CUEILLIR DES ETOILES DANS LE CIEL – Poème de Clemens BRENTANO – Hörst du wie die Brunnen rauschen

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LITTERATURE ALLEMANDE


Deutsch Poesie –  Deutsch Literatur

Clemens Brentano

9 septembre 1778 – 28 juillet 1842
9. September 1778 Ehrenbreitstein (Koblenz)- 28. Juli 1842 Aschaffenburg

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle

 


LA POESIE DE
CLEMENS BRENTANO

Heinrich Deiters, Der Waldsee

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CUEILLIR DES ETOILES DANS LE CIEL
Hörst du wie die Brunnen rauschen

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Albert Flamm, Golf von Neapel , Golfe de Naples


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Hörst du wie die Brunnen rauschen,
Entends-tu le gémissement des fontaines,
Hörst du wie die Grille zirpt?
Entends-tu le chant des grillons ?
Stille, stille, laß uns lauschen,
Silence, silence, ensemble écoutons,
Selig, wer in Träumen stirbt.
Bienheureux celui qui meurt en rêve.
Selig, wen die Wolken wiegen,
Bienheureux celui que les nuages emportent,
Wem der Mond ein Schlaflied singt,
Celui pour qui la lune chante une berceuse,
O wie selig kann der fliegen,
Ô comme il est heureux de pouvoir voler,
Dem der Traum den Flügel schwingt,
Quand le rêve des ailes dessine,
Daß an blauer Himmelsdecke
Et qui sur un ciel tout bleu
Sterne er wie Blumen pflückt:
Cueille des étoiles comme des fleurs :
Schlafe, träume, flieg’, ich wecke
Dors, rêve, vole, je te réveillerai
Bald Dich auf und bin beglückt.
Bientôt et je serai heureux.

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L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE

On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.

par Henri Blaze
Clément brentano
Lettres de jeunesse de Clément à Bettina
Revue des Deux Mondes
période initiale, tome 9, 1845



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