ROME – ROMA – 罗马
Apollo and Daphne
Bernini Apollon et Daphné
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊
Photos Jacky Lavauzelle
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LA GALERIE BORGHESE
博吉斯画廊
GALLERIA BORGHESE
BERNINI
LE BERNIN
济安·贝尼尼
Gian Lorenzo Bernini
1598-1680
APOLLON ET DAPHNE
Apollo and Daphne
阿波罗和达芙妮
Apollo e Dafne
1622-1625
Marbre – Marmo statuario – marble – 大理石
APOLLON
Daphné, C’eſt contre vous que retournent ces armes.
La pitié redouble vos charmes ;
En combattant l’amour, elle le rend vainqueur.
Votre douleur vous nuit ; vous en eſtes plus belle.
Venez, venez eſtre immortelle :
Je l’obtiendrai du Sort, ou je jure vos yeux
Que les cieux
Regretteront noſtre préſence.
Zéphyrs, enlevez-la malgré ſa réſiſtance.
DAPHNÉ, s’enfuyant
Ô dieux ! conſentez-vous à cette violence ?
Les Métamorphoses, livre I
Texte établi par Désiré Nisard, Firmin-Didot, 1850
pp. 251-268
Le premier objet de la tendresse d’Apollon fut Daphné, fille du fleuve Pénée. Cette passion ne fut point l’ouvrage de l’aveugle hasard, mais la vengeance de l’amour irrité : Le Dieu de Délos, dans l’orgueil de sa victoire, avait vu Cupidon qui tendait avec effort la corde de son arc : « Faible enfant, lui dit-il, que fais-tu de ces armes pesantes ? Ce carquois ne sied qu’à l’épaule du dieu qui peut porter des coups certains aux bêtes féroces comme à ses ennemis, et qui vient d’abattre, sous une grêle de traits, ce monstre dont le ventre, gonflé de tant de poisons, couvrait tant d’arpents de terre. Contente-toi d’allumer, avec ton flambeau, je ne sais quelles flammes amoureuses, et garde-toi bien de prétendre à mes triomphes ». Le fils de Vénus, répondit : « Apollon, rien n’échappe à tes traits, mais tu n’échapperas pas aux miens : autant tu l’emportes sur tous les animaux, autant ma gloire est au dessus de la tienne ». Il dit, et, frappant la terre de son aile rapide, il s’élève et s’arrête au sommet ombragé du Parnasse : il tire de son carquois deux flèches dont les effets sont bien différents ; l’une inspire l’amour, et l’autre le repousse : la première est dorée, sa pointe est aiguë et brillante, la seconde n’est armée que de plomb, et sa pointe est émoussée. C’est de ce dernier trait que le dieu atteint la fille de Pénée ; c’est de l’autre qu’il blesse Apollon et le perce jusqu’à la moelle des os. Apollon aime aussitôt, et Daphné hait jusqu’au nom de son amant ; émule de la chaste Diane, elle aime à s’égarer au fond des bois, à la poursuite des bêtes féroces, et à se parer de leurs dépouilles. Un seul bandeau rassemble négligemment ses cheveux épars. Mille amants lui ont offert leur hommage ; elle l’a rejeté, et pleine d’un dédain sauvage pour les hommes qu’elle ne connaît pas encore, elle parcourt les solitudes des forêts, heureuse d’ignorer et l’amour et l’hymen et ses nœuds. Souvent son père lui disait : « Ma fille, tu me dois un gendre ». Il lui répétait souvent : « Ma fille, tu me dois une postérité ». Mais Daphné, repoussant comme un crime la pensée d’allumer les flambeaux de l’hymen, rougissait, et la pudeur donnait un nouveau charme à sa beauté ; et suspendue au cou de son père qu’elle enlaçait de ses bras caressants : « Cher auteur de mes jours, disait-elle, permettez-moi de garder toujours ma virginité ; Jupiter accorda cette grâce à Diane ». Pénée cède aux désirs de sa fille. Inutile victoire ! tes grâces, ô Daphné, s’opposent à tes desseins, et ta beauté résiste à tes vœux. Cependant Phébus aime ; il a vu Daphné et veut s’unir à elle : il espère ce qu’il désire ; espérance vaine ! car son oracle le trompe lui-même. Comme on voit s’embraser le chaume léger après la moisson, comme la flamme consume une haie dont l’imprudent voyageur approche son flambeau, ou près de laquelle il le laisse aux premiers rayons du jour, ainsi s’embrase et se consume le cœur d’Apollon, ainsi il nourrit, en espérant, d’inutiles ardeurs. Il voit les cheveux de la nymphe flotter négligemment sur ses épaules. « Et que serait-ce, dit-il, si l’art les avait arrangés ? » Il voit ses yeux briller comme des astres : il voit sa bouche vermeille (c’est peu que de la voir) : il admire et ses doigts et ses mains, et ses bras plus que demi-nus ; et ce que le voile cache à ses yeux, son imagination l’embellit encore. Daphné fuit plus rapide que le vent, et c’est en vain qu’il cherche à la retenir par ses discours : « Nymphe du Pénée, je t’en conjure, arrête : ce n’est pas un ennemi qui te poursuit. Arrête, nymphe, arrête ! la brebis fuit le loup, la biche le lion, et devant l’aigle s’envole la tremblante colombe ; chacun se dérobe à son ennemi. Mais c’est l’amour qui me précipite sur tes traces. Malheureux que je suis ! Prends garde de tomber ! Que ces épines cruelles ne blessent pas tes pieds délicats ! Que je ne sois pas pour toi une cause de douleur ! Les sentiers où tu cours sont rudes et difficiles : Ah ! de grâce, modère ta vitesse, ralentis