant, les sujets peints restent ses deux amis géorgiens proches, les soirées débridées parisiennes et les grands symboles de la Capitale Française : le Jardin du Luxembourg, la Tour Eiffel, les Cafés de Paris.
Les trois artistes sont très jeunes dans ce monde chamboulé par la guerre et les nouvelles idées. Shalva, né en 1894, a 25 ans, David Kakabadze დავით კაკაბაძე né en 1889 est le plus âgé des trois, avec ses trente ans, et Lado Gudiashviali ლადო გუდიაშვილი né en 1896 est le benjamin de l’équipe avec ses 23 ans. Leurs jeunesses et leurs envies de découvertes vont profiter pleinement de toutes ces nouveaux apports.
Les scènes peintes désormais par Shalva sont crues et rien n’est caché aux yeux du spectateur. Nous sommes loin des paysannes géorgiennes peintes dans la montagne. Les artistes sont dans ce tourbillon culturel, mais aussi dans un tourbillon des sens.
Pourtant, son œuvre regorge de symboliques comme le poisson dans l’assiette ou la pomme proposée à l’artiste rappelant le péché originel.
Shalva va mourir à 27 ans et sera enterré en terres étrangères, à Fribourg en Allemagne. Malgré la reconnaissance internationale de son œuvre puissante, réalisée principalement en deux ans entre 1919 et 1921, avec une très forte production en 1920, il reste beaucoup moins connu dans son pays que des artistes comme Pirosmani ფიროსმანი ou encore son ami Lado Guidashvili, ლადო გუდიაშვილი.
David Kakabadze დავით კაკაბაძე (1889 – 1952) pendant ce séjour parisien s’orientera vers une « peinture sans sujet » en travaillant à partir de métal, miroir, vitrail, plutôt que la peinture elle-même.
Lado Gudiashviali ლადო გუდიაშვილი) (1896- 1980) reviendra en Géorgie en 1926 et se rapprochera alors des traditions caucasiennes et persanes. Il restera proche des symboliques chrétiennes et peindra de nombreux thèmes religieux de ces trois artistes ; il peindra notamment l’église Kashueti.
*****
სამი მხატვარი
Sami Mikhatvari
TROIS ARTISTES
THREE ARTISTS
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
96×101
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
ქეიფე შანტანში
AU CAFE SHANTAN
IN CAFE SHANTAN
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
88×88
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
ლუქსემბურგის ბარი – პარიზი
Luksemburgis bari – Parizi
AU JARDIN DU LUXEMBOURG
LUXEMBURG GARDEN
PARIS – 1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
108×104
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
ლუქსემბურგის ბარი – პარიზი
****
მხატვრებას ყავახანა
Mkhatvrebas Qavakhana
AU CAFE
IN THE CAFE
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
52×46
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
ROUNDABOUT
1921
ზეთი მუყაოზე
Huile sur carton
Oil on cardboard
33×40.5
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
ეიფელის კოშკი
Eipelis koshki
LA TOUR EIFFEL
EIFFEL TOWER
1920
ზეთი მუყაოზე
Huile sur carton
Oil on cardboard
42×32,5
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
კ. მახარაძის პორტრეტი
K. makharadzis Portreti
PORTRAIT DE K. MAKHARADZE
PORTRAIT OF K. MAKARADZE
1921
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
102×42
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
65×44
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
დაღუპული მეგობრის მოსაგონრად
Daghupuli Megobris Mosagonrad
EN SOUVENIR D’UN AMI PREMATUREMENT DECEDE
In Rembrance of Untimely Died Friend
ავტოპორტრეტი
Autoportraiti
AUTOPORTRAIT
SELF-PORTRAIT
1920
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
96×101
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
გურული ქალი
Guruli Kali
FEMME DE GURIE
WOMAN FROM GURIA
1921
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
92×73
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
****
აჭარილი ქალიბი
Adjarili Kalibi
FEMMES ADJARES
WOMEN ADJARAIAN
1921
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
55×46
Georgian National Museum
shalva amiranashvili museum of fine arts
შალვა ამირანაშვილის სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Όταν κατέβουμε τη σκάλα τι θα πούμε
En bas de l’escalier, que dirons-nous στους ίσκιους που θα μας υποδεχτούνε,
aux ombres qui nous accueilleront, αυστηροί, γνώριμοι, αόριστοι φίλοι,
amis austères, familiers et lointains, μ’ ένα χαμόγελο στ’ ανύπαρκτά τους χείλη;
souriant sur de fictives lèvres ?
*
Τουλάχιστον δωπέρα είμαστε μόνοι.
