L’INFINITO GIACOMO LEOPARDI L’INFINI – CANTI XII LES CHANTS

L’Infinito Giacomo Leopardi

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE

 

Letteratura Italiana

giacomo-leopardi-poesie-poesia-artgitato-ferrazzi-casa-leopardi

ritratto A Ferrazzi
Portrait de Ferrazzi
casa Leopardi
Recanati
Via Giacomo Leopardi

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GIACOMO LEOPARDI
29 juin 1798 Recanati 14 juin 1837 Naples
Recanati 29 giugno 1798 –
Napoli 14 giugno 1837

Traduction Jacky Lavauzelle

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L’INFINITO Giacomo Leopardi
CANTI XII

L’INFINI
LES CHANTS XII

OEUVRE DE GIACOMO LEOPARDI

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linfinito-giacomo-leopardi-linfini-artgitato-caspar-david-friedrich-le-voyageur-contemplant-une-mer-de-nuages Caspar David Friedrich
Le Voyageur contemplant une mer de nuages
Il Viandante sul mare di nebbia,
Der Wanderer über dem Nebelmeer
1818
Hambourg Kunsthalle

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L’INFINITO GIACOMO LEOPARDI

 

Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
Je chéris depuis toujours cette colline inhabitée,
e questa siepe, che da tanta parte
et cette barrière qui, de tous côtés,
dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Occulte le lointain horizon.
 Ma, sedendo e mirando, interminati
Mais, je suis assis et regarde, les illimités
spazi di lá da quella, e sovrumani
Espaces et les surhumains
silenzi, e profondissima quiete
silences, et le profond calme
io nel pensier mi fingo; ove per poco
Dans mes pensées inventées ; un frôlement
il cor non si spaura. E come il vento
Epouvanterait mon cœur. Et le vent
 odo stormir tra queste piante, io quello
Je l’entends bruissant à travers les arbres,
  infinito silenzio a questa voce
Ce silence infini à cette voix
e le morte stagioni, e la presente
et aux saisons mortes,
vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
Je compare : et en moi, l’éternel me revient,
e viva, e il suon di lei. Cosí tra questa
et la vie et le son de celle-ci. Ainsi, entre cette
 immensitá s’annega il pensier mio;
immensité, ma pensée se noie ;
e il naufragar m’è dolce in questo mare.
et combien m’est doux ce naufrage dans cette mer.

infinito

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ALFRED DE MUSSET GRAND LECTEUR DE GIACOMO LEOPARDI
DEUX ÂMES SOEURS

Outre les sonnets de Michel-Ange, Alfred relisait sans cesse, jusqu’à les savoir par cœur, les poésies de Giacomo Leopardi, dont les alternatives de sombre tristesse et de douce mélancolie répondaient à l’état présent de son esprit. Lorsqu’il frappait sur la couverture du volume, en disant : « Ce livre, si petit, vaut tout un poème épique, » il sentait que l’âme de Leopardi était sœur de la sienne. Les Italiens ont la tête trop vive pour aimer beaucoup la poésie du cœur. Il leur faut du fracas et de grands mots. Plus malheureux qu’Alfred de Musset, Leopardi n’a pas obtenu justice de ses compatriotes, même après sa mort. Alfred en était révolté. Il voulut d’abord écrire un article, pour la Revue des Deux-Mondes, sur cet homme qu’il considérait comme le premier poète de l’Italie moderne. Il avait même recueilli quelques renseignements biographiques, dans ce dessein ; mais, en y rêvant, il préféra payer en vers son tribut d’admiration et de sympathie au Sombre amant de la Mort. De là sortit le morceau intitulé Après une lecture, qui parut le 15 novembre 1842.
En faisant la part de son exagération naturelle et de son excessive sensibilité, il faut pourtant reconnaître que, dans cette fatale année 1842, les blessures ne furent pas épargnées à Alfred de Musset. Il se plaignait que, de tous les côtés à la fois, lui venaient des sujets de désenchantement, de tristesse et de dégoût. « Je ne vois plus, disait-il, que les revers de toutes les médailles. »

Paul de Musset
Biographie de Alfred de Musset
Troisième partie
1837-1842
Charpentier, 1888
pp. 185-284