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MÉLIE de JULES LEMAÎTRE

Nikolaï Kassatkine, Николай Алексеевич Касаткин, La Chakhtiorka,la mineure, Шахтерка, Galerie Tretiakov, Moscou, Государственная Третьяковская галерея
LITTÉRATURE FRANÇAISE

 

JULES LEMAÎTRE

 né le  à Vennecy et mort le  à Tavers

 

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LES ROMANS
DE 
JULES LEMAÎTRE

 

MÉLIE

 

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L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Jules_Lemaître_-_Project_Gutenberg_eText_17662.jpg.
Jules Lemaître
Parution
LISEZ-MOI
N°46 du 25 juillet 1907

-Adorée ? dit la comtesse Christiane, je suis sûre de l’avoir été une fois dans ma vie. Non pas par vous, messieurs, quoique plusieurs me l’aient dit : car je sais que c’est une façon de parler et que c’est déjà fort joli d’être aimée. Mais, étant tout enfant, j’ai été adorée par une petite fille de mon âge, qui était bien la plus misérable petite fille, la plus mal lavée et la plus souillon qu’on pût voir, et qui s’appelait Mélie.

Oui, adorée ; et je vous prie de donner au mot tout son sens. Il n’y en a pas d’autre pour exprimer le sentiment que j’inspirais à Mélie. Je comprends maintenant que j’étais sa seule pensée, sa seule joie au monde, sa seule raison de vivre ; que rien n’existait pour elle en dehors de moi ; qu’elle était réellement ma chose et qu’elle m’appartenait absolument…

Où cela se passait ? Là-bas, dans la vieille maison de province où je suis née. Une rue, déserte et claire, pavés pointus, bordée de façades grises et de longs murs de couvents. Une grande maison sonore à hautes fenêtres et à boiseries, avec un vaste jardin, traversé dans toute sa longueur par une tonnelle tapissée de vignes, où il faisait sombre et frais comme dans une église, et qui donnait chaque année trois ou quatre pièces de vin blanc. De chaque côté de la tonnelle, de grands carrés plantés d’arbres fruitiers, très vieux. Au bout du jardin, une porte de bois à claire-voie s’ouvrait sur la campagne. De là, on voyait le soleil se coucher, et en se retournant, on apercevait le chevet de la cathédrale et ses derniers contreforts, tout dorés par le soir. L’humble image de Mélié est liée pour moi au souvenir de ce coin de terre, d’une paix profonde et presque solennelle.

Illustration Charles Atamian

Toutes les fois que je songe à Mélie, je revois une fillette de dix à douze ans, laide, assez grande, très maigre, criblée de taches de son, les yeux luisants à travers des cheveux en broussailles ; les pieds dans de vieilles bottines à élastiques, éculées et crevées ; des haillons sans couleur, un corsage boutonné de travers, et toujours quelque pli de chemise passant par la fente de la jupe. Bref, un parfait guenillon. Ce qu’elle avait de mieux, c’était une grande bouche avec des dents de jeune chien, qu’elle montrait continuellement, à moi du moins, car elle ne pouvait me regarder sans rire de béatitude.

Moi, il paraît que j’étais une fille assez jolie, mais surtout très blanche, très délicate, avec de longs cheveux couleur de marron d’Inde. Mon frère, un peu plus âgé que moi et très taquin, appelait cela des cheveux carotte pour me faire enrager. Ou bien il les comparait à la queue du Petit-Blond (le Petit-Blond était un petit Percheron rougeaud, solide et entêté, un compagnon d’enfance, qui nous promenait dans la belle saison et qui prenait visiblement plaisir à nous secouer le plus possible dans sa charrette). Enfin, et qu’elle qu’en fût la nuance, c’étaient des cheveux que mon père aimait beaucoup et dont on avait grand soin. Avec cela des yeux verts très singuliers et, dans toute ma personne, quelque chose de maladif et d’exalté. J’avais l’air d’une petite fille un peu irréelle. Je rapporte ce qu’on me dit. Il est évident que, pour Mélie tout au moins, j’appartenais à un monde supérieur, au même monde que les figures diaphane d’anges et de saints qu’elle voyait dans les vitraux d’église.

Comment avais-je fait la connaissance de Mélie ? Je ne sais plus. Ses parents étaient des pauvres gens du voisinage. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne s’occupaient guère de leur fille, que je m’étais accoutumée à la voir partout sur mon chemin, et qu’elle vivait dans mon ombre.

Je ne pense point qu’au commencement mon père n’eût essayé d’éloigner de moi cette petite sorcière. Car vraiment ce n’était pas une compagnie pour une petite fille de riche bourgeoisie, comme j’étais. J’imaginai qu’elle avait été vaincu par la persévérance de Mélie, par sa souplesse de couleuvre à se glisser, paraître et disparaître, et peut-être aussi par mes prières. Je sentais bien, en effet, que j’étais bien pour Mélie une espèce de petite madone ; et une madone ne s’irrite point que les gueux lui fassent leurs dévotion, du fond de la chapelle.

Illustration Charles Atamian

Elle était si peu gênante, la pauvre Mélie ! Elle ne me demandait que de la supporter, non pas même à côté de moi, mais derrière. Le matin, quand la bonneme conduisait au couvent, Mélie, embusquée au coin de la porte, guettait ma sortie. Elle prenait le cartable où étaient mes livres et nous suivait à quelques pas de distance. Je lui disais : « Merci, Mélie ! » Cela lui suffisait. Elle savait bien que mon père n’eût pas souffert qu’elle marchât à mes côtés, et qu’il n’eût pas trouvé convenable que je fisse la conversation avec elle dans la rue, et elle était elle-même tout à fait de cet avis.

Elle avait d’ailleurs de la dignité, celle que conserve, sans le savoir et sans y tâcher, tout amour désintéressé et profond. Ainsi, quoiqu’elle fût bien pauvre, je ne lui donnais jamais de sous. Une fois que j’avais voulu lui en donner, elle avait refusé en secouant énergiquement sa tête de loup. Seulement, quand j’avais quelque friandise, des crottes de chocolat ou des macarons, je lui en offrais derrière mon dos tout en trottinant près de ma bonne, et elle venait les prendre. Les bonbons, cela s’accepte.

Je me demande quelquefois pourquoi Mélie était si loqueteuse, car certainement on devait lui donner, à la maison, de vieille hardes et de quoi se vêtir plus proprement…Je lui faisais honte, quelquefois, de ses cheveux jamais peignés, de ses boutons arrachés, de ses taches et de ses accrocs… Alors elle baissait la tête, très confuse, et ne disait rien. Et elle reparaissait le lendemain aussi minable que devant. C’était sans doute plus fort qu’elle.

Il faut dire qu’avec la vie qu’elle menait il lui eût été difficile d’être tirée à quatre épingles. Tout le temps qu’elle n’était pas avec moi, elle le passait soit à se battre dans la rue avec des galopins, soit à courir les champs, à grimper aux arbres, à cueillir des fleurs, à dormir dans les foins. Une vraie petite faunesse ! Elle ne savait pas lire, n’étant jamais allée à l’école, mais elle connaissait très bien les herbes, celles qui sont bonnes pour les rhumes, celles qui sont rafraîchissantes, celles qui guérissent les douleurs, celles qui cicatrisent les plaies… Elle en apportait souvent à la cuisine, et aussi des mâches, du cresson, des pissenlits, et d’énormes bouquets de violettes, de perce-neige, de coucous, de marguerites, de coquelicots, de bleuets.

