Archives par mot-clé : 1824

LA TERRE (Pensées de Sessia) Poésie de RAPHAEL ERISTAVI – რაფიელ ერისთავი – სესიას ფიქრები

*****
POEME DE RAPHAËL ERISTAVI
RAPHIEL ERISTAVI
რაფიელ ერისთავი

ნიკოლოზ ბარათაშვილი
LITTERATURE GEORGIENNE
ქართული ლიტერატურა
POESIE GEORGIENNE
ქართული პოეზია

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

POEME DE POESIE GEORGIENNE DE RAPHAEL ERISTAVI
Géorgie
საქართველო

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

PPOESIE GEORGIENNE DE RAPHAËL ERISTAVI POEME DE RAPHAËL ERISTAVI

____________________________________________________________

POESIE GEORGIENNE
ქართული პოეზია

**

რაფიელ ერისთავი
Prince RAPHAEL ERISTAVI
Raphiel Eristavi
Эриста́ви Рафаэл Давидович

დ. 9 აპრილი 1824, ქვემო ჭალა,  — გ.  19 თებერვალი 1901, თელავი
9 avril 1824 Kvemo  Chala – 19 février 1901 Telavi
9 апреля 1824 года, с. Чала, Кахетия — 19 февраля 1901 года

ქართველი პოეტი
Poète géorgien
Поэт Грузии

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

__________________________________________________________________

სესიას ფიქრები
sesias pikrebi
LA TERRE
ou
LES PENSEES DE SESSIA

___________________________________________________

Raphaël Eristavi
Irakli Sutidze, ირაკლი სუთიძე, Paysage, Landscape, პეიზაჟი, 1987, huile sur toile, ტილო, ზეთი,61×82, Tbilissi, თბილისი,

***

მიწა ვარ ნიადაგ მენა,
mits’a var niadag mena,
Terre, voilà ce que je suis,
ბეჩავი, გლეხად შობილი,
bechavi, glekhad shobili,
Mendiant, forçat, collé à elle,…

*****
POEME DE RAPHAËL ERISTAVI
რაფიელ ერისთავი

ნიკოლოზ ბარათაშვილი
LITTERATURE GEORGIENNE
ქართული ლიტერატურა
POESIE GEORGIENNE
ქართული პოეზია

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

POEME DE POESIE GEORGIENNE DE RAPHAEL ERISTAVI
Géorgie
საქართველო

LA DANSE DE LA TEMPÊTE – POEME HEINRICH HEINE – LE LIVRE DES CHANTS XI – Der Sturm spielt auf zum Tanze

HEIRICH HEINE POEMES
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




*

Der Sturm spielt auf zum Tanze,
La tempête joue une danse :
Er pfeift und saust und brüllt;
Elle siffle, se précipite et rugit ;
Heisa, wie springt das Schifflein!
Joyeux, comme il sautille le petit bateau !
Die Nacht ist lustig und wild.
La nuit est espiègle et sauvage.

*

Ein lebendes Wassergebirge
Montagne d’eau vivante
Bildet die tosende See;
La mer est déchaînée ;
Hier gähnt ein schwarzer Abgrund,
Bâille Ici un immense abîme noir,
Dort thürmt es sich weit in die Höh’.
Là se dresse une vaste et large tour.

*

Ein Fluchen, Erbrechen und Beten
Des malédictions, des vomissements et des prières
Schallt aus der Kajüte heraus;
Sortent de la cabine en écho ;
  Ich halte mich fest am Mastbaum,
Je me cramponne au mât,
Und wünsche: wär ich zu Haus.
Et je fais un vœu : si j’étais à la maison.






*

****************************************

HEINRICH HEINE POEMES
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

POEME HEINRICH HEINE

HEINRICH HEINE – LE LIVRE DES CHANTS III – Mein Herz ist traurig – MON COEUR EST ACCABLE

LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




*

Mein Herz, mein Herz ist traurig,
Mon coeur, mon coeur est accablé,
Doch lustig leuchtet der Mai;
Mais dehors éclate le mois de mai ;
Ich stehe, gelehnt an der Linde,
Contre le tilleul, je me tiens,
Hoch auf der alten Bastei.
Du haut de ce bastion ancien.

*






   Da drunten fließt der blaue
Là-bas, coule bleu
Stadtgraben in stiller Ruh’;
Le flot des fossés silencieux ;
Ein Knabe fährt im Kahne,
Un garçon sur son esquif,
Und angelt und pfeift dazu.
En sifflant pêche, attentif.

