LE MANDARIN – Eça de Queiroz – O Mandarim – 1ère Partie – 1ère section

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Eça de Queiroz
(1845-1900)
Tradução – Traduction
texto bilingue

Eça de Queirós 1882 O Mandarim Le Mandarin

O Mandarim

(1880)

LE MANDARIN

I-1

Première Partie

Traduction Jacky Lavauzelle

Première Section

Eu chamo-me Teodoro – e fui amanuense do Ministério do Reino.
Mon nom est Teodoro et je suis secrétaire au Ministère de l’Intérieur.

Nesse tempo vivia eu à Travessa da Conceição nº 106, na casa de hóspedes da D. Augusta, a esplêndida D. Augusta, viúva do major Marques.
A cette époque, je vivais à Travessa da Conceição, au numéro 106, dans la maison d’hôtes de Dona Augusta, la splendide Dona Augusta, la veuve du major Marques.
Tinha dois companheiros:
J’avais deux compagnons :
o Cabrita, empregado na Administração do Bairro Central, esguio e amarelo como uma tocha de enterro;
Cabrita, employé dans l’Administration du District Central, mince et jaunâtre comme une torche funéraire ;
e o possante, o exuberante tenente Couceiro, grande tocador de viola francesa.
et le puissant, l’exubérant lieutenant Couceiro, grand joueur de viole française.

A minha existência era bem equilibrada e suave.
Mon existence était bien équilibrée et lisse.
Toda a semana, de mangas de lustrina à carteira da minha repartição, ia lançando, numa formosa letra cursiva, sobre o papel «Tojal» do Estado, estas frases fáceis:
Toute la semaine, avec mes manches de lustrine à mon bureau, je dessinais d’une belle écriture ronde sur un papier de type « Tojal» de l’État, les phrases simples suivantes :
«Il.mo e Ex.mo Sr. – Tenho a honra de comunicar a V. Ex.a… Tenho a honra de passar às mãos de V. Ex.a, Il.mo e Ex.mo Sr…»
« Monsieur, j’ai l’honneur de vous communiquer … j’ai l’honneur de vous transmettre »

Aos domingos repousava:
Je me reposais les dimanches :
instalava-me então no canapé da sala de jantar, de cachimbo nos dentes, e admirava a D. Augusta, que, em dias de missa, costumava limpar com clara de ovo a caspa do tenente Couceiro.
Je m’installais dans le canapé de la salle à manger, la pipe aux dents, et j’admirais Dona Augusta, qui, les jours de messe, attaquait les pellicules du lieutenant Couceiro à l’aide du blanc d’œuf.
Esta hora, sobretudo no Verão, era deliciosa:
Cette heure, surtout en été, était délicieuse :
pelas janelas meio cerradas penetrava o bafa da soalheira, algum repique distante dos sinos da Conceição Nova e o arrulhar das rolas na varanda; 
les fenêtres à demi-fermées laissaient pénétrer le soleil, parfois le carillon lointain des cloches de la Nouvelle Conception et le roucoulement des colombes sur la véranda ;
a monótona sussurração das moscas balançava-se sobre a velha cambraia, antigo véu nupcial da Madame Marques, que cobria agora no aparador os pratos de cerejas bicais;
le sourd et monotone murmure des mouches se balançait sur ce qui avait été un jour le voile du mariage de Madame Marques, et qui couvrait désormais les plats décorés de cerises ;
pouco a pouco o tenente, envolvido, num lençol como um ídolo no seu manto, ia adormecendo, sob a fricção mole das carinhosas mãos da D. Augusta;
peu à peu le lieutenant, enveloppé dans un drap comme une idole dans son voile, faisait sa sieste sous les doux massages des mains aimantes de Dona Augusta ;

e ela, arrebitando o dedo mínimo branquinho e papudo, sulcava-lhe as repas lustrosas com o pentezinho dos bichos…
et elle, dressant le petit doigt blanc et pulpeux, peignait sa frange brillante avec un peigne fin
Eu então, enternecido, dizia à deleitosa senhora:
Je dis à la charmante dame, tout adouci :

— Ai D. Augusta, que anjo que é!
– Ah ! Dona Augusta, un ange, voilà ce que vous êtes !