Autant de prétextes pour se glisser dans la maison. Ou bien, elle rôdait autour de la cuisine, épiant l’aubaine d’une commission à faire : le pain qui manquait au moment du déjeuner, le boucher qui n’envoyait pas la viande. Mélie courait, était de retour en un clin d’œil, et alors elle ne s’en allait plus, se dissimulait dans les coins, passait par les portes entrebâillées, me cherchait, et finissait par me retrouver. C’était le plus souvent au jardin. Elle se montrait d’abord de loin, timidement. Je lui faisait signe de s’approcher. Et elle accourait, une joie de paradis dans ses yeux.

-Oh ! mademoiselle, mademoiselle !

Nous nous installions sur un banc, sous la tonnelle, et là, bien cachées, nous causions à l’aise. Ce que nous disions, je l’ai oublié ; mais je me rappelle très bien ce que nous faisions. Mélie était très ingénieuse. Elle m’apprenait à faire des sifflets avec des branches de saule, des canons avec du sureau, des balles avec des coucous, des couronnes avec toutes sortes de fleurs, et des pompes avec des pailles enfoncées dans les trous d’un noyau d’abricot (mon Dieu ! c’est bien simple : on fait les trous en usant le noyau contre du grès, et, par ces trous, on retire l’amande avec une épingle). Quand elle avait reçu quelques sous pour ses commissions, elle achetait, chez une couturière de la villes, des fouffes, c’est-à-dire des rognures d’étoffes et des bouts de ruban, et, roulant et cousant ensemble ces chiffons multicolores autour d’une poignée de foin et de quatre bâtonnets, elle en fabriquait des poupées qui me semblaient superbes, des poupées éclatantes, fantastiques, avec des têtes en satin rose et des gestes imprévus, des poupées bien plus vivantes – Bourget n’hésiterait pas à dire : plus suggestives – que celles qu’on achète chez les marchands.

Mélie était aussi généreuse. Un jour, en sortant, je la vis qui m’attendait accotée contre une borne et tenant une longue tartine sur laquelle fumait une couche de pommes de terre écrasées et assaisonnées de ciboules et d’autres herbes. Il y avait beaucoup plus épais de pommes de terre que de pain, et cela sentait bon, mais bon ! Je n’y pus tenir :

Ça ne doit pas être mauvais, ça, Mélie ?

Tout de suite, elle me tendait la tartine, où ses dents de loup avaient découpé des demi-cercles comme à l’emporte pièce. Et moi, si chétive et l’on grondait toujours parce que je ne mangeais point, je dévorai la tartine en le barbouillant de pommes de terre jusqu’au bout du nez. Et Mélie me regardait d’un air drôle, où il y avait du ravissement, de la fierté de voir que j’appréciais si fort sa cuisine, et aussi, tout au fond, un peu de regret…. A partir de ce jour-là, toutes les fois qu’on faisait quelque fricot chez elle, elle m’en apportait dans du papier. Elle tirait cela de sa poche avec des mines mystérieuses…Mais ce n’était plus la tartine de pommes de terre ! C’étaient des mangeailles de pauvre qui sentaient décidément trop fort. J’essayais d’y goûter ; mais cela ne passait pas, je lui disais que je n’avais plus faim, et elle en était toute triste.

En somme, Mélie m’inspirait, par certains côtés, une sorte de considération. Sa force, son agilité, sa hardiesse, étonnait ma timidité de fillette frêle, recluse et surveillée. Je l’enviais de pouvoir courir partout et de ne rien craindre. Parfois elle sentait le foin où elle s’était roulée, et elle en avait encore des brins dans les cheveux. Elle me faisait rêver de vie libre à travers champs, à la Robinson. Quand nous étions bien sûres d’être seules, elle grimpait aux arbres du verger, secouait les branches, faisait pleuvoir les fruits mûrs, arrachait les autres à poignées. Elle aimait beaucoup les pommes vertes, et surtout les abricots verts, durs comme des balles. Elle m’affirmait, en les croquant, que c’était très bon, et j’en croquais aussi, par amour-propre, et pour faire comme elle. Mais, tout de même, j’aimais mieux les fruits un peu plus mûrs…Nous n’avions que des cerisiers très tardifs. Je lui dis une fois que c’était très ennuyeux de n’avoir pas encore de cerises. Le lendemain, elle m’en rapporta plein sa jupe. Elle les avait pillées dans quelque jardin. Elle volait pour moi, pour moi elle aurait tué. Et, dès qu’elle voyait quelqu’un de la maison venir de notre côté, -à moins que ce ne fût ma bonne ou la cuisinière, qui étaient assez de ses amies, – elle disparaissait je ne sais comment, par quelque trou de haie.

Les plus mauvais jours pour Mélie, c’étaient ceux où de petites amies venaient me voir. Mélie continuait à tourner autour de moi, mais je passais devant elle sans lui parler, sans avoir l’air de la connaître. Et alors elle se reculait, s’effaçait, se faisait petite. Elle ne m’en voulait point, elle comprenait que ces belles petites filles élégantes devaient ignorer qu’elle était mon amie. Elle ne se disait pas que je rougissais d’elle, ou, si elle se le disait, elle trouvait cela tout naturel : mais je sentais que tout de même cela lui faisait gros cœur.

Un autre chagrin pour elle, c’était quand mon père m’emmenait avec mon frère à une maison de campagne, très rustique et flanquée d’une fermette, qu’il possédait à une petite lieue de la ville.

Elle essayait bien de nous suivre de loin, mais mon père ne le souffrait pas, la renvoyait avec sa grosse voix. un jour, comme nous approchions de la ferme, je vis Mélie, toute empoussiérée, surgir d’un fossé où elle s’était tapie pour me voir passer. Elle restait là, tremblante, prête à s’enfuir au moindre mouvement hostile de mon père. J’en fus attendrie :

Père, dis-je, bien doucement, laissez-la marcher derrière nous. Qu’est-ce que cela nous fait ?

Mon père consentit ; et Mélie, radieuse, me suivait comme un bon chien ; et, de temps en temps, je lui tendais la main par derrière sans rien dire ; elle la prenait dans la sienne et posait dessus, un instant, son autre patte. Rien de plus.

Vers la fin du déjeuner, je trouvai moyen de sortir seule et je portai à Mélie, blottie contre la porte, du pain, un peu de viande, du fromage, ce que j’avais pu prendre.

-Oh ! mademoiselle, mademoiselle !

Puis, je jouai avec mon frère sous les grands arbres qui entouraient la ferme ; et, sans la voir, je devinais que Mélie était dans les environs, cachée par quelque buisson, et qu’elle me regardait, et que cela la rendait contente.