Au moins, ici, nous sommes seuls. Περνάει η μέρα μας, η άλλη ξημερώνει,
Le jour passe, un autre jour se lève, και μες στα μάτια μας διατηρούμε ακόμα
et dans nos yeux, nous avons encore κάτι που δίνει στο πράγμα χρώμα.
ce quelque chose qui donne de la couleur aux choses.
*
Αλλά εκεί κάτου τι να πούμε, πού να πάμε;
Mais là-bas, que dire ? que faire ? Αναγκαστικά ένας τον άλλον θα κοιτάμε,
Nous nous regarderons sûrement, με κομμένα τα χέρια στους αγκώνες,
avec les bras coupés jusqu’aux coudes, ασάλευτοι σαν πρόσωπα σε εικόνες.
impassibles tels des visages sur des images.
*
Αν έρθει κανείς την πλάκα μας να χτυπήσει,
Si l’on vient sur notre sépulture, θα φαντάζεται πως έχουμε ζήσει.
on s’imaginera que nous avons vécu. Αν πάρει ένα τριαντάφυλλο ή αφήσει χάμου,
Et si l’on pose une rose, το τριαντάφυλλο θα ‘ναι της άμμου.
la rose sera de sable.
*
ν ποτέ στα νύχια μας ανασηκωθούμε,
Et si jamais nous nous relevons, τις βίλες του Posilipo θα ιδούμε,
les villas du Pausilippe nous verrons, Κύριε, Κύριε, και το τερραίν του Παραδείσου
Seigneur, Seigneur, où, sur le terrain du Paradis, όπου θα παίζουν cricket οι οπαδοί Σου.
joueront au cricket tes charmants fidèles.
**********************
LA POESIE GRECQUE EN GRECE
Le langage est ce qu’il y a en Grèce de plus antique. C’est un grand charme pour celui qui a voué un culte à l’antiquité grecque d’entendre parler grec autour de lui, de reconnaître dans les conversations d’un guide ou d’un marinier tel mot qu’il n’avait jusque-là rencontré que dans Homère. Il semble alors qu’on est réellement transporté dans la Grèce antique ; on est tenté de dire aux passans, comme Philoctète à ses compatriotes retrouvés dans Lemnos : je veux vous entendre, et de s’écrier comme lui, ô langage bien aimé ! Mais, pour se livrer à ce transport, il faudrait, dira-t-on, que ce langage fût celui des anciens Hellènes, et non pas un dérivé imparfait que défigure une prononciation bizarre. A cela on peut répondre : Quant à la prononciation, il n’y a pas de raison pour que les descendans de Périclès adoptent le système qu’un savant Hollandais a imaginé au XVIe siècle. Du reste la question est délicate et ne saurait être traitée ici. Qu’il suffise d’affirmer que plusieurs règles de prononciation, adoptées par les Grecs modernes, remontent à la plus haute antiquité, et que l’on trouve déjà dans le second siècle de notre ère des exemples de l’iotacisme, c’est-à-dire de ê, ei, oi, prononcés i, bien que l’iotacisme ne paraisse avoir été définitivement et complètement constituée qu’au Xe ou XIe siècle.
…
Dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce, on retrouve quelques vestiges des dialectes qui y furent parlé autrefois. En général, les anciens dialectes grecs ont péri par suite de la conquête, qui les a éteints avec la vie locale des pays subjugués. Cependant ils n’ont pas disparu entièrement ; on retrouve des traces assez nombreuses du dialecte œolien dans la Béotie et la Phocide, et dans un canton montagneux du Péloponèse, la Tzaconie, le dialecte dorien s’est merveilleusement conservé un certain nombre de mots grecs oubliés par le temps ont été remplacés dans l’usage par une autre expression : ainsi, trecho, courir, au lieu de dremo ; au lieu d’artos, pain, psomi. Eh bien ! il arrive que le vieux mot grec oublié se retrouve dans un coin de la Grèce, par exemple dremo dans les villages du Parnasse…
Jean-Jacques Ampère
La poésie grecques en Grèce
Seconde Partie
Revue des Deux Mondes, tome 7, 1844
**********************************
MANUSCRIT « OPTIMISME »
DE Kostas Karyotákis
Αισιοδοξία χειρόγραφο του Κώστα Καρυωτάκη
***
*
Poème de Kostas Karyotákis
Κώστας Καρυωτάκης Έλληνα ποιητή
Οι Δον Κιχώτες πάνε ομπρός και βλέπουνε ως την άκρη
Les Don Quichotte vont de l’avant et regardent au loin του κονταριού που εκρέμασαν σημαία τους την Ιδέα.
la bannière de l’Idée qui danse au bout de la lance. Ιδέα ένα δεν έχουν δάκρυ
Des visionnaires aux yeux ahuris, sans larmes για να δεχτούν ανθρώπινα κάθε βρισιά χυδαία.
pour accepter humainement le vulgaire et la laideur.
