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ANTONIO DE NEBRIJA BNE MADRID – 安东尼内布里哈

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ANTONIO DE NEBRIJA
Antonio Martínez de Cala y Xarava
安东尼内布里哈
1441-1522

 BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Nebrija

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L’OEUVRE D’ANTONI DE NEBRIJA

ANTOINE de Lebrixa, Antonius Nebrissensis, littérateur espagnol, né en 1444 à Lebrixa, mort en 1522, obtint des succès brillants dans l’enseignement aux universités de Salamanque et d’Al », et fut un des plus utiles collaborateurs de la Bible polyglotte entreprise sous les auspices du cardinal Ximénès. Il a composé un grand nombre d’ouvrages, tous fort rares, dont les principaux sont : Institutio grammaticœ latins ; (Salamanque, 1481, réimpr. à Paris, 1859), où il développe des vues nouvelles sur l’enseignement de la langue latine; Grammatica sobre la lengua castellana, 1492, la première grammaire qui ait paru en espagnol; Lexicon latino-hispanicum et hispanico-latinum, 1492 ; Juris civilis Lexicon,1506, ouvrage qui restaura l’étude du droit en Espagne. On a aussi de lui Rerum in Ilispania gestarum de-cades (Grenade, 1545) : ce c’est que la traduction d’une vieille chronique espagnole. »

Marie-Nicolas Bouillet – Alexis Chassang
Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang 1878
1878 -1, pp. 1-154

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ANTONIO DE NEBRIJA (LEBRIXA)
A VALENCE

 » Il n’est pas de plus brillante étoile dans l’immortelle pléiade de ces savants hors ligne dont le chef fut Antonio de Lebrixa, et le dernier représentant, Francisco Sanchez de las Brozas, qui mourut entre les griffes de l’inquisition, et qu’un professeur de Berlin a pris à tort pour un jésuite. L’école médicale de Valence a été pendant trois siècles la première de l’Espagne, et l’école poétique a fourni des modèles à la littérature espagnol… »

Revue des Deux Mondes tome 71, 1885
J.-M. Guardia
Une excursion aux îles Baléares
Valence

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La contagion s’était manifestée de bonne heure : elle vint d’abord de l’Italie, C’est là en effet que les écrivains connus sous le nom d’humanistes, qui inaugurèrent en Espagne la renaissance des lettres, cherchèrent dès la fin du XVe siècle leurs inspirations. Antonio de Lebrixa est le représentant le plus remarquable de cette classe de penseurs et d’érudits. À leur approche, la vieille scolastique frémit. Le célèbre savant Louis Vivès raconte qu’à Valence, sa patrie, son vieux maître, dévoué à la routine de l’école, faisait déclamer ses élèves contre les novateurs ; lui-même avoue qu’il avait composé contre Antonio de Lebrixa des déclamations détestables et vivement applaudies. Des succès de ce genre ne pouvaient séduire un homme tel que Vivès, l’esprit le plus judicieux de son temps. De bonne heure il quitta l’Espagne, et profita si bien de son séjour dans les universités du nord, qu’il ne tarda point à prendre rang lui-même parmi les plus illustres humanistes ; il figura, malgré sa jeunesse, entre Érasme et Budée, dans ce glorieux triumvirat du XVIe siècle, où il brilla par le jugement autant que ses deux rivaux par l’éloquence et l’invention. Vivès devina mieux que nul autre le rôle souverain qui était réservé à l’érudition, c’est-à-dire au savoir joint à l’esprit de libre recherche. Il est un de ses écrits surtout qui atteste combien ce génie étendu et pénétrant comprenait l’état et les tendances de son époque : c’est le Traité des causes de la décadence des études, son chef-d’œuvre peut-être. Dès le début de sa carrière, il s’était fait connaître par son Commentaire sur la Cité de Dieu de saint Augustin. La préface de cette œuvre est un modèle de bon sens et de fine raillerie. On y voit mise à nu l’ignorance prétentieuse de la scolastique monacale ; les franciscains et les dominicains y sont vigoureusement raillés : on bat avec leurs propres armes ces infatigables ergoteurs, on les confond avec des citations empruntées à leurs propres ouvrages : jamais Érasme n’a porté de tels coups. Vivès aimait et vénérait comme un maître l’auteur de l’Éloge de la Folie ; nul plus que lui ne contribua à répandre ses écrits en Espagne. Cette propagande ne dura guère cependant. Les moines détestaient Érasme, ils abhorraient Vivès. Ce dernier était plus particulièrement l’objet de la haine des ordres mendians, les dominicains et les franciscains, dont il avait démasqué la crasse ignorance et l’insatiable avidité. Vaincus un moment, les moines ressaisirent le sceptre de la scolastique et rentrèrent dans les chaires des universités. Quant aux jésuites, ils n’avaient pas attendu, pour mettre Érasme et Vivès hors de leurs bibliothèques, que le saint-office eût interdit la lecture de leurs écrits ; ils les rangeaient parmi les suspects : autores de sospechosa doctrina, dit le père Mariana dans une lettre inédite à don Gaspar de Quiroga, inquisiteur général et archevêque de Tolède.

Plus libéral et plus instruit que le clergé régulier, le clergé séculier en vint à s’indigner de ces rancunes monacales. On a conservé d’un chanoine de Salamanque un mot qui est passé en proverbe : Quien dice mal de Erasmo, o es fraile, o es asno. Il n’en est pas moins vrai que les moines, insensibles à ces épigrammes, eurent raison des humanistes en proscrivant leurs écrits. Telle est la ténacité des préjugés qu’à la fin du siècle dernier, lorsque la munificence d’un prélat ami des lettres permit enfin de donner une édition des œuvres de Vivès, les Commentaires sur la Cité de Dieu furent exclus de la collection. « Notre temps, disait Vivès, ne manque pas de vils parasites et d’insignes flagorneurs, dont les douces flatteries fomentent des énormités : blandis adulationibus facinora fovent. » Ces courtisans sans vergogne, instigateurs de tant de crimes et de tant de sottises, n’étaient autres que les moines ; ils avaient l’oreille des rois, qu’ils gouvernaient par la confession, et diriger la conscience des princes, c’était exercer la puissance suprême.

Vivès n’était pas uniquement un homme d’étude, un humaniste : c’était aussi un penseur, un politique, un publiciste éminent. Un autre enfant de Valence, Federico Furio Sériol, était de la même école. Comme Vivès, il quitta Valence de bonne heure ; il alla continuer ses études à Paris, et les acheva à Louvain. Dépassant Érasme, il soutint contre les théologiens catholiques une thèse tout à fait protestante, la convenance et la nécessité des traductions de la Bible en langue vulgaire. Ce qu’il avait publiquement soutenu, il l’imprima, et pour avoir osé écrire ce qu’il pensait, Sériol fut en danger de perdre la vie. Il ne se sauva que par la protection spéciale de Charles-Quint. Son génie politique plaisait à l’empereur, qui l’estimait aussi pour son caractère droit et ferme. Il l’envoya auprès de son fils comme un conseiller dont les lumières pouvaient éclairer sa conduite. En effet, l’influence de Sériol ne contribua pas médiocrement à la pacification des premiers troubles des Pays-Bas. Son crédit se maintint tant qu’il vécut ; mais après sa mort l’inquisition lui fit son procès, et Philippe II n’y trouva point à redire.

