Лазурь да глина, глина да лазурь, D’azur et d’argile, d’argile et d’azur Чего ж тебе еще? Скорей глаза сощурь, Que veux-tu d’autre ? Tu plisses les yeux bientôt…
restaurant traditionnel Géorgien situé au sous-sol dans une cave en brique dans le vieux Tbilissi.
« La plupart des domestiques de la maison, profitant du désordre général, s’étaient esquivés, et cherchaient des consolations dans les doukans (cabarets) du voisinage en buvant pour quelques chaours de vin de Kakhétie…
Dimitri fut pris soudain d’un tremblement nerveux : il venait d’entendre à peu de distance chanter par les buveurs des doukans la ballade géorgienne qui lui rappelait tant de malheurs… »
(Le prince Domenti, scènes de la vie géorgienne – Henri Cantel -Revue des Deux Mondes – Tome 40 – 186)2
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KHINKALI ხინკალი
Khinkali kalakouri
Viande : bœuf ou porc
ხორცი – ღორის
Différents Khinkalis dans un restaurant de Tbilissi – სხვადასხვა ხინკალი თბილისში რესტორანში
Il existe une infinité de Khinkali suivant les tavernes et les régions. LA FABRICATION DU KHINKALI
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Le LOBIO ლობიო
Ce sont des haricots servis dans une terrine, assaisonnés de coriandre, noix, ail et oignons. Servi chaud ou froid.
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Le CHAKHOKHBILI
ჩახოხბილი
poulet cuit avec des herbes fraîches et des tomates.
Le poivron rouge ajoute une belle saveur à ce plat.
ქათამი, ახალიr მწვანილი
Poulet, Oignons, Gousses d’ail, Tomates, Coriandre
ქათამი, ხახვი, ნივრის კბილი, პომიდორი, ქინძი
[katami, khakhvi, nivris k’bili, p’omidori, kindzi
Le nom vient de ხოხობი khokhobi, le faisan. Le poulet remplace désormais le poulet.
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PLAT VEGETARIEN
AJAPSANDALI
აჯაფსანდალი
L’Ajapsandali se mange froid ou à température ambiante.
Composition : Aubergine, Oignon, Gousses d’ail, Pommes de terre, Tomates, Poivron rouge, Coriandre, Persil, Aneth, Basilic, huile de maïs ბადრიჯანი, ხახვი, ნივრის კბილი, კარტოფილი, პომიდორი, წითელი წიწაკა, ქინძი, ოხრახუში, კამა, ბასილი, სიმინდის ზეთი
[badrijani, khakhvi, nivris k’bili, k’art’opili, p’omidori, ts’iteli ts’its’ak’a, kindzi, okhrakhushi, k’ama, basili, simindis zeti]
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Khachapuri
ხაჭაპური
Pain au fromage fondant
Œuf , Matsoni – yaourt nature , beurre non salé, Bicarbonate de soude ,Vinaigre
კვერცხი, მაცონი – ან ჩვეულებრივი იოგურტი, კარაქი, საცხობი სოდა, ძმარი
Le Khachapuri est servi chaud et comporte de très nombreuses déclinaisons suivant les régions :
Khatchapuri iméretien (Impérial) იმერული ხაჭაპური [imeruli khachapuri] avec du fromage
khachapuri megruli მეგრული ხაჭაპური [megruli khachapuri] Fromage et jaune d’œufs (ყველი და კვერცხი q’veli da (et) k’vertskhi )
Katchapuri Gourouli croissant avec un œuf dur
Achma, une sorte de Lasagne uniquement avec du fromage râpé, du beurre, du glaçage des oeufs battus à la crème fraiche.
Phenovani, est une sorte de khatchapouri en double triangle ou en carré, feuilleté et bien beurré.
Adjarouli avec du beurre et un œuf -à mélanger et à consommer en y trempant le pain
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Le Shkmeruli
შქმერული
Le Shkmeruli est l’un des plats les plus populaires et les plus demandés dans les restaurants géorgiens. Le nom du vient du village de Shkmeri შქმერის, dans la région de Racha-Lechkhumiplat (village situé à 60 kilomètres au nord-est de Kutaïssi ) Shkmeruli est un plat de poulet cuit dans une sauce spéciale épicée à l’ail et au lait, souvent cuit à la poêle.
