Archives par mot-clé : adalbert Lanna

České Budějovice (Tchéquie) 捷克布杰约维采 Чешские Будейовице

TCHEQUIE – Česká republika
České Budějovice
捷克布杰约维采
Чешские Будейовице

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Photo Jacky Lavauzelle

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České Budějovice
捷克布杰约维采
Чешские Будейовице

 

Jan Valerián Jirsík
Jan Valerián Jirsík Evaque de Ceske Budejovice biskupa ceskobudejovickeho artgitato*

la Tour noire
Černá Věž 
Cerna Vez La Tour Noire Ceské Budejovice Artgitato 1

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Vojtěch Lanna
Adalbert Lanna à České Budějovice
Socha – Statue
Vojtech Lanna Adalbert Lanna Ceske Budejovice Arygitato 3

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Michal Trpák
Les Humanoïdes – humanoidi
Ceské Budejovice Michal Trpak Humanoidi Les Humanoïdes Argitato 2

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VOYAGE EN BOHEME EN 1840

De la Bohème et du gouvernement autrichien

Je ne sais quelle épithète caractéristique les géographes, grands dessinateurs de silhouettes, ont l’habitude de décerner à la Bohème. Je m’imagine que, les uns, préoccupés de l’aspect du sol, disent que c’est une contrée montueuse et boisée, riche en mines de tout genre. D’autres, plus attentifs au personnel qu’au matériel, doivent tracer à peu près ainsi son portrait : « La Bohème est un pays habité par un peuple aux mœurs douces, ce qui n’empêche pas d’être spirituel, au tempérament soumis et docile sans bassesse. Les Bohèmes sont braves d’abord, tous les Européens le sont, mais moins que d’autres ils sont enclins à la violence ; ils sont laborieux et appliqués plus que leurs voisins du midi, les Autrichiens, et cependant, à peu près autant qu’eux, sensibles aux joies de la consommation. » Un troisième, ayant vu dans les moindres villages passer des enfans pieds nus, un violon sous le bras ou une clarinette à la main, pour se rendre à l’école, définira la Bohème, la terre musicale par excellence. Les Anglais, qui sont disposés à juger les nations par les auberges et les aubergistes, doivent inscrire dans leurs comptes-rendus que la propreté n’est pas l’attribut dominant du pays. Sur ce point cependant, si l’on en jugeait d’après Carlsbad, l’arrêt serait bien injuste ; Carlsbad [Karlovy Vary] est la ville la plus coquettement proprette qui se puisse voir. Pour moi, si je me hasardais à écrire une géographie sous le coup de l’impression que j’ai ressentie en arrivant, je donnerais à ce pays l’épithète de paisible. Ce calme de la vie dont je trouve ici l’empreinte sur tous les visages et dont on se sent bientôt imprégné soi-même, c’est si neuf et si bon pour un Français ! Quand on compare une physionomie bohème aux nôtres, je parle des seules physionomies masculines, on est tenté de croire que le Français est au lendemain d’une attaque de nerfs, au lendemain et à la veille aussi. Il faut qu’ici, me disais-je, on passe de meilleures nuits qu’en France. Eh non ? ce sont de meilleurs jours.
La Bohème est un pays paisible. Dans cette atmosphère tranquille, les poumons s’épanouissent, et le sang circule plus doucement. Ce n’est pas un calme plat, image de la mort, c’est une activité ordonnée et sans secousses, qui dans son ensemble n’est point sans grandeur, car il y a même un caractère de majesté, dans toute masse considérable qui se déploie avec régularité. Pour chacun en particulier, c’est une vie modestement heureuse, où, autant qu’il est donné à. notre nature, il y a équilibre entre les jouissances et les désirs. Ce n’est pas le repos du cachot ni celui du cloître ; c’est un mouvement continu, exempt de soucis, celui de, l’homme qui voit un but devant lui et qui y, chemine, sans que le sol tremble sous ses pas, sans qu’au dessus de sa tète la tempête gronde.