A un moment, me frère me quitta, et bientôt après j’entendis des cris du côté de la ferme. J’y courus et je vis, devant l’écurie, la pauvre Mélie mouillée jusqu’aux genoux, sa robe ruisselante, ses pieds clapotant dans ses savates. Le méchant garçon l’avait empoignée à l’improviste et trempée dans l’auge de pierre, pleine d’eau de pluie, où buvaient les chevaux. Mélie pleurait ; mais dès qu’elle m’aperçut, sachant bien que j’allais gronder mon frère et que cela amènerait une querelle, ne voulant point m’ennuyer, ni m’attrister, ni que je prisse la peine de la plaindre ou que je fisse l’effort de la défendre, elle renfonça subitement ses larmes, et, souriant avec sa grande bouche, elle me dit :

-Ce n’est rien, mademoiselle. C’était pour s’amuser…

Quand vint l’époque de ma première communion, je montrai une piété ardente dont Mélie fut toute impressionnée. Elle voulut faire comme moi, communier le même jour. Elle n’était pas prête du tout, n’ayant jamais suivi le catéchisme. Ce fut moi qui l’introduisis, qui lui parlai de Dieu. Mais, tandis que ma piété était pleine d’amour et d’espérance, il y avait surtout dans la sienne de l’étonnement et de la crainte.

Le jour de la cérémonie, j’avais une telle fièvre que mon cierge tremblait dans ma main et arrosait les voiles de mes voisines. On dut me l’enlever. Au dernier rang, Mélie, presque propre, toute rouge dans sa grosse mousseline bleuie par par le lavage, ne me quittait pas du regard. Elle priait pour sa petite malade ; car elle ne demandait jamais rien pour elle-même, se jugeant tout à fait négligeable aux yeux de Dieu, et ne croyant pas qu’il pût avoir le moindre plaisir à s’occuper d’elle. De moi, à la bonne heure !

L’après-midi, mon parrain le cardinal me confirma la première, et mes parents m’emmenèrent vite à notre maison de campagne… Mélie m’attendait, dans son fossé, au bord d’un champ d’avoine. Mon cœur se fondit, et je lui envoyai un baiser.

On me coucha. J’entendis, de mon lit, le bruit des vois et des rires, car toute la famille était réunie à dîner pour la circonstance. Je ne pensais à rien, envahie seulement par la tristesse de la tombée du jour, de cette heure si mélancolique et si grise dans ces grandes plaines de la Champagne.

Paul Bourget par Charles Gallot Photographe

Je sentis des fleurs fraîches dans mes mains. Mélie était là, agenouillée, le front sur le bord de mon lit. Je voulais parler ; elle me supplia de me taire, de rester calme, de dormir, – pour qu’on ne chassât pas… Mon père vint me voir et me trouva endormie, tenue par elle, son bras sous ma tête. Il n’eût pas le courage de la renvoyer ce jour-là et lui fit porter à manger.

Quelque temps après, ma mère exigea que j’apprisse tout ce que doit savoir une bonne maîtresse de maison. Félicie, une petite ouvrière bossue et très douce, qui venait plusieurs fois par semaine (je vois encore sa silhouette humble et falote sur les rideaux blancs de la fenêtre), eut l’ordre de m’apprendre à coudre. D’autres furent chargées à m’enseigner le soin du linge et un peu de repassage. Je dus aussi ranger moi-même mes affaires dans ma chambre.

Tout cela m’ennuyait bien, car j’avais une passion : la lecture. Heureusement, ma mère était souvent absente ; et Mélie avait fini par se faire tolérer dans la maison. Elle assistait aux leçons de Félicie et des autres ouvrières ; et, dans son désir de m’aider, elle apprit beaucoup plus vite que moi. C’était elle, la plupart du temps, qui faisait à ma place les petites besognes dont on me chargeait : ourlets, reprises, linge à plier ; et c’était elle qui mettait ma chambre en ordre.

Pendant qu’elle travaillait, je lisais, assise dans un coin,me bouchant les oreilles avec mes pouces pour n’avoir pas de distraction. Je lisais le Vie des saints, l’Histoire romaine de Rollin, des récits de voyage, et je ne sais quel vieux petit livre à tranches rouges qui contenait des anecdotes sur le XVIIIe siècle. Et, quand Mélie avait fini, je lui racontait mes lectures : c’était là sa récompense.

Roulée à mes pieds, en boule, immobile, les yeux attachés sur moi, elle m’écoutait avec extase, comme on écouterait le bon Dieu. Je racontais très bien paraît-il, avec un grand sérieux, des gestes expressifs, une extrême ardeur de conviction. Je me rappelle qu’une de ces histoires commençait par cette phrase :

Au temps où Mme de Pompadour régnait sur la France…

Je ne sais trop ce que Mme de Pompadour représentait pour Mélie, ni même pour moi. Mais je me souviens que c’était une bien belle histoire.

Ici, un grand trou dans ma mémoire, une longue maladie, la petite vérole, la fièvre, le délire. De tout cela, une seule vision m’est restée : Mélie à mes côtés, remuant des tisanes ; Mélie accroupie par terre ; Mélie à cheval sur mon petit lit, me tenant les mains doucement, et pourtant de toutes ses forces, et m’empêchant de me gratter la figure.

On lui avait dit que, si je me grattais, je deviendrais laide ; et elle veillait sur ma beauté comme un gnome sur un trésor.

Comment la souffrait-on auprès de moi et l’exposait-on à prendre monmal ? On avait tout fait pour l’empêcher d’entrer ; puis, un matin,on l’avait surprise dans un coin de ma chambre, derrière un fauteuil, où elle avait passée la nuit. Il n’était plus temps de la renvoyer ; au reste, elle aurait bien trouvé moyen de revenir, car les portes n’étaient jamais bien fermées dans cette grande maison de province…

Le jour où je commençai à aller mieux (on était en avril et il y avait du soleil sur mes draps), Mélie m’apporta des brassées de fleurs et des balles de coucous. Nous jouions à nous jeter ces balles ; j’étais si maladroite et si faible encore, que je les laissais souvent tomber. Mélie les ramassait dans les coins, sous les meubles, à quattre pattes, avecune agilité de chat ; et cela m’amusait.

J’avais les enfantillages de la convalescence, des enfantillages plus jeunes que moi, quoique je ne fusse qu’une petite fille. L’intelligence, après une si longue et si rude secousse, ne me revenait que très lentement. Je me retrouvais plus proche de Mélie, presque aussi simple qu’elle ; et, quand je m’efforçais de me rappeler le passé (oh ! comme il me semblait loin !), c’est toujours avec Mélie que je me revoyais, sous le berceau de vigne ou dans le verger. Et, très gravement, nous échangions nos souvenirs :

Te rappelles-tu, Mélie ?

Oh ! oui, mademoiselle...

Et maintenant, c’était elle qui se rappelait le mieux les belles histoires que lui avais contées, et c’était moi qui les lui demandais et qui l’écoutais à mon tour.

-Et cette autre, Mélie, tu sais bien ? où ça parlait de Mme de Pompadour…

Attendez, mademoiselle, je vais la retrouver.

Et Mélie commençait :

Au temps où Mme Pompadour régnait sur la France…

Un jour, Mélie ne vint pas. C’était le premier jour où l’on m’avait permis de me lever. Je la réclamai avec insistance. Ma mère me dit que Mélie était malade, mais qu’elle viendrait bientôt.

