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Salardú Capitale du Naut Aran – Val d’Aran – L’église Sant Andreu – XIIIe siècle

Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 30Salardú Capitale du Naut Aran – Val d’Aran
Pyrénées – Пиренеи – 比利牛斯
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Photo Jacky Lavauzelle

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Salardú
Capitale du Naut Aran
L’église Sant Andreu
XIIIe siècle
Val d’Aran

Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 221 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 31  Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 0 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 29 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 28 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 27 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 26 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 25 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 24 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 23 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 22 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 20 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 19 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 17 saint philippe Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 16 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 15 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 14 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 13 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 11 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 10 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 9 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 8 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 7 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 6 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 5 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 4 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 3 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 2 Salardú Capitale du Naut Aran Val d'Aran Artgitato Pyrénées Espagne 1

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GAULE
LE VAL D’ARAN PASSAGE DES
BANDES CHASSEES D’ESPAGNE

Les Pyrénées naturellement commandèrent plus fortement leur attention. Ces montagnes avaient déjà l’aspect dénudé qui nous frappe aujourd’hui, et il n’en fallut pas davantage pour engendrer la légende d’un incendie allumé par des bergers qui aurait dévoré les forêts d’un bout à l’autre. Cela n’expliquait-il pas leur nom par le rapprochement avec le mot grec pyr, feu ? Mais outre qu’il est infiniment peu probable que le grec ait fourni aux Celtibères le nom de leurs montagnes, il semble que l’eau eut bien plus de part que le feu au déboisement de ces pentes ardues. Le buis et les eaux thermales des Pyrénées sont vantés par Pline. Leurs neiges et leurs lacs glacés ont été chantés par Lucain. Le passage le plus fréquenté depuis la plus haute antiquité fut celui qui faisait partie de la route de Barcelone à Narbonne, passant par Girone et le col de Pertus, Un autre donnait accès à la route de Saragosse (Cœsar-Augusta) à Oléron ; un troisième permettait d’aller de Pampelune à Dax par le Summum Pyrenœum (Roncevaux) et l’Imum Pyrenœum (Saint-Jean-Pied-de-Port). Les Romains changèrent ces sentiers de chèvres en belles routes. Mais il y avait indubitablement d’autres passages encore, entre autres celui du val d’Arran par où passèrent des bandes chassées d’Espagne qui fondèrent le « Lyon des Réunis, » Lugdunum convenarum, dont on ne soupçonnerait jamais le nom antique sous l’appellation moderne de Saint-Bertrand de Comminges. Les fleuves font aussi partie du capital permanent de la terre gauloise, bien que leurs embouchures, nous allons bientôt le voir, aient singulièrement changé d’aspect.
Revue des Deux Mondes tome 34, 1879
Albert Réville
La géographie de la Gaule

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AOÛT 1799
LA FUITE DES DERNIERS ROYALISTES PAR LE VAL D’ARAN

La veille, le général de brigade Aubugeois, sorti de Toulouse avec les troupes qui y étaient réunies, avait battu les insurgés à l’extrémité du faubourg Saint-Michel ; le 23 (10 août) il les battait de nouveau et, le 24 (11 août), après un nouveau succès, il entrait à l’Isle-Jourdain, coupant par là les communications entre les insurgés de la Haute-Garonne et ceux du Gers. Battus aussi dans l’Ariège où fut distribuée une proclamation de Souvorov aux Français, les insurgés l’étaient également à Beaumont-de-Lomagne, le 3 fructidor (20 août). Ce même jour, les insurgés concentrés en masse à Montréjeau étaient attaqués à la fois, du côté de Lannemezan, par un petit corps que l’administration centrale des Hautes-Pyrénées y avait judicieusement et rapidement réuni, et, du côté de Saint-Gaudens, par des troupes qui venaient de reprendre Saint-Martory où, quelques jours avant, les insurgés avaient obtenu un succès. Les royalistes furent complètement écrasés ; ceux qui purent échapper gagnèrent l’Espagne par Bagnères-de-Luchon et le val d’Aran. Ce fut la fin de l’insurrection dont les principaux chefs avaient été : Rougé de Paulo, Gallias, Lamothe-Vedel, Labarrère, d’Espouy, de Palaminy, de Sainte-Gemme, de Valcabrère (L’insurrection royaliste en l’an VII, par Lavigne). Quand le général Frégeville, envoyé le 26 thermidor (13 août) par le Directoire, arriva à Toulouse, tout était terminé grâce aux courageux efforts de quelques municipalités républicaines.
Histoire socialiste
 Thermidor & Directoire (1794-1799)
 Chapitre XX
Le 30 prairial an VII. — Insurrections royalistes.
 (Vendémiaire an VII à vendémiaire an VIII-septembre 1798 à octobre 1799.)