La Bohème est aussi un pays riche, le, sol y est fertile. C’est une des contrées, comme la France, heureusement situées dans une latitude moyenne, qui produisent à peu près tout ce que réclament les besoins de l’homme, parce qu’elles touchent à la fois, au nord et au midi. Elle récolte du vin qu’on vante, quoique le cru de Melnik ne soit pas propre à faire oublier les nôtres. Grace à la betterave, elle produit du sucre aussi bien que les Antilles. Les entrailles de la terre y recèlent des richesses incomparables. La Bohème est adossée aux montagnes appelées l’Erzgebirge, parce qu’elles sont métallifères par excellence. C’est au milieu de l’Erzgebirge qu’est le classique Freiberg, où tout ingénieur de mines doit faire un pèlerinage, comme autrefois tout bachelier espagnol à Salamanque. On y trouve le fer et le plomb, le cuivre et l’étain, l’argent lui-même. Les mines d’argent de Joachimsthal, à deux pas de Carlsbad, ont une grande renommée ; bien des millions en ont été retirés. C’est le nom de Joachimsthal qui a fait celui de thaler, adopté aujourd’hui encore pour l’unité monétaire en Prusse, et, par corruption, celui de dollar, quoique, il faut le dire, si le mot dollar vient de Joachimsthal, il ne sera plus permis de rire avec le poète de ceux qui veulent qu’alfala vienne d’equus. La Bohème possède en abondance des mines de houille qui valent ou vaudront, quand on en tirera parti, mieux que des mines d’or. Ces trésors de la surface et du fond sont presque tous exploités avec un succès croissant. Une personne parfaitement digne de confiance m’a affirmé qu’il n’y avait pas de pays en Europe qui, matériellement eût fait, depuis trente ans, plus de progrès que la Bohème.
Ce caractère de quiétude qu’on retrouve dans toute la partie allemande de l’empire, les populations bohèmes et autrichiennes le conserveront-elles ? Je suis porté à répondre par l’affirmative. Les révolutions ne paraissent pas devoir venir troubler cette paisible ruche…
Dans la population bohème et dans l’esprit actuel de son gouvernement, il n’y a aucun motif latent de désordre ; il n’y a que des raisons de stabilité…
La population bohème offre les deux meilleures garanties d’ordre, l’obéissance et la foi. Un peuple qui obéit et qui croit est à l’antipode des révolutions…
Le gouvernement autrichien, dont la Bohème est l’un des plus anciens domaines, s’y montre paternel. Il y est affectueux et affectionné. Il connaît ses devoirs comme ses droits. Il a le sentiment de la direction nouvelle de la civilisation, car il travaille avec persévérance à substituer la monarchie populaire à la monarchie aristocratique. On pourrait même dire qu’il a commencé la révolution avant nous, ou plutôt que, plaçant le progrès sous sa tutelle, il l’a empêché de prendre les allures révolutionnaires. Joseph II était entré dans la carrière des réformes politiques et sociales avant qu’il en fût pratiquement question chez nous. Il est vrai que nous pouvons revendiquer l’honneur des tentatives de Joseph II, car ce prince agissait sous l’inspiration des idées françaises.