Le lendemain, on me transporta à la campagne. Tout le monde s’empressait autour de moi, cherchait à me distraire, me faisait jouer. Mon père passait avec moi de longues heures et, quand le soleil était chaud, me promenait sous les arbres au feuillage tendre et tout neuf et par des chemins tout neigeux d’aubépine. Cependant, je n’oubliais pas Mélie et, de temps en temps, je demandais à la voir.

Mélie, me dit mon père, est très malade. Mais sois tranquille, je lui ai envoyé le médecin et tout ce qu’il faut ; elle est très bien soignée. Tu la verras quand elle sera guérie.

Mes forces revenaient peu à peu. J’avais grand appétit. Je jouissais vivement de toutes choses, du bon air, de la bonne chaleur, des bons petits plats qu’on me faisait, des fleurs, des arbres, des prés, de la promenade, comme quelqu’un qui refait la découverte de la vie. Je m’épanouissais délicieusement dans l’égoïsme de la convalescence. Une fois pourtant j’interrogeai :

Et Mélie ?

Elle est morte, répondit tristement ma mère.

Pauvre Mélie ! fis-je rêveusement et comme songeant à quelque chose de très vague et de très lointain…

Et je n’y pensai plus.

Mais, depuis, j’y ai pensé très souvent.

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CETTE TENDRESSE – Poème de Marina TSVETAÏEVA – Откуда такая нежность?- 1916

Traduction Jacky Lavauzelle João da Cruz e Sousa
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература

Русская поэзия


TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE


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Marina Tsvétaïeva – photo de Pierre Choumoff ( Пётр Ива́нович Шу́мов )

Marina Ivanovna Tsvetaïeva
Марина Ивановна Цветаева

poétesse russe
русская поэтесса
Moscou 26 septembre 1892 – Ielabouga 31 août 1941
26 сентября 1892, Москва — 31 августа 1941, Елабуга

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CETTE TENDRESSE
1916
Откуда такая нежность?
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Mikhaïl Vroubel, Михаил Александрович Врубель, La Princesse Grioza, 1896, Galerie Tretiakov, Государственная Третьяковская галерея, Moscou – détail



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Откуда такая нежность?
D’où vient cette tendresse ?
Не первые – эти кудри
Ce ne sont pas les premières – ces boucles…



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18 февраля 1916
18 février 1916

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Marina Tsvétaïeva en 1924

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Poésie de Marina Tsvétaïéva
Поэзия Марины Чветаевой

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João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

TSAR OU VOLEUR – Poème de Marina Tsvétaïéva Марина Ивановна Цветаева – Каждый стих — дитя любви…

Traduction Jacky Lavauzelle João da Cruz e Sousa
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература

Русская поэзия


TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE


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Marina Tsvétaïeva – photo de Pierre Choumoff ( Пётр Ива́нович Шу́мов )

Marina Ivanovna Tsvetaïeva
Марина Ивановна Цветаева

poétesse russe
русская поэтесса
Moscou 26 septembre 1892 – Ielabouga 31 août 1941
26 сентября 1892, Москва — 31 августа 1941, Елабуга

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TSAR ou VOLEUR
1918
Каждый стих — дитя любви
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Mikhaïl Vroubel, Михаил Александрович Врубель, Le Démon assis,Демон сидящий, 1890, Galerie Tretiakov, Государственная Третьяковская галерея, Moscou

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Каждый стих — дитя любви,
Chaque vers est un enfant d’amour
Нищий незаконнорожденный
Mendiant illégitime…

14 августа 1918
14 août 1918

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Poésie de Marina Tsvétaïéva
Поэзия Марины Чветаевой

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Marina Tsvétaïeva en 1924
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LA POÉSIE D’ALEXANDRE POUCHKINE – поэзия Александра Пушкина

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Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE
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стихотворение  – Poésie
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POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

LA POESIE D’ALEXANDRE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА 

Pouchkine en 1810, alors âgé de 11 ans.
Aquarelle de Serguei Gavrilovich Tchirikoff
Сергей Гаврилович Чириков
(1776—1853)

1811
Pouchkine s’inscrit au lycée Tsarskoïe Selo
(25 km de Saint-Pétersbourg).
Царское Село
Porte le nom de Pouchkine

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1814
La famille Pouchkine emménage à Saint-Pétersbourg après la fin des Guerres napoléoniennes, en 1814.
Pouchkine a consacré son temps libre à la littérature et, en 1814, à quinze ans, il a déjà publié pour la première fois son poème « À un ami poète » dans la revue « Le Messager de l’Europe ». Ces vers, déclamés lors d’un examen de passage, lui valent l’admiration du poète Gavrila Derjavine.

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1811-1817
Amitié avec les futurs décembristes. L’Insurrection décabriste, ou insurrection décembriste, prendra la forme, une dizaine d’années plus tard environ, d’une tentative de coup d’État militaire (Saint-Pétersbourg, en décembre 1825) afin d’obtenir une constitution du Tsar Nicolas Ier.

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Любопытный
CURIEUX
1814

— Что ж нового? «Ей-богу, ничего».
  – Quoi de neuf ? « Par Dieu, rien. »
— Эй, не хитри: ты верно что-то знаешь.
  « Hé, quoi ! tu sais que quelque chose ! »

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К НАТАШЕ
A NATACHA 
1814

Вянет, вянет лето красно;
L’été écarlate se flétrit ;
Улетают ясны дни;
Les beaux jours désormais s’envolent ;

**

РОЗА
UNE ROSE
1815

Где наша роза?
Où est notre rose ?
Друзья мои!
Mes amis!

une-rose-pouchkine-poeme-artgitato-the-roses-of-heliogabalus-les-roses-dheliogabale

*

ИСТИННА
La Vérité
1816

Издавна мудрые искали
Les sages depuis longtemps recherchent
Забытых Истинны следов
 Les pistes de la vérité oubliée

la-verite-pouchkine-artgitato-la-verite-jules-joseph_lefebvre

*

Екатерина Пучкова
SUR CATHERINE POUTCHKOVA
1816

Зачем кричишь ты, что ты дева,
Pourquoi criez-vous que vous êtes vierge,
На каждом девственном стихе?
A chaque verset virginal ?

*

LE RÉVEIL
Пробуждение
1816

Мечты, мечты,
Rêves ! Ô mes rêves !
Где ваша сладость?
Où sont tes douceurs ?