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VAL D’ARAN
Un sentiment d’élévation et de paix sublime

« Je m’attarde, et m’assieds seul un quart d’heure au bas du sommet, au-dessus du val d’Aran, que couronnant encore les monts de la Catalogne. Lumière chaude et vaporeuse du Midi. Il faut un peu de solitude et de recueillement pour se pénétrer du sentiment d’élévation et de paix sublime qu’inspirent ces hauteurs. On ne voit plus que des sommets purs nageant dans l’éther, et tendant en haut pour s’y perdre dans la sérénité et la tranquillité ; les bas lieux de la terre ont disparu et sont oubliés. Puissent toutes les basses pensées, tous les soucis vulgaires, tout ce qui rattache et rabat notre vol vers l’udam humum disparaître avec eux ! Mais combien et des meilleurs les font monter avec eux jusqu’en ces hautes régions ! Combien de souillures et de vils désirs, ou de mesquines préoccupations d’âmes émoussées, ont promenez ; sans respect sur ces temples sereins ! Mais ils n’en gardent pas la trace. Les souillures des hommes s’y fondent et s’y effacent plus vite que leur neige au soleil, et ils demeurent éternellement purs et frais, source éternelle de fraîcheur et de pureté à l’âme qui sait s’y isoler et s’y asseoir. »

Alfred Tonnellé
Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858
1859 – pp. 67-78
Luchon. jeudi, 22 juillet.
Course de Bacanère

Francisco Goya Madrid Museo del Prado Estatua Statue 戈雅普拉多博物馆雕像 Статуя Франсиско Гойи Музей Прадо

Madrid – Мадрид – 马德里
戈雅普拉多博物馆雕像
Francisco Goya Museo del Prado

Francisco Goya Madrid

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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


FRANCISCO GOYA MADRID
Statue de Francisco Goya devant le Musée du Prado
Estatua de Francisco Goya Museo del Prado
Statue of painter Francisco Goya, Museo del Prado
Статуя Франсиско Гойи Музей Прадо
戈雅普拉多博物馆雕像

Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (1)

FRANCISCO GOYA MADRID   Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (3) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (4)

FRANCISCO GOYA MADRID Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (5)

FRANCISCO GOYA MADRID  Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (6) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (7) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (8)

FRANCISCO GOYA MADRID Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (9) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (10)

FRANCISCO GOYA MADRID  Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (11)

FRANCISCO GOYA MADRID Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (12)

FRANCISCO GOYA MADRID  Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (13)

