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AU-DELA DES MONTAGNES -AIR XVI – THE BEGGAR’S OPERA – L’OPERA DU GUEUX – OVER THE HILLS AND FAR AWAY

LITTERATURE ANGLAISE

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JOHN GAY
30 June 1685 – 4 December 1732
30 juin 1685 – 4 décembre 1732

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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LES POEMES
DE JOHN GAY

John Gay’s poems
THE BEGGAR’S OPERA
L’OPERA DU GUEUX
ACTE I SCENE XIII

AIR XVI
Over the Hills, and Far Away
Au-delà des Montagnes

 MACHEATH
Were I laid on Greenland’s Coast,
Echoué sur la côte du Groenland,
 
And in my Arms embrac’d my Lass;
Et dans mes Bras serrant ma Copine ;
 Warm amidst eternal Frost,
Une Chaleur au milieu du Gel éternel,
Too soon the Half Year’s Night would pass.
Qui ferait passer vite cette Nuit d’une Moitié d’Année .

 




POLLY
 Were I sold on Indian Soil,
Si sur le sol Indien j’étais vendu,
Soon as the burning Day was clos’d,
Dès que le jour brûlant serait couché,
    I could mock the sultry Toil
Je pourrais me moquer de l’étouffant dur Labeur
When on my Charmer’s Breast repos’d.
Quand je me reposerais sur la Poitrine de mon Amant.

MACHEATH
And I would love you all the Day, 
Et je t’aimerais tout le Jour

 POLLY
Every Night would kiss and play, 
Chaque nuit à s’embrasser et à jouer

MACHEATH
If with me you’d fondly stray 
Si avec moi tu partais

POLLY
Over the Hills and far away.
Par-dessus les Montagnes et au-delà.





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JOHN GAY
L’AUTEUR de L’OPERA DU GUEUX
BEGGAR’S OPERA

En 1727, l’immense succès du Beggars’ Opera de Gay montra assez quelle sympathie rencontraient parmi la société de Londres ces peintures des, mœurs populaires dans ce qu’elles ont de plus abject et de plus révoltant. Des deux personnages les plus marquants de la pièce de Gay, de Peachum et du fameux capitaine Macheath, deux écoles distinctes en Angleterre ont fait comme leur type souverain. Paul Clifford, que nous venons de nommer, et le Turpin d’Ainsworth, ne sont, tous les deux, que la reproduction du vaillant compère que le Beggars’ Opera a rendu célèbre. L’école d’Ainsworth, école détestable s’il en fut, à laquelle on doit Jack Sheppard et tant d’autres romans de la même espèce, s’est approprié le bandit courageux, le voleur à grandes façons, le highwayman en un mot, tandis que Peachum, le Tartufe du genre, a servi de modèle à cette foule d’astucieux coquins dont Dickens s’est en quelque sorte réservé le monopole. Il est à remarquer qu’en Angleterre, où une fausse pruderie défend que l’intérêt dramatique d’un livre repose franchement sur le développement et l’analyse des passions, les écrivains qui veulent émouvoir leurs lecteurs sont forcés d’avoir recours à l’élément terrible.




Ne pouvant peindre le désordre moral, ils s’emparent des faits criminels, et, sous prétexte d’éviter le scandale, tombent dans la brutalité. Grace aussi à ce système, le roman finirait en Angleterre par ne plus exister qu’à deux conditions : ou il faudrait qu’il fût maintenu dans les régions fashionables, qu’il devînt pâle, insipide, absurde, en s’alliant aux Silver-fork novels de Mme Gore et tutti quanti ; ou bien il n’échapperait pas à la catégorie crapuleuse, et alors il faudrait qu’il descendît aux Oliver Twist, aux Rookwood, et à tant d’autres pages de cette iliade de la truandaille, dont, au commencement de sa carrière, Dickens semblait vouloir se constituer l’Homère.

Poètes et romanciers modernes de la Grande Bretagne – Charles Dickens
Arthur Dudley
Revue des Deux Mondes
CHAPITRE XII
Tome 21 – 1848

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L’OPERA DU GUEUX
JOHN GAY

LA PLACE ROYALE ACTE I CORNEILLE

LA PLACE ROYALE ACTE I CORNEILLE
Le Théâtre de Corneillle
la-place-royale-corneille






     LA PLACE ROYALE CORNEILLE
LITTERATURE FRANCAISE

Comédie
EN CINQ ACTES


 

LE THEÂTRE DE
PIERRE CORNEILLE
1606 – 1684

 

LA PLACE ROYALE

Comédie en Cinq Actes
1634

ACTE I

LA PLACE ROYALE ACTE I

***

 

ACTE PREMIER
Scène première

PHYLIS & ANGELIQUE

ANGELIQUE

Ton frère, je l’avoue, a beaucoup de mérite ;

Mais souffre qu’envers lui cet éloge m’acquitte,

Et ne m’entretiens plus des feux qu’il a pour moi.

PHYLIS

C’est me vouloir prescrire une trop dure loi.

Puis-je, sans étouffer la voix de la nature,

Dénier mon secours aux tourments qu’il endure ?

Quoi ! tu m’aimes, il meurt, et tu peux le guérir ;

Et sans t’importuner je le verrais périr !

Ne me diras-tu point que j’ai tort de le plaindre ?

ANGELIQUE

C’est un mal bien léger qu’un feu qu’on peut éteindre.

PHYLIS

Je sais qu’il le devrait ; mais avec tant d’appas,

Le moyen qu’il te voie et ne t’adore pas ?

Ses yeux ne souffrent point que son cœur soit de glace ;

On ne pourrait aussi m’y résoudre, en sa place ;

Et tes regards, sur moi plus forts que tes mépris,

Te sauraient conserver ce que tu m’aurais pris.

ANGELIQUE

S’il veut garder encor cette humeur obstinée,

Je puis bien m’empêcher d’en être importunée ;

Feindre un peu de migraine, ou me faire celer,

C’est un moyen bien court de ne lui plus parler:

Mais ce qui m’en déplaît, et qui me désespère,

C’est de perdre la sœur pour éviter le frère,

Et me violenter à fuir ton entretien,

Puisque te voir encor c’est m’exposer au sien.

Du moins, s’il faut quitter cette douce pratique,

Ne mets point en oubli l’amitié d’Angélique,

Et crois que ses effets auront leur premier cours

Aussitôt que ton frère aura d’autres amours.

PHYLIS

Tu vis d’un air étrange, et presque insupportable.

ANGELIQUE

Que toi-même pourtant dois trouver équitable ;

Mais la raison sur toi ne saurait l’emporter ;

Dans l’intérêt d’un frère on ne peut l’écouter.

PHYLIS

Et par quelle raison négliger son martyre ?

ANGELIQUE

Vois-tu, j’aime Alidor, et c’est assez te dire.

Le reste des mortels pourrait m’offrir des vœux,

Je suis aveugle, sourde, insensible pour eux ;

La pitié de leurs maux ne peut toucher mon âme

Que par des sentiments dérobés à ma flamme.

On ne doit point avoir des amants par quartier ;

Alidor a mon cœur, et l’aura tout entier ;

En aimer deux, c’est être à tous deux infidèle.

PHYLIS

Qu’Alidor seul te rende à tout autre cruelle,

C’est avoir pour le reste un cœur trop endurci.

ANGELIQUE

Pour aimer comme il faut, il faut aimer ainsi.

PHYLIS

Dans l’obstination où je te vois réduite,

J’admire ton amour, et ris de ta conduite.

Fasse état qui voudra de ta fidélité,

Je ne me pique point de cette vanité ;

Et l’exemple d’autrui m’a trop fait reconnaître

Qu’au lieu d’un serviteur c’est accepter un maître.

Quand on n’en souffre qu’un, qu’on ne pense qu’à lui,

Tous autres entretiens nous donnent de l’ennui,

Il nous faut de tout point vivre à sa fantaisie,

Souffrir de son humeur, craindre sa jalousie,

Et de peur que le temps n’emporte ses ferveurs,

Le combler chaque jour de nouvelles faveurs:

Notre âme, s’il s’éloigne, est chagrine, abattue ;

Sa mort nous désespère, et son change nous tue.

Et de quelque douceur que nos feux soient suivis,

On dispose de nous sans prendre notre avis ;

C’est rarement qu’un père à nos goûts s’accommode ;

Et lors, juge quels fruits on a de ta méthode.

Pour moi, j’aime un chacun, et sans rien négliger,

Le premier qui m’en conte a de quoi m’engager:

Ainsi tout contribue à ma bonne fortune ;

Tout le monde me plaît et rien ne m’importune.

De mille que je rends l’un de l’autre jaloux,

Mon cœur n’est à pas un, et se promet à tous ;

Ainsi tous à l’envi s’efforcent à me plaire ;

Tous vivent d’espérance, et briguent leur salaire ;

L’éloignement d’aucun ne saurait m’affliger,

Mille encore présents m’empêchent d’y songer.

Je n’en crains point la mort, je n’en crains point le change

Un monde m’en console aussitôt, ou m’en venge.

Le moyen que de tant et de si différents

Quelqu’un n’ait assez d’heur pour plaire à mes parents ?

Et si quelque inconnu m’obtient d’eux pour maîtresse,

Ne crois pas que j’en tombe en profonde tristesse ;

Il aura quelques traits de tant que je chéris,

Et je puis avec joie accepter tous maris.

ANGELIQUE

Voilà fort plaisamment tailler cette matière,

Et donner à ta langue une libre carrière ;

Ce grand flux de raisons dont tu viens m’attaquer

Est bon à faire rire, et non à pratiquer.

Simple ! tu ne sais pas ce que c’est que tu blâmes,

Et ce qu’a de douceurs l’union de deux âmes ;

Tu n’éprouvas jamais de quels contentements

Se nourrissent les feux des fidèles amants.

Qui peut en avoir mille en est plus estimée ;

Mais qui les aime tous de pas un n’est aimée ;

Elle voit leur amour soudain se dissiper.

Qui veut tout retenir laisse tout échapper.

PHYLIS

Défais-toi, défais-toi de tes fausses maximes ;

Ou si ces vieux abus te semblent légitimes,

Si le seul Alidor te plaît dessous les cieux,

Conserve-lui ton cœur, mais partage tes yeux:

De mon frère par là soulage un peu les plaies ;

Accorde un faux remède à des douleurs si vraies ;

Feins, déguise avec lui, trompe-le par pitié,

Ou du moins par vengeance et par inimitié.

ANGELIQUE

Le beau prix qu’il aurait de m’avoir tant chérie,

Si je ne le payais que d’une tromperie !

Pour salaire des maux qu’il endure en m’aimant,

Il aura qu’avec lui je vivrai franchement.

PHYLIS

Franchement, c’est-à-dire avec mille rudesses

Le mépriser, le fuir, et par quelques adresses

Qu’il tâche d’adoucir… Quoi, me quitter ainsi

Et sans me dire adieu ! le sujet ?

LA PLACE ROYALE ACTE I
Scène II

DORASTE, PHYLIS

DORASTE

Le voici.

Ma sœur, ne cherche plus une chose trouvée:

Sa fuite n’est l’effet que de mon arrivée ;

Ma présence la chasse, et son muet départ

A presque devancé son dédaigneux regard.

PHYLIS

Juge par là quels fruits produit mon entremise.

Je m’acquitte des mieux de la charge commise ;

Je te fais plus parfait mille fois que tu n’es:

Ton feu ne peut aller au point où je le mets ;

J’invente des raisons à combattre sa haine ;

Je blâme, flatte, prie, et perds toujours ma peine,

En grand péril d’y perdre encor son amitié,

Et d’être en tes malheurs avec toi de moitié.

DORASTE

Ah ! tu ris de mes maux.

PHYLIS

Que veux-tu que je fasse ?

Ris des miens, si jamais tu me vois en ta place.

Que serviraient mes pleurs ? Veux-tu qu’à tes tourments

J’ajoute la pitié de mes ressentiments ?

Après mille mépris qu’a reçus ta folie,

Tu n’es que trop chargé de ta mélancolie ;

Si j’y joignais la mienne, elle t’accablerait,

Et de mon déplaisir le tien redoublerait ;

Contraindre mon humeur me serait un supplice

Qui me rendrait moins propre à te faire service.

Vois-tu ? par tous moyens je te veux soulager ;

Mais j’ai bien plus d’esprit que de m’en affliger.

Il n’est point de douleur si forte en un courage

Qui ne perde sa force auprès de mon visage ;

C’est toujours de tes maux autant de rabattu:

Confesse, ont-ils encor le pouvoir qu’ils ont eu ?

Ne sens-tu point déjà ton âme un peu plus gaie ?

DORASTE

Tu me forces à rire en dépit que j’en aie.

Je souffre tout de toi, mais à condition

D’employer tous tes soins à mon affection.

Dis-moi par quelle ruse il faut…

PHYLIS

Rentrons, mon frère:

Un de mes amants vient, qui pourrait nous distraire.

LA PLACE ROYALE ACTE I
Scène III

CLEANDRE

Que je dois bien faire pitié

De souffrir les rigueurs d’un sort si tyrannique !

J’aime Alidor, j’aime Angélique ;

Mais l’amour cède à l’amitié,

Et jamais on n’a vu sous les lois d’une belle

D’amant si malheureux, ni d’ami si fidèle.

Ma bouche ignore mes désirs,

Et de peur de se voir trahi par imprudence,

Mon cœur n’a point de confidence

Avec mes yeux ni mes soupirs:

Tous mes vœux sont muets, et l’ardeur de ma flamme

S’enferme tout entière au-dedans de mon âme.

Je feins d’aimer en d’autres lieux ;

Et pour en quelque sorte alléger mon supplice,

Je porte du moins mon service

À celle qu’elle aime le mieux.

Phylis, à qui j’en conte, a beau faire la fine ;

Son plus charmant appas, c’est d’être sa voisine.

Esclave d’un oeil si puissant,

Jusque-là seulement me laisse aller ma chaîne,

Trop récompensé, dans ma peine,

D’un de ses regards en passant.

Je n’en veux à Phylis que pour voir Angélique,

Et mon feu, qui vient d’elle, auprès d’elle s’explique.

Ami, mieux aimé mille fois,

Faut-il, pour m’accabler de douleurs infinies,

Que nos volontés soient unies

Jusqu’à faire le même choix ?

Viens quereller mon cœur d’avoir tant de faiblesse

Que de se laisser prendre au même oeil qui te blesse.

Mais plutôt vois te préférer

À celle que le tien préfère à tout le monde,

Et ton amitié sans seconde

N’aura plus de quoi murmurer.

Ainsi je veux punir ma flamme déloyale ;

Ainsi…

LA PLACE ROYALE ACTE I
Scène IV

ALIDOR, CLEANDRE

ALIDOR

Te rencontrer dans la place Royale,

Solitaire, et si près de ta douce prison,

Montre bien que Phylis n’est pas à la maison.

CLEANDRE

Mais voir de ce côté ta démarche avancée

Montre bien qu’Angélique est fort dans ta pensée.

ALIDOR

Hélas ! c’est mon malheur ! son objet trop charmant,

Quoi que je puisse faire, y règne absolument.

CLEANDRE

De ce pouvoir peut-être elle use en inhumaine ?

ALIDOR

Rien moins, et c’est par là que redouble ma peine:

Ce n’est qu’en m’aimant trop qu’elle me fait mourir ;

Un moment de froideur, et je pourrais guérir ;

Une mauvaise œillade, un peu de jalousie,

Et j’en aurais soudain passé ma fantaisie:

Mais las ! elle est parfaite, et sa perfection

N’approche point encor de son affection ;

Point de refus pour moi, point d’heures inégales ;

Accablé de faveurs à mon repos fatales,

Sitôt qu’elle voit jour à d’innocents plaisirs,

Je vois qu’elle devine et prévient mes désirs ;

Et si j’ai des rivaux, sa dédaigneuse vue

Les désespère autant que son ardeur me tue.

CLEANDRE

Vit-on jamais amant de la sorte enflammé,

Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ?

ALIDOR

Comptes-tu mon esprit entre les ordinaires ?

Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ?

Les règles que je suis ont un air tout divers ;

Je veux la liberté dans le milieu des fers.

Il ne faut point servir d’objet qui nous possède ;

Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous cède ;

Je le hais, s’il me force: et quand j’aime, je veux

Que de ma volonté dépendent tous mes vœux ;

Que mon feu m’obéisse, au lieu de me contraindre ;

Que je puisse à mon gré l’enflammer et l’éteindre,

Et toujours en état de disposer de moi,

Donner, quand il me plaît, et retirer ma foi.

Pour vivre de la sorte Angélique est trop belle:

Mes pensers ne sauraient m’entretenir que d’elle ;

Je sens de ses regards mes plaisirs se borner ;

Mes pas d’autre côté n’oseraient se tourner,

Et de tous mes soucis la liberté bannie

Me soumet en esclave à trop de tyrannie.

J’ai honte de souffrir les maux dont je me plains,

Et d’éprouver ses yeux plus forts que mes desseins.

Je n’ai que trop langui sous de si rudes gênes ;

À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes,

De crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir,

Fît d’un amour par force un amour par devoir.

CLEANDRE

Crains-tu de posséder un objet qui te charme ?

ALIDOR

Ne parle point d’un nœud dont le seul nom m’alarme.

J’idolâtre Angélique: elle est belle aujourd’hui,

Mais sa beauté peut-elle autant durer que lui ?

Et pour peu qu’elle dure, aucun me peut-il dire

Si je pourrai l’aimer jusqu’à ce qu’elle expire ?

Du temps, qui change tout, les révolutions

Ne changent-elles pas nos résolutions ?

Est-ce une humeur égale et ferme que la nôtre ?

N’a-t-on point d’autres goûts en un âge qu’en l’autre ?

Juge alors le tourment que c’est d’être attaché,

Et de ne pouvoir rompre un si fâcheux marché.

Cependant Angélique, à force de me plaire,

Me flatte doucement de l’espoir du contraire ;

Et si d’autre façon je ne me sais garder,

Je sens que ses attraits m’en vont persuader.

Mais puisque son amour me donne tant de peine,

Je la veux offenser pour acquérir sa haine,

Et mériter enfin un doux commandement

Qui prononce l’arrêt de mon bannissement.

Ce remède est cruel, mais pourtant nécessaire:

Puisqu’elle me plaît trop, il me faut lui déplaire.

Tant que j’aurai chez elle encor le moindre accès,

Mes desseins de guérir n’auront point de succès.

CLEANDRE

Etrange humeur d’amant !

ALIDOR

Etrange, mais utile.

Je me procure un mal pour en éviter mille.

CLEANDRE

Tu ne prévois donc pas ce qui t’attend de maux,

Quand un rival aura le fruit de tes travaux ?

Pour se venger de toi, cette belle offensée

Sous les lois d’un mari sera bientôt passée ;

Et lors, que de soupirs et de pleurs répandus

Ne te rendront aucun de tant de biens perdus !

ALIDOR

Dis mieux, que pour rentrer dans mon indifférence,

Je perdrai mon amour avec mon espérance,

Et qu’y trouvant alors sujet d’aversion,

Ma liberté naîtra de ma punition.

CLEANDRE

Après cette assurance, ami, je me déclare.

Amoureux dès longtemps d’une beauté si rare,

Toi seul de la servir me pouvais empêcher ;

Et je n’aimais Phylis que pour m’en approcher.

Souffre donc maintenant que pour mon allégeance,

Je prenne, si je puis, le temps de sa vengeance ;

Que des ressentiments qu’elle aura contre toi

Je tire un avantage en lui portant ma foi,

Et que cette colère en son âme conçue

Puisse de mes désirs faciliter l’issue.

ALIDOR

Si ce joug inhumain, ce passage trompeur,

Ce supplice éternel, ne te fait point de peur,

À moi ne tiendra pas que la beauté que j’aime

Ne me quitte bientôt pour un autre moi-même.

Tu portes en bon lieu tes désirs amoureux ;

Mais songe que l’hymen fait bien des malheureux.

CLEANDRE

J’en veux bien faire essai ; mais d’ailleurs, quand j’y pense,

Peut-être seulement le nom d’époux t’offense,

Et tu voudrais qu’un autre…

ALIDOR

Ami, que me dis-tu ?

Connais mieux Angélique et sa haute vertu ;

Et sache qu’une fille a beau toucher mon âme,

Je ne la connais plus dès l’heure qu’elle est femme.

De mille qu’autrefois tu m’as vu caresser,

En pas une un mari pouvait-il s’offenser ?

J’évite l’apparence autant comme le crime ;

Je fuis un compliment qui semble illégitime ;

Et le jeu m’en déplaît, quand on fait à tous coups

Causer un médisant, et rêver un jaloux.

Encor que dans mon feu mon cœur ne s’intéresse,

Je veux pouvoir prétendre où ma bouche l’adresse,

Et garder, si je puis, parmi ces fictions,

Un renom aussi pur que mes intentions.

Ami, soupçon à part, et sans plus de réplique,

Si tu veux en ma place être aimé d’Angélique,

Allons tout de ce pas ensemble imaginer

Les moyens de la perdre et de te la donner,

Et quelle invention sera la plus aisée.

CLEANDRE

Allons. Ce que j’ai dit n’était que par risée.

*****

Fin LA PLACE ROYALE ACTE I

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO Scena ventesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 20

le café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena ventesima
Le Café GOLDONI
ACTE I Scène 20
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

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ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 20
Scena ventesima

Vittoria, poi Eugenio dalla locanda.
Vittoria, puis Eugenio

VITTORIA
Voglio accrescere la di lui sorpresa col mascherarmi.
Je veux le surprendre un peu plus avec mon déguisement.
si maschera
elle se masque

EUGENIO
da sè
à part
Io non so quel ch’io m’abbia a dire;

Je ne sais pas quoi penser ;
questa nega, e quei tien sodo.
elle nie et lui tient bon comme fer.
Don Marzio so che è una mala lingua.
Don Marzio, je le sais est une mauvaise langue.
A queste donne che viaggiano non è da credere. 
Peut-on croire ces femmes qui voyagent ?

 Mascheretta?
Quel masque ?
A buon’ora!
Bonjour !
 Siete mutola? 
Vous ne parlez pas ?
Volete caffè? Volete niente? Comandate.
Voulez-vous un café ? Voulez-vous quelque chose ? Commandez !

VITTORIA
Non ho bisogno di caffè, ma di pane.
Je n’ai point besoin de café, mais de pain !
si smaschera
elle enlève son masque

EUGENIO
Come! Che cosa fate voi qui?

Quoi ! Vous ? Que faites-vous ici ?

VITTORIA
Eccomi qui strascinata dalla disperazione.
Je suis ici poussée par le désespoir.

EUGENIO
Che novità è questa? 

Quelle est cette nouveauté ?
A quest’ora in maschera?
Masquée ? A cette heure ?

VITTORIA
Cosa dite eh?
Qu’en dites-vous ? hein !
Che bel divertimento! 
 Quel excellent divertissement !
A quest’ora in maschera.
Masquée à cette heure !

EUGENIO
Andate subito a casa vostra!

Rentrez chez vous tout de suite !

VITTORIA
Anderò a casa, e voi resterete al divertimento.
Rentrer à la maison ?  et vous vous resterez à vous divertir !

EUGENIO
Voi andate a casa, ed io resterò dove mi piacerà di restare.

Rentrez chez vous ! et moi je vais rester où bon me semblera !

VITTORIA
Bella vita, signor consorte!
La belle vie, monsieur l’époux !

EUGENIO
Meno ciarle, signora:

Assez causé, madame !
vada a casa, che farà meglio.
rentrez à la maison ! vous feriez bien mieux !