Sauce à la noix, huile de noix, oignons, ail, coriandre
კაკლის სოუსი, კაკალი ზეთი, ხახვი, ნიორი, ქინძი
[k’ak’lis sousi, k’ak’ali zeti, khakhvi, niori, kindzi]
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MCHADI
pain de maïs géorgien avec du fromage, eau
პური, ყველი, წყალი
[puri – qveli – ts’q’ali ]
Farine de maïs
სიმინდის ფქვილი
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CHAKAPULI ჩაქაფული
Viande d’agneau, Oignon vert, Ail vert, Coriandre, Persil, Aneth, Estragon, Prunes vertes
ხორცი, ცხვარი, მწვანე ხახვი, მწვანე ნიორი, ქინძი, ოხრახუში, კამა, ტარხუნი, მწვანე ქლიავი
[khortsi, tskhvari, mts’vane khakhvi, mts’vane niori, kindzi, okhrakhushi, k’ama, t’arkhuni, mts’vane kliavi]
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KUCHMACHI
კუჭმაჭი
Le Kuchmachi est servi froid et est réalisé avec des abats cuits à l’eau de porc (ღორის გულ-ღვიძლი Cœur de porc) (ღორის ქონი ან კარაქი graisse de porc ou beurre), de volailles, du coriandre, safran, oignons hachés ( თავი ხახვი), vinaigre, coriandre séchée ( ხმელი ქინძი ), ail (gousses d’ail კბილი ნიორი ), graines de grenade ( ცალი ბროწეული ) , de l’eau (წყალი), de la sarriette séchée (ხმელი ქონდარი ), des feuilles de laurier ( ცალი დაფნის ფოთოლი), du poivre noir (დაფქული შავი პილპილი).
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GURMANIA
გურმანია
Bœuf ou agneau, pomme de terre, tomate, aubergine, carotte, oignon, ail, laurier, sel, piment rouge amer, herbes
საქონლის ან ცხვრის ხორცი, კარტოფილი, პომიდორი, ბადრიჯანი, სტაფილო, ხახვი, ნიორი, დაფნის ფოთოლი, მარილი,წითელი მწარე წიწაკა,მწვანილი
[sakonlis an tskhvris khortsi, k’art’opili, p’omidori, badrijani, st’apilo, khakhvi, niori, dapnis potoli, marili,ts’iteli mts’are ts’its’ak’a,mts’vanili]
Le Khashlama est un plat simple de bœuf bouilli agrémenté de persil originaire de La Kakhétie კახეთი – Région à l’est de Tbilissi.
Le Khashlama se retrouve généralement dans les fêtes kakhétiennes. Dans les régions montagneuses orientales de la Géorgie (Tusheti, …), le Khashlama est un plat d’agneau.
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AUBERGINE AUX NOIX
Badrijani nigvziti ბადრიჯანი ნიგვზიტი
Aubergine, Noix, ail ბადრიჯანი, თხილი, ნიორი
[badrijani, tkhili, niori]
Le Badrijani nigvzit est servi froid (ცივი – tsivi) et se présente comme des rouleaux d’aubergine (badrijani) qui ont été préalablement poêlés dans de l’huile d’olive. Ces rouleaux sont farcis d’un mélange onctueux de noix (თხილი tkhili) préalablement concassées, d’ail (ნიორი niori), d’oignons grillés (ხახვი khakhvi)
Il s’agit d’une soupe épaisse originaire de Mingrélie. Souvent à base de bœuf, riz, prunes, des épices.
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ODJAKHURI ოჯახური
Odjakhuri est un plat géorgien populaire avec de la viande rôtie et des pommes de terre.
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KHBOS GHVIDZLI – KHBOS GULI
ხბოს ღვიძლი და ხბოს კეციზე
FOIE ET COEUR DE VEAU SUR KETSI
khbos ghvidzli da khbos guli
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KUPATI
კუპატი
Le Kupati se présente sous la forme de saucisses attachées par leur extrémité. Elles sont faites avec des intestins de porc (ღორის ნაწლავი Ghoris natslavi) oignons hachés (თავი ხახვი tavi khakhvi), des gousses d’ail (კბილი ნიორი kbili niori), de la sarriette séchée (ხმელი ქონდარი khmeli kondari), de la coriandre séchée (ხმელი ქინძი khmili kindzi), sel et poivre (მარილი marili პილპილი – pilpili)
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სოკო კეცზე
CHAMPIGNONS FRITS
Soko Ketsze
Plus fin encore que les excellents სოკო კეცზე, goûtez les goûteux chashushuli soko
Chashushuli Soko
ჩაშუშული სოკო « Ragoût de champignons »
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შემწვარი მწყერი
LA CAILLE FRITE
SHEMTSVARI MTSQERI
La caille frite doit être placée sur la table. Elle est souvent découpée en deux et servie avec des feuilles de salade et du persil.
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PLAT ADZHARIEN
ADZHARIE აჭარის
BATOUMI ბათუმი
SINORI
სინორი
Nous trouvons une multitude de préparation et de présentation, notamment en Adzharie . C’est dans cette région et à Batoumi où nous trouvons presque exclusivement le Sinori.