Vives et Sériol appartiennent à la réforme, sinon par leur profession de foi, du moins par leurs idées libérales et hardies, leurs tendances avouées et leurs théories politiques. Ils ne séparent point l’ordre social de l’ordre religieux ; ils veulent un gouvernement animé de l’esprit véritablement chrétien, conforme à l’Évangile. L’un et l’autre ont recours à la logique et à l’exposition savante, à la méthode sévère d’argumentation qu’ils ont puisée, non pas dans l’arsenal de la scolastique, mais dans l’étude de l’antiquité, la méditation des saintes Écritures, et surtout dans leurs convictions intimes. Là est le secret de leur force. La critique des humanistes ne suffisait point cependant pour régénérer l’Espagne. Telle était du moins l’opinion des réformateurs religieux qui leur succédèrent, et dont les tentatives datent de la même époque que le grand mouvement qui éclata en Allemagne. De la période de satire et d’ironie, l’idée de réforme entra avec ces hommes hardis dans sa période militante.

La réforme et les réformateurs en Espagne
H.-M. Guardia
Revue des Deux Mondes T.28, 1860

JEAN LOUIS VIVES – Juan Luis Vives BNE MADRID – 胡安·路易斯·比韦斯 – Жан Луи Вивес

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JUAN LUIS VIVES
JEAN LOUIS VIVES
胡安·路易斯·比韦斯
Жан Луи Вивес
1492-1540

BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Luis Vivès


LES COMMENTAIRES DE JEAN LOUIS VIVES
SUR SAINT-AUGUSTIN

« Saint-Augustin : De la Cité de Dieu contenant le commencement et procez d’icelle cité avec une deffence de la Religion chrestienne contreles erreurs et medisances des Gentils, heretiques et autres ennemisde l’Eglise de Dieu, illustrée des commentaires de Jean Louis Vives de Valance, le tout fait francaïs par Gentian Hervet d’Orléans ; chanoine de Rheims, et enrichie de plusieurs annotations des histoires anciennes et modernes par François de Belleforest, Comingeois… »

Philippe Tamizey de Larroque
La bibliothèque de Mlle Gonin
Veuve Lamy, 1885 – pp. 5-37

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Jean-Louis Vivès
philosophe
, érudit, humaniste,
pédagogue hors de pair

Si la métaphore n’était un peu bien usée, on dirait que Valence est le séjour des muses. Aucune ville d’Espagne n’a mieux servi les études libérales ; aucune n’a mieux compris cette religion de l’art dont les dogmes sont éternels ; aucune n’est restée plus fidèle au culte des sciences et des lettres. L’université de Valence, plus heureuse que ses deux grandes rivales, Salamanque et Alcala de Hénarès, est encore vivante, toujours prospère, sinon aussi glorieuse que par le passé. Sa gloire consiste maintenant à glorifier les hommes de mérite qui l’ont illustrée. La grande salle des actes, garnie de bancs en amphithéâtre, est littéralement tapissée de portraits presque tous remarquables. La variété des costumes et des physionomies n’est pas le moindre attrait de cette belle galerie composée de professeurs de toutes les facultés, de religieux de tous les ordres, de docteurs séculiers et clercs, de prélats, de princes de l’église. Il n’y a pas une seule médiocrité parmi ces illustrations locales, proposées comme exemples aux étudiants. Au centre de la cour d’honneur, entre la bibliothèque et les collections de ce musée d’hommes illustres, se dresse la statue en marbre blanc du plus illustre de tous, Jean-Louis Vivès, philosophe, érudit, humaniste, pédagogue hors de pair, qui partagea avec Erasme et Budé le triumvirat du savoir dans le siècle de l’érudition, et brilla parmi les plus doctes par la profondeur des connaissances et la solidité du jugement. »

Revue des Deux Mondes tome 71, 1885
J.-M. Guardia
Une excursion aux îles Baléares
Valence

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VIVES ENTRE ERASME ET BUDEE

La contagion s’était manifestée de bonne heure : elle vint d’abord de l’Italie, C’est là en effet que les écrivains connus sous le nom d’humanistes, qui inaugurèrent en Espagne la renaissance des lettres, cherchèrent dès la fin du XVe siècle leurs inspirations. Antonio de Lebrixa est le représentant le plus remarquable de cette classe de penseurs et d’érudits. À leur approche, la vieille scolastique frémit. Le célèbre savant Louis Vivès raconte qu’à Valence, sa patrie, son vieux maître, dévoué à la routine de l’école, faisait déclamer ses élèves contre les novateurs ; lui-même avoue qu’il avait composé contre Antonio de Lebrixa des déclamations détestables et vivement applaudies. Des succès de ce genre ne pouvaient séduire un homme tel que Vivès, l’esprit le plus judicieux de son temps. De bonne heure il quitta l’Espagne, et profita si bien de son séjour dans les universités du nord, qu’il ne tarda point à prendre rang lui-même parmi les plus illustres humanistes ; il figura, malgré sa jeunesse, entre Érasme et Budée, dans ce glorieux triumvirat du XVIe siècle, où il brilla par le jugement autant que ses deux rivaux par l’éloquence et l’invention. Vivès devina mieux que nul autre le rôle souverain qui était réservé à l’érudition, c’est-à-dire au savoir joint à l’esprit de libre recherche. Il est un de ses écrits surtout qui atteste combien ce génie étendu et pénétrant comprenait l’état et les tendances de son époque : c’est le Traité des causes de la décadence des études, son chef-d’œuvre peut-être. Dès le début de sa carrière, il s’était fait connaître par son Commentaire sur la Cité de Dieu de saint Augustin. La préface de cette œuvre est un modèle de bon sens et de fine raillerie. On y voit mise à nu l’ignorance prétentieuse de la scolastique monacale ; les franciscains et les dominicains y sont vigoureusement raillés : on bat avec leurs propres armes ces infatigables ergoteurs, on les confond avec des citations empruntées à leurs propres ouvrages : jamais Érasme n’a porté de tels coups. Vivès aimait et vénérait comme un maître l’auteur de l’Éloge de la Folie ; nul plus que lui ne contribua à répandre ses écrits en Espagne. Cette propagande ne dura guère cependant. Les moines détestaient Érasme, ils abhorraient Vivès. Ce dernier était plus particulièrement l’objet de la haine des ordres mendiants, les dominicains et les franciscains, dont il avait démasqué la crasse ignorance et l’insatiable avidité. Vaincus un moment, les moines ressaisirent le sceptre de la scolastique et rentrèrent dans les chaires des universités. Quant aux jésuites, ils n’avaient pas attendu, pour mettre Érasme et Vivès hors de leurs bibliothèques, que le saint-office eût interdit la lecture de leurs écrits ; ils les rangeaient parmi les suspects : autores de sospechosa doctrina, dit le père Mariana dans une lettre inédite à don Gaspar de Quiroga, inquisiteur général et archevêque de Tolède.

La réforme et les réformateurs en Espagne
H.-M. Guardia
Revue des Deux Mondes T.28, 1860

LOPE DE VEGA BNE Madrid – Мадрид – 马德里 – Лопе де Вега – 诺普德维加

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LOPE DE VEGA
Лопе де Вега
诺普德维加
1562-1635

BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Lope de Vega

LE THEÂTRE DE LOPE DE VEGA
par Louis Viardot en 1833

« Enfin, parut Lope de Vega. Devant lui, comme devant ces puissants génies qui paissent au milieu des dissensions publiques et les apaisent par leur ascendant, la guerre cessa. Il monta, suivant l’expression de Cervantès, sur le trône de la comédie, et régna sans partage, sans rivaux, sans contradicteurs. Il faut, au milieu de ce tableau rapide, s’arrêter un moment à cet homme extraordinaire, qui eut une si prodigieuse influence sur le théâtre moderne.