GOYA VU PAR THEOPHILE GAUTIER

« Francisco Goya y Lucientes est le petit-fils encore reconnaissable de Vélasquez, Après lui viennent les Aparico, les Lopez ; la décadence est complète, le cycle de l’art est fermé. Qui le rouvrira ?C’est un étrange peintre, un singulier génie que Goya ! Jamais originalité ne fut plus tranchée, jamais artiste espagnol ne fut plus local. ― Un croquis de Goya, quatre coups de pointe dans un nuage d’aqua-tinta en disent plus sur les mœurs du pays que les plus longues descriptions. Par son existence aventureuse, par sa fougue, par ses talents multiples, Goya semble appartenir aux belles époques de l’art, et cependant, c’est en quelque sorte un contemporain : il est mort à Bordeaux en 1828.
Avant d’arriver à l’appréciation de son œuvre, esquissons sommairement sa biographie. Don Francisco Goya y Lucientes naquit en Aragon de parents dans une position de fortune médiocre, mais cependant suffisante pour ne pas entraver ses dispositions naturelles. Son goût pour le dessin et la peinture se développa de bonne heure. Il voyagea, étudia à Rome quelque temps, et revint en Espagne, où il fit une fortune rapide à la cour de Charles IV, qui lui accorda le titre de peintre du roi. Il était reçu chez la reine, chez le prince de Benavente et la duchesse d’Albe, et menait cette existence de grand seigneur des Rubens, des Van Dick et des Vélasquez, si favorable à l’épanouissement du génie pittoresque. Il avait, près de Madrid, une casa de campo délicieuse, où il donnait des fêtes et où il avait son atelier.
Goya a beaucoup produit ; il a fait des sujets de sainteté, des fresques, des portraits, des scènes de mœurs, des eaux-fortes, des aqua-tinta, des lithographies, et partout, même dans les plus vagues ébauches, il a laissé l’empreinte d’un talent vigoureux ; la griffe du lion raie toujours ses dessins les plus abandonnés. Son talent, quoique parfaitement original, est un singulier mélange de Vélasquez, de Rembrandt et de Reynolds ; il rappelle tour à tour ou en même temps ces trois maîtres, mais comme le fils rappelle ses aïeux, sans imitation servile, ou plutôt par une disposition congéniale que par une volonté formelle.
On voit de lui, au musée de Madrid, le portrait de Charles IV et de la reine à cheval : les têtes sont merveilleusement peintes, pleines de vie, de finesse et d’esprit ; un Picador et le Massacre du 2 mai, scène d’invasion. Le duc d’Ossuna possède plusieurs tableaux de Goya, et il n’est guère de grande maison qui n’ait de lui quelque portrait ou quelque esquisse. L’intérieur de l’église de San-Antonio de la Florida, où se tient une fête assez fréquentée, à une demi-lieue de Madrid, est peint à fresque par Goya avec cette liberté, cette audace et cet effet qui le caractérisent. À Tolède, dans une des salles capitulaires, nous avons vu de lui un tableau représentant Jésus livré par Judas, effet de nuit que n’eût pas désavoué Rembrandt, à qui je l’eusse attribué d’abord, si un chanoine ne m’eût fait voir la signature du peintre émérite de Charles IV. Dans la sacristie de la cathédrale de Séville, il existe aussi un tableau de Goya, d’un grand mérite, sainte Justine et sainte Ruffine, vierges et martyres, toutes deux filles d’un potier de terre, comme l’indiquent les alcarazas et les cantaros groupés à leurs pieds.
La manière de peindre de Goya était aussi excentrique que son talent : il puisait la couleur dans des baquets, l’appliquait avec des éponges, des balais, des torchons, et tout ce qui lui tombait sous la main, il truellait et maçonnait ses tons comme du mortier, et donnait les touches de sentiment à grands coups de pouce. À l’aide de ces procédés expéditifs et péremptoires, il couvrait en un ou deux jours une trentaine de pieds de muraille. Tout ceci nous paraît dépasser un peu les bornes de la fougue et de l’entrain ; les artistes les plus emportés sont des lécheurs en comparaison. Il exécuta, avec une cuiller en guise de brosse, une scène du Dos de Mayo, où l’on voit des Français qui fusillent des Espagnols. C’est une œuvre d’une verve et d’une furie incroyables. Cette curieuse peinture est reléguée sans honneur dans l’antichambre du musée de Madrid.
L’individualité de cet artiste est si forte et si tranchée, qu’il nous est difficile d’en donner une idée même approximative. Ce n’est pas un caricaturiste comme Hogarth, Bamburry ou Cruishanck : Hogarth, sérieux, flegmatique, exact et minutieux comme un roman de Richardson, laissant toujours voir l’intention morale ; Bamburry et Cruishank si remarquables pour leur verve maligne, leur exagération bouffonne, n’ont rien de commun avec l’auteur des Caprichos. Callot s’en rapprocherait plus, Callot, moitié Espagnol, moitié Bohémien ; mais Callot est net, clair, fin, précis, fidèle au vrai, malgré le maniéré de ses tournures et l’extravagance fanfaronne de ses ajustements ; ses diableries les plus singulières sont rigoureusement possibles ; il fait grand jour dans ses eaux-fortes, où la recherche des détails empêche l’effet et le clair-obscur, qui ne s’obtiennent que par des sacrifices. Les compositions de Goya sont des nuits profondes où quelque brusque rayon de lumière ébauche de pâles silhouettes et d’étranges fantômes.
C’est un composé de Rembrandt, de Watteau et des songes drolatiques de Rabelais ; singulier mélange ! Ajoutez à cela une haute saveur espagnole, une forte dose de l’esprit picaresque de Cervantès, quand il fait le portrait de la Escalanta et de la Gananciosa, dans Rinconete et Cortadillo, et vous n’aurez encore qu’une très imparfaite idée du talent de Goya. Nous allons tâcher de le faire comprendre, si toutefois cela est possible, avec des mots.
Les dessins de Goya sont exécutés à l’aqua-tinta, repiqués et ravivés d’eau-forte ; rien n’est plus franc, plus libre et plus facile, un trait indique toute une physionomie, une traînée d’ombre tient lieu de fond, ou laisse deviner de sombres paysages à demi-ébauchés ; des gorges de sierra, théâtres tout préparés pour un meurtre, pour un sabbat ou une tertulia de Bohémiens ; mais cela est rare, car le fond n’existe pas chez Goya. Comme Michel-Ange, il dédaigne complètement la nature extérieure, et n’en prend tout juste que ce qu’il faut pour poser des figures, et encore en met-il beaucoup dans les nuages. De temps en temps, un pan de mur coupé par un grand angle d’ombre, une noire arcade de prison, une charmille à peine indiquée ; voilà tout. Nous avons dit que Goya était un caricaturiste, faute d’un mot plus juste. C’est de la caricature dans le genre d’Hoffmann, où la fantaisie se mêle toujours à la critique, et qui va souvent jusqu’au lugubre et au terrible ; on dirait que toutes ces têtes grimaçantes ont été dessinées par la griffe de Smarra sur le mur d’une alcôve suspecte, aux lueurs intermittentes d’une veilleuse à l’agonie. On se sent transporté dans un monde inouï, impossible et cependant réel. ― Les troncs d’arbre ont l’air de fantômes, les hommes d’hyènes, de hiboux, de chats, d’ânes ou d’hippopotames ; les ongles sont peut-être des serres, les souliers à bouffettes chaussent des pieds de bouc ; ce jeune cavalier est un vieux mort, et ses chausses enrubannées enveloppent un fémur décharné et deux maigres tibias ; ― jamais il ne sortit de derrière le poêle du docteur Faust des apparitions plus mystérieusement sinistres.
Les caricatures de Goya renferment, dit-on, quelques allusions politiques, mais en petit nombre ; elles ont rapport à Godoï, à la vieille duchesse de Benavente, aux favoris de la reine, et à quelques seigneurs de la cour, dont elles stigmatisent l’ignorance ou les vices. Mais il faut bien les chercher à travers le voile épais qui les obombre. ― Goya a encore fait d’autres dessins pour la duchesse d’Albe, son amie, qui n’ont point paru, sans doute à cause de la facilité de l’application. ― Quelques-uns ont trait au fanatisme, à la gourmandise et à la stupidité des moines, les autres représentent des sujets de mœurs ou de sorcellerie.
Le portrait de Goya sert de frontispice au recueil de son œuvre. C’est un homme de cinquante ans environ, l’œil oblique et fin, recouvert d’une large paupière avec une patte-d’oie maligne et moqueuse, le menton recourbé en sabot, la lèvre supérieure mince, l’inférieure proéminente et sensuelle ; le tout encadré dans des favoris méridionaux et surmonté d’un chapeau à la Bolivar ; une physionomie caractérisée et puissante.
La première planche représente un mariage d’argent, une pauvre fille sacrifiée à un vieillard cacochyme et monstrueux par des parents avides. La mariée est charmante avec son petit loup de velours noir et sa basquine à grandes franges, car Goya rend à merveille la grâce andalouse et castillane ; les parents sont hideux de rapacité et de misère envieuse. Ils ont des airs de requin et de crocodile inimaginables ; l’enfant sourit dans des larmes, comme une pluie du mois d’avril, ce ne sont que des yeux, des griffes et des dents ; l’enivrement de la parure empêche la jeune fille de sentir encore toute l’étendue de son malheur. ― Ce thème revient souvent au bout du crayon de Goya, et il sait toujours en tirer des effets piquants. Plus loin, c’est el coco, croque-mitaine, qui vient effrayer les petits enfants et qui en effraierait bien d’autres, car, après l’ombre de Samuel dans le tableau de la Pythonisse d’Endor, par Salvator Rosa, nous ne connaissons rien de plus terrible que cet épouvantail. Ensuite ce sont des majos qui courtisent des fringantes sur le Prado ; ― de belles filles au bas de soie bien tiré, avec de petites mules à talon pointu qui ne tiennent au pied que par l’ongle de l’orteil, avec des peignes d’écaille à galerie, découpés à jour et plus hauts que la couronne murale de Cybèle ; des mantilles de dentelles noires disposées en capuchon et jetant leur ombre veloutée sur les plus beaux yeux noirs du monde, des basquines plombées pour mieux faire ressortir l’opulence des hanches, des mouches posées en assassines au coin de la bouche et près de la tempe ; des accroche-cœurs à suspendre les amours de toutes les Espagnes, et de larges éventails épanouis en queue de paon ; ce sont des hidalgos en escarpins, en frac prodigieux, avec le chapeau demi-lune sous le bras et des grappes de breloques sur le ventre, faisant des révérences à trois temps, se penchant au dos des chaises pour souffler, comme une fumée de cigare, quelque folle bouffée de madrigaux dans une belle touffe de cheveux noirs, ou promenant par le bout de son gant blanc quelque divinité plus ou moins suspecte ; ― puis des mères utiles, donnant à leurs filles trop obéissantes les conseils de la Macette de Régnier, les lavant et les graissant pour aller au sabbat. ― Le type de la mère utile est merveilleusement bien rendu par Goya, qui a, comme tous les peintres espagnols, un vif et profond sentiment de l’ignoble ; on ne saurait imaginer rien de plus grotesquement horrible, de plus vicieusement difforme ; chacune de ces mégères réunit à elle seule la laideur des sept péchés capitaux ; le diable est joli à côté de cela. Imaginez des fossés et des contrescarpes de rides ; des yeux comme des charbons éteints dans du sang ; des nez en flûte d’alambic, tout bubelés de verrues et de fleurettes ; des mufles d’hippopotame hérissés de crins roides, des moustaches de tigre, des bouches en tirelire contractées par d’affreux ricanements, quelque chose qui tient de l’araignée et du cloporte, et qui vous fait éprouver le même dégoût que lorsqu’on met le pied sur le ventre mou d’un crapaud. ― Voilà pour le côté réel ; mais c’est lorsqu’il s’abandonne à sa verve démonographique que Goya est surtout admirable ; personne ne sait aussi bien que lui faire rouler dans la chaude atmosphère d’une nuit d’orage de gros nuages noirs chargés de vampires, de stryges, de démons, et découper une cavalcade de sorcières sur une bande d’horizons sinistres.
Il y a surtout une planche tout à fait fantastique qui est bien le plus épouvantable cauchemar que nous ayons jamais rêvé ; ― elle est intitulée : Y aun no se van. C’est effroyable, et Dante lui-même n’arrive pas à cet effet de terreur suffocante ; représentez-vous une plaine nue et morne au-dessus de laquelle se traîne péniblement un nuage difforme comme un crocodile éventré ; puis une grande pierre, une dalle de tombeau qu’une figure souffreteuse et maigre s’efforce de soulever. ― La pierre, trop lourde pour les bras décharnés qui la soutiennent et qu’on sent près de craquer, retombe malgré les efforts du spectre et d’autres petits fantômes qui roidissent simultanément leurs bras d’ombre ; plusieurs sont déjà pris sous la pierre un instant déplacée. L’expression de désespoir qui se peint sur toutes ces physionomies cadavéreuses, dans ces orbites sans yeux, qui voient que leur labeur a été inutile, est vraiment tragique ; c’est le plus triste symbole de l’impuissance laborieuse, la plus sombre poésie et la plus amère dérision que l’on ait jamais faites à propos des morts. La planche Buen viage, où l’on voit un vol de démons, d’élèves du séminaire de Barahona qui fuient à tire-d’aile, et se hâtent vers quelque œuvre sans nom, se fait remarquer par la vivacité et l’énergie du mouvement. Il semble que l’on entende palpiter dans l’air épais de la nuit toutes ces membranes velues et onglées comme les ailes des chauves-souris. Le recueil se termine par ces mots : Y es ora. ― C’est l’heure, le coq chante, les fantômes s’éclipsent, car la lumière paraît,
― Quant à la portée esthétique et morale de cette œuvre, quelle est-elle ? Nous l’ignorons. Goya semble avoir donné son avis là-dessus dans un de ses dessins où est représenté un homme, la tête appuyée sur ses bras et autour duquel voltigent des hiboux, des chouettes, des coquecigrues. ― La légende de cette image est : El suenho de la razon produce monstruos. C’est vrai, mais c’est bien sévère.
Ces caprices sont tout ce que la Bibliothèque royale de Paris possède de Goya. Il a cependant produit d’autres œuvres : la Tauromaquia, suite de 33 planches, les Scènes d’invasion qui forment 20 dessins, et devaient en avoir plus de 40 ; les eaux-fortes d’après Vélasquez, etc., etc.
La Tauromaquia est une collection de scènes représentant divers épisodes du combat de taureaux, à partir des Mores jusqu’à nos jours. ― Goya était un aficionado consommé, et il passait une grande partie de son temps avec les toreros. Aussi était-il l’homme le plus compétent du monde pour traiter à fond la matière. Quoique les attitudes, les poses, les défenses et les attaques, ou, pour parler le langage technique, les différentes suertes et cogidas soient d’une exactitude irréprochable, Goya a répandu sur ces scènes ses ombres mystérieuses et ses couleurs fantastiques. ― Quelles têtes bizarrement féroces ! quels ajustements sauvagement étranges ! quelle fureur de mouvement ! Ses Mores, compris un peu à la manière des Turcs de l’empire sous le rapport du costume, ont les physionomies les plus caractéristiques. ― Un trait égratigné, une tache noire, une raie blanche, voilà un personnage qui vit, qui se meut, et dont la physionomie se grave pour toujours dans la mémoire. Les taureaux et les chevaux, bien que parfois d’une forme un peu fabuleuse, ont une vie et un jet qui manquent bien souvent aux bêtes des animaliers de profession : les exploits de Gazul, du Cid, de Charles Quint, de Romero, de l’étudiant de Falces, de Pepe Illo, qui périt misérablement dans l’arène, sont retracés avec une fidélité tout espagnole. ― Comme celles des Caprichos, les planches de la Tauromaquia sont exécutées à l’aqua-tinta et relevées d’eau-forte.
Les Scènes d’invasion offriraient un curieux rapprochement avec les Malheurs de la guerre, de Callot. ― Ce ne sont que pendus, tas de morts qu’on dépouille, femmes qu’on viole, blessés qu’on emporte, prisonniers qu’on fusille, couvents qu’on dévalise, populations qui s’enfuient, familles réduites à la mendicité, patriotes qu’on étrangle, tout cela est traité avec ces ajustements fantastiques et ces tournures exorbitantes qui feraient croire à une invasion de Tartares au XIVème siècle. Mais quelle finesse, quelle science profonde de l’anatomie dans tous ces groupes qui semblent nés du hasard et du caprice de la pointe ! Dites-moi si la Niobé antique surpasse en désolation et en noblesse cette mère agenouillée au milieu de sa famille devant les baïonnettes françaises ! ― Parmi ces dessins qui s’expliquent aisément, il y en a un tout à fait terrible et mystérieux, et dont le sens, vaguement entrevu, est plein de frissons et d’épouvantements. C’est un mort à moitié enfoui dans la terre, qui se soulève sur le coude, et, de sa main osseuse, écrit sans regarder, sur un papier posé à côté de lui, un mot qui vaut bien les plus noirs du Dante : Nada (néant). Autour de sa tête, qui a gardé juste assez de chair pour être plus horrible qu’un crâne dépouillé, tourbillonnent, à peine visibles dans l’épaisseur de la nuit, de monstrueux cauchemars illuminés çà et là de livides éclairs. Une main fatidique soutient une balance dont les plateaux se renversent. Connaissez-vous quelque chose de plus sinistre et de plus désolant ?
Tout à fait sur la fin de sa vie, qui fut longue, car il est mort à Bordeaux à plus de quatre-vingts ans, Goya a fait quelques croquis lithographiques improvisés sur la pierre, et qui portent le titre de Dibersion de Espanha ; ― ce sont des combats de taureaux. On reconnaît encore, dans ces feuilles charbonnées par la main d’un vieillard sourd depuis longtemps et presque aveugle, la vigueur et le mouvement des Caprichos et de la Tauromaquia. L’aspect de ces lithographies rappelle beaucoup, chose curieuse ! la manière d’Eugène Delacroix dans les illustrations de Faust.
Dans la tombe de Goya est enterré l’ancien art espagnol, le monde à jamais disparu des toreros, des majos, des manolas, des moines, des contrebandiers, des voleurs, des alguazils et des sorcières, toute la couleur locale de la Péninsule. ― Il est venu juste à temps pour recueillir et fixer tout cela. Il a cru ne faire que des caprices, il a fait le portrait et l’histoire de la vieille Espagne, tout en croyant servir les idées et les croyances nouvelles. Ses caricatures seront bientôt des monuments historiques. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859
pp. 89-124
Chapitre VIII

