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NEPTUNE & BACCHUS, DIEUX & DÉESSES RÉUNIS – OS LUSIADAS VI-25 – LES LUSIADES – Luís de Camões -Já finalmente todos assentados

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Ferdinand de Portugal traduction Jacky Lavauzelle

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OS LUSIADAS CAMOES CANTO VI
CANTO SEXTO

Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS VI-25 LES LUSIADES VI-25

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LITTERATURE PORTUGAISE

Ferdinand de Portugal Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

literatura português
Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction
Jacky Lavauzelle
texto bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

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Já finalmente todos assentados
Finalement, tous furent installés
Na grande sala, nobre e divinal;
Dans la grande salle, noble et divine …


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OS LUSIADAS IV-63 LES LUSIADES – LUIS DE CAMOES – Passam também as ondas Eritreias

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JEAN II DE PORTUGAL

Ferdinand de Portugal traduction Jacky Lavauzelle

OS LUSIADAS CAMOES CANTO IV
Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS IV-63 LES LUSIADES IV-63
LITTERATURE PORTUGAISE

JEAN II DE PORTUGAL Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes
Ferdinand de Portugal Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes



literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades Trad Jacky Lavauzelle

 Obra Poética  (1556)

OS LUSIADAS IV-63
A Epopeia Portuguesa

Traduction Jacky Lavauzelle

Ferdinand de Portugal Camoes Traduction Jacky Lavauzelle
Vasco de Gama
Traduction Jacky Lavauzelle

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JEAN II DE PORTUGAL

LE PRINCE PARFAIT
Lisbonne, 3 mars 1455 – Alvor, 25 octobre 1495
succède à Alphonse V

Jean II de Portugal

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La Naissance d’Adonis, gravure de Louis Desplaces d’après Carlo Cignani

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« Passam também as ondas Eritreias,
« Ils traversent également les vagues Érythréennes,
Que o povo de Israel sem nau passou;
Que le peuple d’Israël sans nul navire traversa ;…


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Ferdinand de Portugal Traduction Jacky Lavauzelle
Vasco de Gama par Gregorio Lopes

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LA MORT DU VETERAN CAMOES

Et puis, pour qu’un royaume ait des gens de lettres, il lui faut de l’argent pour les pensionner. Le Portugal, qui épuisait son épargne en flottes, en armées, en constructions de citadelles, ne pouvait avoir dans son budget un chapitre d’encouragemens aux lettres et aux arts. Bientôt même l’état ruiné par ses conquêtes, obéré par la victoire, n’eut plus de quoi suffire aux besoins de ses armées : il finit par ne pouvoir plus nourrir ceux qui l’avaient servi. Camoens mourut à l’hôpital, ou à-peu-près ; mais ce ne fut pas comme poète ; ce ne fut pas comme Gilbert et Maifilâtre à côté d’autres écrivains largement rentes: ce fut comme un vétéran dont la solde manque, ou dont la pension de retraite est suspendue.il mourut comme beaucoup de ses compagnons d’armes, comme mouraient les vice-rois eux-mêmes, qui n’avaient pas toujours (témoin dom Joâo de Castro) de quoi acheter une pouie dans leur dernière maladie.

« Qu’y a-t-il de plus déplorable que de voir un si grand génie si mal récompensé ? Je l’ai vu mourir dans un hôpital de Lisbonne, sans avoir un drap pour se couvrir, lui qui avait si bravement combattu dans l’Inde orientale et qui avait fait cinq mille cinq cents lieues en mer. Grande leçon pour ceux qui se fatiguent à travailler nuit et jour et aussi vainement que l’araignée qui ourdit sa toile pour y prendre des mouches. »
Il peut résulter de cette apostille que José Indio a vu Camoens à l’hôpital, sans qu’il faille prendre à la lettre les mots je l’ai vu mourir.
Ce fut dans ces circonstances que le désastre d’AIkacer Kébir (4 août 1578) frappa de mort le Portugal. Il restait encore à Camoens une larme pour sa patrie : Ah ! s’écria-t-il, du moins je meurs avec elle ! Il répéta la même pensée dans la dernière lettre qu’il ait écrite. « Enfin, disait-il, je vais sortir de la vie, et il sera manifeste à tous que j’ai tant aimé ma patrie, que non-seulement je me trouve heureux de mourir dans son sein, mais encore de mourir avec elle. »
Il ne survécut que peu de mois à ce désastre, et mourut au commencement de 1579, à l’âge de cinquante-cinq ans.
Il fut enterré très pauvrement dans l’église de Santa Anna, dit Pedro de Mariz, à gauche en entrant et sans que rien indiquât sa sépulture. Ses malheurs firent une impression si profonde, que personne ne voulut plus occuper la maison qu’il avait habitée. Elle est restée vide depuis sa mort. Les prévisions de Camoens ne tardèrent pas à s’accomplir. Le Portugal, ce royaume né d’une victoire et mort dans une défaite, tomba bientôt sous le joug de Philippe IL Ce monarque visitant ses nouvelles provinces, s’informa du poète, et, en apprenant qu’il n’existait plus, il témoigna un vif regret….