*
Σκοντάφτουνε στη Λογική και στα ραβδιά των άλλων
Ils trébuchent sur la Logique et sous le joug d’autrui αστεία δαρμένοι σέρνονται καταμεσίς του δρόμου,
errent, ridicules, sur les routes, ο Σάντσος λέει «δε σ’ το ‘λεγα;» μα εκείνοι των μεγάλων
Sancho dit « Je vous l’avais dit ! » mais, dans leurs grands σχεδίων, αντάξιοι μένουνε και: «Σάντσο, τ’ άλογό μου!»
desseins, ils répondent moqueurs : « Sancho, mon cheval! »
*
Έτσι αν το θέλει ο Θερβάντες, εγώ τους είδα, μέσα
Et, quoi qu’en dise Cervantès, je les ai vus dans στην μίαν ανάλγητη Ζωή, του Ονείρου τους ιππότες
la Vie, chevaliers des Rêves, άναντρα να πεζέψουνε και, με πικρήν ανέσα,
un genoux au sol, dans une joie triste, με μάτια ογρά, τις χίμαιρες ν’ απαρνηθούν τις πρώτες.
les yeux en pleurs, renier leurs toutes premières chimères.
*
Τους είδα πίσω να ‘ρθουνε — παράφρονες, ωραίοι
Je les ai vus revenir – fous, magnifiques ρηγάδες που επολέμησαν γι’ ανύπαρχτο βασίλειο —
rois combattant d’un royaume illusoire – και σαν πορφύρα νιώθωντας χλευαστικιά, πως ρέει,
sentant couler, moqueuse et pourpre, την ανοιχτή να δείξουνε μάταιη πληγή στον ήλιο!
leur blessure futile au soleil !
**********************
LA POESIE GRECQUE EN GRECE
Le langage est ce qu’il y a en Grèce de plus antique. C’est un grand charme pour celui qui a voué un culte à l’antiquité grecque d’entendre parler grec autour de lui, de reconnaître dans les conversations d’un guide ou d’un marinier tel mot qu’il n’avait jusque-là rencontré que dans Homère. Il semble alors qu’on est réellement transporté dans la Grèce antique ; on est tenté de dire aux passans, comme Philoctète à ses compatriotes retrouvés dans Lemnos : je veux vous entendre, et de s’écrier comme lui, ô langage bien aimé ! Mais, pour se livrer à ce transport, il faudrait, dira-t-on, que ce langage fût celui des anciens Hellènes, et non pas un dérivé imparfait que défigure une prononciation bizarre. A cela on peut répondre : Quant à la prononciation, il n’y a pas de raison pour que les descendans de Périclès adoptent le système qu’un savant Hollandais a imaginé au XVIe siècle. Du reste la question est délicate et ne saurait être traitée ici. Qu’il suffise d’affirmer que plusieurs règles de prononciation, adoptées par les Grecs modernes, remontent à la plus haute antiquité, et que l’on trouve déjà dans le second siècle de notre ère des exemples de l’iotacisme, c’est-à-dire de ê, ei, oi, prononcés i, bien que l’iotacisme ne paraisse avoir été définitivement et complètement constituée qu’au Xe ou XIe siècle.
…
Dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce, on retrouve quelques vestiges des dialectes qui y furent parlé autrefois. En général, les anciens dialectes grecs ont péri par suite de la conquête, qui les a éteints avec la vie locale des pays subjugués. Cependant ils n’ont pas disparu entièrement ; on retrouve des traces assez nombreuses du dialecte œolien dans la Béotie et la Phocide, et dans un canton montagneux du Péloponèse, la Tzaconie, le dialecte dorien s’est merveilleusement conservé un certain nombre de mots grecs oubliés par le temps ont été remplacés dans l’usage par une autre expression : ainsi, trecho, courir, au lieu de dremo ; au lieu d’artos, pain, psomi. Eh bien ! il arrive que le vieux mot grec oublié se retrouve dans un coin de la Grèce, par exemple dremo dans les villages du Parnasse…
Jean-Jacques Ampère
La poésie grecques en Grèce
Seconde Partie
Revue des Deux Mondes, tome 7, 1844
**********************************
MANUSCRIT « OPTIMISME »
DE Kostas Karyotákis
Αισιοδοξία χειρόγραφο του Κώστα Καρυωτάκη
***
*
Poème de Kostas Karyotákis
Κώστας Καρυωτάκης Έλληνα ποιητή
Τα παιδάκια που παίζουν
Les petits enfants jouent στ’ ανοιξιάτικο δείλι
dans la scène du printemps – μια ιαχή μακρυσμένη.
bruissement dans le lointain.