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FRANCISCO GOYA MADRID

La porte d’Alcalá – Puerta de Alcalá Madrid – 阿尔卡拉门 – Пуэрта-де-Алькала

Madrid – Мадрид – 马德里
Puerta de Alcala
Пуэрта-де-Алькала – 阿尔卡拉门
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Photos Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato



Porte d’Alcalá
Puerta de Alcalá
阿尔卡拉门
Пуэрта-де-Алькала

Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (2) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (3) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (4) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (5) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (6) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (7)

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LA PORTE D’ALCALA
DANS MILITONA DE THEOPHILE GAUTIER

« — Le lundi, c’est le jour des taureaux, et, mon cher don Andrès ! n’essayez pas de le nier, il vous serait plus agréable d’être en ce moment-ci à la porte d’Alcala qu’assis devant mon piano. Votre passion pour cet affreux plaisir est donc incorrigible ? Oh ! quand nous serons mariés, je saurai bien vous ramener à des sentiments plus civilisés et plus humains. »

Théophile Gautier
Militona (1847)
Hachette, 1860 pp. 1-20
Premier Chapitre

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LA PORTE D’ALCALA
DANS LE VOYAGE EN ESPAGNE
DE THEOPHILE GAUTIER

« L’on a dit et répété de toutes parts que le goût des courses de taureaux se perdait en Espagne, et que la civilisation les ferait bientôt disparaître ; si la civilisation fait cela, ce sera tant pis pour elle, car une course de taureaux est un des plus beaux spectacles que l’homme puisse imaginer ; mais ce jour-là n’est pas encore arrivé, et les écrivains sensibles qui disent le contraire n’ont qu’à se transporter un lundi, entre quatre et cinq heures, à la porte d’Alcala, pour se convaincre que le goût de ce féroce divertissement n’est pas encore près de se perdre. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859 – pp. 71-88
Chapitre VII

Calle de Alcalá – Rue d’Alcala – 阿尔卡拉街 – Улица Алькала – MADRID

Madrid – Мадрид – 马德里
Calle de Alcalá – Улица Алькала
阿尔卡拉街

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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


Calle de Alcalá
La Rue d’Alcala
阿尔卡拉街
Улица Алькала

La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 1 La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 2 La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 3 La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 4

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LA RUE D’ALCALA EN 1858

« Ce n’est pas que l’ordre soit difficile à garder. Placez-vous, par exemple, à la Puerta del Sol : elle vous mène à tout, elle est le confluent des principales rues : d’un côté la calle Mayor, de l’autre la rue d’Alcala, la carrera San-Geronimo, la Montera et les Carrelas. C’est dans ces limites qu’est concentrée l’activité de Madrid et ce qui s’y fait de commerce…
Puisque nous sommes revenus à la Puerta del Sol, allons-nous-en du côté du Prado. Vous pouvez, si vous voulez, prendre une voiture. Les petits coupés sont assez bien tenus, ils coûtent un franc la course ; quand ils sont libres, ils arborent un petit carton sur lequel il y a écrit : se alquila, à louer ; mais naturellement on ne peut bien flâner qu’à pied. Vous pouvez prendre indifféremment la rue d’Alcala ou la carrera San-Geronimo ; toutes deux vous mènent au Prado. « 

