SONNET IX LUIS DE CAMOES SONETO IX – Tanto de meu estado me acho incerto,

SONNET IX LUIS DE CAMOES SONETO IX
Tanto de meu estado me acho incerto
LITTERATURE PORTUGAISE

Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

Luis de Camões
[1525-1580]

Tradução – Traduction
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades

 

Obra Poética

SONNETS
SONETOS

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Œuvre de Luis de Camoes

 Sonetos de Luís Vaz de Camões
Les Sonnets de Camoes

Traduction Jacky Lavauzelle

SONETO IX
SONNET IX

Tanto de meu estado me acho incerto, 
Je me trouve incertain dans un double état,
Que em vivo ardor tremendo estou de frio;
Je brûle vif tout en grelotant de froid ;
Sem causa, juntamente choro e rio,
Sans raison, dans le même instant, je pleure et je ris
O mundo todo abarco e nada aperto.
Le monde entier j’embrasse et rien n’étreins.

*

É tudo quanto sinto um desconcerto;
Et voilà que je m’égare ;
Da alma um fogo me sai, da vista um rio;
De mon âme un feu violent, de mes yeux une rivière ;
Agora espero, agora desconfio,
Maintenant j’espère, maintenant je désespère,
Agora desvario, agora acerto.
Maintenant la folie, maintenant la raison.

*

Estando em terra, chego ao Céu voando,
Être sur la terre, voler dans le Ciel,
Numa hora acho mil anos, e é de jeito
En une heure vivre mille ans, mais
Que em mil anos não posso achar uma hora.
En mille ans ne peut pas trouver une heure.

*

Se me pergunta alguém porque assim ando,
Si on me demande pourquoi ainsi je suis,
Respondo que não sei; porém suspeito
Je réponds que je n’en sais rien ; mais je soupçonne
Que só porque vos vi, minha Senhora.
Seulement, ma Dame, que c’est que je vous ai vue.

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Sonnet IX Luis de Camoes Soneto IX

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LA POESIE AMOUREUSE DE CAMOES
par CHARLES MAGNIN
et une traduction du neuvième sonnet

Revue des Deux Mondes – 1832 – tome 6
Charles Magnin
Littérature étrangère – Luiz de Camoëns

« Les poésies de Camoens qui se rapportent à ces premiers temps d’amour, sont pleines de passion et de délire. En voici un échantillon:

SONNET IX.

«Je suis en proie à un état indéfinissable ; je frissonne et je brûle à-la-fois ; je pleure et ris au même instant, sans en savoir la cause. J’embrasse le monde entier et je ne puis rien étreindre. Toutes mes facultés sont bouleversées : mon âme exhale un feu terrible ; des ruisseaux de larmes coulent de mes yeux. Tantôt j’espère, tantôt je me décourage ; quelquefois je dé« lire, d’autres fois ma raison revient. Je suis sur la terre et ma pensée traverse l’espace. En une heure je vis une année ; en mille années je n’en puis trouver une qui me satisfasse. Si quelqu’un me demande pourquoi je suis ainsi, je répondrai que je l’ignore. Je soupçonne cependant, madame, que c’est pour vous avoir vue. »

Une passion si violente et si ingénieuse à-la-fois dut être payée de retour ; mais le rang et la fortune élevaient entre les deux amans une barrière infranchissable. Les parens de sa maîtresse, puissans à la cour, intervinrent, et un ordre d’exil éloigna Camoens de Lisbonne. »

 

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Sonnet IX Luis de Camoes Soneto IX

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