Lope de Vega, né en 1562, montra, dès la première enfance, un goût très vif pour les lettres et surtout pour la scène. A l’âge de onze ans, il composait déjà de petites pièces. Les événements dont sa jeunesse aventureuse fut agitée, ses malheurs, ses voyages, le détournèrent d’abord de ce premier penchant ; mais de retour dans son pays natal, il s’y abandonna sans réserve, et fit succéder sans interruption, jusqu’à sa mort, cette foule incroyable d’ouvrages de tous genres qu’à lui seul, entre tous les hommes, il a été donné de produire. Dans la préface d’un livre imprimé en 1604, lorsqu’il avait quarante-deux ans, il porte à plus de vingt-trois mille feuilles le nombre de vers qu’il avait déjà écrits pour le théâtre. En 1618, il assure que le nombre des comédies qu’il a composées s’élève à huit cents ; en 1620, à neuf cents. « J’ai eu assez de vie, dit-il en 1629, lorsqu’il publiait la vingtième partie de ses œuvres dramatiques, pour en écrire dix-sept cents. » Enfin, en 1635, année de sa mort, il avait achevé les dix-huit cents comédies que lui attribuent son ami Perez de Montalban et le savant Nicolas Antonio. Toutes furent représentées, la moitié au moins imprimées. Dans ce nombre, il en est plus de cent dont chacune ne lui coûta qu’un jour de travail, et, comme il le dit lui-même, «en vingt-quatre heures passa des Muses au théâtre. » Pour compléter la liste immense des œuvres de Lope de Vega, il faut ajouter à ces dix-huit cents comédies environ quatre cents autos sacramentales, un grand nombre d’intermèdes, des poèmes épiques, didactiques et burlesques (la Jerusalem conquistada, la Gatomaquia, etc.), des épîtres, des satires, des dissertations, des pièces fugitives et une foule innombrable de sonnets. On a fait sur les œuvres de Lope cet effrayant calcul, que, pendant les soixante-treize ans qu’il a vécu, c’est-à-dire depuis l’heure de sa naissance jusqu’à celle de sa mort, et bien que sa jeunesse eût été perdue pour les lettres, il a dû écrire chaque jour huit pages entières, presque toutes de poésie. Le nombre total de ses écrits est évalué à cent trente-trois mille pages et à vingt-un millions de vers. L’histoire littéraire n’offre certes rien qui approche de cette fécondité vraiment fabuleuse ; et quand même aucun autre mérite ne s’attacherait au nom de Lope de Vega, il devrait vivre toutefois dans la mémoire des hommes comme un de ces prodiges que la nature ne produit pas une seconde fois.

Maître absolu, arbitre souverain du théâtre et de la littérature de son pays, Lope, comme tant d’autres dictateurs, manqua à sa haute vocation. Cet homme prodigieux, que Cervantès appelait monstruo de naturaleza, pouvait réformer et diriger le goût du public, il trouva plus commode d’y sacrifier ; et les applaudissements de la multitude le précipitèrent dans des défauts qu’il connaissait, mais qu’il ne voulut pas éviter, et auxquels il donna sciemment l’autorité de son exemple et de sa renommée. « Il faut, disait-il dans une de ses préfaces, que les étrangers remarquent bien qu’en Espagne les comédies ne suivent pas les règles de l’art. Je les ai faites telles que je les ai trouvées ; autrement on ne les aurait point entendues. » « Ce n’est pas, dit-il encore dans son Arte nuevo de hacer comedias, que j’ignore les préceptes de l’art. Dieu merci. Mais quelqu’un qui les suivrait en écrivant serait sûr de mourir sans gloire et sans profit….. Aussi, quand je dois écrire une comédie, j’enferme les règles sous six clefs, et je mets dehors Plaute et Terence pour que leur voix ne s’élève pas contre moi….. Je fais des pièces pour le public ; et puisqu’il les paie, il est juste de les faire à son goût. » Lope termine ce traité poétique en convenant qu’il est plus barbare que ceux auxquels il donne des leçons, et que toutes ses comédies, hors six qu’il ne nomme point, pèchent gravement contre les véritables règles de l’art. Lope de Vega, rassasié d’honneurs et de richesses, objet de gloire pour sa patrie et d’envie pour les étrangers, dont la renommée enfin fut telle que son nom servait à personnifier l’excellence en toutes choses, Lope de Vega doit sembler bien sévère envers lui-même, lorsqu’au milieu de cette multitude il n’excepte que six comédies de sa propre réprobation ; et cependant la postérité, plus sévère encore, n’a pas même ratifié cet arrêt. Aucun de ses innombrables ouvrages n’a mérité d’être donné pour modèle. On les a plutôt cités comme une preuve de l’abus des facultés naturelles, et comme un guide contre les fautes où il entraîne. Cette intarissable imagination, cette prodigieuse facilité d’écrire, ce talent de peindre les caractères et de faire agir les passions, tant d’habileté à manier le dialogue, tant d’esprit, tant de finesse, toutes ces qualités qu’il répandit à pleines mains dans ses œuvres, et qu’il réunissait au plus haut degré, sont comme étouffées par leur propre excès. On dirait d’un arbre vigoureux que n’émonde point la main du jardinier, et qui use sa sève en jets désordonnés et stériles. Partout on sent l’absence du travail consciencieux, du goût épuré ; partout, l’oubli de cette crainte salutaire du public, et de cette rigueur pour soi-même sans laquelle il n’est point de perfection.




Toutefois, pour juger avec équité Lope de Vega, il faut se reporter à son époque. Si la certitude et l’enivrement du succès lui firent préférer des triomphes faciles à une gloire plus noble et plus durable, quel modèle, quel rival avait-il pour guider ou pour exciter son talent ? En Espagne, personne n’entra dans la carrière qu’il parcourait avec tant d’éclat, sinon à sa suite, et pour l’imiter servilement jusqu’en ses extravagances. Rien, dans le reste de l’Europe, ne pouvait lui donner plus de lumières ou plus d’émulation. En France, la scène était encore abandonnée aux Jodelle, aux Hardy, et l’Italie s’était arrêtée à la Mandragore. Avec Lope de Vega parut un seul autre grand génie, créateur aussi du théâtre de sa nation, unissant des qualités et des défauts à peu près semblables, et qu’il serait aussi facile qu’intéressant de mettre en parallèle. Mais la barrière qui séparait alors les langues du nord et celles du midi sépara les deux illustres rivaux. Shakespeare et Lope de Vega vécurent en même temps sans se connaître, et ne purent s’emprunter ni cette noble jalousie de gloire, ni ces leçons réciproques que donnent les luttes du génie. Chacun d’eux régna seul, unique, dans un empire incontesté. Comme Shakespeare et avec lui, Lope conservera toujours l’honneur d’avoir fondé le théâtre moderne ; mais par des raisons de politique et de langage, plus que Shakespeare, il porta son influence chez les nations étrangères, et nous, Français, auxquels il a le plus prêté, nous devons répéter ce juste éloge de son illustre éditeur, lord Holland : « Si Lope de Vega n’eût point écrit, les chefs-d’œuvre de Corneille et de Molière n’auraient peut-être jamais existé ; et si nous ne connaissions pas leurs ouvrages, Lope passerait encore pour un des grands auteurs dramatiques de l’Europe. »

Douze ans avant la mort de Lope de Vega (1621), arriva celle de Philippe III, et à ce monarque triste et dévot succéda un jeune prince ami des plaisirs et passionné pour le théâtre. Philippe IV aimait le commerce des gens de lettres, les recevait à la cour, et s’amusait à jouer avec eux ces comédies improvisées, alors fort à la mode en Italie. On lui attribue même plusieurs ouvrages dramatiques qui furent représentés sous le nom d’un esprit de cette cour (por un ingenio de esta corte), entre autres la passable comédie intitulée Donner la vie pour sa dame. Cette circonstance accrut encore le mouvement imprimé par Lope de Vega, et amena la plus brillante époque du théâtre espagnol. Une foule d’auteurs s’étaient, de son vivant, jetés sur les traces du maître, tels que les docteurs Ramon et Mira de Mescua, le licencié Miguel Sanchez, le chanoine Tarraga, don Guillen de Castro, Aguilar, Luis Vêlez de Guevara, et cent autres ; mais tous l’imitaient et restaient loin de lui. Ce ne fut qu’à la fin de son règne que parut le rival qui devait le détrôner : Calderon de la Barca.

