Poème de Giacomo Leopardi LA GINESTRA O FIORE DEL DESERTO LE GENÊT OU LA FLEUR DU DESERT

LA GINESTRA O FIORE DEL DESERTO
LE GENÊT OU LA FLEUR DU DESERT
POEME DE GIACOMO LEOPARDI
 

Traduction – Texte Bilingue
JACKY LAVAUZELLE

LITTERATURE ITALIENNE

 

Letteratura Italiana

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ritratto A Ferrazzi
Portrait de Ferrazzi
casa Leopardi
Recanati
Via Giacomo Leopardi

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GIACOMO LEOPARDI
29 juin 1798 Recanati 14 juin 1837 Naples
Recanati 29 giugno 1798 –
Napoli 14 giugno 1837

Traduction Jacky Lavauzelle

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LA GINESTRA O FIORE DEL DESERTO
Poesia Giacomo Leopardi

CANTI XXXIV

LE GENÊT
ou LA FLEUR DU DESERT
LES CHANTS XXXIV

Poème de GIACOMO LEOPARDI

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LA GINESTRA O FIORE DEL DESERTO Poème de GIACOMO LEOPARDI Poesia
LE GENÊT ou LA FLEUR DU DESERT

estratto- extrait

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E gli uomini vollero piuttosto
le tenebre che la luce.
Giovanni, III -19
[Et la lumière est arrivée sur le monde] et les hommes préférèrent les ténèbres plus que la lumière, [car leurs œuvres n’étaient pas bonnes]
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean
Chapitre 3 -19

Qui su l’arida schiena
Ici, sur la crête aride
Del formidabil monte
Du formidable mont.
Sterminator Vesevo,
Exterminateur Vésuve,
La qual null’altro allegra arbor nè fiore,
Qui ne rend joyeux aucun autre arbre, ni aucune fleur,
Tuoi cespi solitari intorno spargi,
Tu atomises ces plantes solitaires,
Odorata ginestra,
Ce genêt odorant,
Contenta dei deserti. Anco ti vidi
Qui du désert se satisfait. Aussi je t’ai vu
De’ tuoi steli abbellir l’erme contrade
De tes tiges embellir les quartiers
Che cingon la cittade
Qui encerclent la ville
La qual fu donna de’ mortali un tempo,
Toi qui fus la patronne des mortels, un temps,
E del perduto impero
Et de l’empire perdu
Par che col grave e taciturno aspetto
Ils semblent par cet aspect sérieux et taciturne
Faccian fede e ricordo al passeggero.
Porter la foi et l’espoir des promeneurs.
Or ti riveggo in questo suol, di tristi
Je te revois sur ce sol des tristes
Lochi e dal mondo abbandonati amante,
amants abandonnés du monde,
 E d’afflitte fortune ognor compagna.
Et toujours compagnon de fortunes affligées.
Questi campi cosparsi
Ces champs parsemés
Di ceneri infeconde, e ricoperti
Des cendres stériles, et couverts
Dell’impietrata lava,
De laves statufiées,
Che sotto i passi al peregrin risona;
Qui sous les marches du pèlerin résonnent ;
Dove s’annida e si contorce al sole
Où niche et se tortille dans le soleil
La serpe, e dove al noto
Le serpent, et où l’habituel
Cavernoso covil torna il coniglio;
Terrier attend le retour du lapin ;
Fur liete ville e colti,
Jadis les villas et les cultures,
  E biondeggiàr di spiche, e risonaro
Les épis prospéraient et résonnaient
Di muggito d’armenti;
Les bruits du bétail ;
  Fur giardini e palagi,
Jadis les jardins et les palais,
Agli ozi de’ potenti
Villégiatures des puissants
Gradito ospizio; e fur città famose
Et des délassements ; jadis de célèbres villes
Che coi torrenti suoi l’altero monte
Sur qui en ruisseaux la haute montagne
Dall’ignea bocca fulminando oppresse
Par sa bouche béante condamna
  Con gli abitanti insieme. Or tutto intorno
Tous ses habitants. Ou tout autour
Una ruina involve,
Une ruine réside,
Dove tu siedi, o fior gentile, e quasi
Où tu es assise, gentille fleur, et comme
I danni altrui commiserando, al cielo
Pour pardonner, au ciel
Di dolcissimo odor mandi un profumo,
Tu envoies un parfum aux suaves fragrances,
  Che il deserto consola. A queste piagge
Qui console le désert. Que, sur ces pentes,
 Venga colui che d’esaltar con lode
Vienne celui qui exalte avec louange
Il nostro stato ha in uso, e vegga quanto
Notre état, pour qu’il puisse voir combien
E’ il gener nostro in cura
Elle prend soin de nous
All’amante natura. E la possanza
Cette nature aimante. Et de la puissance
Qui con giusta misura
Se faire une juste mesure
Anco estimar potrà dell’uman seme,
Ou évaluer le  genre humain,
Cui la dura nutrice, ov’ei men teme,
Que la dure nourrice,
Con lieve moto in un momento annulla
Par un léger geste annule
  In parte, e può con moti
En partie, et peut par des mouvements
Poco men lievi ancor subitamente
A peine sensible subitement
Annichilare in tutto.
Anéantir tout.
Dipinte in queste rive
Les peintures sur ces rives
Son dell’umana gente
Proviennent des hommes
Le magnifiche sorti e progressive.
Quel magnifique destin de progrès.

