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LA POÉSIE D’ALEXANDRE POUCHKINE – поэзия Александра Пушкина

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Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE
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стихотворение  – Poésie
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POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

LA POESIE D’ALEXANDRE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА 

Pouchkine en 1810, alors âgé de 11 ans.
Aquarelle de Serguei Gavrilovich Tchirikoff
Сергей Гаврилович Чириков
(1776—1853)

1811
Pouchkine s’inscrit au lycée Tsarskoïe Selo
(25 km de Saint-Pétersbourg).
Царское Село
Porte le nom de Pouchkine

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1814
La famille Pouchkine emménage à Saint-Pétersbourg après la fin des Guerres napoléoniennes, en 1814.
Pouchkine a consacré son temps libre à la littérature et, en 1814, à quinze ans, il a déjà publié pour la première fois son poème « À un ami poète » dans la revue « Le Messager de l’Europe ». Ces vers, déclamés lors d’un examen de passage, lui valent l’admiration du poète Gavrila Derjavine.

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1811-1817
Amitié avec les futurs décembristes. L’Insurrection décabriste, ou insurrection décembriste, prendra la forme, une dizaine d’années plus tard environ, d’une tentative de coup d’État militaire (Saint-Pétersbourg, en décembre 1825) afin d’obtenir une constitution du Tsar Nicolas Ier.

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Любопытный
CURIEUX
1814

— Что ж нового? «Ей-богу, ничего».
  – Quoi de neuf ? « Par Dieu, rien. »
— Эй, не хитри: ты верно что-то знаешь.
  « Hé, quoi ! tu sais que quelque chose ! »

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К НАТАШЕ
A NATACHA 
1814

Вянет, вянет лето красно;
L’été écarlate se flétrit ;
Улетают ясны дни;
Les beaux jours désormais s’envolent ;

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РОЗА
UNE ROSE
1815

Где наша роза?
Où est notre rose ?
Друзья мои!
Mes amis!

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ИСТИННА
La Vérité
1816

Издавна мудрые искали
Les sages depuis longtemps recherchent
Забытых Истинны следов
 Les pistes de la vérité oubliée

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*

Екатерина Пучкова
SUR CATHERINE POUTCHKOVA
1816

Зачем кричишь ты, что ты дева,
Pourquoi criez-vous que vous êtes vierge,
На каждом девственном стихе?
A chaque verset virginal ?

*

LE RÉVEIL
Пробуждение
1816

Мечты, мечты,
Rêves ! Ô mes rêves !
Где ваша сладость?
Où sont tes douceurs ?

*

В альбом
L’Album
1817

Пройдет любовь, умрут желанья;
Passe l’amour, meurt le désir ;
Разлучит нас холодный свет;
La lumière froide nous sépare ;

*

К НЕЙ
Pour Elle
1817

В печальной праздности я лиру забывал,
Dans ma triste oisiveté, j’en ai oublié ma lyre,
Воображение в мечтах не разгоралось,
L’imagination dans mes rêves s’est éteinte,

К Чаадаеву
Pour Tchaadaïev
1818

Любви, надежды, тихой славы
Amour, espoir, majestueuse gloire
Недолго нежил нас обман,
Un court instant vous nous avez trompé,

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*

Мечтателю
LE RÊVEUR
1818

Ты в страсти горестной находишь наслажденье;
Tu trouves du plaisir dans une triste passion,
Тебе приятно слезы лить,
Tu te montres joyeux en versant des larmes,

*

Выздоровление
GUÉRISON
1818 

Тебя ль я видел, милый друг?
Est-ce toi que j’ai vue, tendre amie ?
Или неверное то было сновиденье,
Ou n’était-ce qu’un faux rêve

*

 Уединение
Intimité
1819

Блажен, кто в отдаленной сени,
Béni soit celui qui, sous l’ombre d’un porche,
Вдали взыскательных невежд,
Loin des sagaces ignorants,

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*

Веселый пир
Soirées Festives
1819

Я люблю вечерний пир,
J’adore la fête le soir,
 Где веселье председатель,
Lorsque préside les lieux

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Возрождение
LA RENAISSANCE DU GÉNIE
1819

Художник-варвар кистью сонной
Un artiste barbare brosse, lime
Картину гения чернит
Et détruit l’image laissée par un génie

*

TIEN & MIEN
1818 – 1819

«Твой и мой, — говорит Лафонтен —
« Tien et mien, — dit La fontaine —
Расторгло узы всего мира». —
Du monde a rompu le lien. » —
Что до меня, я этому отнюдь не верю.
Quant à moi, je n’en crois rien.
Что было бы, моя Климена,
Que serait ce, ma Climène,
Если бы ты больше не была моей,
Si tu n’étais plus la mienne,
Если б я больше не был твоим?
Si je n’étais plus le tien ?

(Texte en français par Pouchkine et publié en 1884)

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Rouslan et Ludmila
Parution en 1820
écrit à la façon d’un conte de fées épique
Par
Prosper Mérimée
« cet essai frisait la témérité« 

« Il obtint un succès plus légitime et dont il n’avait pas à rougir, en publiant vers 1820 le poème de Rousslan et Lioudmila. C’est encore une imitation, mais plus habile et d’après un original d’une autorité moins contestable. Il s’inspira de l’Arioste et surtout de Voltaire, dont la langue et l’esprit lui étaient plus familiers. Comme ses maîtres, il est gai, gracieux, élégamment ironique. En faveur de l’imitation, les Aristarques du temps lui montrèrent quelque indulgence ; ils y virent une preuve de modestie digne d’encouragement ; ils eussent été impitoyables peut-être pour une œuvre originale. À Rome autrefois, on n’aurait osé écrire en latin qu’en s’abritant sous l’autorité d’un Grec. À Saint-Pétersbourg, les lettrés exigeaient qu’on copiât un type français ou allemand. Aujourd’hui ce qui nous paraît le plus à remarquer dans Rousslan et Lioudmila, c’est un essai d’emprunter aux croyances populaires de la Russie des ressorts moins usés que ceux de la mythologie grecque, hors lesquels en 1820 il n’y avait pas de salut. Alors cet essai frisait la témérité, tant était grande l’intolérance classique. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères
1874

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Редеет облаков летучая гряда
ASTRE TRISTE, ASTRE DU SOIR !
1820

Редеет облаков летучая гряда.
En file, les nuages s’évadent vers les sommets.
Звезда печальная, вечерняя звезда!

Astre triste, astre du soir !

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Astre-triste.jpg.

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Мне бой знаком
J’aime la bataille
Avril 1820 –  Апрель 1820

Мне бой знаком — люблю я звук мечей;
J’aime la bataille et le bruit des épées ;
От первых лет поклонник бранной славы,
Dès mes premières années, fasciné par les gloires guerrières,







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Зачем безвременную скуку
Pourquoi cet ennui ?
1820

Зачем безвременную скуку
Pourquoi cet ennui prématuré
 Зловещей думою питать,
Qui attise de si noires pensées,

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1820
Ses poèmes sont jugés séditieux.
Pouchkine est condamné à l’exil en Ukraine à Iekaterinoslav
par Alexandre Ier.

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на гр. Ф. И. Толстого
Sur Fiodor Tolstoï
1820

В жизни мрачной и презренной
Dans sa vie, noire et méprisable
Был он долго погружен,
Il a longtemps sombré,

sur-fiodor-tolstoi-pouchkine-artgitato-poeme-de-1820

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Pour la fille de Karađorđe
ou
Pour la fille de Karageorges 
Дочери Карагеоргия
1820

Гроза луны, свободы воин,
Guerrier de la liberté, foudroyant la lune des Turcs,
Покрытый кровию святой,
Couvert du sang d’un saint,

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 – Мой друг –
LES TRACES DES ANNÉES PASSÉES
(Les Muses)
1821

‎Мой друг, забыты мной следы минувших лет
Mon amie, j’ai oublié les traces des années passées
И младости моей мятежное теченье.
Et le parcours rebelle de ma jeunesse.

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Я пережил свои желанья
J’AI SURVÉCU A MES DÉSIRS
1821

Я пережил свои желанья,
J’ai survécu à mes désirs,
Я разлюбил свои мечты;
J’ai cessé d’aimer mes rêves ;

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Муза
La Muse
1821

В младенчестве моем она меня любила
Dès mon enfance, elle m’a aimé,
И семиствольную цевницу мне вручила.
Et la cithare à sept cordes me tendit.
la-muse-pouchkine-artgitato-nicolas-poussin-linspiration-du-poete-niedersachsisches-landesmuseum

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ДРУЗЬЯМ
A des Amis
1822

Вчера был день разлуки шумной,
Hier fut le jour d’une bruyante séparation,
Вчера был Вакха буйный пир,
Hier fut le lieu d’une exubérante bacchanale,
a-nos-amis-1822-poeme-de-pouchkine-la-jeunesse-de-bacchus-william-bouguereau-1884

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1823
Pouchkine commence son roman en vers
« Eugène Onéguine« ,
achevé en octobre 1831

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сеятель
Le Semeur
1823

Свободы сеятель пустынный,
Semeur de liberté dans le désert,
Я вышел рано, до звезды;
Je suis sorti tôt à la belle étoile ;

le-semeur-poeme-de-pouchkine-jean-francois-millet-1850-vincent-van-gogh-1889

*

Телега жизни
LE CHAR DE LA VIE
1823

Хоть тяжело подчас в ней бремя,
Bien que son fardeau soit lourd,
Телега на ходу легка;
La manœuvre reste toujours aisée ;

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ВИНОГРАД
LE RAISIN
1824

Не стану я жалеть о розах,
Je ne me sens pas triste pour les roses,
Увядших с лёгкою весной;
 Qui flétrissent à la lumière printanière ;
le-raisin-pouchkine-artgitato-jean-baptiste-simeon-chardin-raisins-et-grenade-1763-le-louvre

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АКВИЛОН
L’AQUILON
1824

Зачем ты, грозный аквилон,
Pourquoi, aquilon menaçant,
Тростник прибрежный долу клонишь?
Fouetter les roseaux de la terre ?