Louis Viardot
Revue des Deux Mondes – 1833 – tome 2
Essai sur l’histoire du théâtre espagnol

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POESIE DE LOPE DE VEGA

LES VOYANTS

Quand vers les vains trésors d’autres tendaient la main,
Poursuivant le plaisir comme on chasse une proie,
Eux portaient les fardeaux sous lesquels l’âme ploie
De l’aurore à la nuit, du soir au lendemain.

S’immolant chaque jour, ils ont pris le chemin
De la mort héroïque et sans gloire, la voie
Du sacrifice obscur ; ils ont cherché la joie
Au-delà de la vie et de l’amour humain.




Ils ont passé… Déjà, sans doute, on les oublie,
Mais vous que fit pleurer leur divine folie,
Vous qui savez que rien ne s’achève ici-bas,

Qui dans l’ombre entendez souvent frémir une aile,
En vous penchant sur ces martyrs, n’avez-vous pas
Vu dans leurs yeux mourans poindre l’aube éternelle !

Poésies
Vega
Revue des Deux Mondes tome 28, 1915

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LE TOMBEAU VIDE

I
LES PORTEUSES DE PARFUMS

L’aube luit, fraîche et claire, après l’horreur des jours
Où, le Juste expirant sous les cieux noirs et sourds,
Notre espérance fut brisée ;
Nous suivons de nouveau le chemin de douleurs ;
En tremblant, en pleurant, nous moissonnons des fleurs
Dans la printanière rosée.

Avant que parût le matin,
J’ai coupé la menthe et le thym,
L’hysope, la rouge anémone ;
J’ai cueilli près de ma maison
Les violettes du gazon
Et l’odorante cinnamome.

Voici les lys pourprés que le Seigneur trouvait
Plus beaux dans la splendeur dont le ciel les revêt
Que le plus grand de nos monarques ;
Sur le front du Martyr, leurs calices soyeux
Et leurs baumes, mêlés aux larmes de nos yeux,
Laveront les sanglantes marques.

Dans l’albâtre et l’argent, j’ai pris
Les aromates de grand prix,
Le nard pur, l’aloès, la myrrhe,
Pour en oindre ces pieds troués,
Qui sur la croix furent cloués,
Ce corps plus pâle que la cire.

Nous voulons, ce matin, l’embaumer de nouveau,
Mais le roc est si lourd qui ferme le caveau,
Si faibles sont nos mains de femme !
Qui roulera pour nous cette pierre aujourd’hui ?
Reverrons-nous Jésus et pourrons-nous sur lui
Répandre le dernier dictame ?

Sans force, dans l’ombre, à présent,
Le Christ immobile est gisant.
Qui roulera pour nous la pierre,
La lourde pierre du tombeau,
Et dans la grotte quel flambeau
Nous guidera de sa lumière ?

II
L’APPARITION DES ANGES

 La tombe ouverte est vide ; avec l’air du matin,
Le jour librement y pénètre ;
Ce n’est pas un mirage, un reflet incertain,
Rien ne nous reste plus du Maître.

C’en est donc fait, ô Christ ! Nous ne les verrons
Vos mains dont le geste délivre,
Vos yeux dont le regard guérit, Seigneur Jésus,
Vous sans qui nous ne saurions vivre !

Heureux les affligés qui pleurent sur un corps !
Nous n’avons qu’une pierre nue ;
Le Seigneur est perdu dans la foule des morts,
Englouti par l’ombre inconnue.

Hommes vêtus de blanc, redoutables et beaux,
Dont l’épée au jour étincelle,
Ayez pitié de nous, ô gardiens des tombeaux !
Voyez notre angoisse mortelle.

Puisque le Christ n’est plus, une dernière fois
Laissez-nous adorer ses restes,
Et demander encore à sa bouche sans voix
L’écho des paroles célestes.

Par pitié, rendez-nous son corps martyrisé,
Afin que notre amour l’embaume,
Et qu’à genoux autour de lui, le cœur brisé,
Nous chantions le funèbre psaume !

En contemplant ses traits apaisés par la mort,
Nous oublierons enfin peut-être
Les affres du supplice et nous dirons : Il dort,
Il ne souffrira plus, le Maître.

Au soleil levant,
La tombe est ouverte,
La crypte est déserte :
Le Christ est vivant !

Il n’est pas resté
Dans le noir mystère ;
Il n’est plus sous terre,
Le Ressuscité.

Triomphant il sort
Du funèbre abîme :
La sainte victime
A vaincu la mort.

Ne le cherchez plus
Parmi la poussière :
C’est dans la lumière
Qu’habite Jésus.

Poésies
Vega
Revue des Deux Mondes tome 28, 1915

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EN SILENCE

 Vous pleurez un héros, une sainte au cœur tendre :
Ne pleurez pas trop fort ceux que le ciel vous prit !
Peut-être qu’ils sont là, qu’ils peuvent vous entendre,
Que sur vous plane leur esprit.

Si vous les chérissiez vraiment plus que vous-même,
Ayez pitié ! N’affligez pas de vos sanglots,
De vos pleurs déchirans, leur âme qui vous aime
Dans la lumière et le repos.

Songez qu’ils ont souffert, que leur lutte est finie ;
O vous qui respectiez leur sommeil ici-bas,
Par votre angoisse aveugle et vos cris d’agonie,
A présent ne les troublez pas !

Que leur regard, s’il vous contemple, en vous ne lise
Point de révolte impie ou d’âpre désespoir ;
Que leur paix se reflète en votre âme soumise
Ainsi que dans un pur miroir.

Vous entendrez leur voix, si vous savez vous taire,
Vous suivrez leur élan dans l’espace étoile,
Et vous ne serez plus triste ni solitaire
A votre foyer désolé.

Poésies
Vega
Revue des Deux Mondes tome 28, 1915

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L’UNION SUPRÊME

Dieu ne veut pas que pour toujours notre espoir meure,
Que les liens les plus puissans et les plus doux
Soient rompus sans pitié par un destin jaloux ;
Vous l’avez appris, vous dont la flamme demeure.

Vous fûtes à ce monde arrachés avant l’heure,
Ou condamnés au deuil solitaire… Sur vous,
Mère ou sœur délaissée, infortunés époux,
Plus d’une âme attendrie et pitoyable pleure.

Mais ces riches d’un jour qui plaignent votre sort,
Ceux qui n’ont point passé par l’ombre de la mort,
Ni gravi comme vous la douloureuse voie,

Que peuvent-ils savoir de votre amour si beau,
De votre surhumaine et triomphante joie,
Cœurs à jamais unis par-delà le tombeau !

Poésies
Vega
Revue des Deux Mondes tome 28, 1915

*******

LA RÉVÉLATION

Sur la route que j’ai péniblement suivie,
Tu marchais devant moi d’un pas vif et léger,
Tu chantais, tu riais à l’heure du danger,
Et tu rouvrais le ciel à mon âme asservie.

Combien de fois à la douleur tu m’as ravie !
Contre moi-même tu savais me protéger ;
Tu me semblais souvent un divin messager ;
Je t’appelais tout bas ma lumière et ma vie.

Et cependant, ô mon trésor, je t’ignorais,
Je ne pressentais pas mon deuil et mes regrets ;
Mais aujourd’hui mon cœur est clairvoyant et sage,

Il fut illuminé par l’ange au glaive ardent :
Amour, je te connais et j’ai vu ton visage,
Car on ne t’aperçoit jamais qu’en te perdant.

