POEME D’EDGAR POE
LITTERATURE AMERICAINE
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EDGAR ALLAN POE
1809-1849
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and English text
texte bilingue français-anglais
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EULALIE
1845
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I dwelt alone
Je demeurais seul
In a world of moan,
Dans un monde de gémissements,
And my soul was a stagnant tide,
Et mon âme n’était plus qu’une mare stagnante,
Till the fair and gentle Eulalie became my blushing bride-
Jusqu’à ce que la belle et douce Eulalie devienne ma fiancée
Till the yellow-haired young Eulalie became my smiling bride.
Jusqu’à ce qu’Eulalie, la jeune fille aux cheveux dorés, devienne ma souriante femme.
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Ah, less- less bright
Ah ! Elles n’étaient pas moins brillantes
The stars of the night
Les étoiles de la nuit
Than the eyes of the radiant girl!
Que les yeux de la fille radieuse !
That the vapor can make
Ce que la vapeur peut faire
With the moon-tints of purple and pearl,
Avec les teintes de lune, de pourpre et de perle,
Can vie with the modest Eulalie’s most unregarded curl-
Ne peut rivaliser avec la plus négligeable tresse d’Eulalie
Can compare with the bright-eyed Eulalie’s most humble and careless curl.
Ne peuvent se comparer en Eulalie les yeux brillants et la plus humble et indifférente de ses tresses.
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Now Doubt- now Pain
Maintenant le Doute-maintenant la Douleur
Come never again,
Ne viennent plus jamais,
For her soul gives me sigh for sigh,
Car son âme me pousse à soupirer,
And all day long
Et toute la journée
Shines, bright and strong,
Brille et luit intensément
Astarte within the sky,
Astarté dans le ciel,
While ever to her dear Eulalie upturns her matron eye-
Pendant que la chère Eulalie lève pour toujours son œil vers elle
While ever to her young Eulalie upturns her violet eye.
Pendant que la jeune Eulalie lève pour toujours son œil pourpre vers elle.
EULALIE
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LES PERSONNAGES DE POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
1856
Michel Lévy fr.