Madrid – Мадрид – 马德里
Estatua de Federico García Lorca Santa Ana
——
Photo Jacky Lavauzelle
*
PLAZA SANTA ANA MADRID
Place sainte Anne de Madrid
将圣安妮马德里
площади Санта-Ана в Мадриде
Statue de Federico García Lorca
Estatua de Federico García Lorca
Статуя Федерико Гарсиа Лорки
费德里科·加西亚·洛尔卡的雕像
1898-1936
Traduction Jacky Lavauzelle
Oda a Salvador Dalí
Ode à Salvador Dali
Una rosa en el alto jardín que tú deseas.
Une rose dans le haut jardin que tu désires.
Una rueda en la pura sintaxis del acero.
Une roue dans la pure syntaxe de l’acier.
Desnuda la montaña de niebla impresionista.
La montagne dénudée d’un brouillard impressionniste.
Los grises oteando sus balaustradas últimas.
Les gris regardent à leurs dernières balustrades.
Los pintores modernos en sus blancos estudios,
Les peintres modernes dans leurs ateliers blancs
cortan la flor aséptica de la raíz cuadrada.
coupent la fleur aseptique de la racine carrée.
En las aguas del Sena un ice-berg de mármol
Dans les eaux de la Seine un iceberg de marbre
enfría las ventanas y disipa las yedras.
glace les fenêtres et éparpille le lierre.
El hombre pisa fuerte las calles enlosadas.
Les pas décidés de l’homme les rues pavées.
Los cristales esquivan la magia del reflejo.
Les cristaux contournent la magie du reflet.
El Gobierno ha cerrado las tiendas de perfume.
Le Gouvernement a fermé les parfumeries.
La máquina eterniza sus compases binarios.
La machine perpétue son rythme binaire.
Una ausencia de bosques, biombos y entrecejos
Une absence de forêts, paravents et d’entre-sourcils
yerra por los tejados de las casas antiguas.
errant sur les toits des maisons anciennes.
El aire pulimenta su prisma sobre el mar
L’air polit son prisme sur la mer
y el horizonte sube como un gran acueducto.
et l’horizon se lève comme un grand aqueduc.
Marineros que ignoran el vino y la penumbra,
Les marins qui ignorent le vin et la tristesse,
decapitan sirenas en los mares de plomo.
décapitent les sirènes sur les mers de plomb.
La Noche, negra estatua de la prudencia, tiene
La Nuit, statue noire de prudence, tient
el espejo redondo de la luna en su mano.
Le rond miroir de la lune dans sa main.
Un deseo de formas y límites nos gana.
Un désir de formes et de limites nous gagne.
Viene el hombre que mira con el metro amarillo.
Il vient l’homme regardant avec un mètre jaune.
Venus es una blanca naturaleza muerta
Vénus est une nature morte blanche
y los coleccionistas de mariposas huyen.
et les collectionneurs de papillons fuient.
* * *
Cadaqués, en el fiel del agua y la colina,
Cadaques, les fidèles de l’eau et de la colline,
eleva escalinatas y oculta caracolas.
soulève des escaliers et cache des coquillages.
Las flautas de madera pacifican el aire.
Les flûtes en bois pacifient l’air.
Un viejo dios silvestre da frutas a los niños.
Un vieux dieu sauvage donne des fruits aux enfants.
Sus pescadores duermen, sin ensueño, en la arena.
Ses pêcheurs dorment, sans rêves, sur le sable.
En alta mar les sirve de brújula una rosa.
En haute mer, ils se servent en guise de boussole d’une rose.
El horizonte virgen de pañuelos heridos,
L’horizon vierge de tissus lésés,
junta los grandes vidrios del pez y de la luna.
fait se rencontrer les grands yeux vitreux du poisson et de la lune.
Una dura corona de blancos bergantines
Un couronne dure de brigantines blanches
ciñe frentes amargas y cabellos de arena.
enserre les front amers et les cheveux de sable.
