ANTONIO MACHADO
CAMINOS
Les Chemins
De la ciudad moruna
De la ville mauresque
tras las murallas viejas,
par-delà les vieux murs,
yo contemplo la tarde silenciosa,
je contemple l’après-midi tranquille,
a solas con mi sombra y con mi pena.
seul avec mon ombre et ma peine.
*
El río va corriendo,
La rivière court
entre sombrías huertas
au milieu des jardins ombragés
y grises olivares,
et des oliviers gris,
por los alegres campos de Baeza
par les champs joyeux de Baeza.
Tienen las vides pámpanos dorados
Ils abritent les vignes aux branches dorées
sobre las rojas cepas.
sur des cépages rouges.
Guadalquivir, como un alfanje roto
Guadalquivir, comme un coutelas cassé
y disperso, reluce y espejea.
et dispersé, brille et miroite.
Lejos, los montes duermen
Ailleurs, les montagnes ensommeillées
envueltos en la niebla,
enveloppées dans la brume,
niebla de otoño, maternal; descansan
dans le brouillard de l’automne, maternelle; reste
las rudas moles de su ser de piedra
les masses grossières des êtres de pierre
en esta tibia tarde de noviembre,
en ce chaleureux après-midi de novembre,
tarde piadosa, cárdena y violeta.
après-midi contemplatif, livide et violet.
*
El viento ha sacudido
Le vent a secoué
los mustios olmos de la carretera,
la route des ormes,
levantando en rosados torbellinos
dans des remous tourbillonnent
el polvo de la tierra.
la poussière de la terre.
La luna está subiendo
la lune se lève
amoratada, jadeante y llena.
meurtrie, haletante et pleine.
*
Los caminitos blancos
Les chemins blancs
se cruzan y se alejan,
se coupent et se fuient,
buscando los dispersos caseríos
à la recherche des hameaux disséminés
del valle y de la sierra.
de la vallée et de la montagne.
Caminos de los campos…
Les chemins du camp ….
¡Ay, ya, no puedo caminar con ella!
Oh non ! Je ne peux marcher avec elle !
Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato