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LA POESIE DE PEIRE GODOLIN – Poète occitan du XVIIe siècle

PEIRE GODOLIN
LITTERATURE OCCITANE

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PEIRE GODOLIN
Pierre Goudouli
Pierre Goudelin

[1580 Toulouse – 1649 Toulouse]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

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LA POESIE DE
PEIRE GODOLIN
Poète occitan
du XVIIe siècle

 




Epitaphes – Epitafas

SONNET – SONET

Jos aqueste grand roc es rebondula l’òssa
Sous le grand roc, les os reposent
D’Enceladanle fier, la glòria del Gigants
Du fier Encelade, la gloire des Géants




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SONNET – SONET

Ièr, tant que le caüs, le chòt e la cavèca
Hier, alors que le chat-huant, le hibou, et la chevêche
Tractavan a l’escur de lors menuts afars,
Traitaient dans l’obscurité de leurs menues affaires,

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A LAS FLORETAS DEL GRAND RAMIER
AUX FLEURETTES DU GRAND RAMIER

Beutats floridas del Ramièr,
Beautés fleuries du Ramier
Ont per un plaser costumièr
Où nous eûmes ce plaisir coutumier




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A L’ENVEJOS
A L’ENVIEUX

Fug, jauparèl, e fai-te’n rè
Fuis, aboyeur , en arrière !
O trobaràs que, segon l’òrdre
Ou sinon, tu trouveras, suivant l’ordre,

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QUATREN
QUATRAIN

Jos le nom de Liris ieu canti ma Drolleta
Je chante ma belle sous le nom de Liris
Que pareis sur las flores del  partèrra Mondin
Qui illumine les fleurs du jardin Toulousain

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GUINHOLET A MES SUR LE PORTAL DE SA BORDA
INSCRIPTION DE GUIGNOLET SUR SON PORTAIL

S’asqueste Març fraire d’Abril
Si donc, Mars, frère d’Avril,
Fòra de paur e de perilh
Loin des peurs et des périls

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PER LO JORN DELS REIS
POUR LE LOUR DES ROIS

Un Pastor ven de Hierusalèm
Un Paster arrive de Jérusalem
e ditz a sos Companhons :
et dit à ses Compagnons :

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PEIRE GODOLIN

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NOTICES HISTORIQUES
SUR
PIERRE GODOLIN

Pierre de Godolin naquit à Toulouse l’an 1579, dans la maison de la rue Pargaminières, contiguë au coin de celle de Notre-Dame-du-Sac ; élevé au collège des Jésuites, il y étudia les belles-lettres, et se fit remarquer par la vivacité de son esprit, par l’élégance des compositions, et la facilité avec laquelle il était parvenu à placer dans sa mémoire la majeure partie des œuvres de Virgile ; i étudia, hélas ! bien à contre cœur, mais enfin, il étudia jusqu’au bout la jurisprudence, prit la licence, et se fit recevoir avocat au parlement. Arrivé là, les épines que Thémis présente à ses favoris, ne purent convenir à une âme passionnée qui aimait à se perdre dans les rêves de son imagination ; il crut avoir assez montré de courage. Les muses vinrent le prendre, et le bon Godolin s’abandonna à leur aimable séduction. Contemporain du Tasse, il ne suivit pas seulement, comme ce célèbre poète, le penchant de son génie, mais comme lui, il chercha une route nouvelle. La langue d’oc était tombée avec le pouvoir des comtes de Toulouse ; le patois de nos provinces, n’étant plus soutenu ni par la majorité de la nation, ni par l’imprimerie, était devenu le partage du peuple, et cette langue si douce, si harmonieuse, véritable fille de celle que les troubadours avaient parlée, semblait être délaissée pour employer la langue générale du pays. Mais Godolin, qui connaissait les trésors de la linguistique qu’elle renfermait, avant de la laisser se perdre, voulut en sauver les débris ; il la préféra donc à la langue française, qui, froide, sèche et sans charmes, sortait à peine de la grossièreté de son premier âge ; car, suspendue encore aux mamelles de l’antiquité, elle n’était guère alors que du grec ou du latin, traduit en français ; il refusa de jeter ses gracieuses créations dans le moule grec ou romain. Il fallait à son génie un nouvel horizon. Sous la plume de notre compatriote, cette langue parut étincelante de nouvelles beautés ; elle se prêta à tous les tons et devint tour à tour grave, moelleuse, fière ou mélancolique ; son génie lui fit surmonter les difficultés qu’entraîne un dialecte peu usité, et les cordes de sa lyre furent assez dociles pour chanter, avec un talent varié, le ciel, les grands, les bergères et ses amis. Toujours élégant, il a employé avec adresse les fictions et les métaphores les pus ingénieuses. Imitateur heureux de Pindare, d’Horace et d’Anacréon, ses odes sont élevées d’un style noble et soutenu ; ses idylles respirent  la molle délicatesse, la grâce et l’abandon ; ses chansons sont enjouées, élégantes et faciles, et a mélopée, sou ses doigts, se transforme, se module et se ploie à toutes les inspirations, à toutes ses fantaisies. Enfin, tantôt enjoué, tantôt badin, mais toujours énergique, il surprend par la noblesse de ses expressions, dans une langue condamnée à ramper parmi le vulgaire.




Œuvres Complètes de Pierre Godolin
Notes historiques et littéraires par J.-M. Cayla et Paul Cléobule
Editeur Delboy à Toulouse en 1843

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PEIRE GODOLIN