Miguel Hernández (30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante) (Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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Cancionero y romancero de ausencias 1938-1941
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MENOS TU VIENTRE TON VENTRE
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Francisco de Goya, La Maja desnuda, 1790-1800
Menos tu vientre, En dehors de ton ventre, todo es confuso. tout est confusion. Menos tu vientre, En dehors de ton ventre, todo es futuro tout est futur…
Viktor Madarász – Hunyadi László a ravatalon (1859), Le deuil de Ladislas Hunyadi avec sa mère Erzsébet Szilágyi
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Hazádnak rendületlenűl
A ta patrie inébranlable Para sua pátria inabalável Légy híve, oh magyar;
Sois croyant, ô Magyar ; Seja um crente, ó magiar; Bölcsőd az s majdan sírod is,
C’est ton berceau et ton caveau, Este é o seu berço e o seu cofre Mely ápol s eltakar.
Qui te soigne et t’inhume. Quem te cura e te enterra.
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A nagy világon e kivűl
Dans le grand monde, au-delà, No grande mundo, além, Nincsen számodra hely;
Il n’y a pas de place pour toi. Não há lugar para voce. Áldjon vagy verjen sors keze;
Béni ou maudit Abençoado ou amaldiçoado Itt élned, halnod kell.
Tu dois vivre ici, tu dois mourir. Você tem que viver aqui, você tem que morrer.
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Ez a föld, melyen annyiszor
C’est la terre où tant de fois É a terra onde tantas vezes Apáid vére folyt;
Le sang de tes pères a coulé ; O sangue de seus pais fluiu; Ez, melyhez minden szent nevet
Cette terre que tous les saints noms Esta terra todos os nomes sagrados Egy ezredév csatolt.
Ont assemblé depuis un millénaire. Reunidos por mil anos.
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Itt küzdtenek honért a hős
Ici, le héros se bat pour l’honneur Aqui, o herói está lutando pela honra Árpádnak hadai;
Dans les troupes d’Arpad ; Nas tropas de Arpad; Itt törtek össze rabigát
Ils sont déchaînés ici Eles estão furiosos aqui Hunyadnak karjai.
Les bras de l’immense Hunyad. Os braços do enorme Hunyad.
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Szabadság! itten hordozák
Liberté ! Ici, contemple le théâtre Liberdade! Aqui, contemple o teatro Véres zászlóidat,
Où se sont ensanglantées tes bannières, Onde seus banners estão sangrando, S elhulltanak legjobbjaink
Et où les meilleurs sont morts E onde os melhores estão mortos A hosszu harc alatt.
Pendant ce long combat. Durante esta longa luta.
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És annyi balszerencse közt,
Et après tant de malchance, E depois de tanto fracasso, Oly sok viszály után,
Après tant de controverses, Depois de muita controvérsia, Megfogyva bár, de törve nem,
Épuisée cependant, mais pas vaincue, Exausto no entanto, mas não derrotado, Él nemzet e hazán.
La nation irrigue la patrie. A nação vive na terra natal.
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S népek hazája, nagy világ!
Ô patrie des peuples, ô vaste monde ! Ó pátria dos povos, ó vasto mundo! Hozzád bátran kiált:
Elle t’implore : Ela te implora: « Egy ezredévi szenvedés
« Mille ans de souffrance « Mil anos de sofrimento Kér éltet vagy halált! » Donne droit à vivre pleinement ou à mourir ! » Dê o direito de viver plenamente ou morrer! «
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Az nem lehet hogy annyi szív
Se peut-il qu’autant de cœurs Pode ser que tantos corações Hiában onta vért,
Aient souffert en vain, Sofreu em vão, S keservben annyi hű kebel
Se peut-il qu’autant d’âmes Pode ser que tantas almas Szakadt meg a honért.
Se soient consumées en vain pour la patrie. Foram consumidos em vão pelo país.
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Az nem lehet, hogy ész, erő,
Il n’est pas possible que tant d’esprit et tant de force, Não é possível que tanto espírito e tanta força, És oly szent akarat
Et animé d’une si sainte volonté E animado por tal vontade sagrada Hiába sorvadozzanak
En vain, s’enlisent Em vão, atolar-se Egy átoksúly alatt.
Sous le poids de la malédiction. Sob o peso da maldição.
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Még jőni kell, még jőni fog
Il doit encore venir, il reviendra Ele ainda tem que vir, ele vai voltar Egy jobb kor, mely után
Ce meilleur avenir Este futuro melhor Buzgó imádság epedez
Que prient ardemment O que deixe centenas de lábios Százezrek ajakán.
Des centaines de lèvres. Rezarem ardentemente.
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Vagy jőni fog, ha jőni kell,
Ou qu’elle vienne, si elle doit venir, Ou se ela vier, se tiver que vir A nagyszerű halál,
La grande mort, A grande morte Hol a temetkezés fölött
A l’enterrement No funeral Egy ország vérben áll.
