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SUR LES CHEMINS NOIRS Critique Sylvain TESSON LA DIAGONALE DU LOUP DANS LA BERGERIE


SYLVAIN TESSON
SUR LES CHEMINS NOIRS Critique
Editions Gallimard -2016

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L’ANGELUS de JEAN-FRANÇOIS MILLET
1857-1859
Musée d’Orsay
Paris

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LA DIAGONALE DU LOUP
DANS LA BERGERIE

L’époque a changé.

UNE NATURE NEUVE ET SOLIDE
Le mouvement a toujours questionné l’homme. Ses origines aussi. Le plein se trouve parfois à partir du vide. Sylvain Tesson en disant que sa quête qui le conduit sur « un réseau de chemin campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vide »  ne rejoint-il pas le désir taoïste :  » Et vous croyez, dit Lao-tzeu, que cela se passe ainsi, de la main à la main ? Faire durer la vie suppose bien des choses. Êtes-vous capable de conserver votre intégrité physique, de ne pas la compromettre ? Saurez-vous toujours distinguer le favorable du funeste ? Saurez-vous vous arrêter, et vous abstenir, à la limite ? Pourrez-vous vous désintéresser d’autrui, pour vous concentrer en vous-même ? Arriverez-vous à garder votre esprit libre et recueilli ? Pourrez-vous revenir à l’état de votre première enfance ? Le nouveau né vagit jour et nuit sans s’enrouer, tant sa nature neuve est solide. Il ne lâche plus ce qu’il a saisi, tant sa volonté est concentrée. Il regarde longuement sans cligner des yeux, rien ne l’émouvant. Il marche sans but et s’arrête sans motif, allant spontanément, sans réflexion. Être indifférent et suivre la nature, voilà la formule pour faire durer sa vie.  » (Œuvre de Tchoang-tzeu Chap. 23. Retour a la nature – traduit par Léon Wieger publié en 1913)

Mais Sylvain Tesson marche avec un but : partir à travers notre ruralité en longeant les chemins de France du sud vers le nord.

LE TRAVAIL DE L’ITINERANCE
L’homme a un besoin de retour, d’origine. Aujourd’hui plus fortement encore. Comme d’autres périodes de l’histoire qui agit en un balancier perpétuel.
Pierro Marcello sur son dernier film Bella e Perduta évoque son Italie : « J’ai appris à regarder l’Italie tout en contemplant depuis les trains, redécouvrant ainsi sa beauté et sa ruine. J’ai longtemps voulu faire un film itinérant qui traverserait des provinces pour décrire l’Italie : belle, oui, mais perdue. Leopardi l’a décrite comme une femme qui pleurait la tête dans ses mains à cause du poids de son histoire, et du mal ancestral lié à sa beauté. »
Le projet de Sylvain Tesson ne semble pas différent. A l’origine, une chute. Une petite chute. Huit mètres qui entraîneront l’auteur à couper la France de la frontière italienne du Col de Tende jusqu’au bout du Cotentin.

Une verticale qui engendrera une diagonale.

Quelques secondes de chute qui amèneront du 24 août au 8 novembre, à une marche initiatique dans ce que les parisiens appellent la France Profonde. En un mot, la France où nos citadins s’emmerdent sans Wi-Fi, sans autoroutes et sans TGV à travers l’hyper-ruralité par les chemins de traverses, les chemins noirs.

Nous sommes loin de cette fin du XIXe et du début du XXe siècle où la vitesse était l’objet de toutes les attentions, les peurs et les admirations. L’électron, la voiture ou la locomotive : »Le mécanicien dit alors au charretier : — Nous n’avons tué qu’un cheval et cassé qu’un chariot ; mais si je t’avais écouté, nous serions tous morts, nous et les voyageurs. Allant à toute vitesse, nous avons rejeté le chariot sans ressentir de secousse ; tandis que si nous avions ralenti, nous aurions déraillé. »  (Léon Tolstoï La vitesse et la force Traduction par Ely Halpérine-Kaminsky . Contes et fables, Librairie Plon, 1888 (pp. 93-94).) Passons sur l’Homme Pressé de Paul Morand, Un Jeune Homme bien pressé de Labiche, …

UNE MARCHE TGV
Le livre de Sylvain Tesson est une narration en marche rapide, forcée ?,  à travers des paysages divers de notre France.
Six heures, sept heures par jour, parfois plus.
(Mince, je commence à rêver d’avion…, c’est pas bon signe)
Mais, malheureusement pour nous, nous n’avons donc jamais l’impression de profiter des lieux. De les déguster. De les sentir. De les humer. Plutôt de les ingurgiter. Quelques impressions. Quelques réflexions. Des départements, des régions passent en quelques lignes. Rapides. Sortes de LGV de la langue. « Nous passâmes des heures à ouvrir et à refermer des clôtures pour nous frayer passage dans les champs » nous dit Sylvain Tesson.
J’aurais aimé un chapitre entier sur ces clôtures bancales, rénovées, en bois, métallique, rouge et rouillée, verte et huilée. Quels champs ? Aucun champ ne se ressemble. Aucune herbe non plus. Il y a tant dans chaque motte de terre. Et quelle terre ? Calcaire, pierreuse, boulbène.  Il eût fallu cent pages sur une feuille et une feuille sur une nervure ou sur une teinte entre le vert et le rouge. Un silence entre les phrases. Se poser. Un moment, respirer. Mais les pas entraînent les pas. Les sept ou huit heures de marches sont là. Et ça gâche ! Terriblement !
Ce n’est pas un catalogue qu’il aurait fallu. Mais une visite des lumières de l’aurore, des teintes du crépuscules. Ressentir la rosée qui s’éteint et celle qui se pose. Que le froid du petit matin nous passe dans le dos relevant, un à un, chacun de nos poils réveillés.
Un bon repas ne peut et ne doit être mangé comme une salade dans un fast-food.

Ce n’est pas un catalogue… Peut-être quelques mots. Quelques vers suffisent à Lermontov pour ressentir ce que nous dit le chemin, ce que nous disent les vibrations d’une feuille ou d’une mousse : « Je me penche et longtemps j’écoute :  Je crois entendre sur la route  Le son qu’un pas léger produit… Non, ce n’est rien ! C’est dans la mousse
Le bruit d’une feuille que pousse,  Le vent parfumé de la nuit. » (Mikhaïl Lermontov, L’attente)

POUR LA LIBERTE DE SE TAILLER LE MAILLOT EN PLEINE RURALITE
« Traverser ces villages donnait l’impression de passer la revue des façades en berne…Les commerces florissants étaient des salons esthétiques. » Oui, la France profonde n’est pas que joie et gaieté. Nous le savons tous. L’exode-rural pour rejoindre les villes n’a pas été qu’un simple souhait de s’agglutiner dans des périphéries, mais le souhait de trouver du travail, souvent moins pénible, offrir un avenir différent à ses enfants. Et ceux qui restent n’ont-ils pas le droit de se faire le maillot ou un gommage de peau ?  Nos dames rurales doivent-elles garder la source noire ?
Doivent-ils rester nos ruraux devant leur ballon de blanc ou leur byrrh ?

