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TRE PUTTI DORMIENTI – Les Trois Chérubins dormants – The Three Putti Sleeping – GALLERIA BORGHESE

ROME – ROMA
Tre Putti Dormienti
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGESE
TRE PUTTI DORMIENTI
Les Trois Chérubins dormants
The Three Putti Sleeping
1609

Marmo statuario su piano di paragone orlato di giallo antico
Marbre – Marble

Tre Putti Dormienti Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato (1) Tre Putti Dormienti Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato (2) Tre Putti Dormienti Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato (3) Tre Putti Dormienti Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato (4)

Had I the heavens’ embroidered cloths,
Si j’avais les toiles brodées des cieux,
  Enwrought with golden and silver light,
Forgées d’une lumière d’or et d’argent,
The blue and the dim and the dark cloths
Les bleues, les sombres et les noires toiles
 Of night and light and the half-light,
De la nuit et de la lumière et de la pénombre,
 I would spread the cloths under your feet:
Je souhaiterais les étendre sous vos pieds :
  But I, being poor, have only my dreams;
Mais moi, étant pauvre, je ne dispose que de mes rêves;
I have spread my dreams under your feet;
J’ai donc répandu mes rêves sous vos pieds;
  Tread softly because you tread on my dreams.
Marchez doucement parce que vous marchez sur mes rêves.

William Butler Yeats
HE WISHES FOR THE CLOTHS OF HEAVEN 
Les Toiles du Ciel
Traduction Jacky Lavauzelle

ALESSANDRO ALGARDI – LE SOMMEIL- IL SONNO – 亚历山德罗·阿尔加迪 -GALLERIA BORGHESE -ROMA – GALERIE BORGHESE -ROME -罗马

ROME – ROMA – 罗马
Alessandro Algardi
L’Algarde
LA VILLA BORGHESE
LA GALERIE BORGHESE
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LA GALERIE BORGHESE
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GALLERIA BORGESE

ALESSANDRO ALGARDI
Alexandre ALGARDI
亚历山德罗·阿尔加迪
L’ALGARDE
1595 – 1654

Sculpteur Italien – Scultore Italiano

IL SONNO
LE SOMMEIL
1635-1636

Marbre – Marmo statuario – Marble

Alessandro Algardi
Sculpteur préféré du Pape Innocent X (1574 – élu Pape le 15 septembre 1644 – 1655)
Favorite sculptor of Pope Innocent X (elected Pope September 15, 1644 – 1655)
Scultore preferito di papa Innocenzo X (eletto Papa 15 Settembre 1644 – 1655)
Retrato_del_Papa_Inocencio_X__Roma,_by_Diego_Velázquez Innocent X

 

Alessandro Algardi Il sonno Le Sommeil Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato 14

« Par quel crime, si jeune, ô des Dieux le plus doux,
Par quel sort, ai-je pu perdre tes dons jaloux,
Ô Sommeil ! — tu me fuis. — Tout dort dans la nature,
Les troupeaux au bercail, l’oiseau dans la verdure ;
Les fleuves mugissants, et de jour aux cent bruits,
Assoupissent au loin leurs murmures des nuits ;
Les cimes des grands bois penchent sous les rosées,
Et les mers au rivage expirent apaisées.  « 

Charles Augustin Sainte-Beuve
Suite de Joseph Delorme
Au Sommeil
Traduit de Stace
Alessandro Algardi Il sonno Le Sommeil Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato 11

Had I the heavens’ embroidered cloths,
Si j’avais les toiles brodées des cieux,
  Enwrought with golden and silver light,
Forgées d’une lumière d’or et d’argent,
The blue and the dim and the dark cloths
Les bleues, les sombres et les noires toiles
 Of night and light and the half-light,
De la nuit et de la lumière et de la pénombre,
 I would spread the cloths under your feet:
Je souhaiterais les étendre sous vos pieds :
  But I, being poor, have only my dreams;
Mais moi, étant pauvre, je ne dispose que de mes rêves;
I have spread my dreams under your feet;
J’ai donc répandu mes rêves sous vos pieds;
  Tread softly because you tread on my dreams.
Marchez doucement parce que vous marchez sur mes rêves.

William Butler Yeats
HE WISHES FOR THE CLOTHS OF HEAVEN 
Les Toiles du Ciel
Traduction Jacky Lavauzelle

Alessandro Algardi Il sonno Le Sommeil Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato 10

  « Voici ce que j’ai vu naguère en mon sommeil :
Le couchant enflammait à l’horizon vermeil
Les carreaux de la ville ; et moi, sous les arcades
D’un bois profond, au bruit du vent et des cascades,
Aux chansons des oiseaux, j’allais, foulant des fleurs
Qu’un arc-en-ciel teignait de changeantes couleurs.
Soudain des pas légers froissent l’herbe ; une femme,
Que j’aime dès longtemps du profond de mon âme,
Comme une jeune fée accourt vers moi ; ses yeux
À travers ses longs cils luisent de plus de feux
Que les astres du ciel ; et sur la verte mousse
À mes lèvres d’amant livrant une main douce,
Elle rit, et bientôt enlacée à mes bras
Me dit, le front brûlant et rouge d’embarras,
Ce mot mystérieux qui jamais ne s’achève…
Ô nuit trompeuse ! Hélas ! pourquoi n’est-ce qu’un rêve ? »

Rêve
Poème de Théophile Gautier
Premières Poésies
Œuvres de Théophile Gautier
Poésies, Lemerre, 1890
 Volume 1  – p. 51

Alessandro Algardi Il sonno Le Sommeil Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato 12

 