John Lemoinne
Quelques Jours en Espagne
Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858
pp. 423-445

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LA RUE D’ALCALA EN 1847

« D’autres ont été simplement rasés ; on y a établi des marchés, on y a formé des places. Il en est enfin qui ont été livrés à l’industrie particulière et que l’industrie a utilisés à son profit. Ces changements ne donnent-ils pas un tout autre aspect à une ville ? Il est certain que Madrid possède en ce moment des quartiers qui s’embellissent chaque jour et qui peuvent rivaliser avec les quartiers les plus renommés des autres capitales : telle est la rue d’Alcala, qui s’étend du Prado à la porte du Soleil, et forme, avec la rue Mayor, qui lui succède, la principale artère de Madrid. Imaginez parallèlement à la rue d’Alcala la rue San-Geronimo, la belle et vaste rue d’Atocha, toutes deux conduisant au Prado, qui les couronne, et vous pourrez prendre une idée de la partie remarquable de la ville. Là est le mouvement, là est la vie ; c’est le beau côté de la médaille. Si vous voulez connaître le revers, vous n’avez qu’à aller fouiller un instant le quartier de Lavapiès, dont les pauvres maisons cachent des existences plus pauvres encore, et où la misère espagnole s’étale dans toute sa nudité. »

Charles de Mazade
Madrid et la société espagnole en 1847
Revue des Deux Mondes, Période Initiale, tome 18
1847-pp. 317-353

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LA RUE D’ALCALA PAR THEOPHILE GAUTIER

« La calle del Caballero de Gracia franchie, il déboucha dans cette magnifique rue d’Alcala, qui s’élargit en descendant vers la porte de la ville, ainsi qu’un fleuve approchant de la mer, comme si elle se grossissait des affluents qui s’y dégorgent. »

Théophile Gautier
Militona -1847
Hachette, 1860 -pp. 1-20
Premier Chapitre

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LA CALLE DE ALCALA
DANS LE VOYAGE EN ESPAGNE
DE THEOPHILE GAUTIER
1859

« Le lundi, jour de taureaux, dia de toros, est un jour férié ; personne ne travaille, toute la ville est en rumeur ; ceux qui n’ont pas encore pris leurs billets marchent à grands pas vers la calle de Carretas, où est situé le bureau de location, dans l’espoir de trouver quelque place vacante ; car, disposition qu’on ne saurait trop louer, cet énorme amphithéâtre est entièrement numéroté et divisé en stalles, usage que l’on devrait bien imiter dans les théâtres de France. La calle de Alcala, qui est l’artère où viennent se dégorger les rues populeuses de la ville, est pleine de piétons, de cavaliers et de voitures ; c’est pour cette solennité que sortent de leurs remises poudreuses les calesines et les carrioles les plus baroques et les plus extravagantes, et que se produisent au jour les attelages les plus fantastiques, les mules les plus phénoménales. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859 – pp. 71-88
Chapitre VII

Le Camp de Wallenstein -WALLENSTEINS LAGER Schiller Traduction & Texte SOMMAIRE

LITTERATURE ALLEMANDE
Dramatische Werke
Théâtre

Friedrich von Schiller
1759-1805

Le Camp de Wallenstein Friedrich Schiller par Ludovike Simanowiz Traduction Française Artgitato

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WALLENSTEINS LAGER
LE CAMP DE WALLENSTEIN
1799
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Traduction Jacky Lavauzelle

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     Wallenstein, d’après Friedrich Pecht, édition de la trilogie,1859

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SOMMAIRE
Inhaltsverzeichnis

1. Auftritt
Scène 1

2. Auftritt
Scène 1

3. Auftritt
Scène 3

4. Auftritt
Scène 4

5. Auftritt
Scène 5

6. Auftritt
Scène 6

7. Auftritt
Scène 7

8. Auftritt
Scène 8
Huitième Tableau
Kapuzinerpredigt Schiller
Le Sermon du Capucin

9. Auftritt
Scène 9
Neuvième Tableau

10. Auftritt
Scène 10
Dixième Tableau

11. Auftritt
Scène 11
Onzième Tableau
Erste Teil – Première Partie
Zweite Teil – Seconde Partie
Teil Drei – Troisième Partie
Vierter Teil – Quatrième Partie
Fünfter Teil – Cinquième Partie
Teil Sechs – Sixième Partie
Teil 7 – Septième Partie
Teil 8 – Ende des Spiels – Fin de la pièce