*

В альбом
L’Album
1817

Пройдет любовь, умрут желанья;
Passe l’amour, meurt le désir ;
Разлучит нас холодный свет;
La lumière froide nous sépare ;

*

К НЕЙ
Pour Elle
1817

В печальной праздности я лиру забывал,
Dans ma triste oisiveté, j’en ai oublié ma lyre,
Воображение в мечтах не разгоралось,
L’imagination dans mes rêves s’est éteinte,

К Чаадаеву
Pour Tchaadaïev
1818

Любви, надежды, тихой славы
Amour, espoir, majestueuse gloire
Недолго нежил нас обман,
Un court instant vous nous avez trompé,

pour-tchaadaiev-pouchkine-1818-artgitato-2

*

Мечтателю
LE RÊVEUR
1818

Ты в страсти горестной находишь наслажденье;
Tu trouves du plaisir dans une triste passion,
Тебе приятно слезы лить,
Tu te montres joyeux en versant des larmes,

*

Выздоровление
GUÉRISON
1818 

Тебя ль я видел, милый друг?
Est-ce toi que j’ai vue, tendre amie ?
Или неверное то было сновиденье,
Ou n’était-ce qu’un faux rêve

*

 Уединение
Intimité
1819

Блажен, кто в отдаленной сени,
Béni soit celui qui, sous l’ombre d’un porche,
Вдали взыскательных невежд,
Loin des sagaces ignorants,

intimite-pouchkine-poeme-1819-artgitato-arkhip-kouindji-1901-les-bouleaux

*

Веселый пир
Soirées Festives
1819

Я люблю вечерний пир,
J’adore la fête le soir,
 Где веселье председатель,
Lorsque préside les lieux

soirees-festives-pouchkine-artgitato-jacob-jordaens-le-roi-boit-vers-1640-bruxelles-musees-royaux-des-beaux-arts-de-belgique*

Возрождение
LA RENAISSANCE DU GÉNIE
1819

Художник-варвар кистью сонной
Un artiste barbare brosse, lime
Картину гения чернит
Et détruit l’image laissée par un génie

*

TIEN & MIEN
1818 – 1819

«Твой и мой, — говорит Лафонтен —
« Tien et mien, — dit La fontaine —
Расторгло узы всего мира». —
Du monde a rompu le lien. » —
Что до меня, я этому отнюдь не верю.
Quant à moi, je n’en crois rien.
Что было бы, моя Климена,
Que serait ce, ma Climène,
Если бы ты больше не была моей,
Si tu n’étais plus la mienne,
Если б я больше не был твоим?
Si je n’étais plus le tien ?

(Texte en français par Pouchkine et publié en 1884)

**********

Rouslan et Ludmila
Parution en 1820
écrit à la façon d’un conte de fées épique
Par
Prosper Mérimée
« cet essai frisait la témérité« 

« Il obtint un succès plus légitime et dont il n’avait pas à rougir, en publiant vers 1820 le poème de Rousslan et Lioudmila. C’est encore une imitation, mais plus habile et d’après un original d’une autorité moins contestable. Il s’inspira de l’Arioste et surtout de Voltaire, dont la langue et l’esprit lui étaient plus familiers. Comme ses maîtres, il est gai, gracieux, élégamment ironique. En faveur de l’imitation, les Aristarques du temps lui montrèrent quelque indulgence ; ils y virent une preuve de modestie digne d’encouragement ; ils eussent été impitoyables peut-être pour une œuvre originale. À Rome autrefois, on n’aurait osé écrire en latin qu’en s’abritant sous l’autorité d’un Grec. À Saint-Pétersbourg, les lettrés exigeaient qu’on copiât un type français ou allemand. Aujourd’hui ce qui nous paraît le plus à remarquer dans Rousslan et Lioudmila, c’est un essai d’emprunter aux croyances populaires de la Russie des ressorts moins usés que ceux de la mythologie grecque, hors lesquels en 1820 il n’y avait pas de salut. Alors cet essai frisait la témérité, tant était grande l’intolérance classique. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères
1874

*********

Редеет облаков летучая гряда
ASTRE TRISTE, ASTRE DU SOIR !
1820

Редеет облаков летучая гряда.
En file, les nuages s’évadent vers les sommets.
Звезда печальная, вечерняя звезда!

Astre triste, astre du soir !

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Astre-triste.jpg.

**

Мне бой знаком
J’aime la bataille
Avril 1820 –  Апрель 1820

Мне бой знаком — люблю я звук мечей;
J’aime la bataille et le bruit des épées ;
От первых лет поклонник бранной славы,
Dès mes premières années, fasciné par les gloires guerrières,







*

Зачем безвременную скуку
Pourquoi cet ennui ?
1820

Зачем безвременную скуку
Pourquoi cet ennui prématuré
 Зловещей думою питать,
Qui attise de si noires pensées,

*****

1820
Ses poèmes sont jugés séditieux.
Pouchkine est condamné à l’exil en Ukraine à Iekaterinoslav
par Alexandre Ier.

******

на гр. Ф. И. Толстого
Sur Fiodor Tolstoï
1820

В жизни мрачной и презренной
Dans sa vie, noire et méprisable
Был он долго погружен,
Il a longtemps sombré,

sur-fiodor-tolstoi-pouchkine-artgitato-poeme-de-1820

**

Pour la fille de Karađorđe
ou
Pour la fille de Karageorges 
Дочери Карагеоргия
1820

Гроза луны, свободы воин,
Guerrier de la liberté, foudroyant la lune des Turcs,
Покрытый кровию святой,
Couvert du sang d’un saint,

**

 – Мой друг –
LES TRACES DES ANNÉES PASSÉES
(Les Muses)
1821

‎Мой друг, забыты мной следы минувших лет
Mon amie, j’ai oublié les traces des années passées
И младости моей мятежное теченье.
Et le parcours rebelle de ma jeunesse.

**

Я пережил свои желанья
J’AI SURVÉCU A MES DÉSIRS
1821

Я пережил свои желанья,
J’ai survécu à mes désirs,
Я разлюбил свои мечты;
J’ai cessé d’aimer mes rêves ;

**

Муза
La Muse
1821

В младенчестве моем она меня любила
Dès mon enfance, elle m’a aimé,
И семиствольную цевницу мне вручила.
Et la cithare à sept cordes me tendit.
la-muse-pouchkine-artgitato-nicolas-poussin-linspiration-du-poete-niedersachsisches-landesmuseum

*

ДРУЗЬЯМ
A des Amis
1822

Вчера был день разлуки шумной,
Hier fut le jour d’une bruyante séparation,
Вчера был Вакха буйный пир,
Hier fut le lieu d’une exubérante bacchanale,
a-nos-amis-1822-poeme-de-pouchkine-la-jeunesse-de-bacchus-william-bouguereau-1884

*****

1823
Pouchkine commence son roman en vers
« Eugène Onéguine« ,
achevé en octobre 1831

******

сеятель
Le Semeur
1823

Свободы сеятель пустынный,
Semeur de liberté dans le désert,
Я вышел рано, до звезды;
Je suis sorti tôt à la belle étoile ;

le-semeur-poeme-de-pouchkine-jean-francois-millet-1850-vincent-van-gogh-1889

*

Телега жизни
LE CHAR DE LA VIE
1823

Хоть тяжело подчас в ней бремя,
Bien que son fardeau soit lourd,
Телега на ходу легка;
La manœuvre reste toujours aisée ;

*

ВИНОГРАД
LE RAISIN
1824

Не стану я жалеть о розах,
Je ne me sens pas triste pour les roses,
Увядших с лёгкою весной;
 Qui flétrissent à la lumière printanière ;
le-raisin-pouchkine-artgitato-jean-baptiste-simeon-chardin-raisins-et-grenade-1763-le-louvre

*

АКВИЛОН
L’AQUILON
1824

Зачем ты, грозный аквилон,
Pourquoi, aquilon menaçant,
Тростник прибрежный долу клонишь?
Fouetter les roseaux de la terre ?