Nous avons donc, tout au long du livre, cette impression de vitesse et, comme dans un train, nous voyons tout et nous ne voyons rien.
Sylvain est en marche et la continue.

LA CAMPAGNE OUI MAIS AVEC LA CULTURE DU MONDE
Parler de ces espaces qui luttent ou qui n’intéressent tout simplement pas la mondialisation en comparant des paysages au plaines mongoles, ou passer à raconter de « la Russie des forêts« .   Amener des quantités de référence et mélanger Pessoa, Béatrice von Rezzori, Bruegel, etc. Le monde dans ses bagages. Un peu comme celui qui voyage et souhaite retrouver son hamburger et son café, comme à la maison.

POURQUOI SE FATIGUER A NOUS FATIGUER
Le livre se termine en une petite centaine  de pages. Trop rapides. Ok il a rencontré des bobos et hippies hollandais, anglais, des allemands et des chasseurs gros et gras, bêtes et débiles.
Mais quand il semble être fatigué de sa route, et que Sylvain Tesson avoue « il y allait avoir beaucoup de ponts à passer dans les prochaines heures. » On le sens épuisé. Fallait pas ! Rien n’oblige !

C’est dommage. Les ponts c’est beau.
C’est symbolique. Et comme les barrières, ils sont tous différents. Ils font se rejoindre les hommes et les territoires… Il ne faut pas se forcer, ni se donner du mal. La France est belle quand elle se découvre humblement, dans le temps. Mais dans cette beauté, il y a de la solitude non désirée, de la misère, de la pauvreté, de l’isolement non désiré aussi. Pour certains, ça la rend plus désirable encore.

Le noir se couche sur les chemins. Les rocades et les ronds-points gagnent. Et les salons esthétiques aussi.

Et alors ?

J’ai dû me tromper d’histoire…

Jacky Lavauzelle

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SUR LES CHEMINS NOIRS CRITIQUE

 

 

DOM CASMURRO Capítulo VI CHAPITRE Tio Cosme ONCLE COSME

O Agregado
DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

L’Œuvre de Joaquim Maria Machado de Assis

Poema & Prosa de Machado de Assis




Dom Casmurro Machado de Assis

Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Joaquim Maria Machado de Assis
 Rio de Janeiro 1839 – 1908 Rio de Janeiro


joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato




 

L’Œuvre de Machado de Assis

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Tio Cosme
ONCLE COSME
Dom Casmurro Machado de Assis

 DOM CASMURRO
VI
Roman – Romance
1899

Traduction Jacky Lavauzelle

*****

dom-casmurro-machado-de-assis-artgitato-joaquin-sorolla-paseo-par-la-playa-1909-museo-sorolla-madridJoaquin Sorolla
Paseo par la playa
1909
Museo Sorolla Madrid

 

Capítulo VI – Sixième Chapitre
Tio Cosme
Oncle Cosme




dom-casmurro-machado-de-assis-alfred-de-dreux-africain-tenant-un-cheval-au-bord-dune-merAlfred de Dreux
Africain tenant un cheval au bord d’une mer

*

Tio Cosme vivia com minha mãe, desde que ela enviuvou. 
Oncle Cosme a vécu avec ma mère, depuis qu’elle est devenue veuve.
Já então era viúvo, como prima Justina;
Il était alors veuf, la cousine Justina aussi ;
era a casa dos três viúvos.
la maison était devenue le foyer des trois veufs.

A fortuna troca muita vez as mãos à natureza.
Le sort modifie bien des fois les éléments de la nature.
Formado para as serenas funções do capitalismo, tio Cosme não enriquecia no foro:
Formé pour les fonctions sereines du capitalisme, l’oncle Cosme ne s’enrichissait pas dans son officine :
 ia comendo.
c’était alimentaire.
Tinha o escritório na antiga rua das Violas, perto do júri, que era no extinto Aljube.
Son bureau se trouvait dans l’ancienne rue des Violas, à proximité de la Cour d’Assises, qui s’était installée sur l’ancienne maison d’arrêt.
Trabalhava no crime.
Les crimes constituaient ses affaires quotidiennes.
José Dias não perdia as defesas orais de tio Cosme.
Jose Dias ne manquait jamais les plaidoiries de la défense que portait Oncle Cosme.
Era quem lhe vestia e despia a toga, com muitos cumprimentos no fim.
Aussi l’habillait-il en lui mettant sa toge et en la lui ôtant avec toujours beaucoup de compliments sur sa prestation du jour.
Em casa, referia os debates.
À la maison, il rééditait toutes les discussions.
Tio Cosme, por mais modesto que quisesse ser, sorria de persuasão.
Oncle Cosme, pourtant si modeste, ne pouvait retenir un sourire de contentement.



Era gordo e pesado, tinha a respiração curta e os olhos dorminhocos.
Il était gras et lourd, la respiration essoufflée et yeux fatigués.
Uma das minhas recordações mais antigas era vê-lo montar todas as manhãs a besta que minha mãe lhe deu e que o levava ao escritório.
Dans un de mes premiers souvenirs, je le vois monter chaque matin la bête que ma mère lui avait donné et qui l’emmenait à son bureau.
O preto que a tinha ido buscar à cocheira, segurava o freio, enquanto ele erguia o pé e pousava no estribo;
L’esclave noir qui allait chercher le chercher à l’écurie, tenait le mors, pendant que l’oncle levait son pied pour le caler dans l’étrier ;
a isto seguia-se um minuto de descanso ou reflexão.
suivait alors une minute de repos ou de réflexion.
Depois, dava um impulso, o primeiro, o corpo ameaçava subir, mas não subia;
Ensuite, il donnait une impulsion, la première : le corps  menaçait de se lever, mais menaçait seulement ;
segundo impulso, igual efeito.
une seconde impulsion : même effet.
Enfim, após alguns instantes largos, tio Cosme enfeixava todas as forças físicas e morais, dava o último surto da terra, e desta vez caía em cima do selim.
Enfin, après un grand moment, l’oncle Cosme rassemblaient toutes ses forces physiques et morales, lui permettant ainsi de se détacher de la terre, et cette fois-ci de bien retomber sur le dessus de la selle.
Raramente a besta deixava de mostrar por um gesto que acabava de receber o mundo.
Rarement la bête, qui venait de recevoir d’un coup sur son dos la masse du monde, ne faisait pas d’écart.
Tio Cosme acomodava as carnes, e a besta partia a trote.
Oncle Cosme positionnait sa masse, et la bête partait alors au trot.