Réalisé avec du Lavash Arménien (სომხური ლავაში somkhuri lavashi) beurre ( კარაქი karaki), du natugi ნადუღი (fromage à la consistance douce et homogène), facultativement avec de l’ail (კბილი ნიორი(სურვილისამებრ), de l’eau (წყალი tsqali), du sel (მარილი marili).
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LE SEL DE SVAN
სვანური მარილი
svanuri marili
Originaire de Svanétie სვანეთი – Nord-ouest de la Géorgie (entre Abkhazie et Ossétie du Sud)
Désormais très répandu dans toute la Géorgie
Le Sel de Svan est un ingrédient, un mélange d’épices, pour la cuisson des plats, qui est utilisé dans la cuisine géorgienne.
Il est réalisé principalement avec du sel (მარილი marili), de l’ail (ნიორი niori), du poivre rouge ( წითელი წიწაკა tsiteli tsitsaka ), coriandre séchée (ხმელი ქინძი khmeli kindzi)
Farine de steak en tranches (ჭყინტი ყველი ან სულგუნი), Sulguni (სულგუნი), Farine de maïs ( სიმინდის ფქვილი simindis pkvili ) œuf (კვერცხი kvertshki), huile (ზეთი zeti)
Le SULGUNI est un fromage originaire de la région de Samegrelo (La Mingrélie-Haute Svanétie (სამეგრელო-ზემო სვანეთი), au pied de la chaîne montagneuse du Caucase avec Zougdidi ზუგდიდი comme capitale.Le Sulguni modérément salé, acide. La consistance est très élastique.
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LES POISSONS
თევზი
TEVZI
LE MULET
Kéfali
Le mulet grillé, spécialité du littoral de la Mer Noire. Le plat peut être aromatisé de basilic, d’ail ou d’olives vertes.
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BROCHETTES DE FOIE
ღვიძლის მწვადი
ghvidzlis mts’vadi
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ENTREE
salati p’omidori da k’it’ri
სალათი პომიდორი და კიტრი
Salade de tomates et de concombres
Petits pains européens
ევროპული ფუნთუშა
[evrop’uli puntusha]
Pain à la Provençale
« Provence Française »
ფრანგული პროვანსალი
[pranguli p’rovansali]
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LE COCHON ღორის
ghoris
LA VIANDE DE COCHON ღორის ხორცი
ghoris khortsi
Un incontournable des restaurants Géorgiens et des marchés.
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LES FROMAGES ყველი
Kveli
LE SULGUNI
სვანეთი
Se trouve dans de nombreux plats de cuisines géorgiennes. Le SULGUNI est un fromage originaire de la région de Samegrelo (La Mingrélie-Haute Svanétie (სამეგრელო-ზემო სვანეთი), au pied de la chaîne montagneuse du Caucase avec Zougdidi ზუგდიდი comme capitale.Le Sulguni modérément salé, acide. La consistance est très élastique.
LE FROMAGE D’IMERETHIE
(Région de Koutaïssi) იმერეთის ყველი
Fromage sec servi dans les restaurants découpé en tranche.
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LE PETIT DEJEUNER
საუზმე
Sauzme
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LES DESSERTS
PELAMUSHI
ფელამუში
Le Pelamushi est une bouillie de dessert géorgienne à base de jus de raisin condensé pressé (badagi – ბადაგი). Réalisé avec de la farine de maïs (სიმინდის ფქვილი simindis pkvili) C’est un des desserts préférés des Géorgiens.
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TCHOURTCHKHELA
ჩურჩხელა
Soutzoukos
confiserie traditionnelle géorgienne
Le Tchourtchkhela ressemble à une bougie ou à une saucisse que l’on trouve suspendu sur les étales. En automne il est fabriqué lorsque le raisin,la noix sont récoltées.
Il s’agit d’un enfilement de noix trempés dans du jus de raisin et épaissies avec de la farine, puis le tout est séché au soleil.
Il est doux et peu sucré. Les géorgiens en consomment toute la journée.
Les TCHOURTCHKHELA suspendus sur les étales des marchés – Ici un marché de nuit de Tbilissi
Les TCHOURTCHKHELA découpés
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BAKLAVA
ბაკლავა
BAKLAVA GEORGIEN ქართული ბაკლავა & BAKLAVA D’AZEBAÏDJAN
Le Baklava Géorgien (le noir sur la photo) est moins sucré que le Baklava d’Azerbaïdjan que l’on trouve aussi à Tbilissi.