VITTORIA
Sì, anderò a casa;
Oui, je rentre à la maison ;
ma anderò a casa mia, non a casa vostra.
mais j’irai à ma maison, pas à votre maison.

EUGENIO
Dove intendereste d’andare?

Où voulez-vous donc aller ?

VITTORIA
Da mio padre;
chez mon père !
il quale, nauseato dei mali trattamenti che voi mi fate, saprà farsi render ragione del vostro procedere e della mia dote.
qui, malade des mauvais traitements que vous me faites, vous demandera des comptes, ainsi que de rendre ma dot !

EUGENIO
Brava, signora, brava.

Bravo, madame, bravo !
Questo è il gran bene che mi volete; 
Si tel est le grand bien que vous me voulez ;
questa è la premura che avete di me e della mia riputazione.
Si telle est la préoccupation que vous avez pour moi et pour ma réputation.

VITTORIA
Ho sempre sentito dire che crudeltà consuma amore.
J’ai toujours entendu dire que l’amour se consumait par la cruauté.
Ho tanto sofferto, ho tanto pianto, ma ora non posso più.
J‘ai tellement souffert ! j’ai beaucoup pleuré, mais maintenant je ne puis plus !

EUGENIO
Finalmente, che cosa vi ho fatto?

Mais enfin, qu’ai-je fait ?

VITTORIA
Tutta la notte al giuoco!
Toute la nuit à jouer !

EUGENIO
Chi vi ha detto che io abbia giuocato?

Qui vous a  donc dit que j‘ai joué ?

VITTORIA
Me l’ha detto il signor Don Marzio, e che avete perduto cento zecchini in contanti, e trenta sulla parola.
Monsieur don Marzio me l’a dit, et vous avez perdu cent sequins en espèces et trente sur parole.

EUGENIO
Non gli credete, non è vero.

Ne le croyez pas ! ce n’est pas vrai !

VITTORIA
E poi a’ divertimenti con la pellegrina.
Et puis votre divertissement avec la pèlerine.

EUGENIO
Chi vi ha detto questo?

Qui vous a dit aussi cela ?

VITTORIA
Il signor Don Marzio.
Le seigneur don Marzio !

EUGENIO
da sè

à part
Che tu sia maledetto!
Qu’il soit maudit !

Credetemi, non è vero.
Croyez-moi, c’est faux !

VITTORIA
E di più impegnare la roba mia;
Et de plus vous prenez ce qui m’appartient ;
prendermi un paio di orecchini, senza dirmi niente. 
vous me prenez une paire de boucles d’oreilles, sans rien me dire.
Sono azioni di farsi ad una moglie amorosa, civile e onesta come sono io?
Sont-ce là des actions à commettre envers l’épouse aimante, civile et honnête que je suis ?

EUGENIO
Come avete saputo degli orecchini?

Comment avez-vous entendu parler des boucles d’oreilles ?

VITTORIA
Me l’ha detto il signor Don Marzio.
C’est encore monsieur don Marzio.

EUGENIO
Ah lingua da tanaglie!

Ah ! quelle langue !

VITTORIA
Già dice il signor Don Marzio, e lo diranno tutti, che uno di questi giorni sarete rovinato del tutto; 
c’est déjà dit par monsieur Marzio, et tous le diront bientôt, que l’un de ces jours, vous serez complètement ruiné !
ed io, prima che ciò succeda, voglio assicurarmi della mia dote.
et moi, avant que cela arrive, je veux refaire ma dot.

EUGENIO
Vittoria, se mi voleste bene, non parlereste così.

Vittoria, si vous me voulez du bien, vous ne seriez pas là à me parler ainsi !

VITTORIA
Vi voglio bene anche troppo, e se non vi avessi amato tanto, sarebbe stato meglio per me.
Je vous aime trop ! et si je pouvais moins vous aimer, ce serait tellement mieux pour moi !

EUGENIO
Volete andare da vostro padre?

Voulez-vous donc vraiment aller à votre père?

VITTORIA
Sì, certamente.
Oui, certainement.

EUGENIO
Non volete più star con me?

Vous ne voulez plus rester avec moi ?

VITTORIA
Vi sarò quando avrete messo giudizio.
Je reviendrai quand votre jugement sera plus raisonnable.

EUGENIO
alterato
avec colère
Oh, signora dottoressa, non mi stia ora a seccare.
Oh ! docteur ! ça commence à suffire !

VITTORIA
Zitto; non facciamo scene per la strada.
Taisez-vous ! ne faisons pas de scène de ménage dans la rue !

EUGENIO
Se aveste riputazione non verreste a cimentare vostro marito in una bottega da caffè.

Si vous aviez du bons sens, vous ne viendriez pas parler à  votre mari devant un café !

VITTORIA
Non dubitate, non ci verrò più.
Ne craignez rien, je ne viendrai plus !

EUGENIO
Animo! via di qua.

Allez ! Partez ! loin d’ici !

VITTORIA
Vado, vi obbedisco, perché una moglie onesta deve obbedire anche un marito indiscreto.
J’y vais, j’obéis !car une femme doit obéir même à un mari malhonnête.
Ma forse, forse sospirerete d’avermi quando non mi potrete vedere.
Mais, peut-être, peut-être vous languirez-vous de moi quand vous ne me verrez plus.
Chiamerete forse per nome la vostra cara consorte, quando ella non sarà più in grado di rispondervi e di aiutarvi.
Peut-être vous rappellerez-vous du nom de votre chère femme, quand elle ne sera plus en mesure de réagir et de vous aider.
Non vi potrete dolere dell’amor mio. 
Mais mon amour, lui, ne vous a jamais blessé.
Ho fatto quanto far poteva una moglie innamorata di suo marito.
J’ai fait tout ce que pouvait faire une femme aimante à son mari.
M’avete con ingratitudine corrisposto; 
mais vous m’avez payé d’ingratitude ;
pazienza.
patience !
Piangerò da voi lontana, ma non saprò così spesso i torti che voi mi fate.
Je pleurerai loin de vous ! mais je ne veux plus ainsi connaître les torts que si souvent vous m’avait faits.
V’amerò sempre, ma non mi vedrete mai più.
Je vous aimerai toujours, mais vous ne me reverrez plus !
parte
elle part

EUGENIO
Povera donna! 

La pauvre femme !
Mi ha intenerito. 
Elle m’a touché !
So che lo dice, ma non è capace di farlo;
J’entends ce qu’elle dit mais elle sera incapable de le faire ;
le andrò dietro alla lontana, e la piglierò con le buone.
Je vais la suivre au loin, et je la reprendrai.
S’ella mi porta via la dote, son rovinato.
Si elle me prend la dot, je suis ruiné !
Ma non avrà cuore di farlo.
Mais elle n’aura pas le cœur de le faire.
Quando la moglie è in collera, quattro carezze bastano per consolarla.
Lorsqu’une femme est en colère, quatre caresses suffisent pour la consoler !

parte
il part

 

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto primo Scena ventesima
le café Goldoni acte 1 scène 20

La bottega del caffè
le café Goldoni

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO Scena diciannovesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 19

le café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena diciannovesima
Le Café GOLDONI
ACTE I Scène 19
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

*************

ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 19
Scena diciannovesima

Vittoria e Trappola
Vittoria et Trappola

VITTORIA
Che uomo indiscreto, incivile! Cet homme est réellement indiscret, et pas du tout civilisés !
Trappola, dov’è il vostro padrone?
Trappola, où est votre maître ?

TRAPPOLA
Non lo so; vengo ora a bottega.
Je ne sais pas; J’arrive à l’instant à la boutique.

VITTORIA
Mio marito dunque ha giuocato tutta la notte?
Mon mari a encore joué toute la nuit ?

TRAPPOLA
Dove l’ho lasciato iersera, l’ho ritrovato questa mattina.

D’où je suis parti la nuit dernière, je l’ai trouvé ce matin !

VITTORIA
Maledettissimo vizio! E ha perso cento e trenta zecchini?
Qu’il soit maudit ! A-t-il perdu cent trente sequins ?

