Archives par mot-clé : alfonso x

ALPHONSE LE SAGE – ALFONSO EL SABIO -BNE MADRID – Альфонсо Мудрого – 阿方索的智者

Madrid – Мадрид – 马德里
BIBLIOTECA NACIONAL DE ESPAÑA
LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE D’ESPAGNE
BNE MADRID
——

Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo
Jacky Lavauzelle

*

Madrid Drapeau Artgitato



 BNE MADRID
BIBLOTECA NACIONAL DE ESPAÑA
LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE D’ESPAGNE
– 西班牙国家图书馆
Национальная библиотека Испании

ALFONSO EL SABIO
Alfonso X el Sabio
Alfonso X de Castilla

ALPHONSE LE SAGE
Альфонсо Мудрого
阿方索的智者
1221-1284
Roi de Castille le 1er juin 1252
Rey 1 de junio 1252

par  José de Alcoverro Amorós
1835-1908




 BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Alfonso El Sabio Alphonse le sage

 L’ASTRONOME & LE PHILOSOPHE

 « Alphonse X, roi de Castille et de Léon, surnommé l’astronome et le philosophe, mort en 1284. On lui doit les Tables Alphonsines. C’est lui qui disait que, si Dieu l’avait appelé à son conseil au moment de là création, il eût pu lui donner de bons avis. Ce prince extravagant croyait à l’astrologie. Ayant fait tirer l’horoscope de ses enfants, il apprit que le cadet serait plus heureux que l’aîné, et il le nomma son successeur au trône. Mais, malgré la sagesse de cet homme, qui se jugeait capable dé donner des conseils au Créateur, l’aîné tua son frère cadet, mit son père dans une étroite prison et s’empara de la couronne ; toutes choses que sa science ne lui avait pas révélées. »

Collin de Plancy
Dictionnaire infernal
Henri Plon, 1863 -6e édition, pp. 22-23

*




FABLES DE FLORIAN
Le roi Alphonse

Certain roi qui régnait sur les rives du Tage,
Et que l’on surnomma le Sage,
Non parcequ’il était prudent,
Mais parcequ’il était savant,
Alphonse, fut surtout un habile astronome.
Il connaissait le ciel bien mieux que son royaume,
Et quittait souvent son conseil
Pour la lune ou pour le soleil.
Un soir qu’il retournait à son observatoire,
Entouré de ses courtisans,
Mes amis, disaitil, enfin j’ai lieu de croire
Qu’avec mes nouveaux instruments
Je verrai cette nuit des hommes dans la lune.
Votre majesté les verra,
Répondaiton ; la chose est même trop commune,
Elle doit voir mieux que cela.
Pendant tous ces discours, un pauvre, dans la rue,
S’approche, en demandant humblement, chapeau bas,
Quelques maravédis : le roi ne l’entend pas,
Et, sans le regarder, son chemin continue.
Le pauvre suit le roi, toujours tendant la main,
Toujours renouvelant sa prière importune ;
Mais, les yeux vers le ciel, le roi, pour tout refrain,
Répétait : je verrai des hommes dans la lune.
Enfin le pauvre le saisit
Par son manteau royal, et gravement lui dit :
Ce n’est pas de haut, c’est des lieux nous sommes
Que Dieu vous a fait souverain.
Regardez à vos pieds ; vous verrez des hommes,
Et des hommes manquant de pain.

*

ALPHONSE X ET LES JUIFS

« À en juger superficiellement, et surtout quand on les compare à leurs coreligionnaires d’Angleterre, de France et d’Allemagne, les Juifs d’Espagne se trouvaient à cette époque dans une situation très satisfaisante. En Castille, ils étaient alors gouvernés par le roi Alphonse X (1252-1284), que ses contemporains avaient surnommé le Sage, et qui était, en effet, un ami de la science et un esprit libéral. Quand il marcha, eu sa qualité de prince héritier, contre Séville, il avait des Juifs dans son armée, et après la victoire, au moment de partager les terres à ses soldats, il n’oublia pas les Juifs. Il répartit entre eux les champs d’un village qu’il leur donna en entier, et qui prit le nom de village des Juifs, Aldea de los Judios. Les Juifs de Séville, qui vivaient malheureux sous les Almohades, ayant sans doute accueilli avec joie son entrée dans la ville conquise, Alphonse les traita avec bienveillance et leur donna trois mosquées pour les transformer en synagogues. Comme témoignage de leur reconnaissance, les Juifs de Séville lui offrirent une clef admirablement travaillée, sur laquelle était gravée cette inscription en hébreu et en espagnol : Le Roi des rois ouvre, le roi du pays va entrer.