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Les Adieux de Pouchkine à la mer
Toile de Ilia Répine et Ivan Aïvazovski
(1887)

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К морю
A la mer
1824

Прощай, свободная стихия!
Adieu, élément libre !
В последний раз передо мной
Pour la dernière fois devant moi

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ЗИМНИЙ ВЕЧЕР 
Soirée d’hiver
1825

Буря мглою небо кроеть,
La tempête fracasse le ciel couvert,
Вихри снежные крутя ;
Tourbillonne la neige en torsion ;

*

 ЖЕЛАНИЕ СЛАВЫ
Le Désir de Gloire
1825

Когда, любовию и негой упоенный,
Quand, enivré d’amour et de bonheur,
Безмолвно пред тобой коленопреклоненный,
À genoux devant toi, silencieux,

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СОЖЖЕННОЕ ПИСЬМО
La Lettre brûlée
1825

Прощай, письмо любви! прощай: она велела.
Adieu, lettre d’amour ! adieu : elle le veut ainsi.
Как долго медлил я! как долго не хотела
J’ai tant attendu ! tout ce temps, ma main

*

В крови горит огонь желанья
Le Feu du désir

В крови горит огонь желанья,
Le feu du désir brûle mon sang consumé,
Душа тобой уязвлена,
Et laisse mon âme épuisée 

*

Я помню чудное мгновенье
LA VIE ET LES LARMES ET L’AMOUR
1825

Я помню чудное мгновенье:
Je me souviens de ce moment merveilleux :
Передо мной явилась ты,
Tu étais devant moi

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Aivazovsky_-_Portret_of_wife_Anna_Burnazyan-Sarkisova.jpg.*

poésie de Pouchkine

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1826
UN HOMME DANGEREUX
AUX POÈMES SÉDITIEUX

« Nous en trouvons l’explication dans une lettre que Joukowsky lui adressait, à Michailowskoïe, en 1826 : « Tu n’es mêlé à aucune affaire, cela est vrai, mais on a trouvé tes poèmes dans les papiers de tous ceux qui ont agi ; c’est un mauvais moyen de rester en bons termes avec le gouvernement. » Ainsi, pour ne jamais avoir déserté le terrain littéraire et s’être tenu à l’écart de la politique proprement dite, Pouchkine n’en était pas moins un homme dangereux. Il l’était peut-être plus que ceux que l’on avait emprisonnés et envoyés en Sibérie, car son influence était occulte, impalpable et fuyante. S’il n’existait aucune preuve tangible de sa culpabilité, son nom se rattachait cependant indiscutablement au parti libéral et, par-là même, au parti révolutionnaire. Ses poèmes séditieux, souvent mordants et satiriques, passaient sous forme de manuscrits de mains en mains, beaucoup d’inculpés politiques, parmi lesquels se comptaient les plus grands noms de la Russie, avouaient aux juges avoir été fortement influencés par les œuvres de Pouchkine. Nicolas Ier s’en souvint toute sa vie. Il ne cessa d’exercer une surveillance étroite sur le poète et sur ses œuvres. Trop intelligent pour ne point reconnaître la valeur réelle de Pouchkine, il y mit assez de formes pour ne point frapper le s poète, tout en se méfiant de l’homme. Il ne l’exila point comme avait fait son père ; au contraire, il exigea sa présence constante dans la capitale d’où Pouchkine ne put que rarement s’échapper. De cette manière, aucun de ses faits et gestes ne restait inconnu à la police. D’autre part, l’Empereur le délivra dès 1826 du joug officiel de la censure et se constitua son seul et unique censeur. Cette décision, qui avait les apparences d’une grâce » exceptionnelle, n’était, au fond, qu’un suprême moyen de contrôle. »
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

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8 septembre 1826
Pouchkine rentre d’exil par ordre de Nicolas Ier
Il sera reçu par Nicolas Ier.

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ПРОРОК
Le Prophète
1826

Духовной жаждою томим,
Tourmenté par la soif spirituelle,
В пустыне мрачной я влачился, —
Dans un sombre désert je me traînais-

Le Prophète Alexandre Pouchkine Peinture de Sokolov Traduction Artgitato

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LE PROPHÈTE
PAR
PROSPER MÉRIMÉE

« Je terminerai par une pièce d’un tout autre caractère qui, de même que l’Antchar, a eu le malheur d’être prise par la censure pour un dithyrambe révolutionnaire. Aujourd’hui l’une et l’autre sont imprimées dans toutes les éditions récentes de Pouchkine. Elle est intitulée le Prophète.  « Tourmenté d’une soif spirituelle, j’allais errant dans un sombre désert, et un séraphin à six ailes m’apparut à la croisée d’un sentier. De ses doigts légers comme un songe, il toucha mes prunelles ; mes prunelles s’ouvrirent voyantes comme celles d’un aiglon effarouché ; il toucha mes oreilles, elles se remplirent de bruits et de rumeurs, et je compris l’architecture des cieux et le vol des anges au-dessus des monts, et la voie des essaims d’animaux marins sous les ondes, et le travail souterrain de la plante qui germe. Et l’ange, se penchant vers ma bouche, m’arracha ma langue pécheresse, la diseuse de frivolités et de mensonges, et entre mes lèvres glacées sa main sanglante mit le dard du sage serpent. D’un glaive il fendit ma poitrine et en arracha mon cœur palpitant, et dans ma poitrine entrouverte il enfonça une braise ardente. Tel qu’un cadavre, j’étais gisant dans le désert, et la voix de Dieu m’appela : Lève-toi, prophète, vois, écoute, et parcourant et les mers et les terres, brûle par la Parole les cœurs des humains. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères
1874

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A MA NOURRICE
Няне 
1826

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Pouchkine en 1827
peinture d’Oreste Kiprensky
Орест Адамович Кипренский
Galerie Tretiakov
Государственная Третьяковская галерея
Moscou

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27 janvier 1827
Interrogatoire de Pouchkine
par le chef de la police de Moscou
pour son poème
« André Chénier ».

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В степи мирской
LES TROIS SOURCES
1827

В степи мирской, печальной и безбрежной,
Dans les steppes de ce monde banal, triste et sans bornes,
Таинственно пробились три ключа:
Mystérieusement trois sources ont apparu :

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QUE DIEU VOUS AIDE
19 октября 1827

19 octobre 1827

Бог помочь вам, друзья мои,
Que Dieu vous aide, mes amis,
В заботах жизни, царской службы,
Dans les soucis de la vie,

19-octobre-1827-pouchkine-20-octobre-1827-bataille-de-navarin

*

Во глубине сибирских руд
BAGNARDS DE SIBÉRIE
1827

Во глубине сибирских руд
Dans les profondeurs des mines de Sibérie
Храните гордое терпенье,
Restez fier, soyez patient,

*

Aнчар
L’ANTCHAR
1828

В пустыне чахлой и скупой,
Dans le désert, désolé et aride,
На почве, зноем раскаленной,
Un terrain, une chaleur torride,

*

Друзьям
A MES AMIS
1828

Нет, я не льстец, когда царю
Non, je ne suis pas du tsar un adulateur
Хвалу свободную слагаю:
Quand je le loue librement,

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Réponse à Pavel Katenine
Ответ Катенину
1828

Напрасно, пламенный поэт,
En vain, ô fougueux poète,
Свой чудный кубок мне подносишь
Tu m’apportes ta merveilleuse coupe

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1829
1er mai 1829  départ pour l’armée active dans le Caucase
Juin 1829 – Pouchkine à Tiflis – Tbilissi (actuellement capitale de la Géorgie)
27 juin 1829 – Pouchkine lors de la prise d’Erzurum.
En 1829, la ville d’Erzurum (aujourd’hui située en Turquie) tombe aux mains des russes qui l’abandonnèrent aussitôt.

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Я вас любил
Je vous aimais
1829

Я вас любил : любовь еще, быть может,
Je vous aimais : cet amour, peut-être,
В душе моей угасла не совсем;
Dans mon cœur, n’est pas tout à fait encore éteint ;

*




Дон
LE DON
1829

Блеща средь полей широких,
 Il s’étale sur les larges prairies,
Вон он льётся!.. Здравствуй, Дон!
Là, il coule ! .. Bonjour à toi, Don !

le-don-pouchkine-poeme-de-1829-artgitato-cosaques-du-don-timbre-russe-2010

*

Приметы
PRESAGES
1829

Я ехал к вам: живые сны
Je suis allé à vous : des rêves vifs
 
За мной вились толпой игривой,
 Espiègles, m’envahissaient,

*

Когда твои младые лета
1829
UN VÉRITABLE AMI

Когда твои младые лета
Lorsque tu es malade
Позорит шумная молва,
De la honteuse rumeur

*

ЭЛЕГИЯ 
ELEGIE
1830

Безумных лет угасшее веселье
Les joies passées de ma jeunesse débridée
Мне тяжело, как смутное похмелье.
Me sont aujourd’hui pénibles, telle une gueule de bois.