*

Qui mira e qui ti specchia,
Ici, Regarde ! ici tu peux admirer,
Secol superbo e sciocco,
Le siècle arrogant et stupide,
Che il calle insino allora
Qui oublie la voie
 Dal risorto pensier segnato innanti
Cherchant à restaurer la pensée
Abbandonasti, e volti addietro i passi,
Il l’abandonne, et pensant passer les étapes,
Del ritornar ti vanti,
En te retournant tu te vantes,
 E proceder il chiami.
Et te satisfait de ton appel.
Al tuo pargoleggiar gl’ingegni tutti,
Tous les génies te servent ,
Di cui lor sorte rea padre ti fece,
Leur sort est dans tes mains,
Vanno adulando, ancora
Ils te flattent, encore
 Ch’a ludibrio talora
Qu’ils te moquent
T’abbian fra se. Non io
Parfois entre eux. Non
Con tal vergogna scenderò sotterra;
Avec une telle honte je ne descendrai pas sous terre;
 Ma il disprezzo piuttosto che si serra
Mais le mépris que j’ai
Di te nel petto mio,
De toi en ma poitrine,
Mostrato avrò quanto si possa aperto:
Je l’ai montré autant qu’il en était possible :
 Ben ch’io sappia che obblio
Je sais bien que l’oubli
 Preme chi troppo all’età propria increbbe.
Suit celui qui afflige son temps.
Di questo mal, che teco
Cette douleur, qui avec toi
Mi fia comune, assai finor mi rido.
Est commune, j’en ris finalement.
 Libertà vai sognando, e servo a un tempo
Tu rêves de liberté, en l’assouvissant en même temps
 Vuoi di novo il pensiero,
Tu veux de nouveau la pensée,
   Sol per cui risorgemmo
Qui seule peut la ressusciter
 Della barbarie in parte, e per cui solo
De la barbarie en partie, et ainsi seulement
 Si cresce in civiltà, che sola in meglio
Faire avancer la civilisation, qui seule peut
Guida i pubblici fati.
Guider les destins de tous.

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ALFRED DE MUSSET GRAND LECTEUR DE GIACOMO LEOPARDI
DEUX ÂMES SOEURS

Outre les sonnets de Michel-Ange, Alfred relisait sans cesse, jusqu’à les savoir par cœur, les poésies de Giacomo Leopardi, dont les alternatives de sombre tristesse et de douce mélancolie répondaient à l’état présent de son esprit. Lorsqu’il frappait sur la couverture du volume, en disant : « Ce livre, si petit, vaut tout un poème épique, » il sentait que l’âme de Leopardi était sœur de la sienne. Les Italiens ont la tête trop vive pour aimer beaucoup la poésie du cœur. Il leur faut du fracas et de grands mots. Plus malheureux qu’Alfred de Musset, Leopardi n’a pas obtenu justice de ses compatriotes, même après sa mort. Alfred en était révolté. Il voulut d’abord écrire un article, pour la Revue des Deux-Mondes, sur cet homme qu’il considérait comme le premier poète de l’Italie moderne. Il avait même recueilli quelques renseignements biographiques, dans ce dessein ; mais, en y rêvant, il préféra payer en vers son tribut d’admiration et de sympathie au Sombre amant de la Mort. De là sortit le morceau intitulé Après une lecture, qui parut le 15 novembre 1842.
En faisant la part de son exagération naturelle et de son excessive sensibilité, il faut pourtant reconnaître que, dans cette fatale année 1842, les blessures ne furent pas épargnées à Alfred de Musset. Il se plaignait que, de tous les côtés à la fois, lui venaient des sujets de désenchantement, de tristesse et de dégoût. « Je ne vois plus, disait-il, que les revers de toutes les médailles. »

Paul de Musset
Biographie de Alfred de Musset
Troisième partie
1837-1842
Charpentier, 1888
pp. 185-284

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LA GINESTRA O FIORE DEL DESERTO
LE GENÊT OU LA FLEUR DU DESERT
Poème de Giacomo Leopardi Poesia