MADEMOISELLE DIENCHEN – Poème de Clemens BRENTANO – Kennt ihr das Fräulein Dienchen nicht – 1797

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LITTERATURE ALLEMANDE


Deutsch Poesie –  Deutsch Literatur

Clemens Brentano

9 septembre 1778 – 28 juillet 1842
9. September 1778 Ehrenbreitstein (Koblenz)- 28. Juli 1842 Aschaffenburg

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle

 


LA POESIE DE
CLEMENS BRENTANO

Heinrich Deiters, Der Waldsee

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MADEMOISELLE DIENCHEN
Kennt ihr das Fräulein Dienchen nicht

Entstanden um 1797
Ecrit vers 1797

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Kennt ihr das Fräulein Dienchen nicht.
Vous ne connaissez pas Mademoiselle Dienchen.
Sie hat ein Tabaksdosengesicht
Elle a un visage en forme de tabatière
So etwas wie ’ne Nase drinne
Comme si elle avait un nez à l’intérieur
Und den Charakter einer Spinne.
Et le caractère d’une araignée.
Hat man mit dem Vergrößrungsglase
Vous aurez besoin d’une loupe
Endlich gefunden ihre Nase
Si vous voulez trouver son nez
So mußt du Mikroskope brauchen
Vous aurez besoin d’un microscope
So findst du nie die Katzenaugen.
Car vous ne trouverez jamais ses yeux de chat comme ça.
Ihr dickes Haar ist tölpisch aufgebaut
Ses cheveux épais sont fragiles
Doch niemand schimpfe ihre Haut
Mais personne ne songe à critiquer sa peau
Sie ist so fein so zart so weiß
Si fine, si délicate et si blanche
Als wie ein alter Hühnersteiß.
Comme une vieille croupe de poulet.

Schad’ daß ein Hügelchen den schönen Wuchs befleckt
C’est dommage qu’une colline tache la belle croissance
Das erst vor kurzer Zeit ein Kenneraug’ entdeckt.
Qu’a récemment découvert l’œil d’un connaisseur.
In ihrem magern Unterleib
Dans son ventre amaigri
Brummt oft ein Wind zum Zeitvertreib.
Un vent bourdonne souvent pour passer le temps.

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L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE

On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.

par Henri Blaze
Clément brentano
Lettres de jeunesse de Clément à Bettina
Revue des Deux Mondes
période initiale, tome 9, 1845



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