Também não me esqueceu o que ele me fez uma tarde.
Également je n’ai pas oublié ce qu’il me fit un après-midi.
Posto que nascido na roça (donde vim com dois anos) e apesar dos costumes do tempo, eu não sabia montar, e tinha medo ao cavalo.
Bien que né à la ferme (j’y ai vécu durant deux ans) et, malgré les coutumes de temps, je ne savais pas monter à cheval, et, plus encore, je le craignais.
Tio Cosme pegou em mim e escanchou-me em cima da besta.
Oncle Cosme me saisit et m’installa sur la bête.
Quando me vi no alto (tinha nove anos), sozinho e desamparado, o chão lá embaixo, entrei a gritar desesperadamente: « Mamãe! mamãe! »
Quand je me suis retrouvé sur son dos (j’avais neuf ans), seul et sans défense, le sol en dessous, je me mis à crier désespérément : «Maman ! maman ! »
Ela acudiu, pálida e trêmula, cuidou que me estivessem matando, apeou-me, afagou-me, enquanto o irmão perguntava:
Elle arriva en courant, pâle et tremblante, elle croyait que l’on me tuait, me fit mettre pied à terre, me caressa alors pendant que son frère ajouta :



— Mana Glória, pois um tamanhão destes tem medo de besta mansa?
– Gloria, comment ce grand garçon a-t-il peur d’une bête si inoffensive ?

— Não está acostumado.
– il n’a pas l’habitude, voyons !

— Deve acostumar-se.
– il soit s’habituer.
Padre que seja, se for vigário na roça, é preciso que monte a cavalo;
S’il doit être prêtre, il est nécessaire qu’il sache monter à cheval, comme tout bon curé ;
e, aqui mesmo, ainda não sendo padre, se quiser florear como os outros rapazes, e não souber, há de queixar-se de você, mana Glória.
et même s’il n’est pas prêtre ; comme tous les autres garçons, s’il ne sait pas, il se plaindra auprès de vous, sœur Gloria.

— Pois que se queixe; tenho medo.
– Il se plaindra, soit ; mais moi, j’ai peur.

— Medo! Ora, medo!
– Peur ?

A verdade é que eu só vim a aprender equitação mais tarde, menos por gosto que por vergonha de dizer que não sabia montar.
La vérité c’est que j’ai appris l’équitation plus tard, moins par passion que par la honte de dire que je ne savais pas monter.
« Agora é que ele vai namorar deveras », disseram quando eu comecei as lições.
« Maintenant, il pourra aller flirter » disait-on quand j’ai commencé les leçons.
Não se diria o mesmo de tio Cosme.
On ne disait pas la même chose de l’oncle Cosme.
Nele era velho costume e necessidade.
C’était pour lui une vieille habitude et un besoin.
Já não dava para namoros.
Déjà, il ne partait pas pour des aventures amoureuses.
Contam que, em rapaz, foi aceito de muitas damas, além de partidário exaltado;
Il se dit que, plus jeune, il était apprécié de nombreuses dames, et un partisan politique exalté ;
mas os anos levaram-lhe o mais do ardor político e sexual, e a gordura acabou com o resto de idéias públicas e específicas.
mais les années lui enlevèrent la majeur partie des ardeurs autant politiques que sexuelles, et la graisse finit cet ouvrage pour ce qu’il lui restait d’idées publiques et spécifiques.
Agora só cumpria as obrigações do ofício e sem amor.
Maintenant il remplissait dans la chasteté seulement ses obligations du bureau.
Nas horas de lazer vivia olhando ou jogava.
Pendant ses heures de loisir, il observait ou il jouait.
Uma ou outra vez dizia pilhérias.
De temps à autres, il blaguait.

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Tio Cosme
DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

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dom-casmurro-machado-de-assis-la-denonciation-artgitato-victor-meirelles-de-lima-la-premiere-messe-au-bresil-1861Victor Meirelles de Lima
La Première messe au Brésil
A Primeira Missa no Brasil
1861
Museu Nacional de Belas Artes – MnBA
Rio de Janeiro

L’HABITUE O Agregado DOM CASMURRO – MACHADO DE ASSIS – CHAPITRE V

O Agregado
DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

L’Œuvre de Joaquim Maria Machado de Assis

Poema & Prosa de Machado de Assis




Dom Casmurro Machado de Assis

Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Joaquim Maria Machado de Assis
 Rio de Janeiro 1839 – 1908 Rio de Janeiro


joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato




 

L’Œuvre de Machado de Assis

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O Agregado
Dom Casmurro Machado de Assis

 DOM CASMURRO
V
Roman – Romance
1899

Traduction Jacky Lavauzelle

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dom-casmurro-machado-de-assis-artgitato-joaquin-sorolla-paseo-par-la-playa-1909-museo-sorolla-madridJoaquin Sorolla
Paseo par la playa
1909
Museo Sorolla Madrid

 

Capítulo V – Cinquième Chapitre
O Agregado
L’HABITUE




Nem sempre ia naquele passo vagaroso e rígido. 
Ce pas lent, il ne l’avait pas toujours.
Também se descompunha em acionados, era muita vez rápido e lépido nos movimentos, tão natural nesta como naquela maneira.
Aussi pouvait-il s’agiter en de rapides et agiles mouvements, aussi naturels que le premier.
Outrossim, ria largo, se era preciso, de um grande riso sem vontade, mas comunicativo, a tal ponto as bochechas, os dentes, os olhos, toda a cara, toda a pessoa, todo o mundo pareciam rir nele.
De plus, il riait d’un large rire, si c’était nécessaire, un grand rire sans se forcer, mais communicatif, à tel point que les joues, les dents, les yeux, le visage entier, toute la personne, tout le monde semblait rire en lui.
Nos lances graves, gravíssimo.
Dans ses expressions graves, il devenait très grave.



Era nosso agregado desde muitos anos;
Il était notre habitué depuis de nombreuses années;
meu pai ainda estava na antiga fazenda de Itaguaí, e eu acabava de nascer.
mon père vivait encore dans l’ancienne ferme d’Itaguai, et je suis né.
Um dia apareceu ali vendendo-se por médico homeopata;
Un jour, il est apparu pour vendre de la médecine homéopathique ;
levava um Manual e uma botica. 
avec un Manuel et toute une pharmacie.
Havia então um andaço de febres; 
Il y eut à cette époque une épidémie de fièvre ;
José Dias curou o feitor e uma escrava, e não quis receber nenhuma remuneração.
Jose Dias guérit le surveillant et un esclave, et ne souhaita recevoir aucune rémunération.
Então meu pai propôs-lhe ficar ali vivendo, com pequeno ordenado.
Alors mon père lui proposa de vivre chez nous avec une petite somme.
José Dias recusou, dizendo que era justo levar a saúde à casa de sapé do pobre.
Jose Dias refusa, arguant qu’il était juste de soigner les plus pauvres.




