OTAR CHKHARTISHVILI
ოთარ ჩხარტიშვილი
5 juillet 1938 Kobuleti – 2006
PEINTRE GEORGIEN
TBILISSI – ნარიყალა
LE PARCOURS DU COMBATTANT
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Otar Chkhartishvili est une figure influente de l’underground géorgien. Ses perceptions artistiques, ses techniques picturales et son utilisation expérimentale de matériaux en font un représentant exceptionnel de l’avant-garde. Il a travaillé dans une variété de formes d’art visuel incroyable : peinture, graphisme, collage, sculpture et peintures de genres : portrait, paysage, nature morte, peinture abstraite.
En 1951, Otar déménage à Makharadze (aujourd’hui Ozurgeti – ville dans l’ouest de la Géorgie)
En 1960, il entre à l’Académie des arts de l’État de Tbilissi
Le 12 avril 1961, avec des camarades étudiants, il organise pour la première fois une exposition et une vente non autorisées dédiées à la Journée des peintres, devant l’opéra de Tbilissi. Les autorités les menacent d’arrestation. Ils sont protégés et soutenus par les artistes géorgiens Lado Gudiashvili et Elene Akhvlediani. Ils sont tous interrogés et avertis de ne pas répéter des actions similaires…
Le réalisme socialiste règne en maître. Toute tendance artistique, à l’exception du réalisme social, était impitoyablement condamnée.
Après avoir obtenu son diplôme de l’Académie des arts de Tbilissi en 1966, il part à Makharadze pour travailler (sans salaire) en tant que décorateur de théâtre au théâtre d’art dramatique local. À partir de 1968, son activité créatrice se trouvait en pleine confrontation avec l’art et la politique officiels, car il ne voulait pas se conformer à la philosophie socialiste concoctée par les communistes. Ainsi, à partir de cette époque jusqu’en 1990, il a été qualifié de personnage antisoviétique.
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LE DERNIER SOUPER
THE LAST SUPPER
1983
ასამბლაჟი
Assemblage
154×218
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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მუსიკოსები
Musikosebi
LES MUSICIENS
MUSICIANS
1971
ასამბლაჟი
Assemblage
106×82
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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ობიექტი
Obiekti
OBJET
OBJECT
1991
Bois, plastique et métaux
Wood, plastic and metal details
47x30x28
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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ციაფერი კომპოზიცია
Tsiaperi Kompozitsia
COMPOSITION BLEUE
LIGHT BLUE COMPOSITION
1975
კოლაჟი Collage
80×60
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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რეპრესირებული ხელოვნება
rep’resirebuli khelovneba
ART REFOULE
REPRESSED ART
1977
ასამბლაჟი
Assemblage
90×53
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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მზე
Mze
LE SOLEIL
THE SUN
2005
ასამბლაჟი
Assemblage
57,5×53
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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სკამი
Skami
CHAISE
CHAIR
2006
ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
91×60
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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საქართველო
Sakartvelo
GEORGIE
GEORGIA
1980
ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
154×168
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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FEMME SUR FOND DE VILLE
WOMAN AGAINST CITY BACKDROP
1972
ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
91×60
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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ნუნუკა
NUNUKA
1973
ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
50×41
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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მეუღლია პორტრეტი
PORTRAIT DE FEMME
PORTRAIT OF WIFE
1975
ასამბლაჟი
Assemblage
135×64
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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ველოსიპედი
Velosipedi
BICYCLETTE
BICYCLE
1976
ასამბლაჟი
Assemblage
84×94
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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კომპოზიცია
Kompozitsia
COMPOSITION
1977
კოლაჟი Collage
100×75
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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ჯვარცმის
Jvartsmis
CRUCIFIXION
1986
Huile sur planche
Oil on Plank
43×37
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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მზე და მთვარე
Mze da Mtvare
LE SOLEIL ET LA LUNE
THE SUN AND THE MOON
კოლაჟი Collage
60,5×57
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
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ჩემი ეზო
Chemi Ezo
MA COUR
DIFFERENTES SAISONS
MY YARD
DIFFERENT SEASONS
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სოხუმი
SOKHUMI
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VIDEO
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PEINTURES ნავთობის ფერწერა
OTAR CHKHARTISHVILI – ოთარ ჩხარტიშვილი
Monument créé par Zurab Tsereteli en 1985 qui relate l’histoire de la Géorgie.
Point de vue sur la Mer de Tbilissi et en contre-bas sur la partie nord de Tbilissi.
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LA MER DE TBILISSI ou LAC DE TBILISSI
Le lac de Tbilissi est un lac artificiel servant de réservoir à une dizaine de kilomètres à l’est de Tbilissi.