TRAPPOLA
Così dicono.
C’est ce qu’ils disent.

VITTORIA
Indegnissimo gioco!
Jeu indigne !
 E ora se ne sta con una forestiera in divertimenti?
Et maintenant, il se trouve avec une étrangère pour se divertir ?

TRAPPOLA
Signora sì, sarà con lei. 

Oui madame, il semble bien que ce soit avec elle.
L’ho veduto varie volte girarle d’intorno;
Je l’ai vu plusieurs fois lui tourner tout autour :
sarà andato in casa.
Il aura disparu dans la maison.

VITTORIA
Mi dicono che questa forestiera sia arrivata poco fa.
Ils me disent que cette étrangère est arrivée il y a peu.

TRAPPOLA
No signora; sarà un mese che la c’è.

Non, madame ; ça fera un mois qu’elle est ici.

VITTORIA
Non è una pellegrina?
Ce n’est pas une pélerine ?

TRAPPOLA
Oibò pellegrina;

Pèlerine ?
ha sbagliato perché finisce in ina; 
c’est parce que vous avez mal compris ;
è una ballerina.
c’est une danseuse !

VITTORIA
E sta qui alla locanda!
Elle est ici à l’auberge !

TRAPPOLA
Signora no, sta qui in questa casa. 

Non madame, elle est ici dans cette maison.
accennando la casa
il montrant la maison

VITTORIA
Qui? Se mi ha detto il signor Don Marzio, ch’egli ritrovasi in quella locanda con una pellegrina.
Ici ? Mais don Marzio m’a dit qu’il se trouvait à l’auberge avec une pèlerine.

TRAPPOLA
Buono! Anche una pellegrina?

Ah bon ! Il est aussi avec une pèlerine ?

VITTORIA
Oltre la pellegrina vi è anche la ballerina? 
Avec cette pèlerine il y a aussi une danseuse ?
Una di qua, e una di là?
Une de ce côté, et une autre de ce côté ?

TRAPPOLA
Sì, signora;

Oui, madame ;
farà per navigar col vento sempre in poppa.
il doit naviguer avec le vent toujours dans son dos.
Orza, e poggia, secondo soffia la tramontana, o lo scirocco.
Il navigue selon que le vent souffle la tramontane ou le sirocco.

VITTORIA
E sempre ha da far questa vita? 
Va t-il toujours  avoir cette vie ?
Un uomo di quella sorta, di spirito, di talento, ha da perdere così miseramente il suo tempo, sacrificare le sue sostanze, rovinar la sua casa?
Un homme de cette sorte d’esprit, avec son talent,  à perdre si misérablement son temps, sacrifier sa richesse, ruiner sa maison ?
Ed io l’ho da soffrire?
Et je dois donc le souffrir ?
Ed io mi ho da lasciar maltrattare senza risentirmi?
Et je dois ainsi me faire maltraiter sans avoir de ressentiment?
Eh voglio esser buona, ma non balorda;
Oh je veux bien être bonne, mais pas stupide ;
non voglio che il mio tacere faciliti la sua mala condotta.
Je ne veux pas que mon silence facilite son inconduite.
Parlerò, dirò le mie ragioni;
Je vais lui parler, et lui donner mes raisons;
e se le parole non bastano, ricorrerò alla giustizia.
et si les mots ne sont pas suffisants, je vais recourir à la justice !

TRAPPOLA
E’ vero, è vero. Eccolo, che viene dalla locanda.
C’est vrai, c’est vrai ! Il est là ! qui sort de l’auberge !

VITTORIA
Caro amico, lasciatemi sola.
Cher ami, laissez-moi seule.

TRAPPOLA
Si serva pure, come più le piace.

Pour vous aider, je ferai ce qu’il vous semble bon.

entra nell’interno della bottega
Ils entrent à l’intérieur de la boutique de café

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto primo Scena diciannovesima
le café Goldoni acte 1 scène 19

La bottega del caffè
le café Goldoni

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO Scena diciottesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 18

le café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena diciottesima
Le Café GOLDONI
ACTE I Scène 18
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

*************

ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 18
Scena diciottesima

Trappola colla scatola degli orecchini e detti
Trappola avec les boucles d’oreilles dans une boîte 

TRAPPOLA
Oh, son qui; il gioielliere
Je suis ici ; le bijoutier
da sè
à part
Uh! che vedo! La moglie del signor Eugenio; non voglio farmi sentire.
Euh ! Je vois ! L’épouse de monsieur Eugenio ; Je ne vais pas me faire remarquer.

DON MARZIO
piano a Trappola
doucement à Trappola
 Ebbene, cosa dice il gioielliere?
Eh bien, qu’est-ce que le bijoutier a dit ?

TRAPPOLA
piano a Don Marzio
doucement à don Marzio
Dice che saranno stati pagati più di dieci zecchini, ma che non glieli darebbe.
Il dit que l’on a payé ça plus de dix sequins, mais que lui ne donnera pas cette somme.

DON MARZIO
a Trappola
à Trappola
Dunque non sono al coperto?
Par conséquent, je ne suis pas couvert ?

TRAPPOLA
a Don Marzio
à don Marzio
Ho paura di no.
J’ai bien peur que non !

DON MARZIO
a Vittoria
à vittoria
 Vedete le belle baronate che fa vostro marito?
Vous voyez-là les belles vilenies faites par votre mari?
Egli mi di in pegno questi orecchini per dieci zecchini, e non vagliono nemmeno sei.
Il m’a promis ces boucles d’oreilles pour dix sequins, et elles n’en valent même pas six !

VITTORIA
Questi sono i miei orecchini.
Ce sont mes boucles d’oreilles !

DON MARZIO
Datemi dieci zecchini, e ve li do.
Donnez-moi dix sequins, et je vous les donne !

VITTORIA
Ne vagliono più di trenta.
Elles en valent plus de trente ans !

DON MARZIO
Eh! trenta fichi! Siete d’accordo anche voi.
Eh ! Trente figues ! Vous êtes en chevilles avec lui !

VITTORIA
Teneteli fin a domani, ch’io troverò i dieci zecchini.
Gardez-les jusqu’à demain, je vous trouverai vos dix sequins.

DON MARZIO
Fin a domani?
Jusqu’à demain ?
Oh non mi corbellate.
Vous n’allez pas me filouter.
Voglio andare a farli vedere da tutti i gioiellieri di Venezia.
Je veux aller les faire voir à tous les bijoutiers de Venise.

VITTORIA
Almeno non dite che sono miei, per la mia riputazione.
Au moins ne dites pas qu’elles sont à moi, pour ma réputation.

DON MARZIO

Che importa a me della vostra riputazione!
Qu’est-ce que je me soucie de votre réputation !
Chi non vuol che si sappia, non faccia pegni.
Qui ne veut pas être critiqué, ne fait pas d’emprunts !

parte
 il sort

 

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto primo Scena diciottesima
le café Goldoni acte 1 scène 18

La bottega del caffè
le café Goldoni

Le Café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO Scena diciassettesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 17

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena diciassettesima
Le Café GOLDONI
ACTE I Scène 17
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

*************

ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 17
Scena diciassettesima

Don Marzio, poi Vittoria mascherata.
Don Marzio, puis Vittoria masquée

DON MARZIO
Non può essere altro, che quella assolutamente;
Il ne peut pas en être autrement, c’est elle absolument !
l’aria, la statura, anche l’abito mi par quello.
l’air, la stature, la robe me semblent les mêmes.
Non l’ho veduta bene nel viso, ma è quella senz’altro;
Je ne l’ai pas bien vu du visage, mais c’est certainement elle !
e poi quando mi ha veduto, subito si è nascosta nella locanda.
et puis quand elle m’a vu, immédiatement elle s’est cachée dans l’auberge.

VITTORIA
Signor Don Marzio, la riverisco.
Monsieur don Marzio, je vous salue.
si smaschera
elle se démasque

DON MARZIO
Oh signora mascheretta, vi sono schiavo.
Oh ma gente dame, je suis votre esclave.