— Quem lhe impede que vá a outras partes? 
– Qui vous empêche d’aller dans d’autres contrées ?
Vá aonde quiser, mas fique morando conosco.
Allez où vous voulez, mais restez vivre avec nous.

— Voltarei daqui a três meses.
– Je serai de retour d’ici trois mois !

Voltou dali a duas semanas, aceitou casa e comida sem outro estipêndio, salvo o que quisessem dar por festas.
Il est revenu deux semaines après et s’installa dans chambre sans autre allocation, à l’exception des étrennes pour les fêtes.
Quando meu pai foi eleito deputado e veio para o Rio de Janeiro com a família, ele veio também, e teve o seu quarto ao fundo da chácara.
Quand mon père a été élu député et est arrivé à Rio de Janeiro avec sa famille, il a suivi aussi en occupant une chambre au fond de l’exploitation.
Um dia, reinando outra vez febres em Itaguaí, disse-lhe meu pai que fosse ver a nossa escravatura.
Un jour, la fièvre à nouveau sévissait à Itaguai, mon père lui demanda d’aller voir nos esclaves souffrants.
José Dias deixou-se estar calado, suspirou e acabou confessando que não era médico.
Jose Dias resta muet, soupira et finalement avoua qu’il n’était pas médecin.
Tomara este título para ajudar a propaganda da nova escola, e não o fez sem estudar muito e muito; 
Il avait endossé ce titre pour aider la nouvelle propagande de l’école, avec, toutefois, des études très longues ;
mas a consciência não lhe permitia aceitar mais doentes.
 mais sa conscience ne lui permettait plus d’accepter plus de patients.

— Mas, você curou das outras vezes.
– Mais tu as guéri les autres fois.



— Creio que sim;
– Je pense que oui;
o mais acertado, porém, é dizer que foram os remédios indicados nos livros.
 la chose certaine, cependant, serait de dire que c’est grâce aux médicaments indiqués dans les livres.
Eles, sim; eles, abaixo de Deus.
 Eux, oui ; eux, après Dieu.
Eu era um charlatão… Não negue;
J’étais un charlatan … Je ne le nie pas ;
os motivos do meu procedimento podiam ser e eram dignos;
les raisons de mon action pouvaient être et étaient dignes ;
a homeopatia é a verdade, e, para servir à verdade, menti;
L’homéopathie est la vérité, et, pour servir la vérité, je mentais ;
mas é tempo de restabelecer tudo.
mais il est temps de restaurer toute la vérité.

Não foi despedido, como pedia então; 
Il ne fut pas chassé, comme il le demandait alors ;
meu pai já não podia dispensá-lo.
mon père ne pouvait plus s’en passer.
Tinha o dom de se fazer aceito e necessário;
Il avait le don de se faire accepter et de se rendre nécessaire ;
dava-se por falta dele, como de pessoa da família.
absent, il manquait, comme une personne de la famille.
Quando meu pai morreu, a dor que o pungiu foi enorme, disseram-me, não me lembra.
Quand mon père est mort, sa douleur était énorme, m’a-t-on dit,  car je ne m’en souviens pas.
Minha mãe ficou-lhe muito grata, e não consentiu que ele deixasse o quarto da chácara;
Ma mère était très reconnaissante, et ne lui permit pas de quitter la chambre de la ferme ;
ao sétimo dia, depois da missa, ele foi despedir-se dela.
le septième jour, après la messe, il vint pour lui faire ses adieux.



— Fique, José Dias.
– Restez, Jose Dias.

— Obedeço, minha senhora.
– J’obéis, madame.

Teve um pequeno legado no testamento, uma apólice e quatro palavras de louvor. 
Il trouva un petit héritage dans son testament, une rente et des mots d’éloge.
Copiou as palavras, encaixilhou-as e pendurou-as no quarto, por cima da cama.
Il a copié les mots, les encadra et les suspendit dans sa chambre, au-dessus du lit.
« Esta é a melhor apólice », dizia ele muita vez.
 « Voici la plus belle des rentes», disait-il à de nombreuses reprises.
Com o tempo, adquiriu certa autoridade na família, certa audiência, ao menos;
Au fil du temps, il acquit une certaine autorité dans la famille, une certaine audience, du moins ;
abusava, e sabia opinar obedecendo. 
sans en abuser, et il savait s’exprimer et obéir tout à la fois.
Ao cabo, era amigo, não direi ótimo, mas nem tudo é ótimo neste mundo.
Finalement, c’était un ami, je ne dirai pas grand, mais rien n’est vraiment grand en ce monde.
E não lhe suponhas alma subalterna;
Et ne le jugez pas comme une âme subalterne ;
as cortesias que fizesse vinham antes do cálculo que da índole. 
la courtoisie qu’il arborait était plus une conséquence d’un calcul que de sa nature.
A roupa durava-lhe muito;
Ses vêtements lui duraient longtemps ;
ao contrário das pessoas que enxovalham depressa o vestido novo, ele trazia o velho escovado e liso, cerzido, abotoado, de uma elegância pobre e modesta.




contrairement à ceux qui rapidement se lassent d’un nouvel habit, lui, portait, brossées et repassées, reprisées, boutonnées, ses anciennes tenues avec une élégance à la fois pauvre et modeste.
Era lido, posto que de atropelo, o bastante para divertir ao serão e à sobremesa, ou explicar algum fenômeno, falar dos efeitos do calor e do frio, dos pólos e de Robespierre.
Il lisait de tout, assez pour divertir une soirée et enjoliver un dessert, en expliquant un phénomène quelconque ou en se passionnant sur les effets de la chaleur et le froid, des pôles et de Robespierre.
Contava muita vez uma viagem que fizera à Europa, e confessava que a não sermos nós, já teria voltado para lá; 
Il évoquait souvent un voyage qu’il avait fait en Europe, et avouait que, sans nous avoir rencontrés, il y serait retourné ;
tinha amigos em Lisboa, mas a nossa família, dizia ele, abaixo de Deus, era tudo.
Il avait des amis à Lisbonne, mais notre famille, disait-il, après Dieu, était tout.

— Abaixo ou acima?
– Avant ou après ?
perguntou-lhe tio Cosme um dia.
lui  demanda l’oncle Cosme un jour.

