Johann Wofgang von Goethe
FAUST
Der Tragödie erster Teil
La tragédie Première partie
(jusqu’à « Die ird’sche Brust im Morgenrot ! » )
Traduction Jacky Lavauzelle – artgitato.com
Nacht – La nuit
In einem hochgewölbten, engen gotischen Zimmer Faust, unruhig auf seinem Sessel am Pulte.
Dans une étroite chambre gothique où apparaît une voûte élevée, Faust, inquiet, est assis devant son pupitre.
FAUST
seul.
Habe nun, ach! Philosophie,
Qu’ai-je maintenant ? hélas! La philosophie,
Juristerei und Medizin,
Le droit et la médecine,
Und leider auch Theologie
Et malheureusement aussi la théologie
Durchaus studiert, mit heißem Bemühn.
Certes, j’ai étudié avec une ardeur torride.
Da steh ich nun, ich armer Tor!
Me voici maintenant, moi, pauvre fou!
Und bin so klug als wie zuvor ;
Et je ne suis pas plus sage que naguère ;
Heiße Magister, heiße Doktor gar,
On m’appelle Maître, on me nomme même Docteur volontiers,
Und ziehe schon an die zehen Jahr
Et, je mène, depuis dix ans déjà
Herauf, herab und quer und krumm
A droite, à gauche, à tort et à travers
Meine Schüler an der Nase herum-
Mes étudiants par le bout du nez –
Und sehe, daß wir nichts wissen können!
Et je vois que nous ne pouvons rien connaître !
Das will mir schier das Herz verbrennen.
Ceci me dévaste le cœur.
Zwar bin ich gescheiter als all die Laffen,
Oui, je suis bien plus intelligent que tous ces escrocs,
Doktoren, Magister, Schreiber und Pfaffen ;
Les médecins, enseignants, scribes et prêtres ;
Mich plagen keine Skrupel noch Zweifel,
Je ne m’encombre ni de scrupules ni de doutes,
Fürchte mich weder vor Hölle noch Teufel-
Je ne crains ni l’Enfer ni le Diable –
Dafür ist mir auch alle Freud entrissen,
Pour moi, toute joie m’a abandonné,
Bilde mir nicht ein, was Rechts zu wissen,
Je ne vois rien de bien à connaître,
Bilde mir nicht ein, ich könnte was lehren,
Je ne vois rien que je puisse enseigner
Die Menschen zu bessern und zu bekehren.
Pour améliorer les hommes et les convertir.
Auch hab ich weder Gut noch Geld,
Aussi n’ai-je ni argent ni trésors,
Noch Ehr und Herrlichkeit der Welt ;
Ni honneur et ni la gloire du monde ;
Es möchte kein Hund so länger leben!
Aucun chien ne vivrait vivre ainsi aussi longtemps !
Drum hab’ ich mich der Magie ergeben,
Voilà pourquoi je me suis initiée à la magie,
Ob mir durch Geistes Kraft und Mund
Voir si à travers la puissance et la voix de l’Esprit
Nicht manch Geheimnis würde kund ;
Des secrets pourraient être dévoilés ;
Daß ich nicht mehr mit saurem Schweiß
Afin de ne plus avoir à porter cette sueur aigre
Zu sagen brauche, was ich nicht weiß;
Pour dire que je ne sais rien ;
Daß ich erkenne, was die Welt
Afin que je sache ce qu’est le monde,
Im Innersten zusammenhält,
Dans le plus profond de sa composition,
Schau alle Wirkenskraft und Samen,
Tout en contemplant les forces en action et les créations,
Und tu’ nicht mehr in Worten kramen.
Et ne plus avoir à creuser avec des mots vains.
O sähst du, voller Mondenschein,
Oh ! Si tu te fixais, toi la pleine lune,
Zum letztenmal auf meine Pein,
Une dernière fois encore sur ma peine,
Den ich so manche Mitternacht
Toi que, tant de fois à minuit,
An diesem Pult herangewacht :
Sur ce chapitre, j’ai espéré,
Dann über Büchern und Papier,
Entouré de livres et de papiers,
Trübsel’ger Freund, erschienst du mir!
Triste amie, que tu m’apparaisses!
Ach! könnt ich doch auf Bergeshöhn
Ah ! Si je pouvais sur le sommet des montagnes
In deinem lieben Lichte gehn,
Dans ton aimable lumière de votre amour déambuler,
Um Bergeshöhle mit Geistern schweben,
Planer avec les Esprits autour des grottes des montagnes,
Auf Wiesen in deinem Dämmer weben,
Tisser au-dessus des prairies dans ton crépuscule,
Von allem Wissensqualm entladen,
Libéré de toute connaissance fumeuse,
In deinem Tau gesund mich baden!
Dans ta rosée, me baigner sainement!
Weh ! steck ich in dem Kerker noch?