VITTORIA
A sorte, avreste voi veduto mio marito?
Par hasard, auriez-vous vu mon mari ?

DON MARZIO
Sì, signora, l’ho veduto.
Oui, madame, je l’ai vu.

VITTORIA
Mi sapreste dire dove presentemente egli sia?
Pouvez-vous me dire où il est à cette heure ?

DON MARZIO
Lo so benissimo.
Je le sais très bien.

VITTORIA
Vi supplico dirmelo per cortesia.
Je vous prie de me le dire, s’il vous plaît !

DON MARZIO
Sentite.
Ecoutez bien !
la tira in disparte
Il la tire à l’écart
E’ qui in questa locanda con un pezzo di pellegrina, ma co’ fiocchi.
Il est ici ! dans cette auberge ! avec un sorte de pèlerine, mais pas comme d’habitude.

VITTORIA
Da quando in qua?
Depuis quand?

DON MARZIO
Or ora, in questo punto, è capitata qui una pellegrina; 
Sur ce point, elle est arrivée seule notre pèlerine ;
l’ha veduta, gli è piaciuta, ed è entrato subitamente nella locanda.
il l’a vu, elle l’a aimé, et subitement ils sont entrés dans l’auberge.

VITTORIA
Uomo senza giudizio!
Homme sans jugement!
Vuol perdere affatto la riputazione.
Il veut perdre sa réputation !

DON MARZIO
Questa notte l’avrete aspettato un bel pezzo.
Cette nuit vous avez dû avoir une longue attente.

VITTORIA
Dubitava gli fosse accaduta qualche disgrazia.
J’ai pensé à un accident.

DON MARZIO
Chiamate poca disgrazia aver perso cento zecchini in contanti, e trenta sulla parola?
Un accident d’avoir perdu une centaine de sequins en espèces et trente sur parole ?

VITTORIA
Ha perso tutti questi danari?
Il a donc perdu tout cet argent?

DON MARZIO
Sì! Ha perso altro!
Oui! Il a perdu de nouveau !
Se giuoca tutto il giorno, e tutta la notte, come un traditore.
Il joue toute la journée et toute la nuit, comme un forcené !

VITTORIA
da sè
à part
Misera me!
Malheur à moi !
Mi sento o strappar il cuore.
Je ressens un déchirement au cœur.

DON MARZIO
Ora gli converrà vendere a precipizio quel poco di panno, e poi ha finito.
Maintenant, il va accepter de vendre le peu de tissu qu’il avait, puis ce sera terminé !

VITTORIA
Spero che non sia in istato di andar in rovina.
Espérons qu’il ne soit pas encore dans un état proche de la faillite !

DON MARZIO
Se ha impegnato tutto!
Il a tout engagé !

VITTORIA
Mi perdoni; non è vero.
Pardonnez-moi; ce n’est pas possible !

DON MARZIO
Lo volete dire a me?
Vous me le dites à moi ?

VITTORIA
Io l’avrei a saper più di voi.
Je dois mieux le savoir que vous !

DON MARZIO
Se ha impegnato a me… Basta. Son galantuomo, non voglio dir altro.
Il m’a donné en gage Assez ! Je suis honnête !  je ne dirai rien de plus !

VITTORIA
Vi prego dirmi che cosa ha impegnato.
S’il vous plaît , dites-moi ce qu’il a donné en gage !
Può essere che io non lo sappia.
Il se peut que je ne sache pas.

DON MARZIO
Andate, che avete un bel marito.
Allez ! vous avez là un beau mari !

VITTORIA
Mi volete dire che cosa ha impegnato?
Allez-vous parler ?

DON MARZIO
Son galantuomo, non vi voglio dir nulla.
Je suis un galant homme ! Je ne dirai rien !

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto primo Scena diciassettesima
le café Goldoni acte 1 scène 17

La bottega del caffè
le café Goldoni

Le Café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO Scena sedicesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 16

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena sedicesima
Le Café GOLDONI
ACTE I Scène 16
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

CARLO GOLDONI 1707- 1793

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

*************

ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 16
Scena sedicesima

Don Marzio, poi Eugenio dalla locanda.
Don Marzio, puis Eugenio à l’auberge.

DON MARZIO
Oh, che caro signor Eugenio!
Oh, ce cher monsieur Eugenio !
Egli applica a tutto, anche alla pellegrina.
Il s’applique dans tout, même avec cette pèlerine.
Colei mi pare certamente sia quella dell’anno passato.
Il me semble bien avoir vu celle-ci l’an passé.
Scommetterei che è quella che veniva ogni sera al caffè a domandar l’elemosina.
Je parie que c’est celle qui venait chaque soir au café pour demander l’aumône.
Ma io però non glie ne ho mai dati, veh! 
Je n’ai jamais rien donné aux filles, va !
I miei danari, che sono pochi, li voglio spender bene.
Mon argent, est assez rare et je ne le dépense que pour des choses réfléchies.
Ragazzi, non è ancora tornato Trappola?
Garçons ! Trappola n’est-il pas encore de retour ?
Non ha riportati gli orecchini, che mi ha dati in pegno per dieci zecchini il signor Eugenio?
N’a t-il pas rapporté les boucles d’oreilles, pour lesquelles monsieur Eugenio a mis dix sequins en gage ?

EUGENIO
Che cosa dice de’ fatti miei?
Vous parlez de mes affaires ?

DON MARZIO
Bravo, colla pellegrina!
Bravo !  cette pèlerine !

EUGENIO
Non si può assistere una povera creatura, che si ritrova in bisogno?
Vous ne pouvez pas aider une pauvre créature qui se trouve dans le besoin ?

DON MARZIO
Sì, anzi fate bene. Povera diavola!
Oui, en effet j’aime faire le bien. Pauvre chose !
Dall’anno passato in qua, non ha trovato nessuno che la ricoveri?
Depuis l’an dernier, n’a-t-elle pas trouvé quelqu’un pour l’aider ?

EUGENIO
Come dall’anno passato!
Comment ça l’an dernier ?
La conoscete quella pellegrina?
Vous connaissez donc cette pèlerine ?

DON MARZIO
Se la conosco? E come! 
Si je la connais ? Et comment !
E’ vero che ho corta vista, ma la memoria mi serve.
Il est vrai que j’ai une courte vue, mais une excellente mémoire.

EUGENIO
Caro amico, ditemi chi ella è.
Cher ami, dites-moi qui est-elle ?

DON MARZIO
E’ una, che veniva l’anno passato a questo caffè ogni sera, a frecciare questo e quello.
Et l’an dernier dans ce café tous les soirs, elle quémandait ici et là.

EUGENIO
Se ella dice che non è mai più stata in Venezia?
Mais elle dit qu’elle n’est jamais venue à Venise?

DON MARZIO
E voi glielo credete?
Et vous la croyez?
Povero gonzo!
Mon pauvre ami !

EUGENIO
Quella dell’anno passato di che paese era?
Celle de l’an dernier venait de quel pays?

DON MARZIO
Milanese.
Elle était Milanaise.

EUGENIO
E questa è piemontese.
Et cela-là est Piémontaise.

DON MARZIO
Oh sì, è vero;
Oh oui, c’est vrai ;
era di Piemonte.
elle était du Piémont.

EUGENIO
E’ moglie d’un certo Flaminio Ardenti.
Et l’épouse d’un certain Flaminio Ardenti.

DON MARZIO
Anche l’anno passato aveva con lei uno, che passava per suo marito.
Même l’année dernière, elle avait avec elle quelqu’un qui passait pour être son mari.

EUGENIO
Ora non ha nessuno.
Maintenant elle n’en a aucun.

DON MARZIO
La vita di costoro; 
Ainsi va la vie de ces personnes ;
ne mutano uno al mese.
Elle en a un par mois !

EUGENIO
Ma come potete dire che sia quella?
Mais comment pouvez-vous dire ça ?

DON MARZIO
Se la riconosco!
Je la reconnais !

EUGENIO
L’avete ben veduta?
L’avez vous bien vue ?