— Abaixo, repetiu José Dias cheio de veneração.
– Après, répéta José Dias plein de vénération.

E minha mãe, que era religiosa, gostou de ver que ele punha Deus no devido lugar, e sorriu aprovando.
Et ma mère, qui était si pieuse, apprécia de le voir mettre Dieu à sa place, et sourit d’un air approbateur.
José Dias agradeceu de cabeça.
Jose Dias remercia d’un mouvement de la tête.
Minha mãe dava-lhe de quando em quando alguns cobres.
Ma mère lui donnait de temps en temps quelques pièces.
Tio Cosme, que era advogado, confiava-lhe a cópia de papéis de autos.
Oncle Cosme, qui lui était un avocat, lui confiait des papiers à copier pour son officine.

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O Agregado
DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

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dom-casmurro-machado-de-assis-la-denonciation-artgitato-victor-meirelles-de-lima-la-premiere-messe-au-bresil-1861Victor Meirelles de Lima
La Première messe au Brésil
A Primeira Missa no Brasil
1861
Museu Nacional de Belas Artes – MnBA
Rio de Janeiro

Dom Casmurro Machado de Assis CHAPITRE IV CAPITULO Um Dever Amaríssimo !

DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

L’Œuvre de Joaquim Maria Machado de Assis

Poema & Prosa de Machado de Assis




Dom Casmurro Machado de Assis

Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Joaquim Maria Machado de Assis
 Rio de Janeiro 1839 – 1908 Rio de Janeiro


joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato




 

L’Œuvre de Machado de Assis

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Dom Casmurro Machado de Assis

 DOM CASMURRO
IV
Roman – Romance
1899

Traduction Jacky Lavauzelle

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dom-casmurro-machado-de-assis-artgitato-joaquin-sorolla-paseo-par-la-playa-1909-museo-sorolla-madridJoaquin Sorolla
Paseo par la playa
1909
Museo Sorolla Madrid

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DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

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dom-casmurro-machado-de-assis-la-denonciation-artgitato-victor-meirelles-de-lima-la-premiere-messe-au-bresil-1861Victor Meirelles de Lima
La Première messe au Brésil
A Primeira Missa no Brasil
1861
Museu Nacional de Belas Artes – MnBA
Rio de Janeiro

Capítulo IV – Quatrième Chapitre
Um Dever Amaríssimo!
UN DEVOIR PLUS QU’AMER !




José Dias amava os superlativos.
José Dias aimait les superlatifs.
Era um modo de dar feição monumental às idéias;
C’était un moyen pour donner de la force aux idées ;
não as havendo, servia a prolongar as frases.
du moins c’était un moyen pour prolonger les phrases.
Levantou-se para ir buscar o gamão, que estava no interior da casa.
Il se leva pour aller chercher le backgammon, qui se trouvait à l’intérieur de la maison.
Cosi-me muito à parede, e vi-o passar com as suas calças brancas engomadas, presilhas, rodaque e gravata de mola.
Je me collai au mur, et je le vis  passer avec son pantalon blanc amidonné, pinces, redingote et cravate printanière.
Foi dos últimos que usaram presilhas no Rio de Janeiro, e talvez neste mundo.
Ce fut un des derniers a utiliser des pinces à Rio de Janeiro, et peut-être dans le monde.
Trazia as calças curtas para que lhe ficassem bem esticadas.
Il portait un pantalon court car bien tendu.








A gravata de cetim preto, com um arco de aço por dentro, imobilizava-lhe o pescoço;
La cravate de satin noir tenue par un arc d’acier à l’intérieur, immobilisait son cou ;
era então moda.
c’était alors à la mode.
O rodaque de chita, veste caseira e leve, parecia nele uma casaca de cerimônia.
La redingote légère et colorée en coton le faisait ressembler à un homme en tenue de cérémonie.
Era magro, chupado, com um princípio de calva;
Il était mince, les joues creusées avec un début de calvitie ;
teria os seus cinquenta e cinco anos.
il devait avoir cinquante-cinq ans.
Levantou-se com o passo vagaroso do costume, não aquele vagar arrastado dos preguiçosos, mas um vagar calculado e deduzido, um silogismo completo, a premissa antes da consequência, a consequência antes da conclusão. 
Il se leva lentement, comme à son habitude, tel un paresseux, mais de manière calculée et déduite, un syllogisme complet, la prémisse avant la conséquence, la conséquence avant la conclusion.
Um dever amaríssimo!
Un devoir très amer !

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Dom Casmurro Machado de Assis

DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS CHAPITRE III A Denúncia Capítulo III LA DENONCIATION

DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

L’Œuvre de Joaquim Maria Machado de Assis

Poema & Prosa de Machado de Assis




Dom Casmurro Machado de Assis

Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Joaquim Maria Machado de Assis
 Rio de Janeiro 1839 – 1908 Rio de Janeiro


joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato




 

L’Œuvre de Machado de Assis

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Dom Casmurro Machado de Assis

 DOM CASMURRO
III
Roman – Romance
1899

Traduction Jacky Lavauzelle

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dom-casmurro-machado-de-assis-artgitato-joaquin-sorolla-paseo-par-la-playa-1909-museo-sorolla-madridJoaquin Sorolla
Paseo par la playa
1909
Museo Sorolla Madrid

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DOM CASMURRO MACHADO DE ASSIS

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dom-casmurro-machado-de-assis-la-denonciation-artgitato-victor-meirelles-de-lima-la-premiere-messe-au-bresil-1861Victor Meirelles de Lima
La Première messe au Brésil
A Primeira Missa no Brasil
1861
Museu Nacional de Belas Artes – MnBA
Rio de Janeiro

Capítulo III- Troisième Chapitre
A Denúncia
LA DENONCIATION




Ia a entrar na sala de visitas, quando ouvi proferir o meu nome e escondi-me atrás da porta.
J’allais entrer dans le salon quand j’entendis prononcer mon nom ; je me cachais derrière la porte.
A casa era a da rua de Mata-cavalos, o mês novembro, o ano é que é um tanto remoto, mas eu não hei de trocar as datas à minha vida só para agradar às pessoas que não amam histórias velhas;
La maison était celle qui se trouve dans la rue de Mata-cavalos, au mois de novembre, d’une année qui date un peu… mais je ne vais tout de même pas changer les dates de ma vie juste pour plaire aux gens qui n’aiment pas vieilles histoires !
o ano era de 1857.
c’était en 1857.

— D. Glória, a senhora persiste na idéia de meter o nosso Bentinho no seminário?
– Dona Gloria, vous persistez donc dans l’idée de mettre notre Bentinho au séminaire ?
É mais que tempo, e já agora pode haver uma dificuldade.
Il est grand temps, et maintenant il est probable que nous rencontrions une difficulté.