D’un pays en sang. De um país em sangue.
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S a sírt, hol nemzet sűlyed el,
Et ils pleureront le mort d’une nation, E eles vão lamentar a morte de uma nação, Népek veszik körűl,
Les peuples réunis, Os povos unidos, S az ember millióinak
Et de millions de personnes E em milhões de pessoas Szemében gyászköny űl.
Scintilleront des yeux endeuillés. Cintila os olhos enlutados.
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Légy híve rendületlenűl
Sois inflexible Seja inflexível Hazádnak, oh magyar:
Pour ton pays, ô Magyar : Para o seu país, ó Magiar: Ez éltetőd, s ha elbukál,
C’est ta vie, et si tu échoues, É a sua vida e se você falhar Hantjával ez takar.
T’ensevelira sa poussière. Sua poeira te enterrará.
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A nagy világon e kivűl Dans le grand monde, au-delà, No grande mundo, além, Nincsen számodra hely;
Il n’y a pas de place pour toi. Não há lugar para voce. Áldjon vagy verjen sors keze;
Béni ou maudit Abençoado ou amaldiçoado Itt élned, halnod kell.
Tu dois vivre ici, tu dois mourir. Você tem que viver aqui, você tem que morrer.
Det Skum, som krandser Vandet, L’écume qui soulève l’océan, Det Lys, som farver Jorden, La lumièrequi donne les couleursà la terre, Skymasserne, som længe Les nuages qui s’amoncellent au loin Har samlet sig til Torden ;
Et se réunissent au cœur du tonnerre ;
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Den store, fyldte Regnbu’, Le grandiose arc-en-ciel, Og du og jeg, Veninde, Et toi et moi, amie, Hvorlænge, troer du, inden Combien de temps, crois-tu, avant Vi skilles ad og svinde ?
Que nous séparions et que nous disparaissions ?
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Nyt Bølgeskum vil komme, Une nouvellevagueécumante arrivera, Nyt Skyggespil, tilsyne, De nouveaux jeux d’ombres, nous verrons, Og andre Skyer trække Etd’autresnuagesse dessineront Paa Himlen op og lyne. Puis la foudre dans le ciel.
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Forgaae, fordunste skal vi, Nous passerons, nous nous évaporerons, Som Draaberne, der strømme, Commeles gouttesqui coulent, Og som en Regnbu’ slukkes Et commeun arc en ciel s’éteignant Alt, hvad vi see og drømme. Tout ce que nousvoyons et tout ce que nous rêvons.
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Forstyr os derfor ikke Ne dérange donc pas Den skjønne, korte Vandring – Notre courterandonnée … Den truer alt, den kommer, Il menacetout,il arrive, Den dræbende Forandring ! Le changement meurtrier !
Welcher Lebendige, Sinnbegabte, liebt nicht vor allen Wundererscheinungen des verbreiteten Raums um ihn, das allerfreuliche Licht Quel vivant, je veux dire quel être sensible, n’est-il attiré par des manifestations miraculeuses, réparties dans l’espace, tout autour de lui, par cette lumière nocturne qui se répand – mit seinen Farben, seinen Stralen und Wogen;
–avec ses couleurs,ses lumières et ses vagues; seiner milden Allgegenwart, als weckender Tag. sa douce omniprésenceque par le jourqui se lève. Wie des Lebens innerste Seele athmet es der rastlosen Gestirne Riesenwelt, und schwimmt tanzend in seiner blauen Flut Comme l’âme, dans son intimité profonde, aime à aspirer le moindre des rayons desastres agitésdu mondeincommensurable, elle flotteen dansant dansses flotsbleus – athmet es der funkelnde, ewigruhende Stein, die sinnige, saugende Pflanze, und das wilde, brennende, vielgestaltete Thier – –ses rayons font scintiller la pierre, éternelleet impassible, fait circuler la sève ingénieuse de la plante, et fait de l’animal sauvage une bête fougueuse et multiforme– vor allen aber der herrliche Fremdling mit den sinnvollen Augen, dem schwebenden Gange, und den zartgeschlossenen, tonreichen Lippen. mais avanttout, l’étranger aux regards ardents, à la démarche hésitantes et aux lèvres palpitantes. Wie ein König der irdischen Natur ruft es jede Kraft zu zahllosen Verwandlungen, knüpft und löst unendliche Bündnisse, hängt sein himmlisches Bild jedem irdischen Wesen um. Comme un monarque de la natureterrestre, elle gouverne toutes les forces pour d’innombrablestransformations, construisant et recomposant des alliancessans fin, enveloppant de son imagecéleste toutesles créatures terrestres. – Seine Gegenwart allein offenbart die Wunderherrlichkeit der Reiche der Welt. –Saseule présencerévèlela splendeurmerveilleusedesroyaumes du monde.