DON MARZIO
Il mio occhialetto non isbaglia; e poi l’ho sentita parlare.
Mes lunettes ne me trompent pas ; et puis je l’ai entendue parler.

EUGENIO
Che nome aveva quella dell’anno passato?
Le prénom de votre dame de l’année dernière ?

DON MARZIO
Il nome poi non mi sovviene.
Le prénom ? je ne m’en souviens plus !

EUGENIO
Questa ha nome Placida.
Elle se nomme Placida.

DON MARZIO
Appunto; aveva nome Placida.
Exactement ! Placida était son nom !

EUGENIO
Se fossi sicuro di questo, vorrei ben dirle quello che ella si merita.
Ah ! si je devais sûr ça, je lui dirais certainement ses quatre vérités !

DON MARZIO
Quando dico una cosa io, la potete credere.
Quand je dis quelque chose, on peut la croire.
Colei è una pellegrina, che in vece d’essere alloggiata, cerca di alloggiare.
C’est une pèlerine, qui au lieu d’être logée, essaye de se loger.

EUGENIO
Aspettate, che ora torno.
Attendez ! je reviens !

 Voglio sapere la verità.
Je veux connaître toute la vérité.

entra in locanda
il entre dans l’hôtellerie

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto primo Scena sedicesima
le café Goldoni acte 1 scène 16

La bottega del caffè
le café Goldoni

Le Café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO SCENA quindicesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 15

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena quindicesima
Le Café GOLDONI
ACTE I Scène 15
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

CARLO GOLDONI 1707- 1793

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

*************

ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 15
Scena quindicesima

Don Marzio dal barbiere e detti
Don Marzio sort de chez le barbier

DON MARZIO
da sè
à part
Eugenio con una pellegrina! Sarà qualche cosa di buono!
Eugenio avec une pèlerine ! Il y a quelque chose là-dessous !

siede al caffè, guardando la pellegrina coll’occhialetto
il s’assied au café, regardant la pèlerine avec ses lunettes

PLACIDA
Fatemi la carità;
Faites-moi cette bonté ;
introducetemi voi alla locanda.
présentez-moi à l’auberge.
Raccomandatemi al padrone di essa, acciò, vedendomi così sola, non mi scacci, o non mi maltratti.
Recommandez-moi au propriétaire, de peur qu’en me voyant seule il ne me rejette ou ne me maltraite.

EUGENIO
Volentieri.
Volontiers !
Andiamo, che vi accompagnerò.
Allons ! Je vous accompagne !
Il locandiere mi conosce, e a riguardo mio, spero che vi userà tutte le cortesie che potrà.
L’aubergiste me connaît, et me respecte, j’espère qu’il usera de toute la courtoisie possible à votre égard.

DON MARZIO
da sè
à part
Mi pare d’averla veduta altre volte.
Il me semble l’avoir déjà vue.

guarda di lontano coll’occhialetto
regarde longuement avec ses lunettes

PLACIDA
Vi sarò eternamente obbligata.
Je vous serai éternellement obligée !

EUGENIO
Quando posso, faccio del bene a tutti.

Quand je peux, je fais le bien à tous.
Se non ritroverete vostro marito, vi assisterò io.
Et si vous ne retrouvez pas votre mari, je vous assisterai.
Son di buon cuore. 
Je suis un bon cœur.

DON MARZIO
da sè
à part
Pagherei qualche cosa di bello a sentir cosa dicono.
Je paierais quelque chose pour savoir ce qu’ils disent !

PLACIDA
Caro signore, voi mi consolate colle vostre cortesissime esibizioni.
Cher monsieur, vous me consolez avec courtoisie.
Ma la carità d’un giovane, come voi, ad una donna, che non è ancor vecchia, non vorrei che venisse sinistramente interpretata.
Mais cette charité d’un jeune homme comme vous envers une femme qui n’est plus toute jeune, je ne voudrais pas qu’elle soit mal interprétée.

EUGENIO
Vi dirò, signora:

Je vais vous dire, madame :
se in tutti i casi si avesse questo riguardo, si verrebbe a levare agli uomini la libertà di fare delle opere di pietà.
si dans tous les cas on devait considérer ces questions, les hommes se priveraient de cette liberté de faire œuvre de miséricorde.
Se la mormorazione è fondata sopra un’apparenza di male, si minora la colpa del mormoratore;
Si la rumeur est fondée sur une apparence de mal, la culpabilité est minorée d’autant ;
ma se la gente cattiva prende motivo di sospettare da un’azione buona o indifferente, tutta la colpa è sua, e non si leva il merito a chi opera bene.
mais si les gens ont une mauvaise raison de soupçonner une action bonne ou indifférente, tout le blâme est sur eux, et cela n’enlève pas le mérite à celui qui a bien travaillé.
Confesso d’esser anch’io uomo di mondo;
Je l’avoue, moi-même je ne suis qu’un homme de ce monde;
ma mi picco insieme d’esser un uomo civile, ed onorato.
mais je me pique d’être un homme civilisé et honnète.

PLACIDA
Sentimenti d’animo onesto, nobile, e generoso.
Voici des sentiments d’une âme honnête, noble et généreuse.

 DON MARZIO
ad Eugenio
à Eugenio
Amico, chi è questa bella pellegrina?
Ami, qui est cette belle pèlerine ?

EUGENIO
da sè
à part
 Eccolo qui; vuol dar di naso per tutto.
Le voici encore ; Il fourre son nez partout !

a Placida
à Placida
Andiamo in locanda.
Allons à l’auberge !

PLACIDA
Vi seguo.
Je vous suis !
entra in locanda con Eugenio
Elle entre avec Eugenio dans l’hôtellerie

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto primo scena quindicesima
le café Goldoni acte 1 scène 15

La bottega del caffè
le café Goldoni

 

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO SCENA quattordicesima- LE CAFE ACTE 1 Scène 14

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena quattordicesima
LE CAFE GOLDONI
ACTE I Scène 14
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

CARLO GOLDONI 1707- 1793

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

*************

ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 14
Scena quattordicesima

Placida da Pellegrino ed Eugenio
Placida apparaît en pèlerine et Eugenio

PLACIDA
Un poco di carità alla povera pellegrina.
Un peu de charité pour une pauvre pèlerine.

EUGENIO
da sè
à part
Ecco qui; corre la moda delle pellegrine.
Quoi ici ? c’est la mode de la pèlerine qui a cours.

PLACIDA
ad Eugenio
à Eugenio
Signore, per amor del cielo, mi dia qualche cosa.
Seigneur, pour l’amour du Ciel, donnez-moi quelque chose.

EUGENIO
Che vuol dir questo, signora pellegrina?
Que signifie cela, dame pèlerine ?
Si va cosi per divertimento o per pretesto?
Allez-vous comme ceci pour le plaisir ou pour évangéliser ?

PLACIDA
Né per l’uno, né per l’altro.
Ni pour l’un, ni pour l’autre.

EUGENIO
Dunque per qual causa si gira il mondo?
Donc, pour quelle cause parcourez-vous le monde ?

PLACIDA
Per bisogno.
Par besoin.

EUGENIO
Bisogno, di che?
Besoin de quoi ?

PLACIDA
Di tutto.
De tout !

EUGENIO
Anche di compagnia.
Même de compagnie.

PLACIDA
Di questa non avrei bisogno, se mio marito non mi avesse abbandonata.
Je n’aurais pas besoin de cela, si mon mari ne m’avait abandonnée.

EUGENIO
da sé
à part
La solita canzonetta.
L’éternelle ritournelle.
Mio marito mi ha abbandonata.
Mon mari m’a abandonnée.
Di che paese siete, signora?
De quel pays êtes-vous, madame?

PLACIDA
Piemontese.
Piémontaise.

EUGENIO
E vostro marito?
Et votre mari ?

PLACIDA
Piemontese egli pure.
Piémontais lui aussi.

EUGENIO
Che facev’egli al suo paese?
Que faisait-il dans son pays ?

PLACIDA
Era scritturale d’un mercante.
Il tenait les écritures d’un marchand.

EUGENIO
E perché se n’è andato via?
Et pourquoi s’en est-il allé ?