— Que dificuldade?
– Quelle difficulté ?

— Uma grande dificuldade.
– Une grande difficulté.

Minha mãe quis saber o que era.
Ma mère souhaitait savoir de quoi il retournait.
José Dias, depois de alguns instantes de concentração, veio ver se havia alguém no corredor;
Jose Dias, après quelques instants de concentration, regarda si personne ne se trouvait dans le couloir ;
não deu por mim, voltou e, abafando a voz, disse que a dificuldade estava na casa ao pé, a gente do Pádua.
ne remarquant rien, il revint, baissant la voix, il continua en soulignant que la difficulté venait de la maison d’à côté, celle des Padua.

— A gente do Pádua?
– Les Padua ?

— Há algum tempo estou para lhe dizer isto, mas não me atrevia.
– Depuis quelque temps, je tenais à vous le dire, mais je n’osais pas.
Não me parece bonito que o nosso Bentinho ande metido nos cantos com a filha do Tartaruga, e esta é a dificuldade, porque se eles pegam de namoro, a senhora terá muito que lutar para separá-los.
Il ne me paraît pas convenable que notre Bentinho se cache dans les coins avec la fille de la Tortue, là est le problème, car s’ils s’emmourachent, madame, vous bataillerez pour les séparer.

— Não acho.
– Non, je ne trouve pas.
Metidos nos cantos?
Ils se nichent dans les coins ?

— É um modo de falar.
– C’est une façon de parler.
Em segredinhos, sempre juntos.
Dans les petits secrets, ils se retrouvent toujours ensemble.
Bentinho quase não sai de lá.
Bentinho ne sort quasiment jamais de là.
A pequena é uma desmiolada;
La petite est une écervelée ;
o pai faz que não vê;
le père fait comme s’il ne voyait rien ;
tomara ele que as coisas corressem de maneira que…
voulant bien même que les choses se fassent de manière que …
Compreendo o seu gesto;
Je comprends votre geste ;
a senhora não crê em tais cálculos, parece-lhe que todos têm a alma cândida…
vous ne croyez pas dans ces calculs, il vous semble que tout le monde possède une âme candide …

— Mas, Sr. José Dias, tenho visto os pequenos brincando, e nunca vi nada que faça desconfiar.
– Mais M. Jose Dias, je les vois s’amuser, et je n’ai jamais vu quoi que ce soit de suspect.
Basta a idade;
A leur âge…
Bentinho mal tem quinze anos.
Bentinho a à peine quinze ans.
Capitu fez quatorze à semana passada;
Capitu a fait quatorze ans la semaine dernière ;
são dois criançolas.
Ce sont deux enfants.
Não se esqueça que foram criados juntos, desde aquela grande enchente, há dez anos, em que a família Pádua perdeu tanta coisa; 
N’oubliez pas non plus qu’ils ont été élevés ensemble, depuis la grande inondation, il y a dix ans, dans la famille Padua qui avait tellement perdu de choses à cette occasions ;
daí vieram as nossas relações.
c’est depuis que datent nos relations.
Pois eu hei de crer? …
Comment alors croire ? …
Mano Cosme, você que acha?
Mon frère Cosme, qu’en pensez vous donc ?





Tio Cosme respondeu com um « Ora! » que, traduzido em vulgar, queria dizer:
Oncle Cosme répondit d’un « Allons ! » qui, traduit en plus clair, signifiait :
« São imaginações do José Dias;
«Ce sont des imaginations de José Dias,
os pequenos divertem-se, eu divirto-me; onde está o gamão? »
les petits prennent du plaisir à se divertir, je m’amuse : où est le problème ? »

— Sim, creio que o senhor está enganado.
– Oui, je pense que vous vous trompez.

Pode ser, minha senhora. Oxalá tenham razão; mas creia que não falei senão depois de muito examinar…
– C’est possible, madame. Vous avez peut-être raison ; mais croyez bien que je n’ai parlé qu’après mûres réflexions …

— Em todo caso, vai sendo tempo, interrompeu minha mãe;
– Dans tous les cas, le temps est venu , interrompit ma mère ;
vou tratar de metê-lo no seminário quanto antes.
je vais essayer de le faire rentrer au séminaire le plus tôt possible.

— Bem, uma vez que não perdeu a idéia de o fazer padre, tem-se ganho o principal.
– Eh bien, le principal est d’en faire un prêtre, c’est ça le plus important !
Bentinho há de satisfazer os desejos de sua mãe.
Bentinho se doit de satisfaire les souhaits de sa mère.
E depois a igreja brasileira tem altos destinos.
Et puis l’église brésilienne offre de belles carrières.
Não esqueçamos que um bispo presidiu a Constituinte, e que o padre Feijó governou o Império…
Il ne faut pas oublier qu’un évêque a présidé la Constituante, et que le prêtre Feijo a gouverné l’Empire …

— Governo como a cara dele! atalhou tio Cosme, cedendo a antigos rancores políticos.
– Il a gouverné comme un couard ! interrompit l’oncle Cosme, en ressortant ses vieilles rancunes politiques.

— Perdão, doutor, não estou defendendo ninguém, estou citando.
– Excusez-moi, docteur, je ne défends personne, je cite.
O que eu quero é dizer que o clero ainda tem grande papel no Brasil.
Ce que je veux dire c’est que le clergé joue encore un grand rôle au Brésil.





— Você o que quer é um capote;
– Je vais vous mettre capot ;
ande, vá buscar o gamão.
allez donc, allez chercher le backgammon.
Quanto ao pequeno, se tem de ser padre, realmente é melhor que não comece a dizer missa atrás das portas.
Quant au petit, s’il doit être prêtre, il est préférable qu’il ne commence pas à dire la messe derrière les portes.
Mas, olhe cá, mana Glória, há mesmo necessidade de fazê-lo padre?
Mais allons, ma sœur Gloria, est-il nécessaire d’en faire un prêtre ?

— É promessa, há de cumprir-se.
– C’est une promesse, elle doit être tenue.

— Sei que você fez promessa… mas uma promessa assim… não sei…
– Je sais que vous avez fait cette promesse … mais une telle promesse … je ne sais pas …
Creio que, bem pensado…
Je pense que, tout bien calculé…
Você que acha, prima Justina?
Et vous ? Qu’en pensez-vous, cousine Justina ?

— Eu?
– Moi ?

— Verdade é que cada um sabe melhor de si, continuou tio Cosme;
– Il est vrai que chacun sait ce qu’il se doit de faire, continua l’oncle Cosme ;
Deus é que sabe de todos.
Dieu sait tout.
Contudo, uma promessa de tantos anos…
Cependant, une promesse d’il y a tant d’années …
Mas, que é isso, mana Glória?
Mais quoi , sœur Gloria?
Está chorando? Ora esta!
Vous pleurez ? Allons !
Pois isto é coisa de lágrimas?
Tout cela est la cause de vos larmes ?