*




poésie de pouchkine

*

1830
SONNET
L’austère Dante ne méprisait pas le sonnet
Суровый Дант не презирал сонета

Суровый Дант не презирал сонета;
L’austère Dante ne méprisait pas le sonnet ;
 
В нем жар любви Петрарка изливал;
Pétrarque y versait ses éclairs d’amour ;

*

Что в имени тебе моём?
MON NOM
1830

Что в имени тебе моём?
Qu’est-ce que mon nom pour toi ?
Оно умрёт, как шум печальный
Ce nom va mourir, comme le triste bruit

*

 Поэту
AU POETE
1830

Поэт! не дорожи любовию народной.
Poète ! Détache-toi de l’amour d’autrui
Восторженных похвал пройдет минутный шум;
Les louanges ne sont qu’un bruit que la minute efface

*

1830
карантин
Quarantaine
La Russie subit une épidémie de choléra pendant l’automne 1830
(3 mois d’isolement pour Pouchkine du 3 septembre 1830 et le 5 décembre 1830 à Boldino)
Il arrive dans sa propriété pour organiser les affaires immobilières, puis il reste par obligation de quarantaine imposée par les autorités.
Cette période correspond à ce que l’on a appelé l’Automne de Boldino, une propriété familiale, (Бо́лдинская о́сень).
Cette période fut très intense pour le poète. Il y terminera Eugène Onéguine.
Boldino se trouve à environ 600 kilomètres à l’est de Moscou, aujourd’hui dans l’oblast de Nijni Novgorod (Нижний Новгород).
Il écrira notamment le poème ci-dessous Румяный критик мой, librement renommé ici LA QUARANTAINE AU TEMPS DU CHOLÉRA.

*

 Румяный критик мой
LA QUARANTAINE AU TEMPS DU CHOLÉRA
1830

Румяный критик мой, насмешник толстопузый,
Mon critique aux joues vermeilles, moqueur au ventre repu,
Готовый век трунить над нашей томной музой,
Toujours prêt à taquiner notre muse langoureuse,

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Choléra.jpg.
Illustration « Le Petit Journal »
 supplément illustré du 1er décembre 1912.
Le choléra en Russie

*

Бесы
DÉMONS
1830

Мчатся тучи, вьются тучи;
Les nuages se précipitent, les nuages planent ;
Невидимкою луна
Sous l’invisible lune

*

ДОМИК В КОЛОМНЕ
La Petite Maison de Kolomna
1830

I L’OCTAVE & L’OCTOSYLLABE II LA RIME VERBALE III LES SYLLABES SOLDATES IV Syllabes féminines et masculines V TAMERLAN & NAPOLÉON

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LA PETITE MAISON DE KOLOMNA
(La Petite Maison dans la Kolomna)
Par Prosper Mérimée

« La Petite Maison dans la Kolomna et le Comte Nouline sont deux charmants petits tableaux du même genre, non moins gracieux que leur devancier. Sauf la forme des vers et le ton général de la composition, Pouchkine n’a rien dérobé à lord Byron. Ses caractères sont bien russes et pris sur la nature. La Petite Maison dans la Kolomna chante les tribulations d’une bonne veuve, mère d’une jolie fille, en quête d’une servante à tout faire. Il s’en présente une, grande, robuste, un peu gauche et maladroite, mais qui prend les gages qu’on lui offre. La fille de la maison est d’ailleurs fort empressée à la mettre au fait et l’aide de son mieux. Un jour, la veuve est prise, pendant la messe, d’un pressentiment que sa bonne fait quelque sottise dans le ménage : elle rentre en hâte, et la trouve devant un miroir en train de se raser. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères, 1874

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18 février 1831
mariage avec Natalia Gontcharova
Natalia Nikolaïevna Gontcharova
Наталья Николаевна Гончарова
( – )


Natalia Gontcharova par Alexandre Brioullov
Алекса́ндр Па́влович Брюлло́в
En 1831

Le 25 mai 1831, ils déménagement à Tsarskoïe Selo.
En octobre 1831, ils s’installent à Saint-Pétersbourg

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LE MARIAGE DE POUCHKINE
AVEC NATALIA

…Telle était la situation de Pouchkine à l’époque de son mariage, qui fut célébré à Moscou le 18 février 1831. Il avait trente-deux ans. Sa fiancée, Nathalie Nicolaievna Goncharowa, en avait dix-huit. Très épris de cette belle et jeune personne, Pouchkine ne restait pas moins sceptique au sujet de son bonheur. Ses fiançailles furent longues et pénibles et la famille Goncharoff ne témoignait que peu d’empressement pour le projet de cette union. Mme Goncharowa, mère, occupée surtout de la dot de sa fille, cherchait sans cesse querelle à son futur gendre. Quant à la jeune fille, elle se montrait aussi passive, aussi indifférente que Pouchkine était ardent et impatient.
« Quel cœur doit-elle donc avoir ? s’écriait Pouchkine ; il est armé d’une écorce plus dure que celle du chêne. » Jamais, dès ses premières rencontres avec Nathalie, Pouchkine ne se sentit aimé ou même apprécié par cette énigmatique et froide fiancée qui, en réponse à ses plus tendres épîtres, lui écrivait des lettres « grandes comme une carte de visite
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

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Эхо
L’ECHO
1831

Ревёт ли зверь в лесу глухом,
Que ce soit à travers le rugissement de la forêt,
Трубит ли рог, гремит ли гром,
Du son du cor ou du tonnerre,
lecho-pouchkine-artgitato-arkhip-kouindji-clair-de-lune-dans-une-foret-en-hiver

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Красавица
Une Beauté
1832
Елены Завадовской – Elena Zavadovskaya

Всё в ней гармония, всё диво,
Tout en elle est harmonie, tout est miracle,
Всё выше мира и страстей;
Au-dessus de toutes les passions, elle trône ;poeme-de-pouchkine-1832-elena-mikhailovna-zavadovskaya

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poésie de Pouchkine

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LE CAVALIER DE BRONZE
МЕДНЫЙ ВСАДНИК
1833

Vas.Surikov. Bronze Horseman on the Senate Square. Rusian Museum

ПРЕДИСЛОВИЕ
L’avant propos

Происшествие, описанное в сей повести, основано на истине.
L’incident décrit dans cette histoire est basé sur des faits réels.

ВСТУПЛЕНИЕ
PROLOGUE

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Стою печален на кладбище
AU CIMETIERE
1834

Стою печален на кладбище.
Debout, je suis triste, là dans le cimetière.
Гляжу кругом — обнажено
Je regarde tout autour de moi – nue

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Пора, мой друг, пора! покоя сердце просит
IL EST TEMPS, MON AMIE, IL EST TEMPS !
1834

Пора, мой друг, пора! покоя сердце просит —
Il est temps, mon amie, il est temps ! Le cœur désire la paix-
Летят за днями дни, и каждый час уносит
Les jours s’envolent et chaque heure prend

**

Пред мощной властью красоты
Par la forte puissance de la beauté
1835

Я думал, сердце позабыло
Je pensais :  mon cœur a oublié
Способность лёгкую страдать,
La facile capacité de souffrir,

**

Пир Петра Первого
Fête de Pierre Premier
1835

Над Невою резво вьются
Au-dessus de la Néva espiègle, se tordent
 Флаги пёстрые судов;
Les drapeaux de navires bariolés ;

**

1835
ПЕСНИ ЗАПАДНЫХ СЛАВЯН
LES CHANSONS DES SLAVES DE L’OUEST

**
17 poèmes

**

7
Похоронная песня Иакинфа Маглановича

CHANT DE MORT

С Богом, в дальнюю дорогу!
Que Dieu t’accompagne dans ce voyage !
А Путь найдешь ты, слава Богу.
Et que tu trouves ta voie, par la grâce de Dieu

**

10
СОЛОВЕЙ
LE ROSSIGNOL

Соловей мой, соловейко,
Mon rossignol, mon petit rossignol
Птица малая лесная!
Petit oiseau forestier !

**

13
Вурдалак

LE MORT-VIVANT

Трусоват был Ваня бедный:
Vanya était un pauvre lâche:
Раз он позднею порой,
Une nuit, très tard,

**

16
КОНЬ
LE CHEVAL

«Что ты ржешь, мой конь ретивый,
«Pourquoi hennis-tu, mon beau cheval zélé ?
Что ты шею опустил,
Pourquoi baisses-tu ainsi ton encolure ?

****

29 mars 1836
décès de la mère de Pouchkine, Nadejda Pouchkina
Надежда Осиповна Пушкина
( — 

Deuil éprouvant pour Pouchkine qui venait juste de se réconcilier avec sa mère.

****

1836

 Денис Васильевич Давыдов
A DENIS DAVYDOV

  Тебе, певцу, тебе, герою!
Toi, le chanteur, toi, le héros!
Не удалось мне за тобою
Je n’aurais pas pu te suivre

a-denis-davydov-poesie-de-pouchkine-artgitato

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Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès
Beau-frère de Pouchkine
(mariage le 10 janvier 1837 avec la sœur de Natalia, Ekaterina Nikolaïevna Gontcharova  Екатерина Николаевна Гончарова (1809 -1843)


Duel le 8 février 1837
Mort le 10 février 1837 à 37 ans

Le duel Pouchkine – d’Anthès
le 8 février au soir
par Alexey Avvakumovich Naumov

*************

LE DUEL ET LA MORT DE POUCHKINE
par
Hélène Iswolsky

Mais il y eut aussi un autre Pouchkine, celui des dernières années, un Pouchkine sombre et triste, déchiré par la vie. Bien avant de recevoir la blessure qui devait l’emporter, il avait été meurtri, frappé mortellement au point le plus sensible de sa libre conscience de poète ; le drame intime de Pouchkine, et c’est ici qu’il s’éloigne de Lensky, ne fut pas essentiellement un drame d’amour ; le mal était plus grave et plus cruel et se rattachait à toutes les fibres de son âme. Son génie, sa fière indépendance, étaient touchés autant et plus peut-être que son cœur. Cette histoire complexe et douloureuse des dernières années du grand poète ne fut jamais complètement déchiffrée ; ses biographes récents s’y sont attachés avec un intérêt croissant. M. Stchegoleff, qui a consacré à Pouchkine plusieurs volumes d’une grande probité historique et de la plus haute valeur, a étudié minutieusement les faits et les documents se rattachant à cette époque. Il a eu, notamment, le privilège de puiser dans les archives d’un Français, le très distingué conservateur du Musée des Arts décoratifs de Paris ; M. Louis Metmann est en effet l’arrière-petit-fils du gentilhomme alsacien, le baron Georges d’Anthès Heckeren, dont la main porta le coup meurtrier à Alexandre Pouchkine….
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

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Natalia Gontcharova par Ivan Makarov
Ива́н Кузьми́ч Мака́ров
en 1849

*****

Georges de Heeckeren d’Anthès
Vers 1878
Peint par Carolus-Duran
D’Anthès prit le nom de Georges-Charles de Heeckeren, après accord du roi des Pays-Bas par lettre du 

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Depuis le 6 février 1837
La tombe de Pouchkine se trouve dans le Monastère Sviatogorski ou
Monastère Sviatogorski de la Dormition de la Vierge Marie
Святогорский Свято-Успенский монастырь
Oblast de Pskov – Пско́вская о́бласть
(Proche de la Lettonie, de l’Estonie et de la Biélorussie.)
Le monastère a été fondé en 1569, sous ordre d’Ivan le Terrible.
 

