DANS UN PROFOND DÉTROIT AL MAR DESIERTO EN EL PROFUNDO ESTRECHO
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William Turner, Pêcheurs en mer, 1796
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Al mar desierto en el profundo estrecho Vers la mer désertique, dans un profond détroit entre las duras rocas, con mi nave entre les sévères rochers, avec mon navire desnuda tras el canto voy suäve, nu je vais suivant la suave voix, que forçado me lleva a mi despecho. qui me porte à la suivre par dépit.
Temerario deseo, incauto pecho, Désir sans peur, poitrine imprudente, a quien rendí de mi poder la llave, à qui j’ai remis la clé de mon pouvoir, al peligro m’ entregan fiero y grave; au danger féroce et grave je me livre ; sin que pueda apartarme del mal hecho. sans que je puisse sortir du mal déjà fait.
Veo los uesos blanquear, y siento Je vois les os blanchir et je ressens el triste son de la engañada gente; alors le triste son du peuple trompé ; y crecer de las ondas el bramido. et le hurlement des vagues va croissant.
Huir no puedo ya mi perdimiento; Fuir ne peux me permettre d’échapper à ma perte ; que no me da lugar el mal presente, tant le mal est présent en tous lieux, ni osar me vale en el temor perdido. ni oser tant je suis perdu par tant de peur.
Littérature espagnole Literatura española Poésie espagnole Poesía española Soneto Sonnet
FERNANDO DE HERRERA Séville 1534 – Séville 1597
************** TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE ******************************************** LA POESIA DE FERNANDO DE HERRERA LA POÉSIE DE FERNANDO DE HERRERA *********************************************
Joaquín Sorolla Joaquín Sorolla y Bastida Académie d’homme, musée des beaux-arts de Valence, Espagne 1887 Academia de los Hombres, Museo de Bellas Artes de Valencia, España
***************** LA POESIA DE FERNANDO DE HERRERA LA POÉSIE DE FERNANDO DE HERRERA
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L’AMITIÉ ENTRE CERVANTÈS ET FERNANDO DE HERRERA
Au milieu d’occupations si peu dignes de lui, Cervantès cependant n’avait pas dit aux muses le dernier adieu ; il leur conservait un culte secret, et entretenait soigneusement le feu sacré de son génie. La maison du célèbre peintre Francisco Pacheco, maître et beau-père du grand Velazquez, s’ouvrait alors à tous les genres de mérites ; l’atelier de ce peintre, qui cultivait aussi la poésie, était, au dire de Rodrigo Caro, l’académie ordinaire de tous les beaux-esprits de Séville. Cervantès comptait parmi les plus assidus visiteurs, et son portrait figura dans cette précieuse galerie de plus de cent personnages distingués qu’avait tracés et réunis le pinceau du maître. Il se lia d’amitié, dans cette académie, avec l’illustre poëte lyrique Fernando de Herrera, dont ses compatriotes ont presque laissé périr la mémoire, puisqu’on ne connaît ni la date de sa naissance, ni celle de sa mort, ni aucune particularité de sa vie, et dont les œuvres, ou plutôt celles qui restent, furent trouvées par fragments dans les portefeuilles de ses amis. Cervantès, qui fit un sonnet sur la mort d’Herrera, était également l’ami d’un autre poëte, Juan de Jauregui, l’élégant traducteur de l’Aminta du Tasse, dont la copie, égalant l’original, a le rare privilége d’être aussi comptée parmi les œuvres classiques. Le peintre Pacheco cultivait la poésie ; le poëte Jauregui cultivait la peinture, et fit également le portrait de son ami Cervantès.
Miguel de Cervantes Saavedra L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche Notice sur la vie et les ouvrages de Cervantès Traduction par Louis Viardot J.-J. Dubochet 1836 Tome 1