Papa Paolo V BORGHESE – PAPE PAUL V BORGHESE – GALLERIA BORGHESE ROMA – GALERIE BORGHESE ROME

ROME – ROMA
PAUL V – PAOLO V
LA VILLA BORGHESE

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LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGESE

BERNINI –  LE BERNIN
Gian Lorenzo Bernini
1598-1680

Busto di Papa Paolo V Borghese
Buste du Pape Paul V Borghese
Camille Borghèse
Camillo Borghese
1618

Marmo – Marbre – Marble

Camille Borghèse – Camillo Borghese
1550-1621
PAUL V BORGHESE
PAOLO V BORGHESE

Pape élu le 16 mai 1605
Busto di Papa Paolo V Borghese Pape Paul V Borghese Rome Roma Camillo Borghese

« Sous Borghèse, Paul V, renaquit l’ancienne querelle de la juridiction séculière et de l’ecclésiastique, qui avait fait verser autrefois tant de sang. (1605) Le sénat de Venise avait défendu les nouvelles donations faites aux églises sans son concours, et surtout l’aliénation des biens-fonds en faveur des moines. Il se crut aussi en droit de faire arrêter et de juger un chanoine de Vicence, et un abbé de Nervèse, convaincus de rapines et de meurtres. »
VOLTAIRE
Essai sur les mœurs et l’esprit des nations
Chapitre CLXXXV
Des successeurs de Sixte-Quint
Edition Garnier – Tome 13

Busto di Papa Paolo V Borghese Pape Paul V Borghese Rome Roma Artgitato

« On convient généralement que le Vatican doit une grande partie de sa belle bibliothèque à celle de l’électeur Palatin, que le comte de Tilly prit avec Heidelberg en 1622. D’autres cependant prétendent, & ce semble avec raison, que Paul V. qui était pour lors pape, n’eut qu’une très-petite & même la plus mauvaise partie de la bibliothèque Palatine ; tous les ouvrages les plus estimables ayant été emportés par d’autres, & principalement par le duc de Bavière. »
BIBLIOTHEQUE
L’ENCYCLOPEDIE
Texte établi par D’Alembert – Diderot, 1751
Tome 2 – pp. 228-240

****

« La seconde catégorie est d’origine pontificale. Ses titres et ses revenus ont leur source dans le népotisme. Durant le cours du XVIIe siècle, Paul V, Urbain VIII, Innocent X, Alexandre VII, Clément IX, Innocent XI ont créé les Borghèse, les Barberini, les Pamphili, les Chigi, les Rospigliosi, les Odescalchi. C’était à qui placerait plus haut sa petite famille. Les domaines des Borghèse, qui font une assez jolie tache sur la carte d’Europe, nous prouvent que Paul V n’était pas un oncle dénaturé. Les papes ont conservé l’habitude d’anoblir leurs parents, mais le scandale de leurs libéralités s’arrête à Pie VI, auteur de la famille Braschi (1775-1800). »
Edmond About
La Question Romaine
Chapitre VII La Noblesse
Michel Lévy Frères (coll. Hetzel)
1861 – 2e éd. – pp. 61-74

 

SCIPIONE BORGHESE – GALERIE BORGHESE ROME – GALLERIA BORGHESE ROMA

ROME – ROMA

LA VILLA BORGHESE

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LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGESE

BERNINI –  LE BERNIN
Gian Lorenzo Bernini
1598-1680

Buste de Scipione Borghese
Busto di Scipione Borghese
Bust of Scipione Borghese
1632

Marmo – Marbre – Marble

Cardinal – Cardenal
SCIPIONE BORGHESE

1577-1633
Ottavio_Leoni_Retrato_del_cardenal_Scipione_Borghese,_Ajaccio_Museo_Fesch

Scipione borghese Galleria Borghese roma Galerie Borghese Rome artgitato 1

JOURNAL DE JANVIER 1622

« Il y avoit a la suitte du roy l’abbé Rouccelay quy estoit en parfaitte intelligence avec le feu connestable, et quy l’avoit assisté jusques a sa mort. Cet abbé, riche de patrimoine et de benefices, de bonne maison, addroit, sçavant et bien fait, avoit aspiré au bonnet de cardinal, pour a quoy parvenir il s’estoit fait clerico de camera a Rome, quy est un office de cinquante mille escus que l’on perd en devenant cardinal : il estoit de plus prefect de l’annona, intime du cardinal Borguese*, et quy croyoit sans difficulté parvenir a cet honneur, lequel pour accelerer il avoit voulu recompenser la tresorerie du pape, quy luy donnoit l’acces infaillible au cardinalat…
[*Note : Scipion Caffarelli, fils de Marc-Antoine Caffarelli et d’Hortense Borghese, prit le nom de Borghese à cause de son oncle Paul V, qui le créa cardinal le 18 juillet 1605. Il mourut le 2 octobre 1633, à l’âge de 57 ans]. »
François de Bassompierre
Journal de ma vie
Mémoires du maréchal de Bassompiere
Texte établi par Marquis de Chantérac
 Société de l’Histoire de France, 1875 (tome 3, pp. 1-91).

Scipione borghese Galleria Borghese roma Galerie Borghese Rome artgitato 2 Scipione borghese Galleria Borghese roma Galerie Borghese Rome artgitato 3

MONUMENT A FERDOWSÎ – MONUMENTO A FERDOUSI – VILLA BORGHESE

ROME – ROMA
Monumento a Petar II Petrovic Niegoš
Ferdowsî – ferdowsi
LA VILLA BORGHESE

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 Photos  Jacky Lavauzelle

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La Villa Borghèse
Villa Borghèse

Abū-l-Qāsim Manṣūr ibn Ḥasan al-Ṭūṣī
أبو القاسم منصور بن حسن طوسی
Ferdowsî
Monumento a Ferdousi
940- vers 1020

Poète Persan

VIE DE FIRDOUSI
Abou’l Kasim Firdousi

ornementation de Paul Zenker
Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr
Traduction par Jules Mohl
H. Piazza – L’édition d’art, 1923 (pp. XIII-XXVII).