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DIGESTIF
LE CHACHA
ჭაჭა
Marc géorgien traditionnel
Blanc et fort, fait à base de raisin
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LE VIN ROUGE წითელი ღვინო
Tsiteli Ghvino
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LE VIN BLANC თეთრი ღვინო
Tetri Ghvino
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LA BIERE
ლუდი
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არგო ლუდი
Argo Ludi
Bière Argo
Bière fabriquée en Géorgie
Argo consommée à Kutaïsi
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ზედაზენი ლუდი
LA BIERE ZEDAZENI
Bière de la région de Mtskheta, au nord de Tbilissi
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UNE EAU GAZEUSE D’EXCEPTION
LA BORJOMI ბორჯომში
Bordjomi est située en Samtskhé-Djavakhétie. Cette eau est naturellement riche en hydrocarbonate de sodium
LA GEORGIE
DANS LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE
D’ALEMBERT & DIDEROT
1757
GÉORGIE, (Géog.) pays d’Asie qui fait partie de la Perse entre la mer Noire & la mer Caspienne.
La Géorgie est bornée au nord par la Circassie, à l’orient par le Daghestan & le Schirvan, au midi par l’Arménie, & au couchant par la mer Noire. Elle comprend la Colchide & l’Ibérie des anciens, tandis que le Daghestan & le Schirvan forment à-peu-près l’ancienne Albanie.
Elle est divisée par les montagnes en deux parties : l’une orientale où sont les royaumes de Caket au nord, & de Carduel au midi ; l’autre occidentale qui comprend au nord les Abcasses, la Mingrélie, l’Imirete & le Guriel ; tout ce pays est nommé Gurgistan par les orientaux. La riviere de Kur le traverse, & elle porte bateau, ce qui n’est pas commun aux rivieres de Perse. Téflis capitale de la Georgie, est au 83d. de long. & au 43d. de lat.
Cette vaste région pour la possession ou la protection de laquelle les Persans & les Turcs ont si longtems combattu, & qui est enfin restée aux premiers, fait un état des plus fertiles de l’Asie. Il n’en est guere de plus abondant, ni où le bétail, le gibier, le poisson, la volaille, les fruits, les vins soient plus délicieux.
Les vins du pays, surtout ceux de Téflis, se transportent en Arménie, en Médie & jusqu’à Ispahan, où ils sont réservés pour la table du Sophi.
La soie s’y recueille en quantité ; mais les Géorgiens qui la savent mal apprêter, & qui n’ont guere de manufactures chez eux pour l’employer, la portent chez leurs voisins, & en font un grand négoce en plusieurs endroits de Turquie, surtout à Arzeron & aux environs.
Les seigneurs & les peres étant maîtres en Géorgie de la liberté & de la vie, ceux-ci de leurs enfans, & ceux-là de leurs vassaux ; le commerce des esclaves y est très considérable, & il sort chaque année plusieurs milliers de ces malheureux de l’un & de l’autre sexe avant l’âge de puberté, lesquels pour ainsi dire, se partagent entre les Turcs & les Persans qui en remplissent leurs serrails.
C’est particulierement parmi les jeunes filles de cette nation (dont le sang est si beau qu’on n’y voit aucun visage qui soit laid), que les rois & les seigneurs de Perse choississent ce grand nombre de concubines, dont les orientaux se font honneur. Il y a même des défenses très-expresses d’en trafiquer ailleurs qu’on Perse ; les filles georgiennes étant, si l’on peut parler ainsi, regardées comme une marchandise de contrebande qu’il n’est pas permis de faire sortir hors du pays.
Il faut remarquer que de tout tems on a fait ce commerce ; on y vendoit autrefois les beaux garçons aux Grecs. Ils sont, dit Strabon, plus grands & plus beaux que les autres hommes, & les géorgiennes plus grandes & plus belles que les autres femmes. Le sang de Géorgie est le plus beau du monde, dit Chardin : la nature, ajoûte-t-il, a répandu sur la plûpart des femmes des graces qu’on ne voit point ailleurs ; & l’on ne trouve en aucun lieu ni de plus jolis visages, ni de plus fines tailles que celles des géorgiennes ; mais, continue-t-il, leur impudicité est excessive.
On voit en Géorgie des Grecs, des Juifs, des Turcs, des Persans, des Indiens, des Tartares & des Européens. Les Arméniens y sont presqu’en aussi grand nombre que les naturels même. Souverainement méprisés ils remplissent les petites charges, font la plus considérable partie du commerce de Géorgie, & s’enrichissent aux dépens du pays.
Quoique les mœurs & les coûtumes des Géorgiens soient un mélange de celles de la plûpart des peuples qui les environnent, ils ont en particulier cet étrange usage, que les gens de qualité y exercent l’emploi de bourreau ; bien loin qu’il soit réputé infame en Géorgie, comme dans le reste du monde, c’est un titre glorieux pour les familles.