Michel Chevalier
Sur les gouvernemens absolus de l’Allemagne
Revue des Deux Mondes, Période initiale, 4eme série, tome 29, 1842 -pp. 743-783
Notes prises, en 1840, pendant un voyage à Carlsbad

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Chvéïk
Originaire de České Budějovice

— Moi, messieurs, déclara Chvéïk en guise de défense, je ne simule rien du tout, je suis véritablement idiot et, si vous ne voulez pas me croire, informez-vous à Budejovice, chez mes chefs du régiment ou bien au bureau militaire de Karlin.

— Il est scout, votre gosse ? s’exclama Chvéïk, j’aime beaucoup d’entendre parler des scouts, moi. Une fois à Mydlovary près de Zliva, chef-lieu Hluboka, département Ceské Boudeïovice – nous autres, le quatre-vingt-onzième de ligne, on y avait justement été en manœuvres – les paysans de la région ont organisé une chasse aux scouts qui étaient alors en foule dans le bois communal. Ils en ont attrapé trois. Le plus petit, pendant qu’on lui liait les mains, faisait un raffût à vous fendre le cœur : il criait, il se débattait et pleurait que nous autres, soldats et durs-à-cuire, fallait nous en aller pour ne pas voir ça. Dans cette affaire-là, trois scouts ont mordu huit paysans. À la mairie, où on les a conduits après, ils ont avoué à force de coups de bâton qu’il n’y avait pas une seule prairie dans le pays qu’ils n’avaient pas écrasée en se chauffant au soleil, et puis que le champ de seigle près de Ragice avait été dévoré par le feu tout à fait par hasard quand ils y faisaient rôtir à la scout un chevreau qu’ils avaient tué à coups de couteau dans le bois communal. Dans leur repaire au milieu des bois on a trouvé un demi-quintal d’os de volaille et de gibier de toutes sortes, des tas énormes de noyaux de cerises, des masses de trognons, des pommes vertes, et bien d’autres dégâts.
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Jaroslav Hašek
Le Brave soldat ChvéÏk
1921-23
traduction Henry Horejsi, 1932

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České Budějovice

 

Vojtěch Lanna – Adalbert Lanna à České Budějovice – Socha – Statue

TCHEQUIE – Česká republika
České Budějovice
捷克布杰约维采
Чешские Будейовице

 Vojtech_Lanna_1896_Dauthage

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Photo Jacky Lavauzelle

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Vojtěch Lanna
Adalbert Lanna

 

 23 dubna 1805  České Budějovice – 15 ledna 1866 Praha
23 avril 1805  České Budějovice – 15 mai 1866 Prague
Česká průmyslová
Industriel Tchèque

Socha Vojtěcha (Adalberta) Lanny
Statue de Vojtěch (Adalbert) Lanna

Vojtech Lanna Adalbert Lanna Ceske Budejovice Arygitato 2 Vojtech Lanna Adalbert Lanna Ceske Budejovice Arygitato 3 Vojtech Lanna Adalbert Lanna Ceske Budejovice Arygitato