Las sirenas convencen, pero no sugestionan,
Les sirènes convaincantes, mais ne nous séduisent pas,
y salen si mostramos un vaso de agua dulce.
et elles se montrent dans un verre d’eau fraîche.
* * *
¡Oh, Salvador Dalí, de voz aceitunada!
Ô, Salvador Dali, voix olivée !
No elogio tu imperfecto pincel adolescente
Je ne loue pas ton pinceau adolescent imparfait
ni tu color que ronda la color de tu tiempo,
ni ta couleur qui se complait dans la couleur de ton temps,
pero alabo tus ansias de eterno limitado.
mais je loue ton angoisse de l’éternel limité.
Alma higiénica, vives sobre mármoles nuevos.
Âme hygiénique, tu vis sur de nouveaux marbres.
Huyes la oscura selva de formas increíbles.
Tu fuis la forêt obscure d’incroyables formes.
Tu fantasía llega donde llegan tus manos,
Ton imagination va où atteignent tes mains,
y gozas el soneto del mar en tu ventana.
et tu adores le sonnet de la mer dans ta fenêtre.
El mundo tiene sordas penumbras y desorden,
Le monde est sourde obscurité et désordre,
en los primeros términos que el humano frecuenta.
dans les premiers termes que l’homme fréquente.
Pero ya las estrellas ocultando paisajes,
Mais les étoiles cachent des paysages,
señalan el esquema perfecto de sus órbitas.
et soulignent le contour parfait de leurs orbites.
La corriente del tiempo se remansa y ordena
Le courant du temps se calme et s’ordonne
en las formas numéricas de un siglo y otro siglo.
sous des formes numériques d’un siècle et d’un autre siècle.
Y la Muerte vencida se refugia temblando
Et la Mort vaincue se réfugie tremblante
en el círculo estrecho del minuto presente.
dans le cercle étroit de la présente minute.
Al coger tu paleta, con un tiro en un ala,
Pour prendre ta palette, avec un tir dans une aile,
pides la luz que anima la copa del olivo.
tu demandes la lumière qui anime la coupe de l’olivier.
Ancha luz de Minerva, constructora de andamios,
La grande lumière de Minerve, constructrice d’échafaudages,
donde no cabe el sueño ni su flora inexacta.
d’où ne trouvent ni le rêve ni sa flore inexacte.
Pides la luz antigua que se queda en la frente,
Tu demandes à la vieille lumière de rester sur le front,
sin bajar a la boca ni al corazón del bosque.
sans descendre à la bouche ou au cœur de la forêt.
Luz que temen las vides entrañables de Baco
Lumière craignant les vignes tendres de Bacchus
y la fuerza sin orden que lleva el agua curva.
et la force sans ordre qui supporte l’eau incurvé.
Haces bien en poner banderines de aviso,
Tu fais bien de poster des banderoles d’avertissement,
en el límite oscuro que relumbra de noche.
dans la limite sombre où brille la nuit.
Como pintor no quieres que te ablande la forma
En tant que peintre tu ne veux pas adoucir la forme
el algodón cambiante de una nube imprevista.
et ce coton changeant d’un nuage inattendu.
El pez en la pecera y el pájaro en la jaula.
Le poisson dans l’aquarium et l’oiseau dans la cage.
No quieres inventarlos en el mar o en el viento.
Tu ne veux pas les inventer en mer ou dans le vent.
Estilizas o copias después de haber mirado,
Tu sylises ou tu copies après avoir regardé,
con honestas pupilas sus cuerpecillos ágiles.
avec les yeux honnêtes ces petits corps agiles.
Amas una materia definida y exacta
Tu aimes une matière définie et précise
donde el hongo no pueda poner su campamento.
où le champignon ne peut pas installer son camp.
Amas la arquitectura que construye en lo ausente
Tu aimes l’architecture qui se fonde sur les absences
y admites la bandera como una simple broma.
et tu admets le drapeau comme une simple plaisanterie.
Dice el compás de acero su corto verso elástico.
Il est dit que le compas d’acier raconte son court verset élastique.
Desconocidas islas desmiente ya la esfera.
Îles inconnues démenties par la sphère.