Charles Magnin
Luiz de Camoëns
Revue des Deux Mondes
Période Initiale, tome 6

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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Ferdinand de Portugal Camoes Os Lusiadas IV Traduction Jacky Lavauzelle

JEAN II DE PORTUGAL
 OS LUSIADAS IV
LUIS DE CAMOES LES LUSIADES

LE TRISTE CHANGEMENT – Walter Scott – THE DREARY CHANGE

LITTÉRATURE ANGLAISE
WALTER SCOTT POÈME

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Sir Walter Scott
Édimbourg – Abbotsford

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais


LES POÈMES
DE SIR WALTER SCOTT

Walter Scott’s poems

THE DREARY CHANGE

 

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LE TRISTE CHANGEMENT
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The sun upon the Weirdlaw Hill,
Le soleil sur la colline Weirdlaw,
 In Ettrick’s vale, is sinking sweet;
    Dans la vallée d’Ettrick, coule paisiblement ;
The westland wind is hush and still,
Le vent des terres de l’ouest reste silencieux,
  
The lake lies sleeping at my feet.
Le lac se couche à mes pieds.
 Yet not the landscape to mine eye
Pourtant, le paysage à mes yeux
 
Bears those bright hues that once it bore;
N’a plus ces teintes éclatantes qu’il arborait jadis,
  Though evening, with her richest dye,
Même ce soir, avec de si riches couleurs,
 Flames o’er the hills of Ettrick’s shore.
Qui embrase les collines du rivage d’Ettrick.

*

With listless look along the plain
Avec un regard quelconque le long de la plaine,
  I see Tweed’s silver current glide,
Je vois le glissement des flots argentés de la Tweed,
And coldly mark the holy fane
Et froidement, je remarque le saint temple
 
Of Melrose rise in ruin’d pride.
  De Melrose qui s’élève dans sa fierté ruinée.
The quiet lake, the balmy air,
Le lac tranquille, l’air doux,
  
The hill, the stream, the tower, the tree, –
La colline, le ruisseau, la tour, l’arbre, –
   Are they still such as once they were,
Sont-ils toujours comme jadis,
  
Or is it the dreary change in me?
Ou ce changement mystérieux vient-il de moi ?

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Alas, the warp’d and broken board,
Hélas, le tableau enroulé et brisé,  
  How can it bear the painter’s dye!
  Comment supporterait-il les couleurs du peintre ?
The harp of strain’d and tuneless chord,
La harpe aux cordes déformées et limées,
 
How to the minstrel’s skill reply!
  Comment répondrait-elle à la maîtrise du ménestrel !
To aching eyes each landscape lowers,
Aux yeux douloureux, chaque paysage est affadi ,
To feverish pulse each gale blows chill;
À l’impulsion fiévreuse, chaque souffle se glace ;
  And Araby’s or Eden’s bowers
Et les bosquets d’Arabie ou d’Éden
    
Were barren as this moorland hill.
Deviendraient aussi stériles que cette colline des landes.

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WALTER SCOTT
vu par
VICTOR HUGO

Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.

Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I

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SIR WALTER SCOTT POÈME

LUIS DE CAMOES OS LUSIADAS III-72 LES LUSIADES – Posto que a rica Arábia e que os ferozes

*Luís de Camões Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS III-72 LES LUSIADES III-72
LITTERATURE PORTUGAISE









Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]

Tradução – Traduction
texto bilingue








Luis de Camoes Les Lusiades

 

Obra Poética

(1556)

LES LUSIADES III-72








OS LUSIADAS III-72

A Epopeia Portuguesa

 

CHANT III
Canto Terceiro

Traduction Jacky Lavauzelle

verso 72
Strophe 72

III-72

Image illustrative de l'article Vasco de Gama

Vasco de Gama

Vasco da Gama signature almirante.svg

 

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Luís de Camões Os Lusiadas
OS LUSIADAS III-72
LES LUSIADES III-72

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Le siège de Lisbonne
O Cerco de Lisboa

Alfredo Roque Gameiro
1917

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« Posto que a rica Arábia e que os ferozes
« Depuis que la riche Arabie et que les féroces
 Eníocos e Colcos, cuja fama
  Hénioques et Colchidiens, rendus célèbres…



White_Fawn_Drawing Faon Diane

LUIS DE CAMOES OS LUSIADAS LES LUSIADES

CATULLE CATULLUS XI – Ad Furium et Aurelium – À FURIUS ET AURELIUS

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CATULLE CATULLUS XI

litterarumLittérature Latine
Catulle

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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CATULLE – CATULLUS
84 av J.-C. – 54 av J.-C.