*
Τ’ αεράκι που λόγια
La brise chuchote με των ρόδων τα χείλη
aux lèvres des roses ψιθυρίζει και μένει.
La brise chuchote et s’attarde.
*
Τ’ ανοιχτά παραθύρια
Ouvertes sont les fenêtres, που ανασαίνουν την ώρα
qui respirent le temps, η αδειανή κάμαρά μου.
fenêtres de ma chambre vide.
*
Ένα τρένο που θα ‘ρχεται
Un train venu από μια άγνωστη χώρα
d’un pays inconnu τα χαμένα όνειρά μου.
charge mes rêves perdus.
*
Οι καμπάνες που σβήνουν
Le bruit des cloches s’atténue και το βράδυ που πέφτει
et la soirée tombe ολοένα στην πόλη.
sur la ville.
*
Στων ανθρώπων την όψη,
Tombe sur la face des gens, στ’ ουρανού τον καθρέφτη
tombe sur le miroir du ciel στη ζωή μου τώρα όλη.
et tombe sur toute ma vie désormais.
**********************
LA POESIE GRECQUE EN GRECE
Le langage est ce qu’il y a en Grèce de plus antique. C’est un grand charme pour celui qui a voué un culte à l’antiquité grecque d’entendre parler grec autour de lui, de reconnaître dans les conversations d’un guide ou d’un marinier tel mot qu’il n’avait jusque-là rencontré que dans Homère. Il semble alors qu’on est réellement transporté dans la Grèce antique ; on est tenté de dire aux passans, comme Philoctète à ses compatriotes retrouvés dans Lemnos : je veux vous entendre, et de s’écrier comme lui, ô langage bien aimé ! Mais, pour se livrer à ce transport, il faudrait, dira-t-on, que ce langage fût celui des anciens Hellènes, et non pas un dérivé imparfait que défigure une prononciation bizarre. A cela on peut répondre : Quant à la prononciation, il n’y a pas de raison pour que les descendans de Périclès adoptent le système qu’un savant Hollandais a imaginé au XVIe siècle. Du reste la question est délicate et ne saurait être traitée ici. Qu’il suffise d’affirmer que plusieurs règles de prononciation, adoptées par les Grecs modernes, remontent à la plus haute antiquité, et que l’on trouve déjà dans le second siècle de notre ère des exemples de l’iotacisme, c’est-à-dire de ê, ei, oi, prononcés i, bien que l’iotacisme ne paraisse avoir été définitivement et complètement constituée qu’au Xe ou XIe siècle.
…
Dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce, on retrouve quelques vestiges des dialectes qui y furent parlé autrefois. En général, les anciens dialectes grecs ont péri par suite de la conquête, qui les a éteints avec la vie locale des pays subjugués. Cependant ils n’ont pas disparu entièrement ; on retrouve des traces assez nombreuses du dialecte œolien dans la Béotie et la Phocide, et dans un canton montagneux du Péloponèse, la Tzaconie, le dialecte dorien s’est merveilleusement conservé un certain nombre de mots grecs oubliés par le temps ont été remplacés dans l’usage par une autre expression : ainsi, trecho, courir, au lieu de dremo ; au lieu d’artos, pain, psomi. Eh bien ! il arrive que le vieux mot grec oublié se retrouve dans un coin de la Grèce, par exemple dremo dans les villages du Parnasse…
Jean-Jacques Ampère
La poésie grecques en Grèce
Seconde Partie
Revue des Deux Mondes, tome 7, 1844
**********************************
MANUSCRIT « OPTIMISME »
DE Kostas Karyotákis
Αισιοδοξία χειρόγραφο του Κώστα Καρυωτάκη
***
*
Poème de Kostas Karyotákis
Κώστας Καρυωτάκης Έλληνα ποιητή
Θέλω να φύγω πια από δω, θέλω να φύγω πέρα,
Je veux partir maintenant, je veux y aller dès à présent, σε κάποιο τόπο αγνώριστο και νέο,
dans un endroit inconnu et nouveau, θέλω να γίνω μια χρυσή σκόνη μες στον αιθέρα,
Je veux devenir une poussière dorée dans l’éther, απλό στοιχείο, ελεύθερο, γενναίο.
un élément simple, libre, courageux.