« ABOU’LKASIM MANSOUR, appelé Firdousi, naquit à Schadab, bourg des environs de Thous. Aucun auteur ne mentionne l’année de sa naissance, mais les passages du Livre des Rois où le poëte parle de son âge portent à croire qu’il serait né en 329 de l’hégire.
Son père s’appelait Maulana Ahmed, fils de Maulana Fakhr-eddin al-Firdousi : il était d’une famille de Dihkans et propriétaire d’une terre située sur le bord d’un canal dérivé de la rivière de Thous. Il donna à son fils une éducation savante, car Firdousi était non seulement assez versé dans la langue arabe pour que ses poésies arabes excitassent l’admiration des beaux esprits de la cour de Bagdad, mais encore il savait le pehlewi, langue dont la connaissance dans les provinces orientales de la Perse était dès lors fort rare.
On sait peu de chose sur l’enfance du poëte, si ce n’est qu’il avait des habitudes studieuses et retirées ; son plus grand plaisir était de s’asseoir sur le bord d’un canal d’irrigation qui passait devant la maison de son père. Or, souvent la digue qui était établie dans la rivière de Thous pour faire affluer Veau dans le canal, et qui n’était bâtie qu’en fascines et en terre, était emportée par les grandes eaux, de sorte que le canal demeurait à sec : l’enfant se désolait et ne cessait de souhaiter que la digue fût construite en pierre et en mortier, se doutant peu que ce souhait influerait puissamment sur sa destinée et, grâce à lui, pourrait s’accomplir, mais seulement après sa mort.
À part cela, on ne sait rien de la vie de Firdousi jusqu’à son âge mûr, si ce n’est qu’il se maria, sans doute avant l’âge de vingt-huit ans, car il perdit son fils unique âgé de trente-sept ans, lorsqu’il était lui-même dans sa soixante-cinquième année. »

MONUMENT A FERDOWSÎ - MONUMENTO A FERDOVSI - VILLA BORGHESE artgitato Rome Roma 1

VIE DE FIRDOUSI
Abou’l Kasim Firdousi
ornementation de Paul Zenker
Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr
Traduction par Jules Mohl
H. Piazza – L’édition d’art, 1923 (pp. XIII-XXVII)

« Il commença son grand travail à l’âge de trente-six ans. Il travaillait au commencement en secret, parce qu’il cherchait un patron à qui il pût dédier son ouvrage et qui fût en état de le récompenser. Mais lorsqu’on sut, dans la ville de Thous, de quoi il s’occupait, tout le monde voulut entendre les parties du poème qu’il avait déjà composées. Abou-Mansour, le gouverneur de la province, lui demanda de les réciter en sa présence, les admira et pourvut dès ce moment à tous les besoins du poêle, ce qui paraît indiquer que son patrimoine était ou épuisé ou insignifiant. Firdousi se montra reconnaissant des bienfaits qu’il avait reçus d’Abou-Mansour : il les a rappelés dans sa préface, écrite après la mort de son protecteur. On ne sait pas exactement quelles sont les parties du livre qu’il a mises en vers pendant cette époque de sa vie, car il ne paraît pas avoir suivi l’ordre chronologique dans son travail ; mais un des derniers épisodes qu’il doit avoir composés à Thous est sans doute l’histoire de Siawusch qu’il termina dans la cinquante-huitième année de sa vie. C’est l’année même où Mahmoud succéda à son père (387 de l’hégire) ; mais le poëte ne le connaissait pas encore car il ne prononce pas le nom de Mahmoud à cette occasion.« 

MONUMENT A FERDOWSÎ - MONUMENTO A FERDOVSI - VILLA BORGHESE artgitato Rome Roma 2

VIE DE FIRDOUSI
Abou’l Kasim Firdousi
ornementation de Paul Zenker
Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr
Traduction par Jules Mohl
H. Piazza – L’édition d’art, 1923 (pp. XIII-XXVII)