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Personen
Personnages

Wachtmeister, von einem Terzkyschen Karabinier-Regiment.
Maréchal des logis d’un régiment de carabiniers de Tersky

Trompeter
Une trompette

Konstabler
Canonnier

Scharfschützen
Fusiliers

Zwei Holkische reitende Jäger
Deux chasseurs à cheval de Holk

Buttlerische Dragoner
Dragons de Buttler

Arkebusiere vom Regiment Tiefenbach
Arquebusiers du régiment de Tiefenbach

Kürassier von einem wallonischen Regiment
Cuirassier d’un régiment wallon

Kürassier von einem lombardischen 
Cuirassier d’un régiment lombard

Kroaten
Craotes

Ulanen
Ulhans

Rekrut
Recrue

Bürger
Bourgeois

Bauer
Paysan

Bauerknabe
Fils de paysan

Kapuziner
Capucin

Soldatenschulmeiste
Maître d’école militaire

Marketenderin
Cantinière

Eine Aufwärterin
Une servante

Soldatenjungen
Jeunes soldats

Hoboisten
Musiciens

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-6.jpg.

Adolf Kosárek – Zimni Noc – La nuit d’hiver de 1857

Adolf Kosárek
(1830-1859)

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 2

Zimni noc – Nuit d’hiver – Winter night
1857
(Palais Schwarzenberg – Schwarzenberský palác)

LE CIEL A PORTEE DE MAIN

Ozenfant et Jeanneret en reprochant le côté décoratif du cubisme soulignait « assez de jeux. Nous aspirons à une rigueur grave« . Cette rigueur, Adolf Kosárek  la trouve dans son Zimni noc, nuit d’hiver, de 1857, qu’il peint à 27 ans, deux ans avant sa mort.

Plus que du grave, il touche le dessus de la montagne. En mêlant ciel et terre, il rend irréel le réel. Où se tend le paysage qui dans le lointain se perd. Par le trouble et le doute, Adolf Kosárek nous montre que l’apparition se fait dans la disparition. Celle de la terre, de la neige, de la nuit, de nos doutes et de nos peurs.

 Adolf Kosárek  révolutionne dans une facture illusionniste, dans une nouvelle et étrange figuration. Révolutionner, c’est d’abord douter et ensuite troubler. Questionner l’ordre établi. Le ciel est à portée de pas, de main. Ainsi se conduit le rythme d’une discussion théologique, voire métaphysique.

Par petites touches indépendantes, là la chaumière, là l’arbre dans la tempête, là-bas les hommes retrouvant l’âtre et la chaleur. Ces apparitions se font alors dans la rapidité de l’éternité. Ainsi  Adolf Kosárek spatialise le temps qui passe. Les lumières et les ombres remplacent les aiguilles. Le jour et la nuit voudraient cohabiter. Le soir est là. Peut-être le matin.

C’est dans cette partition spatiale et symphonique, dans cet ensemble polyvalent, modulable que le chaud pénètre le spectateur, le chaud des lueurs et des feux. Le chaud du chaos du noir qui ne tardera pas à venir et à emporter et le ciel et la neige et nos yeux.

Dans cette direction,  Adolf Kosárek se met au service d’une doctrine, le romantisme, pour mieux l’étouffer et l’évacuer. C’est la cohérence interne qui domine et lisse l’œuvre afin de nous faire oublier la religiosité de la toile.

L’homme résiste par touches grises et noires. L’homme résiste encore à ce temps qui désormais est compté. L’homme est là, mais va bientôt disparaître. Il ne reste que les dos et les ombres. Pas plus qu’un sapin.

La nature est alors là pas aussi sereine que ça. Les lumières ne tarderont pas à s’éteindre les unes après les autres. Les rêves pourront alors cheminer du dedans des couches, au dessus des toits, par delà les chemins tracés de longues dates et par d’interminables balades.

Du calme de la neige, nous naviguons dans le tourbillon des nuages au-dessus d’une lune solaire. Du calme du cœur, nous glissons dans cette végétation étonnement inquiète et torturée. Mais notre regard reste au centre, constamment.

Sinon Adolf Kosárek nous glisse illico dans la chaumière de dieu, un peu plus haut que les yeux, mais toujours dans la toile.

Jacky Lavauzelle

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato1

« Kosarek peint son célèbre nuit d’hiver après son retour de son voyage en Baltique; ce tableau était présenté à l’exposition annuelle en 1857.
La grande toile évoque l’ambiance d’hiver poétique du réveillon de Noël dans le paysage de fantaisie romantique, et a été autant inspiré par son voyage à Rügen que par des motifs tirés de ses hautes terres de Bohême-Moravie. »

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 7

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 8

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 3

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 4

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 5

Adolf Kosárek Zimni noc Nuit d'hiver Winter night 1857 Artgitato 6

 Photos Artgitato