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Les Adieux de Pouchkine à la mer
Toile de Ilia Répine et Ivan Aïvazovski
(1887)

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К морю
A la mer
1824

Прощай, свободная стихия!
Adieu, élément libre !
В последний раз передо мной
Pour la dernière fois devant moi

*

ЗИМНИЙ ВЕЧЕР 
Soirée d’hiver
1825

Буря мглою небо кроеть,
La tempête fracasse le ciel couvert,
Вихри снежные крутя ;
Tourbillonne la neige en torsion ;

*

 ЖЕЛАНИЕ СЛАВЫ
Le Désir de Gloire
1825

Когда, любовию и негой упоенный,
Quand, enivré d’amour et de bonheur,
Безмолвно пред тобой коленопреклоненный,
À genoux devant toi, silencieux,

*

СОЖЖЕННОЕ ПИСЬМО
La Lettre brûlée
1825

Прощай, письмо любви! прощай: она велела.
Adieu, lettre d’amour ! adieu : elle le veut ainsi.
Как долго медлил я! как долго не хотела
J’ai tant attendu ! tout ce temps, ma main

*

В крови горит огонь желанья
Le Feu du désir

В крови горит огонь желанья,
Le feu du désir brûle mon sang consumé,
Душа тобой уязвлена,
Et laisse mon âme épuisée 

*

Я помню чудное мгновенье
LA VIE ET LES LARMES ET L’AMOUR
1825

Я помню чудное мгновенье:
Je me souviens de ce moment merveilleux :
Передо мной явилась ты,
Tu étais devant moi

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Aivazovsky_-_Portret_of_wife_Anna_Burnazyan-Sarkisova.jpg.*

poésie de Pouchkine

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1826
UN HOMME DANGEREUX
AUX POÈMES SÉDITIEUX

« Nous en trouvons l’explication dans une lettre que Joukowsky lui adressait, à Michailowskoïe, en 1826 : « Tu n’es mêlé à aucune affaire, cela est vrai, mais on a trouvé tes poèmes dans les papiers de tous ceux qui ont agi ; c’est un mauvais moyen de rester en bons termes avec le gouvernement. » Ainsi, pour ne jamais avoir déserté le terrain littéraire et s’être tenu à l’écart de la politique proprement dite, Pouchkine n’en était pas moins un homme dangereux. Il l’était peut-être plus que ceux que l’on avait emprisonnés et envoyés en Sibérie, car son influence était occulte, impalpable et fuyante. S’il n’existait aucune preuve tangible de sa culpabilité, son nom se rattachait cependant indiscutablement au parti libéral et, par-là même, au parti révolutionnaire. Ses poèmes séditieux, souvent mordants et satiriques, passaient sous forme de manuscrits de mains en mains, beaucoup d’inculpés politiques, parmi lesquels se comptaient les plus grands noms de la Russie, avouaient aux juges avoir été fortement influencés par les œuvres de Pouchkine. Nicolas Ier s’en souvint toute sa vie. Il ne cessa d’exercer une surveillance étroite sur le poète et sur ses œuvres. Trop intelligent pour ne point reconnaître la valeur réelle de Pouchkine, il y mit assez de formes pour ne point frapper le s poète, tout en se méfiant de l’homme. Il ne l’exila point comme avait fait son père ; au contraire, il exigea sa présence constante dans la capitale d’où Pouchkine ne put que rarement s’échapper. De cette manière, aucun de ses faits et gestes ne restait inconnu à la police. D’autre part, l’Empereur le délivra dès 1826 du joug officiel de la censure et se constitua son seul et unique censeur. Cette décision, qui avait les apparences d’une grâce » exceptionnelle, n’était, au fond, qu’un suprême moyen de contrôle. »
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

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8 septembre 1826
Pouchkine rentre d’exil par ordre de Nicolas Ier
Il sera reçu par Nicolas Ier.

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ПРОРОК
Le Prophète
1826

Духовной жаждою томим,
Tourmenté par la soif spirituelle,
В пустыне мрачной я влачился, —
Dans un sombre désert je me traînais-

Le Prophète Alexandre Pouchkine Peinture de Sokolov Traduction Artgitato

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LE PROPHÈTE
PAR
PROSPER MÉRIMÉE

« Je terminerai par une pièce d’un tout autre caractère qui, de même que l’Antchar, a eu le malheur d’être prise par la censure pour un dithyrambe révolutionnaire. Aujourd’hui l’une et l’autre sont imprimées dans toutes les éditions récentes de Pouchkine. Elle est intitulée le Prophète.  « Tourmenté d’une soif spirituelle, j’allais errant dans un sombre désert, et un séraphin à six ailes m’apparut à la croisée d’un sentier. De ses doigts légers comme un songe, il toucha mes prunelles ; mes prunelles s’ouvrirent voyantes comme celles d’un aiglon effarouché ; il toucha mes oreilles, elles se remplirent de bruits et de rumeurs, et je compris l’architecture des cieux et le vol des anges au-dessus des monts, et la voie des essaims d’animaux marins sous les ondes, et le travail souterrain de la plante qui germe. Et l’ange, se penchant vers ma bouche, m’arracha ma langue pécheresse, la diseuse de frivolités et de mensonges, et entre mes lèvres glacées sa main sanglante mit le dard du sage serpent. D’un glaive il fendit ma poitrine et en arracha mon cœur palpitant, et dans ma poitrine entrouverte il enfonça une braise ardente. Tel qu’un cadavre, j’étais gisant dans le désert, et la voix de Dieu m’appela : Lève-toi, prophète, vois, écoute, et parcourant et les mers et les terres, brûle par la Parole les cœurs des humains. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères
1874

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A MA NOURRICE
Няне 
1826

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Pouchkine en 1827
peinture d’Oreste Kiprensky
Орест Адамович Кипренский
Galerie Tretiakov
Государственная Третьяковская галерея
Moscou

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27 janvier 1827
Interrogatoire de Pouchkine
par le chef de la police de Moscou
pour son poème
« André Chénier ».

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В степи мирской
LES TROIS SOURCES
1827

В степи мирской, печальной и безбрежной,
Dans les steppes de ce monde banal, triste et sans bornes,
Таинственно пробились три ключа:
Mystérieusement trois sources ont apparu :

*

QUE DIEU VOUS AIDE
19 октября 1827

19 octobre 1827

Бог помочь вам, друзья мои,
Que Dieu vous aide, mes amis,
В заботах жизни, царской службы,
Dans les soucis de la vie,

19-octobre-1827-pouchkine-20-octobre-1827-bataille-de-navarin

*

Во глубине сибирских руд
BAGNARDS DE SIBÉRIE
1827

Во глубине сибирских руд
Dans les profondeurs des mines de Sibérie
Храните гордое терпенье,
Restez fier, soyez patient,

*

Aнчар
L’ANTCHAR
1828

В пустыне чахлой и скупой,
Dans le désert, désolé et aride,
На почве, зноем раскаленной,
Un terrain, une chaleur torride,

*

Друзьям
A MES AMIS
1828

Нет, я не льстец, когда царю
Non, je ne suis pas du tsar un adulateur
Хвалу свободную слагаю:
Quand je le loue librement,

*

Réponse à Pavel Katenine
Ответ Катенину
1828

Напрасно, пламенный поэт,
En vain, ô fougueux poète,
Свой чудный кубок мне подносишь
Tu m’apportes ta merveilleuse coupe

*************

1829
1er mai 1829  départ pour l’armée active dans le Caucase
Juin 1829 – Pouchkine à Tiflis – Tbilissi (actuellement capitale de la Géorgie)
27 juin 1829 – Pouchkine lors de la prise d’Erzurum.
En 1829, la ville d’Erzurum (aujourd’hui située en Turquie) tombe aux mains des russes qui l’abandonnèrent aussitôt.