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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VILLA BORGHESE – ROME
Вилла Боргезе в Риме
Monumento a Alexander Pushkin
MONUMENT A ALEXANDRE POUCHKINE
Памятник А.С.Пушкину

Monumento a Alexander Pushkin - MONUMENT A ALEXANDRE POUCHKINE-artgitato Villa borghese Rome Roma 2

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PUSHKIN POEMS
LA POESIE DE POUCHKINE

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POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (I)
par Charles de Saint-Julien

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poésie de pouchkine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (II)

*

poésie de pouchkine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (III)

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LA POESIE DE POUCHKINE

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LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

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poésie de Pouchkine

Ao leitor AU LECTEUR MEMORIAS DE BRAS CUBAS MACHADO DE ASSIS

Ao leitor
Memórias Póstumas de Brás Cubas
Mémoires posthumes de Braz Cubas

La Poésie de Joaquim Maria Machado de Assis
Poema de Machado de Assis




Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Joaquim Maria Machado de Assis
 Rio de Janeiro 1839 – 1908 Rio de Janeiro


joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato




 

L’Œuvre de Machado de Assis

 Memórias Póstumas de Brás Cubas
Mémoires posthumes de Braz Cubas
Ao leitor
Au lecteur

Traduction Jacky Lavauzelle

*****

memorias-postumas-de-bras-cubas-memoires-posthumes-de-braz-cubas-artgitato-machado-de-assis

Ao leitor
Au lecteur

*


Que, no alto do principal de seus livros, confessasse Stendhal havel-o escripto para cem leitores, cousa é que admira e consterna.
Que, du haut de ses livres, Stendhal confesse avoir écrit pour une centaine de lecteurs, est chose admirable et consternante.
O que não admira, nem provavelmente consternará é se este outro livro não tiver os cem leitores de Stendhal, nem cincoenta, nem vinte, e quando muito, dez. Dez?
Il n’est ni surprenant, ni probablement consternant, de savoir que cet autre livre n’ait pas même une centaine des lecteurs de Stendhal, ou cinquante, voire vingt ou dix tout au plus. Dix?
Talvez cinco.
Peut-être cinq.
Trata-se, na verdade, de uma obra diffusa, na qual eu, Braz Cubas, se adoptei a fórma livre de um Steme, de um  Lamb, ou de um de Maistre, não sei se lhe metti algumas rabugens de pessimismo.
Ceci est en fait une œuvre diffuse, dans laquelle moi, Braz Cubas, ai adopté la forme libre d’un Sterne, d’un Charles Lamb, ou d’un Xavier de Maistre, non sans y avoir immiscer un certain pessimisme acariâtre.
Póde ser.
Peut-être.
Obra de finado.
Une dernière œuvre.
Escrevi-a com a penna da galhofa e a tinta da melancholia;
Je l’ai écrite avec une plume espiègle et une encre mélancolique ;
e não é difficil antever o que poderá sair desse connubio.
et il n’est pas difficile de prévoir ce qui peut sortir de cette umbroglio.
Accresce que a gente grave achará no livro umas apparencias de puro romance, ao passo que a gente frivola não achará nelle o seu romance usual;
Je pense que les gens sérieux trouveront à ce livre une pure apparence de roman, alors que les gens frivoles ne trouveront pas la structure du roman habituel ;
e eil-o ahi fica privado da estima dos graves e do amor dos frivolos, que são as duas columnas máximas da opinião.
et ainsi je me trouve privé de l’estime des lecteurs sérieux et de la bienveillance des frivoles, qui sont les deux piliers de l’opinion.

*

Mas eu ainda espero angariar as sympathias da opinião, e o meio eíficaz para isso é fugir a um prólogo explicito e longo.
Mais je continue d’espérer pouvoir recueillir la sympathie de l’opinion ; et le moyen pour être efficace c’est de nous éviter un prologue trop explicite et trop long.
O melhor prologo é o que contém menos cousas, ou o que as diz de um geito obscuro e truncado.
Le meilleur prologue est celui qui contient le moins de choses, ou qui le dit de manière obscure et tronquée.
Conseguintemente, evito contar o processo extraordinário que empreguei na composição destas Memórias, trabalhadas cá no outro século.
Aussi, vais-je me dispenser des procédés extraordinaires utilisés dans la composition des mémoires, composés dans un autre siècle.
Seria curioso, mas nimiamente extenso, e aliás desnecessário ao entendimento da obra.
Ce serait curieux, mais assurément trop vaste, et tout-à-fait inutile à la compréhension de l’œuvre.
A obra em si mesma é tudo :
Mon travail est tout :
se te agradar, fino leitor, pago-me da tarefa;
si il te convient, fin lecteur, paye-moi de ma tâche ;
se te não agradar, pago-te com um piparote, e adeus.
si il te déplaît, je te paierai d’un soufflet et adieu !
*

Laurence Sterne
écrivain anglais
1713  Irlande – 1768 Londres
laurence-sterne-par-sir-joshua-reynolds

Laurence Sterne par Sir Joshua Reynolds

*

Charles Lamb
Poète anglais
Londres 1775 – Londres 1834

*

Xavier de Maistre
écrivain savoisien de langue française
Chambéry 1763 – Saint-Pétersbourg  1852

xavier-de-maistre

**

Ao leitor
AU LECTEUR
MEMORIAS DE BRAS CUBAS
MACHADO DE ASSIS

POEMES DE HEINRICH HEINE – Gedichte von Heinrich Heine

*




LITTERATURE ALLEMANDE
Poèmes de Heinrich Heine

Deutsch Poesie




 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




Poèmes de Heinrich Heine

Gedichte von Heinrich Heine

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

*




Die heilgen drei Könige aus Morgenland
Les trois rois mages d’Orient

Die heilgen drei Könige aus Morgenland,
Les trois rois mages d’Orient,
 Sie frugen in jedem Städtchen:
Demandaient dans chaque ville :

les-trois-rois-mages-dorient-heinrich-heine-die-heilgen-drei-konige-aus-morgenland-artgitato-leonard-de-vinci-ladoration-des-mages-galerie-des-offices-florence

*

Die Wallfahrt nach Kevlaar
Le Pèlerinage à Kevlaar

I
« Ich bin so krank, o Mutter,
«Je suis si malade, ô mère,
  Daß ich nicht hör und seh;
 Que je n’écoute et ne regarde plus rien ;

II
Die Mutter Gottes zu Kevlaar
La Mère de Dieu à Kevlaar
 Trägt heut ihr bestes Kleid;
Porte aujourd’hui sa plus belle robe ;

III
Der kranke Sohn und die Mutter,
Le fils malade et la mère,
Die schliefen im Kämmerlein;
Dormaient dans une remise ;

*




Frieden
La Paix

Hoch am Himmel stand die Sonne,
Haut dans le ciel trônait le soleil,
Von weißen Wolken umwogt,
Au cœur de nuages blancs,
Frieden Heine La Paix Heine Heinrich Artgitato Gauguin Le Christ jaune

*




Lyrisches Intermezzo
Intermezzo Lyrique
Sammlung von Gedichten
Recueil de Poèmes
1823

intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge

*

LE LIVRE DES CHANTS
Buch der Lieder
Die Heimkehr – Le Retour
1823 – 1824

Le Livre des Chants I
In mein gar zu dunkles Leben
Dans ma vie si sombre

In mein gar zu dunkles Leben
Dans ma vie si sombre
Strahlte einst ein süßes Bild;
Se dégageait une douce image ;




Le Livre des Chants II
Loreley

Lorelei

Ich weiß nicht, was soll es bedeuten,
Je ne sais pourquoi
Daß ich so traurig bin;
Je suis si triste ?
loreley-heinrich-heine-lorelei-artgitato




Le Livre des Chants III
Mein Herz ist traurig
Mon cœur est accablé

Mein Herz, mein Herz ist traurig,
Mon coeur, mon coeur est accablé,
Doch lustig leuchtet der Mai;
Mais dehors éclate le mois de mai ;

Le Livre des Chants IV
Im Walde wandl’ ich und weine
Le Merle au-dessus de moi

Im Walde wandl’ ich und weine,
Dans la forêt, je marche et je pleure,
Die Drossel sitzt in der Höh’;
Le merle au-dessus de moi ;

Le Livre des Chants V
Die Nacht ist feucht und stürmisch
De Rage et de Mépris

Die Nacht ist feucht und stürmisch,
Nuit humide et orageuse,
 
Der Himmel sternenleer;
Un ciel vide d’étoiles ;

Le Livre des Chants VI
Als ich, auf der Reise, zufällig
La Fausse Désinvolture

Als ich, auf der Reise, zufällig
Quand, en voyage, je rencontrai
Meines Liebchens Familie fand,
La famille de mon aimée,

Le Livre des Chants VII
Wir saßen am Fischerhause,
La Maison du Pêcheur

Wir saßen am Fischerhause,
 Assis à la maison du pécheur,
Und schauten nach der See;
 Regardant la mer ;

Le Livre des Chants VIII
Du schönes Fischermädchen
Mon Cœur comme un océan

Du schönes Fischermädchen,
 Toi, belle fille du pêcheur
  
Treibe den Kahn an’s Land;
Approche ton bateau du rivage ;

