Archives par mot-clé : arc-en-ciel

BONNE NUIT ! Poème de GOETHE – GUTE NACHT !

LITTERATURE ALLEMANDE
Goethe Traduction
Deutsch Poesie – Poésie Allemande

Traduction Jacky Lavauzelle

Johann Wolfgang von Goethe
1836 – 1870


Portrait de Joseph Karl Stieler – 1828

__________________________________

GUTE NACHT!
BONNE NUIT !

_________________________________________

Arkhip Kouïndji, Arc en ciel, 1900-1905

*******


Nun, so legt euch, liebe Lieder,
Eh bien, allongez-vous, ô chères chansons,
An den Busen meinem Volke!
Sur la poitrine de mon peuple !
Und in einer Moschuswolke
Et, dans un nuage de musc,
Hüte Gabriel die Glieder
Que Gabriel garde les membres
Des Ermüdeten gefällig,
Du poète fatigué,
Daß er frisch und wohlerhalten,
Qu’il reste frais et en bon état,
Froh, wie immer, gern gesellig,
Heureux, comme toujours, sociable,
Möge Felsenklüfte spalten,
Pour pouvoir fendre les falaises,
Um des Paradieses Weiten
Traverser l’immensité du paradis
Mit Heroen aller Zeiten
Avec des héros de tous les temps
Im Genusse zu durchschreiten,
Traverser dans la joie,
Wo das Schöne, stets das Neue,
Où le beau, toujours nouveau,
Immer wächst nach allen Seiten,
Toujours s’accroît de tous côtés,
Daß die Unzahl sich erfreue.
Qu’une myriade de gens s’amuse.
Ja, das Hündlein gar, das treue,
Oui, le petit chien, si fidèle,
Darf die Herren hinbegleiten.
Pourra accompagner ses maîtres.

********

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-6.jpg.

ALEXANDRE POUCHKINE (1824) À LA MER – К морю

*

Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE 1824
pushkin poems
стихотворение  – Poésie
 Пушкин 

 

 

POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

 

LA POESIE DE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА
Пушкин 


À LA MER

  1824
К морю
**

***

Ivan Aïvazovski
Иван Константинович Айвазовский
Arc en ciel
Радуга
Galerie d’État Tretiakov – Moscou
Государственная Третьяковская Галерея

*****

 

 

Прощай, свободная стихия!
Adieu, élément libre !
В последний раз передо мной
Pour la dernière fois devant moi
Ты катишь волны голубые
S’allongent tes vagues bleues…

DISPONIBLE SUR AMAZON

И блеск, и тень, и говор волн.
Tes scintillements et tes ombres, et le ressac de tes vagues.

 

 

*****************

 

**********

ALEXANDRE POUCHKINE
1824  

********

LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

*****

*****************

Aus alten Mährchen HEINE INTERMEZZO LYRIQUE XLIV

INTERMEZZO LYRIQUE
Heinrich Heine
Aus alten Mährchen
DES CONTES ANCIENS

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Aus alten Mährchen
DES CONTES ANCIENS




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
XLIV

Aus alten Mährchen

 

Lyrisches Intermezzo
XLIV
DES CONTES ANCIENS

1823

INTERMEZZO LYRIQUE
Aus alten Mährchen
Heinrich Heine

*

aus-alten-mahrchen-heine-artgitato-arc-en-ciel-arkhip-kouindji-1900-1905 Arc en ciel Arkhip Kouïndji 1900 1905

*

XLIV

Aus alten Mährchen winkt es
Des contes anciens, me fait signe
  Hervor mit weißer Hand,
Une blanche main,
Da singt es und da klingt es
ça chante et ça sonne
Von einem Zauberland’:
D’une terre enchantée :..

*

*******

XLIV
Aus alten Mährchen
HEINRICH HEINE
INTERMEZZO LYRIQUE

********

*********
LA POESIE DE HEINRICH HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

***************************

INTERMEZZO LYRIQUE
XLIV
Aus alten Mährchen
HEINRICH HEINE

CASPAR DAVID FRIEDRICH : LES PORTES DE L’INFINI

Artgitato Friedhof im Schnee Cimetière sous la neige Caspar David Friedrich 1826 Leipzig

 

 CASPAR DAVID FRIEDRICH
(1774-1840)

 LES PORTES DE L’INFINI

L’œuvre de Caspar David Friedrich n’est pas une œuvre de peintre. Friedrich n’est pas un peintre, c’est un marabout, un mage, un illusionniste. C’est une souffrance et une délivrance. Ce n’est pas une œuvre, c’est une nécessité.

En se postant devant une de ses toiles, nous ne voyons rien.

LE SON DES VIVANTS DE L’AU-DELA et DES MORTS D’ICI BAS
D’emblée, nous ne voyons rien. D’abord, parce qu’il y a trop à voir, d’un voir qui n’est pas d’ici, d’un voir qui dépasse notre être-là devant ce bout de toile. Ensuite, et plus, de prime abord, parce que nous entendons. Avant même d’arriver à la toile. Les tableaux de Friedrich sont une musique, un son. Le son des vivants de l’au-delà et des morts d’ici-bas.

Le son se déplace à la vitesse des vagues sur les rochers, d’un nuage, du tonnerre au-dessus de l’arc-en-ciel. Un son aussi du silence, du bruit infernal de la brume et tempétueux de l’aurore.