Ela ria; chamava-me enguiço!
Elle riait en m’appelant freluquet !
Eu sorria, sem me escandalizar.
Je sourissans me sentir offensé.
«Enguiço» era com efeito o nome que me davam na casa – por eu ser magro, entrar sempre as portas com o pé direito, tremer de ratos, ter à cabeceira da cama uma litografia de Nossa Senhora das Dores que pertencera à mamã, e corcovar.
« Freluquet » était en fait le nom que l’on me donnait dans la maison parce que j’étais mince, que je franchissais la porte du pied droit, que j’avais la frousse des rats, que j’avais à la tête de mon lit une lithographie de Notre-Dame des Douleurs qui avait appartenu à maman, et que j’étais bossu.
Infelizmente corcovo – do muito que verguei n espinhaço, na Universidade, recuando como uma pega assustada diante dos senhores lentes;
Malheureusement bossu m’étant courbé si souvent à l’Université, me retirant en reculant devant les maîtres ;
na repartição, dobrando a fronte ao pó perante os meus directores-gerais.
et devant mes chefs jusqu’à toucher la poussière avec mon front.
Esta atitude de resto convém ao bacharel;
Cette attitude du reste convient bien aux bacheliers ;
ela mantém a disciplina num Estado bem organizado;
elle maintient la discipline dans un état bien organisé ;
e a mim garantia-me a tranquilidade dos domingos, o uso de alguma roupa branca, e vinte mil réis mensais.
et elle me garantissait la tranquillité dominicale, en utilisant un peu de linge blanc, et vingt mille reis de revenu mensuel.

Não posso negar, porém, que nesse tempo eu era ambicioso – como o reconheciam sagazmente a Madame Marques e o lépido Couceiro.
Je ne peux pas nier cependant que, à ce moment, j’étais un jeune homme ambitieux – comme le reconnaissaient malignement Madame Marques et l’enjoué Couceiro.
Não que me revolvesse o peito o apetite heróico de dirigir, do alto de um trono, vastos rebanhos humanos;
Non pas que je  désirais diriger avec un appétit héroïque, du haut d’un trône, de vastes troupeaux humains ;
não que a minha louca alma jamais aspirasse a rodar pela Baixa em trem da Companhia, seguida de um correio choutando; 
Ni même que mon âme folle n’était aspirée à parcourir la Baixa de Lisbonne en livrée, escorté par un cavalier ;
– mas pungia-me o desejo de poder jantar no Hotel Central com champanhe, apertar a mão mimosa de viscondessas, e, pelo menos duas vezes por semana, adormecer, num êxtase mudo, sobre o seio fresco de Vénus.
– Mais moi j’avais le désir d’être en mesure de dîner à l’Hôtel Central au champagne, de baiser les mains douces de vicomtesses, et au moins deux fois par semaine, de dormir dans une extase silencieuse sur la poitrine fraîche de Vénus.
Oh ! moços que vos dirigíeis vivamente a S. Carlos, atabafados em paletós caros onde alvejava a gravata de soirée! 
O, vous, les jeunes hommes, vous vous dirigiez vivement à San  Carlos, emballés de costumes coûteux où la cravate de soirée ressortait !
Oh! tipóias, apinhadas de andaluzas, batendo galhardamente para os touros 
O, voitures, pleines d’andalouses, attirées vaillamment par les taureaux
– quantas vezes me fizestes suspirar!
– combien de fois n’avez-vous soupiré !
Porque a certeza de que os meus vinte mil réis por mês e o meu jeito encolhido de enguiço, me excluíam para sempre dessas alegrias sociais, vinha-me então ferir o peito 
Car la certitude que mes vingt mille reis par mois et ma timidité, m’ont à toujours exclu de ces joies sociales, est ensuite venue me blesser à la poitrine
  – como uma frecha que se crava num tronco, e fica muito tempo vibrando!
– comme une flèche qui se plante dans un tronc et qui longtemps vibre !  

