Archives de catégorie : Traduction

Die Lotosblume ängstigt HEINE INTERMEZZO LYRIQUE IX

Die Lotosblume ängstigt

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Die Lotosblume ängstigt




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
IX

  Die Lotosblume ängstigt

Lyrisches Intermezzo IX
Il s’effraie le lotus

1823

  Die Lotosblume ängstigt

IX

  Die Lotosblume ängstigt
Il s’effraie, le lotus
Sich vor der Sonne Pracht,
Devant l’ardeur du soleil,
Und mit gesenktem Haupte
Et la tête baissée
Erwartet sie träumend die Nacht.
Attend, rêvant, la nuit…

****

  Die Lotosblume ängstigt

*****

*********
LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzoest pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

Auf Flügeln des Gesanges HEINE INTERMEZZO LYRIQUE VIII

Auf Flügeln des Gesanges

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
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Christian Johann Heinrich Heine
Auf Flügeln des Gesanges




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
VIII

Auf Flügeln des Gesanges

Lyrisches Intermezzo VIII
Sur les ailes des chansons

1823

Auf Flügeln des Gesanges
VIII

Auf Flügeln des Gesanges,
Sur les ailes des chansons,
Herzliebchen, trag’ ich dich fort,
Mon cher cœur, je t’emporterai,
Fort nach den Fluren des Ganges,
Sur le rivage du Gange,
Dort weiß ich den schönsten Ort.
Où je connais un si bel endroit…

***

Auf Flügeln des Gesanges

Es stehen unbeweglich HEINE ELLES SONT IMMOBILES

Es stehen unbeweglich

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
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Christian Johann Heinrich Heine
Es stehen unbeweglich




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
VII
Es stehen unbeweglich

Lyrisches Intermezzo VII
Elles sont immobiles
1823

VII

Es stehen unbeweglich
Elles sont immobiles
Die Sterne in der Höh’,
Les étoiles du ciel
Viel tausend Jahr, und schauen
Depuis mille ans et elles s’observent
Sich an mit Liebesweh.
Avec un amour douloureux…

******

Wenn ich in deine Augen seh’

*********
LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

******

Wenn ich in deine Augen seh’

Ich will meine Seele tauchen HEINE INTERMEZZO LYRIQUE VI

Ich will meine Seele tauchen

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Ich will meine Seele tauchen




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
VI
Ich will meine Seele tauchen

Lyrisches Intermezzo VI
Je veux plonger mon âme
1823

VI

Ich will meine Seele tauchen
Je veux plonger mon âme
In den Kelch der Lilie hinein;
Dans la coupe de la fleur de lys ;
Die Lilie soll klingend hauchen
Le lys doit murmurer
Ein Lied von der Liebsten mein.
Une chanson de ma bien-aimée…

*******

Ich will meine Seele tauchen

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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Ich will meine Seele tauchen

Lehn deine Wang’ an meine Wang’ HEINE Pose ta joue sur ma joue

Lehn deine Wang’ an meine Wang’

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Lehn deine Wang’ an meine Wang’




Deutsch Poesie
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Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
V
Lehn deine Wang’ an meine Wang’

Lyrisches Intermezzo V
Pose ta joue sur ma joue

1823

Lehn deine Wang’ an meine Wang’
V

Lehn deine Wang’ an meine Wang’,
Pose ta joue sur ma joue,
Dann fließen die Thränen zusammen;
Ainsi nos larmes couleront ensemble;
Und an mein Herz drück’ fest dein Herz,
Et mets ton cœur contre ton cœur,
Dann schlagen zusammen die Flammen!
Ainsi ils brûleront ensemble !..

 

******

Lehn deine Wang’ an meine Wang

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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Lehn deine Wang’ an meine Wang

Dein Angesicht so lieb und schön HEINE INTERMEZZO LYRIQUE IV

Dein Angesicht so lieb und schön

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
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Christian Johann Heinrich Heine
Dein Angesicht so lieb und schön




Deutsch Poesie
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HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

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Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
IV

Dein Angesicht so lieb und schön

Lyrisches Intermezzo IV
Ton visage si doux si beau
1823

IV

Dein Angesicht so lieb und schön,
Ton visage si doux si beau,
Das hab’ ich jüngst im Traum gesehn;
Je l’ai vu récemment dans un rêve ;
Es ist so mild und engelgleich,
Il est si doux si angélique,
Und doch so bleich, so schmerzenbleich.
Et pourtant, si pâle, douloureusement si pâle.