Poésies
Vega
Revue des Deux Mondes tome 28, 1915

************************************

MIGUEL DE CERVANTES – BNE MADRID – Мигель де Сервантес – 塞万提斯

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CERVANTES
Miguel de Cervantes Saavedra
Мигель де Сервантес

塞万提斯
1547-1616
CERVANTES BNE

BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Cervantes

 

 DON QUIJOTE DE LA MANCHA
El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha
DON QUICHOTTE de la Manche

Miguel de Cervantès

Prólogo
Prologue

Don Quijote Don Quichotte Miguel de Cervantes Prologo Prologue Artgitato Traduction Française

Desocupado lector: sin juramento me podrás creer que quisiera que este libro, como hijo del entendimiento, fuera el más hermoso, el más gallardo y más discreto que pudiera imaginarse. Pero no he podido yo contravenir al orden de naturaleza, que en ella cada cosa engendra su semejante.
Lecteur inoccupé sans serment aucun, crois-moi, j’aurais envie que ce livre, comme fruit de l’entendement, soit le plus beau, le plus brave et le plus fin que l’on puisse imaginer. Mais je ne pouvais pas violer l’ordre de la nature, qui veut que chaque chose engendre son semblable.
Y, así, ¿qué podía engendrar el estéril y mal cultivado ingenio mío, sino la historia de un hijo seco, avellanado, antojadizo y lleno de pensamientos varios y nunca imaginados de otro alguno, bien como quien se engendró en una cárcel, donde toda incomodidad tiene su asiento y donde todo triste ruido hace su habitación?
Et donc, que pouvait engendrer un  stérile et inculte talent comme le mien, sinon l’histoire d’un fils maigre, rabougri, fantasque et plein de pensées étranges et inimaginables, comme ce qui a été engendré dans une prison où tout inconfort a son siège et où tout triste bruit a son habitation ?
El sosiego, el lugar apacible, la amenidad de los campos, la serenidad de los cielos, el murmurar de las fuentes, la quietud del espíritu son grande parte para que las musas más estériles se muestren fecundas y ofrezcan partos al mundo que le colmen de maravilla y de contento.
La paix, le calme, l’aménité des champs, la sérénité des cieux, le murmure des fontaines, un esprit calme sont de grands secours aux muses les plus stériles et fertiles qui apportent alors au monde des fruits merveilleux et plaisants.
Acontece tener un padre un hijo feo y sin gracia alguna, y el amor que le tiene le pone una venda en los ojos para que no vea sus faltas, antes las juzga por discreciones y lindezas y las cuenta a sus amigos por agudezas y donaires.
Il arrive à un père d’engendrer un enfant laid et sans grâce, mais l’amour lui bande les yeux de peur qu’il ne voit ses défauts, il les juge pour des subtilités et des finesses et en parle à ses amis comme des expressions d’intelligence et de malice.
Pero yo, que, aunque parezco padre, soy padrastro de don Quijote, no quiero irme con la corriente del uso, ni suplicarte casi con las lágrimas en los ojos, como otros hacen, lector carísimo, que perdones o disimules las faltas que en este mi hijo vieres, que ni eres su pariente ni su amigo, y tienes tu alma en tu cuerpo y tu libre albedrío como el más pintado, y estás en tu casa, donde eres señor della, como el rey de sus alcabalas, y sabes lo que comúnmente se dice, que «debajo de mi manto, al rey mato», todo lo cual te esenta y hace libre de todo respecto y obligación, y, así, puedes decir de la historia todo aquello que te pareciere, sin temor que te calunien por el mal ni te premien por el bien que dijeres della.
Mais moi, bien que je ne sois pas le père, je suis seulement le beau-père de Don Quichotte, je ne souhaite pas suivre cet usage courant, et te prier, presque les larmes aux yeux, comme les autres, cher lecteur, de pardonner ou de dissimuler les défauts de mon fils. Puisque tu n’es ni un parent, ni un ami, et que tu as ton âme dans ton corps et ta volonté libre comme tout un chacun, et tu vis dans ta maison, où tu en es le seigneur, comme le roi de ses impôts, et tu sais comme il est dit communément que « sous ma robe, je tue le roi, » tout ce qui fait que tu es exempté envers moi de respect et que tu es libre de toute obligation, et, ainsi, tu raconteras de l’histoire tout ce qui te semblera bon pour toi, sans crainte d’être calomnié par le mal ni récompensé pour le bien que tu diras d’elle.

Image illustrative de l'article Don Quichotte

Solo quisiera dártela monda y desnuda, sin el ornato de prólogo, ni de la inumerabilidad y catálogo de los acostumbrados sonetos, epigramas y elogios que al principio de los libros suelen ponerse. Porque te sé decir que, aunque me costó algún trabajo componerla, ninguno tuve por mayor que hacer esta prefación que vas leyendo.
J’aurais aimé te la livrer nue, sans les fioritures du prologue, ou le catalogue innombrable des sonnets coutumiers, épigrammes et louanges dont l’usage veut qu’en début des livres ils soient fixés. Parce que je dois te dire que si la composition m’a coûté un peu de travail, un plus important encore a été nécessaire à la préface que tu lis à présent.
Muchas veces tomé la pluma para escribille, y muchas la dejé, por no saber lo que escribiría; y estando una suspenso, con el papel delante, la pluma en la oreja, el codo en el bufete y la mano en la mejilla, pensando lo que diría, entró a deshora un amigo mío, gracioso y bien entendido, el cual, viéndome tan imaginativo, me preguntó la causa, y, no encubriéndosela yo, le dije que pensaba en el prólogo que había de hacer a la historia de don Quijote, y que me tenía de suerte que ni quería hacerle, ni menos sacar a luz las hazañas de tan noble Caballero.
Plusieurs fois, je pris ma plume pour écrire, et souvent le l’ai laissée, ne sachant pas ce que j’allais écrire ; et un jour, le papier devant moi, avec une plume à l’oreille, le coude sur le bureau et la main sur sa joue, en pensant à ce que je dirais, est venu, à l’improviste, un de mes amis, drôle et spirituel, qui, me voyant, m’a demandé la cause de ma préoccupation. Je lui ai dit que je pensais au prologue qu’il faudrait pour l’histoire de Don Quichotte, et j’en étais si découragé que je ne souhaitais plus la faire ni de mettre au grand jour les exploits de notre noble chevalier.