LE SON DU MONDE
L’œuvre est le son. Le son insondable qui bat de nos cœurs à la chaloupe en détresse, de ces pierres qui tiennent encore et encore, prêtes à se déverser dans le fossé en contrebas. Un son lancinant, rapide, étouffant et libérateur. Le son du monde et des mondes qui nous arrivent de bien plus loin.

Friedrich nous pose à chaque fois devant un dilemme à nous, spectateur, qui arpentons, devant ses toiles, les couleurs abandonnées par un ailleurs, au seuil d’une compréhension immédiate et pourtant étrangère ; mais sans tension, sans effort. Presqu’avec délectation.

UN ATOME DE DIEU
Quand on voit une toile de Friedrich, nous ne voyons pas une toile, ni une nature, ni un paysage, nous voyons un morceau d’infini, un atome de dieu. La couleur n’est pas la couleur et la matière n’est plus solide. Et ce tintamarre est si bruyant que notre cœur s’en trouve apaisé.

UN BEAU TERRIFIANT ET SIDERANT
Comme quand nous lisons une nouvelle de Lovecraft ou de Poe, comme devant une tragédie grecque, nous sommes rassérénés devant le drame qui est là, qui s’est passé ou qui va se passer. Nous savons que ce temps-là, pour l’heure, n’est pas pour nous. Il est pour celui qui, plongé dans la stupéfaction et l’horreur-ravissement, reste scotché devant le spectacle. Comme devant un feu de cheminée où la douce chaleur peut devenir, en se déplaçant quelque peu, inexistante ou insupportable. La dramatisation de la Nature nous fixe sur une terre post ou pré-apocalyptique. Le moment qui nous saisit est un autre moment avec un héritage d’une douleur qui sans cesse veut quitter la toile et bondir ailleurs. Mais que quelque chose retient. Quelque chose résiste de l’ordre du vivant. De l’ordre du sublime. De ce beau terrifiant et sidérant.

Artgitato L'entrée du cimetière Friedhofseingang Caspar David Friedrich 1825 Leipzig

Nous sommes les derniers survivants ou les premiers à voir le désastre arriver.  Juste avant de nous plonger dans la tombe du Cimetière sous la neige (Friedhof im Schnee – 1826)

Il s’agit toujours d’une frontière. Le cadre est notre première frontière, puis souvent une fenêtre, une porte (Cimetière sous la neige), un rocher, un promontoire.  Ils s’ouvrent sur le départ, sur l’infini, sur le divin ou la mort, ou tout ça ensemble.

LE VIDE EST LA
Un pas entre sublime et horreur. Un pas de plus et nous tombons. Le vide est là. L’ailleurs. La mort ou la renaissance. Mais le marqueur se fige pour mieux nous montrer l’importance de ces quelques centimètres qui nous séparent de ce bouleversement. Et, conséquemment, ce pas, si facile à faire, nous fait réfléchir à notre état actuel que nous risquons de perdre si nous nous aventurons dans ce nouvel espace. La porte du Cimetière sous la neige nous éloigne de la tombe fraîchement creusée, donc de la mort ; mais le passage passe aussi par cette tombe qui, comme un puits sans fonds, nous appelle ; et qui nous dit que la solide porte de pierre apportera une autre lumière, un autre espoir ? Les arbres, derrière, sont décharnés par l’hiver, sans savoir s’il s’agit d’arbres morts ou d’arbres endormis dans les torpeur du froid qui n’attendent qu’un rayon de soleil pour reverdir et continuer le cycle de la vie.

QUAND LES MORTS SE LEVENT
Pour cela, ceux qui se cachent devant les immenses piliers dans l’Entrée du cimetière (Friedhofseingang – 1825) attendent ; ils se cachent. Ont-ils peur ? Sont-ils curieux ? Comme si le cimetière dans la brume pouvait bouger, comme si les morts allaient se lever, comme s’ils étaient appelés et espéraient retarder un peu le moment du départ. Ils sont dans la vie ; un pas de plus et où seront-ils ?

CET INFINI QUI S’OFFRE A NOUS
La porte n’est pas nécessairement aussi solide et linéaire. Un arc-en-ciel fera l’affaire. La lumière rayant le tableau marque la séparation du tableau, mais surtout la séparation de deux sphères temporelles. Avant et après la pluie, la tempête, la catastrophe. Dans le Paysage de montagne avec arc-en-ciel (Landschaft mit Regenbogen, vers 1810), l’homme en admiration, stupéfaction, en étonnement ou en sidération, s’accoste au rocher, dépassé par cet infini qui s’offre, l’espace d’un instant, à lui, à nous.

Dans l’œuvre de Friedrich la matière a une double consistance : lourde et massive d’un côté et évanescente, immatérielle, vaporeuse aussi. Les deux états s’interpénètrent constamment, comme la vie et la mort.

Artgitato Landschaft mit Regenbogen Paysage de Montagne avec arc-en-ciel Caspar David Friedrich vers 1810

FRANCHIR LE PALIER
La frontière quand elle se pose, et elle se pose toujours, ne délimite pas les deux états, gazeux et solide, mais se tient dans une limite indéfinie et divine. Les montagnes sortent des nuages et la brume floute notre vision nous empêchant de suivre le chemin qui s’arrête là. Quelque chose se cache en se montrant.

Le tableau n’est plus qu’un prétexte, un rituel devant l’au-delà. Comme une prière. Friedrich ouvre une fenêtre dans un autre temps, une autre dimension dépassant l’infini de l’humain.

Le pas es avancé et le palier franchi. Et le son, toujours lui, nous inonde et nous porte. Loin dans les brumes.

Jacky Lavauzelle