POESIE X

Ad Furium et Aurelium

À FURIUS ET AURELIUS

Furi et Aureli comites Catulli,
Furius et Aurélius, compagnons de Catulle
sive in extremos penetrabit Indos,
Pénétrant les lointaines Indes,
 litus ut longe resonante Eoa
où les rives Orientales résonnent
tunditur unda,
de leurs ondes,
sive in Hyrcanos Arabesve molles,
Marchant dans la lascive Arabie,
seu Sagas sagittiferosve Parthos,
Ou au cœur de la Parthie aux terribles archers,
sive quae septemgeminus colorat
Ou sur les sept embouchures
aequora Nilus,
que le Nil colore,
sive trans altas gradietur Alpes,
Que ce soit sur les hauteurs des Alpes,
Caesaris visens monimenta magni,
Pour visiter les monuments du grand César,
Gallicum Rhenum horribile aequor ulti-
Le Rhin Gaulois ou les horribles
mosque Britannos,
Bretons
omnia haec, quaecumque feret voluntas
Dans toutes ces contrées, conduit par la volonté des
caelitum, temptare simul parati,
Dieux, partout vous me suivez fidèlement,
pauca nuntiate meae puellae
Je vous demande désormais d’apporter à ma maîtresse
non bona dicta.
Ces mots tranchants :
cum suis vivat valeatque moechis,
Qu’elle vive et profite de l’amour,
quos simul complexa tenet trecentos,
à enchaîner des centaines d’amants,
nullum amans vere, sed identidem omnium
En vérité sans nul amour véritable, mais qu’encore et encore, un à un,
ilia rumpens;
Elle les brise ;
nec meum respectet, ut ante, amorem,
Qu’elle n’attende plus mon amour,
qui illius culpa cecidit velut prati
Qui par sa faute est mort
ultimi flos, praetereunte postquam
Comme une fleur saccagée
tactus aratro est.
Au passage d’une charrue.

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À FURIUS ET AURELIUS

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO












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Catulle – Catullus
X

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LA CANAILLE & LES DELICATS
par Ferdinand Brunetière
1882

On a voulu faire de Catulle, sans arguments bien solides, un poète aristocratique, un poète du grand monde, comme de sa Lesbie, sur des inductions plutôt que sur des preuves, ce que Brantôme appelait « une grande et honnête dame. » Je persiste à ne pas croire, pour ma part, que Lesbie fût la célèbre Clodia, mais je crois que bon nombre des fréquentations de Catulle furent parmi la bohème littéraire de Rome. Au surplus, la conciliation n’est pas si difficile. Ce que nous savons, en effet, c’est que, lorsque l’adolescent de Vérone arriva de sa province dans la capitale, il y subsistait, sous le raffinement de quelques habitudes, sous l’étalage du luxe et sous l’apparence de la civilisation, un grand fonds d’antique brutalité romaine. Si nous en pouvions douter, nous rapprendrions au moins de certaines épigrammes de Catulle lui-même, plus grossières que mordantes, et dont l’outrageuse crudité passe tout. C’est bien fait à M. Rostand de nous les avoir traduites. On ne peut pas juger d’un poète en commençant par faire exception de toute une partie de son œuvre, qui peut-être est celle que les contemporains en ont presque le plus goûtée. Là où Catulle est bon, il va jusqu’à l’exquis, et c’est bien de lui que l’on peut dire aussi justement que de personne qu’il est alors le mets des délicats ; mais là où il est grossier, il l’est sans mesure, et c’est bien encore de lui que l’on peut dire qu’il est le charme de la canaille. Or, à Rome, en ce temps-là, dans le sens littéraire de l’un et l’autre mot, la canaille et les délicats, c’était presque tout un. On ne distinguait pas encore, selon le mot d’Horace, la plaisanterie spirituelle de l’insolente rusticité. La curiosité de l’intelligence, vivement éveillée, capable de goûter les finesses de l’alexandrinisme, était en avance, pour ainsi dire, sur la rudesse des mœurs et la vulgarité des habitudes mondaines. Quand on grattait ces soupeurs qui savaient apprécier les jolies bagatelles du poète, on retrouvait le paysan du Latium, qui s’égayait, au moment du vin, à faire le mouchoir. La raillerie, comme à la campagne, s’attaquait surtout aux défauts ou disgrâces physiques. Je sais bien que, jusque dans Horace, la grossièreté du vieux temps continuera de s’étaler, mais ce ne sera plus de la même manière naïvement impudente. Au temps de Catulle, la délicatesse n’avait pas encore passé de l’esprit dans les manières. Quand il s’élevait seulement un nuage sur les amours du poète et de sa Lesbie, le docte traducteur de Callimaque s’échappait en injures de corps de garde. Cette société très corrompue ne s’était pas encore assimilé la civilisation grecque. Elle s’essayait à la politesse, elle n’y touchait pas encore. Et sous son élégance toute superficielle, elle manquait étrangement de goût. — Il me paraît que, si l’on examinée quel moment de notre histoire la plupart de ces traits conviennent, on trouvera que c’est au XVIe siècle, dans le temps précis que le contact des mœurs italiennes opérait sur la cour des Valois le même effet qu’à Rome, sur les contemporains de César, le contact des mœurs de la Grèce.

Ferdinand Brunetière
Revue littéraire
À propos d’une traduction de Catulle
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 54 –  1882

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