-Porque ¿cómo queréis vos que no me tenga confuso el qué dirá el antiguo legislador que llaman vulgo cuando vea que, al cabo de tantos años como ha que duermo en el silencio del olvido, salgo ahora, con todos mis años a cuestas, con una leyenda seca como un esparto, ajena de invención, menguada de estilo, pobre de concetos y falta de toda erudición y doctrina, sin acotaciones en las márgenes y sin anotaciones en el fin del libro, como veo que están otros libros, aunque sean fabulosos y profanos, tan llenos de sentencias de Aristóteles, de Platón y de toda la caterva de filósofos, que admiran a los leyentes y tienen a sus autores por hombres leídos, eruditos y elocuentes? Pues ¿qué, cuando citan la Divina Escritura?
« Comment ne pas être dérouté par ce pensera le public, antique législateur, quand il verra que, après tant d’années, moi qui dormais dans le silence de l’oubli, je viens maintenant, avec toutes mes années derrière moi, avec une légende sèche comme un jonc, oublieux de l’innovation, le style diminué, pauvre d’esprit et manquant et d’érudition et de doctrine, sans annotations sur les marges, sans notes à la fin du livre, comme je vois dans d’autres livresmême quand ils sont fabuleux et profanes, remplis de citations d‘Aristote, de Platon et de toute le troupe des philosophes, qu’admire le public qui voit combien les auteurs qu’ils lisent sont érudits et éloquents ? Et que dire de ceux qui citent les Saintes Ecritures ?
No dirán sino que son unos santos Tomases y otros doctores de la Iglesia, guardando en esto un decoro tan ingenioso, que en un renglón han pintado un enamorado destraído y en otro hacen un sermoncico cristiano, que es un contento y un regalo oílle o leelle.
Ne penserait-on pas qu’ils sont comme des saints Thomas et autres docteurs de l’Église, peignant en une ligne un amour dépravé  et en une autre un sermon chrétien Christian, faisant de celui-ci un cadeau et une merveille à entendre.
De todo esto ha de carecer mi libro, porque ni tengo qué acotar en el margen, ni qué anotar en el fin, ni menos sé qué autores sigo en él, para ponerlos al principio, como hacen todos, por las letras del abecé, comenzando en Aristóteles y acabando en Xenofonte y en Zoílo o Zeuxis, aunque fue maldiciente el uno y pintor el otro.
Tout cela a fait défaut dans mon livre, parce que je n’ai rien à renvoyer à la marge, ou à préciser à la la fin ni ne sais quels sont les auteurs que j’ai suivis afin de les nommer, comme tout le monde, par les lettres de l’alphabet, en commençant par Aristote et en terminant par Xénophon ou par Zoilo ou Zeuxis, le premier un médisant et l’autre un peintre.
También ha de carecer mi libro de sonetos al principio, a lo menos de sonetos cuyos autores sean duques, marqueses, condes, obispos, damas o poetas celebérrimos; aunque si yo los pidiese a dos o tres oficiales amigos, yo sé que me los darían, y tales, que no les igualasen los de aquellos que tienen más nombre en nuestra España.
Il va également manquer dans  mon livre de sonnets au commencement, au moins ces sonnets dont les auteurs sont ducs, marquis, comtes, évêques, reines ou poètes célèbres; même si je dois demander aux deux ou trois amis officiels, je sais qu’ils me les donneraient, et de telle sorte qu’ils ne seraient pas égalés par les plus beaux noms de notre Espagne.
En fin, señor y amigo mío —proseguí—, yo determino que el señor don Quijote se quede sepultado en sus archivos en la Mancha, hasta que el cielo depare quien le adorne de tantas cosas como le faltan, porque yo me hallo incapaz de remediarlas, por mi insuficiencia y pocas letras, y porque naturalmente soy poltrón y perezoso de andarme buscando autores que digan lo que yo me sé decir sin ellos. De aquí nace la suspensión y elevamiento, amigo, en que me hallastes, bastante causa para ponerme en ella la que de mí habéis oído.
Eh bien, seigneur et ami – continuai-je-, je détermine que le seigneur Don Quichotte restera enterré dans les fichiers de La Manche, jusqu’à ce que le ciel envoie quelqu’un l’habillant de toutes ces choses qui lui manquent, parce que je suis incapable de remédier à mon échec et à mon manque de lettres, et parce que je suis fainéant et naturellement paresseux, incapable d’aller à la recherche d’auteurs qui disent ce que je sais dire sans les invoquer. D’où l‘hésitation et la pensée, ami, en laquelle vous me trouvâtes, cause suffisante comme vous l’avez entendu.

Oyendo lo cual mi amigo, dándose una palmada en la frente y disparando en una carga de risa, me dijo:
En entendant cela, mon ami, se frappant le front et la cuisse, dans un énorme rire, me dit:

—Por Dios, hermano, que agora me acabo de desengañar de un engaño en que he estado todo el mucho tiempo que ha que os conozco, en el cual siempre os he tenido por discreto y prudente en todas vuestras aciones.
-par Dieu, frère, vous venez juste de me sortir de la tromperie où j’étais depuis trop longtemps, moi qui vous tenais pour discret et prudent dans toutes vos actions.
Pero agora veo que estáis tan lejos de serlo como lo está el cielo de la tierra. ¿Cómo que es posible que cosas de tan poco momento y tan fáciles de remediar puedan tener fuerzas de suspender y absortar un ingenio tan maduro como el vuestro, y tan hecho a romper y atropellar por otras dificultades mayores?
Mais maintenant je vois que vous en êtes aussi loin que le ciel ne l’est de la terre. Comment est-il possible que des choses si petites,  et si faciles à remédier, peuvent endormir vos forces et absorber votre esprit accoutumé à casser et à écraser bien d’autres difficultés majeures ?
A la fe, esto no nace de falta de habilidad, sino de sobra de pereza y penuria de discurso.
Ma foi cela ne vient pas d’un manque de compétences, mais  de beaucoup de paresse et de la pauvreté de la pensée.
¿Queréis ver si es verdad lo que digo? Pues estadme atento y veréis cómo en un abrir y cerrar de ojos confundo todas vuestras dificultades y remedio todas las faltas que decís que os suspenden y acobardan para dejar de sacar a la luz del mundo la historia de vuestro famoso don Quijote, luz y espejo de toda la caballería andante.
Vous voulez voir si ce que je dis est vrai ? Soyez à l’écoute et vous verrez en un clin d’œil comme je confonds  toutes vos difficultés et solutionne tous ces défauts à vous décider de suspendre et d’arrêter l’histoire de votre célèbre Don Quichotte, la lumière et le miroir de toute la chevalerie errante.

—Decid —le repliqué yo, oyendo lo que me decía—, ¿de qué modo pensáis llenar el vacío de mi temor y reducir a claridad el caos de mi confusión?
«Dites, répliquai-je, ayant entendu ce qu’il dit de moi, comment pensez-vous combler le vide qui me terrorise et réduire notablement le chaos de ma confusion ?

******************
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ANTONIO MACHADO – BNE – MADRID – Антонио Мачадо – 安东尼奥马查多

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Antonio MACHADO
Антонио Мачадо
安东尼奥马查多
1875 – 1939

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ANTONIO MACHADO
CAMINOS
Les Chemins

De la ciudad moruna
De la ville mauresque
tras las murallas viejas,
par-delà les vieux murs,
yo contemplo la tarde silenciosa,
je contemple l’après-midi tranquille,
 a solas con mi sombra y con mi pena.
seul avec mon ombre et ma peine.





*

 El río va corriendo,
La rivière court
entre sombrías huertas
au milieu des jardins ombragés
 y grises olivares,
et des oliviers gris,
por los alegres campos de Baeza
par les champs  joyeux de Baeza.

 Tienen las vides pámpanos dorados
Ils abritent les vignes aux branches dorées
 sobre las rojas cepas.
sur des cépages rouges.
Guadalquivir, como un alfanje roto
Guadalquivir, comme un coutelas cassé
 y disperso, reluce y espejea.
et dispersé, brille et miroite.

 Lejos, los montes duermen
Ailleurs, les montagnes ensommeillées
envueltos en la niebla,
enveloppées dans la brume,
niebla de otoño, maternal; descansan
dans le brouillard de l’automne, maternelle; reste
las rudas moles de su ser de piedra
les masses grossières des êtres de pierre
en esta tibia tarde de noviembre,
en ce chaleureux après-midi de novembre,
tarde piadosa, cárdena y violeta.
après-midi contemplatif, livide et violet.

*

 El viento ha sacudido
Le vent a secoué
los mustios olmos de la carretera,
la route des ormes,
levantando en rosados torbellinos
dans des remous tourbillonnent
 el polvo de la tierra.
la poussière de la terre.
 La luna está subiendo
la lune se lève
amoratada, jadeante y llena.
meurtrie, haletante et pleine.

*

 Los caminitos blancos
Les chemins blancs
se cruzan y se alejan,
se coupent et se fuient,
buscando los dispersos caseríos
à la recherche des hameaux disséminés
del valle y de la sierra.
de la vallée et de la montagne.
Caminos de los campos…
Les chemins du camp ….
¡Ay, ya, no puedo caminar con ella!
Oh non ! Je ne peux marcher avec elle !

Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato

ALPHONSE LE SAGE – ALFONSO EL SABIO -BNE MADRID – Альфонсо Мудрого – 阿方索的智者

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ALFONSO EL SABIO
Alfonso X el Sabio
Alfonso X de Castilla

ALPHONSE LE SAGE
Альфонсо Мудрого
阿方索的智者
1221-1284
Roi de Castille le 1er juin 1252
Rey 1 de junio 1252

par  José de Alcoverro Amorós
1835-1908




 BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Alfonso El Sabio Alphonse le sage

 L’ASTRONOME & LE PHILOSOPHE

 « Alphonse X, roi de Castille et de Léon, surnommé l’astronome et le philosophe, mort en 1284. On lui doit les Tables Alphonsines. C’est lui qui disait que, si Dieu l’avait appelé à son conseil au moment de là création, il eût pu lui donner de bons avis. Ce prince extravagant croyait à l’astrologie. Ayant fait tirer l’horoscope de ses enfants, il apprit que le cadet serait plus heureux que l’aîné, et il le nomma son successeur au trône. Mais, malgré la sagesse de cet homme, qui se jugeait capable dé donner des conseils au Créateur, l’aîné tua son frère cadet, mit son père dans une étroite prison et s’empara de la couronne ; toutes choses que sa science ne lui avait pas révélées. »

Collin de Plancy
Dictionnaire infernal
Henri Plon, 1863 -6e édition, pp. 22-23

*




FABLES DE FLORIAN
Le roi Alphonse

Certain roi qui régnait sur les rives du Tage,
Et que l’on surnomma le Sage,
Non parcequ’il était prudent,
Mais parcequ’il était savant,
Alphonse, fut surtout un habile astronome.
Il connaissait le ciel bien mieux que son royaume,
Et quittait souvent son conseil
Pour la lune ou pour le soleil.
Un soir qu’il retournait à son observatoire,
Entouré de ses courtisans,
Mes amis, disaitil, enfin j’ai lieu de croire
Qu’avec mes nouveaux instruments
Je verrai cette nuit des hommes dans la lune.
Votre majesté les verra,
Répondaiton ; la chose est même trop commune,
Elle doit voir mieux que cela.
Pendant tous ces discours, un pauvre, dans la rue,
S’approche, en demandant humblement, chapeau bas,
Quelques maravédis : le roi ne l’entend pas,
Et, sans le regarder, son chemin continue.
Le pauvre suit le roi, toujours tendant la main,
Toujours renouvelant sa prière importune ;
Mais, les yeux vers le ciel, le roi, pour tout refrain,
Répétait : je verrai des hommes dans la lune.
Enfin le pauvre le saisit
Par son manteau royal, et gravement lui dit :
Ce n’est pas de haut, c’est des lieux nous sommes
Que Dieu vous a fait souverain.
Regardez à vos pieds ; vous verrez des hommes,
Et des hommes manquant de pain.

*

ALPHONSE X ET LES JUIFS

« À en juger superficiellement, et surtout quand on les compare à leurs coreligionnaires d’Angleterre, de France et d’Allemagne, les Juifs d’Espagne se trouvaient à cette époque dans une situation très satisfaisante. En Castille, ils étaient alors gouvernés par le roi Alphonse X (1252-1284), que ses contemporains avaient surnommé le Sage, et qui était, en effet, un ami de la science et un esprit libéral. Quand il marcha, eu sa qualité de prince héritier, contre Séville, il avait des Juifs dans son armée, et après la victoire, au moment de partager les terres à ses soldats, il n’oublia pas les Juifs. Il répartit entre eux les champs d’un village qu’il leur donna en entier, et qui prit le nom de village des Juifs, Aldea de los Judios. Les Juifs de Séville, qui vivaient malheureux sous les Almohades, ayant sans doute accueilli avec joie son entrée dans la ville conquise, Alphonse les traita avec bienveillance et leur donna trois mosquées pour les transformer en synagogues. Comme témoignage de leur reconnaissance, les Juifs de Séville lui offrirent une clef admirablement travaillée, sur laquelle était gravée cette inscription en hébreu et en espagnol : Le Roi des rois ouvre, le roi du pays va entrer.

Quand il eut pris les rênes du gouvernement, Alphonse X confia des fonctions publiques à des Juifs. Il eut comme ministre des finances un savant talmudiste, Don Meïr de Malea, qui porta le titre d’almorazif. Son fils Don Zog (Isaac) lui succéda dans cette dignité. Le médecin du roi. qui était en même temps son astronome et son astrologue, était également un Juif, Don Juda ben Moïse Koben. Il se trouvait, à ce moment, en Espagne, peu de savants chrétiens comprenant l’arabe. Des Juifs traduisaient les ouvrages arabes eu castillan, et des clercs traduisaient alors la version castillane en latin. Alphonse X employa un chantre de la synagogue de Tolède, Don Zog ibn Sid, à la rédaction de tables astronomiques, appelées, depuis, tables alphonsines, et qu’on pourrait désigner à plus juste titre sous le nom de tables de Zog ou Sid. On trouve encore un autre savant juif à la cour de Castille, Samuel Hallévi (Aboutafia Alawi ?), qui attacha son nom à une clepsydre, qu’il avait confectionnée sur l’ordre du roi.

On pourrait conclure de la prédilection marquée par le roi pour les savants juifs qu’il traitait leurs coreligionnaires avec équité. Il n’en était rien. Les préjugés du temps avaient également exercé leur influence néfaste sur Alphonse X, qui restreignit l’activité des Juifs par une législation oppressive, les considérant comme une classe inférieure. On ne sait pas si la législation wisigothe, cette source empoisonnée à laquelle s’alimentait sans cesse la haine des Espagnols contre les Juifs, avait été traduite en castillan sur son ordre ou sur l’ordre de son père, mais il est certain qu’Alphonse X promulgua lui-même plusieurs édits contre les Juifs.

Dans le code qu’il publia en castillan pour être appliqué aux divers peuples de son royaume (1257-1266), il ajouta un chapitre relatif aux Juifs, où on lit, entre autres : Quoique les Juifs ne croient pas au Christ, ils sont quand même tolérés dans les pays chrétiens, afin qu’ils rappellent à tous qu’ils descendent de ceux qui ont crucifié Jésus. On y lit aussi que les Juifs étaient honorés autrefois et appelés le peuple de Dieu, mais qu’ils s’étaient avilis par le crime commis sur Jésus ; aucun Juif ne peut donc exercer un emploi public ou être revêtu d’une dignité en Espagne. Alphonse X accueillit dans son code toutes les lois d’exception que la malveillance des Byzantins et des Visigoths avait inventées contre les Juifs, il y ajouta même d’autres restrictions. Il ordonna aux Juifs et aux Juives de porter un signe distinctif à leur coiffure, déclarant passibles d’une amende ou de la flagellation ceux qui contreviendraient à cet ordre. Juifs et chrétiens ne pouvaient ni manger ensemble, ni se baigner ensemble. Alphonse le Sage ajouta également foi à cette fable ridicule que les Juifs crucifiaient tous les ans un enfant chrétien, le vendredi saint. Pourtant, le pape Innocent IV lui-même avait déclaré cette accusation mensongère et proclamé l’innocence des Juifs. Mais, dès qu’un pape élevait la voix eu faveur des Juifs, on ne croyait plus à son infaillibilité. Aussi Alphonse X renouvela-t-il contre les Juifs l’interdiction de se montrer dans les rues le vendredi saint ; il menaça de mort ceux qui crucifieraient même une figure de cire. Mais voici une singularité encore plus étrange. Alphonse X, qui avait attaché un médecin juif à sa personne, interdit aux chrétiens de se servir de remèdes préparés par un Juif ! Il faut cependant ajouter qu’il défendit de profaner les synagogues, d’imposer aux Juifs le baptême par contrainte, de les faire comparaître devant les tribunaux pendant leurs fêtes, et il les dispensa des cérémonies burlesques qui accompagnaient la prestation du serment dans certains pays, ne les obligeant qu’à poser simplement la main sur la Thora.