PLACIDA
Per poca volontà di far bene.
Par manque de volonté de bien faire.

EUGENIO
Questa è una malattia che l’ho provata anch’io, e non sono ancora guarito.
Ceci est une maladie que j’ai eue moi-même, et ne suis pas encore guéri !

PLACIDA
Signore, aiutatemi per carità.
Seigneur, aidez-moi s’il vous plaît.
Sono arrivata in questo punto a Venezia.
Je suis arrivé ici à Venise.
Non so dove andare, non conosco nessuno, non ho danari, son disperata.
Je ne sais où aller et ne connais personne, je n’ai pas d’argent, je suis désespérée.

EUGENIO
Che cosa siete venuta a fare a Venezia?
Que cherchez-vous à Venise?

PLACIDA
A vedere se trovo quel disgraziato di mio marito.
Je recherche cette disgrâce qu’est mon mari.

EUGENIO
Come si chiama?
Comment s’appelle-t-il ?

PLACIDA
Flaminio Ardenti.

EUGENIO
Non ho mai sentito un tal nome.
Je n’ai jamais entendu un tel nom.

PLACIDA
Ho timore che il nome se lo sia cambiato.
Je crains que si son nom ne soit changé.

EUGENIO
Girando per la città, può darsi che, se vi è, lo troviate.
Marchez dans la ville, et peut-être le trouverez-vous.

PLACIDA
Se mi vedrà, fuggirà.
S’il me voit, il fuira !

EUGENIO
Dovreste far cosi. 
Vous devriez faire ceci :
Siamo ora di carnovale, dovreste mascherarvi, e così più facilmente lo trovereste.
Nous sommes maintenant en carnaval, portez le masque, et ainsi le trouverez-vous plus facilement.

PLACIDA
Ma come posso farlo, se non ho alcuno che mi assista?
Mais comment puis-je faire, si je ne trouve personne pour m’aider?
Non so nemmeno dove alloggiare.
Je ne sais où me loger.

EUGENIO
da sé
à part
Ho inteso, or ora vado in pellegrinaggio ancor io.
J’ai compris, je vais rentrer en pèlerinage moi aussi.

 Se volete, questa è una buona locanda.
Si vous voulez, ceci est une bonne auberge.

PLACIDA
Con che coraggio ho da presentarmi alla locanda, se non ho nemmeno da pagare il dormire?
Comment oserais-je me présenter à cette auberge, où je n’ai même pas de quoi payer mon lit?

EUGENIO
Cara pellegrina, se volete un mezzo ducato, ve lo posso dare.
Chère pèlerine, si vous voulez la moitié d’un ducat, je peux vous le donner.
da sè
à part
Tutto quello che mi è avanzato dal giuoco.
Tout ce que qui me reste du jeu.

PLACIDA
Ringrazio la vostra pietà.
Merci pour votre bonté.
Ma più del mezzo ducato, più di qual si sia moneta, mi sarebbe cara la vostra protezione.
Mais plus de la moitié d’un ducat, plus que de l’argent, j’aurais aimé votre protection.

EUGENIO
da sè
à part
Non vuole il mezzo ducato; vuole qualche cosa di più.
Elle ne veut pas la moitié de mon ducat ; elle veut quelque chose de plus.

 

*****************
 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
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la bottega del caffe Goldoni atto primo scena quattordicesima
le café Goldoni acte 1 scène 14

La bottega del caffè

 

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO PRIMO SCENA Tredicesima – LE CAFE ACTE 1 Scène 13

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO PRIMO – Scena tredicesima
LE CAFE GOLDONI
ACTE I Scène 13
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

CARLO GOLDONI 1707- 1793

 

Traduction Jacky Lavauzelle


La bottega del caffè

LE CA
FE

1750 – 1751

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ATTO PRIMO
ACTE I

Scène 13
Scena Tredicesima

Leandro dalla bottega del giuoco e detti
Leandro sort de la maison de jeux

LEANDRO
Non dormo, no, non dormo.
Je ne dors pas ! Non, je ne dors pas !
Son qui che godo la bella disinvoltura del signor Eugenio.
Je suis ici pour profiter de la belle désinvolture de monsieur Eugenio.

EUGENIO
Che ne dite dell’indiscretezza di questa signora?
Que dites-vous de l’indiscrétion de cette dame ?
Non mi vuole aprire la porta.
Elle ne veut pas m’ouvrir la porte !

LEANDRO
Chi vi credete ch’ella sia?
A qui croyez-vous donc avoir affaire ?

EUGENIO
Per quel che dice don Marzio, flusso e riflusso.
Comme le dit don Marzio, à une dame bien serviable !

LEANDRO
Mente don Marzio, e chi lo crede.
Don Marzio ment, et ceux qui le croient aussi !

EUGENIO
Bene.
Très bien.
 Non sarà così;
Il n’en sera pas ainsi ;
ma col vostro mezzo non potrei io aver la grazia di riverirla?
mais par votre entremise pourrais-je ne pas avoir la grâce de la rencontrer ?

LEANDRO
Fareste meglio a darmi i miei trenta zecchini.
Vous feriez mieux de me donner mes trente sequins !

EUGENIO
I trenta zecchini ve li darò.
Je vais vous les rendre vos trente sequins !
Quando si perde sulla parola, vi è tempo a agare ventiquattr’ore.
Quand on perd sur parole, on a un délai de vingt-quatre heures.

LEANDRO
Vedete, signora Lisaura?
Vous voyez madame Lisaura ?
Questi sono quei gran soggetti, che si piccano d’onoratezza.
Elle joue les grands sujets qui se piquent d’honorabilité.
Non ha un soldo, e pretende di fare il grazioso.
Elle n’a pas d’argent, mais elle prétend faire sa belle !

EUGENIO
I giovani della mia sorta, signor Conte caro, non sono capaci di mettersi in un impegno senza fondamento di comparir con onore.
Quand quelqu’un de ma condition, cher monsieur le Comte, prend un engagement, il y va de son honneur à l’acquitter dans les règles.
S’ella mi avesse aperto, non avrebbe perduto il suo tempo, e voi non sareste restato al di sotto coi vostri incerti.
Si notre dame avez ouvert, nous ne perdrions pas notre temps, et vous ne seriez pas resté là dans cette incertitude.
Questi sono danari, questi sono trenta zecchini, e queste faccie quando non ne hanno, ne trovano.
Cela étant dit, voici vos trente sequins.
Tenete i vostri trenta zecchini, e imparate a parlare coi galantuomini della mia sorta.
Prenez-les et apprenez à parler à un gentilhomme de ma condition !

va a sedere in bottega del caffè
Il va s’asseoir dans le café

LEANDRO
da sè
à part
Mi ha pagato, dica che che vuole, che non m’importa.
Il m’a payé ! Il peut dire ce qu’il veut, cela m’importe peu !

a Lisaura
à Lisaura
 Aprite!
Ouvrez !

LISAURA
Dove siete stato tutta questa notte?
Où êtes vous passé toute cette nuit ?

LEANDRO
Aprite!
Ouvrez !

LISAURA
Andate al diavolo!
Allez au diable !

LEANDRO
Aprite!
Ouvrez !

versa gli zecchini nel Cappello, acciò Lisaura gli veda
il verse les pièces d’or dans le chapeau de telle manière à ce que Lisaura les voit

LISAURA
Per questa volta vi apro.
Pour cette fois , j’ouvre !
si ritira ed apre
elle disparaît et ouvre

LEANDRO
Mi fa grazia, mediante la raccomandazione di queste belle monete.
Elle me fait grâce par l’entremise de ces belles pièces !

entra in casa
il entre dans la maison

EUGENIO
Egli sì, ed io no?
Eh oui ! Lui ! Mais pas moi !
Non sono chi sono, se non gliela faccio vedere.
Je ne suis pas Eugenio si je ne lui montre pas de quel bois je me chauffe !

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 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
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la bottega del caffe Goldoni atto primo scena tredicesima
le café Goldoni acte 1 scène 13

La bottega del caffè