Le Livre des Chants IX
Der Mond ist aufgegangen
Les Sirènes mes Sœurs

Der Mond ist aufgegangen
La lune s’est levée
Und überstrahlt die Well’n;
Et les vagues se sont éclipsées

Le Livre des Chants X
Der Wind zieht seine Hosen an
La Mer engloutie

Der Wind zieht seine Hosen an,
Le vent soulève tout,
Die weißen Wasserhosen;
Sous de blanches tempêtes ;

Le Livre des Chants XI
Der Sturm spielt auf zum Tanze,
La danse de la Tempête

Der Sturm spielt auf zum Tanze,
La tempête joue une danse :
Er pfeift und saust und brüllt;
Elle siffle, se précipite et rugit ;

Le Livre des Chants XII
Der Abend kommt gezogen
LA SIRÈNE

Der Abend kommt gezogen,
La soirée commence à se dessiner,
 Der Nebel bedeckt die See;
Le brouillard couvre la mer ;

Le Livre des Chants XIII
Wenn ich an deinem Hause
LES PIRES DOULEURS

Wenn ich an deinem Hause
Quand devant ta maison
 Des Morgens vorübergeh,
Le matin je passe,

Le Livre des Chants XIV
Das Meer erglänzte weit hinaus,
LES LARMES EMPOISONNÉES

Das Meer erglänzte weit hinaus,
La mer brillait dans le lointain,
Im letzten Abendscheine;
Dans les dernières lumières du soir ;

Le Livre des Chants XV
Da droben auf jenem Berge,
LA FÊTE AU CHÂTEAU

Da droben auf jenem Berge,
Là-haut sur cette montagne,
Da steht ein feines Schloß,
Il y a un superbe château,
Da wohnen drei schöne Fräulein,

Le Livre des Chants XVI
Am fernen Horizonte
DANS LE BROUILLARD

Am fernen Horizonte
A l’horizon, dans le lointain,
Erscheint, wie ein Nebelbild,
Comme une image dans le brouillard, apparaît
Die Stadt mit ihren Türmen

Le Livre des Chants XVII
Sey mir gegrüßt, du große
LA VILLE MYSTÉRIEUSE

Sey mir gegrüßt, du große,
Toi qui m’a accueilli, ô somptueuse
Geheimnißvolle Stadt,
Ville mystérieuse,

Le Livre des Chants XIII
So wandl’ ich wieder den alten Weg
LES MAISONS S’ÉCROULENT

So wandl’ ich wieder den alten Weg,
Je repars sur l’ancienne route,
Die wohlbekannten Gassen;
J’y connais bien les rues ;

Le Livre des Chants XIX
Ich trat in jene Hallen
LA MAISON AUX SERPENTS

Ich trat in jene Hallen,
Je suis entré dans cette salle,
 Wo sie mir Treue versprochen;
Où elle m’avait promis fidélité ;

Le Livre des Chants XX
Still ist die Nacht
MON DOUBLE

Still ist die Nacht, es ruhen die Gassen,
Calme est la nuit, tranquilles sont les rues,
In diesem Hause wohnte mein Schatz;
Dans cette maison vivait mon aimée,

Le Livre des Chants XXI
Wie kannst du ruhig schlafen
PLUS FORT QUE LA MORT

Wie kannst du ruhig schlafen,
Comment peux-tu dormir à poings fermés,
Und weißt, ich lebe noch?
Sachant qu’encore je vis ?

Le Livre des Chants XXII
Die Jungfrau schläft in der Kammer
LE BAL DU CIMETIÈRE

« Die Jungfrau schläft in der Kammer,
« La jeune fille dans la chambre dort,
Der Mond schaut zitternd hinein;
La lune la regarde frissonnante ;

Le Livre des Chants XXIII
Ich stand in dunkeln Träumen
LES SOMBRES RÊVES

Ich stand in dunkeln Träumen
Je restai dans ces sombres rêves
Und starrte ihr Bildniß an,
Et regardai son portrait,

Le Livre des Chants XXIV
Ich unglücksel’ger Atlas!
LE MONDE DE LA DOULEUR

Ich unglücksel’ger Atlas! eine Welt,
Ô Atlas ! Comme je suis misérable ! Le monde
 Die ganze Welt der Schmerzen muß ich tragen,
Que je dois porter est le monde entier de la douleur,

**

Le Livre des Chants XXV
Die Jahre kommen und gehen
UNE DERNIÈRE FOIS ENCORE

Die Jahre kommen und gehen,
Les années viennent et passent,
Geschlechter steigen in’s Grab,
Poussant les êtres dans la tombe,

**

Le Livre des Chants XXVI
Mir träumte
LE RÊVE

Mir träumte: traurig schaute der Mond,
Je rêvais ; tristement la lune regardait,
Und traurig schienen die Sterne;
Et tristes les étoiles paraissaient ;

**

Le Livre des Chants XXVII
Was will die einsame Thräne?
LA LARME SOLITAIRE

Was will die einsame Thräne?
Que veut la larme solitaire ?
Sie trübt mir ja den Blick.
Elle qui me ternit la vue.

**

Le livre des Chants XXVIII
Der bleiche, herbstliche Halbmond
À CÔTÉ DU CIMETIÈRE

Der bleiche, herbstliche Halbmond
Le pâle croissant automnal
Lugt aus den Wolken heraus;
Espionnait derrière les nuages ;

**
Le Livre des Chants XXIX
Das ist ein schlechtes Wetter
DANS L’OBSCURITÉ

Das ist ein schlechtes Wetter,
Quel mauvais temps !
Es regnet und stürmt und schnei’t;
Il pleut, il neige et tonne.

**

Le Livre des Chants XXX
Man glaubt, daß ich mich gräme
DES ANGES SCÉLÉRATS

Man glaubt, daß ich mich gräme
On croit que je m’abandonne
In bitter’m Liebesleid,
 A mon cruel chagrin d’amour,

**

Le Livre des Chants XXXI
Deine weichen Lilienfinger,
DANS UN CRI SILENCIEUX

Deine weichen Lilienfinger,
Tes doux doigts de lys,
Könnt’ ich sie noch einmal küssen,
Si je pouvais les embrasser encore

**

Le Livre des Chants XXXII
Hat sie sich denn nie geäußert
L’ÂNE

« Hat sie sich denn nie geäußert
« N’a t-elle jamais rien montré
Ueber dein verliebtes Wesen?
En voyant ton amour ?

**

Le Livre des Chants XXXIII
Sie liebten sich beide, doch keiner
ILS ÉTAIENT DÉJÀ MORTS

Sie liebten sich beide, doch keiner
Tous les deux s’aimaient, mais aucun
Wollt’ es dem andern gestehn;
A l’autre de n’osait l’avouer ;

**

Le Livre des Chants XXXIV
Und als ich Euch meine Schmerzen geklagt,
LE BÂILLEMENT

Und als ich Euch meine Schmerzen geklagt,
Et quand je me plaignais à vous de ma douleur,
Da habt Ihr gegähnt und nichts gesagt;
Vous bâilliez alors sans rien dire ;

**

Le Livre des Chants XXXV
Ich rief den Teufel und er kam,
AVEC LE DIABLE

Ich rief den Teufel und er kam,
J’ai appelé le diable et il est venu,
Und ich sah ihn mit Verwund’rung an.
Et je l’ai regardé avec surprise.

**

Le Livre des Chants XXXVI
Mensch, verspotte nicht den Teufel,
NE TE MOQUE PAS DU DIABLE

Mensch, verspotte nicht den Teufel,
Homme, ne te moque pas du diable,
Kurz ist ja die Lebensbahn,
Bref est le cours de la vie,

**

Le Livre des Chants XXXVII
Die heil’gen drei Könige aus Morgenland
LES TROIS ROIS

Die heil’gen drei Könige aus Morgenland,
Les trois Rois saints de l’est,
Sie frugen in jedem Städtchen:
Demandaient dans chaque ville :

**

Le Livre des Chants XXXVIII
Mein Kind, wir waren Kinder
NOS JEUX D’ENFANTS

Mein Kind, wir waren Kinder,
Mon enfant, nous étions
Zwei Kinder, klein und froh;
Deux enfants, petits et joyeux ;

**

Le Livre des Chants XXXIX
Das Herz ist mir bedrückt, und sehnlich
JADIS

Das Herz ist mir bedrückt, und sehnlich
Mon cœur est opprimé et pesant
Gedenke ich der alten Zeit;
Car je me souviens de l’ancien temps ;

**

Le Livre des Chants XL
Wie der Mond sich leuchtend dränget
DANS LES YEUX

Wie der Mond sich leuchtend dränget
Comme la lune qui brille vivement
Durch den dunkeln Wolkenflor,
À travers cet amas de noirs nuages,

**

Le Livre des Chants XLI
Im Traum sah ich die Geliebte
J’IRAI PLEURER SUR TA TOMBE

Im Traum sah ich die Geliebte,
En rêve, j’ai vu la bien-aimée,
Ein banges, bekümmertes Weib,
Une femme agitée et troublée,

*

Le Livre des Chants XLII
« Theurer Freund!
LES ŒUFS DE L’AMOUR

« Theurer Freund! Was soll es nützen,
« Mon cher ami, à quoi bon,
 Stets das alte Lied zu leiern?
Toujours ressasser cette vielle chanson ?