*
Σαν όνειρο να φαίνονται απαλό και να μιλούνε
Je veux devenir un doux rêve chuchotant έως την ψυχή τα πράγματα του κόσμου,
à l’âme les choses du monde ωραία να ’ναι τα πρόσωπα και να χαμογελούνε,
aux agréables visages souriant, ωραίος ακόμη ο ίδιος εαυτός μου.
toujours comme je le suis moi-même.
*
Σκοτάδι τόσο εκεί μπορεί να μην υπάρχει, θεέ μου,
Les ténèbres y sont peut-être moins prégnants, mon Dieu, στη νύχτα, στην απόγνωση των τόπων,
que dans nos nuits, dans nos lieux désolés, στο φοβερό στερέωμα, στην ωρυγή του ανέμου,
que dans le terrible hurlement des vents, στα βλέμματα, στα λόγια των ανθρώπων.
que dans les yeux et dans les mots des hommes.
*
Να μην υπάρχει τίποτε, τίποτε πια, μα λίγη
Qu’il n’y ait plus rien, rien d’autre qu’un peu χαρά και ικανοποίηση να μένει,
de joie et de satisfaction qui reste, κι όλοι να λένε τάχα πώς έχουν για πάντα φύγει,
et que tous disent comment ils sont partis et pour toujours, όλοι πως είναι τάχα πεθαμένοι.
car tout le monde est mort.
**********************
LA POESIE GRECQUE EN GRECE
Le langage est ce qu’il y a en Grèce de plus antique. C’est un grand charme pour celui qui a voué un culte à l’antiquité grecque d’entendre parler grec autour de lui, de reconnaître dans les conversations d’un guide ou d’un marinier tel mot qu’il n’avait jusque-là rencontré que dans Homère. Il semble alors qu’on est réellement transporté dans la Grèce antique ; on est tenté de dire aux passans, comme Philoctète à ses compatriotes retrouvés dans Lemnos : je veux vous entendre, et de s’écrier comme lui, ô langage bien aimé ! Mais, pour se livrer à ce transport, il faudrait, dira-t-on, que ce langage fût celui des anciens Hellènes, et non pas un dérivé imparfait que défigure une prononciation bizarre. A cela on peut répondre : Quant à la prononciation, il n’y a pas de raison pour que les descendans de Périclès adoptent le système qu’un savant Hollandais a imaginé au XVIe siècle. Du reste la question est délicate et ne saurait être traitée ici. Qu’il suffise d’affirmer que plusieurs règles de prononciation, adoptées par les Grecs modernes, remontent à la plus haute antiquité, et que l’on trouve déjà dans le second siècle de notre ère des exemples de l’iotacisme, c’est-à-dire de ê, ei, oi, prononcés i, bien que l’iotacisme ne paraisse avoir été définitivement et complètement constituée qu’au Xe ou XIe siècle.
…
Dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce, on retrouve quelques vestiges des dialectes qui y furent parlé autrefois. En général, les anciens dialectes grecs ont péri par suite de la conquête, qui les a éteints avec la vie locale des pays subjugués. Cependant ils n’ont pas disparu entièrement ; on retrouve des traces assez nombreuses du dialecte œolien dans la Béotie et la Phocide, et dans un canton montagneux du Péloponèse, la Tzaconie, le dialecte dorien s’est merveilleusement conservé un certain nombre de mots grecs oubliés par le temps ont été remplacés dans l’usage par une autre expression : ainsi, trecho, courir, au lieu de dremo ; au lieu d’artos, pain, psomi. Eh bien ! il arrive que le vieux mot grec oublié se retrouve dans un coin de la Grèce, par exemple dremo dans les villages du Parnasse…
Jean-Jacques Ampère
La poésie grecques en Grèce
Seconde Partie
Revue des Deux Mondes, tome 7, 1844
**********************************
MANUSCRIT « OPTIMISME »
DE Kostas Karyotákis
Αισιοδοξία χειρόγραφο του Κώστα Καρυωτάκη
***
*
Poème de Kostas Karyotákis
Κώστας Καρυωτάκης Έλληνα ποιητή
Nu credeam sa-nvat a muri vrodata; Pour apprendre à mourir, jamais je ne fis d’étude; Pururi tânar, înfasurat în manta-mi, Toujours jeune, enveloppé dansma toile, Ochii mei naltam visatori la steaua Mesyeuxrêvaientà cette haute étoile : …