C’était l’époque brillante de sa vie : il avait conquis la faveur du prince le plus magnifique de son temps, tous les matériaux que Mahmoud avait réunis étaient à sa disposition, et le moyen de réaliser le rêve de toute sa vie, l’achèvement de sa grande entreprise, se trouvait entre ses mains. Ce fut pour lui une véritable ivresse de bonheur dont on trouve l’écho dans Véloge de Mahmoud placé dans F introduction du Livre des Rois. Le sultan lui remit le Seïr-al-Molouk et lui fit préparer un appartement attenant au palais et qui avait une porte de communication avec son jardin privé. Les murs de son appartement furent couverts de peintures représentant des armes de toute espèce, des chevaux, des éléphants, des dromadaires et des tigres, des portraits de rois et de héros. Il avait en outre pourvu à ce que personne ne put interrompre le poëte dans son travail, en défendant la porte à tout le monde, à l’exception de son ami Ayaz et d’un esclave chargé du service domestique. Protecteur éclairé, il professait pour lui une admiration passionnée et se plaisait à dire qu’il avait souvent entendu ces mêmes histoires, mais que la poésie de Firdousi les rendait comme neuves et qu’elle inspirait aux auditeurs de l’éloquence, de la bravoure et de la pitié.
Les épisodes du poëme avaient été lus au roi à mesure que le conteur les achevait, et la récitation en était accompagnée de musique et de danse. On trouve dans un des plus anciens manuscrits du Livre des Rois un dessin intéressant qui représente Firdousi déclamant des vers devant le sultan. Le poëte est assis sur un coussin et devant lui est placé son manuscrit sur une espèce de pupitre. En face de lui se tiennent des musiciens qui raccompagnent et des danseuses qui, se conformant au rythme de la musique, s’inclinent à droite et à gauche.
Mahmoud ordonna à Khodjah Hasan Meïmendi de payer au poêle mille pièces d’or pour chaque millier de distiques ; mais Firdousi demanda à ne recevoir qu’à la fin du poëme la somme totale qui lui serait due, dans Vintention d’accumuler un capital suffisant pour pouvoir bâtir la digue dont il avait tant désiré la construction dans son enfance.
Il était alors dans la première vogue de la faveur, et ne pensait pas qu’elle put changer, ne soupçonnant pas les haines de toute espèce dont il allait être l’objet. Le bienveillant accueil que lui avaient réservé les personnes les plus considérables de la cour n’avait point tardé, en effet, à exciter la jalousie de Hasan Meïmendi qui bientôt commença à refuser au poëte tout ce qu’il demandait, en sorte qu’il était réduit à se plaindre de manquer de pain, alors qu’il consacrait tout son temps au travail ordonné par le sultan. Il semble avoir eu à lutter presque continuellement contre le besoin ; ses plaintes sur la vie qu’il menait à la cour sont des plus amères.
Cependant sa gloire s’étendait rapidement ; à peine un épisode de son poëme était-il achevé que des copies s’en répandaient dans toute la Perse, et les plus généreux parmi les princes qui les recevaient, envoyaient en retour des présents à Fauteur. Mais ces ressources accidentelles ne l’enrichissaient pas, car comptant sur la promesse de Mahmoud il dépensait à mesure et n’amassait point. Quelques-uns de ces témoignages de sympathie fournirent même un nouvel aliment aux haines auxquelles il était exposé. Ainsi une copie de l’épisode de Rustem et d’Isfendiar ayant été apportée à Rustem, fils de Fakhr-al-daulet le Dilémite, celui-ci donna au porteur cinq cents pièces d’or et envoya le double de cette somme au poëte, l’invitant en outre à venir chez lui où il lui promettait la plus gracieuse réception. Hasan Meïmendi ne manqua pas de faire à Firdousi un crime d’avoir accepté cette faveur d’un prince dont Mahmoud était l’ennemi politique et religieux.
De leur côté, poètes et scribes, jaloux de Firdousi, discutaient, dans les assemblées du sultan, le mérite de son œuvre, allant jusqu’à prétendre qu’il était entièrement dû à l’intérêt des sources, et nullement à son talent poétique. Ses amis le défendaient, et, après une de ces discussions, le sultan et ses familiers convinrent de lui donner un épisode qu’il mettrait en vers le jour même, de façon à ce qu’on pût voir, par la comparaison de sa composition avec l’original, ce qui appartenait au mérite de l’exécution. On choisit l’histoire du combat de Rustem avec Aschkebous Keschani. Firdousi rédigea, le jour même, sa version poétique, telle qu’on la trouve dans le Livre des Rois, la lut devant le sultan, et excita l’étonnement et l’admiration de tous.
Au milieu de ces ennuis, de ces embarras et de ces afflictions, auxquelles la mort de son fils joignit une cuisante douleur, Firdousi passa à peu près douze ans à la cour et y acheva son ouvrage. Il le fit présenter à Mahmoud par Ayaz et le souverain ordonna à Hasan Meïmendi d’envoyer au poète autant d’or qu’un éléphant en pourrait porter ; mais Hasan persuada à son maître que c’était trop de générosité et qu’une charge d’argent suffirait. Il fit mettre soixante mille direms d’argent dans des sacs et les fil porter à Firdousi par Ayaz. Le poêle était, dans ce moment, dans son bain; quand il en sortit, ne doutant pas que ce fut de l’or, il reçut le présent avec grande joie ; mais s’étant aperçu de son erreur, il entra dans une violente colère et dit à Ayaz que ce n’était pas là ce que le roi avait ordonné de faire ; Ayaz lui conta tout ce qui s’était passé entre Mahmoud et Hasan. Firdousi lui donna alors vingt mille pièces et autant au baigneur ; puis il prit chez un marchand qui se tenait à la porte du bain un verre de fouka (espèce de bière), le but et le paya avec les vingt mille pièces qui lui restaient, en disant à Ayaz de retourner chez le sultan et de lui dire que ce n’était pas pour gagner de l’argent et de l’or qu’il s’était donné tant de peine.
Ayaz rapporta les paroles du poëte à Mahmoud qui reprocha à Hasan de lui avoir fait commettre une injustice. Hasan répondit que tout présent du roi, que ce fut une pièce d’argent ou cent mille, devait être également bien reçu ; et que s’il donnait une poignée de poussière, on devrait la placer sur ses yeux comme un collyre. Il réussit à détourner sur Firdousi la colère du sultan, de sorte que Mahmoud déclara que le lendemain matin il ferait jeter le poëte sous les pieds des éléphants.