*

Jenseits erheben sich Freundlich,
Au-delà, des formes chatoyantes foisonnent,
In winziger, bunter Gestalt,
Minuscules et colorées,
  Lusthäuser, und Gärten, und Menschen,
Chaumières et pépinières, et personnes
  Und Ochsen, und Wiesen, und Wald.
Bœufs, prairies, et forêts.

*

Die Mädchen bleichen Wäsche,
Les jeunes filles retournent le linge qu’elles étendent,
 Und springen im Gras’ herum;
Puis facétieuses dans l’herbe se roulent ;
Das Mühlrad stäubt Diamanten,
La roue de moulin sème sa poussière de diamant
Ich höre sein fernes Gesumm’.
J’entends son lointain bourdonnement.




*

Am alten grauen Thurme
La vieille tour gris anthracite
 
Ein Schilderhäuschen steht;
Se dresse une guérite ;
 Ein rothgeröckter Bursche
Une sentinelle rouge groseille
  Dort auf und nieder geht.
Là-bas, dans sa ronde, veille.

*

Er spielt mit seiner Flinte,
Il joue avec son arme,
Die funkelt im Sonnenroth,
Qui au soleil scintille ,
  Er präsentirt und schultert –
A l’épaule, il l’arme-
Ich wollt’, er schösse mich todt.
Je veux qu’il me fusille.




*

 

***
HEINRICH HEINE
*
LE LIVRE DES CHANTS







***********

SES PREMIERS CHANTS D’AMOUR
&
L’ANTISEMITISME DE SON TEMPS

Ce sont les impressions de leur jeunesse qui décident de la destinée des poètes ; Heine en est la preuve. Sa cousine Amélie lui avait inspiré ses premiers chants d’amour ; le malheur d’être né juif dans un pays où le juif était regardé comme une race inférieure lui inspira ses premiers cris de guerre, éveilla en lui l’esprit de rébellion, la haine des bigots, des hypocrites, des teutomanes, et fit de ce lyrique un poète militant, toujours prêt à quitter sa mandoline ou sa harpe pour emboucher la trompette des combats. Ses derniers biographes ont raison d’insister sur les souffrances que causèrent à son orgueil l’insolence du chrétien et l’attitude trop soumise des enfants d’Israël, qui s’abandonnaient à leur sort et consacraient l’injustice par le silence de leur résignation. Il lui en coûtait d’appartenir à un peuple honni, traqué par la police, méprisé des grands de ce monde et des cafards. Il était né sous le régime de la loi française, et la France avait émancipé les juifs de Düsseldorf. Après la guerre d’indépendance, on les fit rentrer dans leur antique servitude. A Francfort, on les parquait dans leur ghetto comme un vil bétail ; en Prusse, on les excluait de toutes les fonctions, de toutes les charges ; sauf la médecine, on leur interdisait l’exercice de toute profession libérale. Il a raconté lui-même ce qui se passa dans son âme d’enfant un jour qu’il baisa sur la bouche la fille d’un bourreau, Josepha ou Sefchen, qui lui avait pris le cœur par ses grâces un peu sauvages : « Je l’embrassai, dit-il, non-seulement pour obéir à un tendre penchant, mais pour jeter un défi à la vieille société et à ses sombres préjugés, et, dans ce moment s’allumèrent en moi les premières flammes des deux passions auxquelles j’ai consacré toute ma vie, l’amour pour les belles femmes et l’amour pour la révolution française, pour le moderne furor francese, dont je fus saisi, moi aussi, en combattant les lansquenets du moyen âge. »

G. Valbert
[Victor Cherbuliez 1829-1899]
Henri Heine – Ses derniers biographes allemands
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 74 – 1886

ALEXANDRE POUCHKINE (1824) À LA MER – К морю

*

Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE 1824
pushkin poems
стихотворение  – Poésie
 Пушкин 

 

 

POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

 

LA POESIE DE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА
Пушкин 


À LA MER

  1824
К морю
**

***

Ivan Aïvazovski
Иван Константинович Айвазовский
Arc en ciel
Радуга
Galerie d’État Tretiakov – Moscou
Государственная Третьяковская Галерея

*****

 

 

Прощай, свободная стихия!
Adieu, élément libre !
В последний раз передо мной
Pour la dernière fois devant moi
Ты катишь волны голубые
S’allongent tes vagues bleues…

DISPONIBLE SUR AMAZON

И блеск, и тень, и говор волн.
Tes scintillements et tes ombres, et le ressac de tes vagues.