Malheur ! Encore végéter dans cette geôle ?
Verfluchtes dumpfes Mauerloch,
Trou infâme au mur terne,
Wo selbst das liebe Himmelslicht
Où même la douce lumière du ciel
Trüb durch gemalte Scheiben bricht!
Se trouble à travers les vitraux !
Beschränkt mit diesem Bücherhauf,
Gardé par cette montagne de livres,
Den Würme nagen, Staub bedeckt,
Que les vers grignotent, que la poussière recouvre,
Den bis ans hohe Gewölb hinauf
Le chemin jusqu’à la haute voûte
Ein angeraucht Papier umsteckt;
Est entouré de papiers enfumés ;
Mit Gläsern, Büchsen rings umstellt,
Par des lunettes, des boîtes, entourés,
Mit Instrumenten vollgepfropft,
Au milieu d’instruments entassés,
Urväter Hausrat drein gestopft-
Un capharnaüm ancestral –
Das ist deine Welt! das heißt eine Welt!
C’est là ton monde! Ça s’appelle un monde!
Und fragst du noch, warum dein Herz
Et tu demandes encore pourquoi ton cœur
Sich bang in deinem Busen klemmt?
Est oppressé dans ta poitrine ?
Warum ein unerklärter Schmerz
Pourquoi une douleur inexpliquée
Dir alle Lebensregung hemmt ?
Inhibe en toi toute volonté de vie ?
Statt der lebendigen Natur,
Plutôt que la nature pleine de vie,
Da Gott die Menschen schuf hinein,
Là où Dieu mit sa créature humaine,
Umgibt in Rauch und Moder nur
Entourée seulement de fumée et moisissure
Dich Tiergeripp und Totenbein.
De squelettes bestiaux et d’ossements.
Flieh ! auf ! hinaus ins weite Land!
Fuyez ! Debout ! Vers le grand large !
Und dies geheimnisvolle Buch,
Et ce livre mystérieux,
Von Nostradamus’ eigner Hand,
De la main de Nostradamus,
Ist dir es nicht Geleit genug?
N’est-il pas pour toi une agréable compagne ?
Erkennest dann der Sterne Lauf,
Tu connaîtras l’intimité des étoiles,
Und wenn Natur dich Unterweist,
Et si la nature t’instruit,
Dann geht die Seelenkraft dir auf,
Alors la force de l’âme se révèlera,
Wie spricht ein Geist zum andren Geist.
Comme parle un esprit à un autre esprit.
Umsonst, daß trocknes Sinnen hier
Il est vain que nos sens ici asséchés
Die heil’gen Zeichen dir erklärt :
Interprètent les caractères sacrés :
Ihr schwebt, ihr Geister, neben mir ;
Vous planez, Vous, Esprits, à côté de moi ;
Antwortet mir, wenn ihr mich hört !
Répondez-moi, si vous m’entendez !
(Er schlägt das Buch auf und erblickt das Zeichen des Makrokosmus.)
(Il ouvre le livre et voit le signe du Macrocosme)
Ha! welche Wonne fließt in diesem Blick
Ha! Quel bonheur coule dans cette vue
Auf einmal mir durch alle meine Sinnen!
Soudain à travers tous mes sens!
Ich fühle junges, heil’ges Lebensglück
Je me sens jeune, avec une joie de vivre
Neuglühend mir durch Nerv’ und Adern rinnen.
Qui ruisselle en à travers mes nerfs et mes veines.
War es ein Gott, der diese Zeichen schrieb,
Serait-ce Dieu qui a écrit ces caractères,
Die mir das innre Toben stillen,
Qui calme en moi cette rage silencieuse,
Das arme Herz mit Freude füllen,
Qui remplit ce pauvre cœur de joie,
Und mit geheimnisvollem Trieb
Et avec un instinct mystérieux
Die Kräfte der Natur rings um mich her enthüllen?
Les forces de la nature se révèlent en moi?
Bin ich ein Gott? Mir wird so licht !
Suis-je un Dieu? En moi tout devient si clair !
Ich schau in diesen reinen Zügen
Je regarde dans ces purs traits
Die wirkende Natur vor meiner Seele liegen.
La nature créatrice devant mon âme.
Jetzt erst erkenn ich, was der Weise spricht :
Seulement maintenant, je comprends ce que le Sage dit:
« Die Geisterwelt ist nicht verschlossen ;
« Le monde de l’esprit n’est pas fermé ;
Dein Sinn ist zu, dein Herz ist tot!
Ta compréhension lui l’est, ton cœur enfin est mort!
Auf, bade, Schüler, unverdrossen
Lève-toi !, Va te baigner, disciple infatigable !
Die ird’sche Brust im Morgenrot ! »
La poitrine terrestre face à l’aurore ! «
(er beschaut das Zeichen.)
(Il contemple les caractères)