LE TUEUR DE MOUCHES – Poème de Jacky Lavauzelle

Poésie
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Poème de Jacky Lavauzelle


LE TUEUR DE MOUCHES

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Voici le temps des fins de ronde
Voici la fin d’un monde
De la mouche attentionnée comme de celle qui n’en a rien à foutre
De la sérieuse à la branleuse drosophile
De la chieuse à la redoutable guerrière
Un plateau calme, elles se cachent – elles sont toutes là
Sur la table désertée
En une dernière ronde funèbre
Les pattes en vrac et le reste pas mieux
La belle et le couillon – la souillon et le coquin
Le débile et l’intello
Le stratège et le suiviste
Après un bref et dernier coït
La main un temps s’est abattue
Le sexe encore vivace avec les yeux s’est retrouvé
Un sexe encore collant
Et battant désormais dans le vide de la pièce
Qui un temps semble vide
La main s’est abattue
A force de me faire chier
Mon courroux s’est abattu
Bête et vengeur
Sur la ménagère autant que sur son partenaire.
Sur celle de passage comme celle qui demeure

Les vivantes viennent sucer les viscères des congénères
Et ça tête, ça tête
Le goût des bonnes choses
Du sang et du sucre
A s’en mettre la trompe en trompette
Et je peste et peste encore
Sur ces innombrables chieuses

Et ça nique et fornique
Oubliant l’hécatombe attablée
ça n’en a rien de foutre
De la mort et des obsèques
Et des ventres déchirés
La vie se prend en écartant les pattes
Autant des mortes que des volantes

Sans dégout ni joie
C’est jamais un dimanche
C’est toujours jour de fête
Mais sans fête et sans larmes
Je tourne pour faire chier
Et faire chier je le fais avec tant et tant de persévérance
J’attends la fin du tour
Je les vois qui niquent au loin
Trop tard !

Une autre salope tourne autour de mes doigts
Sans joie ni dégoût
Sans fête et sans larmes
Sans la peur de mon ombre
Je lui explose et la tête et les fesses
Cette salope ne tournera plus
C’est sans compter sa sœur, sa mère ou sa fille





Ainsi tournent les hommes
Comme les mouches qui nous collent
Une main au loin s’abat
Que personne n’attend
Le courroux s’est abattu
Mais on s’en fout
La tête dans le pot de mirabelles
Et la tête dans le cul de la voisine,
De sa sœur, de sa mère ou de sa fille


 







 

 

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