 

 

*****************

 

**********

ALEXANDRE POUCHKINE
1824  

********

LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

*****

*****************

HEINRICH HEINE (1823) LE LIVRE DES CHANTS (I) LE RETOUR – In mein gar zu dunkles Leben – DANS MA VIE SI SOMBRE

LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




*




 

In mein gar zu dunkles Leben
Dans ma vie si sombre
Strahlte einst ein süßes Bild;
Se dégageait une douce image ;
Nun das süße Bild erblichen,
Maintenant, l’image douce s’est envolée
Bin ich gänzlich nachtumhüllt.
Et je nage dans une nuit profonde.

*

Wenn die Kinder sind im Dunkeln,
Les enfants plongés dans l’obscurité
 Wird beklommen ihr Gemüth,
Ont leur esprit tout affolé,
 Und um ihre Angst zu bannen,
Et pour chasser la peur
 Singen sie ein lautes Lied.
Chantent une chanson en chœur.




*

Ich, ein tolles Kind, ich singe
Moi, grand enfant, je chante désormais
Jetzo in der Dunkelheit;
Maintenant dans cette noirceur;
Ist das Lied auch nicht ergötzlich,
Mon chant n’est pas farceur
Hat’s mich doch von Angst befreit.
Mais de ma peur je me suis libéré.

***
HEINRICH HEINE
*
LE LIVRE DES CHANTS







***********

SES PREMIERS CHANTS D’AMOUR
&
L’ANTISEMITISME DE SON TEMPS

Ce sont les impressions de leur jeunesse qui décident de la destinée des poètes ; Heine en est la preuve. Sa cousine Amélie lui avait inspiré ses premiers chants d’amour ; le malheur d’être né juif dans un pays où le juif était regardé comme une race inférieure lui inspira ses premiers cris de guerre, éveilla en lui l’esprit de rébellion, la haine des bigots, des hypocrites, des teutomanes, et fit de ce lyrique un poète militant, toujours prêt à quitter sa mandoline ou sa harpe pour emboucher la trompette des combats. Ses derniers biographes ont raison d’insister sur les souffrances que causèrent à son orgueil l’insolence du chrétien et l’attitude trop soumise des enfants d’Israël, qui s’abandonnaient à leur sort et consacraient l’injustice par le silence de leur résignation. Il lui en coûtait d’appartenir à un peuple honni, traqué par la police, méprisé des grands de ce monde et des cafards. Il était né sous le régime de la loi française, et la France avait émancipé les juifs de Düsseldorf. Après la guerre d’indépendance, on les fit rentrer dans leur antique servitude. A Francfort, on les parquait dans leur ghetto comme un vil bétail ; en Prusse, on les excluait de toutes les fonctions, de toutes les charges ; sauf la médecine, on leur interdisait l’exercice de toute profession libérale. Il a raconté lui-même ce qui se passa dans son âme d’enfant un jour qu’il baisa sur la bouche la fille d’un bourreau, Josepha ou Sefchen, qui lui avait pris le cœur par ses grâces un peu sauvages : « Je l’embrassai, dit-il, non-seulement pour obéir à un tendre penchant, mais pour jeter un défi à la vieille société et à ses sombres préjugés, et, dans ce moment s’allumèrent en moi les premières flammes des deux passions auxquelles j’ai consacré toute ma vie, l’amour pour les belles femmes et l’amour pour la révolution française, pour le moderne furor francese, dont je fus saisi, moi aussi, en combattant les lansquenets du moyen âge. »

G. Valbert
[Victor Cherbuliez 1829-1899]
Henri Heine – Ses derniers biographes allemands
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 74 – 1886

POUCHKINE (1824) L’AQUILON – АКВИЛОН

*

Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE 1824
pushkin poems
стихотворение  – Poésie
 Пушкин 

 

 

POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

 

LA POESIE DE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА
Пушкин 


1824
L’AQUILON
*

  АКВИЛОН
*

***

La Neuvième Vague
Девятый вал
1850
Ivan Aïvazovski
 Иван Константинович Айвазовский 
Санкт-Петербург, Государственный Русский музей
Musée Russe de Saint-Pétersbourg

***

Зачем ты, грозный аквилон,
Pourquoi, aquilon menaçant,
Тростник прибрежный долу клонишь?
Fouetter les roseaux de la terre ?
Зачем на дальний небосклон
Pourquoi longer l’horizon, effrayant,…

DISPONIBLE SUR AMAZON

И тихо зыблется тростник.
Et les roseaux bruissent calmement.