*

Und nur die Lippen, die sind roth;
Et seules tes lèvres sont rouges ;
Bald aber küßt sie bleich der Tod.
Mais bientôt, elles embrasseront la pâle mort.
Erlöschen wird das Himmelslicht
S’anéantira la lumière du ciel
Das aus den frommen Augen bricht.
Qui passe dans tes yeux pieux.

******

Dein Angesicht so lieb und schön

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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Dein Angesicht so lieb und schön

Wenn ich in deine Augen seh’ HEINE INTERMEZZO LYRIQUE III

Wenn ich in deine Augen seh’

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
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Christian Johann Heinrich Heine
Wenn ich in deine Augen seh’




Deutsch Poesie
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Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
III
Wenn ich in deine Augen seh’

Lyrisches Intermezzo III
Quand je regarde dans tes yeux
1823

III

Wenn ich in deine Augen seh’
Quand je regarde dans tes yeux
So schwindet all mein Leid und Weh;
Disparaît toute ma douleur et ma souffrance ;
Doch wenn ich küsse deinen Mund,
Quand je baise tes lèvres,
So werd’ ich ganz und gar gesund.
Je suis guéri véritablement…

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Wenn ich in deine Augen seh’

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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Wenn ich in deine Augen seh’

Die Rose die Lilie die Taube die Sonne Heine INTERMEZZO LYRIQUE II

Die Rose die Lilie die Taube die Sonne
 
INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Die Rose die Lilie die Taube die Sonne




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
II
Die Rose die Lilie die Taube die Sonne

Lyrisches Intermezzo II
La rose le lys la colombe le soleil
1823

II

 

   Die Rose, die Lilie, die Taube, die Sonne,
La rose, le lys, la colombe, le soleil,
Die liebt’ ich einst alle in Liebeswonne.
J’aimais tout avec ravissement.
 Ich lieb’ sie nicht mehr, ich liebe alleine
Je ne les aime plus, j’aime seulement
Die Kleine, die Feine, die Reine, die Eine;
Le petit, le fin, le pur, le rare :
Sie selber, aller Liebe Bronne,
Elle, source de tout amour,
Ist Rose und Lilie und Taube und Sonne.
Est la rose et le lys, la colombe et le soleil.

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Die Rose die Lilie die Taube die Sonne

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

******

Die Rose die Lilie die Taube die Sonne

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE Lyrisches Intermezzo HEINRICH HEINE 1923

 

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE





Christian Johann Heinrich Heine
INTERMEZZO LYRIQUE




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE

Lyrisches Intermezzo
1823

intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horlogeNature morte de fleurs avec montre
Bloemenstilleven met horloge
1663
Willem Van Aelst

I

Aus meinen Thränen sprießen
Poussent de mes larmes
 Viel blühende Blumen hervor,
Des milliers de fleurs,

II

   Die Rose, die Lilie, die Taube, die Sonne,
La rose, le lys, la colombe, le soleil,
Die liebt’ ich einst alle in Liebeswonne.
  J’aimais tout avec ravissement.

III

Wenn ich in deine Augen seh’
Quand je regarde dans tes yeux
So schwindet all mein Leid und Weh;
Disparaît toute ma douleur et ma souffrance ;

IV

Dein Angesicht so lieb und schön,
Ton visage si doux si beau,
Das hab’ ich jüngst im Traum gesehn;
Je l’ai vu récemment dans un rêve ;

V

Lehn deine Wang’ an meine Wang’,
Pose ta joue sur ma joue,
Dann fließen die Thränen zusammen;
Ainsi nos larmes couleront ensemble;

VI

Ich will meine Seele tauchen
Je veux plonger mon âme
In den Kelch der Lilie hinein;
Dans la coupe de la fleur de lys ;