*

Le Livre des Chants XLIII
Werdet nur nicht ungeduldig
LES DOULEURS ANCIENNES

Werdet nur nicht ungeduldig,
Ne soyez pas impatient,
Wenn von alten Schmerzensklängen
Quand des douleurs anciennes

*

Le Livre des Chants XLIV
Nun ist es Zeit
LA MORT DANS L’ÂME

Nun ist es Zeit, daß ich mit Verstand
Il est temps pour moi désormais de comprendre
Mich aller Thorheit entled’ge;
Et de mettre un terme à toutes ces folies ;

**

Le Livre des Chants XLV
Den König Wiswamitra
LE ROI VISHVAMITRA

Den König Wiswamitra,
Le roi Vishvamitra ,
Den treibt’s ohne Rast und Ruh’,
Jamais ne se repose de toute évidence :

**

Le Livre des Chants XLVI
Herz, mein Herz
MON CŒUR

Herz, mein Herz, sey nicht beklommen,
Cœur ! mon cœur, ne soit pas ainsi ému,
Und ertrage dein Geschick,
Et supporte ton destin,

**

Le Livre des Chants XLVI




*

Saphire sind die Augen dein
Yeux Saphirs
1823-1824

Saphire sind die Augen dein,
Saphirs sont tes yeux,
Die lieblichen, die süßen.
Aimables et doux.

*




*******

Aus der Harzreise
Voyage au Harz des Reisebilder
1824

Prolog
PROLOGUE

Schwarze Röcke, seidne Strümpfe,
Jupes noires, bas de soie,
Weiße, höfliche Manschetten,
Poignets blancs, polis,

Steiget auf, ihr alten Träume !
VENEZ VIEUX RÊVES !

Steiget auf, ihr alten Träume!
Venez vieux rêves d’autrefois !
Öffne dich, du Herzensthor!
Ouvre-toi, porte de mon cœur !

Der Hirtenknabe
LE GARCON DE BERGER

König ist der Hirtenknabe,
Le roi est le garçon de berger,
Grüner Hügel ist sein Thron,
La verte montagne est son trône,

Auf dem Brocken
SUR LE BROCKEN

Heller wird es schon im Osten
Une clarté arrive de l’est
Durch der Sonne kleines Glimmen,
A travers une petite lueur du soleil,

Die Ilse 
L’ISLE

Ich bin die Prinzessin Ilse,
Je suis la princesse Ilse,
 
 Und wohne im Ilsenstein;
Et je vis à Ilsenstein ;




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Heinrich Heine
par Edgar Quinet


Sous leur forme insouciante et frivole, les poésies de Heine dont je viens de prononcer le nom ont en effet un vrai sens social. Il y a trente ans, on les eût réputées impossibles, et les imaginations vierges de ce temps-là n’auraient jamais supporté leur cruelle morsure. Il y a là telles petites chansons de dix vers qui portent innocemment dans leurs corolles, car ce sont de vraies roses des bois, un venin qu’il a fallu trois siècles au moins pour distiller à ce point. Ce sont des fleurs charmantes, ouvragées et peintes avec l’ancienne habileté de l’art tudesque et qui toutes dardent un aiguillon de basilic. Il y a là des sonnets transparents et purs à la manière de ceux de Pétrarque, au fond desquels vous voyez ramper le reptile ; des ballades qui cachent sous leur sourire, comme une femme sous son voile, leurs mécomptes et leurs poisons. Il y a des canzone folâtres qui vous prennent et vous bercent d’amour et vous noient à la fin dans un mot satanique ; car c’est là le caractère et l’originalité de ce poète, de vous faire boire l’amertume et la lie de nos temps sous l’expression et le miel des époques primitives : le siècle de Byron dans le siècle de Hans de Sachs. A tous les sentiments d’une société avancée il donne le rythme populaire des sociétés qui commencent ; et ce désespoir qui emprunte la langue de l’espérance, cette mort qui parle comme la vie, ce berceau qui redevient un tombeau, ces passions vieillies et rassasiées qui se meuvent sur le mètre des passions naissantes, cette candeur et cette corruption, ce miel et ce fiel, ce commencement et cette fin qui se rencontrent et s’unissent dans l’étreinte de ces rapides poèmes, en font autant de petits chefs-d’œuvre d’art, de fantaisie, d’originalité et d’immoralité.




La plupart des poésies de Heine sont contenues dans un volume intitulé Livre des chants. Les premières datent de 1817. A cette époque le jeune poète appartient à l’école des Schlegel et de Tieck. C’est d’eux qu’il a appris la forme populaire et la naïveté que plus tard il aiguisera contre eux. Depuis ce temps, l’aiguillon croît et perce chaque année. Dans ses voyages du Hartz, d’Italie, et de la mer du Nord, il s’en va chercher et rapporte à la maison des impressions de fleurs, de bois, d’amour dont il garde l’épine, et qui se convertissent chez lui en un miel de colère et de haine. Nés dans des climats différents, ces chants en gardent peu ou point le caractère. C’est une espérance, un désir, rencontrés par hasard, qu’il flétrit en passant, et qui perdent ainsi leur date et leur origine, comme une feuille tombée perd son odeur et sa couleur. Il y a là de ces poèmes nés dans la pure Toscane, sous le soleil de Lucques et de Florence, qui n’ont rien gardé de l’odeur des orangers ni des myrtes, et ne sentent que l’absinthe. On dirait qu’un souffle satanique éteint la différence et l’enchantement des climats et ne laisse voir au fond que le même mot et le même dard partout. Le poète ne rencontre pas sur son chemin une voix de fille, une fleur sur sa tige, sans lui adresser un madrigal méphistophélique. Les étoiles ont beau se cacher toutes prudes sous leurs voiles ; il finit toujours, comme dans les Nuées d’Aristophane, par quelque ironique question qui leur fait pleurer des larmes d’or. Quand il approche de la mer du Nord, c’est le seul endroit où son ironie prenne quelque chose des lieux. Elle devient comme eux ample et colossale ; des nuages de la Baltique, il fait un linceul pour rouler et berner les dieux vivants et les dieux morts, le présent et le passé, et vous quitte là sur la grève avec un éclat de rires si bien que lorsque vous fermez ce livre, qui semblait si frivole, toute la nature est déjà vide, et le ciel désert, et le cœur aussi, et tous les fruits du grand arbre de vie ont été mordus l’un après l’autre d’un noir aiguillon ; et le ver les ronge.

Cruel poète que vous êtes ! Trouvez-vous donc que la ruine fait son chemin trop lentement ! Quand vous frappez si fort au cœur les arbres de cette forêt enchantée de l’Allemagne, n’entendez-vous pas les branches qui soupirent, et les feuilles qui tremblent, et les fleurs qui vous disent : Méchant ! Ce soir, si vous aviez attendu, nous nous serions fanées toutes seules, sans vous.




O Heine ! si vous aimez quelque chose, je vous demande à cause de moi merci pour ce qui vous reste encore de fleurs à sécher et de sources à tarir. Que vous ont fait, dites-moi, ces pauvres villes d’université, qu’il vous faille si amèrement les réveiller et leur barbouiller d’encre le visage avec leurs plumes séculaires ! et Goettingue, et Hambourg, et Munich, et votre ville Düsseldorf ! vous soufflez chaque matin sur elles, et la poussière des vieilles mœurs qui les recouvrait, comme des in-folio rangés depuis mille ans dans leurs bibliothèques, s’en va en fumée, et vous la prenez tout entière pour vous. Mais songez donc à ce qui nous menace aussi par contrecoup en France. Autrefois, quand nos révolutions et notre bruit nous lassaient pour un moment, nous traversions le Rhin, et nous trouvions là, pour nous reposer du présent, le passé tout entier. Il y avait là encore des pensées debout qui nous prenaient sous leurs ailes. Tout ce que nous avions perdu s’était conservé en cet endroit, et nous allions là pour un jour nous abriter dans votre foi. Mais maintenant que vous faites fi de ces rêves, il est bien vrai qu’il n’y a plus place au monde où reposer sa tête pour une heure. Il nous faut songer désormais à dormir debout dans le vent et la tempête.

Encore jusqu’à présent votre satire s’est contentée du Nord ; vous vous servez de la France pour railler l’Allemagne. Mais quand vous en aurez assez de ce jeu, n’y changerez-vous rien ? quand les vieilles coutumes seront chez vous nivelées à votre point, quand il n’y aura plus là bas ni princes, ni docteurs, ni villes, ni villages qui ne vous aient passé par les mains, êtes-vous sûr que votre dard ne se tournera pas vers nous, et que vous ne découvrirez pas chez nous quelque sérieuse espérance à désoler ? J’ai bien peur pour ma part, en voyant d’autres peuples, que vous ne résistiez pas toujours à l’ivresse de choquer ces verres vides l’un contre l’autre, et que dans cette danse des morts, où les croyances humaines font la ronde, vous ne continuiez de siffler joyeusement comme auparavant vos charmantes, et suaves, et sataniques mélodies.

Ainsi, il est donc vrai, le long monologue de l’idéalisme de l’Allemagne a fini par un éclat de rire. Elle a bu sa poésie jusqu’à la lie. Encore une fois son Rhin s’est perdu dans le sable.




Ainsi, un monde entier d’espérances et d’amour se noie en ce moment avec la vieille Allemagne, sans que personne ici tourne la tête pour s’en inquiéter. Là, près de nous, mille fantômes s’évaporent sans bruit, comme ils étaient nés sans bruit. Ces divins rêves, auxquels manque le souffle, ont vécu leur vie rapide. Tout-à-l’heure un univers va s’engloutir sans réveiller seulement l’oiseau dans son nid.

Que signifient donc ces accusations venues récemment de Vienne et d’Edimbourg contre la poésie de la France actuelle ? Croit-on que nous serions bien en peine de montrer ailleurs même misère ? Ruine ici, ruine là bas ; et qui a prétendu jamais que tout ceci fût autre chose qu’une grande mort ? Il s’agit bien vraiment, tant en France qu’en Allemagne, d’hémistiches et de prose qui croulent, quand c’est le poème entier de la société moderne qui s’en va par lambeaux. Ce n’est pas la page seule que j’écris qui est déjà usée et mangée par les vers, c’est le livre où nous écrivons tous, ce livre du présent où les peuples et les rois parlent chacun leur langue, et, qui à cette heure, n’a déjà plus ni marge ni feuillet pour y mettre son nom.