*********

Я вас любил
Je vous aimais
1829

Я вас любил : любовь еще, быть может,
Je vous aimais : cet amour, peut-être,
В душе моей угасла не совсем;
Dans mon cœur, n’est pas tout à fait encore éteint ;

*




Дон
LE DON
1829

Блеща средь полей широких,
 Il s’étale sur les larges prairies,
Вон он льётся!.. Здравствуй, Дон!
Là, il coule ! .. Bonjour à toi, Don !

le-don-pouchkine-poeme-de-1829-artgitato-cosaques-du-don-timbre-russe-2010

*

Приметы
PRESAGES
1829

Я ехал к вам: живые сны
Je suis allé à vous : des rêves vifs
 
За мной вились толпой игривой,
 Espiègles, m’envahissaient,

*

Когда твои младые лета
1829
UN VÉRITABLE AMI

Когда твои младые лета
Lorsque tu es malade
Позорит шумная молва,
De la honteuse rumeur

*

ЭЛЕГИЯ 
ELEGIE
1830

Безумных лет угасшее веселье
Les joies passées de ma jeunesse débridée
Мне тяжело, как смутное похмелье.
Me sont aujourd’hui pénibles, telle une gueule de bois.

*




poésie de pouchkine

*

1830
SONNET
L’austère Dante ne méprisait pas le sonnet
Суровый Дант не презирал сонета

Суровый Дант не презирал сонета;
L’austère Dante ne méprisait pas le sonnet ;
 
В нем жар любви Петрарка изливал;
Pétrarque y versait ses éclairs d’amour ;

*

Что в имени тебе моём?
MON NOM
1830

Что в имени тебе моём?
Qu’est-ce que mon nom pour toi ?
Оно умрёт, как шум печальный
Ce nom va mourir, comme le triste bruit

*

 Поэту
AU POETE
1830

Поэт! не дорожи любовию народной.
Poète ! Détache-toi de l’amour d’autrui
Восторженных похвал пройдет минутный шум;
Les louanges ne sont qu’un bruit que la minute efface

*

1830
карантин
Quarantaine
La Russie subit une épidémie de choléra pendant l’automne 1830
(3 mois d’isolement pour Pouchkine du 3 septembre 1830 et le 5 décembre 1830 à Boldino)
Il arrive dans sa propriété pour organiser les affaires immobilières, puis il reste par obligation de quarantaine imposée par les autorités.
Cette période correspond à ce que l’on a appelé l’Automne de Boldino, une propriété familiale, (Бо́лдинская о́сень).
Cette période fut très intense pour le poète. Il y terminera Eugène Onéguine.
Boldino se trouve à environ 600 kilomètres à l’est de Moscou, aujourd’hui dans l’oblast de Nijni Novgorod (Нижний Новгород).
Il écrira notamment le poème ci-dessous Румяный критик мой, librement renommé ici LA QUARANTAINE AU TEMPS DU CHOLÉRA.

*

 Румяный критик мой
LA QUARANTAINE AU TEMPS DU CHOLÉRA
1830

Румяный критик мой, насмешник толстопузый,
Mon critique aux joues vermeilles, moqueur au ventre repu,
Готовый век трунить над нашей томной музой,
Toujours prêt à taquiner notre muse langoureuse,

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Choléra.jpg.
Illustration « Le Petit Journal »
 supplément illustré du 1er décembre 1912.
Le choléra en Russie

*

Бесы
DÉMONS
1830

Мчатся тучи, вьются тучи;
Les nuages se précipitent, les nuages planent ;
Невидимкою луна
Sous l’invisible lune

*

ДОМИК В КОЛОМНЕ
La Petite Maison de Kolomna
1830

I L’OCTAVE & L’OCTOSYLLABE II LA RIME VERBALE III LES SYLLABES SOLDATES IV Syllabes féminines et masculines V TAMERLAN & NAPOLÉON

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LA PETITE MAISON DE KOLOMNA
(La Petite Maison dans la Kolomna)
Par Prosper Mérimée

« La Petite Maison dans la Kolomna et le Comte Nouline sont deux charmants petits tableaux du même genre, non moins gracieux que leur devancier. Sauf la forme des vers et le ton général de la composition, Pouchkine n’a rien dérobé à lord Byron. Ses caractères sont bien russes et pris sur la nature. La Petite Maison dans la Kolomna chante les tribulations d’une bonne veuve, mère d’une jolie fille, en quête d’une servante à tout faire. Il s’en présente une, grande, robuste, un peu gauche et maladroite, mais qui prend les gages qu’on lui offre. La fille de la maison est d’ailleurs fort empressée à la mettre au fait et l’aide de son mieux. Un jour, la veuve est prise, pendant la messe, d’un pressentiment que sa bonne fait quelque sottise dans le ménage : elle rentre en hâte, et la trouve devant un miroir en train de se raser. »

Prosper Mérimée
Portraits historiques et littéraires
Michel Lévy frères, 1874

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18 février 1831
mariage avec Natalia Gontcharova
Natalia Nikolaïevna Gontcharova
Наталья Николаевна Гончарова
( – )


Natalia Gontcharova par Alexandre Brioullov
Алекса́ндр Па́влович Брюлло́в
En 1831

Le 25 mai 1831, ils déménagement à Tsarskoïe Selo.
En octobre 1831, ils s’installent à Saint-Pétersbourg

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LE MARIAGE DE POUCHKINE
AVEC NATALIA

…Telle était la situation de Pouchkine à l’époque de son mariage, qui fut célébré à Moscou le 18 février 1831. Il avait trente-deux ans. Sa fiancée, Nathalie Nicolaievna Goncharowa, en avait dix-huit. Très épris de cette belle et jeune personne, Pouchkine ne restait pas moins sceptique au sujet de son bonheur. Ses fiançailles furent longues et pénibles et la famille Goncharoff ne témoignait que peu d’empressement pour le projet de cette union. Mme Goncharowa, mère, occupée surtout de la dot de sa fille, cherchait sans cesse querelle à son futur gendre. Quant à la jeune fille, elle se montrait aussi passive, aussi indifférente que Pouchkine était ardent et impatient.
« Quel cœur doit-elle donc avoir ? s’écriait Pouchkine ; il est armé d’une écorce plus dure que celle du chêne. » Jamais, dès ses premières rencontres avec Nathalie, Pouchkine ne se sentit aimé ou même apprécié par cette énigmatique et froide fiancée qui, en réponse à ses plus tendres épîtres, lui écrivait des lettres « grandes comme une carte de visite
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

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Эхо
L’ECHO
1831

Ревёт ли зверь в лесу глухом,
Que ce soit à travers le rugissement de la forêt,
Трубит ли рог, гремит ли гром,
Du son du cor ou du tonnerre,
lecho-pouchkine-artgitato-arkhip-kouindji-clair-de-lune-dans-une-foret-en-hiver

**

Красавица
Une Beauté
1832
Елены Завадовской – Elena Zavadovskaya

Всё в ней гармония, всё диво,
Tout en elle est harmonie, tout est miracle,
Всё выше мира и страстей;
Au-dessus de toutes les passions, elle trône ;poeme-de-pouchkine-1832-elena-mikhailovna-zavadovskaya

**

poésie de Pouchkine

**

LE CAVALIER DE BRONZE
МЕДНЫЙ ВСАДНИК
1833

Vas.Surikov. Bronze Horseman on the Senate Square. Rusian Museum

ПРЕДИСЛОВИЕ
L’avant propos

Происшествие, описанное в сей повести, основано на истине.
L’incident décrit dans cette histoire est basé sur des faits réels.

