Malaysia
Voyage en Malaisie
PHOTO JACKY LAVAUZELLE
Balai Seni Visual Negara
BSVN
Haslin Ismail
The Death & The Misery
LA MORT ILLISIBLE
Visiter Kuala Lumpur
Meneroka kota Kuala Lumpur
Melawat Kuala Lumpur
吉隆坡
Куала-Лумпур
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Balai Seni Visual Negara
LA GALERIE NATIONALE DES ARTS VISUELS DE KUALA LUMPUR
国家视觉艺术画廊在吉隆坡
National Visual Arts Gallery
Haslin Ismail
LA MORT & LA MISERE
THE DEATH & THE MISERY
Acrylic, cotton string with Japanese Style bookbinding on industrial paper. Variable
Acrylique, ficelle de coton avec reliure de style japonais sur papier industriel.
2016/2017
Haslin Ismail
Né en 1984, Johor (Etat au sud de la Péninsule Malaisienne, entoure Singapour par le nord)
Haslin Ismail vit et travaille à Kuala Lumpur
Haslin Ismail depuis les années 2000 participe à de nombreuses manifestations collectives et depuis 2009 montre sa production artistique à partir de Fantasy Worlds of Haslin Ismail. Il continue sa participation aux expressions collectives : Dazed in Mazes en 2009, Locals Only ! en 2010, Boleh ! en 2010, Art For Nature en 2011, Young Malaysian Artists : New Objec(tion) en 2011.
Haslin Ismail cultive une œuvre personnelle tragique et noire, remplie de corps décharnés et squelettiques, de robots gigantesques, de corps monstrueux, troués et entubés, de robots humanisés et d’humains robotisés. Un monde proche de la bande dessinée de science fiction avec des contradictions que nous retrouverons dans la composition qui nous intéresse à cet instant.
Dans cette œuvre qui est présentée au Balai Seni Visual Negara de Kuala Lumpur, Haslin Ismail nous propose un grand livre noir mystérieux, immense, aux pages gigantesques, sorte d’obscure livre occulte où des têtes sont posées et se superposent. Une toile de même facture est posée toute proche contre le mur avec 3 cadavres à la musculature saillante.
Si nous sommes d’accord avec Beuys qui voyait l’art comme une thérapie, alors nous sommes mal et vraiment malades. Notre horizon est sombre et, en fait, ne l’est-il pas ?
Nous retrouvons des têtes qui semblent sorties des corps décapités de Jean-Charles Blais posés sur un livre si grand que nous ne pouvons plus le lire. Les pages s’offrent à nous mais nous dépassent, littéralement, comme si le texte ne pouvait que nous être impossible à déchiffrer. Comme s’il était interdit, défendu.
Il y a le lieu sacralisé qui nous l’interdit, mais aussi l’espace qui malgré sa dimension ne se prête pas à une simple et ordinaire lecture.
Haslin Ismail ne réduit pas son œuvre à cette seule contradiction. Les morts de la toile semblent tellement plus vivants que les vivants du livre. Ces derniers attendent hagards quand les premiers semblent sourire, nous sourire ?, toutes dents dehors et muscles saillants. Car les vivants sont misérables et passifs sur le papier. Attendant comme une mise à mort, comme dans un abattoir. Mais dans la vision de son œuvre plus intime, comme nous le soulignions plus haut, ces contradictions sont devenues familières.
La simultanéité des œuvres, la verticale, les morts, et l’horizontale, les vivants, apportent à la complexité du vivant et au questionnement sur la mort, sachant que la narration du livre rejoindra la toile vers le néant de la mort, dans ce surréalisme triomphant. La lumière est alors, déjà, superflue. Elle s’évanouit lentement laissant les corps et les têtes en attente.
Et si le livre ne se lit pas, nous en connaissons tous la fin.
Jacky Lavauzelle