Il faudrait au moins, si l’on veut faire le procès aux fantômes des poètes, que le monde et les pouvoirs actuels fussent moins fantômes qu’eux. Or quelle loi, quelle société, quelle église, quelle religion, je ne dis pas quel homme, mais quelle institution qui ne se donne aujourd’hui pour une ombre et qu’on ne traite en ombre ? qui a aujourd’hui la prétention de vivre sérieusement et autrement qu’en rêve ? Qui se figure, par exemple, que nos lois sont des lois ? que nos rois sont des rois, et ne voit pas que ce sont des fantômes qui n’ont que le visage ? Êtres fantastiques s’il en fut, qui viennent on ne sait d’où, dont le plus grand demeure au plus un jour, qui s’en vont par hasard et qu’on ne revoit jamais. Dans quelle poussière les avez-vous pris hier ? dans quelle poussière les jetterez-vous demain ? Vous ne le savez pas vous-même. Royautés plus chimériques que les rêves d’Hoffmann, plus rapides, plus changeantes que les rêves de la fièvre, leurs couronnes ne sont pas des couronnes ; ce sont des bandeaux que vous leur mettez sur les yeux. Leurs sceptres ne sont pas des sceptres ; ce sont des verges avec lesquelles vous leur frappez le dos. Leurs peuples ne sont pas des peuples. Sans présent, sans passé, sans nom, sans héritage, véritables morts habillés du manteau de la vie, ils escortent dignement ces royautés décapitées.

Avec cela, ne dites pas que la poésie finit ; dites plutôt, telle qu’elle est, qu’elle seule reste vivante. Rien n’existe aujourd’hui que ce qui est dans les cœurs. Il n’est pas une tradition, pas une autorité, pas une lettre écrite qui ne tombe en cendre, si vous la touchez de la main. Dans ce bouleversement du réel, l’idée seule subsiste. Elle seule garde sa couronne éternelle sur sa tête, et il n’y a ni peuple ni roi qui la lui puisse ôter. Là où rien ne prend corps tout redevient pensée. Nous marchons et vivons non dans ce qui est, mais dans le fantôme de ce qui doit être et de ce qui sera demain. Ombres que nous sommes, nous sommes nous-mêmes une poésie, et nous ne la voyons pas.




Sans doute l’idéal que chaque peuple s’était fait de l’absolu se dissipe à chaque heure, en Angleterre, en Allemagne comme en France ; car cet idéal, c’était lui-même. Chacun se dépouille de ses traditions locales, de son art indigène, et jette autour de lui cette feuillée de mille ans. Mais de ces ruines particulières se forme la personnalité du genre humain. Un même génie cosmopolite se met à la place des génies différents d’idiomes et de races. Dans cette poétique du monde, toute idée sera à l’aise, et le vers ni la prose ne seront plus en peine d’y trouver le nombre qu’il leur faut de rimes et de pieds.




De là, véritablement, la mission réelle du poète ne fait que commencer. La vie sociale ne s’en est emparée que d’hier, et déjà il ne peut plus mourir tranquille dans son lit. Le temps est passé où il vivait en paix jusqu’au bout sous son clocher. A cette heure il faut qu’il quitte, avec Byron, avec Chateaubriand, avec Lamartine, sa frontière ou son île. Il faut qu’il supporte et la pluie et le vent, et le froid et le chaud, et l’amour et la haine des climats étrangers ; car son cœur est désormais trop grand pour que ni ville ni village le renferme tout entier. Sa vocation religieuse est d’être le médiateur des peuples à venir. Sa parole n’appartient plus à aucun. Dans l’interrègne des pouvoirs politiques, lui seul redevient souverain. Il est déjà le législateur de la grande fédération européenne qui n’est pas encore.




Le voilà donc désormais seul en compagnie avec son cœur ; toutes les imitations sont épuisées ; toutes les réalités sont évanouies ; tous les chemins connus ne mènent qu’au désert ; toutes les vieilles terres ont donné tous leurs fruits. Il faut que ce Christophe Colomb du nouveau monde idéal se risque au loin, lui seul, dans l’océan de sa pensée. Il va, il va, et cet infini s’accroît toujours. Il va encore, et ce que l’on appelait terre est à présent nuage ; et ce que l’on nommait espoir se nomme à cette heure illusion. Et le peuple qu’il entraîne lui crie : — Je me noie, maître, allons-nous-en. — Mais lui répond : — Demain ! — et demain est un siècle. Et dans la mer de son génie, jamais l’ancre ne se jette, jamais la voile ne se ploie, qu’il n’ait touché la rive où la vie a sa source et qui s’appelle Éternité.

Edgar Quinet
Poètes de l’Allemagne : Henri Heine
Revue des Deux Mondes, Période Initiale
tome 1, 1834
pp. 353-369

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LE VAMPIRE JAN NERUDA Vampýr

Jan Neruda
Jan Neruda práce

Traduction – Texte Bilingue

LITTERATURE TCHEQUE
POESIE Tchèque

Česká literatura
Česká poezie

Jan NERUDA
1834 –

 