Les maisons des grands & les lieux publics sont construits sur le modele des édifices de Perse, mais la plûpart des églises sont bâties sur le haut des montagnes, en des lieux presqu’inaccessibles ; on les salue de loin, & on n’y va presque jamais : cependant il y a plusieurs évêques en Géorgie, un archevêque, un patriarche ; & c’est le viceroi, autrement dit gorel, nommé par le sophi, & toûjours mahométan de religion, qui remplit les prélatures.
Voilà le précis de ce que j’ai lû de plus curieux sur la Géorgie dans Chardin, Tavernier, Thévenot, Tournefort & la Motraye, & ce précis m’a paru digne d’avoir ici sa place. (D J.)
Le siège de Lisbonne O Cerco de Lisboa Alfredo Roque Gameiro 1917
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« Posto que a rica Arábia e que os ferozes « Depuis que la riche Arabie et que les féroces Eníocos e Colcos, cuja fama Hénioques et Colchidiens, rendus célèbres…
Obiit autem, ut opinio fuit, fraude Tiberi, ministerio et opera Cn. Pisonis : Les causes de sa mort furent attribuées aux rusesde Tibère, aidé et encouragéparPison : qui sub idem tempus Syriae praepositus, nec dissimulans offendendum sibi aut patrem aut filium, quasi plane ita necesse esset, etiam aegrum Germanicum grauissimis uerborum ac rerum acerbitatibus nullo adhibito modo adfecit; Pison,gouverneur de Syrie, dans le même temps ne dissimulait pas son oppositionau père ouau fils, et avec force il ne cessa jamais de montrer une hostilitéamèreenvers Germanicusen paroles etde la nuisance dans ses actes ; propter quae, ut Romam rediit, paene discerptus a populo, a senatu capitis damnatus est. à ce titre, quand il revint à Rome, il fut presquemis en piècespar le peuple, fut condamné à mortpar le sénat.
Germanicus, C. Caesaris pater, Drusi et minoris Antoniae filius, a Tiberio patruo adoptatus, quaesturam quinquennio ante, quam per leges liceret, et post eam consulatum statim gessit : Germanicus, père de Caius Julius César Caligula,fils deDrususetla jeuneAntonia, par son oncle paternelTibère fut adopté, puis responsable de la questure cinq ansavant l’âge légalet puis occupa le poste au consulat : missusque ad exercitum in Germaniam, excessu Augusti nuntiato, legiones uniuersas imperatorem Tiberium pertinacissime recusantis et sibi summam rei p. deferentis incertum pietate an constantia maiore compescuit ;
il fut envoyé àl’arméeen Germanie, et quand la mort d’Augustefut annoncée, toutes les légionsrefusèrent obstinémentà reconnaître Tibèreempereur et lui déféraient le plus haut commandement, mais avec une grande constance il les contint ; atque hoste mox deuicto triumphauit. et l’ennemifutvaincu, et bientôt il triompha. Consul deinde iterum creatus ac prius quam honorem iniret ad componendum Orientis statum expulsus, cum Armeniae regem deuicisset, Cappadociam in prouinciae formam redegisset, annum agens aetatis quartum et tricensimum diuturno morbo Antiochiae obiit, non sine ueneni suspicione. Consulpour la deuxième fois, avant même sa prise de poste, ilcourutpour rétablir l’ordreen Orient, donna un roien Arménieet réduisit la Cappadoceà la taille d’une province, d’unelongue maladie,à Antioche, il mourut, dans sa trente-quatrièmeannée, non sans quelques soupçons d’empoisonnement. Nam praeter liuores, qui toto corpore erant, et spumas, quae per os fluebant, cremati quoque cor inter ossa incorruptum repertum est, cuius ea natura existimatur, ut tinctum ueneno igne confici nequeat. Car, outreles taches sombresqui apparaissaientsur tout le corps, etde la mousse sur la bouche, et bien que réduit en cendres,son cœura été retrouvé intact au milieu de sesos, et il se dit que ce quibaigne dansle poisonne peut êtredétruit.