Mon Cœur de JUDA HALEVI – יהודה הלוי- Poème – ליבי במזרח

LITTERATURE HEBRAÏQUE
ספרות עברית

Juda Halévi
Rabbi Juda (Yehouda) ben Shmouel ibn Alhassan haLévi
יהודה הלוי
(1079-1141)

 Traduction
תרגום
texte bilingue
טקסט דו-לשוני

Juda Halevi Poem Poèmes Artgitato

 

 ליבי במזרח     

MON COEUR

Traduction Jacky Lavauzelle

ליבי במזרח ואנוכי בסוף מערב –
Alors que mon cœur se trouve au levant, je me trouve au couchant
איך אטעמה את אשר אוכל ואיך יערב?
Comment avaler mon repas, comment l’apprécier ?
איכה אשלם נדרי ואסרי, בעוד
Comment faire face à mes engagements, à mes obligations
ציון בחבל אדום ואני בכבל ערב?
Quand Sion à la croix s’attache et
quand ma corde au croissant est prise ?
ייקל בעיני עזוב כל טוב ספרד,
Tout oublier, tout abandonner et l’Espagne et ses abondances
כמו ייקר בעיני ראות עפרות דביר נחרב!
Mes yeux tant veulent contempler la poussière du sanctuaire désolé !

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ספרד
Espagne
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La Biche de JUDA HALEVI – יהודה הלוי- Poème -עפרה תכבס – עָפְרָה תְּכַבֵּס

LITTERATURE HEBRAÏQUE
ספרות עברית

Juda Halévi
Rabbi Juda (Yehouda) ben Shmouel ibn Alhassan haLévi
יהודה הלוי
(1079-1141)

Juda Halevi Poem Poèmes Artgitato

 Traduction
תרגום
texte bilingue
טקסט דו-לשוני

 


עָפְרָה תְּכַבֵּס
עפרה תכבס

La Biche

Traduction Jacky Lavauzelle

 

עָפְרָה תְּכַבֵּס אֶת בְּגָדֶיהָ בְּמֵי
Une biche trempe sa fourrure
דִּמְעִי, וְתִשְׁטָחֵם לְשֶׁמֶשׁ זָהֳרָה
Dans l’interminable courant de mes larmes
לֹא שָׁאֲלָה מֵי הָעֲיָנוֹת עִם שְׁתֵּי
Qu’elle sèche à la chaleur de sa Gloire
עֵינַי, וְלֹא שֶׁמֶשׁ לְיֹפִי תָאֳרָהּ.
Deux puits et un soleil. Elle n’a besoin de rien d’autre.

 

 

SOUVENIR DE LI YI SOUS LA NEIGE – poème de WANG WEI – 王維 – 雪中憶李楫

LITTERATURE CHINOISE
中国文学

WANG WEI
王維

(701-761)

 Traduction

Wang Wei artgitato



texte bilingue

 

雪中憶李楫

SOUVENIR DE LI YI (李楫)        SOUS LA NEIGE ()

Traduction Jacky Lavauzelle

積雪滿阡陌。
La neige (雪) a complétement effacé le sentier.

故人不可期。
Elle m’empêche de retrouver mon ami.

長安千門複萬戶。
Chang’an
(長安) ville aux mille portes et aux dix mille familles.

何處躞蹀黃金羈。
En marchant pied-à-terre peut-être verrons-nous son licol d’or ().

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ADIEU Poème de WANG WEI – 王維 – 送彆

LITTERATURE CHINOISE
中国文学

WANG WEI
王維

(701-761)

 Traduction

Wang Wei artgitato



texte bilingue

 

 

送彆

ADIEU

Traduction Jacky Lavauzelle

山中相送罷
Au cœur de la montagne, nos adieux,

日暮掩柴扉。
Tu es parti vers le soleil couchant.

春草年年綠
L’herbe sera verte au printemps comme chaque année,

王孫歸不歸。
Elle sera là dans l’attente de ton retour.