თბილისის ზაქარია ფალიაშვილის სახელობის სახელმწიფო ოპერისა და ბალეტის თეატრი
Théâtre géorgien d’opéra et de ballet Paliachvili
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LE PARC RIKE
Rike Park ou Rhike Park
რიყის პარკი
Rike Park Concert Hall & Centre de Spectacles
Exhibition Center
Le bâtiment se compose de deux éléments qui sont connectés comme un corps unique au mur de soutènement. Chaque forme a sa propre fonction: le théâtre musical et le hall d’exposition. La partie nord du bâtiment comprend la salle de théâtre musical (566 places), le hall d’accueil et plusieurs installations, ainsi que des espaces techniques pour les machines de théâtre et divers rangements. Le hall d’exposition ouvre sa grande entrée avec une rampe qui amène les visiteurs au niveau de la rue.
Statue érigée en 1995 sur la Rue Nikoloz Baratashvili à Tbilissi ნიკოლოზ ბარათაშვილის ქუჩა.
Sculpteur მიქატაძე დიმიტრი (ჯუნა) Dimitri MIKATADZE ( 1932–2005)
Rue Gorgasali à Tbilisi გორგასლის ქუჩა თბილისში
Saint Abo ou saint Habo, jeune arabe chrétien, venu de Bagdad esclave qui mourut martyr par la main des musulmans.
Il est fêté le 6 janvier en Orient.
Il a confessé sa foi au procès et a été martyrisé le 6 janvier 786
A l’arrière plan, le wagon Konka კონკა, qui est apparu à Tbilissi pour la première fois en 1883. À l’origine, il servait à pour transporter des marchandises. En 1904, Konka a été remplacé par un tramway.
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გრიგოლ ორბელიანის ბაღი
Jardin Grigol Orbeliani 16 ანტონ ფურცელაძის ქუჩა
16 Rue Anton Purtseladze
Square des « Roses »
ვარდების მოედანი
Place « La Révolution des Roses »
„ვარდების რევოლუციის“ მოედანზე
LA BICYCLETTE GEANTE
ველოსიპედი
ჟან დუპა
Jean Dupal
2011
თბილისში, ”ვარდების რევოლუციის” მოედანზე, ფრანგი მოქანდაკის, ჟან დუპა გიგანტურის ველოსიპედის სკულპტურა იდგმება.
Sur la place de la « révolution des roses » à Tbilissi, la sculpture d’un sculpteur français Jean Dupal
ის სიმაღლეში, დაახლოებით, 10 მეტრია, ხოლო სიგრძეში – 20 მეტრი.
Il mesure 10 mètres de hauteur et 20 mètres de longueur.
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ილიკო სუხიშვილის და ნინო რამიშვილის ძეგლი ზურაბ წერეთელისგან Monument de Iliko Sukhishvili (1907-1985) et Nino Ramishvili (1910-2000)
Sculpture de Zurab Tsereteli
Ils fondèrent en 1945 La Compagnie Géorgienne de Danse.
Nino est devenue soliste et professeur de danse jusqu’en 1972, chorégraphe en chef et responsable du Ballet national géorgien.
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TBILISSI
par PAOLO IASHVILI
მინდა ავვარდე მამადავითზე,
minda avvarde mamadavitze,
Je voudrais partir,
იქ აირჩიე, სულო ბინა შენ;
ik airchie, sulo bina shen;
Trouver un refuge ;
მინდა უეცრად მუხლზე დავეცე
minda uetsrad mukhlze davetse
Je veux soudainement m’agenouiller
ჩემი თბილისის და მზის წინაშე.
chemi tbilisis da mzis ts’inashe.
Devant toi, Tbilissi, et devant le soleil.
ჩემო ქალაქო! არ დამაკელი
chemo kalako! ar damak’eli
Ma ville ! Tu ne m’as rien caché
შენ სიხარული მზისგან ფერილი,
shen sikharuli mzisgan perili,
Tu es la joie qu’apporte le soleil,
თავზე გადგია, როგორც კანკელი,
tavze gadgia, rogorts k’ank’eli,
Sur le dessus de la croix,
ცა მოელვარე და აჟღერილი.
tsa moelvare da azhgherili.
Ton ciel est brillant et vibrant.
…
Poème de PAOLO IASHVILI
პაოლო იაშვილი 29 juin 1894 – 22 juillet 1937
29 ივნისი 1894 – 22 ივლისი 1937
Tiflis est bâtie sur les deux rives du Kour dans le site le plus sauvage et le plus désolé qui se puisse imaginer.