Dice la línea recta su vertical esfuerzo
Ligne droite évoquant son vertical effort
y los sabios cristales cantan sus geometrías.
et les sages cristaux chantent leurs géométries.
*
Pero también la rosa del jardín donde vives.
Mais aussi la rose du jardin où tus vis.
¡Siempre la rosa, siempre, norte y sur de nosotros!
Toujours la rose, toujours, au nord et au sud de nous !
Tranquila y concentrada como una estatua ciega,
Calme et concentré comme une statue aveugle,
ignorante de esfuerzos soterrados que causa.
ignorante des efforts souterrains qu’elle engendre.
Rosa pura que limpia de artificios y croquis
Rose pure que lave des artifices et des croquis
y nos abre las alas tenues de la sonrisa
et qui nous ouvre les ailes légère du sourire
(Mariposa clavada que medita su vuelo).
(Papillon épinglé qui réfléchit son vol).
Rosa del equilibrio sin dolores buscados.
Rose de l’équilibre sans douleurs désirées.
¡Siempre la rosa!
Toujours la rose!
* * *
¡Oh, Salvador Dalí de voz aceitunada!
Ô Salvador Dali, voix olivée !
Digo lo que me dicen tu persona y tus cuadros.
Je dis ce qu’ils me disent : ta personne et tes peintures.
No alabo tu imperfecto pincel adolescente,
Aucune louange pour ton pinceauadolescent imparfait,
pero canto la firme dirección de tus flechas.
mais je chante le sens constant de tes flèches.
Canto tu bello esfuerzo de luces catalanas,
Je chante ton bel effort de lumières catalanes,
tu amor a lo que tiene explicación posible.
ton amour de ce qui est possible et explicable.
Canto tu corazón astronómico y tierno,
Je chante ton cœur astronomique et tendre,
de baraja francesa y sin ninguna herida.
de cartes françaises et sans aucune blessure.
Canto el ansia de estatua que persigues sin tregua,
Je sens cette inquiétude de la statue que tu poursuis sans relâche,
el miedo a la emoción que te aguarda en la calle.
la peur de l’excitation qui t’attend dans la rue.
Canto la sirenita de la mar que te canta
Je chante la petite sirène de la mer qui te chante
montada en bicicleta de corales y conchas.
montée sur son vélo de coraux et de coquillages.
Pero ante todo canto un común pensamiento
Mais surtout je chante une pensée commune
que nos une en las horas oscuras y doradas.
qui nous unit dans les heures sombres et dorées.
No es el Arte la luz que nos ciega los ojos.
La lumière de l’Art n’aveugle pas nos yeux.
Es primero el amor, la amistad o la esgrima.
Mais plutôt l’amour, l’amitié ou l’escrime.
Es primero que el cuadro que paciente dibujas
Avant ce cadre que, patient, tu peins,
el seno de Teresa, la de cutis insomne,
le sein de Thérèse dans sa peau insomniaque,
el apretado bucle de Matilde la ingrata,
la boucle serrée de l’ingrate Mathilde,
nuestra amistad pintada como un juego de oca.
notre amitié peinte comme un jeu de l’oie.
Huellas dactilográficas de sangre sobre el oro,
Des traces dactylographiées de sang sur l’or,
rayen el corazón de Cataluña eterna.
Rayant le cœur de la Catalogne éternelle.
Estrellas como puños sin halcón te relumbren,
Des étoiles comme des poings sans faucon t’éclairent,
mientras que tu pintura y tu vida florecen.
tandis que ta peinture et ta vie prospèrent.
No mires la clepsidra con alas membranosas,
Ne regarde pas la clepsydre avec ses ailes membraneuses,
ni la dura guadaña de las alegorías.
ou la faux durcie des allégories.
Viste y desnuda siempre tu pincel en el aire
Habille et déshabille toujours ton pinceau dans l’air
frente a la mar poblada de barcos y marinos.
face à la mer peuplée de barques et de marins.
******
Traduction Jacky Lavauzelle
Ode à Salvador Dali