VII

Es stehen unbeweglich
Elles sont immobiles
Die Sterne in der Höh’,
Les étoiles du ciel

VIII

Auf Flügeln des Gesanges,
Sur les ailes des chansons,
Herzliebchen, trag’ ich dich fort,
Mon cher cœur, je t’emporterai,

IX

  Die Lotosblume ängstigt
Il s’effraie, le lotus
Sich vor der Sonne Pracht,
Devant l’ardeur du soleil,

X

   Im Rhein, im heiligen Strome,
Dans la rivière sacrée du Rhin
 Da spiegelt sich in den Well’n,
Se reflète dans les vagues,

XI

  Du liebst mich nicht, du liebst mich nicht,
Tu ne m’aimes pas, tu ne m’aimes pas,
 Das kümmert mich gar wenig;
 Je m’en soucie peu ;

XII

Du sollst mich liebend umschließen,
Tu dois m’emprisonner tendrement,
Geliebtes, schönes Weib!
Bien-aimée, douce femme !

lyrisches-intermezzo-xii-intermezzo-lyrique-heinrich-heine-artgitato-laocoon-el-greco

XIII

   O schwöre nicht und küsse nur,
Oh ! ne jure pas et embrasse-moi seulement,
  Ich glaube keinem Weiberschwur!
Je ne crois pas aux promesses féminines !

XIV

   Auf meiner Herzliebsten Aeugelein
Sur les petits yeux de mon cœur aimé
 Mach’ ich die schönsten Canzońen.
J’ai fait les plus belles odes.

XV

 Die Welt ist dumm, die Welt ist blind,
Le monde est stupide, le monde est aveugle,
 Wird täglich abgeschmackter;
Chaque jour plus absurde ;

XVI

 Liebste, sollst mir heute sagen:
Chère, me diras-tu aujourd’hui :
Bist du nicht ein Traumgebild’,
N’es-tu pas un rêve

lyrisches-intermezzo-intermezzo-lyrique-xvi-artgitato-la-scapigliata-leonard-de-vinci

XVII

   Das ist ein Flöten und Geigen,
C’est une flûte et des violons,
Trompeten schmettern drein;
Des Trompettes qui se répondent ;

os-lusiadas-ii-56-luis-de-camoes-les-lusiades-artgitato-la-danse-1856-william-adolphe-bouguereau

XVIII

   So hast du ganz und gar vergessen,
 Tu as donc complètement oublié,
Daß ich so lang dein Herz besessen,
Que je possédais si longtemps ton cœur,

XIX

    Und wüßten’s die Blumen, die kleinen,
Et si les fleurs savaient, les petites,
Wie tief verwundet mein Herz,
 Combien profondément mon cœur est blessé,

XX

Warum sind denn die Rosen so blaß,
Pourquoi pâles sont les roses,
O sprich, mein Lieb, warum?
Oh, dis-moi, mon cœur, pourquoi ?

XXI

Sie haben dir viel erzählet,
Ils ont dit tant de choses,
  Und haben viel geklagt;
Et se sont tant plaints;

XXII

    Die Linde blühte, die Nachtigall sang,
Le tilleul s’épanouissait, chantait le rossignol,
 Die Sonne lachte mit freundlicher Lust;
Le souriant soleil faisait plaisir à voir ;

XXIII

Wir haben viel für einander gefühlt,
Nous nous sommes tant aimés,
Und dennoch uns gar vortrefflich vertragen.
Et pourtant, sans trop se fâcher.