Le condamné fut tôt informé de ce qui était advenu et il passa la nuit dans l’anxiété. Le lendemain matin il se rendit dans le jardin particulier que Mahmoud devait traverser pour se rendre à un pavillon où il avait l’habitude de faire ses ablutions : là, il se jeta aux pieds du prince, déclarant que ses ennemis l’avaient calomnié et qu’il avait manqué de respect au sultan en refusant son présent. Il réussit à apaiser la colère royale, mais ne pardonnant pas au sultan la manière dont il avait été traité, il se détermina sur-le-champ à quitter Ghaznin. Rentré chez lui, il prit les brouillons de quelques milliers de vers qui n’étaient pas encore copiés et les jeta au feu; puis, s’étant rendu à la grande mosquée de Ghaznin, il écrivit sur le mur, à l’endroit où son ancien protecteur avait l’habitude de se placer, les deux distiques suivants :
« La cour fortunée de Mahmoud, roi de Zaboulistan, est comme une mer. Quelle mer ! on n’en voit pas le rivage. Quand j’y plongeais sans y trouver de perles, c’était la faute de mon étoile et non celle de la mer. »
Ensuite il donna à Ayaz un papier scellé, le pria de le remettre au sultan après un délai de vingt jours, l’embrassa et partit, un bâton à la main et couvert d’un manteau de derwisch. Vingt jours après, Ayaz remit la lettre qui lui avait été confiée au sultan qui, au lieu du placet qu’il pensait y trouver, lut une satire cinglante dont il fut longtemps parlé.
Mahmoud entra en fureur à cette lecture et envoya des hommes à pied et à cheval à la poursuite du fugitif, en promettant cinquante mille dinars à celui qui le ramènerait ; mais celui-ci avait une trop grande avance et F on ne réussit pas à le rejoindre.
Il s’était d’abord dirigé vers le Mazenderan, province qui était alors sous l’autorité de Kabous, prince du Djordan, il commença à y corriger le Livre des Rois et y composa en plus une pièce de vers en l’honneur de Kabous qui, sollicité par le poëte de l’autoriser à lui présenter son ouvrage, avait promis de pourvoir à tous ses besoins. Mais, ayant appris dans quelles conditions son hôte avait quitté Ghaznin, le prince se trouva fort embarrassé. Les considérations politiques l’emportèrent dans son esprit : il fit au poëte un magnifique présent mais le pria de choisir un autre séjour.
Firdousi se rendit à Baghdad. Il n’y connaissait personne et resta quelques jours dans la solitude jusqu’à ce qu’un marchand lui offrit sa maison, le consolant et lui faisant espérer du repos puisqu’il était arrivé « à l’ombre du maître des croyants. » Le vizir ou khalife, que connaissait ce marchand, s’intéressa au poëte errant, le recueillit chez lui et conta son histoire au khalife Kader-billah. Celui-ci, à son tour, voulut voir Firdousi qui lui remit un poëme en mille distiques en son honneur. Le Khalife le traita avec beaucoup de bonté, quoiqu’il trouvât mal qu’un croyant eût composé un ouvrage en l’honneur des anciens rois de Perse et des adorateurs du feu. Le coupable, pour faire oublier sa faute, se crut obligé d’écrire un nouveau poëme sur un thème emprunté au Koran ; il choisit Iousouf et Zouleïkha, et eut bientôt achevé ce nouvel ouvrage qui contenait neuf mille distiques en persan, composés dans le même mètre que le Livre des Rois.
Mahmoud avait cependant reçu la nouvelle de l’accueil fait au poëte à Baghdad. Il adressa au khalife une lettre menaçante pour demander que le fugitif lui fût livré. Cette demande décida probablement Firdousi à partir pour Ahivaz, capitale de la province d’Irak-Adjemi, et il dédia au gouverneur de cette province son poëme de Iousouf et Zouleïkha. De là, il se rendit dans le Kouhistan, dont le gouverneur, Nasir-Lek, lui était très dévoué. Nasir-Lek alla solennellement à sa rencontre et le reçut très gracieusement. Le voyageur lui confia qu’il allait écrire un livre pour éterniser le souvenir de son sort et de l’injustice du sultan ; mais Nasir, qui était ami de Mahmoud, l’en dissuada ; il lui donna cent mille pièces d’’argent en le conjurant de ne plus écrire, ni parler ou faire parler contre le sultan. Firdousi finit par lui livrer ce qu’il avait déjà rédigé, en lui permettant de le détruire, et composa une pièce de vers dans laquelle il déclara que son intention avait été de flétrir le nom, de ses ennemis, mais qu’il y renonçait sur la demande de son protecteur, et qu’il remettait son sort entre les mains de Dieu. Nasir-Lek adressa alors une lettre à Mahmoud dans laquelle il lui reprocha ses torts envers le poète disgracié, justifiant ainsi la satire que lui avaient inspiré les indignités qu’il avait subies.
Le messager qui portait cette lettre à Ghaznin y serait arrivé le jour même où, le sultan venait de lire, sur le mur de la mosquée, les deux distiques que Firdousi y avait écrits avant son départ. Mahmoud, déjà ébranlé par ces vers, le fut encore davantage par le message de Nasir-Lek. Les amis que le poëte avait laissés à Ghaznin saisirent cette occasion pour représenter au sultan tout le tort qu’il se faisait par cette persécution, dont ses ennemis ne manque- raient pas de se servir pour flétrir sa mémoire. Ils parvinrent à provoquer une telle colère du maître contre Hasan Meïmendi qu’incontinent il condamna à mort le courtisan qui avait abusé de sa bonne foi.
Firdousi, soit qu’il eût appris le changement des sentiments du sultan à son égard, soit que, bravant les risques qu’il courait, il eût voulu revoir son pays natal, avait regagné Thous. Mais, un jour, en passant par le bazar, il rencontra un enfant qui chantait les vers suivants de sa satire :
« Si le père du roi avait été un roi, son fils aurait mis sur ma tête une couronne d’or. »
Le vieillard en fut saisi, poussa un cri et s’évanouit. On le rapporta dans sa maison où il mourut, l’an 411 de l’hégire ; il était âgé de quatre-vingt-trois ans, et avait depuis onze ans achevé son ouvrage.
On l’enterra dans un jardin ; mais Abou’lkasim Gonrgani, principal scheikh de Thous, refusa de lire les prières sur sa tombe, en alléguant que le poëte avait abandonné la bonne voie et consacré son temps à parler des mécréants et des adorateurs du feu. La nuit suivante, il eut pourtant un rêve dans lequel il vit Firdousi au Paradis, vêtu d^une robe verte et portant sur la tête une couronne d’émeraudes. Il en demanda la raison à l’ange Rithwan et l’ange lui récita un tétrastique du Livre des Rois qui avait fait admettre le poëte. Après son réveil, le scheikh se rendit sur sa tombe et y prononça les prières.