България – Български
Peyo Yavorov
Черна песен – Димчо Дебелянов
Traduction – Texte Bilingue
Превод – показване на два текста
LITTERATURE BULGARE POESIE BULGARE
българската поезия
българска литература
Peyo Yavorov
Пейо Яворов
1878 – 1914
български поет
Poète Bulgare
Арменци
ARMENIENS
Посветено на жертвите на арменския геноцид Dédié aux victimes du génocide arménien
Изгнаници клети, отломка нищожна Exilésmisérables,fragments insignifiants от винаги храбър народ мъченик, ces martyrs toujourscourageux дечица на майка робиня тревожна enfantsd’unemère esclavesoucieuse à jamais и жертви на подвиг чутовно велик – et victimes d’unlégendaireexploit– далеч от родина, в край чужди събрани, loin de leurs maisonsenterres étrangèrerecueillis изпити и бледни, в порутен бордей, pâles, épuisés dans un cloaque délabré, те пият, а тънат сърцата им в рани, ils boivent, etlanguissent une plaie au cœur и пеят, тъй както през сълзи се пей. et ils chantent, mais une larme est tombée dans leurs chants. *
Те пият… В пиянство щат лесно забрави Ils boivent…Dans l‘ivresse, ils espèrent trouver l’oubli предишни неволи и днешни беди,
des malheurspassés et des ennuisdu jour, в кипящото вино щат спомен удави,
le vinbouillonnantun instant noiera la mémoire заспа ще дух болен в разбити гърди; l’esprit lourd le sommeil arrivera enfin ; глава ще натегне, от нея тогава
dans la tête fracassée alors изчезна ще майчин страдалчески лик
le visage de la mère martyrisée s’amenuise и няма да чуват, в пияна забрава, etils ne pourront plus entendredans leurs ivresses, за помощ синовна всегдашния клик. les appels lancés désespérément.
*
Кат гонено стадо от някой звяр гладен, Comme untroupeau par une bête affamée, разпръснати ей ги навсякъде веч – disperséspartoutils errent– тиранин беснеещ, кръвник безпощаден,
le furieuxtyran, boucher impitoyable, върху им издигна за всякога меч; son épéepour toujours levée ; оставили в кърви нещастна родина, dans l’abandon dans le sang dela patriemalheureuse оставили в пламък и бащин си кът, dans l’abandon dans les flammesdes maisons de leurs pères немили-недраги в далека чужбина, sans-abriset sans amisau-loin si loin един – в механата! – открит им е път. dans la taverne ! –Ils ont trouvé un havre.
*
Те пеят.. И дива е тяхната песен, Ils chantent..et sauvageestla chanson, че рани разяждат ранени сърца,
les plaies rongent cescœurs blessés че злоба ги дави в кипежа си бесен que la colère noie dans une furieuseexubérance и сълзи изстисква на бледни лица… et les larmes des visages pâlis passent… Че злъчка препълня сърца угнетени, De fureur abondantele cœuroppressé, че огън в главите разсъдък суши, et le feudans les tête a brûlé la raison че молния свети в очи накървени, la foudre éclaire cesyeuxravagés, че мъст, мъст кръвнишка жадуват души.
la vengeance appelle l’âme sans cesse.
*
А зимната буря им сякаш приглася, Une tempêted’hiverse mêle aux chants, бучи и завива страхотно в нощта
qui rugit, se déchaîne dans la nuit и вихром подема, издига, разнася
et les échos de la rébellion se propagent бунтовната песен широко в света. chansonrebelleaux quatre coins du monde. И все по-зловещо небето тъмнее, siinquiétante qu’elle en assombritle ciel, и все по се мръщи студената нощ, et refroidit la nuitla rendant terrifiante и все по-горещо дружината пее, etdu chant plus vigoureux encore и буря приглася с нечувана мощ…
la tempête à la voix se mélange et chante…
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Те пият и пеят… Отломка нищожна Ils boiventet chantent…épavesvides от винаги храбър народ мъченик, ces martyrs toujourscourageux дечица на майка робиня тревожна enfantsd’unemère esclavesoucieuse à jamais и жертви на подвиг чутовно велик – et victimes d’unlégendaireexploit– далеч от родина, и боси, и голи, loin de leurs maisonsenterres étrangèrerecueillis в край чужди събрани, в порутен бордей, pâles, épuisés dans un cloaque délabré, те пият – пиянство забравя неволи, ils boivent, etlanguissent une plaie au cœur и пеят, тъй както през сълзи се пей. et ils chantent, mais une larme est tombée dans leurs chants.
Հայոց Ցեղասպանություն
LE GENOCIDE AMENIEN (1915-1916) LE MEMORIAL DU GENOCIDE ARMENIEN PAR TOROS R. (Aix-en-Provence)
LES CONVOIS
DE LA MORT
Après le Déluge, la barque de Noé retrouve la terre ferme sur le Mont Ararat (Արարատ), symbole national arménien. Ararat se retrouve désormais dans le district turc de Daroynk (Դարոյնք). Mais d’autres déluges, naturels et humains, sont là qui attendent de balayer la nation Arménienne.