XXIV

Ich glaub’ nicht an den Himmel,
Je crois pas au ciel,
Wovon das Pfäfflein spricht;
Dont parle le petit prêtre ;

XXV

Du bliebest mir treu am längsten,
Tu m’es demeurée toujours fidèle,
Und hast dich für mich verwendet,
Et tu t’es inquiétée pour moi,

XXVI

Die Erde war so lange geitzig,
 La terre, longtemps avare,
 Da kam der May, und sie ward spendabel,
 Avec le mois de mai redevient généreuse,

XXVII

Und als ich so lange, so lange gesäumt,
Longtemps, si longtemps,
In fremden Landen geschwärmt und geträumt;
Dans les pays étrangers, je délirais et rêvassais ;

XXVIII

Die blauen Veilchen der Aeugelein,
Les violettes bleues de ses petits yeux,
Die rothen Rosen der Wängelein,
Le roses rouges de ses délicates joues,

XXIX

Die Welt ist so schön und der Himmel so blau,
Le monde est si beau et le ciel si bleu,
Und die Lüfte die wehen so lind und so lau,
Et les brises qui soufflent si douces et si tièdes,

XXX

Mein süßes Lieb, wenn du im Grab,
Mon tendre amour, quand dans ta tombe,
Im dunkeln Grab wirst liegen,
Ta sombre tombe, tu seras,

XXXI

Ein Fichtenbaum steht einsam
Un sapin reste seul
Im Norden auf kahler Höh’.
 Au nord du sommet décharné.

XXXII

Schöne, helle, goldne Sterne,
Belles, lumineuses étoiles d’or,
Grüßt die Liebste in der Ferne,
Saluez là-bas ma bien-aimée,

XXXIII

Ach, wenn ich nur der Schemel wär’,
Ah, si j’étais le tabouret, seulement,
Worauf der Liebsten Füße ruhn!
Où les pieds de ma tendre aimée reposent !

XXXIV

 Seit die Liebste war entfernt,
Quand j’étais loin de ma bien-aimée,
Hatt’ ich ’s Lachen ganz verlernt.
J’oubliais comment rire.

XXXV

Aus meinen großen Schmerzen
De ma grande douleur
Mach’ ich die kleinen Lieder;
Sortent de petites chansons ;

XXXVI

Ich kann es nicht vergessen,
Je ne peux pas l’oublier,
Geliebtes, holdes Weib,
Ma bien-aimée, mon épouse dévouée,

XXXVII

Philister in Sonntagsröcklein
Des bourgeois obtus en tenue du dimanche
Spazieren durch Wald und Flur;  
Déambulent à travers bois et champs;

XXXVIII

Manch Bild vergessener Zeiten
Tant d’images des temps oubliés
Steigt auf aus seinem Grab,
Se lèvent de leur tombe,

XXXIX

Ein Jüngling liebt ein Mädchen,
Un jeune homme aimait une fille,
Die hat einen Andern erwählt;
Qui en choisit un autre ;

XL

Freundschaft, Liebe, Stein der Weisen,
Amitié, Amour, Pierre Philosophale,
Diese dreye hört’ ich preisen,
De ces trois, j’ai entendu la louange,

XLI

Hör’ ich das Liedchen klingen,
Quand j’entends la chanson,
Das einst die Liebste sang,
Chantée jadis par ma bien-aimée,

XLII

Mir träumte von einem Königskind’,
Je rêvais d’une enfant royale,
Mit nassen, blassen Wangen;
Aux humides et pâles joues ;

XLIII

Mein Liebchen, wir saßen beisammen,
Ma bien-aimée, nous étions assis ensemble,
Traulich im leichten Kahn.
Lovés dans une légère embarcation.

XLIV

Aus alten Mährchen winkt es
Des contes anciens, me fait signe
  Hervor mit weißer Hand,
Une blanche main,

aus-alten-mahrchen-heine-artgitato-arc-en-ciel-arkhip-kouindji-1900-1905

XLV

Ich hab’ dich geliebet und liebe dich noch!
Je t’ai aimée et je t’aime encore !
Und fiele die Welt zusammen,
Et même si le monde s’effondre,

XLVI

Am leuchtenden Sommermorgen
Un matin d’été éclatant
Geh’ ich im Garten herum.
Je me promenais dans le jardin.