Monumento a Petar II Petrovic Niegoš – Petar II Petrović Njegoš – Петар II Петровић Његош – Villa Borghese

ROME – ROMA
Monumento a Petar II Petrovic Niegoš
Petar II Petrović-Njegoš
Петар II Петровић Његош

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La Villa Borghèse
Villa Borghèse

Monumento a Petar II Petrovic Niegoš
Petar II Petrović-Njegoš
Петар II Петровић Његош

Poète et Philosophe du Monténégro
Poeta del Monténégro

Souverain du Monténégro

 


Monumento a Petar II Petrovic Niegoš Petar II Petrovic Njegos artgitato 0

А ја што ћу, али са киме ћу? 
Et que vais-je faire et à qui me lier ?
Мало руках, малена и снага, 
Petites mains, petites et fortes,
једна сламка међу вихорове, 
une paille dans la tempête,
сирак тужни без нигђе никога… 
orphelin triste sans nulle part où aller…
Моје племе сном мртвијем спава, 
Ma tribu sommeille dans de lugubres rêves,
суза моја нема родитеља, 
Sans les larmes de mes parents,
нада мном је небо затворено, 
sur moi le ciel se ferme,
не прима ми ни плача ни молитве; 
Je ne reçois ni salaire ni prière ;
у ад ми се свијет претворио, 
le monde a mal tourné,
а сви људи паклени духови. 
et tous les gens deviennent des esprits infernaux.
Црни дане, а црна судбино! 
Jour noir, destin noir !
О кукавно Српство угашено, 
Ô Conscience Serbe étouffée,
зла надживјех твоја сваколика, 
survivre au mal de tous les jours,
а с најгорим хоћу да се борим! 
mais le pire est là et je dois me battre !
Да, кад главу раздробиш тијелу, 
Oui, lorsque vous écraser la tête des corps,
у мучењу издишу членови… 
expirent les membres en souffrance …
Куго људска, да те Бог убије! 
Peste humaine, que Dieu te tue!

Les Lauriers de la Montagne
Горски вијенац
Extrait
екстракт
Горскій віенацъ: историческо событіє при свршетку XVII віека
1847- Vienne
Traduction Jacky Lavauzelle

Monumento a Petar II Petrovic Niegoš Petar II Petrovic Njegos artgitato 1

 

Monumento Ahmed SHAWKY – Monument à Ahmed CHAWQI – Ahmed Chawki – VILLA BORGHESE

ROME – ROMA
monumento Ahmed Shawky
Ahmed Chawki – Ahmed Chawqi

LA VILLA BORGHESE

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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Flag_of_Lazio


La Villa Borghèse
Villa Borghèse

Poeta Egiziano Ahmed Shawky
Poète Egyptien Ahmed Chawqi
Ahmed Chawki
Egyptian poet Ahmad Shawqy
أحمد شوقي
1868-1932

Ahmed Shawky Ahmed Chawki Ahmed Chawqi Villa Borghese Rome Roma Artgitato 1 Ahmed Shawky Ahmed Chawki Ahmed Chawqi Villa Borghese Rome Roma Artgitato 2 Ahmed Shawky Ahmed Chawki Ahmed Chawqi Villa Borghese Rome Roma Artgitato 3

GOGOL A LA VILLA BORGHESE – Николай Гоголь -GOGOL ROME – GOGOL VILLA BORGHESE – MONUMENTO A NICOLAJ GOGOL

ROME – ROMA
Nicolas Vassiliévitch Gogol
Gogol Rome
Nicolas Gogol Villa Borghese

LA VILLA BORGHESE

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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Flag_of_Lazio

Nikolai Gogol par F Moller 1840 Otto Friedrich von Möller Tretyakov gallery


La Villa Borghèse
Villa Borghèse

Nicolas GOGOL
1809-1852

MONUMENTO A NICOLAJ GOGOL

Николай Васильевич Гоголь

Nikolaï Gogol
Микола Васильович Гоголь

Nikolai Gogol Nicolas Gogol Rome Roma Villa Borghese artgitato 2

« Cette vie consacrée à la contemplation de la nature, des antiquités, des œuvres de l’art, éveilla en lui, plus vif que jamais, le désir d’approfondir l’histoire de l’Italie, la connaissance fragmentaire qu’il en avait lui faisant paraître le présent incomplet. Il se rua donc avidement sur les archives, les chroniques, les mémoires. Il pouvait maintenant les lire non plus comme un Italien casanier qui se donne corps et âme à la lecture et, pressé par la foule des personnages et des épisodes, distingue mal l’ensemble des événements, cet ensemble qu’il était donné au prince de contempler comme d’une fenêtre du Vatican. Son séjour hors d’Italie, face au bruit et à l’agitation des nations agissantes, avait accentué la portée et l’acuité de son coup d’œil et lui permettait maintenant un contrôle sévère de toutes les déductions des historiens. Plus il lisait, plus il admirait – et cela en toute impartialité – le lustre et la grandeur de l’Italie d’autrefois. »

Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault

Nikolai Gogol Nicolas Gogol Rome Roma Villa Borghese artgitato 3

« Plus le prince poursuivait ses investigations, plus la fertilité de cette superbe époque le stupéfiait. « Où donc ont-ils trouvé le temps de produire tous ces chefs d’œuvre ? » s’exclamait-il. Ce côté admirable de Rome s’amplifiait tous les jours devant ses yeux. Les galeries se succédaient sans fin ; ici, cette église conservait une merveille de la peinture ; là, sur cette muraille qui s’effritait, une fresque à demi effacée captivait encore le regard ; plus loin, au-dessus de ces marbres, de ces colonnes, dépouilles d’anciens temples païens, resplendissait un plafond d’une immarcescible fraîcheur. Le prince ressemblait à un chercheur d’or qui découvre un gisement sous une couche de terre fort ordinaire. Et combien le sentiment de plénitude, de sérénité qu’il éprouvait en regagnant son palais différait du tumulte d’impressions qui l’assaillait à Paris quand il rentrait chez lui exténué, recru, impuissant le plus souvent à mettre de l’ordre dans ce chaos ! »

Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault

Nikolai Gogol Nicolas Gogol Rome Roma Villa Borghese artgitato

« Il traversa ensuite les Apennins, toujours dans une excellente disposition d’esprit et quand, après six jours de voyage, il vit onduler au loin la célèbre coupole, une foule de sentiments l’assaillirent qu’il eût été bien impuissant à exprimer. Il contemplait avidement chaque colline, chaque pli de terrain. Enfin, après avoir franchi le Ponte Molle et les portes de la ville, la belle adorable qu’est la Piazza del Popolo lui ouvrit ses bras sous les regards du Monte Pincio, de ses terrasses, de ses escaliers, de ses statues, de ses promeneurs. Dieu, que son cœur battit fort ! Cependant le vetturino l’entraînait dans ce Corso où, jadis, il flânait avec son abbé, alors qu’innocent, ingénu, il savait pour tout potage que la langue latine est la mère de la langue italienne…
« Ce n’est pas une femme, c’est la lueur fulgurante de la foudre », s’allait-il répétant, en ajoutant chaque fois non sans orgueil : « C’est une Romaine ; pareille femme ne peut naître qu’à Rome. Il me faut à tout prix la revoir, sinon pour l’aimer du moins pour la contempler à loisir, sinon pour l’embrasser du moins pour repaître mon regard de ses yeux, de ses bras, de ses doigts, de sa chevelure flamboyante. Il en doit être ainsi, la nature l’exige. La beauté parfaite s’incarne à seule fin que chacun puisse la voir et en conserver à jamais l’idée dans son cœur. Si cette femme n’était point le comble de la perfection, elle aurait le droit d’appartenir à un seul homme, de se laisser entraîner par lui loin de tous yeux humains. Mais une beauté accomplie doit se laisser voir à tous. Un architecte dissimule-t-il le plus beau des temples au fond d’une ruelle ? Non, il l’édifie sur une grande place où chacun peut l’admirer sous toutes ses faces. Allume-t-on une lampe pour la mettre sous le boisseau ? a dit le divin Maître.  »
Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault

LES PLACES DE ROME : Piazza Colonna – La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle – Colonna di Marco Aurelio – ROMA – ROME

Les Places de Rome – le Piazze di Roma
PIAZZA COLONNA
Colonna di Marco Aurelio





ROME – ROMA

Armoirie de Rome

 Photos Jacky Lavauzelle

LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (1)

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Flag_of_Lazio

le piazze di Roma
PIAZZA COLONNA
Place de la Colonne
La Colonne Marc-Aurèle
Colonna di Marco Aurelio

fine del Cinquecento da Papa Sisto V
Fin du XVIe siècle – Pape Sixte V

papa Sixtus V Sixte V Sixte quint



LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (2)

Achille ESSEBAC
L’Elu – 1902 – Chapitre XIV

« Ils descendirent vers la place du Peuple par la via Sistina, la place d’Espagne, la via Babuino et, sans se presser, flânèrent dans le Corso jusqu’au glacier Aragno. Ils s’assirent dehors. L’air était tiède et la foule se pressait du côté de la place Colonna. Pierre fit servir à Djino une « cassolette sicilienne » et s’amusa du soin que prenait l’enfant de ne pas geler la petite langue tiède sur quoi, tout comme ce joli monstre de Manlio, il déposait délicatement les pétales blancs que sa cuiller prélevait sur la crème glacée de la cassolette.
À cet endroit du Corso, la via del Tritone déverse aussi vers la place Colonna un mélange de ce qu’il y a de moins bon et de pire à Rome. Une partie stagne sur le terre-plein ou sur les trottoirs en face du palais Chigi, le reste s’émeut vers la place du Peuple, mais le tout quête des distractions, des aventures ou des clients… Et Pierre instinctivement se rapprocha de Djino. De petits gamins vendaient des allumettes ou criaient « la Tribuna », « il Giornale d’Italia » ou offraient de tristes fleurs fanées chauffées depuis le matin dans la poussière et le soleil, ou proposaient cent cartes postales pour « due lire, moussié » qui descendaient, les pauvres, jusqu’à « cinquanta centesimi » sans trouver preneur. Pauvres petits drôles ! »

  LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (3)