Pour le moment, toutes ces lois restaient sans conséquence pratique ; Alphonse X ne les mettait pas en vigueur. Mais plus tard, elles furent appliquées et contribuèrent à rendre le séjour de l’Espagne très douloureux pour les Juifs. »

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
Dictionnaire universel françois et latin, 6e édition
1771 – Tome 1, p. 79
Controverses religieuses. Autodafé du Talmud
1236-1270

ISIDORE DE SEVILLE – BNE MADRID – SAN ISIDORO – Saint Isidore – святой Исидор – 圣伊西多尔

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SAN ISIDORO
Isidore de Séville
Saint Isidore
святой Исидор
圣伊西多尔
560/570 – 636

par  José de Alcoverro Amorós
1835-1908
Réalisée en 1891
elaborada en yeso en 1891




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*
LA CROSSE POUR ISIDORE DE SEVILLE

« On donne cette crosse à l’évêque dans l’ordination, selon S. Isidore de Séville, pour marquer qu’il a droit de corriger & qu’il doit soûtenir les foibles. L’auteur de la vie de S. Césaire d’Arles, parle du clerc qui portoit sa crosse ; & celui qui a écrit la vie de S. Burchard évêque de Wurtsbourg, le loue de ce que sa crosse n’étoit que de bois. »
Mallet
L’Encyclopédie, 1re éd
1751 – Tome 4, p. 514
Article « Crosse »

*

LES TROIS SACREMENTS D’ISIDORE DE SEVILLE :
LE BAPTÊME, LE CHRÊME ET L’EUCHARISTIE

« Sacremens, (Hist. ecclésiastiq.) les différentes sectes des chrétiens ont beaucoup varié sur le nombre des sacremens ; & pour abréger ce sujet dont le détail seroit très-étendu, je me contenterai de dire que les Chrétiens de S. Thomas ne reconnoissent que trois sacremens, le baptême, l’ordre & l’eucharistie. S. Bernard mettoit au nombre des sacremens la cérémonie de laver les piés qui se pratique le jeudi-saint. Damien établissoit douze sacremens. Isidore de Séville ne compte pour sacremens que le baptême, le chrême & l’eucharistie. Les Arméniens en général ne mettent point la confirmation & l’extrème-onction entre les sacremens ; mais Vardanès, un de leurs docteurs, établit sept sacremens, savoir le baptême, la célébration de la liturgie, la bénédiction du myron, l’imposition des mains, le mariage, l’huile dont on oint les malades, & la cérémonie des funérailles. (D. J.)' »

Jaucourt
L’Encyclopédie, 1re éd
1751 -Tome 14, pp. 477-478
Article « Sacrement »

*

LES ACÉPHALITES

ACÉPHALITE. s. m. Acephalita. Hérétique. Voyez Acéphale ; c’est la même chose. Le Chanoine Régulier de Léon, qui a écrit la vie de S. Isidore de Séville, dit Acephalita, & marque que cette Secte étoit fort étendue en Espagne & en France, au temps de ce Saint. Peut-être que dans ces pays-là on les nommoit alors Acéphalites, & non pas Acéphales.

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
Dictionnaire universel françois et latin, 6e édition
1771 – Tome 1, p. 79
Article « ACÉPHALITE »

*




LA REGLE DE SAINT ISIDORE DE SEVILLE

« Quant au temporel des monasteres, l’évêque en avoit autrefois l’administration ; il y établissoit des économes pour en avoir la direction & leur fournir les nécessités de la vie. Les abbés & les moines ne pouvoient rien aliéner ni engager sans que l’évêque eût approuvé & signé le contrat : c’est ce que prouvent les conciles d’Agde & d’Epone ; les troisieme & quatrieme conciles d’Orléans ; le second concile de Nicée ; les capitulaires & la regle de S. Isidore de Séville. »

Jaucourt, Boucher d’Argis
L’Encyclopédie, 1re éd
1751 – Tome 10, pp. 638-639
Article « Monastère »

*

LES QUATRE ORDRES D’ISIDORE DE SEVILLE
LES PATRIARCHES, LES ARCHEVÊQUES, LES METROPOLITAINS ET LES EVÊQUES

« Mais parmi les Latins, Isidore de Séville est le premier qui parle des Archevêques. Il distingue quatre ordres dans le gouvernement de l’Eglise : Patriarches, Archevêques, Métropolitains, & Evêques. Il soutient que les Archevêques présidoient les Métropolitains. Ainsi le mot d’Archevêque n’étoit guère connu dans l’église latine avant Charlemagne »

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
Dictionnaire universel françois et latin, 6e édition
1771 – Tome 1, p. 473
Article « Archevêque »

*

SAINT ISIDORE LECTEUR
DE L’ENEIDE de VIRGILE

« S. Isidore de Séville, qui vivoit au commencement du septieme siecle, rapporte ces vers de Virgile. (Æn. II. 348.)
Juvenes, fortissima, frustrà,
Pectora, si vobis, audentem extrema, cupido est
Certa sequi ; (quæ sit rebus fortuna videtis :
Excessêre omnes adytis, arisque relictis,
Dî quibus imperium hoc steterat) : succurritis urb
Incensæ : moriamur, & in media arma ruamus.
L’arrangement des mots dans ces vers paroît obscur à Isidore ; confusa sunt verba, ce sont ses termes. Que fait-il ? il range les mêmes mots selon l’ordre que j’appelle analytique : ordo talis est, comme s’il disoit, il y a inversion dans ces vers, mais voici la construction : Juvenes, fortissima pectora, frustrà succurritis urbi incensæ, quia excessêre dii, quibus hoc imperium steterat : undè si vobis cupido certa est sequi me audentem extrema, ruamus in media arma & moriamur. Isid. orig. lib. I. cap. xxxvj. Que l’intégrité du texte ne soit pas conservée dans cette construction, & que l’ordre analytique n’y soit pas suivi en toute rigueur : c’est dans ce savant évêque un défaut d’attention ou d’exactitude, qui n’infirme en rien l’argument que je tire de son procédé ; il suffit qu’il paroisse chercher cet ordre analytique. On verra au mot Méthode, quelle doit être exactement la construction analytique de ce texte. »

Beauzée
L’Encyclopédie, 1re éd.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand, 1766 -Tome 8, pp. 852-862
Article ‘Inversion’

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2
Antonio MACHADO
Антонио Мачадо
安东尼奥马查多
1875 – 1939

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3
SAN ISIDORO
Isidore de Séville
Saint Isidore
святой Исидор
圣伊西多尔
560/570 – 636

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4
ALFONSO EL SABIO
Alfonso X el Sabio
Alfonso X de Castilla

ALPHONSE LE SAGE
Альфонсо Мудрого
阿方索的智者
1221-1284
Roi de Castille le 1er juin 1252
Rey 1 de junio 1252

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5
CERVANTES
Miguel de Cervantes Saavedra
Мигель де Сервантес

塞万提斯
1547-1616
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6
LOPE DE VEGA
Лопе де Вега
诺普德维加
1562-1635
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7
JUAN LUIS VIVES
JEAN LOUIS VIVES
胡安·路易斯·比韦斯
Жан Луи Вивес
1492-1540
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8
ANTONIO DE NEBRIJA
Antonio Martínez de Cala y Xarava
安东尼内布里哈
1441-1522
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