XLVII

Es leuchtet meine Liebe,
S’allume mon amour,
In ihrer dunkeln Pracht,
Dans sa noire splendeur,

XLVIII

Sie haben mich gequälet,
Tourmenté par eux
Geärgert blau und blaß,
Pâle et blême, irrité

XLIX

Es liegt der heiße Sommer
Le flamboyant été
Auf deinen Wängelein;
Sur ta joue se trouvait ;

L

Wenn zwey von einander scheiden,
Quand deux amants se séparent,
So geben sie sich die Händ’,
Ils se prennent la main,

LI

Sie saßen und tranken am Theetisch,
 Assis, ils buvaient à la table à thé,
Und sprachen von Liebe viel.
Parlant de l’amour, beaucoup.

LII

Vergiftet sind meine Lieder;
Empoisonnées sont mes chansons ;
 Wie könnt’ es anders seyn?
  Comment pourrait-il en être autrement ?

LIII

Mir träumte wieder der alte Traum:
Je rêvais à nouveau ce vieux rêve :
Es war eine Nacht im Maye,
Une nuit de mai,

LIV

   Ich steh’ auf des Berges Spitze,
 En gravissant le sommet de la montagne,
Und werde sentimental.
 Je suis devenu sentimental.

LV

  Mein Wagen rollet langsam
Ma voiture lentement roule
Durch lustiges Waldesgrün,
 Traversant la plaisante forêt verte,

LVI

    Ich hab’ im Traum’ geweinet,
J’ai pleuré dans mon rêve,
  Mir träumte du lägest im Grab’.
Je rêvais que tu gisais dans ta tombe.

LVII

Allnächtlich im Traume seh’ ich dich,
Chaque nuit, dans mes rêves, je te vois,
Und sehe dich freundlich grüßen,
Et je vois ton amical salut,

LVIII

Das ist ein Brausen und Heulen,
C’est un hurlement et un gémissement,
  Herbstnacht und Regen und Wind;
Que cette nuit d’automne, cette pluie et ce vent ;

LIX

Der Herbstwind rüttelt die Bäume,
Le vent d’automne agite les arbres,
Die Nacht ist feucht und kalt;
La nuit est froide et humide ;

LX

  Es fällt ein Stern herunter
Il tombe une étoile
Aus seiner funkelnden Höh’;
Des cieux pétillants ;

LXI

Der Traumgott bracht’ mich in ein Riesenschloß,
Un divin rêve m’a transporté dans un immense château,
Wo schwüler Zauberduft und Lichterschimmer,
Où régnaient d’étouffants parfums et des lumières magiques,
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LXII

Die Mitternacht war kalt und stumm;
Minuit était froid et silencieux ;
Ich irrte klagend im Wald herum.
Je promenais ma plainte dans les bois.

LXIII

Am Kreuzweg wird begraben
Au carrefour sont enterrés
Wer selber sich brachte um;
Les suicidés ;

LXIV

Wo ich bin mich rings umdunkelt
Je suis enveloppé des sombres anneaux
Finsterniß, so dumpf und dicht,
De l’obscurité, si ternes, si denses,

LXV

Nacht lag auf meinen Augen,
La nuit gisait sur mes yeux,
Bley lag auf meinem Mund,
Ma bouche était de plomb,

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LXVI

Die alten, bösen Lieder,
Les vieilles et vilaines chansons,
Die Träume schlimm und arg,
Les nocifs et mauvais rêves,

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*********
LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

Aus meinen Thränen sprießen Poussent de mes larmes Heinrich Heine

Aus meinen Thränen sprießen
INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Aus meinen Thränen sprießen




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
I
Aus meinen Thränen sprießen

Lyrisches Intermezzo I
Poussent de mes larmes
1823

I

Aus meinen Thränen sprießen
Poussent de mes larmes
 Viel blühende Blumen hervor,
Des milliers de fleurs,
Und meine Seufzer werden
Et mes soupirs ne sont
Ein Nachtigallenchor.
Qu’un chœur de rossignols.

*

Und wenn du mich lieb hast, Kindchen,
Et si tu m’aimes, mon enfant,
Schenk’ ich dir die Blumen all’,
Je te donne toutes les fleurs,
Und vor deinem Fenster soll klingen
Et à ta fenêtre tu entendras
 Das Lied der Nachtigall.
Le chant des rossignol.

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Aus meinen Thränen sprießen

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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Aus meinen Thränen sprießen