ROME
18 décembre 1988
« Faisons cependant remarquer, en passant, qu’en dehors des nouveaux quartiers, les rues de Rome sont très étroites et que le fameux Corso, avec toutes ses richesses artistiques et ses souvenirs historiques, n’est pas plus large que notre rue St. Laurent, dans son état actuel. Il en est de même des autres rues et places, qui sont relativement très restreintes. En longeant le Corso, on traverse la place Colonna, où se dresse la colonne de Marc-Aurèle ; puis la place de Venise, près de laquelle se trouve l’église du Gésu, l’une des plus magnifiques de Rome, et l’on arrive au Capitole, où sont situées l’église d’Ara Cœli et la place du Capitole. »
Honoré de Beaugrand
Lettres de Voyages
Presses de La Patrie, 1889
Pages 157-167

 

LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (4)

« Ni espace libre, ni horizons vastes, ni verdure rafraîchissante ! Rien que la bousculade, l’entassement, l’étouffement, le long des petits trottoirs, sous une mince bande de ciel ! Et Dario eut beau lui nommer les palais historiques et fastueux, le palais Bonaparte, le palais Doria, le palais Odescalchi, le palais Sciarra, le palais Chigi ; il eut beau lui montrer la place Colonna, avec la colonne de Marc Aurèle, la place la plus vivante de la ville, où piétine un continuel peuple debout, causant et regardant ; il eut beau, jusqu’à la place du Peuple, lui faire admirer les églises, les maisons, les rues transversales, la rue des Condotti, au bout de laquelle se dressait, dans la gloire du soleil couchant, l’apparition de la Trinité-des-Monts, toute en or, en haut du triomphal escalier d’Espagne… »
EMILE ZOLA
Les Trois Villes : Rome
Chapitre IV
Charpentier et Fasquelle – 1896
Pages 127-168

LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (5)

« Saint Paul, dans la Rome moderne, ne se reconnaîtrait pas plus sur la colonne de Marc Aurèle, qu’il ne reconnaîtrait sur la colonne Trajane son vieil ennemi Kephas.  »
ANATOLE FRANCE
Sur la Pierre Blanche (III)
Calmann-Lévy – 1921
Pages 136 – 189

LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (6)
« Mais, pour toute réponse, le prince se plongea dans la contemplation de la Ville Éternelle, qui déroulait à ses pieds un éblouissant panorama. Églises et monuments, aiguilles et coupoles formaient sous les rayons de feu du couchant une masse étincelante d’où émergeaient, solitaires ou groupés, les toits et les statues, les terrasses et les galeries. À travers la fantasmagorie chatoyante, capricieuse comme une lanterne ajourée, des clochers et des dômes, on apercevait ici les formes sévères d’un palais, là-bas la voûte aplatie du Panthéon, plus loin le faîte ouvragé de la colonne de Marc-Aurèle, supportant la statue de saint Paul, sur la droite les bâtiments du Capitole sommés de coursiers et de statues. « 

Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault

LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (7) LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (8) LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (9) LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (10) LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (11) LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (12) LES PLACES DE ROME Piazza Colonna - La Place de la Colonne et la colonne Marc-Aurèle - Colonna di Marco Aurelio - ROMA - ROME artgitato (13)

CAVASPINA – LE TIREUR D’EPINE – Boy Picking a Thorn from his Foot – GALLERIA GALERIE BORGHESE

ROME – ROMA
CAVASPINA
LA VILLA BORGHESE

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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Flag_of_Lazio


LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGESE

CAVASPINA
LE TIREUR D’EPINE
Boy Picking a Thorn from his Foot

Copia della Spinario in bronzo del Pallazzo del Conservatori

Fine del Secolo XVI
Fin du XVIe siècle
Anonimo – Anonyme- Anonymous

Marbre
Marmo Statuario – Marble

CAVASPINA - LE TIREUR D'EPINE - Boy Picking a Thorn from his Foot artgitato 1

Symbole la douleur de celui qui tombe amoureux – L’épine renvoie à la rose.
« au lieu de me plaindre de ce que la rose a des épines, je me félicite de ce que l’épine est surmontée de roses et de ce que le buisson porte de fleurs. »
Joseph Joubert
Moraliste (1754-1824)

« On trouve mainte épine où l’on cherchait des roses »
Jean-François Regnard (1655-1709)
Le Distrait (1697)

« On dit que le rossignol se perce la poitrine avec une épine quand il chante son chant d’amour. Il en est ainsi de nous. Comment chanterions-nous autrement ? »
Khalil Gibran
Le Sable et l’Ecume – 1926

Petite cause et grands effets.
Cette minuscule épine concentre notre attention jusqu’à nous faire oublier le monde environnant.
Et si elle ne nous le fait pas oublier, elle nous change notre perception du monde.

« C’est parfois une épine cachée et insupportable que nous avons dans la chair qui nous rend difficiles et durs avec tout le monde. »
Paul Valéry
Mauvaises Pensées et autres

CAVASPINA - LE TIREUR D'EPINE - Boy Picking a Thorn from his Foot artgitato 2

L’épine est ce qui gêne, ce qui empêche de marcher droit, mais aussi l’épine peut nous protéger d’un grand danger.
L’épine dans ce sens est le moindre mal, comme dans ce passage des Contemplations.

Victor HUGO
Les Contemplations (1830-1855)
EGLOGUE XII
Nelson, 1911 (p. 99)
« Pareils à deux oiseaux qui vont de cime en cime,
Nous parvînmes enfin tout au bord d’un abîme.
Elle osa s’approcher de ce sombre entonnoir ;
Et, quoique mainte épine offensât ses mains blanches,
Nous tâchâmes, penchés et nous tenant aux branches,
D’en voir le fond lugubre et noir. »