Minha mãe assoou-se sem responder.
Ma mère se moucha sans répondre.
Prima Justina creio que se levantou e foi ter com ela.
Je crois que Cousine Justina se leva et se dirigea vers elle.
Seguiu-se um alto silêncio, durante o qual estive a pique de entrar na sala, mas outra força maior, outra emoção…
Il y eut un grand silence, au cours duquel je fus sur le point d’entrer dans la salle, mais un cas de force majeure, une autre émotion …
Não pude ouvir as palavras que tio Cosme entrou a dizer.
je ne pus entendre les mots que l’oncle Cosme venait de me dire.
Prima Justina exortava:
Cousine Justina exhortait :
« Prima Glória! Prima Glória! »
« Cousine Gloria ! Cousine Gloria ! »
José Dias desculpava-se:
Jose Dias présenta ses excuses:
« Se soubesse, não teria falado, mas falei pela veneração, pela estima, pelo afeto, para cumprir um dever amargo, um dever amaríssimo…
«Si j’avais su, n’aurais pas parlé, mais je l’ai fait avec vénération, estime, affection, pour remplir un devoir amer, un devoir immensément amer…

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Dom Casmurro Machado de Assis

PRAYER KHALIL GIBRAN SUR LA PRIERE The Prophet XXIII

prayer-khalil-gibran-the-prophet-la-priere-le-prophete-artgitato-jean-francois-millet-langelusPRAYER Khalil Gibran The Prophet
Sur La Prière

The Prophet XXIII
PRAYER KHALIL GIBRAN
Littérature Libanaise
Lebanese literature
le-prophete-khalil-gibran-fred-holland-day-1898Photographie de Fred Holland Day
1898



جبران خليل جبران
Gibran Khalil Gibran
1883–1931
le-prophete-khalil-gibran-the-prophete-n

Traduction Jacky Lavauzelle

 

THE PROPHET XXIII
 PRAYER
LA PRIERE
1923


*

prayer-khalil-gibran-the-prophet-la-priere-le-prophete-artgitato-jean-francois-millet-langelusL’Angélus
Jean-François Millet
1857-1859

Musée d’Orsay – Paris

*

Then a priestess said, « Speak to us of Prayer. »
Puis une prêtresse demanda : « Parle-nous de la Prière. »

And he answered, saying:
Et il répondit en disant :

You pray in your distress and in your need; would that you might pray also in the fullness of your joy and in your days of abundance.
Vous priez dans votre détresse et dans votre besoin ; vous devriez prier aussi dans la plénitude de votre joie et pendant vos jours d’abondance.

For what is prayer but the expansion of yourself into the living ether?
Car qu’est-ce que la prière, sinon l’expansion de vous-même dans l’éther vivant ?

And if it is for your comfort to pour your darkness into space, it is also for your delight to pour forth the dawning of your heart.
Et si c’est pour votre réconfort que vous versez vos ténèbres dans l’espace, c’est aussi pour votre plaisir que vous répandez l’aube de votre cœur.

And if you cannot but weep when your soul summons you to prayer, she should spur you again and yet again, though weeping, until you shall come laughing.
Et si vous ne pouvez que pleurer quand votre âme vous convoque à la prière, elle devrait vous inciter encore et encore, malgré les pleurs, jusqu’à ce que vous puissiez rire.

When you pray you rise to meet in the air those who are praying at that very hour, and whom save in prayer you may not meet.
Quand vous priez, vous vous lèvez pour rencontrer dans les airs ceux qui prient dans le même instant, et qui, sauf dans la prière, vous n’auriez jamais rencontré.

Therefore let your visit to that temple invisible be for naught but ecstasy and sweet communion.
Que votre visite à ce temple invisible ne soit rien sinon une extase et une douce communion.

For if you should enter the temple for no other purpose than asking you shall not receive.
Car si vous devez entrer dans le temple avec un autre but que de demander, alors vous ne recevrez rien.

And if you should enter into it to humble yourself you shall not be lifted:
Et si vous y pénétrez pour vous humilier, vous ne serez point élevé ;

Or even if you should enter into it to beg for the good of others you shall not be heard.
Ou même si vous y entrez pour mendier pour le bien des autres, vous ne serez pas entendu.

It is enough that you enter the temple invisible.
Il suffit que vous entriez dans le temple invisible.

I cannot teach you how to pray in words.
Je ne peux vous apprendre à prier avec des mots.

God listens not to your words save when He Himself utters them through your lips.
Dieu n’écoute pas vos paroles, sauf quand Il les prononce à travers vos lèvres.

And I cannot teach you the prayer of the seas and the forests and the mountains.
Et je ne peux pas vous enseigner la prière des mers, des forêts et des montagnes.

 But you who are born of the mountains and the forests and the seas can find their prayer in your heart,
Mais vous qui êtes nés des montagnes, des forêts et des mers, vous pouvez trouver leur prière dans votre cœur,

And if you but listen in the stillness of the night you shall hear them saying in silence,
Et si vous écoutez dans le calme de la nuit, vous les entendez dire en silence :

« Our God, who art our winged self, it is thy will in us that willeth.
«Notre Dieu, qui es notre moi-ailé, c’est ta volonté en nous qui veut.

It is thy desire in us that desireth.
C’est ton désir en nous qui désire.

It is thy urge in us that would turn our nights, which are thine, into days which are thine also.
C’est ton envie en nous qui changera nos nuits qui sont les tiennes en jours qui sont aussi à toi.

We cannot ask thee for aught, for thou knowest our needs before they are born in us:
Nous ne pouvons rien te demander, car tu connais nos besoins avant qu’ils ne soient nés en nous :

Thou art our need; and in giving us more of thyself thou givest us all. »
Tu es notre besoin ; et en nous donnant plus de toi-même, tu nous donnes tout. »

*

La Prière Le Prophète XXIII
Prayer Khalil Gibran

QUE TA VOLONTE SOIT FAITE Poème de Joseph von EICHENDORFF – Dein Wille, Herr, geschehe!

La Poésie de Joseph von Eichendorff
die Poesie von Joseph von Eichendorff

Dein Wille, Herr, geschehe!
Que ta volonté soit faite

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes
Signature de Joseph von Eichendorff

 

Joseph von Eichendorff
 1788-1857

 Poésie de Joseph von Eichendorff Gedichte von Joseph von Eichendorff Poesie Artgitato

Que ta volonté soit faite

Poème de Joseph von Eichendorff

Gedicht von Joseph von Eichendorff

Dein Wille, Herr, geschehe!