« Il y a tellement de choses à raconter » lâche un rescapé du Génocide Arménien dans le film de Laurence Jourdan. Il y a tellement à dire que les mots se retrouvent à ne plus vouloir sortir devant l’immensité de l’horreur. Comment parler du Mal ? Comment parler de ses proches qui sont tombés devant soi ? Mais les mots finissent par sortir. Toutes les oreilles n’entendent pas encore, mais les mots sont là. Même de la bouche de Saha, à qui l’on avait tranchée la gorge, les mots sortent. Et les visions d’horreur se succèdent. L’Enfer est là. Des hommes ont commis de tels actes. L’homme centenaire se lève et évoque comment il dormait debout dans ce chaos. Se coucher s’était mourir. Comment dans les corps égorgés qui flottaient et qu’il voyait se trouvait peut-être celui de son père. Le choc est là. Entre les corps égorgés et jetés dans les rivières, ceux affamés découpés par les aigles et les chacals, ceux jetés dans les précipices, ou simplement abattus comme des chiens, ceux vendus comme esclaves et ceux entassés sous des amas de corps, parfois encore en vie. Ces massacres sont ceux d’une horreur de notre histoire, à nous humains, de l’Horreur, dans une Anatolie démembrée et chaotique au cœur d’un monde plongé dans la première guerre mondiale. Une horreur dans le chaos du monde.
Certains auront la chance de survivre à l’indicible comme les 4200 sauvés par l’Amiral Dartige du Fournet, avec son croiseur Guichen, dans la pointe nord de la Baie d’Antioche en 1915. Les rescapés seront sauvés et verront enfin le bout du tunnel à Port-Saïd, mais garderont les stigmates de l’horreur à jamais dans leur chair et dans leurs nuits. Ce sauvetage ne lavera pas l’inaction des grandes puissances mais participera à la reconnaissance par le monde entier, sauf de la Turquie, du génocide.
« Il y a tellement de choses à raconter » et il faut les raconter. C’est arrivé aux portes de l’Europe, un déferlement inouï de haines et de violences sur ces Arméniens des six provinces qui se transforment en de terribles Provinces-abattoirs, comme le soulignera Leslie A. Davis (La province de la mort).
A Alep, en Syrie, est né, le 12 décembre 1934, le sculpteur Toros R. pour Toros Rast-klan né Toros Rasguelénian. A Alep, nœud de l’horreur génocidaire, où les déportés arméniens survivants épuisés se retrouvaient, ceux de l’Anatolie Occidentale, après avoir transité par Konya puis Bozanti, ceux de l’est et du sud-est passés par Ra’s al-‘Ayn ( رأس العي), ceux du nord, ceux de Sivas (Սեբաստիա) , de Kharpout (Խարբերդ), ou de Muş (Մուշ) qui traversèrent le camp de transit de Malatya (Մալաթիա) . A Alep, l’horreur ne finit pas. La route des supplices continue. Les rares survivants n’auront toujours pas fini leur calvaire. Ils repartiront, les uns vers le désert de Syrie, les autres vers celui de Mésopotamie.
Nous sommes en pleine guerre et de nombreux wagons sont réquisitionnés par l’armée. Mais le plan de déportation est établi et scrupuleusement respecté par les autorités. Les Arméniens partiront, à pied jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le Comité d’Union et Progrès de Constantinople établira même son centre opérationnel à Erzeroum (Կարին) afin de mieux planifier et contrôler le bon déroulement des déportations. Ce comité n’ayant pas trouvé de réelle solution finale que trouveront quelques années plus tard les nazis. La solution sera donc, in fine, l’épuisement des corps. Mais le corps résiste. Et la vie s’acharne quelquefois contre le plan systématique des Turcs.
Entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, la population arménienne d’Anatolie a été massacrée, torturée, déplacée entre 1915 et 1916, perdant près des 2/3 de ces membres.
Le film de Laurence Jourdan, Le Génocide Arménien, s’ouvre sur un vieil arménien de 101 ans, Artem Ohanian, qui raconte : « Les Arméniens ont été tués comme des moutons. Nous avons été persécutés de diverses manières. On nous a éliminés avec toutes sortes d’armes. Les Turcs nous traitaient de traîtres d’infidèles. Qu’avions nous fait ? Quelle faute avions-nous commis? »
Au milieu des empires, au milieu des turbulences de la guerre, du bouleversement des alliances, les Arméniens se retrouvent seuls dans une Arménie elle-même déchirée entre le Caucase et l’Anatolie, entre Erevan (Երևան) et Van (Վան). L’arménien est la seule langue indo-européenne dite agglutinante. L’Arménie agglutine aussi de nombreux handicaps. Il y a plus aujourd’hui d’arméniens dans la diaspora que dans le pays lui-même, indépendant depuis 1991. Il est enclavé entre trois acteurs majeurs : les Turcs, les Russes et les Perses. Le peuple arméniens a subi les occupations multiples et incessantes, des Partes, des Arabes, des Byzantins, des Mongols, des Perses, des Ottomans, des Russes, puis des Soviétiques. Des tremblements de terre meurtriers dont le dernier a fait 30 000 morts.