La partie principale de la ville est sur la rive droite de la rivière et s’étend jusqu’au pied d’une montagne schisteuse et pelée, sur laquelle est bâti le monastère de Saint-David .Au Sud-Est du monastère un éperon rocheux, la colline de Sololaky se détache de la montagne et, s’avançant vers le fleuve dans la direction Est, rétrécit la ville de ce côté. Elle porte les ruines de la forteresse de Narikala. Du haut de ces ruines, le panorama de Tiflis est fort beau. Par delà le fouillis des toits le regard se perd sur des steppes ondulés, gris et monotones, qu’anime parfois l’un ou l’autre pic neigeux du Caucase émergeant dans le lointain. Le quartier persan s’appuie à cette colline, la contourne même, et occupe avec le jardin botanique une partie de son revers sud. Ce quartier persan est un des plus anciens de Tiflis ; sa population, ses ruelles étroites et contournées, ses bazars, tout a gardé intacte la physionomie orientale. L’Avlabar, avec son ancienne citadelle, fait face au quartier persan sur la rive gauche du Kour. Entre les deux quartiers la rivière est très resserrée et profondément encaissée entre de hautes falaises ; un pont reliait dès l’origine la forteresse de Narykala aux fortifications de la rive gauche.
TIFLIS (Échelle de 1/36000)
On peut assez exactement dire que le vieux Tiflis groupait ses masures sur les deux rives du Kour, à l’abri des fortifications du Sololaky et de la citadelle d’Avlabar, tandis que le Tiflis moderne est bâti en amont de ces quartiers ; la rive droite est plus spécialement le quartier gouvernemental ; la rive gauche est préférée des colons allemands ; c’est aussi là que se trouve la station du chemin de fer.
Tiflis n’était à l’origine qu’une tête de pont fortifiée. En 455 de l’ère chrétienne, Vakhtan-Gourgaslan fonda le Tiflis actuel, et son fils Datchi transféra sa résidence de Mtzkhèt à Tiflis en 499. Mtzkhèt resta toutefois le centre religieux de la Géorgie et ne perdit que longtemps après son titre de capitale.
Tiflis tomba successivement aux mains de tous les conquérants qui ravagèrent l’Asie. « Le nom de Tiflis, dit Brosset, rappelle quarante générations héroïques, tantôt élevées au faîte de la gloire où peut atteindre un petit peuple doué d’énergie ; tantôt disparaissant dans l’abîme des catastrophes où s’engloutit tout son passé. Saccagée par les sauvages alliés de l’Empereur Héraclius, deux fois brûlée par Djelal-ed-din, puis dévastée par les Mongols sous Tamerlan ; dépouillée de ses nouveaux ornements par les Persans et par les Turcs ; aujourd’hui même se relevant à peine de ses cendres, il n’est pas étonnant que rien dans son enceinte ne réponde à la haute antiquité de son histoire.» Le dernier siège que Tiflis eut à supporter fut peut-être le plus terrible ; le 11 septembre 1795, Agha-Mohamed-Shah s’emparait de la ville, la réduisait en cendres et emmenait 30, 000 captifs. Les Russes occupent Tiflis depuis 1799.
Actuellement c’est une des grandes villes de l’Empire, car le recensement de 1886 lui donne 104, 000 habitants. C’est le rendez-vous des populations d’origine les plus diverses ; les Arméniens y forment un élément très important ; les Géorgiens n’y figurent en nombre qu’en seconde ligne ; beaucoup des habitants de Tiflis ne sont que des oiseaux de passage, ou autres, qui travaillent pendant quelques années à amasser un pécule pour le dissiper ensuite chez eux ; la plupart ne sont pas mariés, ou du moins n’ont point emmené
Luc
leurs femmes ; aussi l’immoralité est-elle fort grande et le tripot à l’ordre du jour.
Le nom géorgien de Tiflis, Tphilis ou Tphilis-Kalaki, signifie ville chaude ; ce nom lui vient sans doute de ses sources thermales, mais Tiflis mériterait déjà d’être appelée ainsi par les chaleurs qu’il y fait parfois en été. Nous n’eûmes heureusement pas trop à en souffrir ; mais dans un terrain absolument nu, entouré d’un cirque de montagnes schisteuses, la chaleur se con centre, et parfois la température s’élève à 410 centigrades à l’ombre. Pendant les mois de Juillet, Août et Septembre le thermomètre oscille longtemps entre 28° et 35°. L’hiver et le printemps y sont, dit-on, assez agréables. Le vent du Nord-Ouest y est très violent et, comme il chasse devant lui des nuages de poussière qui s’insinuent partout, très redouté ; les secousses de tremblements de terre n’y sont pas rares.