*

OLYMPUS DIGITAL CAMERA
Photo Jacky Lavauzelle

*

 

Dein Wille, Herr, geschehe!
Que ta volonté soit faite, Seigneur !
Verdunkelt schweigt das Land,
Repose silencieux le pays,
Im Zug der Wetter sehe
Dans le temps changeant, j’aperçois
ich schauernd deine Hand.
frissonnant, ta main.
O mit uns Sündern gehe
Ô avec nos péchés,
erbarmend ins Gericht!
sois miséricordieux !
Ich beug’ im tiefsten Wehe
Je m’humilie dans ma plus profonde peine
zum Staub mein Angesicht.
Jusqu’à recouvrir mon visage de poussière.
Dein Wille, Herr, geschehe!
Que ta volonté soit faite, Seigneur !

 

PRIERE DU MATIN Poème de Joseph von Eichendorff Morgengebet

La Poésie de Joseph von Eichendorff
die Poesie von Joseph von Eichendorff

Morgengebet – Prière du Matin

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes
Signature de Joseph von Eichendorff

 

Joseph von Eichendorff
 1788-1857

 Poésie de Joseph von Eichendorff Gedichte von Joseph von Eichendorff Poesie Artgitato

Prière du matin

Poème de Joseph von Eichendorff

Gedicht von Joseph von Eichendorff

Morgengebet

*

OLYMPUS DIGITAL CAMERA
Photo Artgitato Jacky Lavauzelle

*

O wunderbares, tiefes Schweigen,
Ô merveilleux, profond silence,
Wie einsam ist’s noch auf der Welt!
Combien solitaire est encore le monde !
Die Wälder nur sich leise neigen,
Les arbres seuls tranquillement saluent
Als ging der Herr durchs stille Feld.
Comme si le Seigneur marchait à travers les champs silencieux.

*

Ich fühl mich recht wie neugeschaffen,
Je me sens comme nouveau,
Wo ist die Sorge nun und Not?
Où sont donc passés mes soucis et ma détresse ?
Was mich noch gestern wollt erschlaffen,
Qu’est-ce qui, hier encore, me faisait défaillir
Ich schäm mich des im Morgenrot.
J’en suis honteux devant l’aube.

*

Die Welt mit ihrem Gram und Glücke
Le monde avec sa peine et sa douleur
Will ich, ein Pilger frohbereit,
Je veux, tel un pèlerin, joyeusement,
Betreten nur wie eine Brücke
Pénétrer comme sur un pont
Zu dir, Herr, übern Strom der Zeit.
Qui mène vers toi, Seigneur, au-delà du cours du temps.

*

Und buhlt mein Lied, auf Weltgunst lauernd
Et ma chanson, si elle courtise les faveurs du monde
Und schnöden Sold der Eitelkeit;
Et attend de vils et vains salaires,
Zerschlag mein Saitenspiel, und schauernd
Qu’elle soit muette, et que frissonne
Schweig ich vor dir in Ewigkeit.
Ma muse devant toi pour toujours.

 

*******

NUIT D’HIVER Poème de Joseph von Eichendorff WINTERNACHT

La Poésie de Joseph von Eichendorff
die Poesie von Joseph von Eichendorff

Winternacht – Nuit d’Hiver

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes
Signature de Joseph von Eichendorff

 

Joseph von Eichendorff
 1788-1857

 Poésie de Joseph von Eichendorff Gedichte von Joseph von Eichendorff Poesie Artgitato

Nuit d’Hiver

Poème de Joseph von Eichendorff

Gedicht von Joseph von Eichendorff

Winternacht

*

Winternacht Nuit d'hiver Joseph von Eichendorff Artgitato Paysage d'hiver Caspar David Friedrich
Paysage d’Hiver de Caspar David Friedrich

*

Verschneit liegt rings die ganze Welt,
La neige dissimule le monde entier,
 Ich hab nichts, was mich freuet,
Je n’ai rien qui me réjouisse,
Verlassen steht der Baum im Feld,
L’arbre esseulé dans la prairie,
 Hat längst sein Laub verstreuet.
A depuis longtemps perdu ses feuilles.

*

Der Wind nur geht bei stiller Nacht
Le vent seulement se hasarde dans la nuit silencieuse
Und rüttelt an dem Baume, 
Et secoue l’arbre,
Da rührt er seinen Wipfel sacht
Il agite doucement ses cimes
Und redet wie im Traume.
Et parle comme dans un rêve.

*

Er träumt von künft’ger Frühlingszeit,
Il rêve du prochain printemps,
Von Grün und Quellenrauschen,
Du bruissement des verdures et de la source,
Wo er im neuen Blütenkleid
Où, dans une nouvelle robe fleurie,
Zu Gottes Lob wird rauschen.
Il clamera la gloire de Dieu.

 

****

LES VOIX DE LA NUIT Poème de Joseph von Eichendorff – Stimmen der Nacht

La Poésie de Joseph von Eichendorff
die Poesie von Joseph von Eichendorff

Stimmen der Nacht – Les Voix de la Nuit

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes
Signature de Joseph von Eichendorff

 

Joseph von Eichendorff
 1788-1857

 Poésie de Joseph von Eichendorff Gedichte von Joseph von Eichendorff Poesie Artgitato

Les Voix de la Nuit

Poème de Joseph von Eichendorff

Gedicht von Joseph von Eichendorff

Stimmen der Nacht

*
Stimmen der Nacht – Les Voix de la Nuit

*

Stimmen der Nacht Les Voix de la Nuit Artgitato Joseph von Eichendorff
Photo Jacky Lavauzelle

*

Weit tiefe, bleiche, stille Felder –
Larges, profondes et pâles, silencieuses plaines  –
O wie mich das freut,
Ô combien vous me transportez,
Über alle, alle Täler, Wälder
Partout, dans toutes les vallées, les forêts
  Die prächtige Einsamkeit!
Magnifique solitude !

*

Aus der Stadt nur schlagen die Glocken
De la ville, seules les cloches frappent
 Über die Wipfel herein,
Ici les cimes,
 Ein Reh hebt den Kopf erschrocken
Un cerf surveille effrayé
Und schlummert gleich wieder ein.
Et s’assoupit aussitôt.

*

Der Wald aber rühret die Wipfel
La forêt agite fiévreuse
   Im Schlaf von der Felsenwand,
La paroi rocheuse en sommeil
Denn der Herr geht über die Gipfel
Car le Seigneur va sur le sommet
Und segnet das stille Land.
Et bénit la terre silencieuse.

 

*
Stimmen der Nacht – Les Voix de la Nuit

Poésie de Joseph von Eichendorff Gedichte von Joseph von Eichendorff Poesie Artgitato