ВСТУПЛЕНИЕ
PROLOGUE

**

Стою печален на кладбище
AU CIMETIERE
1834

Стою печален на кладбище.
Debout, je suis triste, là dans le cimetière.
Гляжу кругом — обнажено
Je regarde tout autour de moi – nue

**

Пора, мой друг, пора! покоя сердце просит
IL EST TEMPS, MON AMIE, IL EST TEMPS !
1834

Пора, мой друг, пора! покоя сердце просит —
Il est temps, mon amie, il est temps ! Le cœur désire la paix-
Летят за днями дни, и каждый час уносит
Les jours s’envolent et chaque heure prend

**

Пред мощной властью красоты
Par la forte puissance de la beauté
1835

Я думал, сердце позабыло
Je pensais :  mon cœur a oublié
Способность лёгкую страдать,
La facile capacité de souffrir,

**

Пир Петра Первого
Fête de Pierre Premier
1835

Над Невою резво вьются
Au-dessus de la Néva espiègle, se tordent
 Флаги пёстрые судов;
Les drapeaux de navires bariolés ;

**

1835
ПЕСНИ ЗАПАДНЫХ СЛАВЯН
LES CHANSONS DES SLAVES DE L’OUEST

**
17 poèmes

**

7
Похоронная песня Иакинфа Маглановича

CHANT DE MORT

С Богом, в дальнюю дорогу!
Que Dieu t’accompagne dans ce voyage !
А Путь найдешь ты, слава Богу.
Et que tu trouves ta voie, par la grâce de Dieu

**

10
СОЛОВЕЙ
LE ROSSIGNOL

Соловей мой, соловейко,
Mon rossignol, mon petit rossignol
Птица малая лесная!
Petit oiseau forestier !

**

13
Вурдалак

LE MORT-VIVANT

Трусоват был Ваня бедный:
Vanya était un pauvre lâche:
Раз он позднею порой,
Une nuit, très tard,

**

16
КОНЬ
LE CHEVAL

«Что ты ржешь, мой конь ретивый,
«Pourquoi hennis-tu, mon beau cheval zélé ?
Что ты шею опустил,
Pourquoi baisses-tu ainsi ton encolure ?

****

29 mars 1836
décès de la mère de Pouchkine, Nadejda Pouchkina
Надежда Осиповна Пушкина
( — 

Deuil éprouvant pour Pouchkine qui venait juste de se réconcilier avec sa mère.

****

1836

 Денис Васильевич Давыдов
A DENIS DAVYDOV

  Тебе, певцу, тебе, герою!
Toi, le chanteur, toi, le héros!
Не удалось мне за тобою
Je n’aurais pas pu te suivre

a-denis-davydov-poesie-de-pouchkine-artgitato

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Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès
Beau-frère de Pouchkine
(mariage le 10 janvier 1837 avec la sœur de Natalia, Ekaterina Nikolaïevna Gontcharova  Екатерина Николаевна Гончарова (1809 -1843)


Duel le 8 février 1837
Mort le 10 février 1837 à 37 ans

Le duel Pouchkine – d’Anthès
le 8 février au soir
par Alexey Avvakumovich Naumov

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LE DUEL ET LA MORT DE POUCHKINE
par
Hélène Iswolsky

Mais il y eut aussi un autre Pouchkine, celui des dernières années, un Pouchkine sombre et triste, déchiré par la vie. Bien avant de recevoir la blessure qui devait l’emporter, il avait été meurtri, frappé mortellement au point le plus sensible de sa libre conscience de poète ; le drame intime de Pouchkine, et c’est ici qu’il s’éloigne de Lensky, ne fut pas essentiellement un drame d’amour ; le mal était plus grave et plus cruel et se rattachait à toutes les fibres de son âme. Son génie, sa fière indépendance, étaient touchés autant et plus peut-être que son cœur. Cette histoire complexe et douloureuse des dernières années du grand poète ne fut jamais complètement déchiffrée ; ses biographes récents s’y sont attachés avec un intérêt croissant. M. Stchegoleff, qui a consacré à Pouchkine plusieurs volumes d’une grande probité historique et de la plus haute valeur, a étudié minutieusement les faits et les documents se rattachant à cette époque. Il a eu, notamment, le privilège de puiser dans les archives d’un Français, le très distingué conservateur du Musée des Arts décoratifs de Paris ; M. Louis Metmann est en effet l’arrière-petit-fils du gentilhomme alsacien, le baron Georges d’Anthès Heckeren, dont la main porta le coup meurtrier à Alexandre Pouchkine….
Le duel et la mort de Pouchkine
Hélène Iswolsky
Revue des Deux Mondes
Tome 56
1920

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Natalia Gontcharova par Ivan Makarov
Ива́н Кузьми́ч Мака́ров
en 1849

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Georges de Heeckeren d’Anthès
Vers 1878
Peint par Carolus-Duran
D’Anthès prit le nom de Georges-Charles de Heeckeren, après accord du roi des Pays-Bas par lettre du 

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Depuis le 6 février 1837
La tombe de Pouchkine se trouve dans le Monastère Sviatogorski ou
Monastère Sviatogorski de la Dormition de la Vierge Marie
Святогорский Свято-Успенский монастырь
Oblast de Pskov – Пско́вская о́бласть
(Proche de la Lettonie, de l’Estonie et de la Biélorussie.)
Le monastère a été fondé en 1569, sous ordre d’Ivan le Terrible.
 

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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VILLA BORGHESE – ROME
Вилла Боргезе в Риме
Monumento a Alexander Pushkin
MONUMENT A ALEXANDRE POUCHKINE
Памятник А.С.Пушкину

Monumento a Alexander Pushkin - MONUMENT A ALEXANDRE POUCHKINE-artgitato Villa borghese Rome Roma 2

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PUSHKIN POEMS
LA POESIE DE POUCHKINE

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POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (I)
par Charles de Saint-Julien

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poésie de pouchkine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (II)

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poésie de pouchkine

POUCHKINE ET LE MOUVEMENT LITTERAIRE EN RUSSIE DEPUIS QUARANTE ANS (III)

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LA POESIE DE POUCHKINE

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LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

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poésie de Pouchkine