Comme Tiflis est la dernière ville où nous pourrons trouver les ressources européennes, il faut tout prévoir et acheter encore quelques objets indispensables. Nous sommes ainsi amenés à faire plus ample connaissance avec le Bazar. Il n’est pas aussi étroitement groupé que dans la plupart des villes d’Orient, ce qui lui enlève son cachet. On y trouve de fort beaux ouvrages en niellure ; cette industrie qui emploie d’ailleurs les procédés les plus primitifs, est une des plus développées du pays ; elle est vraiment une industrie nationale.
Non loin du Bazar sont les bains chauds de Tiflis. Ils sont très fréquentés ; leur température varie de 43° à 46° centigrades. Comme pour les bains on emploie l’eau au sortir même des sources, la première sensation du baigneur en y entrant, est horriblement désagréable ; pour achever de désorienter le pauvre malheureux, un masseur, lui mettant violemment la main sur la tête, le force à disparaître complètement sous l’eau ; cette précaution est, paraît-il, indispensable pour éviter les coups de sang. Après le bain, vous subissez un massage en règle, et vous sortez de là parfaitement réconforté. Il y a plusieurs établissements de bain, et il est bon de prendre ses renseignements à l’avance, car quelques-uns d’entre eux peuvent paraître suspects au point de vue de la moralité.
Parmi nos achats, l’un des plus utiles fut celui d’une outre en peau de mouton (tyky), remplie d’un excellent vin de Kakhétie. Soit pour couper l’eau souvent malsaine, soit comme réconfortant après une grosse fatigue, notre vin, savamment ménagé, nous rendit longtemps de bons services. Une outre plus petite fut remplie de wodky.
Rien de plus curieux que les caves où nous fîmes ces achats : pas trace de tonneaux ; mais le long des murs, couchés sur leur dos, une longue file d’outres en peau de buffle (bourdyouky). Elles se succédaient dans toutes les dimensions possibles. Le vin se vend au poids.
Dans le quartier du bazar se trouve la cathédrale géorgienne de Zion (ou Sion).
La première restauration de cette église date du VIe siècle ; mais de l’ancienne Zion il ne doit plus rester que le souvenir et quelques pierres. Au XIIe siècle Djelal-ed-din l’avait découronnée de sa coupole et jeté un pont aérien sur les toits de l’église pour avoir le plaisir de fouler aux pieds à son gré un temple chrétien. L’extérieur a été entièrement remis à neuf et couvert d’un revêtement de belles pierres de taille, aux assises de couleurs différentes. L’église est assez petite et l’intérieur en est richement décoré ; mais nous n’avons pu la visiter en détail, car on y célébrait un office solennel.
Hyvernat vient d’apprendre qu’il doit se trouver une inscription cunéiforme dans les ruines du vieux château de Séri-Zamok, aux environs de Tiflis, dans la vallée de Khrâm. Cette vallée joue un rôle important dans l’histoire de Géorgie. Des Touraniens, venus sous le règne de Cyrus s’y établirent comme alliés des Kartliens. Leurs chefs, les Orboulk ou Orbeliani, d’origine chinoise, étaient établis à Orpeth sur le Khràm ; ils furent pendant longtemps les seigneurs les plus puissants du Kartli, et possédaient plus de la moitié de la Géorgie. La plupart des ruines de la vallée du Khrâm, entre autres le château en question, sont les restes de leurs anciennes possessions. L’excursion est immédiatement décidée ; notre guide est un polonais, une de nos connaissances de chemin de fer, M. C…ki ; on le dit quelque peu « mâtiné de chevalier d’industrie ».
De Tiflis jusqu’à la plaine du Khrâm, la piste parcourt une steppe ondulée où l’on rencontre l’un ou l’autre petit lac ; pour trouver un gîte, il nous faut faire un détour de plusieurs verstes et venir coucher au moulin de Mamaï. Le lendemain la voiture peine pendant des heures au milieu de profonds fossés d’irrigation. Tout le pays est habité par des Tatars, et ces fossés arrosant leurs champs de pastèques. Les toits de leurs maisons s’élèvent seuls hors de terre ; la maison elle-même n’est qu’un trou creusé dans le sol ; aussi les villages entourés de quelques arbres, ne sont-ils visibles qu’au moment où on y touche. Les femmes sont vêtues d’une jupe rouge avec un sarrau bleu et une toque ; elles chargent leurs vêtements du plus grand nombre d’ornements métalliques possible, et le tout est fort gracieux.
Dans l’un de ces villages nous prenons pour guide un jeune Tatar à la mine éveillée, Ali. Il doit nous aider à nous tirer de ces malencontreux fossés. Nous arrivons enfin à Séri-Zamok.
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Paul Müller-Simonis
Du Caucase au Golfe Persique
TIFLIS ET SES ENVIRONS
Chapitre III
Université catholique d’Amérique
1892