ta fuite, et je ralentirai moi-même mon ardeur à te suivre. Connais du moins celui qui t’aime : ce n’est point un sauvage habitant des montagnes, ni un pâtre hideux préposé à la garde des bœufs et des brebis : imprudente, tu ne sais pas qui tu fuis, tu ne le sais pas, et c’est pour cela que tu fuis : Delphes, Claros, Ténédos et Patare obéissent à mes lois. Jupiter est mon père : ma bouche dévoile aux mortels l’avenir, le passé, le présent : ils me doivent l’art d’unir aux accents de ia lyre les accents de la voix. Mes flèches sont sûres de leurs coups : hélas ! il en est une plus sûre encore qui m’a percé le cœur. Je suis l’inventeur de la médecine ; le monde m’honore comme un dieu secourable, et la vertu des plantes est sans mystères pour moi ; mais en est-il quelqu’une qui guérisse de l’amour ? Mon art, utile à tous les hommes, est, hélas ! impuissant pour moi-même ! » Il parlait ; mais, emportée par l’effroi, la fille de Pénée précipite sa fuite, et laisse bien loin derrière elle Apollon et ses discours inachevés. Elle fuit, et le dieu lui trouve encore des charmes : le souffle des vents soulevait à plis légers sa robe entr’ouverte ; Zéphire faisait flotter en arrière ses cheveux épars, et sa grâce s’embellissait de sa légèreté. Las de perdre dans les airs de vaines prières, et se laissant emporter par l’amour sur les traces de Daphné, le jeune dieu les suit d’un pas plus rapide. Lorsqu’un chien gaulois découvre un lièvre dans la plaine, on les voit déployer une égale vitesse, l’un pour sa proie, l’autre pour son salut : le chien vole, comme attaché aux pas du lièvre ; il croit déjà le tenir, et le cou tendu, allongé, semble mordre sa trace ; le lièvre, incertain s’il est pris, évite la gueule béante de son ennemi, et il échappe à la dent déjà prête à le saisir. Tels on voit Apollon et Daphné : l’espérance le rend léger, la peur la précipite. Mais, soutenu sur les ailes de l’amour, le dieu semble voler ; il poursuit la nymphe sans relâche, et, penché sur la fugitive, il est si près de l’atteindre, que le souffle de son haleine effleure ses cheveux flottants. Trahie par ses forces, elle pâlit enfin, et, succombant à la fatigue d’une course aussi rapide, elle tourne ses regards vers les eaux du Pénée. « S’il est vrai, s’écrie-t-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi. Et toi, que j’ai rendue témoin du funeste pouvoir de mes charmes, terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis, en me changeant, cette beauté qui cause mon injure ». À peine elle achevait cette prière, que ses membres s’engourdissent ; une écorce légère enveloppe son sein délicat ; ses cheveux verdissent en feuillage, ses bras s’allongent en rameaux ; ses pieds, naguère si rapides, prennent racine et s’attachent à la terre ; la cime d’un arbre couronne sa tête ; il ne reste plus d’elle-même que l’éclat de sa beauté passée. Apollon l’aime encore, et, pressant de sa main le nouvel arbre, il sent, sous l’écorce naissante, palpiter le cœur de Daphné. Il embrasse, au lieu de ses membres, de jeunes rameaux, et couvre l’arbre de baisers, que l’arbre semble repousser encore : « Ah ! dit-il, puisque tu ne peux devenir l’épouse d’Apollon, sois son arbre du moins : que désormais ton feuillage couronne et mes cheveux et ma lyre et mon carquois. Tu seras l’ornement des guerriers du Latium, lorsqu’au milieu des chants de victoire et d’allégresse, le Capitole verra s’avancer leur cortège triomphal. Garde fidèle du palais des Césars, tu couvriras de tes rameaux tutélaires le chêne qui s’élève à la porte de cette auguste demeure ; et de même que ma longue chevelure, symbole de jeunesse, sera toujours respectée et du fer et des ans, je veux aussi parer ton feuillage d’un printemps éternel ». Il dit, et le laurier, inclinant ses jeunes rameaux, agita doucement sa cime : c’était le signe de tête de Daphné, sensible aux faveurs d’Apollon.
LES DIEUX ANTIQUES
J. Rothschild, éditeur, 1880
pp. 213-214
ARÉTHUSE, MYTHE GREC ET LATIN.
(Grec : Arèthouça.)
Aréthuse est une des Néréides, ou filles de Nérée ; elle tient vis-à-vis de Zeus la situation d’Hélios vis-à-vis de Phoïbos.
L’histoire qu’on raconte à son sujet est charmante. Le chasseur Alphée la poursuivit, comme Apollon, Daphné ; et, ainsi que Daphné, Aréthuse, pour échapper, se jeta dans le courant, les nymphes de la mer la portant jusqu’aux rives d’Ortygie. Alphée l’y suivit ; et poussée au désespoir, Aréthuse plongea dans la fontaine qui porte son nom. Alphée, impuissant à supporter cette perte, plongea aussi dans les eaux, au fond desquelles il obtint cet amour que la nymphe lui avait refusé pendant sa vie. Ce conte n’est pas sans quelque signification, ni sans rapport avec un autre. Voyez-y la séparation d’Héraclès et d’Iole, laquelle retrouve le dieu seulement quand ses labeurs sont finis. Le rivage où se rencontrent Aréthuse et Alphée est la terre des crépuscules du matin et du soir.