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VOYAGE EN BOHEME EN 1840

De la Bohème et du gouvernement autrichien

Je ne sais quelle épithète caractéristique les géographes, grands dessinateurs de silhouettes, ont l’habitude de décerner à la Bohème. Je m’imagine que, les uns, préoccupés de l’aspect du sol, disent que c’est une contrée montueuse et boisée, riche en mines de tout genre. D’autres, plus attentifs au personnel qu’au matériel, doivent tracer à peu près ainsi son portrait : « La Bohème est un pays habité par un peuple aux mœurs douces, ce qui n’empêche pas d’être spirituel, au tempérament soumis et docile sans bassesse. Les Bohèmes sont braves d’abord, tous les Européens le sont, mais moins que d’autres ils sont enclins à la violence ; ils sont laborieux et appliqués plus que leurs voisins du midi, les Autrichiens, et cependant, à peu près autant qu’eux, sensibles aux joies de la consommation. » Un troisième, ayant vu dans les moindres villages passer des enfans pieds nus, un violon sous le bras ou une clarinette à la main, pour se rendre à l’école, définira la Bohème, la terre musicale par excellence. Les Anglais, qui sont disposés à juger les nations par les auberges et les aubergistes, doivent inscrire dans leurs comptes-rendus que la propreté n’est pas l’attribut dominant du pays. Sur ce point cependant, si l’on en jugeait d’après Carlsbad, l’arrêt serait bien injuste ; Carlsbad [Karlovy Vary] est la ville la plus coquettement proprette qui se puisse voir. Pour moi, si je me hasardais à écrire une géographie sous le coup de l’impression que j’ai ressentie en arrivant, je donnerais à ce pays l’épithète de paisible. Ce calme de la vie dont je trouve ici l’empreinte sur tous les visages et dont on se sent bientôt imprégné soi-même, c’est si neuf et si bon pour un Français ! Quand on compare une physionomie bohème aux nôtres, je parle des seules physionomies masculines, on est tenté de croire que le Français est au lendemain d’une attaque de nerfs, au lendemain et à la veille aussi. Il faut qu’ici, me disais-je, on passe de meilleures nuits qu’en France. Eh non ? ce sont de meilleurs jours.
La Bohème est un pays paisible. Dans cette atmosphère tranquille, les poumons s’épanouissent, et le sang circule plus doucement. Ce n’est pas un calme plat, image de la mort, c’est une activité ordonnée et sans secousses, qui dans son ensemble n’est point sans grandeur, car il y a même un caractère de majesté, dans toute masse considérable qui se déploie avec régularité. Pour chacun en particulier, c’est une vie modestement heureuse, où, autant qu’il est donné à. notre nature, il y a équilibre entre les jouissances et les désirs. Ce n’est pas le repos du cachot ni celui du cloître ; c’est un mouvement continu, exempt de soucis, celui de, l’homme qui voit un but devant lui et qui y, chemine, sans que le sol tremble sous ses pas, sans qu’au dessus de sa tète la tempête gronde.
La Bohème est aussi un pays riche, le, sol y est fertile. C’est une des contrées, comme la France, heureusement situées dans une latitude moyenne, qui produisent à peu près tout ce que réclament les besoins de l’homme, parce qu’elles touchent à la fois, au nord et au midi. Elle récolte du vin qu’on vante, quoique le cru de Melnik ne soit pas propre à faire oublier les nôtres. Grace à la betterave, elle produit du sucre aussi bien que les Antilles. Les entrailles de la terre y recèlent des richesses incomparables. La Bohème est adossée aux montagnes appelées l’Erzgebirge, parce qu’elles sont métallifères par excellence. C’est au milieu de l’Erzgebirge qu’est le classique Freiberg, où tout ingénieur de mines doit faire un pèlerinage, comme autrefois tout bachelier espagnol à Salamanque. On y trouve le fer et le plomb, le cuivre et l’étain, l’argent lui-même. Les mines d’argent de Joachimsthal, à deux pas de Carlsbad, ont une grande renommée ; bien des millions en ont été retirés. C’est le nom de Joachimsthal qui a fait celui de thaler, adopté aujourd’hui encore pour l’unité monétaire en Prusse, et, par corruption, celui de dollar, quoique, il faut le dire, si le mot dollar vient de Joachimsthal, il ne sera plus permis de rire avec le poète de ceux qui veulent qu’alfala vienne d’equus. La Bohème possède en abondance des mines de houille qui valent ou vaudront, quand on en tirera parti, mieux que des mines d’or. Ces trésors de la surface et du fond sont presque tous exploités avec un succès croissant. Une personne parfaitement digne de confiance m’a affirmé qu’il n’y avait pas de pays en Europe qui, matériellement eût fait, depuis trente ans, plus de progrès que la Bohème.
Ce caractère de quiétude qu’on retrouve dans toute la partie allemande de l’empire, les populations bohèmes et autrichiennes le conserveront-elles ? Je suis porté à répondre par l’affirmative. Les révolutions ne paraissent pas devoir venir troubler cette paisible ruche…
Dans la population bohème et dans l’esprit actuel de son gouvernement, il n’y a aucun motif latent de désordre ; il n’y a que des raisons de stabilité…
La population bohème offre les deux meilleures garanties d’ordre, l’obéissance et la foi. Un peuple qui obéit et qui croit est à l’antipode des révolutions…
Le gouvernement autrichien, dont la Bohème est l’un des plus anciens domaines, s’y montre paternel. Il y est affectueux et affectionné. Il connaît ses devoirs comme ses droits. Il a le sentiment de la direction nouvelle de la civilisation, car il travaille avec persévérance à substituer la monarchie populaire à la monarchie aristocratique. On pourrait même dire qu’il a commencé la révolution avant nous, ou plutôt que, plaçant le progrès sous sa tutelle, il l’a empêché de prendre les allures révolutionnaires. Joseph II était entré dans la carrière des réformes politiques et sociales avant qu’il en fût pratiquement question chez nous. Il est vrai que nous pouvons revendiquer l’honneur des tentatives de Joseph II, car ce prince agissait sous l’inspiration des idées françaises.

Michel Chevalier
Sur les gouvernemens absolus de l’Allemagne
Revue des Deux Mondes, Période initiale, 4eme série, tome 29, 1842 -pp. 743-783
Notes prises, en 1840, pendant un voyage à Carlsbad