**

 

**********

ALEXANDRE POUCHKINE
1824  

********

LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

*****

*****************

HEINRICH HEINE – SUR LE BROCKEN -Auf dem Brocken (Voyage au Harz des Reisebilder – Aus der Harzreise – 1824)

LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




[NdT : Le Brocken à 1 141 mètres est le point culminant du Harz situé en Saxe-Anhalt]

*

Heller wird es schon im Osten
Une clarté arrive de l’est
Durch der Sonne kleines Glimmen,
A travers une petite lueur du soleil,
Weit und breit die Bergesgipfel
Les larges sommets de la montagne au loin
  In dem Nebelmeere schwimmen.
Flottent dans une mer de brouillard.




*

Hätt ich Siebenmeilenstiefel,
Si j’avais les bottes de sept lieues,
  Lief ich, mit der Hast des Windes,
Je volerais avec la vitesse du vent,
Über jene Bergesgipfel,
Sur chacun des sommets,
Nach dem Haus des lieben Kindes.
Vers la demeure de ma bien-aimée.

*




Von dem Bettchen, wo sie schlummert,
De l’alcôve où elle sommeille,
  Zög ich leise die Gardinen,
Délicatement, j’ouvrirais les rideaux,
Leise küßt ich ihre Stirne,
Délicatement, j’embrasserais son front,
  Leise ihres Munds Rubinen.
Délicatement aussi les rubis de sa bouche.

*

Und noch leiser wollt ich flüstern
Et plus délicatement encore, j’aimerais souffler
In die kleinen Liljenohren:
Dans ses adorables oreilles diaphanes :
Denk im Traum, daß wir uns lieben,
Rêve que nous nous aimons encore,
  Und daß wir uns nie verloren.
Et que nous ne nous sommes jamais perdus.




***
HEINRICH HEINE

HEINRICH HEINE PROLOGUE – PROLOG (Voyage au Harz des Reisebilder – Aus der Harzreise – 1824)

LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




*

Schwarze Röcke, seidne Strümpfe,
Jupes noires, bas de soie,
Weiße, höfliche Manschetten,
Poignets blancs, polis,
Sanfte Reden, Embrassieren –
Discours convenus, embrassades –
 Ach, wenn sie nur Herzen hätten!
Oh, si seulement ils avaient un cœur !

*

Herzen in der Brust, und Liebe,
Des cœurs dans la poitrine, et de l’amour,
 Warme Liebe in dem Herzen –
Un amour chaleureux dans le cœur…
  Ach, mich tötet ihr Gesinge
Ah, leur artifice me tue
Von erlognen Liebesschmerzen.
De douleur pour cet amour mensonger.

*

Auf die Berge will ich steigen,
Je veux escalader les montagnes,
Wo die frommen Hütten stehen,
Où se trouvent les pieuses baraques,
Wo die Brust sich frei erschließet,
Où la poitrine s’ouvre librement,
 Und die freien Lüfte wehen.
Où glisse un air libre.




*

Auf die Berge will ich steigen,
Je veux gravir les montagnes,
Wo die dunklen Tannen ragen,
Où les noirs sapins dominent,
Bäche rauschen, Vögel singen,
Où les ruisseaux dévalent, où chantent les oiseaux,
Und die stolzen Wolken jagen.
Où les nuages courent fièrement.

*

Lebet wohl, ihr glatten Säle!
Adieu, lisses salons !
  Glatte Herren, glatte Frauen!
Hommes lisses, femmes lisses !
Auf die Berge will ich steigen,
Je veux escalader les montagnes,
Lachend auf euch niederschauen.
Et rire de vous voir insignifiants.




***
HEINRICH HEINE

HEINRICH HEINE (1824) L’ILSE – Die Ilse (Voyage au Harz des Reisebilder – Aus der Harzreise)

LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




*

Ich bin die Prinzessin Ilse,
Je suis la princesse Ilse,
 
 Und wohne im Ilsenstein;
Et je vis à Ilsenstein ;
Komm mit nach meinem Schlosse,
Viens dans mon château,
 Wir wollen selig sein.
Nous serons bienheureux.

*

Dein Haupt will ich benetzen
Je mouillerai ta tête
 Mit meiner klaren Well,
Avec de claires ondes,
 Du sollst deine Schmerzen vergessen,
Tu oublieras ta douleur,
 Du sorgenkranker Gesell!
Je prendrez soin de toi, mon petit malade !