Les Arméniens, différents par la culture, la religion, un christianisme monophysite que l’on retrouve en Ethiopie, où le Fils à une seule nature divine, la langue, mélange de grec et d’araméen, cristallisent les vexations, les rancœurs des turcs depuis le démantèlement de leur territoire enclenché depuis leur échec à Vienne. Et peu importe si les Arméniens participent de plus en plus à la vie du pays, voire au gouvernement, peu importe s’ils sont nombreux à participer entre décembre 1914 et janvier 1915 à la bataille de Sarikamis afin de reprendre la ville de Kars (Ղարս) aux Russes. Peu importe si Enver Pacha, ministre de la guerre et généralissime de l’armée impériale écrit à l’Evêque de Konya, le 26 février 1915 : « les soldats arméniens ottomans remplissent consciencieusement leurs devoirs sur le théâtre de la guerre, ce que j’ai pu constater de ’visu’. Je vous prie donc de transmettre l’expression de ma satisfaction et de ma gratitude à la nation arménienne, connue de tous temps par son attachement au gouvernement impérial ottoman. »
Les préjugés sont là, tenaces. La population turque musulmane subissant des vexations militaires, des démembrements successifs, les pressions de l’Entente dans les Dardanelles, la pression des russes sur le Caucase entendront et verront les quelques arméniens qui se rallient aux russes ou ceux qui s’opposent à l’injustice de l’impôt sur les non-musulmans et à l’inégalité en droit des communautés religieuses. Il faut un bouc-émissaire afin de ressouder le sentiment national. Tous les Arméniens deviendront des traîtres et des ennemis.
Déjà entre 1894 et 1896, le panislamisme d’Abdülhamid II donne un avant-goût du génocide avec le massacre de 250000 arméniens. En 1908, suite à l’arrivée au pouvoir du mouvement Jeunes-Turcs, et à la victoire des unionistes sur les fédéralistes libéraux, 25000 arméniens de Cilicie sont massacrés à Adana. Il faut purifier la Turquie en éliminant tous les infidèles. Il faut désormais turquifier l’Anatolie. Les minorités n’ont plus leur place. Il faut les déplacer et les délocaliser. Viendra le moment des grandes déportations où les arméniens, souvent à pied, subiront le calvaire, les exécutions, les attaques des kurdes, la famine et la mort.
A Aix-en-Provence, entre deux lieux importants et très fréquentés, la Place du Général de Gaule et la Place François Villon pour les aixois, au bout du célèbre Cours Mirabeau, se trouve dans un endroit calme et reposant la statue de Toros, le mémorial aux victimes du génocide Arméniens de 1915. Sur un socle imposant, l’homme est à genoux, la tête inclinée. La vie est encore là. La chemise déchirée, les genoux écartés, l’homme reste stable et une puissance émane du corps. Le corps, à l’image de la nation arménienne, résiste, contre toutes les atrocités, les combats et les coups du sort. La résistance est là et les bras se lèvent. L’homme épuisé ne baisse pas les bras. Au contraire. Il luttera jusqu’à son dernier souffle.
Une sculpture digne et belle, comme peut être beau, dans sa grandeur, ce sentiment de dépassement. Alors que frappe le tortionnaire, la victime se grandit. Après le long calvaire et le long cheminement vers la mort, les arméniens et les arméniennes finissent par tomber. Mais le poing est là qui se tend. Il faut regarder devant, maintenant, sans oublier le passé douloureux. « Il faut savoir, coûte que coûte, Garder toute sa dignité Et, malgré ce qu’il nous en coûte, S’en aller sans se retourner Face au destin qui nous désarme. » (Charles Aznavour, Il faut savoir)
Le pope revêt ses ornements. Il quitte son chapeau sans bord, haut de forme et de toit pointu, puis il couvre son chef d’une drôle de tiare. On apporte de l’eau ; il verse l’eau dans le plat et, dans cette eau, jette de la sciure de bois. Ce n’est tout de même pas ce qui peut ouvrir les yeux de l’ensorcelée !
On attaque les prières. Avec ses doigts, le pope semble parler à des sourds-muets. Les folles officielles, couchées dans la salle, le regardent avec grand intérêt. L’une, même, l’accompagne comme sur un harmonium car, maintenant, le pope chante.
L’Arménienne chante aussi, mais une autre chanson. Alors l’homme à la tiare lui jette à la figure son eau à la sciure. Puis il se précipite sur l’encensoir. Mais c’est le mari qui a les allumettes. Nerveux, le mari rate la première suédoise. Cela agace l’officiant. Enfin, l’encensoir fume. L’officiant qui a chaud encense l’Arménienne qui crie de plus belle, sans doute parce qu’elle est mouillée.
C’est fini.
Cela n’a pas réussi.
Le démon a tenu bon.
On reficelle la démente.