Quand il eut pris les rênes du gouvernement, Alphonse X confia des fonctions publiques à des Juifs. Il eut comme ministre des finances un savant talmudiste, Don Meïr de Malea, qui porta le titre d’almorazif. Son fils Don Zog (Isaac) lui succéda dans cette dignité. Le médecin du roi. qui était en même temps son astronome et son astrologue, était également un Juif, Don Juda ben Moïse Koben. Il se trouvait, à ce moment, en Espagne, peu de savants chrétiens comprenant l’arabe. Des Juifs traduisaient les ouvrages arabes eu castillan, et des clercs traduisaient alors la version castillane en latin. Alphonse X employa un chantre de la synagogue de Tolède, Don Zog ibn Sid, à la rédaction de tables astronomiques, appelées, depuis, tables alphonsines, et qu’on pourrait désigner à plus juste titre sous le nom de tables de Zog ou Sid. On trouve encore un autre savant juif à la cour de Castille, Samuel Hallévi (Aboutafia Alawi ?), qui attacha son nom à une clepsydre, qu’il avait confectionnée sur l’ordre du roi.

On pourrait conclure de la prédilection marquée par le roi pour les savants juifs qu’il traitait leurs coreligionnaires avec équité. Il n’en était rien. Les préjugés du temps avaient également exercé leur influence néfaste sur Alphonse X, qui restreignit l’activité des Juifs par une législation oppressive, les considérant comme une classe inférieure. On ne sait pas si la législation wisigothe, cette source empoisonnée à laquelle s’alimentait sans cesse la haine des Espagnols contre les Juifs, avait été traduite en castillan sur son ordre ou sur l’ordre de son père, mais il est certain qu’Alphonse X promulgua lui-même plusieurs édits contre les Juifs.

Dans le code qu’il publia en castillan pour être appliqué aux divers peuples de son royaume (1257-1266), il ajouta un chapitre relatif aux Juifs, où on lit, entre autres : Quoique les Juifs ne croient pas au Christ, ils sont quand même tolérés dans les pays chrétiens, afin qu’ils rappellent à tous qu’ils descendent de ceux qui ont crucifié Jésus. On y lit aussi que les Juifs étaient honorés autrefois et appelés le peuple de Dieu, mais qu’ils s’étaient avilis par le crime commis sur Jésus ; aucun Juif ne peut donc exercer un emploi public ou être revêtu d’une dignité en Espagne. Alphonse X accueillit dans son code toutes les lois d’exception que la malveillance des Byzantins et des Visigoths avait inventées contre les Juifs, il y ajouta même d’autres restrictions. Il ordonna aux Juifs et aux Juives de porter un signe distinctif à leur coiffure, déclarant passibles d’une amende ou de la flagellation ceux qui contreviendraient à cet ordre. Juifs et chrétiens ne pouvaient ni manger ensemble, ni se baigner ensemble. Alphonse le Sage ajouta également foi à cette fable ridicule que les Juifs crucifiaient tous les ans un enfant chrétien, le vendredi saint. Pourtant, le pape Innocent IV lui-même avait déclaré cette accusation mensongère et proclamé l’innocence des Juifs. Mais, dès qu’un pape élevait la voix eu faveur des Juifs, on ne croyait plus à son infaillibilité. Aussi Alphonse X renouvela-t-il contre les Juifs l’interdiction de se montrer dans les rues le vendredi saint ; il menaça de mort ceux qui crucifieraient même une figure de cire. Mais voici une singularité encore plus étrange. Alphonse X, qui avait attaché un médecin juif à sa personne, interdit aux chrétiens de se servir de remèdes préparés par un Juif ! Il faut cependant ajouter qu’il défendit de profaner les synagogues, d’imposer aux Juifs le baptême par contrainte, de les faire comparaître devant les tribunaux pendant leurs fêtes, et il les dispensa des cérémonies burlesques qui accompagnaient la prestation du serment dans certains pays, ne les obligeant qu’à poser simplement la main sur la Thora.




Pour le moment, toutes ces lois restaient sans conséquence pratique ; Alphonse X ne les mettait pas en vigueur. Mais plus tard, elles furent appliquées et contribuèrent à rendre le séjour de l’Espagne très douloureux pour les Juifs. »

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
Dictionnaire universel françois et latin, 6e édition
1771 – Tome 1, p. 79
Controverses religieuses. Autodafé du Talmud
1236-1270