Český-Francouzský
Texte Tchèque & Traduction Française

Le Vampire

1909
Vampýr

Výletní parník nás přivezl z Cařihradu k břehu ostrova Prinkipo a vystoupli jsme.
L’excursion sur notre steamer nous emportait de Constantinople à l’île de Büyükada [Prinkipo] où nous débarquâmes.
Společnost nebyla velká.
L’embarcation se composait d’un petit groupe.
Polská jedna rodina, otec, matka, dcera a její ženich, pak my dva.
Une famille polonaise, le père, la mère, leur fille et son époux, et nous deux.
Ano, abych nezapomněl, také se k nám už na dřevěném, přes Zlatý roh vedoucím mostě v Cařihradě byl připojil jakýs Řek, mladý ještě člověk;
Il y avait également avec nous un autre homme ; sur le pont en bois qui se trouve au-dessus de la Corne d’Or conduisant à Constantinople, nous rejoignit un Grec, jeune homme encore ;
snad malíř, podle té mapy, již měl pod ramenem.
Peut-être un peintre, d’après les cartons, qu’il tenait sous le bras.
Dlouhé černé kadeře mu splývaly na ramena, tvář byla bledá, černé oko hluboko v důlku zapadlé.
De longues boucles noires pendaient sur ses épaules, son visage était pâle, avec des yeux noirs enfoncés profondément dans leur orbite.
 V prvním okamžiku mne zajímal, zvlášť pro svou úslužnost a pro svou znalost místních poměrů.
Dans un premier temps, ce personnage m’a intéressé, en particulier pour sa gentillesse et pour sa connaissance du contexte local.
Ale mluvil příliš mnoho a odvrátil jsem se pak od něho.
Mais il parlait trop et je préférait ensuite me diriger loin de lui.
Tím příjemnější byla polská rodina.
Les échanges avec la famille polonaise me paraissaient beaucoup plus agréable .
Otec a matka bodří, dobří lidé, ženich elegantní mladý muž, způsobů přímých i uhlazených.
Le père et la mère avaient un aspect jovial, de braves gens, le jeune marié était un jeune homme élégant, avec des manières raffinées.
Jeli na Prinkipo, aby zde strávili letní měsíce kvůli dceři, trochu churavící.
Ils souhaitaient passer à Büyükada les mois d’été pour leur fille, un peu souffrante.
Krásná ta bleďounká dívka buď byla právě po těžké nemoci, buď se těžká nemoc teprv v ní rozkládala.
Cette charmante jeune fille, soit sortait d’une maladie grave, soit en portait le germe.
Podpírala se o svého ženicha, ráda posedávala, a častý, suchý kašlík přetrhoval její šepot.
Son mari se montrait attentif à ses attentes ; assise, ses propos susurrés se trouvaient souvent interrompus par des quintes de toux.
Kdykoliv zakašlala, zastavil její průvodce šetrně krok.
Chaque fois qu’elle toussait, celui-ci, attentionné, s’arrêtait.
Pohleděl vždy na ni soutrpně a ona zas k němu, jako by chtěla říci:
Toujours la regardant tendrement et elle semblait lui dire :
« Vždyť to není nic – jsem štastna. »
« Mais ce n’est rien – je suis heureuse ! »
Věřili v zdrav&ia cute; a štěstí.
Et tous deux croyaient à sa santé et au bonheur.
K odporučení Řeka, který se hned u mola od nás odloučil, najala si rodina byt v hostinci na výšině.
Nous suivîmes les recommandations du jeune Grec, qui, juste après, nous quitta, nous louâmes un appartement dans un hôtel sur la colline.
Hostinský byl Francouz a celý jeho dům byl zřízen pohodlně a krásně podle způsobu francouzského.
L’aubergiste était un Français et sa maison offrait une vue magnifique et était confortablement installé à la mode française.
Posnídali jsme pospolu, a když polední parno trochu ustálo, odebrali jsme se všichni na výšinu piniového háje, abychom pookřáli vyhlídkou.
Nous prîmes ensemble un petit déjeuner, et lorsque la chaleur de la mi-journée étouffante retomba un peu, nous escaladâmes les hauteurs de la pinède et profitâmes de la vue.
Sotva jsme si vyhledali příhodné místo a se rozložili, objevil se tu zase Řek.
Nous avions à peine trouvé un endroit approprié que notre jeune grec apparut.
Pozdravil lehce, rozhlídl se a posadil jen několik kroků od nás.
Nous saluant légèrement, il regarda tout autour et s’assis à quelques pas non loin de nous.
Rozevřel mapu a začal kreslit.
Il ouvrit son grand carton et a commença à dessiner.
 « Myslím, že sedá naschvál tak ke skále, abychom nemohli se mu dívat na kresbu, » pravím.
« – Je pense qu’il s’est assis exprès contre la roche pour que nous ne puissions pas regarder son dessin, » dis-je.
« Nemusíme se dívat, » mínil mladý Polák,
«- Nous n’avons aucun besoin de le regarder», déclara le jeune Polonais,
« vidíme toho před sebou dost. »
« nous profitons tousdu spectacle qui s’offre ne face de de nous. »
A po chvilce dodal:
Et après une pause, ajouta :
« Zdá se mně, že nás vekresluje co stafáži
«Il me semble qu’il nous peint aussi
 – ať! »
– peu importe! »
Měli jsme věru dost se co dívat.
Nous avions certainement assez à admirer.
Není krásnějšího a šťastnějšího koutku ve světě než toto Prinkipo!
Il n’y a pas un coin plus beau et plus paisible au monde que ce Büyükada !
Politická mučednice Irena, souvěkyně Karla Velikého, žila zde měsíc « u vyhnanství »
Irène, martyre politique, du temps de Charlemagne, vécut ici un mois « en exil »
– kdybych zde mohl prožít jediný měsíc svého života, byl bych po celý ostatní život vzpomínkou šťasten!
– Je pourrais vivre ici un mois de ma vie, tous les souvenirs heureux enchanteraient à jamais ma vie !
Již na ten jediný zde strávený den nezapomenu nikdy.
Déjà ce seul jour passé ici ne sera jamais oublié.
Vzduch byl jasný jako démant, tak měkký, tak lahodný, že se celá duše po něm kolébala dál.
L’air était pur comme un diamant, si doux, si délicieux, que toute l’âme se retrouvait bercée dans ce lointain.
Vpravo za mořem strměly hnědé vrchy asijské, vlevo se v dálce modral strmý břeh Evropy.
Juste en face de la mer dominaient les brunes collines asiatiques, à gauche au loin, on apercevait la rive escarpée de l’Europe.
Blízké Chalki, jeden z devíti ostrovů « archipelu princova », vystupovalo s cypřišovými svými lesy jako smutný sen do tiché výše, korunováno velkou budovou – asylem to na duchu chorých.
L’île de Chálki à proximité, l’une des neuf îles de l' »Archipel des Princes », se démarquait avec ses forêts de cyprès, comme un rêve triste plongé en pleine quiétude, surmontée d’un grand bâtiment – un asile d’aliénés.
 Voda Bílého moře byla jen lehýnce rozčeřena a hrála všemi barvami jako skvoucí opál.
L’eau de la mer de Marmara était calme et jouait toutes les couleurs d’une opale brillante.
V dálce bylo moře bílé co mléko, pak růžové, pak mezi oběma ostrovy jako žhnoucí oranž a pod námi již krásně zelenomodré co průhledný safír.
Au loin, la mer avait une blancheur laiteuse, puis rose, et entre les deux îles, elle se transformait en un orange brillant ; au-dessous de nous, nous avions un beau saphir translucide bleu-vert.
Bylo samo se svou krásou, nikde větších lodí, jen dvě malé lodičky s anglickými flagy proháněly se podél břehu;
Seule avec sa beauté, sans un seul gros navire ; deux petits bateaux seulement naviguaient avec des pavillons anglais le long du rivage ;
jedna byla parníčkem, velkým jako hlídačská budka, druhá měla as dvanáct veslařů, a když se jich vesla současně zdvihala, kanulo s nich rozžhavené stříbro.
L’un était un petit bateau à vapeur, grand comme une cabine de garde, et le second avait douze rameurs, et quand ils relevaient ses rames, l’eau qui tombait avait des reflets argentés.
 Důvěrní delfíni proháněli se mezi nimi a lítali v dlouhých obloucích nad povrch vodní.
Des dauphins amicaux les accompagnaient et volaient dans de longues courbes au-dessus de la surface de l’eau.
Modrým nebem nesli se po chvilkách klidní orlové, měřící mezeru mezi dvěma díly světa.
Le ciel bleu portait le calme vol des aigles, entre ces deux parties du monde.
Celé úbočí pod námi byla pokryto květoucími růžemi, jichž vůně nasycovala vzduch.
L’ensemble de la colline en dessous de nous était couverte de roses en fleurs parfumant de leurs fragrances l’air environnant.
Od kavárny u moře zalehala čistým vzduchem hudba, vzdáleností přidušená.
Au bord de la mer, du café provenait quelques sons étouffés par la distance.
Dojem byl uchvacující. 
C’était impressionnant.
Odmlčeli jsme se všichni a vpíjeli se celou bytostí do rajského obrazu.
Nous restions silencieux, tout à la contemplation de cette image du paradis.
Mladá Polka ležela na drnu a měla hlavu opřenu o prsa milencova.
La jeune femme polonaise couchée sur le gazon, avait sa tête sur la poitrine de son amant.
Bledý oválek jejího něžného obličeje nabýval lehké barvy a z modrého oka vykanuly jí náhle slzy.
L’ovale pâle de son visage prit une douce couleur claire et de ses yeux bleus coulaient soudainement des larmes.
Ženich porozuměl, sehnul se a slíbal slzu za slzou.
Son ami comprit, se pencha et l’embrassa larme après larme.
Také matka její se rozslzela – a mně – mně bylo dosti divně.
Sa mère aussi l’observait- et moi – moi qui aussi regardais, étais troublé au plus profond de mon être.
« Zde se musí i mysl i tělo uzdravit, »
« Ici, nous devons guérir l’esprit et le corps, »
šeptalo děvče.
murmura la jeune fille.
« Jak šťastný to kraj! »
« Quel bonheur ce pays ! »
« Bůh ví – nemám nepřátel, ale kdybych je měl, zde bych jim odpustil! »
« Dieu le sait – je n’ai pas d’ennemis, mais si j’en avais, je les pardonnerais ! »
pravil otec chvějícím se hlasem.
dit le père d’une voix chevrotante.
A zase se všichni odmlčeli.
Et encore, ils redevinrent silencieux.
Bylo všem tak krásně, tak nevýslovně sladce! 
Tout était si beau, si indiciblement doux !
Každý cítil pro sebe celý svět štěstí, a každý by byl s celým světem štěstí své sdílel.
Chacun sentait pour lui le bonheur du monde entier, et aurait souhaité le faire partager.
Cit byl u všech stejný, proto jeden druhého nevyrušoval.
Le sentiment était le même pour tous, personne ne souhaitait déranger ce calme.
Ani jsme si toho nevšimli, že Řek po nějaké hodince se zdvihl, mapu zavřel a pozdraviv zas lehce odešel.
Nous ne remarquâmes même pas que le Grec après une heure se leva, fermant son carton, et nous salua légèrement.
My zůstali.
Nous aussi.
Konečně, po několika hodinách, když dálka již se pokrývala temnější fialovou barvou, na jihu tak kouzelně krásnou, napomenula matka k odchodu.
Enfin, après plusieurs heures, lorsque l’horizon se couvrit d’un pourpre plus foncé, si beau dans le sud, la mère évoqua l’idée de partir.
Vzdvihli jsme se a kráčeli dolů k hostinci, krokem volným, elastickým, jaký mají bezstarostné děti.
Nous partîmes alors et marchâmes jusqu’à l’auberge, d’un pas léger, élastique, comme des enfants insouciants.
Zasedli jsme v hostinci pod pěknou verandou.
Nous nous installâmes à l’auberge sous une belle véranda.
Sotva jsme usedli, slyšíme pod verandou vádu a nadávky.
A peine étions-nous assis que nous entendions sous le porche des insultes.
Náš Řek se tam vadí s hostinským a my pro zábavu nasloucháme.
Notre grec se querellait avec notre aubergiste, et nous les écoutions avec un certain intérêt.
Netrvala zábava dlouho.
Cela toutefois ne dura pas longtemps.
« Kdybych tu neměl jiných hostí »-
«Si je n’avais pas d’autres hôtes que celui-là ! »-
 zabručel hostinský a vystupoval po stupních k nám.
murmura l’aubergiste en gravissant les marches menant vers nous.
« Prosím vás, pane, »
« Que se passe-t-il, monsieur ?,»
táže se mladý Polák přistupujícího hostinského,
demanda le jeune Polonais  au propriétaire,
« kdo je ten pán, jak se jmenuje? »
« qui est cet homme, quel est son nom ? »
« Eh – kdo ví, jak se ten chlap jmenuje, »
« Eh – qui sait comment ce gars se nomme »
bručel hostinský a díval se jedovatě dolů,
murmura l’aubergiste en nous regardant ostensiblement,
« my mu říkáme Vampýr. »
« nous l’appelons le Vampire ! »
« Malíř? »
« Ce peintre? »
« Čisté řemeslo! Maluje jen mrtvoly! Jak někdo v Cařihradě nebo zde po okolí umře, už má tentýž den obraz mrtvoly hotov. 
 » Il ne peint que des cadavres ; dès que quelqu’un décède à Constantinople ou ici, il a, le jour-même, peint la dépouille .
Ten chlap už maluje napřed – a nikdy se nemýlí, jako sup! »
Et ne se trompe jamais, un véritable vautour ! »
 Stará Polka vykřikla zděšeně –
La vieille polonaise cria apeurée –
v jejích rukou ležela dcera, bledá jako křída, omdlelá.
– sa fille, pâle comme la craie, s’évanouit dans ses bras.
A již byl seskočil ženich se schůdků dolů, chytil jednou rukou Řeka za prsa a druhou sáhnul po mapě.
Le marié déjà sauta les escaliers vers le bas, et saisit d’une main le Grec et de l’autre chercha le carton.
Seběhli jsme rychle za ním.
Nous descendîmes rapidement derrière lui.
Oba mužové již se svíjeli v písku.
Les deux hommes se battaient déjà dans le sable.
Mapa byla rozházena a na jednom listu – tužkou nakreslená hlava mladé Polky – oči zavřeny, kolem čela myrta.
La carton avait laissé échappé une feuille – un dessin de la jeune tête de notre Polonaise- les yeux fermés et une couronne de myrtes au front.
 LE VAMPIRE JAN NERUDA Vampýr Artgitato