*

In meinen weißen Armen,
Dans mes bras à la blancheur d’ivoire,
 An meiner weißen Brust,
Sur ma poitrine lactescente,
 Da sollst du liegen und träumen
Tu te coucheras et tu rêveras
 Von alter Märchenlust.
A d’anciens fantastiques contes de fées.

*

Ich will dich küssen und herzen,
Je veux t’embrasser et t’étreindre,
 Wie ich geherzt und geküßt
Comme j’ai étreint et embrassé
 Den lieben Kaiser Heinrich,
Le cher Kaiser Henri,
 Der nun gestorben ist.
Qui est maintenant mort.




*

Es bleiben tot die Toten,
Les mort restent les morts
 Und nur der Lebendige lebt;
Et la vie n’appartient qu’aux vivants ;
 Und ich bin schön und blühend,
Et je suis belle et épanouie,
 Mein lachendes Herze bebt.
Mon cœur frémit en riant.

*

Komm in mein Schloß herunter,
Descends dans mon palais,
 In mein kristallnes Schloß.
Dans mon château cristallin.
 Dort tanzen Fräulein und Ritter,
Y dansent dames et chevaliers,
 Es jubelt der Knappentroß.
Festoyant joyeusement.




*

Es rauschen die seidenen Schleppen,
Se frôlent les robes de soie,
 Es klirren die Eisensporn,
Cliquettent les éperons de fer,
Die Zwerge trompeten und pauken,
Les nains jouent trompettes et timbales,
Und fiedeln und blasen das Horn.
Pincent les violons et soufflent dans les cors.




*

Doch dich soll mein Arm umschlingen,
Mais mon bras t’enroulera,
 Wie er Kaiser Heinrich umschlang; –
Comme il a enroulé le Kaiser Henri; –
 Ich hielt ihm zu die Ohren,
Je lui a bouché ses oreilles,
 Wenn die Trompet erklang.
Quand la trompette a résonné.




 

***
HEINRICH HEINE

Heinrich HEINE – Der Hirtenknabe – LE GARCON DE BERGER (Voyage au Harz des Reisebilder – Aus der Harzreise – 1824)

LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine




*

 

König ist der Hirtenknabe,
Le roi est le garçon de berger,
Grüner Hügel ist sein Thron,
La verte montagne est son trône,
Über seinem Haupt die Sonne
Au-dessus de sa tête, le soleil
Ist die schwere, goldne Kron’.
Est sa lourde couronne d’or.

*

Ihm zu Füßen liegen Schafe,
Gambadent à ses pieds des moutons,
Weiche Schmeichler, rotbekreuzt!
Attendrissants adulateurs tachés d’une croix rouge !
Kavaliere sind die Kälber,
Ses cavaliers sont les veaux,
Und sie wandeln stolz gespreizt.
Qui défilent avec fierté.




*

Hofschauspieler sind die Böcklein;
Les acteurs de sa Cour sont les chevreaux ;
Und die Vögel und die Küh’,
Les oiseaux et les vaches,
Mit den Flöten, mit den Glöcklein,
Avec leurs flûtes et leurs clochettes,
Sind die Kammermusici.
Sont les musiciens de chambre de la Cour.

*

Und das klingt und singt so lieblich,
Et ça sonne et ça chante délicieusement,
Und so lieblich rauschen drein
Et si délicatement frissonnent
Wasserfall und Tannenbäume,
Et les cascades et les pins,
Und der König schlummert ein
Que notre roi somnole




*

Unterdessen muß regieren
Et que gouverne désormais
Der Minister, jener Hund,
Son ministre, ce chien,
Dessen knurriges Gebelle
Qui aboie si fort que ses grondements
Wiederhallet in der Rund’.
Se propagent à la ronde.

*

Schläfrig lallt der junge König:
Sommeillant, le jeune roi babille :
 « Das Regieren ist so schwer,
« Comme gouverner est difficile,
  Ach, ich wollt’, daß ich zu Hause
 Ah ! comme j’aimerais rentrer à la maison
 Schon bei meiner Kön’gin wär’!
 Et être déjà avec ma reine !




*

« In den Armen meiner Kön’gin
« Dans les bras de ma reine
Ruht mein Königshaupt so weich,
 Que repose légèrement ma royale tête,
Und in ihren lieben Augen
 Dans ses yeux envoûtant
Liegt mein unermeßlich Reich! »
 Se déroule mon immense empire ! »




********