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Abwärts wend ich mich zu der heiligen, unaussprechlichen, geheimnißvollen Nacht. Jem’incline devant le sacré, l’ineffable, le mystère de la Nuit. Fernab liegt die Welt
Le monde se trouve loin – in eine tiefe Gruft versenkt – –qui a sombré dans une fosseprofonde– wüst und einsam ist ihre Stelle. dépouillé et solitaireestalors devenu le lieu qu’il occupait. In den Sayten der Brust weht tiefe Wehmuth. Dansma poitrinesouffle uneprofonde tristesse. In Thautropfen will ich hinuntersinken und mit der Asche mich vermischen. Dans les gouttes de roséeje veux pénétrer et dans la cendrememélanger. Fernen der Erinnerung, Wünsche der Jugend, der Kindheit Träume, des ganzen langen Lebens kurze Freuden und vergebliche Hoffnungen kommen in grauen Kleidern, wie Abendnebel nach der Sonne Untergang. Les souvenirslointains, les désirs de la jeunesse, les rêves de l’enfance,courtesjoieset vains espoirs d’une longue vie, se présentent enhabits gris, comme le brouillard du soiraprèsle coucher du soleil. – In andern Räumen schlug die lustigen Gezelte das Licht auf. En d’autreslieux, la lumière impressionne les chapiteaux de la joie. Sollte es nie zu seinen Kindern wiederkommen, die mit der Unschuld Glauben seiner harren? Mais ne doit-elle donc jamais revenir versses enfants, qui l’attendentavec la foi de l’innocence ?
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Was quillt auf einmal so ahndungsvoll unterm Herzen, und verschluckt der Wehmuth weiche Luft? Comment le chagrin présent dans mon cœur s’est-il si vite évaporé dans l’air ? Hast auch du ein Gefallen an uns, dunkle Nacht? As-tu également plaisir d’être avec nous, nuit noire ? Was hältst du unter deinem Mantel, das mir unsichtbar kräftig an die Seele geht? Que mets-tu sous ta veste, invisible mais qui agite si vigoureusement mon âme ? Köstlicher Balsam träuft aus deiner Hand, aus dem Bündel Mohn. De délicieuses gouttesdebaumesort de ta main, descoquelicotsen bouquet. Die schweren Flügel des Gemüths hebst du empor. Leslourdesailesde l’esprit, tu te plais à les soulever. Dunkel und unaussprechlich fühlen wir uns bewegt Sombre etindiciblenous nous sentonsdéplacé – ein ernstes Antlitz seh ich froh erschrocken, das sanft und andachtsvoll sich zu mir neigt, und unter unendlich verschlungenen Locken der Mutter liebe Jugend zeigt. –un visage sérieux, je le vois, serein, qui s’inclinedoucementetavec respectvers moi,c’est l’amour infini sous les baisers d’une mère, voici le spectacle de ma jeunesse. Wie arm und kindisch dünkt mir das Licht nun Combien pauvre etpuérile me semblela lumière du jour désormais – wie erfreulich und gesegnet des Tages Abschied – –combien me semble agréable etbéni son départ– Also nur darum, weil die Nacht dir abwendig macht die Dienenden, säetest du in des Raumes Weiten die leuchtenden Kugeln, zu verkünden deine Allmacht- deine Wiederkehr -in den Zeiten deiner Entfernung. Alorsseulement parce quela nuitfait ressentir à tes serviteurs plus d’impressions que ces sphèresincandescentesqui se doivent d’annoncer en fanfare ton omnipotence Himmlischer, als jene blitzenden Sterne, dünken uns die unendlichen Augen, die die Nacht in uns geöffnet. Les célestes étoiles, clignotant, nous semblentdesyeuxinfinisqui nous ouvrent la nuit. Weiter sehn sie, als die blässesten jener zahllosen Heere Ils’élèvent bien plus loin que ces astres – unbedürftig des Lichts durchschaun sie die Tiefen eines liebenden Gemüths – –Nous n’avons pas besoinde tant de lumièrepour voirà travers lesprofondeurs d’unamour– was einen höhern Raum mit unsäglicher Wollust füllt. qui occupe un espace supérieuravec un plaisirindicible.
– sie sendet mir dich – zarte Geliebte – –l’amour t’envoie vers moi–tendre amant– liebliche Sonne der Nacht, comme le doux soleil de la nuit, – nun wach ich – –maintenantje veille – denn ich bin Dein und Mein – car jesuis toietmoi– du hast die Nacht mir zum Leben verkündet – tu m’as annoncé que la nuitétait ma vie– mich zum Menschen gemacht – Tu m’as fait homme– zehre mit Geisterglut meinen Leib, daß ich luftig mit dir inniger mich mische und dann ewig die Brautnacht währt. afin que, quand mon corps sera consumé par les forces de l’esprit, je puisse m’envoler pour me mêler à toi et consacrer pour toujours notre nuit de noces.